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Look what you made me do | ÁNGEL.

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But I got smarter, I got harder in the nick of time. Honey, I rose up from the dead, I do it all the time.. I got a list of names, and yours is in red, underlined. ---       @Ángel Vidal    



Nuit où Leta s'était endormie dans l'espoir de se plonger dans ses songes, c'était finalement Darla qui avait ouvert les yeux. Idée récurrente tournant dans son esprit corrompu, elle s'était arrachée aux draps froissés afin de se préparer le plus tranquillement du monde. Elle le savait, elle le sentait ; Son emprise se renforçait, parce que ses liens étaient nombreux, parce qu'elle possédait un esprit aussi conscient que fort. Reflet de l'acceptation que se refusait Leta, Darla représentait tout le cumul de ces vies passées qu'elle avait inconsciemment laissé de côté. Expériences cumulées qui avaient forgées un esprit de plus en plus vengeur ; Aujourd'hui Darla n'acceptait plus la dissidence.

Parce qu'on ne pardonnait plus, on tuait.
Extrême atteint pour des lieux de déception parcourues, il était loin le temps où Dana tendait la main à celui qui en avait besoin. Entre temps, des guerres et des trahisons étaient passées ; entre temps, Dana avait été d'autres, et chacune d'elle avait subi sa récurrence jusqu'à se retrouver dans le corps de Leta.

Leta s'était montrée différente.
Elevée comme une humaine, elle avait refusé sa différence avec tant de ferveur qu'elle avait fait enfler son déni jusqu'à en faire son monde. Et c'était dans l'anormalité de son refus que tout s'était bousculé. Dérèglement d'un karma souillé par le sang, les dés n'étaient plus aussi pipés que lors des premières éditions. Et pourtant, Darla comptait sur sa vision corrompue du monde pour éveiller l'esprit de son incarnation. Elle comptait sur une existence qu'elle aurait façonné de toute pièce afin de survivre. De survivre à sa propre existence.

Leta était la seconde chance de Darla.
Et Darla était le tombeau de Leta.


Ainsi se retrouva ce reflet du passé à arpenter un chemin qu'elle avait trouvé en fouillant dans les affaires de son incarnation. Ángel. Ángel était l'ultime lien de Leta dans ce monde. Une ancre qui avait le don de la faire émerger pour une raison qui la dépassait totalement. Cette confiance offerte au persécuteur répugnait au plus haut point Darla qui méprisait ces chasseurs de mutants.

Ainsi la mutante ne rêvait-elle que d'une seule chose ; Evincer Ángel de l'existence de Leta.
Et si possible dans la douleur et le sang.
Pour son plus simple plaisir.

Habillée de noir, d'une veste à un pantalon qui épousait ses formes, Darla avait dissimulé ses dagues dans ses cuissardes afin de venir convenablement armée chez le Persécuteur. Bâtiment puis porte trouvée, elle s'arrêtait devant le bon numéro et frappait. L'heure avancée de la soirée lui assurait une certaine tranquillité tandis qu'elle imaginait déjà les milles et une façon par lesquelles elle allait inviter courtoisement Ángel à oublier sa charmante carcasse.

Et alors que la porte s'ouvrait, elle portait sur lui son regard arctique. Légère nuance glaciale dans ses prunelles et traits gravés dans une douceur trompeuse, Darla était terriblement différente. Elle s'habillait d'un charme sulfureux qui lui collait à la peau, là où Leta s'avérait plus simple. Et si leurs gardes robes auraient pourtant suffit à les différencier, ce n'était rien face à ce regard qu'elle adressait à Ángel alors qu'elle le scrutait.

« Bonsoir, Ángel. » Le timbre sensiblement plus grave, plus posé ; Darla n'avait pas cette angoisse perpétuelle qui lui courait sur les nerfs. Elle était plutôt forgée dans l'assurance fatale. D'ailleurs, elle ne se fit aucunement prier pour passer le seuil de la porte de l'appartement de l'ami de Leta. « Je crois que toi et moi.. Nous avons besoin de parler. » Chantonnait-elle doucement en coulant un regard sur la pièce qui s'ouvrait à elle. Détails gravés dans sa mémoire, comme dans le tracé d'un terrain miné de combat à venir, elle s'armait pourtant d'un sourire en pivotant sur ses talons hauts.

Regard revenu s'arrimer à celui du Persécuteur, elle jugulait sa verve afin de conserver l'élément de surprise. « Je ne vais pas te déranger longtemps. » Ajouta-t-elle, plutôt à l'aise avec l'idée de s'imposer momentanément. Un pas était fait vers Ángel et elle le détaillait. Encore. « Mon beau, il va falloir que tu sortes de ma vie, et de manière définitive. » Lui susurrait-elle, plus sérieuse que mutine ; plus assurée qu'hésitante. C'était une bombe qu'elle lâchait pour voir la réaction de l'ami de Leta. Une bombe qu'elle savait déjà insuffisante.

Mais c'était son petit prélude à elle.
Son prélude en violence majeure.




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Soirée tranquille à l’image de la journée. Père et fille eurent passé moment ensemble jusqu’à l’heure du couché. Repas de roi concocté par mimines expertes et apprenties. De concert, c’étaient octroyé instant agréable à élaborer gueuleton impérial en tête à tête. Opportunité qu’assassin ne raterait pour rien au monde. Prunelle de ses yeux, vie précieusement choyée et éduquée du mieux qu’il peut. S’évertue à préserver innocence le plus longtemps possible. Monde meurtri par situation mutante et tout ce que ça implique. Conséquence également d’une histoire propre refusant pareille souffrance. Elle aura la vie qu’elle aura choisie. Impartialité inculquée. Choix propre que tête blonde fera dans futur où elle devra avoir regard propre.

Môme pionce dans drapés soigneusement bordés. Embrassée dans l’ombre et délaissée à ses rêves. Attila veille, place de choix au pied d’un lit devenu juste. Géniteur profitera d’accalmie pour étudier quelques cibles. Tasse de café fumante sur table basse, paperasses d’équipiers prêtes à être décortiquées par capitaine soucieux d’un travail rigoureux. Lendemain, rapport attendu. Chaine de télévision mexicaine mise en fond afin d’imprégner dernières actualités, quelque fois qu’indices sur massacreurs émergent.

Examen suspendu lorsque intrus vint frapper. Range soigneusement dossiers. On ne sait jamais… Porte s’ouvre sur elle. Leta ? Accoutrement diamétralement différent. Timbre légèrement plus grave qu’à l’accoutumée. Assurance rare et surtout… ce regard. Brillance glacée qu’il reconnaitrait à une centaine de kilomètre. Elle s’impose dans l’antre, prétextant discussion obligatoire. Traqueur ferme porte, s’interroge. Néanmoins ami loyale disposé à recevoir alliés dans propre trou à n’importe quelle heure pour n’importe quelle raison. Qualité reconnue. Servitude indéfectible pour amis proches et surtout pour Leta.

Volteface. Traqueur entre invitée et porte de sortie. Intruse prétexte qu’elle ne le dérangera pas longtemps. Surnom inattendu qu’elle l’affuble, impératif qu’il sorte de sa vie. Ton sérieux accompagne termes, désarme persécuteur. … Attends. Quoi ? Qu’est-ce que.. qu’est-ce que tu racontes là ? Incompréhension palpable. J’ai merdé ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour que t’en arrives à vouloir me virer d’ta vie ? qu’il demande. Interrogation à voix basse, s’assurant d’une discrétion qui n’éveillera guère prunelle ou sentinelle.



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Soirée choisie dans l'aléa d'un ras-le-bol de partager une vie pour une existence en demi-teinte, Darla s'était réveillée dans l'amertume d'une colère rouge. Apprêtée pour les funérailles d'une amitié qui comptait pour une autre, elle savait son temps compté. Le tic-tac des affections raisonnait dans son esprit froissé de contrariété, lui rappelant toute la force qu'Ángel pouvait exercer malgré lui sur l'esprit de Leta.

Véritable ancre mentale sur une psyché affaiblie, le persécuteur représentait un obstacle que Darla ne pouvait tolérer sur la longueur. Il n'était pas celui qui devait accompagner Leta, il n'était pas celui qui devait compter, quel que soit la nature des sentiments partagés. D'ailleurs, à bien écouter Darla, aucun homme n'était plus digne de les accompagner. Parce que ses passions avaient toujours été destructrices et ses amitiés teintées de trahison.

Pourtant, Ángel était là.
Il était là, face à elle.

Et alors même qu'elle entamait son prélude à l'abandon, Darla percevait bien la confusion chez son vis-à-vis. Une confusion qui ne manqua pas de l'irriter sensiblement. Pourquoi tenait-il autant à elle ? Pourquoi s'accrochait-elle à lui ? Il y avait un non-sens dans cette relation. Une absolue aberration.

« Je viens de te le dire, tu vas devoir sortir de ma vie, ce n'est plus possible. » Articulait-elle en lui faisant face, le menton haut et l'assurance chevillée au corps. Il y avait quelque chose dans l'attitude de Darla que jamais Leta n’exploitait. Du moins, jamais hors des murs de Trask et surtout jamais face à son ami.

D'approchant d'un pas, elle réduisait sensiblement la distance entre eux tout en conservant son regard arctique rivé dans celui d'Ángel. « Merdé ? » Les pensées fusaient, les évidences s'aimantaient les unes aux autres ; Darla songeait à la Leta esseulée, au désespoir de ne pas avoir su devenir une persécutrice. Elle avait trouvé sa porte d'entrée.. Sa faille exponentielle. « A chaque fois que je te vois, tu me rappelles le plus grand échec de ma vie. Ça m'insupporte. Comment est-ce que je pourrais aller de l'avant alors que tu rôdes toujours, autour de moi, à fanfaronner ? A te vanter de ce que tu es ? Et de ce que je ne serais jamais ? »

La colère de Darla pour le persécuteur alimentait un propos qui ne lui appartenait pas. Le mensonge se cimentait dans son ressentiment pour ces personnes capables de les chasser, tous autant qu'ils étaient. Elle haïssait les humains dans leur généralité, mais bien plus encore ceux qui se pensaient légitimes de les malmener, de les blesser, de les tuer.

Furie s'éveillant finalement dans son raisonnement, ses traits la trahissaient dans leur dureté alors qu'elle profitait de la surprise en venant sans préambule agripper la gorge d'Ángel pour le plaquer contre la porte refermée. Ses ongles se plantaient sans ménagement dans sa chair alors qu'elle resserrait son étreinte. « Je devrais même te tuer pour me libérer de toi. A tout jamais. » Articulait-elle lentement tandis que sa main libre attrapait un des poignards dissimulés dans sa cuissarde. Arme levée, elle lui adressait un sourire rouge, né de toute sa rage.

Cette même rage qui avait pollué Leta quelques jours plutôt.
Cette même rage qui les emprisonnait toutes les deux dans une prison de vies perpétuelles.




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Tigresse se répète. Bile monte aux lèvres et traqueur le ressent. Amie qu’il ne reconnait pas. Fierté et force se mélangent pour produit détonnant. Attitude menaçante. Distance qu’elle réduit, impose présence. Regard froid. Glacé. Mort dans l’âme. L’iris bleuté freeze interlocuteur. Lippes venimeuses attaquent. Remettent sur table, faille d’un mentorat raté. « À chaque que je te vois, tu me rappelles le plus grand échec de ma vie. » Coup de poignard en plein cœur. Persécuteur sait que ce fut son désir le plus profond. Porté garant afin d’assurer adhésion, jamais ne se sera hissée jusqu’à titre honorifique. « Comment est-ce que je pourrais aller de l'avant alors que tu rôdes toujours, autour de moi, à fanfaronner ? » Blessure s’élargit. Enfonce lame du remord. Sait qu’il a échoué. Y pense à chaque fois qu’il la voit. Regrette profondément et pourtant, aussi grande fut sa détermination, s’est montré totalement impuissant. « A te vanter de ce que tu es ? Et de ce que je ne serais jamais ? » Rancune profonde qu’il perçoit. Remords pourtant maintes et maintes fois verbalisés. Avait cherché secrètement à comprendre raison du refus mais s’était heurté à mur de confidentialité. Silence qu’il n’avait guère supporté mais qu’il a dû endosser malgré grade.

Courroux éveillé, fait face à Contrition lourde. Griffes vengeresses virent se saisir du gosier accusé. Plaqué contre porte fermée. Surprise qu’il subit. Vipère prétend à la mort salvatrice. Paume agrippe poignet agressif dans réflexe. … Leta, arrête ! Qu’ami clame. Mais Persécuteur s’active dans réflexe conditionné voyant l’arme dressée. Lève bras afin que coude vienne percuter et faire lâcher prise malgré chaire plantée sous manucure. Se détourne et s’écarte à reculons de Folie qu’il accuse. … J’te l’ai déjà dit et répété plusieurs fois. Tu ne sais pas à quel point ça me bouffe de ne pas te voir dans nos rangs. À chaque fois que j’te vois, j’y pense et je m’en veux. Se met sur ses gardes. Vigilant. Surveille inconnue armée évoluant dans antre personnel. J’ai pourtant cherché à savoir pourquoi tu n’avais pas été retenue. On n’a rien voulu me dire et pourtant crois-moi, j’ai vraiment essayé. Bougre cherche à se justifier pour apaiser rancœur. Mais détermination se lit davantage dans regard vide. Ce même regard qu’elle arborait quelques jours plus tôt.

… Leta ?


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Si cruels, si corrosifs ; Les mots touchaient leur cible et Darla vibrait d'une satisfaction silencieuse tandis qu'elle déchiffrait cette inquiétude devenue culpabilité sur les traits de l’ami de son incarnation. Depuis toujours.. Entre Ángel et Leta, elle ne percevait qu'un non-sens, une amitié qui ne pouvait exister. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, jamais. Plaçant le Persécuteur dans la ligne de mire de ses intentions, la mutante cherchait alors par tous les moyens à libérer sa tête de mule réincarnée du joug de son existence. Parce qu'elle avait pris une tangente qu'elle ne pouvait arpenter en paix.

Ce n'était pas le chemin qui avait été écrit pour elles.
Ce n'était pas leur futur le plus favorable.

Main agrippée à la gorge d'Ángel, Darla se retrouva contrainte à lâcher sa prise sous une impulsion qu’elle rendit plus brute que nécessaire. Reculant ensuite d’un pas, elle conserva finalement ses appuis, tant et si bien qu’elle trahit son habileté au combat. Une habileté qui pourtant différait bien de Leta au vu de sa posture ; ses ouvertures n'étaient pas les mêmes, ni même sa manière de se mouvoir. A croire qu'elle n'avait rien de Leta, à croire qu'elle n'était pas Leta.

Attrapant sa seconde dague logée dans sa cuissarde, elle se retrouvait avec une arme aiguisée dans chaque main tandis qu'un rictus aussi amusé que venimeux glissait sur ses lèvres rouges. « Tu y penses et tu t'en veux.. Donc, je te fais pitié ? Pitié parce que je ne suis pas parvenue à entrer dans votre joyeuse bande de meurtriers ? Vous ne savez pas ce que vous ratez, je suis particulièrement douée dans le domaine pourtant. »

Fierté de Leta salie par des mensonges ; Darla savait que son alter ego n'avait rien d'une meurtrière. Peut-être avait-elle ce je-ne-sais-quoi de sadique qui avait fini par se transmettre de l'une à l'autre, mais elle n'avait pas les mains tachées de sang. Pas comme la réincarnée qui – a contrario – n'avait jamais hésité, quitte à se débarrasser de son seul amour dans l'expectative de survivre. Rien ne l'arrêtait, jamais.

« Oh ? Toi aussi alors, tu te voiles la face ? » Ricanait-elle malicieusement en coulant un regard glacial sur les traits d'Ángel. « Peut-être que j'ai un petit quelque chose en plus qui me rend inacceptable dans vos rangs, tu n'y as jamais pensé, à ça ? » Un éclat vibrant passait dans son regard alors qu'elle pouvait voir les fils de vie entourer le Persécuteur. Elle aurait pu lui montrer. Elle aurait pu lui faire subir. Pourtant, elle préférait jouer sur les mots, sur l'insidieuse vérité si facile à interpréter.

Lorsqu'il tenta finalement de l'interpeller, comme pour la réveiller, elle lui répondit en lançant sa dague droite avec force en direction de son épaule. Elle savait l'arme facile à esquiver, mais ce n’était pas le plus important tandis qu'elle crachait un.. « Quoi Ángel ? Quoi ? »

Rapidement, elle revint à l'offensive, ne cachant pas son agressivité tandis que son autre dague passait d'une main à l'autre afin d'atterrir dans la droite. Un mouvement circulaire plus tard en direction du torse du Persécuteur, il n'y avait aucun doute, elle cherchait avant tout à le blesser.


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Amie au réflexe radicalement différent. Manière de mouvoir, position. Combat qu’il ne lui reconnait guère. Tant le regard, la façon de parler, d’être, de se positionner…. Leta ?! Non mais qui es-tu ?!

Deux mains armées, menace propriétaire, dégueule vérité acide prétextant sentiment de pitié qu’elle inspire. Terme « meurtrier » énoncé, brun tique à nouveau. Jamais elle n’aurait employé pareille allocution. Jamais. Sourire carnassier aux lèvres. La vengeance sur le derme. La colère à la gorge. L’avidité dans le regard. Définitivement, le persécuteur ne reconnaissait pas Leta. Vipère prétend alors que si incorporation refusée, raison d’un « petit quelque chose en plus » irrémédiablement rédhibitoire. Alors bougre s’étonne. Théorie qui se saisi de thorax. Glace le sang. Respiration coupée. Pupilles se rétractent. Ce n’est pas possible… Refus d’y croire.

Premier poignard lancé et esquivé de justesse. Comprend qu'elle veut réellement mettre un terme à influence et existence d'ami et soutien. Agressivité crachée, après l'appel. Guère le temps laissé à prochaine rétorque, signe nouvel assaut venant planter deuxième poignard dans épaule gauche. Et c'est là que résonne voix en même temps que douleur vive. Comme simulacres du passé, revenant telle une claque. « Si un jour je me perds, retrouve-moi. » Simple gémissement douloureux s'échappe du gosier, voulant maintenir silence et discrétion. Nouveau mouvement de recul. La paume vint se poser sur plaie, entourant lame.

Mirettes se posent alors sur elle. Regard aurait pu être noir, mais affection confectionne œillères. Vérité qui pourtant se meut sous son nez. Alors, esprit prend en considération fait dégueulasse qu'un gène divergeant puisse être la cause. Esprit prend en considération l'appel à l'aide prématuré enregistré dans inconscient lors de leur dernière rencontre, lors de leur dernière étreinte. Esprit arrive à principe détestable et expectore, accablé : … J'sais pas c'que t'es… mais t'es pas Leta… qu'il ose enfin déclarer. Mais bravoure s'éprend de carcasse. Enlève mimine de contusion volontairement laissée obstruée, qui ne tarde pas à délaisser quelques écoulements carmins à travers t-shirt foncé. Vaillance ou inconscience, dresse les poings. Mise en garde. Prêt à se battre malgré point faible évident. … Rends-moi mon amie. qu'il exige, sur la défensive.



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Différences qui se jouaient sur les détails d'un corps qui demeurait le même. Inchangé dans l'apparence, opposé dans son utilisation ; Darla avait l'expérience pour elle. Elle était l'étendard de ces mémoires qui ne demandaient qu'à s'agglomérer pour former un tout harmonieux. Cruelle dans ses méthodes, elle avait appris au fil de ses expériences à se départir de son humanité et de sa bienveillance. Aucune amitié ne méritait qu'on lui accorde le bénéfice du doute.. Ou presque aucune. Et surement pas l'une d'entre elles entretenue avec un Persécuteur.

Dans son regard biaisé par les douleurs passées, Ángel n'était qu'une erreur. Une porte ouverte sur une future cicatrice qu'elle voulait s'épargner en récupérant l'esprit de Leta. Parce que même si cette dernière se révélait profondément anti-mutante, Darla avait néanmoins foi en leur bon sens commun. Elle savait que Leta finirait par comprendre, par accepter, par devenir la meilleure version d'elles-mêmes. Mais pour cela, elle avait encore besoin d'une aide providentielle, d'une main cruelle guidée par le destin.

Ainsi se retrouvait-elle à frapper pour blesser.
A déverser le venin pour briser.


Elle savait que Leta en souffrirait. Elle savait que le chemin serait pavé de ressentiment et de douleur, mais ce ne serait rien en comparaison du poids de la trahison subit ou de la mort. Par sa cruauté envers Ángel, Darla ne faisait que préserver son alter ego. La méthode peu orthodoxe avait de quoi susciter l'indignation et la révolte ; mais depuis son esprit abimé par les époques, elle n'avait trouvé aucune autre solution. Aucune qui ferait moins souffrir cette incarnation comme toute les autres avaient pu souffrir.

La seconde lame atteignant sa cible provoqua un soulagement divergent dans l'esprit de Darla tandis que l'urgence broyait celui d'une Leta endormie. Le sang s'échappant bientôt de la plaie lui fit d’ailleurs froncer subtilement les sourcils alors qu'elle ressentie une agitation naissante au fond de ses entrailles. Réveil soudain de l'une au détriment de l'autre ; Darla avait appris à reconnaitre les signes avant-coureurs de l'émergence de l'esprit de Leta.

Et l'idée même qu'Ángel puisse être un déclencheur, une ancre, une sécurité inaliénable se confirma dans la foule des sentiments qui l'envahissait par vague. Tsunami émotionnel incontrôlable, Darla gagnait en colère pour contrecarrer cette influence passive afin de ne pas disparaitre. Pas tout de suite. Et lorsque le Persécuteur reconnu toute la dissidence de ce qu'était Darla dans le corps de Leta, elle lui adressa un regard courroucé.

« Faux Ángel, tu as tout faux ! Je suis Leta, je suis celle que tu finiras par blesser pour ce qu'elle est. Celle que tu abandonneras parce qu'elle est différente. » S'approchant d'un pas, Darla se montra tout à la fois à découvert mais également et surtout sur une défensive cruellement émotionnelle. Carapace dressée dans l'invisible, ce fut toute sa rancœur pour ceux qui l'avaient blâmé puis abandonné au fil des âges qui la prit à la gorge. « Comme tous les autres, tu ne chercheras pas à comprendre, tu la haïras pour ce qu'elle est malgré elle. Vous êtes tous pareil. »

Déception amère dans le timbre, Darla n'avait plus confiance en l'humain. Il l'avait brisé, il l'avait forgé dans la haine, tant et si bien qu'elle ne voyait plus aucune échappatoire. Plus aucune alternative, ni fin heureuse à cette amitié que Leta entretenait avec Ángel.

Perdue dans l'entre deux d'une émergence forcée, Darla se crispait en ignorant inconsciemment la garde d'Ángel afin de récupérer la dague. Pour autant, ses gestes se figèrent tandis que son regard arctique se rivait sur le sang perceptible de la plaie. « Je ne fais qu'anticiper l'inévitable pour ne pas souffrir encore une fois. » Articulait-elle lointaine, plus vraiment pour lui mais plus pour elle. Pourtant, Leta ne pouvait encore l'entendre.

Les pupilles étrangement dilatées, le corps se figeait définitivement ; La transition entamait son chemin laborieux tandis qu'elle semblait désormais totalement ignorer le Persécuteur. Le souffle jusqu'à là serein se raréfiait jusqu'à se précipiter dans le balancier du changement tandis qu'un pas sortait Leta de son immobilisme. Recul prit dans l'automatisation forcée de son corps, son esprit fut brutalement catapulté dans sa psyché, et son regard arctique jusqu'à là acéré retrouva finalement un éclat céruléen inquiet.

La rage s'en était allée avec Darla.
Et sur ses traits, il n'y avait désormais plus qu'un égarement véritable tandis qu'elle ne parvenait plus à fixer son attention sur un élément précis. Panique inhérente à l'éveil forcé, elle identifiait l'appartement de son ami pour finalement l'apercevoir blesser.

« Oh mon dieu.. Ángel ! » L'affolement vibrant dans son timbre, Leta ignorait tout de son état à elle - encore second et tremblant - pour se focaliser sur celui du Persécuteur. Elle se précipitait même devant lui pour venir observer sa blessure. « Oh non.. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?! » Et qu'est-ce que je fais là ? Se retint-elle de demander, bien plus focalisée sur l'urgence de la situation d'Ángel plutôt que sur la sienne.
Ne venait-elle pas de faire un mauvais rêve ? Encore ?


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Les mots sont des armes. Aussi percutants que des balles et aussi incisifs que des lames. Elle rétorque, vipère, prétend être bel et bien Leta. Mais il n’en est rien. Têtu refuse d’y croire. Négation automatique d’un visage obstiné. « je suis celle que tu finiras pas blesser pour ce qu’elle est. » Non. « celle que tu abandonneras parce qu’elle est différente. » Les traits se crispent d’avantage sur le faciès du trentenaire. Refuse de croire pareil paradoxe. Refuse de croire pareille vérité. Et pourtant l’évidence est violente. Frappe au visage comme un flot glacé.

Promesse qu’il s’était fait de ne jamais la lâcher. Se retrouve face au fait accompli, elle-même étant de ceux qu’il traque. Dilemme auquel il se confronte. « comme tous les autres, tu ne cherchas pas à comprendre, tu la haïras pour ce qu’elle est malgré elle. » Les dents se serrent. Parce qu’il est amené à la détester de par sa nature qu’elle n’a guère choisie. « Vous êtes tous pareil. » Non. Refuse. À nouveau. Elle ne le connait pas. Pas autant qu’elle ne le connait. Mais elle est ce qu’il déteste par-dessus tout. Une divergente.

Paume féminine ose récupérer poignard permettant afflux. Derniers verbes qu’il laisse venir à lui, toujours dans brouillard cornélien. Parce que geste motivé par souffrance si grande qu’elle ne peut se répéter. Bien qu’il puisse trouver acte légitime, refuse de lui accorder miséricorde. … Je te retrouverai. qu’il murmure comme si inconscient répondait enfin à l’appel lointain d’une promesse faite.

Focus sur comportement qui s’adoucit et ralenti étrangement. Souffle diffère. Pupilles changeantes. Persécuteur assiste inconscient à passation. Elle recule. Constate blessure qu’il presse dans une grimace douloureuse. La regarde, semble perdue, ne pas savoir ce qu’elle fait là. Percute enfin et s’étonne de voir son ami dans pareil état. Ami qui retrouve enfin celle qu’il connait. Perturbé. … Leta ? La regarde comme si la folie s’était emparée d’elle… … vraiment ? T’as oublié ce qu’il vient de se passer là, juste à l’instant ?! s’étonne-t-il, reculant lui-même à son tour.

Nécessité de quelques points de sutures afin de panser plaie béante. Nécessité également d’une discussion vis-à-vis du discours insolite tenu plus tôt. Mais avant tout, nécessité de retrouver et rassurer sa véritable amie qui encore conserve l’arme dans main propre.


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Comme toujours, Darla s'en était allée, refluant avec toute sa colère, toute sa rage pour ce monde, refluant jusqu'à laisser un champ de ruine dans son sillage. Leta pouvait encore sentir son esprit déphasé tenter de s'accrocher à sa carcasse. Présence envahissante et prenante, la réincarnée avait appris à se faire une place dominante dans la psyché bousculée de sa nouvelle enveloppe. Il ne lui manquait plus grand chose pour dominer, pour régner.

Et c'était d'ailleurs Ángel qui jouait le rôle inconscient du garde-fou, imposant un arrêt à la suprématie mentale d'une Darla dévastatrice. Et même si Leta possédait une résilience remarquable, elle n'était rien face aux trois vies qu'elle avait déjà vécues. Face à ces trois vies qu'elle refusait d'accepter.

Images effacées d'un passé immédiat, Leta donnait cette sensation folle de sortir du sommeil, ses traits trahissaient une confusion grandissante tandis que sa main tremblante retenait dans l'inconscience l'arme blanche maculée de carmin. Les circonstances avaient joué en la faveur d'Ángel qui se retrouvait à tenir sa promesse silencieuse ; Il l'avait retrouvé. Malgré lui, malgré elle, malgré eux.

Leta était là, à tenter de canaliser des tremblements qui se faisaient rapidement éclipser par une panique portée hors de toute culpabilité. Elle s'inquiétait pour Ángel, pour sa blessure apparente, pour cette scène qui lui sembla surréaliste. « Mais.. Oui, c'est moi. Qu'est-ce qui t'arrives ? » Balbutiait-elle, dans la confusion d'un tête-à-tête qu'elle ne comprenait pas.

Pourquoi était-elle là ?
Pourquoi est-ce que son ami était blessé ?
.. Pourquoi est-ce que ça se reproduisait ?

Lorsqu'Ángel s'étonna de son inconscience, la jeune femme eut un moment d'arrêt. Souffle retenu dans une gorge qui se nouait d'angoisse, elle scrutait maladivement les traits masculins. « .. Comment ça ? » Articulait-elle difficilement, d'une voix blanche. « Je ne.. » Comprends pas. Non, elle ne comprenait pas. C'était lisible sur son expression particulièrement étirée par l'angoisse de comprendre, d'assimiler l'impensable.

Non.
L'inconscient bataillait pour imposer son déni en maitre tandis que l'évidence se faisait la part belle dans l'instant. Cette fois-ci, après tout, ce n'était pas un rêve, encore moins un cauchemar, ni une hallucination.

Le visage signant négativement, elle voyait son ami reculer. Il lui semblait presque méfiant ou suspicieux, du simple fait de sa présence. Prête à lever les mains en signe de défense, Leta senti enfin le poids équilibré de la dague ensanglantée enfermée entre ses doigts. Le regard descendant sur l'arme, elle la lâcha tout à coup sous un mouvement de panique en reculant de deux pas. « N-non, pas ça. Mon dieu, pas ça.. » Supplia-t-elle en observant sa main rougit du sang de son ami.

Perdue dans le flot des évidences qui la frappait de plein fouet, Leta fit remonter à sa tempe son autre main tandis que la panique se généralisait en secouant ses membres de soubresauts. L'esprit se bousculait, le corps encaissait difficilement et finalement, elle reporta un regard embué de larmes de panique sur les traits d'Ángel. « Je ne comprends pas.. » Et pourtant.. Pourtant. « Je suis désolée, vraiment désolée. » Ne pouvait-elle s'empêcher de répéter alors qu'elle tentait une nouvelle approche vers son ami, paumes levées. « Pardonne-moi.. » Pour quelque chose que je n'ai pas fait.

Parfois, elle rêvait sans sommeil.
Souvent, son esprit se déliait.
Mais jamais elle ne blessait.
Pas en reprenant ainsi conscience ; pas en se retrouvant confrontée à l'amère vérité.
Une vérité qui lui sembla pourtant inconcevable.

Elle était folle.
Oui, c'était ça, elle devait être folle.
S'accrochant à cette idée aussi délirante que le reste, Leta se focalisa plutôt sur la plaie ouverte d'Ángel. « Tu saignes.. Beaucoup. Laisse-moi te soigner. » Force et faiblesse jouait sur le même tempo, offrant une mélodie inédite dans le timbre de la jeune femme. Elle avait peur. Terriblement peur. Peur de perdre son ami, peur qu’il la fuit, qu’il l’abandonne. Pour ce qu’elle était, pour ce qu’elle refusait de devenir. « S'il te plait.. Laisse-moi t'aider. » Lui demandait-elle, la gorge toujours autant nouée et l'inquiétude à fleur de peau.

Jamais Leta ne s’était affichée en état de faiblesse.
Jamais elle n’avait laissé transparaitre ses fêlures.
Parce qu'elle avait été forgée ainsi.
Parce qu'elle ne savait faire autrement.
Pourtant, en cet instant, elle ne parvenait pas à jouer la façade. Ses barrières les plus solides se fissuraient, révélant celle qui subissait les cauchemars et les absences. Celle qui subissait Darla.


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TW : sang, blessure


Expression d’incompréhension largement lisible sur faciès de la blonde. Brun lorgne, attentif au moindre départ de geste. Faucon à l’œil aguerri. Attentif. Même si véritable amie semble revenue, s’attend à revirement, prompt à parer à nouveau. Méfiance.

Elle regarde lame responsable. Supplique qu’il entend sortir des lippes voisines avant qu’elles ne laissent place à panique mordante. Incompréhension, désolation et pardon sont exprimées, quémandées. S’approchant de lui, désarmée et sincèrement accablée, il ne bouge guère, la laissant venir. Partageant observation quant à blessure suintante hémoglobine, conjure délégation de soins nécessaires. Persécuteur – ayant déjà vu pire – connait degré impératif d’une médication rapide. Mais persécuteur, n’avait jamais vu comparse dans pareil état. Si bien que question se pose sur réel sujet d’une prévenance nécessaire. Était-il réellement celui qu’il fallait aider ?

Résonances sont nombreuses dans caboche du traqueur. Mais il s’était fait une promesse, provocation vipérine et état profondément sincère de Leta l’amène à résultante absurde. Scènes déferlantes dans imaginaire et quand tous auraient accusé folie, quand tous auraient tourné talons, quand tous auraient craché venin et sommé sortie express, faucheur de vies ravale rancune, opte pour bienveillance défiant toute logique. Parce que l’affecte l’emporte. Comme toujours et pour toujours…

… Okey. Acceptation. Calme-toi d’accord ? J’ai besoin de toi. Réalité. Première instance aux mots lourds de sens avant sollicitation … Attrape-moi l’essuie de cuisine pour que je puisse compresser la plaie pendant que tu cherches de quoi suturer dans la trousse de secours. Qu’il demande, regard indiquant emplacements si jamais inconnus. Pendant qu’amie s’active, bougre se dirige prudemment vers canapé où il trouvera place. Position couchée adoptée afin de couper quelque peu pulsions et permettre une action de couture plus aisée une fois hémorragie cessée. Dans l’attente, mille questions ne trouvent que leurs échos vides. S’inquiète de conversation prochaine dont ils vont bientôt devoir faire face. S’inquiète de savoir si c’est encore Leta qu’il verra ou si version démoniaque sera de nouveau en maîtresse possessive.


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TW // SUTURE, SANG.
Panique dévorante grignotant chaque pulsion rationnelle habituellement dominante ; Leta tremblait, de doute, de peur, d'inquiétude, de douleur. La psyché souffrait de cette cohabitation encore non-naturelle alors que sa peau lui semblait trop rigide pour accepter cette double présence. Les sentiments se bousculaient alors brutalement, ressentant encore l'écho terrible de cette haine incommensurable que portait en étendard Darla tandis qu'au-devant, c'était une inquiétude sincère qui jouait la mesure sur la partition de ses traits enchagrinés.

Rien ne serait plus pareil, après ce soir, réalisa-t-elle fatalement alors que son souffle anarchisé peinait à trouver une cadence acceptable.

Rien ne serait plus pareil, parce qu'il avait vu qu'elle était différente, pensa-t-elle dramatiquement, alors qu'elle ne donnait aucune valeur aux promesses faites. Tout comme elle pouvait s'évertuer à ignorer le sens véritable de sa monstruosité intérieure.

En état de choc ; La jeune femme le voyait, le comprenait et l'assimilait.. Ángel était dans un état de choc légitime. Pour autant, malgré ses supplications, elle attendit que le couperet tombe, qu'il la chasse de son appartement en lui accordant ce regard acéré d'ami devenu ennemi.

Mais finalement, Ángel la surprit. Ángel louvoya toutes ses présomptions en acceptant son aide. J'ai besoin de toi ; Cet aveu raisonna dans son esprit perdu en pleine tempête. Pour autant Leta se fit violence alors qu'elle acquiesçait lentement en forçant son souffle à retrouver un rythme acceptable. « D'accord.. D'accord. » Articula-t-elle difficilement d'un timbre brisé tandis qu'elle se précipitait sans hésitation aucune vers le rouleau d'essuie-tout de la cuisine. Déroulant une large bande de tissu jetable, elle s'approchait pour venir placer l'assemblage brouillon sur la plaie.

Mais à quelques centimètres de la blessure, elle se figea alors que son regard céruléen scrutait le sang. Elle en avait vu d'autre ; Elle en avait subi et fait subir d'autres. Pourtant, cette fois-ci, c'était différent.. Parce que c'était sa main qui avait blessé son ami. C'était elle qui s'était dressée contre lui. Les larmes brulèrent progressivement son regard figé alors qu'elle serra les dents afin de se reprendre. Déconfite, elle évita soigneusement l'attention d'Ángel alors que l'essuie-tout était pressé contre la plaie aussi doucement qu'efficacement.

Consciente de la douleur qu'elle provoquait par son geste, elle souffla un rapide et a peine audible.. « Désolée.. » Alors qu'elle se détournait aussi vite pour gagner la salle de bain en quête du kit de secours.

Une fois dans la pièce, indubitablement forcée à croiser son reflet, elle s'arrêta.

Beaucoup trop soudainement, le miroir lui renvoya une image qu'elle peinait à reconnaitre ; elle ne connaissait pas ces vêtements, jamais elle ne se maquillait ainsi, ce n'était pas sa manière de se coiffer. Sa peau lui sembla brutalement étrangère, son corps ne lui appartenant plus, et elle détesta cette sensation. Et ce ne fut rien en comparaison du sang qu'elle découvrit sur ses mains, à la faveur blafarde des lumières de la salle de bain. Un sanglot douloureux outrepassa sa gorge avant de se bloquer entre ses lèvres tandis qu'elle ouvrit le robinet pour laver maladivement sa peau salit.

Comment avait-elle pu ?
Pourquoi avait-elle fait ça ?


Se débarrassant rapidement du sang qui maculait ses doigts, elle frotta jusqu'à s'hypnotiser dans la mécanique de ses gestes. Et dans le silence de cet huis clos, un déclic habituel s'enclencha ; Elle distanciait sa douleur et sa culpabilité pour retrouver un calme asynchrone.

Quelques minutes plus tard, à peine, elle ressortit avec la fameuse trousse de secours, les mains lavés de la cruauté de Darla pour s'approcher d'Ángel. Evitant soigneusement son regard par crainte de lire l'impassable sur ses traits, elle s'agenouilla près du canapé pour ouvrir la trousse et commencer son investigation.

Silencieuse, elle œuvra mécaniquement, habitée par un besoin urgent d'aider son ami. C'était le plus important pour elle, l'essentiel malgré tout ce vacarme d'émotions qu'elle distançait avec difficulté.

Ôtant d'abord l'essuie-tout, elle vint le remplacer par une compresse propre et plaça ensuite la main d'Ángel à la place de la sienne tandis qu'elle s'occupait de découper son t-shirt afin d'aseptiser efficacement la zone à recoudre. Etrangement, Leta ne laissait rien au hasard malgré son état second, à croire qu'elle s'était terriblement habituée à ce genre de choc. Venant ensuite nettoyer la plaie, elle s'assura de son état avant de venir passer avec soin, une crème anesthésiante autour de la blessure. Si ça n'était pas une solution miracle, ça avait tout de même le mérite d'atténuer la douleur pendant l'opération.

Finalement, elle entama, toujours en silence, la suture alors que ses traits ne trahissaient aucune émotion là où son regard retenait en geôlier toutes ses peines et ses inquiétudes. Leta muselait au mieux tous ses sentiments alors qu'elle veillait soigneusement du coin de l'œil sur l'état d'Ángel. Elle s'assurait qu'il aille bien en procédant avec soin.

Finalement, une fois les points terminés, elle se relevait pour aller jeter tout ce qui devait l'être et rangeait la trousse. Avec bien trop de méthode, elle tentait d'effacer l'instant, d'oublier. Pourtant, lorsqu'elle revint près d'Ángel, la plaie était toujours là. Soignée, certes, mais toujours là.

Et à cause d'elle, son ami était mal en point.
Etrangement figée, elle ne trouva rien à dire, rien à confesser.



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Exécution qui ne se fit guère attendre. Leta s’adonna sans tarder à tâcher confiée. Blessé ayant trouvé place dans canapé, attend sagement le retour de soigneuse improvisée, pressant soigneusement plaie. Attente inspire réflexions. État de choc légitime. Jamais il ne se serait attendu à ça de sa part… Bien qu’elle n’était pas vraiment elle. Alors, avant retour, imagine scénarios aussi divers que variés de la suite des évènements… qu’allait-il faire ? Voix abyssale l’ayant affublé d’une préméditation comportemental que jamais il n’aurait, le voilà au pied du mur, bientôt à la merci de ses promesses et convictions.

Alors elle revient. Armée du nécessaire médicale de premiers soins. Elle s’applique sous l’attention palpitante de l’hôte qui ne la quitte pas une seconde du regard. Remplit caboche d’observations nourrissant idées. Jamais elle n’ose détourner les yeux pour reluquer faciès… Persécuteur sent plus que bien tension interne. Même sutures ne provoquent pas la moindre faiblesse sur faciès. Chirurgicale. Triste et salvatrice habitude que de savoir apposer pareils gestes.

Une fois séance de couture terminée, elle rangea tout. Automatiquement. Machinalement. Comme si elle voulait tout effacer. Comme si rien ne c’était passé. Pourtant… Brun reste bel et bien dans canapé. Se redresse quelque peu afin de mieux observer amie aux mirettes fuyantes. De marbre. Comme si elle n’osait bouger. Alors, après un trop long silence, quelques mots sortirent enfin des lippes du chasseur : … Merci pour les soins. qu’il déclara dans un premier temps, avant d’enchainer : … tu n’veux pas t’assoir une minute ? J’aimerais qu’on discute de ce qu’il vient de se passer. question dénuée d’hostilité. Ton resté neutre. Mauvais moment qu’il redoute peut-être pas autant qu’elle, mais qui lui semble nécessaire afin de mieux comprendre. Vieux échos d’une précédente rencontre qui reviennent, alors préfère ajouter d’un calme désarmant : … Jme doute que tu n’as certainement pas plus envie de m’en parler aujourd’hui que la dernière fois qu’on s’est vu alors, je vais te dire une chose que j’espère que tu vas retenir… Leta, j’te lâcherai pas d’accord ? Je suis ton ami et j’le resterai même après ça. Tu es libre de ne pas me parler maintenant et si tu pars, je ne te retiendrai pas. Mais j’te lâcherai pas. Et quand tu seras prête à m’expliquer, je serai là et j’t’écouterai. J’veux juste comprendre… Parce qu’il a promis. Autrefois et aujourd’hui. Et qu’il est un homme de parole, capable même de braver les lois. Pour ceux qu’il aime.


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Le geste chirurgical pour échappatoire salvatrice ; Leta avait développé ce biais silencieux au fil des évènements étranges. Son esprit dissident ancré dans le besoin d'une déviation s'était habitué à se focaliser sur des évènements extérieurs, souvent liés par causalité avec l'attitude de l'Autre. C'était ainsi une manière de réparer cette trame de la réalité, de remettre de l'ordre dans une existence bousculée.

C'était sa façon, à elle, de survivre.
Pour autant, ce fut bien la première fois depuis des années que Leta ressentie cette douleur dans la poitrine, celle d’une oppression du myocarde enflant au gré de l'inquiétude. Et parce que c'était trop imposant pour se dissimuler derrière le voile de son déni ; Elle voyait encore. Elle percevait encore les contours de son cauchemar réalisé.

Le regard fuyant, elle ne voulait pas voir.
Ni son regard.
Ni sa blessure.


Ángel portait soudain en lui la potentialité d'une révélation, le danger d'une réalité que Leta voulait fuir coute que coute. Mais ce lien invisible et pourtant indéniablement tangible qui l'unissait au Persécuteur la privait de toute échappatoire. Ainsi, elle resta figée, comme dans l'attente d'une sentence. Parce qu'elle en était certaine, le cristal de leur relation venait de se fêler. Et désormais, ce n'était plus qu'une question de temps avant que leur amitié ne se brise dans un fracas assourdissant.

Fatalement préparée à un abandon qui lui sembla irrémédiable, Leta ne fit que détourner son regard vers la sortie. Car si elle avait réparé le physique de sa faute ; Le reste demeurerait indélébilement imprimé dans sa psyché. Machinalement, elle vint alors observer ses mains lavées des péchés de Darla et se crispa tandis que son esprit tournait jusqu'à en avoir le tournis.

Ce fut les remerciement d'Ángel qui ramenèrent Leta à l'instant alors qu'elle fronça les sourcils. Décontenancée qu'il la remercie, elle releva sensiblement le menton en venant scruter le vide. Pourquoi le faisait-il, d’ailleurs ? Il n'avait pas à prononcer de telles paroles. Ni toutes les autres alors qu'elle accueillait son invitation à s'assoir avec une pointe d'appréhension.

Discuter.. Discuter des évènements.
De ce qu'elle était.
De ce qu'elle ne souhaitait pas être.
Leta n'était pas sûre de vouloir entendre ces mots, ni même d'en prononcer certains.

La gorge nouée d'inquiétude, elle obtempéra pourtant en venant défaire les boutons de sa veste afin de la quitter. Se révélant en débardeur, elle observa un moment la veste qui lui était toujours terriblement étrangère. Soit.
Le vêtement déposé sur l'accoudoir, elle creusa un fossé entre lui et elle ; installée sur le canapé à une certaine distance d'Ángel, elle lui épargna toutes craintes de voir son attitude basculer.
Peut-être que finalement, elle avait bien plus peur que le Persécuteur.
Peut-être avait-elle bien plus peur d'elle-même qu'il ne pouvait craindre son accès de folie.

« Tu n'as pas à me remercier pour quelque chose.. » .. Que j'ai causé, aurait-elle dû terminer, mais elle n'y parvenait pas. Elle n'y arrivait pas. Parce que Leta ne se souvenait pas d'avoir porté ce coup, d'avoir blessé son ami. Et cette simple dissonance mémorielle lui contracta douloureusement l'estomac.

Le cœur au bord des lèvres et le chagrin aux tripes, elle retourna à son silence tandis que son regard céruléen osait enfin affronter celui d'Ángel. Les traits lissés d'une expression indéchiffrable mêlant tourmente et tentative de calme, Leta essayait de conserver une assurance digne ; pourtant, la façade ne cessait de se craqueler alors qu'Ángel se décidait à articuler des mots qu'elle fut certaine de ne pas mériter.

« ..Tu ne devrais pas. » A bout de souffle, entre deux eaux, Leta murmurait des mots qu'elle n'était même pas certaine de vouloir prononcer. Mais chaque fibre de son corps l'invitait à repousser son ami, comme dans un besoin vital de creuser un fossé encore plus grand que celui qui les séparait sur ce canapé.

Ses iris de la couleur d'un ciel pluvieux trahissaient toute sa peine, tout son combat intérieur alors même qu'il se rivait maladivement sur le pansement que ses mains avaient apposées quelques minutes plutôt. « Et si je te libérais de toutes les promesses que tu m'as faites ? » Demanda-t-elle, consciente dans la douleur du poids de ses mots. Après tout, elle connaissait Ángel depuis trop longtemps pour ne pas saisir la portée d'une promesse faite.

« Ça serait peut-être mieux. » Dit-elle d'un timbre écaillé par les larmes qu'elle coinçait dans sa gorge, les empêchant difficilement de remonter jusqu'à son regard troublé. « Je ne.. Sais pas comment tu pourrais comprendre quelque chose que je suis moi-même incapable de comprendre. » Précipitait-elle dans un aveu durant lequel elle partageait un regard perdu avec Ángel.

« .. Qu'est-ce qui s'est passé ? » Osait-elle enfin demander en crispant les poings sur ses genoux. Une part, si grande, ni dominante et si terrifiante d’elle-même ne voulait pas comprendre ; Elle ne voulait pas voir. Et pourtant, il y avait cette petite voix, au fond, qui raisonnait de plus en plus. C'était le combat du déni contre Darla. Et sans le savoir, le Persécuteur servait la cause de la mutante. Tout cela au nom de ses promesses et de cette affection partagée.
Parce qu'il n'y avait bien que pour Ángel que Leta fut prête à affronter le tumulte de ses absences.


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Refus amputé prématurément du remerciement, se perd dans gorge endolorie de l’intruse. Silence douloureux pour Leta dont le combat intérieur gronde et transparait physiquement aux yeux veilleurs. « Tu ne devrais pas » Non. Peut-être ne devrait-il pas. Mais c’est là où justement la raison s’arrête que le cœur prend la relève. Et Dieu seul sait à quel point l’émotionnel impacte faits et gestes du croyant. Parce que la rage, la colère et la vengeance auront fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Alors la passion, l’honneur et l’affection le scelleront à jamais à la promesse qu’il a faite, même si commanditaire l’en libère. Alors, c’est un lent non mécanique qui fait bouger la tignasse du traqueur. Parce que même si elle le faisait, c’est ancré dans son âme. À moins d’y être contraint, il n’y arrivera pas.

Paume propre glisse jusqu'à blessure lorsqu'elle exprime l'incompréhension. Ne sachant pas elle-même de quoi elle est victime. Se désole du triste constat réalisé par son amie. Elle demande alors ce qui s'est passé. Voit les poings se serrer sur ses genoux. Entend encore et toujours cette détresse maintenue au fond du gosier. Alors, par respect pour elle, il la confronta au cauchemar dont elle se faisait prisonnière : … Tu es venue ici. Avec ce regard… différent. Tu prétextais qu'il fallait que je sorte de ta vie de manière définitive parce qu'à chaque fois que tu me voyais, ça te rappelait le plus gros échec de ta vie. Tu as essayé de me poignarder une première fois mais je t'en ai empêché. Je t'ai avoué ma culpabilité mais ça n'a rien changé. Alors, quand je t'ai dit que j'avais cherché à comprendre pourquoi tu n'avais pas été retenue, tu as sous-entendu que tu avais peut-être "un petit quelque chose en plus" qui t'avais empêché d'intégrer nos rangs… Ensuite j'ai… Je t'ai nommée. Je ne pouvais pas croire que c'était toi que j'avais en face de moi. Et tu m'as poignardé. Sans retenue. Déterminée. Ensuite, tu as soutenu que tu étais bel et bien Leta et que… que j'allais finir par te blesser et t'abandonner pour ce que tu es. Comme tous les autres. Tu as voulu me tuer pour anticiper l'inévitable et ne pas souffrir une nouvelle fois. Et ce n'est qu'alors que tu t'es réveillée… qu'il termine enfin. Les mots sont durs mais justes. Au terme près car, tous sont imprimés dans mémoire et dans chairs. Et littéralement, c'est à un réveil qu'il a assisté, délaissant douloureuse théorique sur la lourde vérité partiellement révélée.

Alors il se redresse quelque peu, réduisant le fossé entre eux. Vint poser paume chaude et rassurante sur l'un des poings serrés qu'elle maintenait. … Mais ce n'était pas toi. Ce n'était pas toi que j'ai vu ce soir. Je ne sais pas qui c'était mais certainement pas la Leta que je connais. Relation partagée depuis longtemps qui légitime propos. Et il sera là. Toujours là.


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Esprit embourbé dans une tempête de révélation, Leta tentait néanmoins de garder le cap. Parce que dans le fond, elle savait ; elle avait toujours su que quelque chose en elle était.. Différent. Déni jouant sur la clé d'une dissonance qui s’était perpétuée au fil des années ; il avait même fini par s'ancrer si profondément en Leta qu’elle en eut développé des automatismes salvateurs. De l'art d'effacer les traces de ses méfaits jusqu'aux lourds silences permettant d'occulter les faits devenus souvenirs rouges ; Leta s'était laissée prendre a une mécanique qui l'avait souvent sauvé.

Mais pas ce soir.
Pas cette fois.


Confrontée à un de ses plus terribles cauchemars, elle concéda à écouter Ángel, à l'écouter énumérer des faits dont elle se sentait terriblement étrangère. Alors même qu'il commença son récit, elle garda ses mains posées sur ses genoux. Doigts se crispant face à la vérité qui la percutait de plein fouet, elle laissait son regard clair se porter sur le vide. Accusant le coup de ses émotions et de ses actions délétères, elle ne parvint aucunement à comprendre ce qui l'avait motivé. Parce que malgré tout son égarement, derrière ses silences et ses non-dits, Leta savait.. Elle savait quelles vérités pouvaient se dissimuler parmi ses ombres pensives. Qu’elles fussent dirigées vers Ángel ou dans la direction de sa vocation ratée ; la mutante savait mieux que quiconque ce que ses émotions lui avaient toujours dictées.

Loin d'être encore entièrement dépossédée de l'entièreté de ses convictions, elle n'adhérait pas à ses propres propos. Au récit d'Ángel, elle eut l'envie brutale d'objecter mille et une fois, mais elle préféra pourtant garder le silence sur l'instant tandis que sa respiration se bloquait dans sa gorge sans qu'elle ne s'en rende compte. Corps crispé jusqu'au bout de ses phalanges blanchies, elle releva le menton au moment du mouvement du Persécuteur qu’elle perçue dans son champ de vision.

Lorsqu’il posa sa main sur la sienne, Leta voulut intuitivement le prévenir. Elle aurait même voulu l'avertir qu'il devait se méfier, comme elle pouvait se méfier d'elle-même. Parce qu'elle n'était désormais plus sûre de rien, plus sûre de ces émotions qui l'habitaient. Et cette simple pensée, aussi terrible fut-elle, l'envahit d'une onde tremblante pendant une seconde à peine. En guise de réaction épidermique, elle décrispa ses doigts pour retourner cette main où s'était posé celle d'Ángel. Elle vint entremêler ses doigts aux siens tandis qu'il lui affirmait que tout cela, ça n'avait pas été elle.

Comment pouvait-il en être aussi sur ?
Comment ?
Quand elle-même, elle n'était plus sûre de rien.

Le mur de déni lézardé de vérités menaçait de tomber, pourtant Leta tentait – elle –  de demeurer entière. Et alors même que le silence revint, elle releva enfin son regard céruléen afin de le poser sur la blessure d'Ángel. Une vague d'émotions la submergea tout à coup alors qu'elle sembla pleinement prendre conscience de sa responsabilité.

« Tout ça, c'est impossible. Ce n'est pas ce que je ressens, ce n'est pas ce que je.. Pense. » Ça, c'était sa seule assurance. Son inaliénable vérité. Remontant son regard sur celui d'Ángel, elle enchainait aussitôt. « Tu le sais, non ? Ce n'est pas ce que je vois, quand je te vois. » La suite mourrait entre ses lèvres tandis que son regard se perdait au rythme de ses pensées. « Quelle culpabilité ? » Son regard revenait se fixer sur le Persécuteur dont elle scrutait longuement les traits. « C'est passé tout ça. » Leta avait changé, elle avait surmonté sa déception et son désespoir. Elle avait compris que cette voie ne lui était finalement pas destinée. C’était d’ailleurs ainsi qu’elle avait trouvé celle de Trask sur son chemin.

« Je dois être folle.. » Soufflait-elle, à nouveau plongée dans le tumulte de ses réflexions. Et face au cumule de ses émotions, elle laissait les larmes lui monter aux yeux tandis qu'elle se retenait dans une nouvelle crispation. « .. Tout ça, ça n'a toujours été que des cauchemars. Ça n'a jamais été réel. Alors, pourquoi.. »

Répercussion d'un gène qui se faisait au dépend de l'ignorante, Leta concédait enfin à avouer son fardeau. Les cauchemars n'en étaient qu'une partie.. Mais une partie dominante, parce qu'elle avait appris à occulter les hallucinations qui s'étaient immiscées dans son quotidien. Parfois, il lui arrivait de vouloir leur parler.. Et puis, elle se faisait une raison.

Ce soir, elle ne pouvait pourtant se faire une raison.
Parce que le réel avait pris le pas sur la fantasmagorie.
Parce que tout était devenu trop réel.

Reportant son attention sur Ángel, son regard passait à plusieurs reprises sur sa plaie. « Comment tu peux être sûr que ce n'est pas moi ? Pourquoi ? Regarde ce que je t'ai fais.. » Le timbre déraillait, peinant à s'extraire de cette gorge nouée de larmes ; la voix, elle, perdait de son assurance.

Ce soir, elle ne pouvait assumer ce geste.
Le sien ou celui d'une autre.
Peu importait finalement, car c'était dans sa main que s'était retrouvée l'arme qui avait frappé Ángel.


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Déni. Refus d’accepter vérité venant se dérober du gosier accusateur. Brune certifie que ce n’était guère le ressenti qu’elle avait au fond elle. Et pourtant… c’était bel et bien sous ce joug que les poings s’étaient dressés, agressifs. Les iris se croisent. Rhétorique glanée sur sentiment éprouvé lorsqu’elle le voit. Culpabilité du chasseur mise en cause, aucunement légitimé à ses yeux à elle. C’est passé… qu’elle cante. Peut-être… Cependant, sensation de l’échec perdure et perdurera à jamais, sachant qu’il n’a guère su la porter jusqu’à son rêve, alors qu’il en avait fait serment. Émoi qui s’était terni avec le temps et les palabres rassurants de l’amie, mais qui néanmoins persistait.

Chapitre du passé clos, focus se fait sur présent mordant. Suppose la folie. Précise qu’il ne s’agissait que de cauchemars jusqu’à maintenant. Éprise du doute, elle se questionne sous supervision de l’hôte. Se dévoile. Par acquis de conscience, demande – tristesse nouant gorge – comment il peut être si sûr qu’elle ne fut pas elle.

Les phalanges resserrent la prise entre celles de son amie. Et lui explique : … le regard. qu’il commence doucement. … le timbre, le ton de ta voix. La façon de parler et d’agir. La façon d’être. Je ne t’ai pas reconnue. C’était comme si… comme si tu étais quelqu’un d’autre. qu’il avoua. Troquant pronoms possessifs pour articles définis, déviant ainsi accusation. Parce que c’était ça. Ce n’était guère le genre de propos qu’elle lui aurait tenu. Ce n'était pas son regard. Ce n'était pas sa voix.

… depuis combien de temps tu fais ce genre de cauchemar ? À quelle fréquence ? s’inquiéta-t-il. Parce que l’intérêt sera seule preuve d’un soutien réel et d’une aide désirée dénuée de tout jugement.


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Déni d'exister dans son entièreté ; Déni de s'accepter telle que le destin l'avait façonné. Leta se perdait sur le fil de sa prise de conscience. Douleur à l'esprit pour bleu à l'âme, elle se blâmait, s'accablait d'une folie qui n'était pourtant pas la sienne. Et alors que l'idée d'une autre semblait n’être qu'une fantaisie de son esprit dérangé, elle attribuait son dédoublement à un traumatisme qu'on lui avait pourtant juré absent.
Mais accrochée au voile de son ignorance forcée, Leta conjuguait les mensonges, tous plus absurdes les uns que les autres. Parce qu'elle les avait vu, ses objets manquants, cette vie dédoublée, ces regards de méfiances et de connivences. Elle avait déjà remarqué que c'était une autre qu'on réclamait lorsqu'on venait l'accoster dans les rues de la grande pomme.

Terrible demeurait cette impression de voir son existence se délier pour mieux filer entre ses doigts. Terrible était le déni dans lequel elle s'enfonçait pour ne pas voir, pas comprendre.

Ángel.
Premier à pâtir de cette autre ; Leta aurait voulu qu'il ne soit pas sa victime. Et alors même qu'il la réconfortait, un sentiment d'amer tristesse habitait la mutante tandis qu'elle se rendait compte de la cruauté de la situation. Malgré elle, Leta le voyait s'enchainer à une promesse jadis faite, à des mensonges lancés par un alter égo déserteur.

Alors, elle lui demandait.
Elle lui demandait pour enfin savoir.
Pour enfin comprendre.
Et finalement apercevoir avec plus de clarté la différence qu'il y avait entre l'innommable et elle.

S'accrochant à sa main, elle gardait son regard céruléen logé dans le sien tandis qu'il énumérait ces différences simples mais pourtant essentielle. « .. Quelqu'un d'autre. » Murmurait-elle d'un air absent alors que son attention s'égarait jusqu'au vague de la réflexion.

« J'ai.. » Tentait-elle, dans une volonté de s'ouvrir, de comprendre, de révéler le silence devenu tabou en quelques années. « J'ai fait des analyses, des tests, autant neurologiques que psychologiques, mais il n'y a rien. »

Révélation coutant à l'honneur de l'orgueilleuse toujours fière de son aplomb, elle révélait pourtant les failles qui l'habitaient. Hésitante, elle reporta son regard sur Ángel lorsqu'il en vint à lui demander des précisions sur ses cauchemars. Elle le scruta même un long moment, parcourant ses traits à la recherche d'un jugement muet. Mais il n'y avait rien.. Rien pour l'arrêter,rien pour la balancer sans ménagement dans ses retranchements. Et c'était d'autant plus effrayant pour elle.

De savoir.
De comprendre.
Qu'elle pouvait lui faire réellement confiance.

« .. Depuis l'accident. » Acceptait-elle enfin de répondre. « J'ai cru que c'était le choc post-traumatique.. Ou un effet secondaire. Mais ça n'a jamais arrêté. » Peu à peu, son timbre perdait en force tandis qu'elle continuait malgré tout en conservant son attention sur le Persécuteur. « J'en fais toujours, Ángel. » Son regard clair se détourna alors lentement pour se porter sur le vide où elle semblait scruter longuement une silhouette qu'elle seule était en capacité de voir. « Ils sont toujours là. »

Toujours là pour la hanter.
Toujours là pour lui rappeler qu'elle était une autre.
Autre chose.

L'expression froissée pendant quelques secondes, Leta baissa les yeux, comme accablée par une voix qu'elle fut seule à entendre. Et aussi naturellement que cela, ce fut dans la vulnérabilité de l'instant que ses failles se firent exploiter par les fantômes de ses vies antérieures.
Des murmures bourdonnèrent à ses oreilles, la plaçant au pieds du mur de ses prises de conscience. Et pour la première fois, elle ne put faire autrement que de les écouter. Un sanglot passa ses lèvres alors qu'elle les entendait lui hurler l’amère vérité.

De mutante à monstre.
De monstre à mutante.


Son visage signa tout à coup à la négative tandis qu'elle réfutait l'ineffable vérité. Crispation de ses doigts mêlés à ceux d'Ángel jusqu'à chaque muscle de son corps, elle reprit. « .. Je ne veux rien de tout ça, je n'ai rien demandé. »

La respiration se bousculait au rythme d'un refus intuitif. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus savoir, ni voir. Prête même à bouger, à se relever, elle se figeait pourtant tandis que son regard revint croiser celui du Persécuteur. A la panique succéda alors par glissement un retour au calme. Corps figé pour esprits en permutation, Leta fuyait par instinct ce que Darla pouvait affronter avec résilience.

Ainsi, peu à peu, son regard évoluait jusqu'à retrouver cette teinte glaciale, cette dureté aiguisée tandis que ses traits s'apaisaient. La posture redressée, la tristesse dégagée ; l'assurance de Darla surpassait les craintes de Leta qui s'en allait sans même en prendre conscience.

Et ainsi, au bout de quelques secondes, ce n'était plus la main de Leta que retenait Ángel, mais celle de Darla qui observa la situation d'une œillade analytique et profondément critique. Dégageant sa main d'un geste brusque, elle claqua même sa langue contre son palais. « C'est une première.. » Articulait-elle d'un timbre plus grave, indubitablement marqué par la surprise de son retour impromptu.

Revenant scruter longuement Ángel, elle avisa sa blessure et ne cacha même pas ce petit sourire malicieux. Garce satisfaite du coup porté, son charme prit naturellement le dessus sur son étonnement alors qu'elle vint plonger son regard dans celui du Persécuteur. « Quoique tu aies fait, mon beau, je t'en prie, continue. »
L'assassine oubliait momentanément son projet. Parce qu'Ángel venait de lui prouver par sa simple présence qu'il était peut-être un peu plus qu'une simple ancre pour Leta.



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Quelqu’un d’autre. Dur mais véritable. Alors elle révèle, difficilement, qu’elle eut été cobaye de nombreuses analyses, tests, autant neurologiques que psychologique en quête d’une explication. Vaine. Persécuteur mesure l’ampleur de pareille confidence.

Mais depuis l’accident, elle n’a de cesse d’être hantée par ces cauchemars imprégnant sa réalité. Supposition faite sur choc post-traumatique, ce qui aurait été légitime. Mais point de fin. Les yeux se baissent. S’accrochent au vide. Lippes tressaillent par sanglot éphémère. Alors refus se manifesta. Elle ne veut rien de ça. Elle n’a rien demandé. Comme personne d’ailleurs.

Mais c’est alors que le refus inspirant profonde tristesse et amorce d’un départ, les pupilles s’accrochent de nouveau. Corps se fige. Ángel enfin assiste au changement. Effroyable. Transformation s’opérant dans détails presqu’insignifiants et pourtant, font changer personne dans totalité. Voit ce regard se glacer. Ses traits s’apaiser. L’assurance d’une posture tantôt accablée. Le souffle se coupa. Témoin d’une transformation unique. Révélation.

Voix d’outre-tombe résonne à nouveau afin de libérer paluche de l’emprise de l’hôte, encore surpris. Et elle clame, garce, que quoi qu’il ait fait qu’il continue. Alors l’évidence le frappe. Comme la claque invisible au visage. Et affiche un sourire en coin face à … elle. Rictus même s’échappe alors qu’il reprend place davantage confortable dans canapé. … alors te revoilà. qu’il lui répond. Bougre horripilé à l’idée de ne plus avoir Leta face à lui, mais ce monstre tueur duquel il va prendre parti. Bon retour parmi nous, ma belle. Alors dis-moi, maintenant que je sais… est-ce que la partie démoniaque de Leta a un nom ? "Ma belle" en réponse sarcastique. Parce que oui, il sait.

Il y a une seule condition pour intégrer les Persécuteur : l’absence du gène x. « Peut-être que j'ai un petit quelque chose en plus qui me rend inacceptable dans vos rangs, tu n'y as jamais pensé, à ça ? », « je suis celle que tu finiras par blesser pour ce qu'elle est. », « Celle que tu abandonneras parce qu'elle est différente. », « Comme tous les autres, tu ne chercheras pas à comprendre, tu la haïras pour ce qu'elle est malgré elle. », « Je ne.. Sais pas comment tu pourrais comprendre quelque chose que je suis moi-même incapable de comprendre. », « .. Qu'est-ce qui s'est passé ? », « Tout ça, c'est impossible. Ce n'est pas ce que je ressens, ce n'est pas ce que je.. Pense. », « Je dois être folle.. », « Comment tu peux être sûr que ce n'est pas moi ? » « J'ai fait des analyses, des tests, autant neurologiques que psychologiques, mais il n'y a rien. », « Quoique tu aies fait, mon beau, je t'en prie, continue. »
Répliques qui suintent la vérité.
L’évidence est là.
Irrémédiable.

Leta en est une…
Malgré elle.


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Le retour de Darla signait le glas de l'épuisement d'une Leta forcée à ouvrir les yeux. L'inconscient bousculé l'avait finalement amené à se retrancher derrière la figure d'une diablesse qu'elle serait partiellement destinée à devenir en embrassant sa nature. Pour l'heure, néanmoins, le chemin semblait encore pavé de craintes et de douleurs psychologiques. Autant du côté de Leta que du côté de Darla.

Ainsi la réincarnée se retrouvait-elle assise au même endroit que Leta. Ainsi se défaisait-elle du poids accablé de sa nouvelle identité. Parce qu'elle, elle assumait. Elle acceptait.

Elle acceptait son gène et en faisait sa force.
Elle acceptait sa nature et la fatalité qui lui était attaché.
Ce qu'elle acceptait beaucoup moins, néanmoins, c'était de se retrouver face à un Persécuteur.
Quel qu'ait été son lien avec Leta.

En jaugeant Ángel d'un long regard cryptique, Darla semblait chercher les nœuds qui ficelaient leur relation, surement dans l'expectative de les défaire, un à un, méthodiquement. Lorsque le Persécuteur reprit la parole, d'ailleurs, elle lui répondit d'un charmant petit rictus auréolé de sous-entendu.

« La partie démoniaque.. Tout de suite, les grands mots. » Nuançait-elle avec une douceur que Leta n'employait jamais. Jamais, sauf pour jouer de ses charmes afin d'obtenir quelque chose. Les frontières se brouillaient par instant entre l'attitude de l'une et de l'autre, à croire que Darla jouait volontairement le jeu de la nuance. « Alors, je présume que tu as enfin compris. »

Croisant les jambes, elle s'installait confortablement. Reine assurée même hors de ses terres, et surtout en territoire ennemi, elle ne laissait aucune inquiétude filtrer quant à sa présence face à Ángel. « J'aimerais te l'entendre dire. Que suis-je ? Qu'est donc Leta ? »

Un aveu pour lui.
Une preuve pour elle.


Darla voulait lire dans sur ses traits tout le dégoût qu'elle pouvait lui inspirer au nom d'un gène dissident. Elle voulait le voir rejeter du pied ce que le destin avait fait d'elle depuis plus d'un siècle. « Et tu peux continuer à m'appeler Leta. » Penchant le visage sur le côté, elle plongeait son regard translucide dans le sien. « Je sais que ça te fait plaisir.. » Ironisait-elle, ouvertement moqueuse.

Et alors qu'il la diabolisait, Darla avait plutôt l'impression qu'il était le démon prêt à l'abattre. Parce qu'il en endossait le rôle et la haine.

« J'aimerai comprendre quelque chose.. Ángel. » L'accent français ressortait alors même qu'elle prononçait son nom. Car dans sa malice à s’accepter, Darla avait appris au fil de ses vies à jouer de ses différences. « Pourquoi ? Pourquoi êtes-vous aussi.. Proches. » Ça la dérangeait et elle ne le cachait même pas. Méprisant ce lien unissait Leta au Persécuteur, elle maudissait les choix mal avisés de son incarnation.

« Et surtout, si tu tiens réellement à elle, es-tu prêt à la laisser devenir ce qu'elle doit devenir ? » Demandait-elle enfin, sans s’amuser de la situation ou des questionnements qu’elle pouvait engendrer. Car malgré tous les jeux auxquels elle pouvait se livrer, Darla n’avait qu’un objectif ; Se préserver et préserver Leta. A sa manière. Parfois douloureusement. Souvent cruellement.



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Rétorque d'une douceur inconnue incombant nuance dans les mots choisi par persécuteur. Présume ensuite de révélation. Compréhension de nature divergente. À ça, léger hochement de tête vint confirmer ses dires. Rien d'autre. Elle croise les jambes, adoptant attitude assurée face à lui et demande. Demande de prononcer le mot désignant nature, amalgament une fois de plus Leta et Démon. Autorisant même persécuteur à continuer de l'appeler Leta. Sauf qu'elle n'est pas Leta. Et elle le sait. Sait que ça titille traqueur de devoir octroyer dénomination qui ne lui est guère attribué. Alors il lui répond, voulant faire la part des choses et les souligner. Leta est… est mon amie avant tout. Toi, je n'ai pas encore eu le plaisir de faire ta connaissance alors, ne m'en veux pas, mais je ne vais certainement pas t'attribuer son prénom. Hésitation feinte. Parce qu'il se doute de ce qu'elle souhaite entendre malgré le fait qu'ils le savent tous les deux. Il ne lui donnera guère ce plaisir. Pas tout de suite. Préférence évoquée de ne guère l'associer à l'image qu'il a d'elle. Parce qu'elle est elle. Et certainement pas cette diablesse voulant sa mort.

Et puis qu'importe sa nature...
Oui... qu'importe sa nature.


Démone enchaîne sur sujet suivant. Aimerait comprendre origine de leur relation. Preuve que côté sombre ne partage pas toutes les pensées de sa véritable amie… Stratège projette donc échange de bons procédés. Tous deux veulent savoir certaines choses alors… Échangeons.

Elle ajouta question afin de savoir s'il fût prêt à « la laisser devenir ce qu'elle doit devenir ». Les yeux se plissèrent sans perdre faciès d'en face. Suspicieux. Car ton emprunté fut lourd de sens. Dénué de sarcasme. Alors, l'honnêteté et la loyauté parlent en duo. Comme ils l'ont toujours fait pour elle. … Je suis prêt à tout pour elle. Quoi que ça implique… Qu'il dit et qu'il tait. Parce que le ton emprunté sous-entend ce qui est tu. … et surtout, tant qu'elle conserve son libre-arbitre. Parce qu'il voulait qu'elle reste maitre de ses choix. Qu'on ne lui impose rien. Pour son propre bien. C'est elle qui doit décider.

Mais dis-moi… Pourquoi tu veux savoir pourquoi on est si proches ? Ça a un rapport avec le fait que tu veuilles me tuer ? Toi qui es dans sa tête, tu ne sais donc pas qui je suis pour elle ? Léger ton narquois. Parce que visiblement, n'a pas plein pouvoir sur corpus incarné. Parce que si elle se moquait de lui, il se moquerait d'elle…


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Darla s'habillait de cette assurance désarmante, même en terrain ennemi, elle aimait à se considérer comme souveraine. Pourtant, derrière la désinvolture de son regard se levant au ciel lorsqu'Ángel clamait son amitié pour Leta, il y avait cette méfiance latente. Car il était tout ce qu'elle combattait depuis une éternité ; Le mépris de sa nature comme la violence du rejet. C'était pour des hommes comme lui, qu'elle était finalement devenue Elle. Et c'était une femme comme elle qui aidait à forger des hommes comme lui.

Cercle vicieux d'un combat qui n'en finissait pas, Darla s'accrochait à la ritournelle de ses haines les plus profondes pour faire face au Persécuteur. Ainsi provoquait-elle, en toute impunité ; Ainsi bousculait-elle pour comprendre.

Comprendre ce qui animait Leta.
Comprendre ce qui la liait à Ángel.


Dans un besoin de le tester, elle osait les questions les plus improbables entre deux provocations jusqu'à obtenir une réponse qui la catapulta dans ses plus sombres retranchements.

Je suis prêt à tout pour elle. D'autres avaient prononcés ces mots avant de vendre sa peau. Et si jadis elle avait pu les croire, le cœur porté par leurs bonnes intentions ; Aujourd'hui, elle se méfiait des belles paroles. Car elles portaient en elles le plus cruel des revers, celui qui avait façonné la Darla qu'elle était devenue.

Un rire ironique passait la frontière jusqu'à là scellée de ses lèvres tandis qu'elle se penchait sensiblement vers Ángel. « Tu crois que je suis un parasite dans le corps de Leta, pas vrai ? » Demandait-elle en le scrutant d'un regard aiguisé. « Je n'existe que parce qu'elle renie ce qu'elle est. Parce qu'elle hait et méprise la mutante qu'elle est. »

Le tabou était levé.
Alors qu'Ángel s'en était joué, Darla osait le verbaliser avec une aisance venimeuse. Par ses mots, elle cherchait à faire sortir de ses retranchements cette haine que dissimulait le Persécuteur derrière ses bonnes intentions. Elle voulait le voir mépriser celle qu'elle était afin de révéler l'impensable. Ainsi, elle pourrait clamer qu'elle avait raison. Raison de le haïr en retour.

Pensive, Darla ne cessait de le scruter tandis qu'elle semblait chercher la bonne réponse à ses interrogations. Non, c'était même plus complexe que cela ; car Darla échafaudait plutôt la suite de son plan. La mutante jouait avec la roulette russe de ses intentions tandis qu'elle penchait le visage sur le côté en s'accoudant au dossier du canapé afin de faire face à Ángel.

Dans son silence, elle décidait de se lancer dans le plus risqué des paris.
Le plus fou et le plus risqué.

« .. D'autres ont jadis chanté qu'ils étaient prêts à tout pour nous. Et à chaque fois, nous avons été trahis. Je ne laisserais pas les choses se reproduire. » L'assassine se révélait finalement sous un jour plus protecteur qu'elle ne pouvait le concéder tandis qu'elle se relevait avec souplesse pour faire quelques pas dans le salon du Persécuteur.

« Nous aimons sans demi-mesure, de manière unique et inconditionnelle, jusqu'à le payer de notre vie. A chaque fois. Et ça nous ronge, toujours un peu plus. » Cette douce folie révélée rendait Darla pensive alors qu'elle trainait son pas avec un calme. Le regard voguant sur le vide, elle semblait plongée dans ses nœuds de pensées, déterminée à les défaire. A les lisser pour de bon.. Le pouvait-elle seulement ? « Alors, tu me demandes vraiment pourquoi est-ce que je m'interroge sur ce qui vous unis ? Alors même que tu es le seul et unique à compter pour Leta ? Mh ? » Balançait-elle en revenant enfin porter son regard sur celui d'Ángel. « Tu ne ressembles en rien à celui qui nous jure habituellement toutes les folies jusqu'à finalement se retourner contre nous. » Perdue dans ses pensées, Darla laissait son visage signer à la négative alors qu'un sourire désabusé s'esquissait sur ses lèvres. « Peut-être parce que .. » Ses pensées se figeaient alors qu'elle fronçait les sourcils en arrêtant ses pas. « C'est impossible. »

Finalement, la réincarnée rejetait cette hypothèse, parce que le destin lui semblait infiniment plus complexe que quelques idées tissées sur le fil d'évènements trop récent.

Et au lieu de continuer sur le fil de ses réflexions, Darla en revenait plutôt à Ángel et l'observait longuement. « Si je ne dois pas te tuer, qu'est-ce que je dois faire alors ? T’octroyer le bénéfice du doute ? Au risque d'y perdre la vie ? Encore une fois ? »
Sincérité du questionnement se faisant entendre dans les inclinaisons graves de Darla, elle laissait une porte ouverte au Persécuteur.

Non pas pour elle.
Mais pour cette Leta qui croyait en lui.
Envers et contre tout bon sens.
Envers et contre toute raison.



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Rhétorique exprimée sur supposition d’une nature parasitaire dans le corps de son amie. Existence néanmoins bien vite justifiée par une non-acceptation de son état ainsi qu’une haine certainement encouragée par le faucheur. Regard aiguisé posé sur lui, il le soutint, noir. Oui. Elle est une mutante. Et cette idée, aussi écœurante et déstabilisante soit-elle, Leta restait son amie avant tout. Et ce sera cette loyauté que bougre mettra en avant, résonnant comme un refrain sénile aux esgourdes du démon. Parce que visiblement, d’autres auraient déjà chanté pareilles louanges et finalement, auraient succombé à la trahison. Les sourcils se froncent, essayant de s’imprégner de cette réalité qu’il eut du mal à cerner. Il avait du mal à comprendre que Leta ait eu d’autres proches l’aillant trahi sans qu’il n’en ait été mis au courant. De qui parlait-elle ? Pauvre bougre qui n’avait pas encore saisi toute l’ampleur de la mutation ni même la temporalité de celle posée en face de lui.

Elle se releva, faisant quelque pas, l’air pensive. Toujours le regard empreint d’une incompréhension de l’hôte. Déclare un degré d’affection tel qu’il n’en existe peu et qu’à chaque fois, elles le paient de leur vie. Palabres qui enfoncent inculte un peu plus dans l’abîme. Alors, à nouveau rhétorique se pose. Nature de leur lien s'avère essentiel afin de comprendre pourquoi il est le seul et unique à compter pour Leta. Les regards s’accrochent pendant que le cœur du brun se saisi. Est-il vraiment le seul à compter pour elle ? Comment… ? Mais alors que les questions fusent sous caboche, partie démoniaque reprend de plus bel en déclarant qu’il ne ressemble en rien à celui qui jure pour mieux tromper. Termine par une supposition avortée, dors-et-déjà jugée impossible. … peut-être parce que quoi ? Traqueur souhaite comprendre…

Alors, lorsqu’elle lui demande ce qu’elle était supposée faire, Ángel l’affubla d’une demande. Directe, après l’avoir regardé réfléchir longuement. … m’expliquer. Passant une paume sur sa blessure pour rappeler la signature d’une affection salvatrice, il précisa : … écoute, j’sais pas qui tu es, ni quelle est l’essence même de ta mutation, mais y a une chose dont tu peux être sûr, c’est que je continuerai à protéger Leta. Contre n’importe qui. Même si ça implique de défier les lois. Et si tant est que toi et moi on ait le même objectif la concernant, il faut que tu m’expliques. Dis-moi qui tu es. Ce que tu es. Dis-moi à quoi je dois m’attendre et ce que je peux faire pour son bien à elle. qu’il lui confie, insistant sur deux derniers mots. Parce que s’il était le seul à compter pour Leta, Démon avait certainement une longueur d’avance. Outil qu’il pourrait devenir dans son évolution.


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Etrange déroulement de la discussion, étrange échange qui se faisait entre Ángel et Darla. Car après le meurtre venait enfin la discussion, dans un désordre qui ressemblait particulièrement bien à la mutante. Comme souvent, elle avait laissé la rage et l'amertume l'emporter sur toute raison. Et si Leta n'avait pas été là en garde-fou, très certainement qu'elle aurait persévéré. Mais confrontées à l'inéluctable, les deux faces de la mutante se retrouvaient sur un pied d'égalité bancal. Basculement de la frontière étanche existante entre les deux, Darla percevait enfin les prémices de ce qui habitait Leta, tandis que la Leta en sommeille effleurait l'amère surface de l'esprit dissident.

Le balancier continuait ainsi à se faire dans l'esprit tourmenté de Darla qui cherchait à comprendre. Malgré ses ressentiments, malgré ses colères noires, malgré la foule de ses rancœurs ; Elle cherchait à comprendre ce que Lui, il avait pu faire pour Elle. Alors qu'il n'appartenait à aucune récurrence, qu'elle ne l'avait jamais vu par le passé.

Et puis, le fil de ses réflexions la ramenait finalement sur champs de bataille destructeur de ses erreurs passées. Ainsi se rappelait-elle de ce choix déterminant qu'elle eut jadis fait, pour assurer sa survie et qui n'avait fait que retarder l'inévitable. Pour autant, ça lui sembla absurde que ce bref retournement de situation ait eu des conséquences aussi étonnantes sur l'avenir de sa réincarnation.

Elle peinait à le croire.
Elle peinait réellement à le concevoir.


Alors, lorsqu'Ángel tenta de lui arracher sa théorie folle, elle lui adressa un regard glacial accompagné d'un claquement de langue réprobateur. Malgré sa bonne volonté affichée, elle demeurait farouche, imprévisible et insupportablement souveraine. En d'autre terme, elle demeurait.. Chiante.

Et ce fut pour cela qu'il n'eut aucune réponse sur l'instant. Au lieu de cela, Darla l'affronta de son regard limpide et le toisa longuement en écoutant sa demande.

Encore et toujours, elle cherchait à contester la véracité de ses intentions. Elle cherchait à comprendre. Mais dans ce combat silencieux, elle le comprit assez vite ; Elle devait donner pour recevoir en échange. Comme dans une équité qu'elle n'avait plus côtoyée depuis longtemps.

Irritée à cette idée, elle ne put que détourner son regard pendant un instant en claquant à nouveau sa langue contre son palais. Elle n'aimait pas le dérouler de cette petite rencontre impromptue.

Parce qu'elle devait se révéler.
Parce qu'elle n'était pas en position pleine et entière de force.
Parce qu'elle aurait aimé mettre un terme à tout ceci.

Mais finalement, tout ceci n'était que la face visible d'un iceberg dont elle commençait tout juste à apercevoir les contours.

Leta, comme toutes les autres, s'était compromise.
C'était une évidence.

« Bien. » Concéda-t-elle enfin à articuler. « Je vais être claire.. Deux personnes en ce monde ont connaissance de ma mutation. La première parce qu'il s'agit de ma fille, et la seconde parce qu'il s'agit de ma petite fille. » Oui, petite fille. Une petite fille plus vieille qu'elle, de surcroit. « Il s'agit pour moi, pour nous, d'un secret d'une importance capitale. La confiance n'est pas une chose que j'accorde facilement.. » Tout comme Leta, ce point commun se révélait avec aisance. « Je vais donc parier sur toi, Ángel. Mais dis-toi que je déteste perdre. » Le sous-entendu était clair, même si elle savait que Leta ne la laisserait jamais faire.

Attendant une seconde pour lui laisser le temps de digérer la première information, elle reprenait ensuite dans un soupir. « Comment t'expliquer simplement la chose..? » Oui, elle ne savait pas par où commencer, parce qu'elle n'était pas une habituée de l'exercice, plus depuis longtemps. « Je me réincarne. Enfin.. Nous nous réincarnons. Leta est la dernière incarnation que nous ayons, mais avant, il y en a eu d'autre, dont.. Moi. Darla. » Ainsi révélait-elle enfin son prénom. « Notre version originale est née en.. Mh. » Elle avait besoin de temps pour retrouver cette date. « 1830. » Une moue passa sur ses traits tandis qu'elle songea furtivement au temps passant avant de finalement perdre toute nuance d'amusement et de légèreté en reposant son regard sur Ángel. « Notre mutation est une malédiction, nous revivons un cycle perpétuel. A exister, à faire confiance, à aimer, puis à perdre, être trahie et mourir.. » Inspirant profondément, elle fermait les yeux un moment tandis que son visage signait à la négative. Et puis, elle reprenait en reportant son regard sur Ángel. « J'ai survécu plus longtemps que les autres.. J'ai réussi à enfin avoir mon enfant, mais pour ça, j'ai dû sacrifier celui qui nous revenait à chaque vie. Je l'ai tué pour survivre, cette fois-ci, et surtout pour ne pas perdre ma fille. » Pensive durant un instant, il était étrange de constater que dans le regard de Darla, il y avait à la fois de la colère - irrémédiablement - et une tristesse voilée. Cette même tristesse, elle la chassait.

« Et depuis, tout a changé. Nous avons perdu la vie, plusieurs fois.. Tant de fois que je ne souviens même pas de leurs noms, de leurs vies.. A ces incarnations. Pourtant, je me souviens de toutes les autres qui m'ont précédé. » C'était un fardeau qui lui incombait, puisque Darla était persuadée d'avoir fauté si fort que le destin les avait toutes punis, une à une. Vie après vie. « Et finalement, il y a eu Leta. Elle a survécu malgré tout.. La mutation s'est réveillée si tardivement, si étrangement que ça m'a semblé improbable. Encore aujourd'hui, beaucoup de choses me semble d'ailleurs improbables.. »

Leta était une équation complexe pour Darla qui ne parvenait pas à la résoudre. Elle avait pourtant essayé, tout comme elle avait pu tenter d'autres choses. Divers et variées. Plus ou moins acceptables.

« J'ai voulu prendre sa place, l'effacer.. Parce qu'elle mène une vie qui n'a aucun sens. » Un brin de colère étincelait dans le regard de Darla tandis qu'elle songeait aux aléas qu'elles avaient essayés. « Comment peut-on haïr avec autant de violence ce qu'on est ? Comment est-ce qu'on peut fermer les yeux aussi fortement sur sa nature ? Elle me rend folle de rage.. » C'était le mot, oui. Folle de rage.

Soupirant longuement, elle passait une main dans ses cheveux en faisant quelques pas pour se canaliser. Parce que oui, c'était elle, l'essence de la rage de Leta. Leta subissait ses échos perpétuels, cette colère réprimée en permanence.

« Alors Ángel ? » Revint-elle finalement vers le Persécuteur. « Maintenant que tu sais, est-ce que tu vas me faire mentir ? »




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C’est après une lourde et longue réflexion que le démon enfin prit parti. Pari qu’elle fait pour l’effet que Persécuteur a sur Leta. Commence récit par préciser qu’il sera porteur d’un secret exclusif et que seules sa fille et petite-fille sont au courant. Malgré poids de l’information difficile à mesurer, l’hôte acquiesce légèrement. Prend conscience de l’importance du savoir qu’il va acquérir ainsi que la dimension temporelle qu’il s’apprête à affronter.

Déballe qu’elles se réincarnent depuis 1830. Mutation vécue comme une malédiction puisque prise dans une boucle sans fin où la mort se conjugue perpétuellement avec la trahison. Elle, Darla aurait brisé cycle en ayant vécu plus longtemps que les autres, en ayant donné vie à son enfant et en sacrifiant celui qu’elles aiment à chaque fois. Brun fronce les sourcils. Appréhende les informations, tente de comprendre et de concevoir. Ce qui est logique pour elle, ne l’est pas forcément pour lui au premier abord. Mais il écoute. Observe aussi. Minutieusement. Attentivement.

Arrive à Leta. Survivante. Mutation déclarée sur le tard. Étrange. Improbable alors, elle eut voulu prendre sa place pour mener vie davantage plus logique à ses yeux à elle. Explique l’incompréhension d’une haine vis-à-vis de nature propre. Rage folle qui en découle. Comprend alors le combat intérieur dont Leta fut tantôt victime. Comprend alors les "cauchemars" dont elle parlait. Bataille interne, inconsciente, rondement menée par subconscient instable et partagé par Darla.

Faisant quelques pas sous les yeux attentifs du traqueur, soupirant longuement d’avoir déballé intimité, inquisitrice demande s’il va la faire mentir en se rapprochant de lui. Ce dernier se redresse quelque peu douloureusement, soutenant le regard et confie : … Pourquoi j’ferais ça ? J’ai zéro intérêt à te faire mentir. dit-il avant de se lever. … J’ai besoin d’un verre là. Qu’il lui dit, glissant jusqu’à la cuisine ouverte sur salon, attrapant une bouteille d’un rhum précieux offert par collègue. Se verse un verre avant d’en boire une grosse gorgée d’un coup. Besoin d’une claque calmante.

Je ne t’apprendrai rien en te disant que l’éducation et la culture formatent énormément les gens. Leta est née dans une famille anti-mutante comme la mienne. On l’a dressée à haïr pour un gène. On l’a entrainée à chasser pour un gène. Gène qui finalement lui aura enlevé tout ce à quoi elle aspirait… qu’il commence en se versant à nouveau un verre. Référence au rêve brisé pour lequel il s'était proposé. … et puisque tu t’es montrée honnête, j’vais te révéler une chose dont personne n’est au courant. Et quand je dis personne, c’est réellement personne. Le regard change. Devient plus noir. … Quand nous étions petits, ma sœur et moi avons perdu nos parents. C’est mon parrain qui s’est occupé de nous élever. À 12 ans, j’ai appris à tirer et à viser juste. J’ai appris à profondément haïr les porteurs du gène. J’ai même nourri un désir extrême de vengeance contre ceux qui avaient massacré notre famille. Zéro tolérance. Tous les mutants tombaient après notre passage. Zéro raté. Zéro exception. Mais un jour, ma sœur s’est révélée en être une… sa mutation s’est déclarée sous mes yeux. Et ce jour-là, j’ai hésité. Une seconde et j’ai tiré. J’ai intentionnellement raté mon coup pour la faire fuir, la sachant condamnée si elle restait. Elle est la seule, la première et la dernière que j’ai épargnée. Boit une nouvelle gorgée pour se donner consistance car les mots sont lourds à sortir. … C’est ce jour-là que je me suis rendu compte que mon éducation m’avait poussé à me retourner contre la dernière et la seule personne qui comptait pour moi à ce moment-là. Alors crois-le ou non, mais c’pas un putain de gène qui m’empêchera de continuer à aimer Leta et à la soutenir… Et ce, même si elle doit me détester ou me craindre.

Voilà. C’était dît. Voilà donc de quoi le Persécuteur pourrait être capable. Renier famille pour sauver propre sœur. Renier fondamentaux pour sauvegarder amie. Espérait sincèrement que tranche de vie dévoilée puisse faire échos au démon, entendant maintenant pied d’égalité.  
Verre vidé par dernière gorgée.
Première fois pour lui aussi, qu'il verbalisait passé ayant forgé carcasse.


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But I got smarter, I got harder in the nick of time. Honey, I rose up from the dead, I do it all the time.. I got a list of names, and yours is in red, underlined. ---       @Ángel Vidal    


Au-delà du voile opaque des égos, la vérité se révélait. Le secret si bien gardé était alors offert en guise d’offrande de paix pour sauver un corps, une incarnation, un devenir dont Darla devinait enfin les contours. Le mur de déni qui se dressait entre les deux esprits s'érodait dans la lenteur tandis que les mots s'arrachaient à leur silence.

Des années. Darla avait mis des années avant de réaliser que finalement, son autre était également une part d'elle. Elle avait mis des années à saisir l'essence de leurs haines divergentes. Et en cette soirée placée sous le joug du sang, c'était bien la première fois qu'elle reconsidérait ses projets de larcin.

D'une vie volée pour prolonger la sienne, Darla avait tout pensé jusqu’à là. Passant d’un projet fou d'annihilation psychologique au détournement sournois, elle y avait réfléchi tant d'heures que finalement, elle était même parvenue à se convaincre de la justesse de cette folle idée.

Pourtant, aujourd'hui, tout s'écroulait.
Ressentant pour la première fois les craintes de Leta au fin fond de son esprit, elle pouvait presque toucher du bout des doigts ses sentiments. Et tout cela, Darla était assez éclairée pour comprendre qu'elle le devait à la présence du Persécuteur. Véto exclusif posé sur sa survie, il avait été le seul à faire ouvrir les yeux à Leta. Et même si ce fut malgré lui, ça comptait tout de même.

Face au résultat de ses révélations, Darla scrutait de son regard acéré chaque mouvement, chaque réaction d'Ángel. Cherchant la faille, elle se retrouva à nouveau confrontée au mur solide des intentions du Persécuteur. Il n'avait donc aucun intérêt à la faire mentir.. Soit. Elle voulait bien lui laisser le bénéfice du doute. Son besoin de boire un verre eu le mérite d'arracher un sourire amusé à la mutante qui lui emboitait le pas. A sa suite, elle vint se servir sans une once de gêne. Mais pouvait-on en douter de la part de Darla ?

La bouteille de rhum prise, elle lisait l'étiquette et concédait ensuite de se servir un verre tranquillement. Et alors qu'Ángel buvait son verre pour faire couler le flot d'informations reçues, Darla prenait plutôt le temps de déguster l’alcool afin d'en appréhender la saveur.
Prête même à donner son avis concernant le fameux verre gouté, elle s'arrêta néanmoins près d'Ángel pour écouter ses propos. Un bras à l'horizontal placé sous sa poitrine soutenant le coude de l'autre main, Darla jouait avec son verre sans interrompre le Persécuteur.

Le passage concernant Leta lui fut à la fois connu et particulièrement abstrait. Car s'était au travers d'écrit biaisés par l'émotion, la colère et l'égarement que Darla eut jadis découvert les desseins de Leta. Ainsi acquiesça-t-elle, reconnaissante, face aux quelques informations livrées.

La suite, pour autant, elle fut surprise de l'entendre. Fronçant d'abord les sourcils, Darla reposa lentement son verre tandis que son esprit fut rapidement pris dans le balancier de sa haine. Ángel avait tué les siens.. Il était tout ce qu'elle exécrait, tout ce qu'elle chassait également, à sa façon. Un éclat dur passa dans ce regard translucide fixant inlassablement son ennemi naturel. Puis finalement, la suite désarmait la rage latente de la réincarnation.

La famille.
La famille avait toujours eu cette importance sacrée pour Darla ; la famille représentait le dernier sanctuaire existant de celle qu'elle fut jadis. Dernier sanctuaire d'une Dana en éternelle perdition face à la haine galopante des vies successives.

Inspirant profondément, Darla sembla alors se détendre peu à peu. Car aussi étrange que cela pu paraitre, elle comprenait enfin le discours d'Ángel. Au-delà de sa propre haine, elle parvenait à lire en filagramme celle existant dans le cœur du Persécuteur. Tout comme elle parvenait enfin à deviner les contours de son ambivalence et la force de ses convictions.

Sa conclusion l'empêcha un instant encore de verbaliser ses pensées. Parce qu'un pincement l'avait pris subitement au cœur, comme un sursaut silencieux de l'autre en sommeille dans le lit de ses craintes. Darla fut profondément déstabilisée de ressentir si clairement cette présence et ses traits ne purent cacher le maëlstrom d'émotions qui la prenait à la gorge, si bien qu'elle reprit son verre pour venir le finir d'une traite.

Un soupir plus tard, elle reportait son regard sur Ángel. « Qu'est devenue ta sœur ? » Demandait-elle, un peu par curiosité, mais aussi parce qu'une part d'elle était intéressée par le devenir de cette rescapée.

« Toutes les cultures s'accordent sur cette haine de l'autre. Cette haine de la différence. Peu importe les époques et les intentions.. » Une forme de fatalisme accompagnait le verbe de la mutante alors qu'elle reprenait, sur le fil de ses réflexions. « Je vais te donner un conseil, Ángel. » C'était une première, pour Darla. « Ne laisse jamais la haine te consumer. Elle ne t'a pas encore complètement gangréné, alors, n'instrumentalise pas la vengeance.. Jamais. Parce que c'est ainsi qu'on finit par haïr si fort qu'on préfère tuer plutôt que de comprendre. » Afin d'illustrer son propos, elle vint effleurer du bout des doigts le pansement si soigneusement mis en place par Leta. « La vengeance permet d'avancer pendant un temps, mais elle te mène irrémédiablement vers un précipice inextricable. »

Sa main retombait lentement tandis qu'elle conservait cette expression fermée, affublée d'une fierté inaliénable. Pourtant, au dedans, ça grondait. Les souvenirs brouillaient la force de ses sentiments les plus noirs.

« Diable que c'est absurde.. Je crois que je commence à comprendre ce qu'elle te trouve. » Jurait-elle avec un accent parfaitement anglais avant d'esquisser un sourire charmant que son regard désabusé faisait mentir. « Tu es différent. » Et ça changeait tout selon Darla. Parce qu'Ángel bousculait, à lui seul, toutes les récurrences et prédictions de la réincarnée.

Etouffant d'un pas la distance qui pouvait les séparer, Darla levait une main pour venir glisser ses doigts le long de la mâchoire masculine. « Je présume que l'on peut se faire confiance pour nos petits secrets. » Darla retrouvait cette attitude de façade toute en charme alors qu'elle semblait s'amuser de la situation. « Et avec un peu de chance, peut-être que tout ça nous permettra de survivre un peu plus longtemps. Je rêve de nous découvrir dans la quarantaine.. Plutôt ironique, n'est-ce pas ? » Est-ce que ça l'amusait réellement ? Quelque part, oui. Parce que son humour noir se nourrissait de son fatalisme. « Quoiqu'il en soit, je ne m'excuserais pas pour mon geste. Jamais. Leta le fera pour moi. » Garce, elle provoquait la réincarnée perdue au-delà de son mur effrité de déni. Parce qu'elle savait combien cette lame plantée dans la chair d'Ángel avait pu l'affecter. Darla, elle, n'en était pas à ce stade de remord. D'ailleurs.. Elle ne l'atteignait jamais, ce stade de remord.



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