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Au nom du père, du fils et du saint esprit - ft. Ángel

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Au nom du père...


Depuis que Darius lui avait confié que son frère était à New York, Sydney était obsédé par Ángel. Il venait lui rendre visite pendant ses rêves, lui faisant vivre les pires tortures possibles. La mutante avait beau utiliser son pouvoir pour tenter de reprendre le contrôle de ses cauchemars, ce n’était pas suffisant. Ses souvenirs, ses pensées prenaient le pas sur tout le reste. Il n’y avait pas une heure de la journée où elle ne pensait pas à lui. Elle était terrifiée à l’idée de le croiser dans les rues de New York. Est-ce qu’il la reconnaîtrait ? Comment est-ce que ça pourrait être autrement ? Ils avaient été si proches…

Gabriela n’était plus. Plus depuis de nombreuses années et pourtant, son ancienne vie ne cessait de lui revenir en plein visage depuis que Darius lui avait donné cette information à propos d’Ángel. Si sa première demande avait été de ne plus jamais reparler d’Ángel et de ne plus avoir aucune information à son sujet, les pensées incessantes à son égard poussaient Sydney à changer d’avis. Elle avait besoin de le voir, de se confronter à lui.

Elle était passée par toutes les émotions ces dernières semaines, parce que si elle lui montrait qu’elle était encore en vie et surtout qu’elle était à New York, c’était un risque, pas seulement pour elle, mais pour tous les mutants du Refuge. Si Ángel retrouvait sa trace, il trouverait aussi le Refuge. Elle ne voulait pas les mettre en danger. Et pourtant ce jour-là, égoïstement, elle avait pris la mauvaise décision. Sydney s’en voulait déjà d’avoir été aussi irresponsable.

Dimanche 19 juin.
Ses jambes la mènent jusqu’à l'Église proche de l’appartement d’Ángel dont elle connaît l’adresse grâce à Darius quelques jours plus tôt. Si son frère reste fidèle à lui-même, aucun doute qu’il ne fasse perdurer les habitudes religieuses familiales. Sydney continue d’assister à la messe régulièrement, elle aussi. Sa foi en Dieu ne s’est jamais évaporée. Certainement une des dernières choses qu’elle garde de son ancienne vie. Avec le maniement des armes à feu.

Elle a tellement peur de le croiser avant la messe, qu’elle arrive volontairement en retard. Sydney pousse la lourde porte discrètement puis elle reste en arrière. Ses yeux cherchent, ils scrutent l’assemblée à la recherche de ce fantôme du passé. Doucement, elle avance, se rapproche, puis elle le voit. Elle s’immobilise presque automatiquement. Il est le même et il est si différent à la fois. Sydney tente de garder un regard impassible, mais le voir la chamboule plus que de raison. Son corps se met à trembler presque automatiquement, ses muscles se contractent. Ses émotions se mélangent entre la peur et la joie. Une part d’elle est heureuse de le revoir après toutes ces années, mais l’autre est terrifiée à l’idée de ce qu’il pourrait lui faire. Il ne fera rien ici. Calme toi. se dit-elle intérieurement.

Sydney continue de se faufiler à travers les personnes pour rejoindre la même rangée qu’Ángel. Seulement quelques personnes les séparent. Elle tourne la tête vers lui, c’est plus fort qu’elle et leurs regards se croisent. Il semble si froid, si fermé. Son visage ne l’a jamais autant été. Elle détourne le regard, fixant désormais le prêtre qui poursuit la messe. Elle se concentre sur les prières, les murmurant avec le reste de l’assemblée en essayant de faire abstraction du regard de son frère sur elle. Sydney a du mal à se concentrer, les battements effrénés de son cœur manquant de faire exploser sa poitrine.

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Perché. Faucon supervise mission. Une de plus. L’œil à travers viseur repère cible dissidente. N’interviendra qu’en cas de nécessité. D’ailleurs, équipe guère au complet. Mioche revêche donne néanmoins du fil à retordre. Souffle lent. Se tient prêt à tirer. Mais visage intrus vint polluer mire. … Quoi ?! Focus se fait sur les traits. Lunette déviant de trajectoire. Gabriella ?!! Oreillette donne l’alerte. Demande au sniper d’agir car proie eut réussi à prendre la fuite. Mais cible se rapproche de celle qu’il suspecte être Gabriela. Alors snipeur s’applique. Vise épaule. Bastos plantée exprès dans endroit précis, afin de blesser sans risque trop important. Répond alors à équipe au sol : Cible touchée. Mais présence de civils. Tir compromis. La cible et ses complices ont pris la fuite direction Nord-Est. qu’il déclare, indiquant direction légèrement faussée afin de protéger petit groupe.


Visage hante depuis ce jour. Les traits reconnus d’une sœur mutante. Relation s’étant brisée sous le joug d’une haine d’un gène. Alors ça le travail le bougre. Sait sa sœur en ville. Depuis quand ? Qu’est-elle devenue ? Temps trop important écoulé depuis la dernière fois qu’il la vit. Peur s’étant emparé des traits innocents lorsque canon pointé vers elle. Elle qu’il s’était évertué à protéger envers et contre tout, tel le grand-frère qu’il eut toujours été. Toujours…


Debout. Les mains jointes. La tête baissée. Les yeux fermés. Froid. Cœur d’une église gagné afin de purifier âme par palabres saints. Comme tous les dimanches, fidèle à la loyauté indéfectible. Prie en même temps que comparses. Écoute attentivement office. Et pense à elle… Encore. Devine mouvement sur le côté. Ouvre les yeux et regarde. Sans y croire, la reconnait. Instantanément. Gabriela. Le menton se redresse en même temps que les lippes s’entrouvrent, marquant sa surprise. Puis il referme la bouche. Point d’hostilité dans le regard. Il est presque… rassuré de ne pas avoir halluciné l’autre jour. Forme de tranquillité saisissante s’éprend des pupilles qui ne se détachent pas de l’intruse. La mâchoire vint même se crisper. Elle se détourne et prie dans l’assemblée. Lui, a arrêté. Se doute que présence motivée par raison précise. Inconscience…

Messe arrive à son terme. Se détourne rapidement de cette ombre suiveuse. Laisse sortir fidèles papotant sur parvis. Dans réflexe presque mécanique, bougre sort paquet de cigarettes pour s’en griller une. Triste rituel qu’il s’octroie avant de se rendre au cimetière. Stèle parentale érigée en mémoire des corps restés au Mexique. Spot de recueillement pour proches autochtones.

Et sans même la voir, devine présence. Alors il amorce : … qu’est-ce que tu veux ? Parce qu’il se doute qu’elle est là pour lui. Mais les intentions demeurent floues… Carte de la distance avancée. Même si le cœur appelle à la prendre dans ses bras. Même si soulagement immense de la savoir saine et sauve. Même si joie intérieur de la retrouver enfin après toute ces années… Masque d’austérité conservé.


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Au nom du père...


Les battements du coeur de la jeune Vidal viennent se calmer enfin au fil de la messe. Elle n'est pas rassurée de se trouver si proche de son frère après aussi longtemps. Elle ne sait pas ce qu'il pense, ce qu'il veut. Une part d'elle a peur qu'il la tue, comme si elle n'était plus rien à son égard. Il avait essayé une fois, pourquoi pas encore une fois ? Pourtant, les prières venaient apaiser un peu ses pensées incessantes. Comme si Dieu venait lui offrir une caresse rassurante. Elle n'avait pas fait une erreur en venant aujourd'hui. Elle le sentait au fond d'elle sans vraiment expliquer pourquoi.

Sydney ne bouge pas une fois la messe terminée. Son regard, en revanche, retrouve le chemin d'Ángel. Elle suit ses mouvements lorsqu'il sort de l'Eglise. Doit-elle le suivre ? Si elle était persuadée qu'il ne lui ferait aucun mal dans un lieu saint, est-ce que ce sera différent une fois à l'extérieur ? Lui fera-t-il du mal ? Sydney se demande même s'il serait capable d'appeler ses collègues persécuteurs pour s'occuper d'elle. Serait-il prêt à la torturer ? Les multiples pensées reprennent dans son esprit, venant à nouveau l'agiter mentalement. Pourtant, elle n'aura pas le choix de sortir de cette Eglise à un moment donné.

— Donne moi la force que je peine tant à trouver... murmure-t-elle, les yeux fixés sur le Christ.

Sydney sort du lieu de culte, ses yeux parcours la foule avant de se tomber sur son frère, de dos, s'éloignant de l'Eglise. Elle refuse de se dire qu'elle a trouvé le courage de venir jusqu'ici pour le croiser sans obtenir une bribe de conversation avec lui. La mutante laisse ses pas suivre ce frère qui ne semble plus en être un.  Rapidement, elle comprend jusqu'où il se dirige. Dans le cimetière, il n'entreprendra rien non plus. Du moins, l'espère-t-elle. Le Ángel qu'elle a connu n'est plus le même homme. Elle ne doit pas l'oublier.

Elle le suit jusqu'à la stèle de leurs parents. Ils n'ont pas enterrés ici, mais au Mexique, mais leur passage à New York a causé la tristesse de beaucoup de personnes à leur mort. Une stèle ici est tout à fait cohérente. Ángel ne se tourne pas vers elle, mais c'est comme s'il sentait sa présence lorsqu'il demande ce qu'elle lui veut.

Sydney le rejoint pour se poster à côté de lui, parce qu'elle refuse de rester dans son dos. Elle se tient quand même à un ou deux mètres, par sécurité. Elle laisse le silence les envahir, réfléchissant à une réponse courte qui pourrait lui convenir.

— Je voulais juste voir si c'était vrai. Si tu étais bien réel.

Elle marque une nouvelle pause, détachant son regard de la stèle où le nom Vidal est gravé pour le poser sur son frère. Plus elle le regarde, plus elle voit à quel point il a changé. Son visage est marqué par la froideur et par le temps qui est passé. Ils ne sont plus des jeunes gamins. Ils sont des adultes. Qui ont prit des chemins très différents.

Et peut-être parce que j'ai besoin de comprendre...

Elle laisse sa phrase en suspend, pleine de mystères.
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Sans surprise, elle a suivi ses pas jusqu'à la stèle parentale. Possédée par idée qu'il juge déjà puérile et inconsciente. Parce qu'elle n'a pas à se trouver là. À proximité de celui qui la chassée et qui a comme mission de traquer dissidents comme elle. Haine injectée dans veines, fureur inculquée dans caboche candide. Chien parfaitement dressé à l'image du Clan. Mais pauvre cabot n'aura même pas su faire abstraction de sentiments afin d'accomplir ce pourquoi il eut été façonné…

Esprit déstabilisé en présence de la seule et unique survivante qu'il eut épargné. Parce que les souvenirs remontent. Parce que conscience d'un chemin pris alors que dessein différent espéré par parents. Sentiment aigre d'être passé à côté de quelque chose. Sentiment infernal et constant d'avoir failli au projet initial. Les regrets, les remords viennent dévorer tripailles pendant ces silences meurtriers qu'ils se laissent.

Sœur vint se poser à ses côtés. Déclare qu'elle voulait voir si c'était vrai, s'il était bien réel. Alors expire rictus, nerveux et moqueur vint marquer la négation sur faciès. Nouvelle bouffée nicotine calme souffle. Retrouve froideur et placidité. Masque retenant volcan d'émotions se réveillant par sa simple présence. Agacement de constater pareil effet sur corpus. Mais traqueur aura appris à se maitriser. Parce qu'on n'agit pas, jamais, sous l'impulsivité… Émotions au placard même si celles-ci sont à l'origine de l'engagement assassin. Désir profond vengeur pilote choix et ambition. Erreur…

Briseuse de silence ajoute qu'elle a besoin de comprendre… Comprendre ?! Frère s'impose rôle hostile qu'il déteste. Vient capturer faciès de son regard noir. Les lippes s'entrouvrent. Les quenottes scellées. La mâchoire reste verrouillée mais déclare à son tour avec retenue : Comprendre quoi Gabriela ?! Pourquoi je t'ai tiré dessus ? Comment j'ai pu rater mon coup ce jour-là ? Le corps se tourne entièrement vers elle afin de lui faire pleinement face. Il avance d'un seul pas continuant sa rétorque : … tu sais pourquoi. Tu sais ce que le clan fait aux mutants. Et tu sais très qu'il n'existe aucune exception. qu'il dit, acide. Insistance mise sur les trois derniers mots.

Parce que non. Il n'existe aucune exception, sauf elle. Survivante.
Grâce à un frère complice, qui ne cherche qu'à l'éloigner de lui.
Conscience affreuse d'incarner pire menace.


Mais quelque chose sonne faux dans ses mots malgré lui. Incapable de violence envers celle qu'il a protégée face aux massacreurs mexicains. … tu ne devrais pas être ici. qu'il termine. Plus calme. Empreint d'une fausse sérénité. Va-t-en...


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Au nom du père...


Bien sûr qu’elle connaît le danger en le suivant loin de l’Eglise, mais ils sont face à la stèle de leurs parents, dans un cimetière. Sydney espère qu’il ne fera rien ici, qu’il n’a pas cherché à l’amener ici pour la tuer plus facilement. Cette pensée lui glace le sang et elle la repousse très rapidement. Sydney n’a pas envie de penser que son frère la déteste au point de commettre un acte pareil en ce lieu, mais elle sait aussi par quels messages de haine il a été élevé à l’égard des mutants. Elle a entendu les mêmes durant toute son enfance. Si elle n’en avait pas été une, elle les aurait certainement détesté, elle aussi. Pourtant, lorsqu’elle avait pris conscience de sa mutation, elle avait dû se contraindre à avouer qu’elle ne se sentait pas plus mauvaise qu’elle ne l’était avant de le savoir. Rien n’avait changé. Elle n’avait jamais voulu faire du mal à son prochain. Aucune animosité n’était apparue avec la mutation. Simplement une différence qu’elle avait toujours pensé être une mauvaise chose. Lors de son voyage à travers le monde et à la quête d’elle-même, elle a compris que l’inconnu à toujours fait peur aux hommes. Elle s’est promis ensuite de ne jamais juger quelqu’un sans le connaître.

Malheureusement, elle comprend très vite que son frère n’a pas eu la même chance d’ouverture d’esprit. Il est toujours le même. Ses valeurs n’ont pas changées. Il suffit de voir son regard froid, haineux pour le comprendre. Sydney a le cœur en miettes dès l’instant où il s’adresse à elle, crachant les mots comme si elle le dégoutait. Ce qui lui fait le plus mal, c’est lorsqu’il prononce ce prénom qui a toujours été si doux entre ses lèvres autrefois. Un prénom que plus personne n’utilise. Un prénom qui lui rappelle l’enfant et l’adolescente qu’elle a été. Elle pourrait le reprendre, c’est ce qu’elle aurait eu envie de faire spontanément. Mais elle ne sait pas qui se cache derrière ce visage. Il n’est plus son frère. Plus vraiment… Sydney ne peut pas se résoudre à lui partager sa nouvelle identité. Ce serait malheureusement beaucoup trop risqué.

Lorsqu’il fait un pas vers elle, elle recule instinctivement. Sydney souhaite garder cette distance avec lui, par peur qu’il lui saute à la gorge pour lui faire du mal. Elle se sent plus en sécurité comme ça alors qu’au fond, elle rêve de pouvoir se jeter dans ses bras et oublier toutes ces années loin de lui.

Elle enregistre chacun de ses mots et elle réfléchit. Tout ça lui semble si incohérent… Aucune exception et pourtant, elle est toujours là. Bien vivante.

Alors pourquoi est-ce que je suis toujours en vie ? Je n’étais qu’une gamine, j’avais 14 ans et je n’avais nulle part où aller. Je sais que tu étais en capacité de me retrouver. Tu connaissais les endroits où j’aurais pu me cacher, les endroits que j’aimais. Pourquoi est-ce que tu ne l’as pas fait ?

Elle n’était pas agressive. Au contraire, elle était très douce. Peut-être pour ne pas attiser la rage de l’animal prêt à bondir face à elle. Mais aussi parce qu’elle n’avait aucune haine envers son frère. Elle n’avait pas menti, si elle était venue à sa rencontre, c’était parce qu’elle avait besoin de comprendre. Peu importe sa réponse, ça lui permettrait de tourner enfin cette page de sa vie qui était toujours aussi douloureuse. Elle le serait certainement encore longtemps. Peut-être pour toujours. Mais elle ne serait plus confrontée à ce flou.

Le calme dont fait preuve subitement l’aîné vient renforcer de nouveau cette peur chez la mutante. Il n’est pas vraiment calme et elle le sait. Il bouillonne et elle le voit. Son corps est contracté d’une certaine manière qui montre son agitation intérieure. Le problème d’Ángel et Gabriela, c’est qu’ils étaient très proches et donc qu’elle lit en lui comme dans un livre ouvert. Les larmes lui montent aux yeux sans qu’elle ne puisse le contrôler. Parce que les mots de son frère sonnent comme une menace pour elle. Si elle reste ici, que risque-t-elle ? Sydney l’ignore, mais elle n’est pas suicidaire pour attendre de le découvrir.

Je ne vais pas t’ennuyer plus longtemps, dit-elle alors que sa voix se brise sans qu’elle ne puisse le contrôler.

Elle ne s’autorise pas à pleurer devant lui. Sydney s’agenouille finalement devant la stèle familiale puis elle embrasse le bout de ses doigts avant de venir caresser les noms de ses parents. Leur mort est l’un des grands traumatismes de sa vie. S’ils étaient encore là, elle se demande si la situation aurait été différente. La mutante recule ensuite, s’éloignant à reculons d’Ángel pour ne pas lui tourner le dos.

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Un pas vers elle engendre pas en arrière. Distance maintenue. Portée des palabres restant néanmoins la même. Les mots sont durs. Tant à penser qu'à dire. Les entendre, amorce le salut d'un passé lointain, qui n'est plus. Ne doit plus être. Échos du passé qui viennent tourmenter verbes qu'elle sort. On y est. Persécuteur mis au pied du mur. Doit faire front avec réalité évoquée. Pourquoi ? Pourquoi est-elle toujours en vie s'il n'y avait guère d'exception ? Pourquoi ne l'avait-il pas cherché ? Pourquoi l'avait-il laissé filer ? Pourquoi Ángel ?

Les sourcils se froncent un instant. Les lippes s'entrouvrent mais ne laissent échapper aucun mot. Quenottes scellées apparentes. À nouveau, devient aphone. La bouche se pince. Vérité trop dure à dire, trop lourde. Parce que celle-ci la menacerait. Il a promis… Promesse muette de toujours protéger sa sœur. Toujours.

Traqueur voit les larmes rougir mirettes d'une sœur perdue. Ça le brise de l'intérieur. Le cœur se serre. La respiration se coupe. Cage thoracique en feu. Bougre en oublierait presque la cigarette coincée entre les phalanges qui continue de se consumer lentement. Alors, résiliée déclare qu'elle ne l’ennuiera pas plus longtemps. Sa voix se casse sans pour autant déverser les larmes du fond de sa gorge. Elle s'agenouille devant la stèle sous les yeux attentifs du brun. Dépose geste d'affection avant de se redresser et de reculer. S'éloigne.

Instant suspendu dans le temps. Se demande s'il n'est pas en train de la perdre à nouveau. Elle fait le choix de partir sans savoir. L'évidence brûle à la gargue rendant les mots impossibles. Il s'en veut. Regrette. Sent ses tripes le travailler. Ressent à nouveau cette sensation horrible de la voir partir. Fuir. Parce que son seul moyen de la protéger ce jour-là, c'était de la chasser… Aujourd'hui, il a grandi. Évolué. Aujourd'hui il pourrait réellement la protéger. Autrement. Mais il l'a certainement perdue… Elle a fait sa vie sans lui, a évolué dans l'idée qu'il la hait pour ce qu'elle est. Et pourtant il l'aime… Plus que tout. Elle est son ancre. Le dernier membre de sa famille. Sa sœur…

Le regard se détourne enfin. Parce qu'il ne peut l'affronter, mais ne peut la laisser repartir. Pas encore. Je… J'ai pas pu. qu'il avoue. Amorce maigre d'un début. Glandes lacrymales étant restées asséchées depuis funérailles, retrouvent semblant de contenance. Les traits du visage se relâchent : Gabriela je… Je suis désolé. Qu'il soupire. Combat contre lui-même perdu. Capitule. Honteux. J'ai pas pu.. Qu'il répète, plus bas encore, comme si c'eût été la seule explication. Parce que non. Il n'avait pas pu assassiner sa petite sœur. Il n'avait pas pu mettre un terme à leur relation si fusionnelle, si complémentaire, si salvatrice. Il n'avait pas pu faillir à sa promesse de prendre soin d'elle. Il n'avait pas pu abattre la seule personne pour qui il comptait vraiment dans cette famille. Non. Il n'avait pas pu...


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Elle s'apprête à tourner les talons une fois qu'elle est suffisamment éloignée de lui pour se permettre de lui tourner le dos. Mais alors qu'elle s'apprête à le faire, les mots s'échappent maladroitement de ses lèvres et elle s'immobilise. Elle reste là, sans bouger, comme paralysée. Sydney se demande si elle a bien entendu ces quelques mots ou si c'est ce qu'elle rêvait d'entendre au fond de son coeur. Mais Ángel reprend. Il répète. Il appuie sur ces mots si fragiles qui sont un réel soulagement pour la mutante.

Ce n'était pas à cause de la surprise. Il a manqué volontairement sa cible. Maintenant, elle le sait. Ángel vient de lui confirmer plus ou moins à demi-mot. Et alors ? Quelle est la suite ? Sydney l'observe, elle refait quelques pas vers lui, séparant la distance qu'elle avait installée. Ses yeux se posent sur son visage si dur. Son frère lui manque terriblement et elle a envie de le prendre dans ses bras. Elle meurt d'envie de le retrouver comme autrefois. Comme il y a vingt ans de cela. Mais trop de temps s'est écoulé et elle n'est pas sûre que ce soit la bonne chose à faire. Sydney est perdue. Tiraillée par cette révélation qui est autant un soulagement qu'un coup de massue.

Ne t'excuse pas... Tu n'avais pas le choix.

Leur parrain n'aurait jamais accepté qu'il l'épargne. Lui et ses amis avaient certainement dû la chercher pendant des heures, des jours entiers. Ángel les avait-il envoyé vers une fausse piste ? Elle se disait que c'était certainement le cas pour qu'ils ne l'ait jamais retrouvé.

J'ai réussi à rentrer à New York, après de longs mois difficiles... J'ai pas toujours mangé à ma faim et j'ai dû dormir dans des lieux bien trop dangereux pour la gamine que j'étais. Mais j'ai réussi à m'en sortir Ángel. Je vais bien. Une connaissance de maman m'a recueillie ici. Il a pris soin de moi.  

Sydney marque une pause en réalisant qu'elle est en train de se confier à lui, comme autrefois. Elle pince ses lèvres entre elle et lâche un léger rire nerveux, sentant les larmes s'échapper sur ses joues sous le coup de l'émotion.

Je suis en vie et c'est le plus important. J'ai la chance de t'avoir revu au moins une fois dans ma vie... c'est un cadeau inestimable à mes yeux.  

Elle le regarde avec tout l'amour qu'elle lui a toujours porté. Même si elle a eu des doutes sur le fait qu'il ait cherché à la tuer, elle n'a jamais pu se résoudre à le détester pour cela. Bizarrement, elle a toujours réussi à se mettre à sa place. Parce que ses pensées à l'encontre des mutants n'est qu'un bourrage de crâne stupide.

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Vérité amorcée par ces maigres mots résumant grossièrement ce qu’il s'était passé ce jour-là. Incapable d’honorer ce pourquoi il eut été élevé lorsqu’il avait s’agit de sa sœur. Sa petite sœur. Celle qu’il avait sauvée et protégée. Celle pour qui il avait promis à ses parents de toujours veiller sur elle. Alors, bien malgré eux, sœur se fige, refaisant quelques pas vers lui. Attention toujours présente. Légitime. Et c’est la compréhension qui résonne au travers de sa gorge à elle. Elle sait qu’il n’avait pas le choix. Elle sait et se souvient de l’éducation qu’ils ont eue. Drastique. Extrême. Idées bien trempées ne laissant guère place à quelconque degré de tolérance.

Alors, elle explique. Conte péripéties vécues, épreuves surmontées de ce qu’il fut après sa fuite. Culpabilité s’éprend des tripes. Mais c’était soit ça, soit la mort. Désolation que d’apprendre pareille misère. Mais elle a survécu. S’est débrouillée. S’est construite malgré tout. Elle va bien. Elle va bien. Et c’eut tout ce qu’il aurait aimé entendre des années auparavant.

Bougre tique sur une phrase « Une connaissance de maman m’a recueillie ici. Une connaissance ? Brun fronce les sourcils. Qui ? Qui de leurs proches aurait pu transgresser la valeur fondamentale de leur famille sans complexe afin de sauvegarder existence jugée dissidente ? Mais le léger rire nerveux de sa sœur le ramène bien vite au présent. Raflant quelques larmes au passage qui ne manque pas d’attirer l’attention du frère, don marques de tristesse l’ont toujours insupportées. Lui, le premier se missionnant à les essuyer.

Elle est envie et c’est le plus important. Il acquiesce malgré un regard fuyant vers le bas. Le sol en pilier visuel. Honte qui s’empare de lui. Sœur exprime la chance de l’avoir revu. Au moins une fois. Cadeau inestimable pour elle… Mirettes viennent reconquérir les siennes. Voit ses yeux plein d’amour comme celui d’antan. … Je suis content de t’avoir revu aussi. De savoir que tu es en vie, que t’as survécu à ça… qu’il avoue, doucement. … Je suis… Je suis désolé de tout ce que tu as dû traverser. J’voulais pas… J’voulais pas ça pour toi.

Affliction, culpabilité, rage, honte et soulagement se mêlent dans une dance frénétique. Larmes depuis longtemps enfuies arrivent enfin à se frayer un chemin jusqu’à donner brillance certaine aux globes qui – une nouvelle fois – se perdent dans le vide. Les phalanges tatouées amènent mégot aux lippes. Il inspire et expire tout aussi vite et plus longuement. Recherche une stabilité émotionnelle. Ne sait pas quelle attitude adopter. Voudrait la prendre dans ses bras et la chasser en même temps. Voudrait l’écouter parler et la faire taire. Voudrait s’excuser et effacer le passer. Tout recommencer. Regrette. Regrette fort. Fondements ébranlés depuis ce jour-là. Persécuteur pourri d’avance…


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Sydney est heureuse d'être là. Face à son frère. Elle a appréhendé ce moment pendant des semaines. Elle s'est demandé si aller le "confronter" n'était pas une mise en danger. Finalement, Àngel reste son frère. Bien que leurs différences les rendent ennemis. Sydney laisse doucement Gabriela reprendre le pas. Son ancienne identité qui a toujours été là quelque part, mais qu'elle a dû mettre de côté par protection.

Le passé ne peut plus être changé. Ça ne sert à rien de t'en vouloir pour ça... On ne peut modifier que le futur désormais...

Elle laisse sa phrase en suspend, attendant une réaction de la part de son frère. Un futur qu'elle espère sera meilleur. Retrouver son frère ? Partager de nouveau des instants avec lui ? Sydney ignore si cela est réellement possible. Ils ne se sont pas vu depuis vingt ans. Elle ne sait rien de l'homme qu'il est devenu et elle continue de le craindre quelque peu. Pourrait-il lui faire du mal ? Malgré ses excuses sur la vie qu'elle a eu ? Il reste Àngel. Celui qui a grandit dans la haine des mutants. Et Sydney est une mutante.

Cette pensée la ramène à la triste réalité. Elle observe son frère avec une pointe d'appréhension avant de poser la question qui lui brûle dangereusement les lèvres.

Pourquoi es-tu revenu à New York ? Depuis combien de temps es-tu ici ?

Elle craint qu'il soit là pour des mauvaises raisons. Une lutte contre les mutants, par exemple. Sydney espère au fond de son coeur qu'il soit rentré pour un retour aux sources. Pour se souvenir de son enfance, quand leurs parents étaient encore en vie. Le doute l'envahit et elle ne peut rien faire de plus qu'attendre la réponse d'Àngel.

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« Le passé ne peut être changé. » Évidence qui résonne en écho insupportable dans la caboche de l’aîné. Non. Il ne peut être changé. Il aurait dû être différent. Tellement différent… Mômes étaient destinés à d’autres desseins espérés par des parents émancipés. Malheur pour eux que d’être tombés sous le joug d’une vengeance funeste, associé au patronyme porté. Condamnés par le nom porté. Vidal en malédiction inévitable.

Douce répond qu’il n’a pas à s’en vouloir du chemin qu’elle a pris, malgré qu’il en fût l’investisseur. Frère reçoit la remarque sans pour autant la légitimer. Car s’il l’avait tuée, elle n’aurait jamais connu ça…

Et c’est dans une optique folle, un espoir abstrait qu’il appréhende un futur possible au travers de ses dires. « On ne peut modifier que le futur désormais… Adverbe utilisé, laisse le doute envahir le brun. Parce qu’à partir d’aujourd’hui, ils sont les acteurs de leurs propres vies. Ils seront maîtres de ce qu’ils décident de vivre… Vraiment ? Était-elle réellement prête à balayer des années d’absence dans la peur et la menace pour pouvoir espérer imaginer la résurrection de leur relation d’antan ? L’idée le laisse perplexe même si utopie adorée et souvent fantasmée. Néanmoins, c’est la nostalgie qui bataille contre la haine et la honte. Elle gagne du terrain. S’empare des souvenirs doucereux pour les calquer sur leur réalité imaginaire, infusant l’envie de la sentir à nouveau dans ses bras et d’essuyer ces traitresses insupportables humidifiant son visage.

Question fatidique posée. Pourquoi était-il rentré ? Parce qu’il avait nourri le désir profond d’une vengeance indiscutable. Celle-là même qui était le ciment de ce qu’il était devenu aujourd’hui. Pur produit d’une guerre qui ne verra jamais sa fin. Mais au fond, n’y avait-il pas un autre raison ? Celle d’un véritable retour aux sources ? … J’ai toujours voulu revenir ici. Se contenta-t-il de répondre. Parce qu’il s’était fait la promesse de les ramener dans leur maison. Rêve de gosse qui jamais ne se réalisa. J’suis là depuis longtemps. Depuis ma majorité. Mais ça a été… compliqué. Parce qu’il y avait eu la prison puis le projet militaire qui tomba à l’eau. Ensuite, il y eu le recrutement qui offrit alors les moyens et la perspective d’accomplir la vengeance. Non pas pour l’honneur des Vidal. Mais bel et bien pour la mort des parents ayant fomenté avenir autre que celui dont ils sont issus…

Destinée ratée.
Ironie que de voir mioche prendre les armes.
Armes évitées par géniteurs.
Égorgés par même arsenal.
Chiard revanchard…

Quelle est cette connaissance de maman qui t’as aidée lorsque tu es revenue ? qu’il demande à son tour, suspicieux. Parce qu’aucun nom lui venait en tête, mis à part un seul potentiel, mutant lui aussi…

Crainte d’entendre son nom.
Crainte d’avoir menacé allié…


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Au nom du père...


Oui, Sydney avait appris la résilience au fil des années. Parce que continuer d'en vouloir aux gens était quelque chose qui pouvait bouffer la vie. Elle préfère "pardonner", ou du moins accepter la situation telle qu'elle est et aller de l'avant. Ça coûte moins d'énergie que de se ronger de l'intérieur. Bien que la peur reste présente quand il s'agit de son frère. Pouvoir engager une conversation avec lui est déjà un signe plutôt positif pour la suite. Du moins, elle l'espère.

Elle pince les lèvres en entendant les mots d'Àngel. Parce qu'elle comprend son désir de revenir ici, à New York, là où ils ont passé leur petite enfance. Le lieu de vie de leurs parents. Elle frémit cependant en apprenant qu'il a quitté le Mexique depuis sa majorité. Cela fait des années qu'ils auraient pu se recroiser et cette nouvelle enchante guère la jeune femme. Même si elle est heureuse de le revoir, elle se dit que les choses auraient aussi pu se passer autrement. La crainte de son frère reste toujours présente dans un coin de sa tête.

Compliqué comment..? demande-t-elle spontanément.

Elle a besoin d'apprendre sur lui. Une partie d'elle veut rattraper le temps perdu. Mais elle penser à ne pas aller trop vite. Elle ne sait pas ce qui se passe dans la tête d'Àngel. Sydney doit rester méfiante.

Il interroge. Il souhaite connaître le nom de la connaissance de leur mère qui a recueilli sa soeur. La cadette hésite, mais elle sait qu'ils se sont déjà croisé. Est-ce que ça changera quelque chose ? Elle ne pense pas. Ça ne devrait pas mettre en danger Darius, alors elle répond :

C'est l'homme qui nous a offert une peluche à l'enterrement. C'est lui qui m'a informé que tu étais à New York, avoue-t-elle.

Elle laisse le silence s'installer entre eux avant de poser la question qui lui brûle les lèvres. Elle ose, parce qu'elle est en confiance avec cette conversation. Mais elle prend aussi le risque de réveiller les pulsions meurtrières des mutants de son frère.

C'est quoi la suite pour nous ? Tu...tu sais que...certaines choses ne pourront jamais changer...

Elle parle de sa mutation, parce que c'est cet événement qui a bouleversé leur relation et créé cette rupture de vingt ans entre eux.
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Compliqué comment ? Échos d’un parcours chaotique revirent par vague alors que mémoire eut pris soin de les occulter et t’en puiser le strict nécessaire afin de se construire et d’avancer. Parce qu’il y avait eu cette envie d’intégrer l’armée réduite à néant par – une fois de plus – la malédiction familiale. Séjour carcéral décroché. Heureusement, peine allégée. Puis, il y eut ces magouilles dans les ombres, synonyme d’une débrouillardise indispensable. Puis, cette promesse de salut lors d’un recrutement sauvage au lavage de cerveau efficace…

… C’pas important. qu’il lâche, résilié. Parce qu’il se rendit compte que l’un comme l’autre avait traversé des épreuves qui ne pouvaient pas se comparer. Surtout lorsque l’un des deux eut grandi avec l’idée que l’autre ait voulu sa mort. Jamais il n’avait dû traverser ça. Et jamais, il ne l’aurait supporté…
Non. Ce n’est pas important, car ce qui compte aujourd’hui, c’est où ils en sont.

Alors, lorsqu’il demande déclin de l’identité de ce sauveteur de l’ombre, cadette balance la vérité qu’il redoutait le plus. James Couture. La tête bascule en arrière dans un mouvement affligé. Un … putain s’extirpe des lippes. Il en était sûr. Il fallut que ce soit lui. Mutant qui avait traversé le temps, atterrissant dans ligne de mire. Secret qui s'était bien gardé de dire lors de leur dernière rencontre. Saleté. Frangin se sent alors comme redevable envers fourbe. Parce que même s’il eut occulté ce fait, il avait recueilli sa sœur et l’avait aidée… Reconnaissance obligée.

Puis vint ce silence. Ce silence qui s’impose et où le cœur reste en suspens. Où les deux frères se font face pour la première fois. Depuis des années. Depuis trop longtemps. Lourdeur dans le thorax du brun qui perd pied, ne sachant pas quoi dire ou faire. Parce qu’elle incarne sa seule exception. Et que les exceptions n’ont pas de règle. Alors, elle demande ce que sera la suite. La crainte dans sa voix, toujours. Insupportable. Souligne l’inévitable évidence de leurs natures opposées.

… J’en ai conscience. qu’il lui répond dans un premier temps, presque désolé. Remuant les épaules dans une tentative de détente vaine. J’pensais pas qu'ce jour arriverait. J’l’ai déjà imaginé plusieurs fois quand j’pensais à toi et à ce que tu étais devenue. À comment ça se passerait et à ce qu’on pourrait se dire… L’émoi le hante et se voit. Se mord la lèvre avant de poursuivre : … J’ai autant espéré te revoir que de ne jamais te retrouver Gaby. Parce que… Parce que j’ai promis que j’te protègerais. Et la seule façon que j’ai trouvé de le faire, c’est de te tenir éloignée de la famille et de… et de moi. Les mots ont du mal à sortir. Parce qu’ils sont si lourds de sens, si lourds à porter, si lourds à donner. La perspective d’un eux le fait rêver. Réellement. Mais la conscience de leur réalité le rattrape. Est-ce réellement prudent de se retrouver ?

… Tu me manques. Murmure fataliste, témoigne de la guerre intérieure qu’il mène en ce moment même.


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Au nom du père...


L'émotion rend Sydney tendue, parce qu'elle ne veut pas se laisser aller aux larmes alors que ses yeux brûlent de laisser échapper des sanglots. Elle observe son frère, toujours à une distance suffisamment rassurante pour elle. Sydney ne réalise pas. Elle ne comprend pas comment tout ça est possible. Elle était persuadée qu'il la détestait.

Lorsqu'il lâche un juron alors qu'elle vient de lui dévoiler l'identité du mutant qui la recueillie et protégée, le doute s'empare de la jeune Vidal. Elle observe Ángel, les lèvres pincées. Elle se sent obligée d'ajouter :

Ne lui fait pas de mal... Il... il compte pour moi.

Elle ne sait pas ce qu'il se passe dans la tête de son aîné, elle ne sait pas qu'il se sent reconnaissant envers ce mutant. Elle n'est pas dupe, elle a conscience qu'Ángel sait qu'il est mutant. Elle craint qu'il ne lui arrive malheur. Même si elle sait aussi que Darius est sait se défendre par lui-même.

Puis la bombe est posée et le silence les envahit. Le coeur de Sydney s'est mis à battre un peu plus vite. Elle a peur. Peur de sa réponse et de ce que ça pourrait provoquer. Ces retrouvailles avec son frère sont la preuve que tout n'est pas perdu. Que sa croyance profonde qui lui fait penser qu'humains et mutants peuvent vivre tous ensemble est possible. Cette peur des mutants n'est qu'une méconnaissance de qui ils sont. Néanmoins, tout n'est pas encore gagné et le silence commence à peser Sydney. Jusqu'à ce que les mots s'extirpent des lippes masculines. Les nouveaux aveux bouleversent la cadette. Elle est secouée par l'émotion de savoir que si Ángel a fait semblant de lui tirer dessus, s'il n'a jamais chercher à la revoir en vingt ans, c'est uniquement pour la protéger. Sydney baisse la tête et secoue la tête, une larme roule sur sa joue, elle est touchée profondément et elle n'arrive pas à la retenir.

J'ai cru pendant si longtemps que.... que tu me détestais profondément... Je... Si j'avais su tout ça avant.. Les choses auraient été si différentes...

Elle ne se serait peut-être pas détestée elle-même comme ça avait pu être le cas après la découverte de sa mutation. Sydney avait été éduquée à haïr... ce qu'elle était. Son seul repère dans la vie était son frère après le décès de leurs parents et lui aussi, était censé la haïr. Cela n'avait pas été évident pour elle de se construire dans la vie avec cette base là. Presque seule. Les mots qui suivent la bouleversent d'autant plus. Ces mots qu'elle a tant espérer, mais qu'elle pensait impossible. De nouvelles larmes s'écoulent sur ses joues. Une grimace déforme ses traits car elle déteste pleurer, se sentir vulnérable... Et pourtant il s'agit d'Ángel. Plus jeune, il a toujours été celui capable de sécher ses joues humides. Elle tente de se reprendre pour réussir à dire en retour :

Tu me manques aussi... Tu m'as manqué chaque jour passé loin de toi... En découvrant ma mu... Elle ravale ce terme qu'elle n'ose pas encore prononcer devant lui, comme si cela était tabou et que cela pouvait déclencher la colère de son frère. ...en découvrant qui j'étais, je t'ai perdu toi. Je pensais que ce serait pour toujours, avoue-t-elle douloureusement.

Une part d'elle à envie de briser la distance qui les sépare et de venir se blottir dans les bras de son frère, comme elle pouvait le faire autrefois. La jeune Gabriela pouvait compter sur lui à chaque seconde. Ils étaient si liés... Si collé l'un à l'autre. Elle rêve de pouvoir de nouveau le serrer contre elle. Mais une autre part d'elle est encore tétanisée. Elle a été persuadée pendant tant d'année qu'il avait essayé de la tuer et qu'il avait simplement manqué sa cible. Elle ne peut pas effacer ces vingt années d'angoisse caractérisé par le visage de son frère.
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Affection qu’elle porte à ce sauveur, dévoilée. Parce qu’il est celui qui l’aura aidé lorsqu’elle est revenue, il lui éprouve cette forme de reconnaissance crasse. Geste jalousé par l’aîné qui aura toujours endossé ce rôle jusqu’à ce jour. Ce jour où il prit la décision de la chasse pour ne pas la tuer, parce qu’il en était incapable. Elle restait la seule et l’unique icone de cette famille aimante dans laquelle il avait grandi. Rôle accentué après la mort de leurs parents. Jamais il ne serait capable de mal envers cette survivante. Jamais

La confidence la touche. Il la voit baisser la tête et marquer la négative. Voir une nouvelle larme glisser sur sa joue, lui fend le cœur. Confie qu’elle a grandi et évolué avec l’idée d’une haine profonde envers elle. Et malheureusement, c’est ce qu’il voulait. C’est ce qu’il a voulu. Pendant une fraction de seconde, c’eut été le plan qu’il avait engendré par la déflagration. Parce qu’à ses yeux, c’était le seul moyen de la protéger de ce qui l’attendait réellement. L’idée même d’imaginer ce qui lui serait arrivé entre les mains des Vidal, lui donne la nausée. Il n’aurait pas pu le supporter…

Je suis désolé…
Si profondément désolé.

Il lui avoua qu’elle lui manquait. Qu’elle lui avait toujours manqué. Tous les jours un peu plus depuis. De nouvelles larmes déferlent sur sa peau. Ça le rend dingue d’en être l’auteur. Alors les globes rougissent de plus bel. Et lorsqu’elle lui confessa que lui aussi, chaque jour, il entretenait ce vide en elle, les traitresses vinrent saluer le bord de ses yeux. Elle avait dû troquer sa fraternité contre sa mutation. Elle n’avait pas eu le choix. Il ne le lui avait pas laissé. Il fallait qu’elle s’éloigne. Pour survivre. Et elle l’a fait. La mâchoire se verrouille une seconde, retenant le trop plein.

Alors, face à la stèle parentale, le frère s’excusa. … Je suis.. Je suis tellement désolé Gaby. Je ne t’ai jamais détesté. Jamais. Tu es… tu es la seule personne qui me restais et j’aurais… Je n’aurais jamais été capable de quoi que ce soit contre toi. Mais je n’aurais jamais été capable de supporter qu’ils te tuent… Et pour la première fois depuis les funérailles, une perle salée délicate s’échappa. Se raclant la gorge et essuyant la traitresse rapidement, il reprit : Mais tu as raison... le passé ne peut être changé maintenant. Je suis... Je suis content de voir que tu es... que tu es en vie et que tu es devenue quelqu'un. Sans lui. Et sans la menace se conjuguant avec le patronyme des Vidal.


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De nouvelles excuses sont prononcées par son frère. Sydney a l’impression qu’elle va exploser à cause de ce trop plein d’émotions qui la submergent. Encore une fois, il prononce ce surnom tant de fois utilisé autrefois. Cette identité qui n’est plus la sienne, mais qu’elle regrette à cet instant précis. Changer de nom a été un crève-cœur pour Gabriela. Elle a dit adieu à ce nom précieux à ses yeux. Celui de sa famille, de son frère, mais surtout de ses parents qui lui manquent cruellement chaque jour. Elle sait Sydney, qu’elle n’a pas eu le choix pour survivre. Ça aurait été trop facile de la retrouver si quelqu’un avait voulu le faire. Aujourd’hui, il est facile de retrouver ce que font les individus grâce aux activités bancaires notamment. Elle avait peut-être des homonymes, mais elle ne voulait prendre aucun risque. Elle avait préféré brouiller les pistes. Même si elle regrettait aujourd’hui de ne plus porter le même nom que son frère ni le prénom tant aimé par ses parents et choisi soigneusement pour elle.

Sydney observe cette larme couler sur la joue de son frère. Ángel ne laisse pas le temps à cette larme de s’enfuir, il l’essuie. Elle en conclut qu’il n’est pas habitué à pleurer et à montrer quelconque sentiment. Elle n’est pas étonnée. Il a été formé à être froid, sans cœur envers la race des mutants. Sydney se demande simplement s’il s’autorise à ressentir, parfois de la tristesse.

Je t’aime Ángel… se contente-t-elle de répondre, trop bouleversée pour ajouter autre chose.

Puis elle reste là, toujours trop hésitante à venir le prendre dans ses bras alors qu’elle en meure d’envie. Une force inconsciente qu’est la peur l’en empêche, elle est incapable de rompre les mètres qui les séparent. Même si elle voit bien que son frère ne lui fera aucun mal. Elle n’a presque plus aucun doute sur sa sincérité. Le problème, c’est que lorsqu’on a assimilé une personne à un danger pendant vingt ans, le corps à une mémoire et il est difficile de faire disparaître cette alerte.
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La traitresse salée est rapidement essuyée. Il lui confia à demi-mot qu’il était fier, qu’il était heureux de la savoir en vie. La voir être quelqu’un, le rassure et le consolide dans le choix qu’il eut fait autrefois. Et c’est parce qu’elle se tient debout devant lui aujourd’hui, qu’il recommencerait si ç’eut été à refaire. Sans hésiter, même si cela fut à l’origine d’un trauma ou d’une haine qu’il aurait compris, la légitimant dans les conséquences de ses propres choix. Parce que vivre avec l’idée d’une sœur haineuse et vivante est davantage supportable que de vivre avec l’idée d’une sœur morte de ses mains.

Et comme simple rétorque, elle ne peut qu’évoquer les mots les plus importants au monde. Ceux qui font franchir les lignes. Ceux qui déportent les frontières. Ces mots qui se suffisent à eux-mêmes et dont la portée et bien plus profonde et bien plus tranchante que son antonyme. Elle l’aime. Alors, il sourit. Automatiquement. Ne peut s’empêcher d’afficher cette moue sous la chaleur que ces syllabes font naitre chez lui. Globes oculaires conservent leur rougeur et les larmes ne dépassent pas la bordure des paupières. Ça le touche.

… Je t’aime aussi Gaby. qu’il souffle, qu’il murmure, la gorge trop serrée que pour laisser entendre sa voix trop rauque.

Les palabres sonnent comme un au revoir. Mais pas d’adieu cette foi. Juste la fin d’une rencontre. De leur première rencontre après un paquet d’années. Des années à tenir la vérité à l’écart, car celle-ci s’avère funeste pour l’un comme douloureuse à porter pour l’autre. Ils se reverront.

À cet instant, ils n’ont plus besoin de mot pour parler. Les regards se sont accrochés et l’attitude parle. Par la distance imposée, il sait et il sent que le poids du passé l’impose. Et il ne le brisera pas. Elle l’a retrouvé une fois. Elle est capable de le refaire si tant est qu’elle en ait besoin. Il la sait désormais capable de le retrouver dans des endroits neutres où le risque est moindre… Et c’est ce qui compte. Secret devant être maintenu.


Les mires regardent une dernière fois la stèle parentale qui veille sur cet instant. Un ultime regard jeté à Gabriela et le brun recule d’un pas, glissant les mains dans ses poches, il se détourne et s’en va. Prend la direction de la sortie du cimetière tout en regardant le sol. Les larmes se font toutes aussi lourdes que les pensées dont il est affublé à l’instant. La démarche est quelque peu ralentie également, mais reste assurée.


Au revoir Gaby...


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