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not what you think (darius)

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Il y a un truc qui l’a marqué au début. Le silence. Quand il travaille, il n’y a pas de bruit. Si ce n’est celui qu’il provoque avec un aspirateur. Sinon, calme plat. Le laissant tout seul avec ses pensées. Dans des espaces grands, vides de monde. Angoissant au possible. On ne l’avait pas prévenu quand il a commencé. Pas plus qu’on l’avait préparé. Sûrement parce que les gens trouvent ça méditatif. Pas Felix. Felix ne supporte pas ce blanc. Il a très vite pris l’habitude d’embarquer de la musique avec lui. Toujours dans les oreilles. Alors, forcément, ce jour-là, il a le sourire, Felix, quand il pose son enceinte sur le plan de travail. Là, à admirer son nouveau territoire. Là où il va pouvoir s’adonner à ce qu’il préfère le plus : le chant et la danse. Le tout étant approximatif parce qu’il faut faire le ménage. Pas parce qu’il a un talent modéré. Mais pas grave. Il n’y a pas de public. Il n’est pas là pour faire une performance. Il est seul avec son kiff personnel. Alors, il connecte son enceinte à son téléphone. Pianote sur l’écran jusqu’à lancer une playlist. Les paupières se ferment aux premières notes de guitare. Pas assez fort. Il faut que ce soit plus fort. Encore plus fort. Il faut que la mélodie l’envahisse complètement. Il faut qu’il soit animé par la musique. Sinon, ça n’en vaut pas la peine. Les paupières se rouvrent. Juste le temps d’augmenter le son. Et alors, le sourire se fait encore plus grand. Encore plus heureux.

Faut attendre une vingtaine de minutes avant qu’il écrase une goutte de sueur sur sa tempe. Chose rare : il s’arrête. Plus de mouvement pendant que Muse déclare son amour pour une personne. Felix a plus important que les Feux de l’Amour de la musique. Il sent la chaleur qui commence à grignoter son énergie. La canicule qui fait ses ravages sur son métabolisme. La sensation d’être un vieux qu’il faut surveiller pour ne pas qu’il périsse des fortes températures. Il n’aurait jamais dû faire le ménage en pleine journée. C’est là que la chaleur est plus importante. C’est là qu’il est le plus faible. Mais se pointer la nuit chez son employeur n’est pas la meilleure idée non plus. Au risque d'être pris pour un cambrioleur assez sympa pour faire le ménage. Il hésite un instant. Jusqu'à ce que la décision soit prise de retirer son jean. Le tee-shirt le suit bientôt. Là, enfin, Felix se sent un peu mieux. Il respire mieux. Prêt à rendre l’appartement de Darius aussi propre et brillant que demandé. Il compte bien s’en assurer et être à la hauteur de sa confiance.

Les minutes passent et c’est ce qu’il se passe. Les chansons s’enchaînent. Les coups d’éponge aussi. Pièce après pièce, le loft se voit dépourvu de poussière, de taches, de déchets. Tout devient propre. C’est qu’il s’applique, Felix. Le voilà bientôt dans le salon avec tout son matériel. Joyeux bordel dans cette dernière pièce à nettoyer. Moment de s’octroyer une petite pause. Un petit moment de répit. Surtout que la chanson qui arrive est l’une de ses préférées. Il connaît les paroles sur le bout des doigts. Il n’en faut pas plus à Felix. Il attrape le balais et le transforme en guitare. Grattant ses cordes inexistantes. Tête secouée de haut en bas. Corps avachi sur le manche à balais. You need cooling, baby, I'm not fooling. Il est ailleurs, Felix. Il n’est plus dans un loft en plein cœur de New-York. Il est devant une salle en délire. Chose qu’il n’a encore jamais connue en vrai. You've been learning, baby, I've been yearning. Les paroles s’enchaînent. Et il hurle, Felix, il hurle. Il éructe les paroles comme s’il les avait écrites. Peut-être même qu’il les connaît mieux que n’importe qui.

La chanson se termine. La chanson de cinq minutes se termine. Pas assez longue pour arrêter Felix. Il a la mélodie en tête, les paroles qui le hantent. Il a trop envie de la faire vivre encore quelques secondes. Inconcevable de s’arrêter là, maintenant. Alors, il continue d’hurler dans le salon. À s’en faire mal les cordes vocales. “WHOLE LOTTA LOOOOOO…” Il faite volte-face, guitare-balais torturée. Prêt à affronter son public et à montrer combien la musique le transcende. Mais y a le regard qui accroche un truc. Une vraie personne. Un vrai public. La tête se redresse, instinctivement. “... ooooooove.” Ah. Euh. Darius. Étrangement, les paroles disparaissent complètement de son cerveau. En fait, plus rien ne fonctionne. Il ne trouve rien d’intelligent à dire. Pas même une excuse.

Il finit par cracher le seul truc qui lui vient à l’esprit. Parce qu’il est poli, quand même. “Bonjour ?” Est-ce que c’est ce qu’on dit à son patron quand on est surpris en train de se déhancher au milieu de son salon ? À moins que ce soit pardon ? Ou les deux ? Se rappelant qu’il tient le manche à balais en travers de son corps, il le repose à terre. Pile au moment où une nouvelle chanson se met à hurler. À déchirer les tympans des deux protagonistes. Son visage s’illumine en reconnaissant la chanson. “Oooh ! C’est The Animals, vous connaissez ?” Obligé de crier pour se faire entendre. Mais ce n’est pas le moment, Felix, pas du tout le moment. Il ferait mieux de se taire et d’arrêter la musique. Et de s’excuser. Surtout de s’excuser. Au lieu de ça, il se traite mentalement de con. Parce qu’il l’est, à cet instant précis. À être complètement gêné de la situation et à ne rien savoir faire d’autres que dire des bêtises.

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Depuis qu’il a invité Amalia dans son loft de Manhattan, Darius a commencé à s’y rendre plus souvent afin d’aménager un peu mieux le plancher. S’il ne peut amener la mutante chez lui à l’Institut, il peut au moins amener une partie de son chez lui par ici. Ainsi le voit-on fournir un peu plus d’efforts pour remplir les étagères de livres, le garde-manger, et bien sûr la réserve d’alcools de haute qualité. Il a acheté un nouveau set de literie pour remplacer celui qui avait été laissé à l’achat des lieux, a équipé la salle de bain, et a même ramené quelques vêtements.

Il prépare le terrain pour que cet endroit puisse devenir leur endroit, à lui et Amalia. Un petit coin de tranquillité à l’abri des regards et surtout, des appareils de surveillance de Trask Industries. Il ne sait pas si la blonde prendra réellement avantage de cette offre, mais il tient à ce que l’endroit dégage un peu plus de chaleur, de personnalité. Au cas où.

Additionnellement, il a fait appel à un nouvel homme de ménage pour s’occuper des lieux. La précédente employée ne s’occupait que de trier le courrier et épousseter en surface, et a pris sa retraite quelques semaines plus tôt. Darius en a profité pour demander au remplaçant – un certain Felix Matei – de faire un nettoyage en profondeur étant donné que la poussière s’accumule dans les recoins même lorsque l’appartement est à peine habité.

L’entente s’est faite rapidement : Felix avait de l’expérience dans le domaine et Darius n’a pas voulu perdre son temps à chercher le candidat parfait quand en réalité, presque n’importe qui pourrait faire ce travail. Pour inciter à bien faire les choses, le billionaire a promis de verser une prime considérable dans le compte bancaire de Monsieur Matei – si et seulement si le résultat final est satisfaisant. L’appât du gain est un moyen de persuasion efficace, surtout envers les travailleurs non qualifiés. Ce qui semble être une somme phénoménale à leurs yeux n’est qu’une cacahuète  à travers les lentilles des riches.

C'est pour cette raison que Darius n'était pas très inquiet même s’il ne connaissait pas Felix ; il a l’habitude de se servir de cette technique pour garder l’esprit tranquille quant aux choses qui ont relativement moins d’importance. En plus, il a dit au jeune homme qu’il pouvait passer au moment de son choix, tant que le ménage était fait d’ici la fin de la semaine. Comment ne pas apprécier ce genre de deal ?

Le Sinclair n’avait pas prévu passer au loft cet après-midi, mais un arrêt est devenu nécessaire lorsqu’un message est apparu dans le groupe Facebook de la copropriété. Ce groupe est l’une des seules raisons pour lesquelles le vieux mutant se connecte sur cette application et il le visite rarement, mais cette fois, un post a capté son attention.

Cher propriétaire du 402, ce n’est pas parce que vous êtes fan de Muse et de Bon Jovi que vos voisins le sont aussi. Si vous tenez à vous abîmer les tympans, je vous conseille d’investir dans des écouteurs, je suis sûr que vous en avez les moyens ;) Cordialement, le 401.

En lisant cela, Darius a froncé les sourcils : le 402 est son unité et ce n'est certainement pas lui qui fera jouer de la musique à fond dans son appartement. Il a alors tenté d’appeler son nouvel employé. Pas de réponse. “Felix, êtes-vous chez moi présentement ?” qu’il lui a texté ensuite. Toujours pas de réponse après quelques minutes. Autant aller voir en personne qu'il s'est dit, il était déjà dans les environs.

C'est ainsi que l’homme se retrouve devant la porte du 402 à se demander si son loft s'est soudainement transformé en salle de concert. C'est vrai que la musique est particulièrement forte. Il ose espérer que Felix l’a seulement mise pour augmenter son plaisir en travaillant – le volume étant dû au bruit de l’aspirateur à couvrir.

Mais il n'y a ni aspirateur ni Felix assidu à la tâche qui se présente devant Darius lorsqu’il ouvre enfin la porte. C'est plutôt un Felix torse nu et en boxers colorés qui se dandine dans le salon, un balais en guise de guitare et son reflet sur le téléviseur en guise de public. Il ne remarque pas la visite surprise tandis qu’il continue de hurler des paroles avec sa voix abîmée.

Darius observe le spectacle pendant ce qui lui semble être une très longue minute. Son regard se déplace entre Felix, les vêtements laissés sur le canapé, le matériel d’entretien éparpillé ici et là, la table basse déplacée pour faire de l’espace… Il semble que l’homme de ménage a réussi à faire tout l’opposé de son contrat. Darius s’en retrouve perplexe – jamais il ne s’est autant trompé en embauchant un inconnu.

La chanson se termine et la wannabe rock star croise le regard du propriétaire en lui octroyant une salutation bien moins assurée que la démonstration de son “talent”.  Darius le dévisage sans prendre la peine de lui dire bonjour en retour. “Je vous ai embauché pour nettoyer les lieux, pas pour en f—” qu’il articule avant d’être coupé par la prochaine chanson. Poussant un soupir exaspéré, il repère l’enceinte responsable de tout ce chaos et file promptement l’éteindre. “Je connais surtout un singe qui a intérêt à se rhabiller s’il veut éviter de se faire expulser,” répond-il sans l’ombre d’un sourire.

Il croise les bras devant lui en attendant que le concierge retrouve ses vêtements. Darius ne le quitte pas du regard malgré le malaise apparent du jeune homme : qu’il assume les conséquences de ses pitreries.  “Je disais donc : Je vous ai embauché pour nettoyer les lieux, pas pour en faire votre espace de jeu.” D’un geste de la main, il désigne le bordel qui les entoure. “J’espère que vous avez une bonne justification...” En employeur raisonnable, Darius lui accorde la chance de s’expliquer. Mais qu'y a-t-il à dire, vraiment ?

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Un grand classique, cette chanson. Connue par cœur par la moitié de la population. Au moins. Rien ne vaut la première version. La toute première. Pas les autres remasterisées qui dénaturent l'œuvre. Celles-là, bouuuh, on n'en veut pas. Elles vont directement à la poubelle. Non, la vraie version, l'originale, est un chef d'oeuvre. Le rythme. La voix grave. La batterie. Tout. Chaque note est martelée pour se frayer dans le corps de Felix. C’est un appel auquel il ne peut résister. C’est plus fort que lui. Alors, ça part en représentation. Il s’approprie le salon. Pousse les meubles. Laisse ses affaires en vrac. Tout ce qui compte, c’est de vivre l’instant présent. C’est de se laisser envahir par la chanson. C’est de ressentir chaque émotion derrière les paroles. Quand bien même la musique se termine. La fête n’est pas terminée. Bien au contraire. Felix n’a pas besoin de l’accompagnement du groupe. Il se suffit à lui-même. Mais tout s’arrête quand il se retourne et qu'il réalise que la prime vient de s’envoler juste sous ses yeux.

Whole lotta love rien du tout. En tout cas, pas dans le regard de Darius. Pas content. Pas content du tout, le monsieur. Felix a l’impression d’être un gamin surpris en train de faire une bêtise. Et en même temps, si on peut prendre un tout petit peu de recul, c’est le cas. Il a fait une bêtise. Une grosse bêtise. Maintenant qu’il est pris sur le fait, il n’agit pas pour se rattraper. Bien au contraire. Il laisse la chanson se lancer. Pire, il s’extasie devant le groupe qui chante. Darius ? Pas du tout réceptif. Ou alors, il envoie des signaux contraires en se ruant sur l’enceinte. Un homme mystérieux. Un homme compliqué, ce Darius. Felix l’a immédiatement deviné la première fois qu’il l’a vu. Y a un sourire amusé qui pointe le  bout de son nez à la réplique de l'homme. Singe. The Animals. Singe. The Animals. Trop fort, Darius ! Le sourire disparaît rapidement. “Me rhab… oh !” Ah oui. C’est vrai qu’il est quasiment nu. Il a quand même gardé ses chaussettes ! Le bonhomme a un minimum de décence. Ça ne suffit pas. Pas selon l'avis de Darius. Il a l’air énervé. Pas de sourire. Même pas une once d’amusement. La consternation née.

Il est sûrement en train de se demander pourquoi. Pourquoi il a voulu employer un parfait inconnu pour faire le ménage. Pourquoi ce même inconnu est en train de donner un concert dans son appartement. Et enfin, pourquoi cette tenue ? Parce que chaque artiste a besoin de sa tenue de scène, voyons ! Pas la version officielle que Felix compte donner à Darius, rassurez-vous. Vaut mieux dire la vérité. Quelque chose lui dit que son employeur va le virer sur le champ, sinon. “Parce qu’il fait chaud, monsieur. Et je supporte très mal la chaleur. C’était soit ça, soit vous me retrouviez évanoui et vous auriez été obligé de veiller sur moi tel une princesse de Disney.” Ou est-ce qu’il va avec cette histoire ? Nul ne sait. Encore moins lui. Cela dit, petit victoire : il ne dit pas que Darius aurait été obligé de l’embrasser pour le réveiller.

Il serait plus rapide de lui parler de sa mutation. Mais on n’en parle pas à n’importe qui. Soit on finit au piloris, soit sur une affiche de freaks show. Felix a assez donné. Il trouve une autre excuse, pas si éloignée de la réalité. “C’est que j’ai une constitution et des gènes qui me rendent particulièrement sensible à la chaleur. Je ne voulais pas vous manquer de respect ou quoi que ce soit. Soyez-en sûr.” Toujours pas rhabillé, Felix. Il s’en rend compte. Aussitôt, il se jette sur son jean. Tente de l’enfiler avec autant de classe que possible. Mais pourquoi ? Darius n’est pas une femme qu’il cherche à séduire. Il ne l’impressionnera pas avec sa prestance à s’habiller. Abandon de la mission “homme de ménage élégant”. Retour aux justifications et aux explications. “Mais j’ai fait le ménage, hein. Vous pouvez aller voir dans les autres pièces. J’avais justement terminé. C’est pour ça que je me permettais une petite… pause.” Ouais, appelons cela une pause. Une récréation. Un moment de détente. À l’abri des regards indiscrets. À l’exception du propriétaire des lieux.

Jean enfilé. Tee-shirt attrapé. Vite. Vite. Vite. Il remet en place la table basse. Comme si de rien était. “Je suis tout à fait prêt à prendre en compte toutes vos remarques et à refaire le ménage, si nécessaire.” Table basse replacée. Il se redresse. Dos bien droit. Regard sérieux. Face à son employeur. Au garde-à-vous, Felix. Il est certain d’avoir bien travaillé. Mais ses expériences passées lui ont appris que bien travailler ne suffit pas.
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Darius aime beaucoup la musique. Ou du moins, il l’aimait beaucoup dans sa jeunesse avant que son vécu dans un laboratoire de recherche sur les mutants ne vienne ruiner sa première passion. Il était censé devenir musicien, gagner sa vie en faisant des tournées au sein d’un grand orchestre. C’était ce à quoi il aspirait lorsqu’il préparait ses applications pour les grandes écoles de musique, juste avant que son gène X ne vienne réduire ses rêves en poussière. Ce fut la première dure leçon qu’il ait apprise : ce n’est pas parce qu’il voulait être violoniste que les circonstances le permettaient. Aujourd’hui, certaines symphonies le rendent encore mal à l’aise dû au conditionnement infligé par les scientifiques, ce qui l’empêche de retrouver l’entrain de sa jeunesse. Parfois, on est forcé de renoncer à nos aspirations.

Quand Darius aperçoit Felix en train de se déhancher comme un possédé sous l’effet de la chanson, ce n’est guère de l’empathie entre compères musiciens qu’il ressent face au gars du nettoyage qui préférerait de toute évidence être un chanteur. Non— tout ce que l’homme d’affaires voit devant lui est un enfant de trente-neuf ans qui n’a jamais appris sa leçon. Et dans ce cas-ci il ne s’agit pas de renoncer à sa passion pour le reste de ses jours ; seulement le temps d’un après-midi chez son employeur. Surtout lorsque l’employeur en question sent le professionnalisme à des kilomètres de distance.

Le Sinclair n’en revient pas : comment ce jeune homme peut-il croire que son comportement est acceptable ? Jamais Darius ne se permettrait un tel manque de sérieux en pleine journée de travail. La situation empire lorsque Felix remarque sa présence, mais choisit de faire comme si tout était normal. En ce moment, ce n’est pas comme si le vampire en avait quelque chose à faire du groupe rock qui défonce le haut-parleur portatif. S’il aurait pu apprécier la chanson en l’écoutant à tête reposée, là, on peut oublier.

Il se dépêche donc pour éteindre l’enceinte et exiger des explications. Les bras croisés, le regard sévère, il écoute Felix lui justifier l’absence de vêtements par une sensibilité particulière à la chaleur. Uh huh. Ce sont ses gènes, insiste le gars toujours à moitié nu devant un Darius impeccablement vêtu et incroyablement peu convaincu.

Ce dernier prend la parole après avoir laissé planer un moment de silence. L’exaspération ne manque pas de moduler sa voix. “Monsieur Matei. Pensiez-vous sincèrement qu’un loft comme celui-ci, situé dans l’un des quartiers les plus huppés de la ville, ne serait pas équipé d’air climatisé ?” Darius plisse les yeux en toisant Felix, comme pour mieux déterminer à quel point le concierge est… con. Il n’a pas vraiment d’autre mot lui venant en tête à cet instant.

Puis, pendant que le clown échoue à remettre son pantalon, le propriétaire des lieux fait un bref aller-retour vers l’étagère qui se trouve à côté du téléviseur. Il y ramène une petite télécommande qu’il dépose sur la table basse et sur lesquelles les lettres A/C sont mises en évidence. “Peut-être l’auriez-vous remarquée si vous étiez en train de faire votre job plutôt que de vous donner en spectacle à une foule imaginaire," suggère-t-il. Un Darius mécontent est un Darius condescendant. Et suite à cette visite surprise, il est très mécontent.

Pourtant, l’homme de ménage insiste avoir fait son boulot. Tente de faire preuve de sérieux après avoir enfin réussi à conquérir ses vêtements. Joue la carte de l’humilité en promettant de recommencer le travail s’il n’est pas assez bien fait.

Mais Felix ne se rend pas compte du non-sens de ses propos. Darius ne devrait pas avoir besoin de jouer à l’inspecteur. Felix n’aurait pas à refaire le ménage si celui-ci était déjà fait. Darius voit la propreté en termes de binarité : les choses sont propres ou elles ne le sont pas. Point à la ligne.

Toutefois, il se rappelle – sans trop de mal – qu’il a affaire à un homme pour qui le sens du jugement semble l’avoir déserté. L’inspection sera probablement nécessaire, mais elle devra attendre. Pour le moment, autre chose dérange davantage le Sinclair.

Votre pause” Il mime des guillemets avec ses doigts.  “...a fait l’objet de plaintes et m’a forcé à interrompre mes activités pour venir voir ce qu’il se passait. Vous n’avez pas mentionné être sourd lorsque je vous ai interrogé. Avez-vous aussi oublié votre téléphone ?

Cette situation l’a stressé, il faut dire. Maintenant qu’Amalia a les clés de l’appartement, il ne veut surtout pas attirer l’attention des voisins – et encore moins risquer une plainte à la police. Tout ça à cause d’un parfait étranger qui semble avoir tout fait de travers.

Darius s’approche tranquillement de l’employé, jusqu’à ce que leurs visages se retrouvent à quelques centimètres de distance.

Je vais vous accorder une seconde chance – mais au moindre décibel dépassant les murs de cet appartement, au moindre appel manqué, ou tout autre faux pas de votre part, vous pourrez dire adieu à votre salaire et à votre réputation. Suis-je bien clair, monsieur Matei ?

C'est le premier et dernier avertissement du propriétaire avant que le jeune homme ne soit mis à la porte.

Et que je ne vous voie plus vous promener chez moi en sous-vêtements,” précise-t-il. Au cas où il surestimerait encore l’intelligence du concierge.

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Fermez les yeux. Imaginez une piste de karting. Un kart est là. Il roule à pleine vitesse. Il enchaîne les virages sans accroc. Jusqu’au virage de trop. Vous le voyez le kart qui dérape, finit dans le décor et percute les barrières de sécurité ? Parce que Felix, lui, il le voit clairement. Pire, il est dans le kart et il ne peut rien faire pour rattraper la trajectoire. Et la barrière de sécurité, c’est Darius. Deux mondes qui se percutent de plein fouet. Il est dans l’intérêt de Felix de sortir de son kart et de s’enfuir. En courant, si possible. Sans quoi la barrière de sécurité Darius va lui courir après et créer un piège autour de lui grâce à ses copines les autres barrières. Il sera foutu, Felix. Il a déjà imaginé sa mort. Jamais elle n’a ressemblé à celle-ci. Alors, ce serait bien d’éviter de décéder chez son employeur. Tu peux faire ça, Felix ? Ouais, il peut faire ça.

Première étape de sa survie : se rhabiller. Puis bon, s’il doit être assassiné, autant être habillé. Ce sera toujours moins gênant pour les agents de police qui viendront sur les lieux. Prévenant, Felix, toujours. Pendant qu’il se rhabille, il y a autre chose qui se passe. Une grosse révélation. Il y a la climatisation. Bien sûr qu’il y a la climatisation. Qu’il est con ! Et en même temps, comment était-il censé le savoir ? Le gars vit dans une passoire thermique. Il fait aussi chaud dans son appartement qu’à l’extérieur, fenêtres fermées. Alors quoi ? Il aurait dû avoir le réflexe de chercher un thermostat ou une télécommande ? Hé oh hein, oh. Tout le monde n’est pas né avec une climatisation dans son salon ! Et comme pour bien enfoncer le clou, Darius dégaine la télécommande.

Maintenant qu'il la voit, il est vrai qu'elle ne lui est pas inconnue. Il l’a même soulevée pour faire la poussière. Il ne l’a juste pas détaillée. Et quand bien même, c’était trop tard. Il était déjà dévêtu à ce moment. Le mal était fait. Felix hausse les épaules. S’il ne fait pas attention aux objets qu’il déplace, c’est bien pour une raison : ce ne sont pas ses affaires. On n’attend pas de lui qu’il les admire. On attend de lui qu’il les replace au pouce près. “En toute honnêteté, même si je l’avais vue, je ne me serais jamais permis de l’utiliser. J'ai pour principe de ne pas utiliser les appareils de mes employeurs sans leur accord. C’est un coup à me faire virer pour avoir déréglé ou cassé un truc.” Puis franchement, ne jamais fouiller dans les affaires des gens, c'est LA règle à suivre. Sinon, les clients sont trop heureux de l’accuser d’avoir volé l’alliance de l’arrière-grand-mère raciste (alors qu’ils l’ont eux-mêmes perdue). Jamais Felix ne leur fera cette joie.

Le voilà habillé, miracle ! Depuis sa naissance, il n’a jamais eu l’impression d’autant galérer à mettre un tee-shirt. Probablement parce qu’il est en train de se vêtir devant les yeux énervés et impatients de son patron. Il est vrai que ça n’aide pas. Pire, Darius continue sur sa lancée. Démantèle tous ses arguments et détaille toutes ses erreurs. Pour la suite, Felix n’a pas d’excuses ni même assez de mauvaise foi pour tenter de contrecarrer. Il ne se rendait pas compte, tout bêtement. Il ne peut que grimacer, Felix. Noter, aussi, de ne plus reproduire cette terrible erreur. Il pensait être le seul dans l'immeuble, en pleine journée, faut dire. Il s’est trompé.

Puis il y a un rapport menaçant, condescendant qui s'installe. L’homme se rapproche petit à petit. Felix va finir dans le réfrigérateur qu’il a nettoyé il y a une heure. Sûr et certain. Au moins, ce sera dans un frigo propre. Il dévisage Darius. Prend bien note de sa mâchoire carrée qu’il n’a jamais vue d’aussi près. Il peut même admirer son implantation capillaire. Tiens, ne serait-ce pas un début de calvitie ? Nope, nope, nope. Se concentrer sur le message de Darius : Felix a le droit à une seconde chance. “Merci. Je vais tâcher d’être à la hauteur de votre confiance.” Darius aurait pu ne jamais confier cette mission à Felix. Ç'a été un concours de circonstances. Malheureusement, jusqu'à maintenant, Felix ne lui donne aucune raison de le garder.

Et je vous garantis qu’il y a vraiment une raison génétique à mon accoutrement. C’est pas une lubie que j’ai.” Il insiste bien sur le ‘vraiment’. Ça veut tout et rien dire, cette raison génétique. Dans le cas de Felix, c’est sa mutation qu’il ne peut pas balancer aussi facilement à un patron. Sinon, il se retrouvera de nouveau à la case départ : le chômage. Même pas pour avoir dansé dans le salon de son employeur. Ni même pour avoir dérangé les voisins. Non, juste parce qu’il aura osé naître avec un gène différent. Aussi con que si on le virait à cause de ses yeux bleus.

D’ailleurs, en parlant de mutation. Il recule d’un pas. Conscient de la soudaine proximité avec son employeur. Quand même super proche, tout ça. Pour le coup, ça, ça l’inquiète beaucoup plus que de perdre son emploi. “Est-ce que vous pouvez éviter de vous approcher autant, s’il vous plaît ?” C’est qu’il a la mutation fébrile et incontrôlable à cause de la chaleur. Encore plus en étant sous pression. À tout moment, il éternue du sable à la tronche de Darius. Autant dire que la patience du patron va disparaître. Si Felix ne fait pas pire. “Je suis sincèrement navré pour les désagréments causés auprès de vos voisins. Et de vous, bien sûr. Je laisserai un mot dans le hall pour m’excuser.” Il se doit d’assumer les conséquences de ses actes. “Évidemment, je ne m'attends pas à être payé pour aujourd’hui. J’ai déjà causé assez de désagréments comme ça.” Pour le coup, il en est sincèrement navré. À se croire seul au monde, dans son univers d’artiste, il ne pense pas au reste. Il serait temps qu’il sorte de sa bulle et se confronte à la réalité.

Puisqu’ils ont mis les choses au clair, est-ce que ce ne serait pas l’heure de partir, tel une rock star low cost ? Si, totalement. M’étonnerait qu’après cette conversation, l’employeur l’invite à boire un verre et qu’ils discutent du beau temps. “Bon. Je range le matériel et je vous laisse.” Aussitôt dit, aussitôt fait. Il n’attend pas la validation que déjà il rassemble les produits d'entretien et récupère le balai. Pressé de s'en aller et de laisser à Darius son loft. C'est qu'il doit être pressé de ne plus l'avoir sous les yeux. En fait, il doit surtout être pressé d'oublier le cauchemar des jambes poilues de son homme de ménage.
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Felix n’a pas tort, utiliser les appareils de son employeur n’est pas généralement recommandé. Mais entre prendre le risque de voir sa climatisation être déréglée ou retrouver l’homme de ménage presque nu dans son appartement, Darius préfère encore la première option. Cela lui semble évident… Au pire, un simple texto pour demander la permission aurait clarifié les choses.

Au moins, Felix a la décence d’apprécier la seconde chance qui lui est accordée. Et malgré son air intimidant, Darius sait pardonner à condition de savoir reconnaître ses torts — lorsqu’il permet à l’autre de se rattraper, ce n’est pas pour faire semblant. De toute façon, il n’a pas particulièrement envie de se remettre à la recherche d’un remplaçant. Mais il hausse un sourcil face à l’insistance de l’homme de ménage vis-à-vis de ses gènes. “Alors je vous conseille de prévenir à l’avance, la prochaine fois. Et d’apprendre à utiliser ceci,” dit-il en s’emparant de la télécommande. Sous les yeux de Felix, Darius appuie sur le bouton rouge qui servait à allumer l’air climatisé. Puis, il lui montre comment ajuster la température à l’aide des flèches.

Maintenant que le message est passé, il s’adoucit un peu en même temps qu’il retrouve son calme. Remet de la distance entre eux et acquiesce à l’idée de s’excuser auprès des voisins. Felix a l’air navré ; tant qu’il est sincère et que l’incident ne se reproduit pas, Darius ne lui en tiendra pas rigueur dans le futur. Il est sévère, mais pas irrationnel.

Quand Felix annonce qu’il compte ranger ses affaires, Darius secoue la tête négativement. “Vous avez dit avoir fait le ménage dans les autres pièces.” Il se détourne de l’employé pour inspecter la cuisine, puis monte à l’étage pour voir l’état de la chambre. Redescend ensuite et jette un rapide coup d'œil à la salle de bain avant de revenir dans la zone principale. Felix ne semble pas avoir menti. “Je préfère que vous terminiez votre travail. Vous serez payé tel que convenu.” Sans la prime additionnelle, bien entendu. Mais le salaire de base sera versé — le Sinclair n’est pas un voleur.

Il ne compte pas s’attarder plus longtemps. Il en profite pour ramasser le courrier puis se dirige vers la sortie. “Ne me faites pas regretter ma décision une seconde fois, monsieur Matei,” lance-t-il avant de franchir la porte.

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Tout est bien qui finit bien ? Ça va dans le bon sens, en tout cas. Au passage, Felix obtient une formation pour contrôler la climatisation. Un luxe dont il s’interdit de goûter. Manquerait plus qu’après son corps soit habitué à une température basse et que Felix en subisse l’après-coup dans son studio. Cela dit, il peut toujours envisager d’aménager son réfrigérateur en mini-studio de studio. S’il plie les jambes, il est persuadé de pouvoir entrer entièrement. Le tout dans un confort optimal : la tête posée sur une salade, le dos massé par des poivrons et les jambes calées entre des bouteilles. Le paradis ! Puis, faut y voir le côté positif : il n’aura qu’à tendre le bras pour attraper un truc à manger. Autre point positif : le chat démoniaque de Dana profitera de l’appartement et le laissera tranquille. Il est vraiment à deux doigts de reconsidérer son mode de vie.

Un sujet qu’il compte bien approfondir une fois parti de chez Darius. Faudrait pas rester trop longtemps dans les parages. Le patron semble apaisé. Il s’agirait que cela n’empire pas d’une quelconque manière. C’est que Felix peut rivaliser d’imagination pour s’attirer des ennuis. Sans même s’en rendre compte. L’employeur a d'autres projets : il ne le libère pas encore. Il est en train de faire le tour de l’ensemble du logement. Alors que tout se passait bien jusque-là. L’employé, lui, hésite. Le suivre ou le laisser faire le tour ? Il opte pour un entre-deux. Le suivre de loin afin d’être à portée d’oreille de Darius, en cas de besoin. Sans être une présence oppressante derrière lui, à attendre son verdict. Ils vont et viennent. Pièce après pièce. Tous les deux à la recherche de ce qui aurait pu échapper à Felix. Lui pour nettoyer et corriger le tir avant que Darius ne voit l’erreur. Darius pour savoir si sa confiance est bien placée.

La visite se termine enfin. Pas une remarque. Pas une critique. Un silence presque pesant accompagnant le tour. Retour dans le salon. Là où tout le travail reste encore à être réalisé. Le verdict tombe : Felix peut reprendre là où il s’est arrêté. Nettoyage à la hauteur des attentes de Darius. “Je vous remercie.” Il lui faut beaucoup de contrôle pour réussir à dire ces quelques mots, sans un sourire vainqueur. Rester professionnel, c’est ce qu’il essaye d’appliquer. Comme quoi, hein, il peut bien travailler tout en étant en boxer, héhé ! “Je devrais avoir terminé d’ici une heure, si vous souhaitez revenir après.” Sait-on jamais qu'il veuille profiter de son incroyable loft. À la place de Darius, c’est ce que Felix ferait. Il profiterait à fond de cet endroit. Notamment parce que l’appartement a dû coûter cher et qu’il y aurait mis toutes ses économies et des années de prêt. Aussi parce qu’il a tout le confort que Felix ne connaît pas dans le Bronx.

L’heureux propriétaire, lui, prend la direction de la sortie. Une dernière mise en garde lâchée. Afin de s’assurer que cette scène ne se reproduira plus. Ça hoche la tête du côté de Felix. Pas question de reproduire les mêmes erreurs. Peut-être le cerveau est en surchauffe. Mais son cerveau n’est pas en incapacité totale de raisonner. Surtout quand on lui parle d’argent. C’est qu’il a besoin de ces quelques dollars pour augmenter son budget. Alors, dorénavant, il s'appliquera à respecter une routine de nettoyage silencieuse, respectueuse et discrète. En silence. En vêtements. Tout pour que Darius n'ait aucune raison de le virer. En tout cas, Felix essayera. Promis.

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