I'm that good (ft ángel)

Ambiance détente, l'ivresse imbibe les lèvres, toute la clique réunie au bar pour faire craquer les nuques, redescendre l'adrénaline du quotidien qui met à rudes épreuves la fréquence cardiaque. A force tu devrais avoir l'habitude de malmener le palpitant mais faut croire qu'il s'habitue jamais vraiment. Et pourtant, dès que les battements se tempèrent, y'a comme un manque qui te torpille les intestins car même si tu refuses de l'admettre, c'est devenu une sorte de drogue. Un besoin inéluctable. Et tu t'ennuies presque à t'enfiler les verres en prétendant écouter les anecdotes de tes collègues qui te font grincer des dents pour t'être déjà accrochée avec la moitié d'entre eux.

En réalité, t'es venue et tu viens à ces soirées avec une seule intention : mieux t'intégrer à ton équipe. Ça fait peu de temps que tu fais partie de l'unité de l'ange justicier et il représente ta dernière chance avant de prendre la porte. Autant dire que tu mets toutes les chances de ton côté afin de retarder l'inévitable, le moment où tu vas menacer l'un d'eux. « Vous êtes des petits joueurs. » L'accent chante toujours, la provocation tinte les lippes qui s'étirent en un sourire téméraire. Il te faudrait doubler la consommation pour ressentir le moindre effet avec ces alcools bons à endormir un môme. Les américains sérieusement. Tu te lèves de ton tabouret pour leur montrer comment on s'amuse chez toi. « Je vous parie 200 dollars que... » Tu attrapes un des citrons derrière le comptoir puis va te placer devant le jeu de fléchettes, stoppant net la partie en cours pour en commencer une toute autre.

« Vidal peut le transpercer. » Sur ces mots, tu places le fruit sur ta tête comme un trophée à viser si ce n'est qu'il tangue un peu. Défi lancé, les voix s'élèvent et les réactions fusent, principalement car le prix semble trop élevé compte tenu des capacités du capitaine d'unité. Et encore, ils sont loin de s'imaginer à quel point il est doué. « Ah vous voulez jouer ? Alors cet homme va le faire les yeux bandés. » Ton regard fauche immédiatement celui d'Ángel, plus vif qu'une lame d'acier, plus rapide qu'une balle tirée à bout portant. Te loupe pas. Aucun mot se déverse du creux de ta bouche, seuls tes iris trahissent tes pensées. Evidemment, tu lui fais confiance pour relever le challenge haut la main, n'aurait pas confié ta vie à l'un de ces débiles ici présents qui trépignent d'impatience de voir une performance de l'Aplomado Falcon. Ne reste plus qu'à savoir si ce dernier va se dégonfler ou s'exécuter sur le champ.

Instant de grâce. Rituel auquel s’adonnent les oiseaux de l’ombre afin de resserrer les liens et augmenter degré de complicité, de confiance. Alors s’abandonnent dans bar à proximité où habitués savent que persécuteurs fréquentent établissement. Public presqu’exclusif. Piafs se livrent à anecdotes favorisées par l’éthyle, jusqu’à ce que dernière recrue déclare supériorité. Attire l’attention de tablée. Témérité affichée sans complexe. Origines ayant déterminés foi à tolérance supérieure, lucidité encore bien présente lorsque flou gagne déjà majorité des convives… Paris lancé. 200 dollars que Faucon perce pomme en équilibre sur tête blonde, alors que celle-ci interrompt concours de fléchettes. Face aux indignations, ajoute contrainte et pas des moindres ; les yeux bandés. Faucheur regarde Crow. … T’es sérieuse ?

Alors, membre renchérit : « 200 dollars qu’il n’y arrive pas avec une arme prise au hasard ! » qu’il calme, taquin. Traqueur baisse les yeux sur lui, presque vexé. Alors il se lève. Se place. Regarde une dernière fois Illyana avant de se bander les yeux d’une serviette volée au passage. A distance raisonnable, il tend la main. Arme qu’on lui dépose dans paume, qui n’est guère la sienne. Soupèse celle-ci et reconnait Glock 17 du dit parieur. Vise blondie rebelle et déclare : … J’veux 50% de la mise. et tire. Sans sommation. Sans laisser le temps à qui que ce soit de répondre. Balle ayant explosé fruit, ruinant chevelure et mur.

Serviette enlevée afin d’admirer œuvre, s’approche de blondie afin de lui retirer quelques morceaux coincés dans les mèches sous les quelques applaudissements et railleries. Lippes trahissent légère satisfaction, murmurent : … était-ce de la confiance ou de l’inconscience ? Parce qu’il ne serait guère bon d’oublier qu’origines mexicaines se déversent dans veines du capitaine et que résistance à l’alcool pourrait sensiblement rivaliser avec celle du corbac slave.

Se détourne et rend arme. Jette serviette. Actionnent phalanges réclamant dû. Mais ne s’arrête pas là, comptant billets : … À mon tour ? Je vous parie 200 dollars qu’elle arrive à renverser Tony en moins d’une minute. Mirettes captent le gris bleuté de l’americain crow. Air de défi. … J’sais que t’es capable. Pour avoir été l’objet de son art, il sait qu’elle est capable de trouver point faible de n’importe quel adversaire aussi massif soit-il. Tony, montagne de 250kg trônant derrière comptoir, barman adoré par fidèles et dissuadant fauteurs de trouble.

Le regard demeure fixé au galbe masculin. Un silence presque tangible s’installe dans le public qui retient son souffle. Même parmi les anciens chiens galeux, la tension est palpable car ils n’ont définitivement pas l’habitude de tirer les uns sur les autres. 50 % de la mise ? Tu manques de bouger la tête quand il annonce le prix de sa participation mais le coup part et la balle atteint sa cible avant le moindre dérapement. Un léger frisson parcourt ton échine au moment où le fruit explose en morceaux. Et c’est bien car tu fais le plein d’adrénaline que tu ne réclames point la totalité des gains. A vrai dire, le murmure du mexicain t’arrache un rictus amusé. Tu déplies tes lèvres pour lui lancer une énième provocation. « A ton avis ? » Question oratoire. Évidence notoire. A défaut de le porter dans ton coeur, tu as pleinement confiance en ses capacités de tireur. Capitaine ne connait pas l’échec.

Tu récupères tes 100 dollars en écoutant le nouveau pari à relever formulé par le faucon. Tu peux dire adieu aux verres gratuits. Voilà qu’il te grille auprès du barman. « Sérieusement ? » Moue perplexe jette un coup d’œil à l’assemblée puis s’avance vers le comptoir. La cible te vise de bas en haut sans se dérider et certainement qu’à sa place tu aurais la même réaction mais t’es pas à sa place et tu sais qu’il va manger le sol dans approximativement 49 secondes. « Désolée Tony, c’est le boss… il ordonne j’exécute. » Ils s’attendent tous à une performance digne de ce nom mais tu n’as pas l’intention de leur offrir le plaisir convoité ; malice court le long de tes mains quand tu passes derrière le bar et attrapes la ceinture de la proie. Dextérité fait glisser la boucle avant la moindre riposte, le pantalon tombe sans précédent et le propriétaire se précipite pour le rattraper de justesse.

« Oups. » Tu profites alors du déséquilibre induit par sa position pour littéralement le pousser en arrière d’un simple mouvement de la main. Pari relevé, pourtant ton geste provoque une houle de désapprobation manifeste. T’as pas le droit aux applaudissements, seulement les railleries. C’est de la triche paraît-il. La horde exige presque une nouvelle manche mais tu estimes avoir rempli ta part du marché et comptes bien récupérer ta mise envers et contre l’avis général de la salle. « Oh tu veux que je te renverse aussi ? » Audace claque sur le palais, babines saillantes crachent à la figure, poings fermés se préparent à frapper. Clairement avec plus de brutalité, la proximité avec le parieur laisse présager le pire. T’as presque oublié la présence du faucon dans les parages, attention verrouillée sur cette espèce de connard qui va recracher ses chips et te filer les 200 dollars d'un commun accord.

Moue sans doute perplexe mais blondie qui s’exécute tout de même. S’excuse auprès du barman avant de le déséquilibrer pour qu’il tombe de propre masse. Pari gagné. Huée par foule s’attendant à spectacle dont elle sait faire preuve. Faucon aussi, s’attendait à autre chose, néanmoins, résultat demandé obtenu. Parieur s’offusque. S’échauffe, même. Plaide tricherie. Se dresse face au corbeau qui rétorque un traitement semblable sous l’œil du crew, partagé.

Capitaine intervient alors. 400 dollars qu’elle te met la raclée de ta vie ! qu’il clame contre toute attente au parieur mécontent. Bougre recevant coup de coude de voisine de tablée, ajoute alors … mais faites ça dehors ok ? « Ángel !! » que manifeste Tony, mécontent, soulignant côté puéril. Quoi ?! J’suis pas leur daronne, ils sont assez grands pour se gérer comme des grands. qu’il rétorque en direction de celui peinant à se relever et se rhabiller avec l’aide d’un volontaire. Regard retrouve duo qui se toise encore.

Capitaine lance regard de défi au parieur chaud, matant enfin le brun qui arque un sourcil provocateur. Alors quoi ? Mise sans doute trop élevée pour prendre risque de se faire fumer par rebelle. Femme dont capitaine est sûr des compétences. Alors le choix se porte sur les deux-cents balles qu’il casque, contrarié. Déballes les billets devant gagnante. Sourire en coin fend le visage du persécuteur qui finit sa bière.

Tony, la prochaine tournée est pour moi. qu’il déclare sortant ses cents balles trop facilement gagnés. Alors il se lève et se dirige vers le bar où trône plateau qui n’attend qu’à se faire remplir par les commandes sifflées du crew. Barman au regard quelque peu inquisiteur envers faucon, sait néanmoins qu’il peut toujours compter sur professionnalisme même en situation crise. Taquinerie bon enfant induise par dernière recrue. Ne lui en veut déjà plus…
Habitué.

Les prunelles flamboyantes, tu sens crépiter le feu du bout de tes doigts à la racine de tes cheveux et instinctivement, tes doigts se referment dans ta paume, prête à déboiter la mâchoire de ton interlocuteur. La mise lancée à ton encontre ne manque pas de t’ébranler le thorax. Tu es assez surprise par cette réaction car c’est bien la première fois qu'un capitaine d’unité ne te réprime pas pour ton comportement. Attention, tu pourrais vite t’y habituer. « J’en étais certaine. » Que tu lâches en voyant l’adversaire se dégonfler sans même lutter. Juste de la gueule, rien dans le bide. C’est d’un pathétique qui frôle la misère mais tu n’en rajoutes guère, t’empresses de ranger les billets dans ta poche sous l’œil mauvais. Clairement, tu vas marquer cette soirée d’une croix rouge dans le calendrier.

A ton tour, tu quittes la table pour retrouver le faucon au comptoir commander une nouvelle tournée et aussitôt, tu interviens. « Non Tony, franchement non, il faut que tu nous files des trucs plus forts. » Il est temps de faire grimper la température, les esprits se sont échauffés pourtant les corps demeurent froids. Y’a un truc qui n’va pas d'après ton raisonnement et t’as une sombre idée du remède pour réparer les torts. « Regarde-le, il tient encore debout. » Que tu ajoutes en désignant d’un signe de tête le mexicain à tes côtés. Du regard, tu parcours les bouteilles disposées devant toi et finis par jeter ton dévolu sur une vodka. Alcool emblématique de ta contrée natale. Pas forcément ta préférée mais elle sait faire son effet.

« File-nous le Devil’s Springs là oui celui-là. » Tu ne sais par quel miracle il parvient à deviner la résonance de tes syllabes tellement tu massacres le nom de ton accent équivoque. Tu te tournes vers l’oiseau vengeur, abordes un sourire plein de malice alors que tu relances la partie le plus naturellement du monde. « Alors Vidal, t’en penses quoi, t'sens capable d'aligner 10 shoots ? » Nouveau défi lancé sous couvert du bon fonctionnement de votre foie respectif qui va devoir estomper l'ivresse à toute vitesse. Et si ta langue découpe la distance entre vous, tu maintiens pourtant une certaine frontière, ne te permets jamais d'appeler le boss par ce prénom qu'il porte. Reste à savoir si tu tiendras après voir ingurgité la liqueur brûlante ?

Alors qu’il s’accoude au comptoir, Faucon est rejoint par l’Amercican Crow. Celle-ci proteste. Affuble Tony d’un niveau éthylique supérieur aux commandes reçues suite à une observation démontrant que Capitaine encore debout. Celui-ci baisse la tête, amusé, avant de lancer un regard intrigué vers blonde rebelle qui pointe une vodka dont le nom échappe totalement aux esgourdes inhabitées. Serveur qui visiblement sait de quoi il s’agit et prépare shooter ainsi que chalumeau.

Corbac se retourne vers lui, sourire machiavélique accroché aux lèvres que le brun ne peut que voir. Pose question titillant l’esprit de compétition du faucheur. Demande : .. C’est quoi ton objectif au juste ? Me foutre la tannée de ma vie ? Me voir à terre ?! Meuf, même pour cent balles j’en aligne pas cinq de tes shoots là. Je tiens encore à profiter de mon sens du goût pour le restant de ma vie… Détourne la tête vers Tony qui finit de préparer le plateau. Vas y Tony, donne-nous ce qu’on a commandé en plus s’il te plait. « … Petit joueur. Flambée elle passe mieux, tu vas voir. » qu’il lâche à son client. Faciès du traqueur change, dévoilant ses paumes dans un comportement d’incompréhension. Traitre. Certainement réplique en guise de représailles pour avoir été le sujet de son pari plus tôt. Bougre passe sa langue sur ses lèvres, l’affublant d’un regard presque accusateur.

Après tout, pourquoi pas. Crew présent pour un peu de légèreté, pour faire connaissance alors, mexicain accepte le challenge de la russe. … Bon. Pour 200 balles j’te les descends. Qu’il lance à blondie en venant capturer regard. Et sans détourner visage, clame au serveur : Tony ? tu feras venir des taxis pour tout le monde s’il te plait.   « Bien chef. » qu’il répond. Parce qu’on peut délirer mais raison et prudence doivent tout de même régner. Et peut-être bien que le crew se fera lui aussi réchauffer par sulfureuse slave…

L’espace d’un instant, tu crains de voir le capitaine se défiler, tirer sa révérence avant de t’avoir accordé une danse. Le faucon n'semble pas motivé à se mouiller les ailes. Babines retroussées, tu craches ton venin, le foudroies d’un regard assassin. « Mauviette. » Heureusement, le barman se fait complice du vice, appuie là où ça fait mal, là où ça fait du bien aussi. Vengeance au bord des yeux et chalumeau dans le creux de la main, il prépare le challenge du mexicain. Tu jubiles outrageusement, ne cherches pas à t’en cacher, ajoutes un petit coup de pression juste pour le plaisir de voir les traits du faciès se retourner sur ton passage. « Me déçois pas. » Clin d'oeil se perd sur souffle brûlant.

Très vite soupir s'échappe de tes lèvres, l'impression qu'il gagne du temps quand formule énième nouvelle demande au comptoir, joue la daronne pour tous les moineaux attablés à table qui s’attendent à une tournée ordinaire, un tournoi loyal, ne s’imaginent pas tomber au pays des merveilles. Ils vont vite se rendre compte que le lapin blanc existe vraiment. « T’inquiète, je te ramènerai même si je dois traîner ta carcasse sur mon dos... maintenant va t’asseoir j’apporte le plateau. » Le ton est sans appel, il n'peut plus se dégonfler, filer en douce, tenter une misérable esquive. Tu vas lui faire avaler ces shoots même si tu dois forcer l’ouverture de son clapet à la dextérité de tes doigts. C'est sacré un défi, faut pas rigoler avec, question d'honneur, de principe.

« Merci Tony t’es à croquer. » Tu débarques près de l’équipe de rêve avec les friandises servies sur un lit de fumée, prêtes à tout ravager parce que les préliminaires sont terminés et tu prends soin d’en filer à chaque membre confortablement installé. T’as le regard étincelant et le sourire narquois, la tête du vainqueur affiché comme un panneau lumineux en pleine coupure de courant. « Faîtes pas vos couilles molles ça descend tout seul bordel. » Niveau encouragement, t’es la pire du pire mais tu montres l’exemple, attrapes un shooter et le gobes à la vitesse de l’éclair avant de t’asseoir sur ta chaise, à côté du parieur ciblé. « Allez mon grand, il est temps de mériter tes 200 balles. » Et tu sors les billets de ta poche, les prunelles luisantes d'une lueur incandescente.

Blondie à l'insulte facile, accable bougre avec surnom paradoxal. Mauviette ? Lui ?! Sentiment de responsabilité auto-conféré, préfère de loin assurer la bonne tournure de soirée plutôt que d'être victime de trous noirs ou d'état second indésirable le lendemain. Alors que les plateaux se remplissent, rebelle l'affuble d'une nouvelle ordonnance afin de ne point la décevoir...

Alors que taxis en sujet d'une commande prochaine par serveur, corbac assure au faucon qu'elle serait prête à assurer son retour même si elle devait le trainer. Brun hausse un sourcil, interrogateur. Vraiment ? Serait-elle prête à ramasser corpus alcoolisé dont elle se fiche afin d'assurer sa bonne destination ? Faucheur un doute un poil. Elle termine rétorque en lui demandant d'aller s'assoir, ce qu'il fit.

Gamine heureuse débarque alors avec plateau autour de tablée et passe à la distribution en prenant grand soin de présenter objet du challenge aux yeux de sa cible. Cible qui matte cristal devant lui. ... putain. qu'il soupire, amusé, se demandant encore comment il a pu accepter. Espère qu'ancêtres mexicains puissent lui venir en aide afin de ne point finir la gueule au sol et les boyaux arrachés. Fourbe donne l'exemple après quelques mots de pseudo encouragement. Vide son shoot sous les yeux de tous avant de présenter l'argent du pari face au réticent. Le ton était donné. Traqueur se marre une seconde, avant d'acquiescer négativement. Okey. qu'il déclare pour se donner consistance. Attrape un verre et le descend d'une traite. La grimace ne se fait pas attendre. Un poil exagéré. Et d'un ton calme à la voix quelque peu rauque, il lui confie : ... c'est ignoble. Déclaration qui fait marrer assemblée. Mais brun ne se dégonflera guère ! Veut tenir le pari rien que pour prouver à tablée qu’il peut se dérider et que quelques entrainements – même lointains – à la téquila conserve quelconque tolérance.

Goutez-moi ça et osez m’dire que c’pas imbuvable ! qu’il clame aux rieurs. Attend que quelques-uns s’essayent et partagent même constat. S’empare d’un second shoot, regarde défiante droit dans les yeux et avale second calvaire d’une traite et grimace se fait déjà moindre. … j’te souhaite bon spectacle Ivanova. qu’il lui lâche, se doutant qu’elle se délectera certainement du merdier amorcé.

Dans une ritournelle de toute beauté les grimaces défigurent les faciès et malgré l’envie de t’esclaffer, tu te retiens parce qu'ils font tous l’effort de goûter ton poison sans rechigner. A vrai dire, tu ne quittes plus des yeux ta cible qui se démène corps et âme, la vodka imbibant ses lèvres avec un déplaisir certain. Tu remues les tiennes pour l’encourager non pas dans ta langue natale mais dans la sienne cette fois. Jamais encore tu n’as pris cette initiative mais vu la tronche qu’il tire après le deuxième shooter, il va en avoir besoin pour atteindre le dixième. « No pierdras le ritmo caballero ! » Et tu lui files un autre verre, cadence maintenue, ivresse prévue. Le sang mexicain retarde l’échéance mais ne peut empêcher l’inévitable de se produire, le foie de se retourner, l’esprit de s’évader.

Même toi tu finis par sentir les effets, faut noter que par solidarité tu décides de l’accompagner sur le chemin de traverse. Ça fait longtemps que tu n’as pas dégusté un alcool aussi fort et tu apprécies la tiédeur qui s’en dégage. Les minutes s’écoulent et les billets s’étalent sur la table, suivent l’allure du capitaine qui arrive au cinquième round de la soirée. Il semble encore capable d’en avaler mais tu n’es pas forcément la mieux placée pour le déterminer, finissant ta troisième gorgée fulgurante. Avec ton petit coup de pouce, il lui en reste présentement deux à ingurgiter pour décocher le fameux score. « Tu peux pas t’arrêter si proche du but. » Que tu murmures à l’encontre du faucon, le bras posé sur son épaule dans une totale désinhibition de la bienséance.

Tu ne t’en rends pas vraiment compte mais tu es également bien imbibée du Devil’s Springs. Néanmoins, hors de question de jeter l’éponge. De ta main libre, tu attrapes le duo restant. « Allez un chacun ! » Tes prunelles balaient rapidement la salle. Bien que de tes sens soient considérablement au ralenti, tu notes une baisse du niveau de fréquentation du bar. « Cul sec bordel ! » Et tu avales l’ultime verre avant de le laisser tomber au sol, brisant le cristal en plusieurs morceaux. Un joyeux oups précède l’éclat de ton rire; tu entends à peine les chaises grincer, vois à peine les silhouettes déguerpir, encore en train de compter les liasses que tu remets à Vidal. « 150 balles parce que j’ai grave contribué à ta victoire. » Toute façon, ce n'est pas comme s'il était encore en mesure de compter la somme totale non ?

Au fur et à mesure des shoots avalés, grimasse s’efface comme accoutumée au goût ignoble du contenu de ses verres. Descend immanquablement les uns après autres, sentant tuyauterie interne commençant à brûler. L’estomac n’est pas lourd ceci dit. Que du contraire, commence même à creuser. Sous les encouragements d’une langue étrangement familière et lointaine, la blonde le soutient jusqu’au bout. Les regards du crew se partagent entre jugement, moquerie et incitation. D’autres arrivent même à en recommander au serveur qui supervise les consommations ainsi que l’état des lieux.

Mais arrivé à deux de la fin, ça coince. Rebelle siffle aux esgourdes qu’il ne peut pas s’arrêter maintenant. Main sur son épaule, l’autre présente les deux derniers objets de son salut. Partage le supplice en deux, s’appropriant cristal. Cul sec. Simultané. Éclate le verre au sol en se fichant bien des potentielles réprimandes de Tony. Joueuse, retient vingt-cinq pourcents de la mise pour seulement un dixième du challenge. 50 balles le verre ?! Va chier … qu’il déclare, attrapant la thune tendue difficilement et fièrement acquise. Guère en mesure de compter certes, mais en mesure de quand-même piger l’arnaque.

Faut qu’j'aille pisser… qu’il lâche sans pudeur en se relevant. Assis, ce n’est rien. Une fois debout, c’est là que l’on se rend compte de l’effet éthylique sur membres. Guiboles traitresses, semblent marcher sur des nuages. Quelques moqueries retentissent, voyant trajectoire un poil défaillante.

Bougre pousse la porte, se soulage, et une fois face à l’évier, se permet de rafraichir le derme de son visage. La tête lui tourne quelque peu, mais le frais lui fait du bien. Remet les idées en place. Se demande ce qui lui a pris. A mal au bide. Crève la dalle. Programme déjà passage au fastfood afin de remplir estomac d’une merde consistante à digérer.

Retour dans la salle presque vide. Même quelques piafs se sont déjà barrés. Insérant clope au bec dans le projet d’aller prendre l’air, s’adresse à Tony : … Vas-y balance. Combien j’te dois pour tout ça ? qu’il demande. Capitaine règle l’addition. Marchant droit vers la sortie, s’adresse à ceux qui restent de sa table : Pause clope les gars. qu’il annonce avant de sortir. L’air frais lui fera du bien. Mais conscience est focus sur ce qu’il doit bouffer afin d’apaiser acide.  

Pour une fois, tu dois bien admettre que les soirées des persécuteurs ne sont pas d'un ennui mortel. Bon, faut dire que tu as donné de ta personne à cet effet mais tu ne regrettes pas, ayant eu l'opportunité de voir tes collègues sous un autre jour. Notamment le boss qui te semble pencher d'un côté alors qu'il va s'alléger du litre d'alcool absorbé. Tu le regardes partir sans t'offusquer de la familiarité de son langage car tu préfères ça, dans le fond. Quand les mots sont crachés depuis les tripes. C'est authentique.

Tu vois les uns se lever, les autres se rasseoir, tout le monde ne tient pas debout après la tournée flamboyante que tu viens de leur administrer mais tu comptes sur le barman pour se préoccuper de l'équipe tandis que tu te lèves à ton tour. Dehors, t'aperçois le capitaine du coin de l'oeil tanguer un peu à droite, un peu à gauche à moins que ne ce soit ta vision qui se trouble. « Alors vous... » Exclamation coupée net dans l'élan. Existence rattrapée par la réalité glaçante, dissimulée à la vue du monde entier. Tu sors ton téléphone portable de ta poche pour découvrir le nom de la frangine s'afficher. C'est si rare qu'elle t'appelle, d'habitude tu passes ton temps à l'harceler.

Alors forcément quand tu n'parviens à décrocher suffisamment vite, ton coeur loupe un battement « Merde... » Tu martèles plusieurs fois l'écran tactile avec une certaine impatience mais la tonalité sonne toujours dans le vide, ce qui t'agace fortement. L'inquiétude se presse au devant et malgré la tournure joviale de la soirée, la promesse faite à l'encontre de l'ange justifier, tu te défiles sans la moindre hésitation.« J'dois filer, une urgence mais c'est pour le taxi. » En dédommagement de ton esquive qui se passe d'une véritable explication, tu files un billet à Vidal qui trouvera, à n'en pas douter, une autre âme en peine pour le raccompagner à bon port. Une qui ne le laissera pas tomber aux premières lueurs du soleil levant d'orient.