We are family, even in the darkest times (Lara & Willow)

Pourquoi diable est ce que le père de Lara lui envoyait une carte postale ?! Déjà, comment avait-il eu son adresse ? Voilà ce que Lara se demandait quand elle récupéra le faire-part dans sa boîte aux lettres. Elle ne l'ouvrit qu'une fois arrivée dans son appartement, et se figea sur place. Pas une carte postale. Papi Ben était mort. Et dans la longue lettre qui accompagnait le faire-part, son père lui expliquait ce part quoi il était passé ces dernières années. Il avait demandé le divorce peu après la fugue de la pyromane, tenant sa femme pour responsable de la perte du seul enfant qu'il lui restait. Il lui disait qu'il l'avait toujours aimée et qu'il l'aimerait toujours, quels que soit ses gênes. Cette phrase tira un sourire à Lara. Pas sûr qu'il l'aime encore en voyant ce qu'elle était devenue. Après tout, son passe-temps était de tuer des humains avec le GLM. Dans la fin de la lettre, il la suppliait de venir à l'enterrement, parce qu'il mourrait d'envie de la revoir, et puis qu'ils étaient une famille. Et que la famille devait se serrer les coudes.

Au début, elle était partie pour jeter la lettre et le faire-part à la poubelle. Et puis, au final, elle l'avait laissée sur le comptoir de sa cuisine, sans vraiment savoir pourquoi. Elle ne comptait pas y aller, de toute manière. Le jour de l'enterrement, elle s'était levée avant son réveil, avec une boule au creux du ventre. Ni agréable ni désagréable, la boule était partie quand Lara avait regardé le faire-part. Alors elle l'avait prit, avait enregistré l'adresse dans son téléphone et grimpé dans sa voiture pour s'y rendre.

Quand elle arriva sur les lieux, elle se rendit compte qu'elle n'était pas vraiment habillée pour un enterrement. Sweat à capuche large et noir passé sur un jean troué noir, la seule chose cohérente était la couleur. Les mains dans la poche centrale, elle avait simplement regardé la foule, sans trop savoir quoi faire. Qu'est-ce qu'elle foutait là, bordel ?! Elle était à deux doigts de faire demi-tour et de rentrer chez elle quand une main agrippa son épaule. Par réflexe elle se dégagea et tordit la main inconnue, mais elle la lâcha immédiatement en voyant son père. Plus vieux, plus usé, mais définitivement son père. Elle ne savait pas trop comment réagir. Lui faire un câlin ? Lui serrer la main, celle qu'elle venait de tordre ? Ou lui faire la bise ? Son père se jeta dans ses bras, lui évitant d'avoir à prendre une décision. Assez mal à l'aise, elle tapota son dos jusqu'à ce qu'il s'écarte de lui-même. Il commença à parler, et Lara dû lutter pour lui balancer tout ce qu'elle avait sur le cœur. A quel point elle avait souffert quand River était mort. A quel point elle avait eu mal en voyant ses propres parents terrifiés par ce qu'elle pouvait faire. Et à quel point elle avait changé. Elle n'était plus la petite fille apeurée qu'ils avaient fait fuir. Elle était une combattante, élevée par Aurélie pour tuer les humains ignorants. Mais elle se tut.

La cérémonie fut longue. Trop, au goût de la pyromane. Elle mourrait d'envie de sortir et de mettre feu à un de ces tas de feuilles qu'elle avait vus en passant. Elle voulait bouger, faire quelque chose, pas rester assise là sur cette chaise à écouter des gens qu'elle ne connaissait pas parler de quelqu'un qu'elle n'avait que très peu connu. Puis, finalement, les gens se levèrent et commencèrent à sortir du cimetière. Son père proposa à Lara de venir avec eux chez Ben, mais elle refusa, disant qu'elle était attendue au travail, ce qui était un pur mensonge. Elle les laissa partir et s'apprêta à s'en aller elle aussi, quand elle vit deux femmes à côté de la tombe de Ben. L'une d'elles était sa jumelle, Eleanor, qu'elle avait écoutée pendant bien 20 minutes de son frère adoré, racontant tous les détails les plus insignifiants de leur enfance. Et la deuxième femme ... Lara eu besoin d'un petit moment pour voir sous le voile noir, et d'un plus long encore pour accepter ce qu'elle avait vu. La bibliothécaire de l'Institut. Cette femme qui s'était permise de la juger, alors qu'elle restait bien cachée dans son manoir sur-protégé. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Quels liens avait elle avec la sœur du défunt, et le défunt lui-même si elle en jugeait par la tristesse infinie qu'elle semblait éprouver ?

Lara attendit que la jumelle s'en aille avant de s'approcher, l'air belliqueux.

- Qu'est ce que vous foutez là ? Et qui êtes vous vraiment ?

Son ton était agressif, mais elle ne comprenait pas. Une solution tentait de se frayer un chemin dans son esprit, solution qu'elle repoussait sans arrêt. Et si cette Willow était de sa famille ?

Quelle que soit la situation, la bibliothécaire avait toujours ce ton hautain que Lara ne supportait pas. Face au cercueil de ton grand-père, tu pourras employer un ton plus respectueux, Lara. La brune plissa les yeux, outrée. D'où cette femme se permettait-elle de lui donner des leçons, comme si elle avait quoi que ce soit à voir avec Lara ? D'où ... Et puis la deuxième phrase que Willow prononça arriva au cerveau de Lara. Son fils. Le grand-père de Lara, Papi Ben, était le fils de la bibliothécaire de l'Institut. Plus elle comprenait, plus la rage montait en elle. La femme en noir devant elle eu beau dire qu'elle ne voulait pas se battre, Lara enrageait. Elle réalisait, petit à petit, ce qu'aurait pu être sa vie si cette femme n'avait pas lâchement abandonné sa famille pour aller se terrer dans un manoir planqué.

Lara ne comprenait pas totalement comment Willow pouvait être restée jeune, mais elle se doutait que ça avait un rapport avec sa mutation. Le dessin dans sa tête se précisait, River encore en vie, Lara et leurs parents heureux et en sécurité. Ils auraient pu avoir un entraînement digne de ce nom pour que personne ne voit leur mutation. Ils auraient pu appréhender et comprendre en toute sécurité l'étendue de leurs capacités. Ils auraient pu apprendre que leur don n'était pas contre nature et ne venait pas de nulle part. River serait encore en vie. River. River.

Sans qu'elle ne le contrôle, les mains de Lara prirent feu alors qu'elle serrait les poings, et son regard incendiaire vint se planter dans ceux de Willow. Elle était furieuse. Enragée. Mais sa voix resta calme. Froide. Glaciale, contrairement au feu qui embrasait ses mains.

- Donc vous êtes en train de me dire que nous sommes de la même famille. Que vous auriez pu nous expliquer, à River et moi, pourquoi nous étions différents et comment nous protéger. Vous auriez pu nous dire de cacher nos dons aux gens. Nous expliquer comment les entraîner. Parce que vous êtes vieille, n'est-ce pas ? Vous avez de l'expérience, vous avez dû en voir des Mutants. Mais au lieu d'être présente pour soutenir votre famille vous avez préféré vous planquer comme une lâche. Peut-être que River ne serait pas mort si vous ne vous étiez pas comportée en planquée. Mais, attendez, est-ce que ça vous intéresse au moins ? De savoir que vous aviez un petit-fils qui a été buté par des Persécuteurs ? De savoir que deux de vos descendants sont des Mutants. Peut-être que vous n'en avez rien à foutre, et à vrai dire ça ne m'étonnerais même pas.

Lara recula d'un pas, puis d'un autre. Le dégoût se lisait dans son regard. Le dégoût, mais aussi une pointe de tristesse. Parce que de savoir qu'elle aurait pu éviter la mort de River, ça la tuait.

Le feu de ses mains s’éteignit, et avant de tourner les talons, elle lâcha une phrase.

- Vous devriez avoir honte.