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I'm not your dad, but... [PV Rowan]

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I'm not your dad, but...

Abraham était de mauvaise humeur. Ce qui ne changeait pas de la plupart du temps, certes, mais il avait toutefois une raison spécifique de l'être à ce moment précis. Il avait partagé un repas avec sa mère, en visite aux Etats-Unis, lui payant un restaurant au sein duquel il ne se permettrait jamais de mettre les pieds habituellement.

Il avait fait tout ce qui était son pouvoir pour permettre à sa mère de passer une bonne soirée, mais la tension qui régnait entre eux deux avait refusé de rester dissimulée et avait ressurgi le bout de son nez bien trop vite, bien trop fort.

Sa mère, sous prétexte de s'enquérir de sa vie de tous les jours, lui avait glissé une recommandation peu subtile pour un ami thérapeute, qui serait ravi de faire sa rencontre. Vraiment, cela ne lui ferait pas mal de voir quelqu'un avec qui il pourrait discuter un peu.

Tout appétit qu'il avait pu avoir s'était évaporé, alors qu'Abraham se retrouvait à nouveau confronté à ses démons qu'il persistait à fuir constamment. Il n'avait pas besoin d'aide. Certainement pas sous la forme d'un thérapeute, qui se ferait un malin plaisir à psychanalyser le moindre de ses comportements et à décider pour lui qu'il n'était pas en mesure de mener sa propre vie sans une aide chimique ou un internement.

Le repas s'était achevé prématurément, et Abraham savait pertinemment qu'il ne reverrait pas sa mère avant son départ pour la France. Il ferait le nécessaire pour l'éviter, en tout cas. Et c'était ainsi qu'il se retrouvait à errer dans un quartier bien plus aisé que ceux auxquels il était habitué, marchant sans but pour chasser les pensées qui l'assaillaient.

Parler de sa santé mentale ramenait sans cesse les souvenirs et le poids qu'ils représentaient sur sa conscience. Il ne pouvait pas s'imaginer rentrer et être hanté par les cauchemars pour le reste de la nuit, voire davantage. Abraham avait besoin de se distraire. De n'importe quelle manière.

Le destin semblait avoir entendu sa prière, car l'inattendu se présenta sous la forme d'une jeune femme, un peu trop alcoolisée pour son propre bien. Abraham soupira, secouant la tête avec désapprobation. La plupart des gens ne semblaient avoir aucun instinct de survie, aucune conscience de l'état de vulnérabilité dans lequel l'alcool pouvait les plonger.

Abraham ne pouvait pas simplement passer son chemin. Il représentait l'autorité et, en tant que tel, il devait s'assurer que cette inconnue était hors de danger. Le quartier avait beau être aisé, Abraham savait que cela ne voulait rien dire.

Les dangers étaient tout aussi présents ici que dans son quartier du Bronx, même s'ils ne prenaient pas forcément la même forme, et laisser une fille seule et alcoolisée sans la moindre assistance dans la rue n'était tout simplement pas envisageable. Il s'approcha donc de la jeune femme d'un pas lent, signalant immédiatement sa présence pour éviter qu'elle ne se méfie de lui et ne le croit nourri de mauvaises intentions à son égard :

"Hey, vous ! Vous avez besoin que je vous appelle un taxi ?"

C'était probablement la proposition la plus raisonnable à faire, non ? Appeler un véhicule pour qu'il l'emmène directement chez elle, à l'abri du danger. Mais parce qu'Abraham était Abraham, et qu'au vu de son âge apparent, l'inconnue pourrait presque être sa fille, le persécuteur ne put s'empêcher d'ajouter :

"Quelle idée de se mettre dans des états pareils. Vous croyez vivre dans un monde de bisounours, où une gamine comme vous peut se balader bourrée sans crainte ? Si je voulais vous faire du mal, et je n'en ai pas la moindre intention, je n'aurais aucune difficulté à vous maîtriser."

Abraham soupira, s'arrêtant à proximité de la jeune femme, lui laissant tout de même un espace pour lui montrer qu'il n'avait rien d'une potentielle menace, malgré ses propos :

"Si vous voulez être irresponsable, faites-le au moins chez vous, ou en compagnie de quelqu'un de confiance. Franchement..."

Abraham ne put s'empêcher de songer à sa fille, son regard se voilant brièvement à cette pensée. Aurait-il dû avoir ce genre de discours pour elle ? Faire face à ce type de comportements stupides et irresponsables ? L'aurait-elle seulement écouté ?


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Rowan ne sait pas exactement à combien de verres de bière elle est rendue. Cela se boit vite en soirée, lorsqu'il fait chaud en dansant et qu'on a besoin de se rafraichir. Elle a été invitée à une fête d'un ami d'un ami, elle ne sait plus trop, ne connaissant pas vraiment ses dits amis. Elle a juste une bonne réputation de fêtarde qu'elle entretient sans trop de problème, surtout quand l'alcool est gratuite. Elle aime bien les riches, c'est pratique. Lorsqu'un autre invité se met à être un peu trop insistant, elle décide de quitter, ne voulant pas créer de scène. Elle voudrait bien être réinvitée. Elle disparaît donc assez facilement, sortant par le mur des toilettes pour femmes une fois celle-ci vide. Bon, elle s'est presque perdue dans le mur, sauf qu'elle est tout de même parvenue à se retrouver de l'autre côté. Elle se met à marcher dans les rues presque vide de Manhattan, aucune inquiétude ne lui traverse l'esprit, esprit joyeux par l'alcool, bien que quelques histoires lui soient arrivées dans les rues. Peu importe les rues, qu'elle soit bien riches comme ici ou plus pauvres comme ailleurs. Elle n'est pas pour toujours avoir peur et rester sur ses gardes, c'est les laisser gagner.

Ce qu'elle ne compte pas laisser gagner c'est la douleur à ses pieds qu'elle ressent. La plante, les chevilles, les talons d'Achille... ses souliers sont plus beaux que confortables. Et à présent qu'elle n'a plus personne à impressionner, les enlever est une assez bonne idée. Elle commence à se diriger vers le banc le plus proche, pas vraiment en ligne droite, lorsqu'une voix masculine l'interpelle. Elle lève les yeux dans les airs et soupir. Sérieusement ? Lui appeler un taxi ? Elle se retourne : bon, un papa en mal de paternité, qui se la joue bon samaritain jusqu'à ce qu'il se la joue daddy. « J'suis presque arrivée. » Faux, mais hey, ce ne sont pas de ses affaires. Il continue de parler, lui donne des conseils. Oh my. « On dirait ma mère. » fait-elle, riant. Rire jaune car sa mère ne lui a pas donnée de nouvelles depuis qu'elle est devenue mutante, il y a de cela... elle ne préfère pas y penser. Est-ce humain de ne pas prendre de nouvelles de sa fille unique (elle a des frères mais elle est la seule fille) ? Elle ne le sait pas. De toute façon, cet homme n'est pas obligé de le savoir. « Fous-moi la paix, j'suis habituée. » qu'elle rajoute, pas du tout collaborative. Elle compte partie lorsqu'il en rajoute une couche. « Tu... quoi ? » Il ne va pas lui faire, mais il pourrait ? C'est quoi ce raisonnement ?! Elle déteste quand ils disent ça. « Ça fout la trouille quand vous dites ça... » Elle n'est pas soudainement devenue plus polie, elle s'adresse aux hommes en général. Elle préfère l'informer, juste au cas où ceci ne lui aurait pas passé par la suite. « C'est « j'veux pas vous faire de mal mais je peux le faire si je le souhaite. » parle-t-elle, insistant sur certains mots et continuant ensuite. « J'vais me passer d'ton aide juste au cas où tu déciderais que tu peux me faire mal si je ne fais pas ce que tu veux. » termine-t-elle.

Il lui conseille de faire cela chez elle, elle se contente donc de lui lancer un regard noir et de lever trois doigts en sa direction. Lis entre les lignes. » Et elle avance, encore plus lentement qu'avant, question de bien montrer qu'elle n'a pas peur et qu'elle se fout de ses conseils. Elle se dirige vers un banc et s'assoit dessus, se rappelant ce qu'elle voulait faire avant d'être interrompue. Elle enlève ses souliers aux grands talons. Elle se relève, trébuche un peu et se met à rire. « J'ai des armes maintenant, t'es content ? » dit-elle, ne sachant même pas s'il est toujours là.

@Abraham King
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I'm not your dad, but...

Abraham avait espéré que la jeune femme se montrerait raisonnable, mais il n'y croyait pas lui-même. Emechée comme elle l'était, elle n'était certainement pas prête à écouter sans broncher la voix de l'autorité qu'il représentait. Déjà, comme une éternelle ado, elle le comparait à sa mère, et Abraham songea qu'il n'aurait pas à l'être, si les parents de cette gamine, qui qu'ils soient, l'avaient mieux élevée. S'ils avaient su être là pour elle, comme ses propres parents l'avaient été, des années auparavant. Comme il s'était efforcé de l'être pour sa fille, avant que...

Abraham chassa cette pensée de son esprit aussi vite qu'elle était arrivée, ses mains se crispant brièvement en poings. Inspiration. Expiration. Il n'allait pas avoir un de ses flash-backs en face d'une parfaite inconnue, en particulier dans cet état. Il fallait que l'un d'entre eux reste lucide et maître de lui-même.

"Si j'étais votre parent, vous ne seriez pas dans cet état dans la rue, sans personne pour vous accompagner."

Abraham n'était pas naïf. Il savait que les jeunes devaient faire leurs propres erreurs pour se forger. Il avait fait les siennes lorsque sa mère l'avait éloignée de son père, de son pays et de ses rêves, agissant comme le pire des petits cons pour qu'elle n'ait d'autre choix que de le renvoyer entre les mains de l'autorité paternelle. Mais il ne les avait pas fait seul ses erreurs, et il n'avait pas eu à en subir les conséquences sans soutien. Ce qui semblait être le cas pour elle.

S'il avait été son père, Abraham se serait assurée que le premier réflexe de l'inconnue aurait été de l'appeler pour qu'il vienne la chercher. Qu'elle ait suffisamment confiance en lui pour cela. Une confiance qu'elle n'avait clairement pas envers lui actuellement, à observer son comportement...

Abraham supposait qu'il ne pouvait pas entièrement la blâmer à ce sujet. Il comprenait comment ses propos pouvaient être mal interprétés, même si son intention première avait été de lui faire prendre conscience des risques qu'elle encourait. Abraham prit une profonde inspiration, s'efforçant de faire preuve de patience à l'égard de l'inconnue.

Qu'elle l'accepte ou non, elle était devenue sa responsabilité à l'instant où elle s'était présentée sur son chemin dans toute sa vulnérabilité. Abraham avait fait le serment de protéger le peuple, l'humanité, et c'était un serment auquel il se tenait dans chaque aspect de sa vie. Y compris si cela impliquait de s'embrouiller avec une gamine bourrée, qui pensait vraiment avoir l'air menaçant, avec ses talons à la main et sa démarche vacillante.

Abraham se frotta brièvement les yeux d'un geste exaspéré, avant de déclarer en réponse au discours défensif de la jeune femme et à ses derniers propos qui se voulaient offensifs :

"Je ne vais pas vous faire de mal. Je ne souhaite pas vous faire du mal. Mais un autre que moi n'hésiterait pas."

Abraham leva les mains pour montrer aussi clairement qu'il le pouvait qu'il n'avait pas l'intention de s'en prendre à elle, avant de pointer de son index la demoiselle :

"Il ne m'a fallu qu'un instant pour repérer près de cinq points vulnérables dans votre posture. Huit angles d'attaque si j'accepte le risque de me prendre un coup de talon. Mais pas besoin d'une quelconque formation militaire pour désarmer une personne ivre et la mettre à terre. Juste un peu de force, et un bon point d'appui. N'importe qui peut disposer de ça."

Comment ne pouvait-elle pas se rendre compte du danger ? De sa propre vulnérabilité ? Y avait-il seulement eu quelqu'un un jour pour l'aider dans ses moments de faiblesse ? L'aider comme il tentait de le faire actuellement ?

"Je ne voulais pas vous "foutre" la trouille, comme vous le dites, capisce ? Pas de moi, en tout cas. Mais ce monde est vraiment, vraiment dangereux, et vous ne pouvez pas vous permettre d'être aussi vulnérable sans une personne sur qui vous appuyer. Quelqu'un pourrait s'en prendre à vous. Et vous ferez quoi, si c'est le cas ? Vous leur lancerez votre talon à la figure avant de tomber par terre ? A leur merci ?"

Il pouvait aisément se représenter la scène, et Abraham savait qu'il n'aurait pas la conscience tranquille tant qu'il n'était pas assuré que la demoiselle était rentrée chez elle. En sûreté.

"Est-ce qu'on peut discuter tranquillement de la suite des événements, ou est-ce que vous allez continuer à me menacer avec vos chaussures ? Vous les tenez mal, d'ailleurs. Si vous voulez que les talons s'enfoncent dans la chair et atteignent leur potentiel létal le plus efficient, vous devez raffermir votre prise et revoir le positionnement de vos doigts."

Est-ce qu'il était vraiment en train de donner des conseils d'auto-défense à une gamine bourrée croisée en pleine rue ? Oui, visiblement...

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L'homme n'a pas tort en disant qu'elle ne serait sûrement pas là si ses parents avaient été là pour elle. Ils n'ont pas été là pour Rowan. Pas depuis qu'elle s'est découverte mutante. Reniée de la famille, sans nouvelle d'eux, expédiée à l'autre bout du pays et oubliée depuis. Ce qu'elle ne compte pas partagée à cet inconnu, cela ne le regarde pas. Et cela serait lui donner raison et elle n'en a pas envie. « Parce que j'serais attachée dans le sous-sol ? » qu'elle réplique donc, parce qu'il a l'air hyper sévère alors cela ne serait pas très étrange de sa part. Tout comme le fait qu'il continue de dire qu'il ne compte pas lui faire de mal alors qu'elle lui a dit que cela lui foutait la trouille. Et bah, déjà des problèmes de surdité ? Il a pas l'air si vieux que ça. « Toujours pas rassurant. » fait-elle, essayant de mieux articuler cette fois et de parler plus fort question qu'il comprenne bien ce qu'elle tente de lui dire. Elle le regarde ensuite alors qu'il se met à parler... cinq et huit ? Hein ? « 13... ? » Hein ? « T'es prof ? » Hein ? Par terre ? Quoi ? C'est pas très propre... » Il a de drôles d'idées.

S'en prendre à elle ? Ça va. « Faut qu'on m'attrape pour ça. » fait-elle, alors qu'il continue de parler encore et encore et qu'elle ne comprend pas tout, il va trop vite. Elle peut être assez difficile à attraper et elle est plutôt douée pour disparaître. Serait-elle dans cette situation sans son pouvoir ? Sûrement pas. Elle aurait suivi la voie de ses parents et de ses frères, devenant avocate ou étant sur le point d'en devenir une officiellement. Sûrement mariée pour bien apparaître ou dans un futur proche. Bref, chemin tout tracé. Est-ce qu'elle aurait aimé cela ? Sûrement pas. Aurait-elle continué de faire comme si cela avait été le cas ? Probablement, n'ayant jamais pu avoir les hobbies qu'elle aurait voulu, voulant être certaine d'être sur l'héritage, de continuer à vivre une vie avec tout le confort. Trop aveuglée, trop enracinée dans ce qu'elle aurait toujours appris pour essayer de dévier de la voie. Peut-être qu'avoir un pouvoir a été une bonne chose en fait... même si elle se retrouve dans les rues de la ville, saoule, avec un type louche à l'apparence louche qui dit qu'il n'est pas louche... ce qui est encore plus louche.

Elle ne tient pas ses souliers comme il faut pour se défendre. Elle lève les yeux dans les airs et soupire. Après le cours d'arme, le cours d'auto-défense, qui a dit que les hommes n'étaient pas serviables ? Ou ils aiment juste montrer leur savoir aux personnes qui n'ont rien demandé ? Très bonnes questions. Elle regarde ses chaussures. « Hum... trop beaux et neufs pour ça. » décrète-t-elle. De mauvaises armes donc. Pas vraiment, mais n'importe quoi pour le rendre encore plus exaspéré. Blonde, saoule, superficielle. Cases cochées. Quel est le prochain cliché qu'elle pourrait faire ? Elle ne sait pas trop. Peut-être agir de façon encore plus non intelligente ? Elle n'a pas besoin de chercher bien longtemps la suite, la suite vint à elle tout naturellement dans l'état où elle est. Marchant de façon non linéaire, elle fonce dans un lampadaire pour ensuite perdre l'équilibre. Elle se ramasse par terre, boom sur les fesses, ce qui la fait éclater de rire. Elle n'a pas besoin de personne pour se retrouver sur le sol semble-t-il. « … t'avais pas prévu ça, hein ? » qu'elle fait, continuant de rire et oubliant qu'il n'a pas pu entendre la première partie de sa phrase puisqu'il ne peut pas lire les pensées. Enfin, peut-être que oui. On ne sait jamais. Ce qui ne l'empêche pas de continuer de rire. Faudrait qu'elle pense à se relever, mais au moins comme ça, ça ne tourne pas autour d'elle. Enfin, un peu tout de même mais moins. Ce qui est une assez bonne amélioration... en quelque sorte. Ce n'est juste pas très hygiénique de sa part par contre de rester là. Elle ne sait juste pas trop comment elle va pouvoir se relever.

@Abraham King
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Abraham leva ouvertement les yeux au ciel, visiblement exaspéré, lorsque la jeune femme lui répliqua qu'il l'attacherait au sous-sol. Pour qui le prenait-elle, exactement ? Abraham cherchait simplement à aider une inconnue trop éméchée pour son propre bien, et il se faisait traiter comme un pervers criminel. Il laissa échapper un soupir, secouant la tête d'un air désapprobateur :

"Evidemment que non. Si vous étiez ma fille, j'aurais fait en sorte que vous ayez suffisamment confiance en moi pour ne pas avoir peur de m'appeler pour v'nir vous chercher. Je ne suis pas votre père, mais je ne suis pas certain que vous trouverez mieux à l'heure actuelle. Sérieusement..."

Tout ce qu'il lui avait proposé, c'était d'appeler un taxi pour elle. Il n'avait même pas besoin de connaître son adresse, il voulait juste s'assurer que cette petite inconsciente avait un moyen de transport pour la ramener à domicile en toute sécurité. Si personne ne s'en prenait ouvertement à elle, elle restait suffisamment éméchée pour tituber sur la route et se faire écraser, ou que savait-il encore... Comment pouvait-elle être aussi ignorante du danger qu'elle courait ?

La fatigue et l'agacement le saisirent davantage encore, alors que Rowan reprenait la parole. D'accord, très bien, il avait compris qu'il n'était pas rassurant, merci beaucoup ! Peut-être qu'elle pouvait elle aussi changer de disque, maintenant ? Abraham ne savait que dire pour lui mettre un peu de plomb dans la cervelle, mais il allait finir par trouver.

"Huit angles, dont cinq qui me permettent de vous déstabiliser sans me mettre en péril. Et je ne suis pas prof, je suis un Marine, et je suis en perm'. Vous pensez vraiment que je serais assez con pour risquer ma carrière pour une gamine éméchée ?"

C'était un petit mensonge pour essayer de la rassurer. Le prestige de l'uniforme pouvait parfois aider à mettre les gens un peu plus à l'aise. Ou tout empirer. Mais le rôle de Persécuteur créait rarement autre chose que de l'inconfort, et plus encore dans ce genre de situation. La gamine avait beau l'air inoffensive, Abe ne pouvait pas ignorer la possibilité qu'elle soit une mutante. Scénario qu'il envisageait lors de chaque rencontre qu'il faisait, pour se tenir préparé à agir si nécessaire.

Au pire, elle comprendrait bien qu'il n'avait pas l'intention de risquer ses "galons" pour elle. Il essayait juste de s'assurer qu'elle allait bien et qu'elle avait un moyen de rentrer chez elle en toute sécurité. Vraiment, pourquoi ça tombait sur lui ? Surtout après la soirée qu'il avait passé...

Leur conversation ne menait à rien. Abraham ne savait pas s'il devait rire ou hurler quand la demoiselle rebouta ses instructions pour utiliser ses chaussures comme arme de manière efficace, arguant que ses souliers étaient trop beaux et neufs pour être usés de la sorte. Ses nerfs finirent par trancher pour un ricanement agacé, et un long soupir qui tirait sur le gémissement exaspéré :

"Ce sont des foutues chaussures ! Je pense que votre vie et votre sécurité valent plus que de foutues chaussures, non ? Ou est-ce que vous avez si peu d'estime pour vous-même que vous vous croyez moins précieuse qu'une stupide paire de godasses ?"

Il voulait croire que c'était l'alcool qui parlait. Personne ne pouvait être aussi idiot naturellement, n'est-ce pas ? Abraham avait besoin de conserver sa foi en l'humanité un peu plus longtemps, si cela était seulement possible... Ou peut-être qu'il avait tort et que cette gamine était vraiment aussi stupide que ça. Elle n'arrangeait guère son cas, titubant jusqu'à un poteau pour s'y cogner et tomber fesses au sol. Seigneur, pourquoi lui ? Qu'avait-il fait pour mériter cela ?

"Non, je n'avais pas prévu d'achever une soirée de merde en essayant de convaincre une gamine bourrée de prendre un minimum soin d'elle."

Et pourtant, il était là. Et il n'allait pas partir, même si elle faisait tout pour le faire fuir. Posant un genou à terre à proximité d'elle, il tendit la main, lui demandant sans la moindre trace d'amabilité dans sa voix, l'agacement étant trop grand pour cela :

"Bon, vous voulez rester par terre à jouer les tortues, ou vous m'autorisez à vous aider à vous relever ?  Ne testez pas ma patience, s'il faut que je reste à côté de vous pendant que vous vous roulez par terre en attendant un taxi, je le ferai. Et si vous tenez autant à vos vêtements qu'à vos chaussures, c'est définitivement une mauvaise idée."

Essayait-il de parler son langage pour qu'elle cesse de le repousser comme elle l'avait fait jusque là ? Oui. Est-ce qu'il détestait cela ? Assurément.

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Le louche inconnu semble exaspéré par les réponses qu'elle donne. Ce qu'elle aime bien. Elle va donc continuer dans ce sens. Rowan ne serait pas attachée dans le sous-sol s'il était son père. Elle pourrait lui lui faire confiance complètement. Oh wow. Le père modèle. Cela existe vraiment ? Elle ne le pense pas, la plupart des personnes qu'elle connait ont toutes un problème avec les parents en général. En même temps, les riches ont souvent des problèmes avec leurs géniteurs, d'une manière ou d'une autre. Il est vrai aussi qu'elle ne demande pas à tous s'ils ont une bonne relation avec ces derniers. Elle s'en fiche bien de le savoir (à moins que leur compte en banque en souffre). « Ah ça non t'es pas mon père... tu m'parles au moins. » maugréa-t-elle. Ce qui est assez triste, ironique, quand on y pense. Un inconnu essaie de prendre soin d'elle (enfin, peut-être pas mais il lui parle) comparativement à ses parents depuis qu'elle a douze ans. Elle en fait trois tonnes en ce moment, mais s'il n'avait pas réagi de cette façon depuis le début... elle ne serait pas plus dans un taxi. Elle déteste dépenser de l'argent quand elle n'est pas si loin que ça. Ce qui est le cas. Peut-être une quinzaine de minutes de marche... sobre. Saoule, cela va être une autre paire de manches, ou de talons. Il se met ensuite à parler d'angle. Hein ? Il est vraiment en train de lui un cours de math ?! Et qu'elle a des angles ? Quoi ? « J'suis pas un triangle ! » Peut-être pas, mais elle est vraiment obtue en ce moment à ne pas comprendre ce qu'il raconte alors que ce n'est pas si compliqué. Enfin, ou à faire semblant de ne pas comprendre juste pour le faire sortir de ses gonds un peu plus.

Il dit ensuite qu'il n'est pas professeur, mais marine en perm'... manente ? « On dirait pas que tu sors de chez le coiffeur... » commente-t-elle, changeant ensuite de sujet... ou presque, restant plus au moins dans le thème tout en allant dans une autre direction. « T'as rencontré Frank Sinatra donc ? » Certes, il a fait un film en tant que marine en permission (et peut-être avec une permanente, elle ne sait plus), mais elle se moque depuis un moment, elle va continuer. « Tu chantes et danses ? » le questionne-t-elle. Très important pour savoir s'il est un bon marine en perm'. Puis, cela change encore de sujet. Elle ne suit plus très bien, cela va plutôt vite. Il n'est pas content qu'elle ne se serve pas de ses souliers comme armes alors qu'elle les utilisait mal avant ? Bah euh... « Quelle réponse va plus te fâcher ? » Elle va donner celle-là, bien qu'il semble l'être sans aucune réponse de sa part. Elle continue tout de même de garder ses souliers dans ses mains, l'équilibre n'étant pas vraiment revenu. Souliers qui décident de partir dans deux directions différentes lorsqu'elle se prend le lampadaire. Ce qui met aussi en colère l'homme. Oh lala. Il va pas lui péter une crise cardiaque comme ça hein ? Autant de colère c'est pas bon. « J'vais marcher, t'inquiètes pas. J'suis habituée. » le rassure-t-elle, voulant surtout qu'il parte, elle est capable de se débrouiller seule.

Il lui offre justement de l'aide. « J'sais quoi faire. » Après tout, ce n'est pas la première fois qu'elle se retrouve dans cette même position. Elle n'apprend pas vraiment de ses erreurs. Du coup, elle doit se relever par elle-même. Sans ses talons, c'est un peu plus facile, bien qu'elle ne sache pas trop où ils sont. Elle va s'en occuper plus tard. Elle se penche vers l'avant afin d'appuyer avec ses mains contre le lampadaire, autant qu'il serve à quelque chose tant qu'à l'avoir fait tomber et à être là. De toute façon, ce n'était pas comme s'il pouvait aller ailleurs. Une fois qu'elle a une bonne prise elle se met à se relever, lentement, pas très sûrement, mais elle y arrive. « Content ? » De quoi, elle ne sait pas trop, sauf qu'elle se dit que puisqu'elle est arrivée à se relever sans aide, il doit bien voir qu'elle est capable de rentrer sans aide. C'est exactement la même chose.

@Abraham King
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Abraham grimaça ouvertement lorsque la jeune fille admit sans détour que son propre père ne lui parlait pas. D'accord, ça expliquait un certain nombre de choses.

Des parents négligents, voire absents, ça menait souvent à l'égarement. Un égarement duquel il était familier, puisque, après le divorce de ses propres géniteurs, Abraham avait enchaîné toutes les bêtises auxquelles il pouvait penser pour faire céder sa mère et retourner auprès de son père. Ces sottises-là n'avaient pas tenu bien longtemps, face à la poigne de son paternel et la discipline militaire auquel Abraham s'était ensuite plié, en rejoignant les Marines.

Peut-être que c'était ça dont cette gamine avait besoin, en fait ? Mais il doutait sérieusement que la gamine éméchée avait ce qu'il fallait pour tenir dans l'armée. Ou qu'elle voulait seulement s'essayer à cette vie. Ce n'était pas fait pour tout le monde, ça, c'était sûr. Abraham soupira, frottant sa nuque, et soufflant d'une voix agacée, sa frustration n'étant pas, pour une fois, dirigée vers la demoiselle :

"S'il vous ignore, c'est que c'est un abruti. Un vrai père, ça néglige pas ses enfants ! Faut être là pour eux jusqu'au b..."

Les mots d'Abraham moururent dans sa gorge, alors que le souvenir de sa fille revenait le hanter, sa conscience pesant à chaque seconde un peu plus lourd sur ses épaules. Est-ce qu'il avait été là pour elle ? En la laissant aux mains des tordus qui l'avaient torturée tout ce temps ? En prétendant ne rien voir de sa souffrance, en se persuadant qu'il agissait pour le mieux, qu'elle serait soignée de cette mutation qui l'affligeait ? Ils n'avaient pas même essayé de la guérir. Amelia était morte seule, et Abraham n'avait pas été là pour la protéger des autres. Ou d'elle-même.

Le regard hanté, habité, Abraham fut (mal)heureusement ramené à la réalité par les stupidités de la gamine dont il se retrouvait malgré lui responsable, alors qu'elle continuait à débiter idiotie après idiotie, sans la moindre logique que le Marine puisse percevoir. Un "Hein ?" perplexe lui échappa, avant qu'un "Non, non, non..." exaspéré ne glisse sur ses lèvres, ses nerfs fragilisés par les événements de la soirée et les souvenirs remontés menaçant de lâcher. Inspire. Expire. Inspire. Expire.

"J'ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans votre cervelle. Et j'en ai rien à faire, honnêtement. Non, j'ai pas rencontré Frank Sinatra, et je vois pas ce qu'il vient faire dans cette conversation. Non, je chante pas, et je danse pas. Et si vous pensez vraiment que votre vie vaut moins que ces foutues chaussures, c'est pas de l'énervement que vous allez m'inspirer, mais de la pitié."

Plus elle parlait, plus elle l'agaçait, et moins Abraham était convaincu qu'il pouvait la laisser seule sans craindre pour son sort. Si, en plus d'avoir du mal à marcher, elle était incapable de réfléchir correctement, il était impossible qu'elle puisse retourner chez elle sans la moindre encombre. Quelque chose allait lui arriver, et si Abe faisait le choix de l'abandonner, il devrait ajouter ce poids sur sa conscience. Encore un autre.

Après sa chute, la jeune fille avait refusé son aide, et avait procédé de se relever seule, lentement, difficilement, prenant appui sur un lampadaire. Abraham leva les yeux au ciel devant son entêtement, fulminant contre elle, contre lui-même, contre ses parents, contre ses souvenirs, contre le monde entier :

"Non, je ne suis pas content. Ce lampadaire, vous allez pas l'emporter avec vous. Il se passe quoi, si vous faites dix pas et que vous chutez encore ? Sans réverbère pour vous y accrocher ? Et si je suis pas là pour vous relever, qui va le faire ? Et si vous commencez à vomir et à vous étouffer, qui sera là pour vous empêcher de crever ? Si je pars, il arrive quoi ?"

Si tu pars, elle meurt. La pensée était marquée dans son crâne au fer blanc, et se répétait continuellement, comme un mantra dont il ne pouvait s'échapper. Il avait abandonné sa fille, et elle était morte seule dans ce foutu labo, après des années de souffrance. Et s'il la laissait, elle, cette gamine qui n'avait pas même de père sur qui compter ? Il se passait quoi ?

Ses mains s'étaient mises à trembler depuis un court moment lorsqu'Abraham remarqua ce signe de faiblesse, et il se tendit, dissimulant les preuves de sa nervosité derrière son dos. Il prit une profonde inspiration pour se calmer, reprenant d'une voix qu'il tentait de garder calme :

"Mais je vais pas partir. Et vous allez rentrer chez vous, en sécurité, et on pourra mutuellement s'oublier. Okay ?"

Si tu pars, elle meurt. Abraham ne partirait pas. Qu'elle veuille ou non de son aide.



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La réaction de l'inconnu ne tarde pas à se faire entendre : il n'est pas fan de son paternel. Et bien, ils sont deux ! Cela leur fait un point commun, même s'il ne le connait pas du tout. Rowan n'est pas dans un état pour pouvoir bien juger que ce n'est pas vraiment un point commun, surtout qu'il ne connait pas toute l'histoire... bien que selon elle c'est vraiment un abruti même avec toute l'histoire. Elle est plutôt biaisée à ce sujet, elle le sait. Ce qui ne l'empêche pas de penser qu'il a bien raison de l'insulter de cette façon. « Un vrai abruti oui. » répète-t-elle, bien d'accord avec ceci. Elle est peut-être saoule, mais elle a encore un peu toute sa tête. Elle ne compte pas en dire et plus et trop parler. Elle ne va pas s'épancher et dire que c'est toute sa famille qui ne lui parle pas car elle est une mutante. On ne sait jamais sur qui on peut tomber. Puis bon, si elle dit que toute sa famille ne lui parle pas il va sûrement penser que c'est de sa faute avec le comportement qu'elle a en ce moment. Qu'elle l'a cherché et qu'elle mérite de l'avoir perdu. Elle n'a pas besoin de ça, elle n'a pas besoin de lui, mais entendre dire que son père est un abruti, c'est toujours agréable à entendre, peu importe s'il n'a pas l'histoire au complet.  Elle ne remarque pas le changement d'attitude de l'homme... mais même non saoule elle ne l'aurait pas nécessairement remarqué. Elle est plus souvent concentrée sur elle-même que sur les autres.

Sans grande surprise, leur accord temporaire sur un sujet ne dure pas très longtemps. Il semble perdu dans ce qu'elle déblatère (on peut le comprendre) et des réponses se font entendre. « Faut connaître les classiques voyons. » Oh lala, une vraie cause perdue ! Il ne comprend pas trop où elle veut en venir ce qui la fait sourire. Peut-être qu'il va partir à présent. Et bien non. Elle soupire. Il lui fait la morale. « Pas assez pitié pour partir ? » C'est supposé être une insulte, mais bon, elle est prête à prendre n'importe quoi pour le faire déguerpir. Même le fait qu'elle se soit relevée seule ne le fait pas changer d'avis. « J'vais en trouver un autre. » Ou un banc, ou une poubelle ou un arbre... ils sont dans une grande ville, il y a toujours quelque chose proche. « J'ai pas assez bu pour dégueuler ! » Elle est saoule, mais elle a déjà été dans un pire état qu'elle l'est en ce moment. Elle est partie avant de se retrouver comme ça. « D'un mec insistant à un autre, c'est pas ma soirée hein. » qu'elle se met à grommeler, même s'ils ne sont pas vraiment le même genre niveau insistance. N'empêche, elle a tout un manque de chance. Il n'y a donc qu'une seule option. La seule qui devrait plaire à l'homme... même si elle va aussi faire ce qui lui plait au final.

« J'vais regarder si j'peux pas avoir un Uber. » dit-elle. C'est pas un taxi, mais c'est plus pratique. « Pour continuer la soirée ailleurs, elle est encore jeune ! » À vrai dire, elle ne sait pas trop il est quelle heure et si elle est encore jeune, mais hey, elle ne compte pas lui obéir. Au moins avoir la paix de lui. Sauf s'il se décide à la joindre pour continuer de faire la fête et montrer qu'il est digne de Frank Sinatra. Elle sort donc son téléphone du petit sac à main qu'elle a pour les soirées, heureusement qu'il y a une sangle car elle l'aurait sûrement perdu depuis belle lurette. Elle met son doigt sur le petit capteur pour ouvrir son téléphone et se met à regarder les notifications qu'elle a reçue au lieu de réserver un Uber comme elle devait le faire. Pour ça, elle ne peut même pas accuser le taux d'alcool dans son sang. C'est juste une habitude. Habitude que de plus en plus de personnes partage, ce qui ne veut pas dire qu'elle est bonne. Après elle ne sait trop combien de temps, elle relève la tête. « Hum ? » On lui a parlé ? Elle a entendu des mots. « J'viens de trouver une fête. » qu'elle annonce. Il va pouvoir l'abandonner maintenant, non ?

@Abraham King
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Abraham n'avait rien d'un fin psychologue, mais cela ne l'empêchait pas de percevoir le comportement de la jeune fille comme une forme d'appel à l'aide, même si elle ne devait probablement pas s'en rendre compte. Il avait été ce jeune homme égaré, multipliant les conneries pour retourner auprès du parent qu'il voulait vraiment avoir, pour retourner à ce rêve qu'on avait menacé de lui arracher.

Quelles que puissent être ses raisons, l'inconnue semblait être sur le même chemin qu'il avait failli emprunter, des années auparavant, et dont l'armée l'avait tiré. Non pas qu'il allait lui recommander de rejoindre les Marines ou que savait-il encore, la jeune fille ne semblait vraiment pas taillée pour ce genre de vie et cette discipline. Mais si elle trouvait son truc, quelque chose qui donnerait un peu de sens à son existence, peut-être serait-elle moins tentée de boire jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout, ou peu s'en fallait-il...

Toute cette compassion qu'il pouvait ressentir ne l'empêchait pas d'être profondément agacé par les paroles sans queue ni tête de son interlocutrice. Il savait qui était Frank Sinatra, mais il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il faisait dans la conversation, ce n'était pas une question de "connaître ses classiques". Et quant à ce qu'elle avait pu dire sur la pitié...

"C'est pas la pitié qui me fera partir. Si c'était le cas, ça ferait de moi un connard fini. Et je suis beaucoup de choses, mais je ne pense pas être ça. Je veux juste m'assurer que vous allez bien."

Et que personne ne s'en prendrait à elle. Seule, elle était vulnérable, surtout dans cet état. Sa fille ne serait pas beaucoup plus âgée qu'elle, si elle était encore en vie aujourd'hui. Abraham ne pouvait imaginer l'abandonner dans cette position, tout comme il n'aurait pas abandonné sa fille.

Est-ce qu'il se serait énervé de son comportement ? Oui, probablement, mais cela serait une discussion pour plus tard. D'abord, Abraham se serait assuré que sa fille n'aurait pas eu à avoir peur de faire appel à lui pour ce type de situations. Il aurait été là pour Amelia. Comme il était là pour cette gamine paumée.

Abraham leva les yeux au ciel lorsqu'elle lui signala qu'elle n'avait pas assez bu pour vomir, prenant une profonde inspiration pour garder son calme et lui répliquer :

"Une bonne raison de ne pas boire davantage, vous ne croyez pas ? Vous avez peut-être déjà eu le "verre de trop", et vous le savez pas. Le "verre de trop", c'est celui qui vous fait tituber."

Elle parla de "mecs insistants" et Abraham se douta que sa soirée n'avait probablement été aussi rose et amusante qu'elle aurait pu l'être. Il posa le doigt sur ce qu'elle venait de dire, bras croisés, lui demandant en toute sincérité :

"Et si un autre mec insistant se pointe après moi, un gars avec de mauvaises intentions, vous pensez pouvoir lui échapper en titubant d'un lampadaire à un banc ?"

Abraham soupira, et reprit d'une voix qu'il tentait de garder calme :

"Je veux juste être sûr que rien ne vous arrive. Je ne porte peut-être pas l'uniforme ce soir, mais mon devoir ne s'arrête jamais. Si je tournais le dos à quelqu'un qui ne peut pas se défendre, j'en serais indigne."

Abraham n'était peut-être plus Marine, mais son travail actuel impliquait également de protéger les citoyens de ce pays. La menace était différente, mais le devoir était similaire. Et la vulnérabilité de cette jeune fille ne pouvait pas simplement être ignorée. Même si elle ne voulait pas de son aide, il serait là, aussi longtemps que nécessaire.

Et peut-être ne devrait-il pas à rester davantage. Déjà, la jeune fille cédait et disait appeler un Uber. Dans un ascenseur émotionnel, le soulagement d'Abraham se transforma en agacement lorsque la demoiselle lui fit savoir qu'elle allait continuer à faire la soirée ailleurs, et non rentrer chez elle, comme elle devrait le faire dans son état.

Abraham pouvait sentir son cœur battre la chamade dans sa poitrine, et la colère s'instiller dans son âme, mais il savait mieux que d'exploser sur cette pauvre gamine qui n'était absolument pas consciente du danger dans lequel elle se trouvait. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Lorsqu'elle finit par annoncer qu'elle avait trouvé une fête, Abraham lui demanda, avec une sincère inquiétude dans la voix :

"Il y a des gens que vous connaissez, dans cette fête ? Des gens qui peuvent vous aider, si quelque chose tourne mal ?"

Il désigna un banc à proximité d'un mouvement de tête, avant d'ajouter :

"Vous devriez vous asseoir en attendant que votre voiture arrive. Je resterai jusqu'à ce que vous embarquiez. Et..."

Abraham fouilla dans ses poches, avant d'en tirer une carte, sur laquelle était écrite son nom et son numéro de téléphone, le genre de cartes qu'il distribuait parfois aux victimes qu'il prenait en charge dans ses affaires :

"Si vous avez des ennuis. Et personne sur qui compter. Vous n'avez pas à m'appeler, jamais, si vous ne le désirez pas, mais, au moins, vous aurez cette option."

Est-ce qu'il faisait cela pour tranquilliser sa conscience ? Majoritairement, oui. Mais il voulait aussi que cette gamine qui semblait n'avoir personne sur qui se reposer puisse au moins l'avoir lui, dans ses moments de détresse.


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Encore une fois, tout ce qu'elle dit ne plait pas à l'homme. Elle est vraiment douée pour ça Rowan. Il est vrai qu'elle fait exprès. Oh, pas que dans son état normal elle ferait attention. Elle serait peut-être un peu moins pire et aurait passé à autre chose. Se serait éloignée tout simplement. Enfin, humeur serait plus juste. Pas saoule, il ne se serait pas intéressé à elle probablement. Si elle avait avait quitté le fête pour une autre raison, une bonne raison, elle aurait continué son chemin sans l'écouter. Là, elle a juste l'impression qu'elle se fait un peu trop suivre. Peu importe si lui n'a pas les mains baladeuses. Agir de cette façon lui donne l'impression de contrôler sa soirée, bien qu'elle l'aurait plus contrôlée en l'ignorant. Ce à quoi elle n'a pas vraiment pensé. « Mais je vais bien ! » s'exclame-t-elle. Elle est saoule, pas sur le point de finir six pieds sous terre. Il n'a jamais été saoul ? Il ne s'est jamais amusé ? Il a l'air d'avoir un balais un peu trop enfoncé là où il ne fait jamais jour pour ça. Pourquoi est-ce que c'est tombé sur elle ? C'est vraiment une soirée assez horrible. D'autres verres lui feraient du bien pour oublier ceci. Sûrement ce qu'il ne veut pas qu'elle fasse alors c'est une très bonne idée que ceci. Il ne va pas être là, enfin elle ne le pense pas, mais l'idée est vraiment très tentante.

Puis, il lui dit de ne pas boire plus comme elle n'a pas vomi. Oh la la. Cela lui donne juste envie de boire encore plus que prévu. « J'ai plus d'un tour dans mon sac, inquiètes-toi pas. » Pouvoir entrer n'importe où sans avoir besoin de clés en fait partie. Elle n'est pas encore assez saoule pour tout simplement le dire comme ça. « Comme si les mecs de l'armée étaient irréprochables. » Elle ne leur fait pas vraiment confiance non plus. Autant faire confiance à un type qui n'a pas promis de protéger et servir ou peu importe leur citation. Sans grande surprise, il n'est pas très content suite à ce qu'il lui dit. « Un ami d'un ami. J'sais pas trop, je vais voir une fois arrivée. » Elle est relativement sociable, alors elle va sûrement se faire des amis assez vite. « J'suis bien comme ça. » Il a peur qu'elle se reprenne un lampadaire ? Il lui donne ensuite une carte avec ses coordonnées. Quoi ?! Hein ?! « J'espère que t'as du temps libre. » Est-ce qu'elle va le lui faire regretter ? Probablement. Elle compte l'appeler un peu trop souvent et ne pas vraiment avoir besoin de son aide. Certes, l'idée de l'utiliser seulement en cas de besoin est vraiment mieux. Tout comme celle de juste jeter la carte sans y penser, mais le lui faire regretter est bien mieux. Il n'avait pas autant à s'imposer. Certes, cela partait d'une bonne intention, sauf qu'elle n'est pas très douée pour les simples remerciements. D'autres dans sa situation serait sûrement très content d'avoir eu toute cette aide, mais elle a un peu de la difficulté à voir le bon chez les autres. Elle retourne ensuite sur son téléphone, après avoir rangé la carte dans son sac à main. « Le uber est commandé. » lui annonce-t-elle. « Pour la fête où j'ai juste des connaissances. » est rajouté, de nouveau, air et ton moqueurs qui se font voir et entendre. « J'vais pas trop te manquer j'espère. » Que va-t-il faire de sa nuit maintenant qu'il ne peut plus la surveiller ? Elle semble être plutôt attachante puisqu'il n'a pas envie de la quitter.

@Abraham King
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Si l'entêtement avait un visage, c'était certainement celui de cette jeune femme. Et celui d'Abraham juste à côté. La demoiselle était persuadée qu'elle allait au mieux et continuait à chercher à l'en convaincre, afin que le persécuteur la laisse tranquille, mais Abraham était tout aussi obstiné à lui faire reconnaître qu'elle avait besoin d'aide tout autant que de repos. Pour lui, l'état dans lequel elle se trouvait actuellement était déjà trop, et la mettait dans une position de vulnérabilité qui le rendait profondément inquiet et mal à l'aise.

Abraham n'avait rien d'un fêtard, et il avait un régime de vie généralement strict pour conserver sa forme physique. C'était un reste de ses années en tant que Marine, mais également une nécessité pour contribuer efficacement à son équipe. Que serait un persécuteur sans son entraînement ? Sans un corps capable de supporter l'effort dans les conditions les plus extrêmes ? Boire jusqu'à ne plus tenir sur ses propres jambes n'était donc pas une option.

Sans compter qu'Abraham savait à quel point il lui serait facile de se laisser aller à ses excès. Pour troubler les souvenirs un temps, et atténuer les émotions qu'il gardait tant bien que mal sous contrôle. Il ne pouvait pas s'autoriser cela, par respect pour la mémoire de sa femme et de sa fille, mais aussi de toutes les personnes qu'il se devait de protéger. Y compris cette jeune idiote.

Idiote qui se permit de faire une remarque sur l'armée dont il était issu, de par ses parents, de par son ambition. Abraham leva ostensiblement les yeux au ciel, même s'il ne pouvait pas entièrement lui donner tort. Abe était fier des soldats avec qui il a servi, mais il avait vu bien des recrues qui n'avaient pas leur place au sein de l'armée, par leur comportement, par leurs décisions. Pour lui, toutefois, ils restaient une minorité.

"Irréprochables ou pas, c'est notre devoir d'servir les gens comme vous, et certains sont morts pour ça. Je pense que ça mérite un minimum de respect, Miss."

Abraham se rappelait des visages de ceux qui n'étaient plus là aujourd'hui. Certains étaient morts devant lui, sans qu'il ne puisse les sauver, et il était toujours là. Seul à survivre. Seul à continuer. Son regard s'égara dans le vide un bref instant, avant qu'il ne revienne à la réalité, se focalisant sur la jeune femme et leur conversation des plus frustrantes.

"Un ami d'un ami, vous dites. J'sais pas trop, vous dites. Franchement, j'comprends pas comment vous pouvez être aussi insouciante. Vous avez jamais eu d'ennuis dans cet état ?"

Il l'espérait pour elle, cela expliquerait certainement beaucoup de choses. Mais si ce n'était pas le cas, Abraham avait bien du mal à comprendre ce qui motivait son comportement. Un chat échaudé n'était-il pas censé craindre l'eau froide ? Pourquoi s'abandonnerait-elle à nouveau dans cet état de perdition, si elle en avait payé le prix avant ?

Il lui avait donné son numéro, pour se tranquilliser la conscience, mais ses paroles lui firent regretter un instant son geste. Elle serait tout à fait capable de l'appeler à n'importe quel moment sans raison particulière ou, pire encore, de faire circuler sa carte auprès de personnes peu recommandables.

"J'ai un boulot. Mon temps libre n'est jamais vraiment libre. Si vous voulez me pousser à bout en m'appelant pour n'importe quoi, promettez-moi au moins que vous m'appellerez aussi quand vous en aurez vraiment besoin. J'essaierai d'être disponible."

Même si elle l'agaçait, Abraham ne voulait pas que la jeune femme émule l'histoire du garçon qui criait au loup. Il répondrait à chaque appel et accorderait du crédit à ses propos, pour éviter que le pire se produise. Parce que quelqu'un devait être là pour elle et que, si personne ne se dévouait, Abraham le ferait. Parce que s'il pouvait être là pour cette gamine, cela rachèterait peut-être un peu tous ces instants où il n'avait pas pu être là pour son propre enfant.

Il hocha la tête quand la jeune femme lui laissa savoir que le uber avait été commandé, avant de rouler une nouvelle fois des yeux lorsqu'elle insista sur le fait qu'elle allait à une fête avec des connaissances. Tout comme elle se permettait de le faire, Abraham passa au tutoiement, trop agacé pour se préoccuper davantage des politesses :

"Tu peux te moquer de moi, j'en ai rien à faire. Tant que j'sais que t'es pas toute seule dans cet état, c'est le principal. Assure-toi de rester avec ces connaissances, okay ? Si je peux pas te faire rentrer chez toi, le moins que tu puisses faire, c'est de t'entourer un minimum."

Est-ce qu'elle allait lui manquer ? Non, définitivement. Même si elle l'avait distrait un instant de cette soirée pourrie et qu'il avait pu détourner ses pensées de ce qui le hantait continuellement. Bon, d'accord, peut-être un peu. Sans elle pour l'agacer, Abraham était seul avec ses idées, et c'était généralement une mauvaise chose. Mais hors de question qu'il l'admette.

"Pas du tout. A la minute où tu vas monter dans ce uber, je vais totalement passer à autre chose. Toi aussi, je suppose."

Il hésita un instant, détournant le regard, guettant l'arrivée du véhicule, avant de finalement ajouter :

"Appelle-moi. S'il y a un problème. Okay ?"

Il espérait qu'elle n'ait jamais à l'appeler. Mais si elle le devait, autant qu'elle le fasse. Qu'il soit là pour aider.

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Il ne lâche pas. Il persiste. Il est toujours là. C'est une bonne intention. Il n'a rien fait de mal. Cela ne semble pas être une technique de bon garçon pour au final profiter d'elle par la suite. N'empêche, il est là. Rowan n'a pas la paix, et peu importe ce qu'elle peut dire elle ne l'a pas. Bon, c'est un soldat et la paix il ne connait pas trop, n'empêche c'est tout de même très fatiguant de l'avoir sur le dos comme ça. « Je leur ai pas demandé d'aller se faire tuer. » Généralement du temps ils auraient mieux fait de rester aux États-Unis. Moins d'argent gaspillé dans la défense, plus dans l'environnement et donc moins besoin de pétrole et d'aller voir ailleurs pour s'assurer d'en avoir. N'empêche, comme il est dans l'armée (ou la marine ? Elle ne sait plus(!)), il doit avoir le cerveau enfumé par tout ce qu'on a pu dire à propos de son importance. Ce qui se voit avec son côté qu'il veut la protéger à tout prix alors qu'elle n'est pas en danger. Ce qui est un peu trop de protection à son goût.

Il n'est toujours pas d'accord avec le fait qu'elle aille à une fête où elle ne connait personne, enfin presque personne. Elle n'en est pas certaine, mais ce n'est pas cela qui va l'arrêter. L'important, c'est qu'elle s'amuse et que le reste de la soirée (ou de la nuit, elle ne sait pas trop) soit mieux que ses deux premières parties. Il lui pose ensuite une question, comme s'il était surpris de son attitude. Ce type a dû naitre vieux, c'est pas possible ! « Parfois... mais c'est pas grave. » Comme si quelques mauvaises expériences allaient l'empêcher de s'amuser. C'est peut-être le cas de plusieurs, mais pas elle. Elle s'en est toujours sortie en passant quelque part vite fait et elle va donc continuer. Cela fait des futures personnes à voler aussi, il faut bien qu'elles paient pour leur mauvais comportement. La récolte est toujours aléatoire, mais elles ne restent pas impunies. Il faut bien que son « métier » serve à quelque chose de bien (enfin, appauvrir un peu les riches c'est bien, non ?). « T'as toujours eu un balai dans le derrière ? » demande-t-elle, juste pour savoir. Parce qu'il semble vraiment être coincé. Un peu plus et elle l'inviterait pour qu'il puisse lâcher son fou un peu. Quoique vu comment il est, il risquerait de gâcher la fête et elle n'en a pas vraiment envie.

La carte rangée, la petite menace faite, il ne se laisse toujours pas démonter. Cela ne lui dérange pas de se faire appeler n'importe quand pour n'importe quelle raison. « J'sais pas. » qu'elle répond. Va-t-elle l'appeler ? Elle n'en sait rien. Ne va-t-elle pas l'appeler ? Elle n'en sait rien. Elle va bien voir si elle y repense. Tout va dépendre d'à quel point elle va se souvenir de cette soirée. Après tout, elle ne sait pas dans quel état elle va être plus tard. Et puis, il redonne (encore !) des conseils à propos de ce qu'elle devrait faire plus tard, ne pas faire... elle va donc faire le contraire. Surtout qu'elle ne va pas lui manquer. Comme c'est horrible à entendre. Elle fait semblant d'essuyer quelques larmes de déception. « Très vite oui ! » qu'elle confirme. Elle voudrait même déjà l'oublier en fait, mais il est juste en face d'elle, cela sonne assez compliqué à faire. Surtout qu'il insiste sur le fait qu'elle doit l'appeler. « Tu te répètes. » fait-elle, soupirant. Il a des petits problèmes de mémoire. Puis, une voiture approche et s'arrête, la description correspond. Elle entre donc dans la voiture sans faire de geste ou d'au revoir. Un instant plus tard, elle prend son téléphone, la carte, compose le numéro. « Cest mon numéro ! Oublie-moi pas ! » fait-elle, raccrochant ensuite.

@Abraham King
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Évidemment qu'elle répondait de la sorte, alors qu'Abraham lui demandait de se montrer respectueuse vis-à-vis de ses frères et sœurs d'arme morts au combat. Pourquoi en aurait-il été autrement ? L'ex-marine ne chercha pas à retenir le soupir qu'il laissa échapper, secouant la tête avec une expression désapprobatrice. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils avaient pu traverser, des horreurs qu'ils avaient endurés, au service du pays dont elle était citoyenne. Pas la moindre idée.

"J'me doute bien que vous leur avez pas demandé ça. Est-ce que ça veut dire qu'ils méritent pas votre respect ? Je vais pas attendre de vous que vous m'étendiez la politesse, j'en ai rien à faire de votre respect, tant que j'ai celui de mon équipe et de mes supérieurs. Et je suis toujours en vie, moi. Mais eux sont morts en accomplissant leur devoir, et ça mérite un minimum de respect."

La jeune femme était à mille lieues d'imaginer les atrocités auxquelles ils avaient pu être confrontés. Abraham était là pour s'en souvenir, et, parfois, il souhaitait qu'il en soit autrement. Qu'il ait trouvé la mort sur le champ de bataille, lui aussi, des années auparavant, avant que son monde ne parte totalement à la dérive. Avant qu'il ne se retrouve seul, avec une souffrance qui ne guérirait jamais.

Mais ce n'était pas le cas. Abraham avait survécu à ses déploiements. Il avait survécu à la mutation dévastatrice de sa fille. Et, aujourd'hui, il se battait pour une nouvelle cause, la seule chose qui lui restait. Abraham était prêt à mourir pour elle, mais il savait qu'il ne pouvait se laisser aller et se faire tuer sans honneur. Pas sans jeter l'opprobre sur sa famille, ses camarades d'arme, son équipe...

En dépit du poids qu'il portait sur ses épaules, Abraham restait conscient du fait que chacun pouvait avoir ses propres problèmes, et notamment son interlocutrice. Lorsqu'elle lui fit savoir qu'elle avait effectivement eu des ennuis, qu'elle affirmait sans gravité, Abraham ne put s'empêcher de se demander si elle était sincère. Peut-être atténuait-elle la vérité pour empêcher qu'Abraham ne mette le nez là où elle ne voulait pas le voir.

Qu'importe. Si elle voulait parler, il était là pour l'écouter, mais si elle préférait lui mentir, ce n'était pas son rôle de chercher à tout prix la vérité. Il n'était pas son thérapeute, juste un type qu'elle venait de rencontrer inquiet pour le bien-être d'une petite inconsciente. Il était là pour se préoccuper de sa sûreté, mais au-delà ? Ce n'était plus son problème.

Enfin, c'était ce qu'il disait, mais Abe savait, au fond de lui, qu'il arriverait en courant si elle l'appelait à l'aide. Qu'il retiendrait les "je vous avais prévenu" et s'exercerait à faire preuve de compassion, à être là pour quelqu'un qui n'avait personne d'autre. Comme il aurait pu l'être pour sa fille, si elle s'était retrouvée dans une situation similaire.

"Si vous le dites. C'était pas grave avant, ça le sera peut-être plus tard, mais c'est pas mes affaires. Si vous voulez être inconsciente, après tout ça, je peux plus rien faire."

Mais il serait là. Si les ennuis s'aggravaient. Si elle le contactait. Il serait là, malgré tout. Quand bien même son interlocutrice était particulièrement douée pour lui taper sur les nerfs. Abraham apprenait néanmoins un semblant de patience à ses côtés, alors qu'il répondait sans animosité à sa dernière question, qui l'aurait bien plus énervé quelques instants auparavant :

"Mon père était Premier Sergent dans le corps des Marines. Il m'a fait comprendre très tôt l'importance de la discipline et d'une vie proprement organisée. Ca vous aurait peut-être fait du bien."

Cette discipline de fer avait régi l'enfance d'Abraham, et il ne s'était rebellée contre cette dernière que dans l'espoir de retourner auprès de son père et pouvoir marcher sur ses traces. Ses parents avaient été particulièrement exigeants avec lui, et Abraham ne les en remercierait jamais assez. Cela n'avait pas été toujours facile à vivre, mais Abe ne pouvait imaginer son existence sans cette poigne ferme sur ses jeunes années. Cela l'avait forgé. Fait de lui l'homme qu'il était actuellement.

La petite demoiselle avait accepté sa carte, semblant indécise sur le fait de l'appeler. Abraham pourrait s'accommoder du fait qu'elle ne cherche pas à le joindre pour faire la conversation, mais il espérait qu'elle lui ferait confiance si les ennuis "graves" venaient à frapper. Au fond, c'était tout ce qui comptait. Qu'il soit là pour elle comme il n'avait pas pu l'être pour sa fille. Il avait beau prétendre qu'il l'oublierait à l'instant où elle quitterait les lieux, montant dans son Uber, Abraham savait que cela n'était rien d'autre qu'un mensonge.

Abraham fut surpris qu'elle décide de l'appeler, lui laissant son numéro au passage. Il se retrouva sans mot en décrochant, incapable de comprendre l'étendue des émotions qui le traversaient à cet instant. Il ne s'attendait certainement pas à cette marque de confiance de sa part... Laissant l'Uber partir, Abraham fixa son portable un instant, avant de se décider enfin à enregistrer le numéro de son inconnue. Lil' Shit, c'était ainsi qu'il la nomma dans son répertoire.

Il n'appellerait pas. Ce n'était pas sa place de le faire. Mais si elle le faisait, Abraham saurait immédiatement que c'était elle. Et il serait présent. Sur cette pensée, l'ex-marine reprit sa route, ses pensées revenant bien vite à des idées plus sombres. Des idées qui ne le quittaient plus depuis de longues années déjà...

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