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haunted memento — SETH

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haunted
memento
You can close your eyes to reality but not to memories. —   @Seth Avery    



Rentrée depuis quelques heures, Mara se complaisait dans son propre silence. Un silence auquel elle n'aimait que rarement prêter attention. Car avec le temps, elle avait plutôt appris à considérer le bruit extérieur comme particulièrement salvateur ; pour couvrir le vacarme de sa conscience et de ses pensées dissidentes, pour l'aider à oublier tout ce qui devait être oublié.
Et malgré toute sa volonté de mettre sous clé certains souvenirs et bon nombre de pensées qui lui avaient jadis crevé le cœur ; Elle se rendait compte que tout était encore là, que le verrou avait sauté suite à des retrouvailles qu'elle avait cessé d'espérer.

Ainsi ce silence de mort ramenait-il Mara vers Clare.
Une Clare qu’elle s’était jurée d’oublier.
D’effacer.

Il lui rappelait au bon souvenir de cette gamine étendue dans un lit d'hôpital à l'odeur à peine supportable. Il lui rappelait combien sa douleur avait été plus grande que les blessures qu'elle avait récoltées. Elle se souvenait qu’entre ces draps médicaux, Clare avait enfin saisi toute l'importance de cette ligne souvent imaginée ou philosophée entre le bien et le mal. Et elle se souvenait surtout du poids de cette culpabilité l'ayant prise à la gorge jusqu'à la réduire au silence.

Aujourd'hui appuyée contre la fenêtre ouverte du salon de leur maison, à elle et à Seth, elle soupirait au gré d'une fraicheur qui la ramenait au présent. Ses pensées faisaient sans cesse le balancier entre hier et jadis tandis qu'elle effleurait mécaniquement du pouce la cicatrice qui trônait à son poignet gauche. Le regard vert absent, lui, trahissait les réflexions intérieures qu'elle refusait encore une fois de verbaliser.

Car si jadis, ça avait été le chagrin et la honte qui l'avait motivé à garder les lèvres closes.
Aujourd'hui, c'était bien plus sa résilience qui se refusait à toute plongée nostalgique.

Pourtant, c'était là.
Là, même quand elle voyait la voiture de Seth s'arrêter et se garer.
L'observant un moment, elle ne bougeait pas vraiment jusqu'à le voir s'extraire de la carcasse métallique. Mara n'avait alors pas le choix ; Elle devait bouger. Ainsi se redressait-elle en glissant une main dans ses cheveux dans l'expectative de retrouver contenance. Accrochant ensuite ses mains à la rambarde de la fenêtre, elle se penchait sensiblement et étirait ses lèvres en un sourire fabriqué de toute pièce. Il aurait pu être crédible, ce sourire, si son regard ne l'avait pas fait mentir. Mais Seth ne pouvait le voir, pas encore, dans la pénombre de cette soirée fraichement entamée.

« C'est à cette heure-là qu'on rentre ? Bah bravo. » Balançait-elle, d'un timbre clair. L'élan donné à son impertinence suffit à embraser la mèche de sa désinvolture. « J'espère que t'as ramené un truc bon à manger, parce que j'ai la dalle ! » Ajouta-t-elle alors dans un mensonge bien senti.

Parce qu’elle n'avait pas faim.
Mais peut-être qu'à force d'y penser suffisamment fort, elle finirait par créer le besoin.
Et peut-être qu'en occultant ses pensées, elles finiraient par disparaitre.


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Haunted Memento
past's nearer than our shadow

Bâillement sonore, à s’en rompre la trachée.

Seth a le muscle noué, pulsant d’adrénaline au terme d’une poursuite bien menée. Des heures en supp’ à courser à travers des ruelles du quartier pour grappiller à la volée un mutant récalcitrant. Pas loin de 21h00, à harceler quelques touristes sous la menace d’un pouvoir de glaciation.
Il fallait bien que la police fasse son boulot, non ?
Alors Seth s’en est chargé, pas froid aux yeux. Confrontation déclenchée sous l’égide de la Brute et du Truand. Quelques pics gelés évités avec la souplesse d’un chat plein d’arthrose, quelques mètres mangés par ses longues jambes sur plusieurs avenues. Un trottoir transformé en patinoire lors de la poursuite, faisant glisser Seth jusqu’à la rencontre infructueuse avec un panneau publicitaire.
Arcade gauche et pif en sang, ça ne fait que le motiver davantage pour attraper son bonhomme de neige. Course en plus, tacle au dos, chopé dans la lutte et prouesse de héros.
Seth est satisfait.
C’est tout de même l’éclate, ce boulot.

Hors-la-loi remis à qui de droit, le persécuteur a enfin terminé ses heures. Temps pour rentrer et récupérer un peu, alors que sa montre flic-flac affiche déjà presque l'heure du couvre-feu.
Craquement de cou, quand le col de son haut est plein de sang. Boah, il soignera ça à la maison.
À l’heure qu’il est, Mara doit être déjà là, à l’attendre.

Une pensée pour la sœur à qui il en fait voir de toutes les couleurs, depuis un sacré long moment. Pour cette fois, il se fera pardonner à sa manière. Direction leur mexicain du coin de rue, ouvert en extra pour ses meilleurs clients. Le loubard Avery en fait parti, lui et son grand sourire aux dents manquantes.
Détour gourmand, retour prompt, en avant la baraque, les bras pleins de sacs.

La porte à peine passée qu’il entend déjà le reproche goguenard de la cadette, qui lui arrache une expression similaire. Rien de mieux qu’être de retour au bercail, vraiment.

« Ouais ouaiiiis bonsoir aussi ! C'est comme ça qu’on accueille l’homme de la maison, hein ? Y’a vraiment plus d’respect ici... »

Bouille canaille, alors qu’il referme à clé la porte d’entrée. Un coup d’oeil vers les escaliers sombres où sa fille disparaît tous les soirs pour rejoindre son monde de poneys roses, princesses guerrières et autres batraciens qu’elle a en affection.

« Amy dort déjà ? »

Question stupide : elle n’est pas comme lui au même âge à veiller, grandes loupes ouvertes vers les étoiles. Gamin déjà trop actif qui ne savait pas comment occuper ses nuits, car dormir, ça n’a jamais été son truc. Amy a de ça qu’elle, au moins, calque ses cycles sur ceux d’une petite marmotte.

Sa rongeur de sœur s’approche et quémande à manger. Pour dire vrai, dîner ensemble c’est un rituel  impossible à esquiver. Alors qu’importe l’heure, Seth sait qu’avec le contenu des sacs qu’il pose dans la cuisine, Mara sera ravie.
Du moins, c’est ce qui aurait dû se passer.

« Bah ouais, qu’est-ce qu’tu crois !? Sancho était encore aux fourneaux quand j’suis sorti du taf, j’suis passé lui croquer ses restes invendus. Il m’a filé assez de burritos et de fajitas pour tenir pendant tout un siège si on veut ! »

Coup d’œil vers elle, dans la lumière du plafonnier. Quelque chose déconne, et ça vient pas de l’ampoule grésillante.
Seth songe, quelques secondes, avant de mordre avec férocité dans une pauvre tortilla fourrée. Le gras et la viande faisant parti de son régime alimentaire de base, il a bien besoin de se remplir le ventre après une telle soirée.
C’est que le récalcitrant en supplément, c’était pas le seul à appréhender. Il a fallu supporter pas mal de verbalisations impérieuses, du blablabla administratif, des résumés de mission et ENFIN un peu de terrain en fin de session. Le meilleur arrive toujours en dernier, malheureusement.

« Et toi t’es rentrée quand, du coup ? »

Question lancée à la dérobée après s’être jeté sur le canapé, lieu habituel où les repas sont partagés. Il tapote l’espace vide à côté de lui pour l’inviter à venir. Son paquet de clopes hurle contre la poche de son jean. Plus tard, plus tard.
Pour l’instant, Seth n’a envie que d’une chose : bouffer. Avec Mara-saraigne, c’est encore mieux. Et comprendre ce qui la tracasse, ce sera la cerise sur sa farandole d’épices.

« T’sûre que ça va ? T’as l’air chelou. ‘Fin, plus que d’habitude, t’as compris. »

Regard posé, davantage complice. On la lui fait pas, surtout pas elle. Parce qu’à force, c’est terrible, mais il commence à la connaître, la sœurette.
Peut-être même plus que ce qu’elle voudrait laisser paraître…

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haunted
memento
You can close your eyes to reality but not to memories. —   @Seth Avery    



Seth rentrait enfin. Et si Mara était soulagée de le voir passer le pas de la porte, peu importe son état ; ce soir seulement, elle ignorait si elle était en état d'affronter son regard. Son esprit hanté par les embruns de son passé rendait la gymnastique complexe. Pourtant, elle devait essayer. Elle devait jouer le jeu pour ne pas avoir à tout déballer.

Son cœur foutrement brisé ne pourrait se remettre d'un tel exercice.
Sa bouche n'était pas encore prête à partager ce que le silence avait emprisonné pendant trop longtemps.

Alors, Mara jouait le rôle de la désinvolture.
La malice cousue au sourire factice, elle reprochait. Elle jouait le rôle de la ménagère qu'elle n'était pas. Un rire – lui, bien plus spontané – passa la frontière de ses lèvres aux premières paroles de son frère ainé. « Oh merde, qu'est-ce que tu peux en raconter des conneries ! L'homme de la maison.. Ouais.. J'aurai tout entendu ! » Le bousculait-elle ensuite avant de poser l'index sur sa blessure séchée. « Et t'as encore été te prendre une porte, ou quoi ? Faut regarder où tu marches un peu. »

C'était sa manière à elle de savoir s'il allait bien. S'il ne s'était pas trop fait bousculer. Juste comme ça. Avec cette foutue désinvolture qui se calquait à merveille au tempérament infernal de Seth. A la mention de la gamine, Mara coula son regard vert en direction des escaliers avant d'en revenir à son vis-à-vis. « Evidemment qu'elle dort. » Plissant les yeux, elle enchainait. « Elle a même pas besoin que je lui mette des somnifères dans sa bouffe.. C’est vraiment trop bizarre. T'es sure qu'elle est humaine, cette gamine ? »

L'humour était là, mais dans le fond, Mara en avait conscience.. Ils ne savaient pas grand-chose de la petite que Seth avait récupéré. Pour autant, la cadette ne blâmait pas son frère pour le cœur qu'il pouvait avoir ; parce que jadis, elle aurait aimé – elle aussi – tomber sur un bienfaiteur comme lui. Et même s'il avait ses manières, même s'il avait ses travers, le persécuteur possédait ce que beaucoup espéraient avoir ; Une âme. Une vraie.

Laissant Seth avec son sac, elle y jeta un regard prétendument intéressé mais l'entrain n'était pas là. L'estomac noué se rappelait plutôt au bon souvenir de ses tourmentes. Et sous le masque de légèreté se jouait le jeu d'une mémoire soupirant au rythme de ses résurgences. « .. Génial. On pourra en donner à manger à la gamine demain matin aussi comme ça ! Ça lui changera de ses céréales multicolores, là. » Balançait-elle avec un sourire amusé avant de laisser son frère s'installer dans le canapé tandis qu’elle, elle bifurquait plutôt afin d'attraper à la volée une boite souvent utilisée, jamais perdue.

La boite des premiers soins.
Revenant finalement vers le persécuteur, Mara s'installait dans le canapé en ouvrant la fameuse boite sur ses genoux. Désinfectant et coton étaient sorti tandis qu'elle préparait l'attirail pour soigner les quelques plaies de Seth.

« ..Depuis quelques heures. » Répondit-elle distraitement, et de manière trop concise à la question tandis qu'elle songeait à nouveau à sa journée. L'image de son fantôme préféré revenait hanter son esprit et elle inspirait tout à coup pour ne pas juste se noyer dans la multitude de ses souvenirs. Bordel.

Désinfectant imbibant le coton, elle venait nettoyer la première blessure de guerre de son frère avant de se figer à sa question. Son regard vert vint croiser le sien et elle hésita un instant. « J'ai l'air chelou ? » Elle appuyait sur sa blessure avec le coton en pinçant les lèvres. Voilà, ça s'était pour son côté chelou.

Il souffrait ? Tant mieux.
« J'ai perdu une prime aujourd'hui, c'est rien. » Mara n'aimait pas perdre, c'était une certitude.. Pour autant, elle ne se mettait jamais dans un tel état lorsque cela se produisait. Elle le savait, son mensonge n'était pas efficace. Son mensonge la faisait mal mentir. « .. Bon, alors, comment tu t'es fait ça ? » Demandait-elle afin de faire dévier la conversation, plus ou moins adroitement. Surement moins que plus, dans le cas présent.


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Haunted Memento
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Il y a un petit air dans la pièce, quelque chose que l’homme ne saurait pas définir.
Un flottement qu’il ne comprend pas très bien, alors que Mara s’agite, fait mine, commente, rebondit. La grâce du chat en mauvaise posture, qui peine à savoir où mettre ses pattes pour ne pas tomber et gâcher une de ses vies. Seth voudrait savoir jusqu’à quand elle compte danser comme ça avant de se rompre le cou, mais il sait aussi qu’elle n’en dira rien si elle s’en voit forcée.
Alors, soit.
Il jouerait son jeu jusqu’au bout, et serait là pour la rattraper quand elle finira par manquer d'équilibre.
C’est son rôle de frangin, après tout.

Rire un brin saccadé par la douleur de sa blessure, derrière la clope qui rougeoie, s’effrite déjà dans l’un des multiples cendriers de la maison. Seth tourne l’oeil un brin tuméfié vers sa petite sœur, l’air canaille en coin quand elle finit par s’asseoir à ses côtés, la trousse de premiers soins sur ses genoux. Léger regard en l’air : évidemment, ça, elle ne pouvait pas s’en empêcher. C’était comme ça dés lors que May a cessé de pouvoir le soigner. Dés qu’elle a disparue et que son fils se faisait mal plus que de raison. Une forme d’expiation, une manière d’évacuer, que Mara pensait de ses petits cotons et autres remontrances. Toujours avec douceur, derrière sa propre douleur.
Il se demande, de temps à autre, ce qu’il a bien pu faire pour panser ses blessures à elle.
Sans doute pas assez.

L’air goguenard ne trahit pas la pensée, cependant. Il persiste et signe :

« Bien sûr que t’as l’air ch—AOUTCH MAIS P’TAIN ! »

L’acidité du produit désinfectant, appuyé plus que de raison, vrille sa plaie malmenée. Il grogne et écarte le bras de Mara, plissant les yeux face à son air satisfait. Quoi, madame se vexe alors que c’est la pure vérité ??

« T’es vraiment une teigne hein... »

Vague soupire, avant d’écraser la cigarette d’un geste emporté. Tant pis, c’est elle qui prend. Quand les soins reprennent sans tentative de chicanerie, Mara consent à lui fournir un début d’explication. Il n’est pas plus convaincu, mais bon. Toujours mieux que rien du tout, hein ?

« C’pour ça qu’tu tires une telle tronche ? Allez sis, tu sais très bien que t’en auras d’autres. T’reste l’une des meilleures. » Relativement avare en compliments, le frère. Quand ils fusent, c’est toujours sincère. Oeil curieux vers la cadette. « C’était quoi, cette prime ? »

Mais celle-ci détourne à nouveau le sujet, en demande plus quant à l’état de l’aîné. Rire crapule avant de secouer la tête : au fond, il a juste envie de lui raconter, comme on amuse les gosses avec un peu trop de peine sur leurs traits.

« Alors, figure-toi que j’me suis transformé en palet de hockey sur glace. » Le ton est léger, relativement peu en accord son travail de mise à l’arrêt. « Si, j’t’assure ! En gros j’ai poursuivi un mutant cryogénésiste là, une sorte de resquilleur racketteur de touristes. Ce vieux con a pas apprécié que j’lui galope après, l’a gelé tout le trottoir sous mes pieds et hop ! Et évidemment, en glissant, j’me suis mangé un panneau publicitaire. Bon j’l’ai quand même chopé et c’était vachement fun au final ! »

Haussement d’épaules, comme si de rien était, de cette allure débonnaire qui agacent la plupart de ses pairs. Grand sourire, même, parce qu’au fond, c’est ce qu’il ressent : l’adrénaline risquée ne cessera jamais de l’animer, peu importe le métier.

Soins poursuivis, avant d’attraper l’un des burritos et de mordre avec appétit dedans. Le mélange de légumes et de viande épicée parviennent à calmer ses nerfs encore tendus par la cavalcade, quand il se laisse tomber de tout son être contre le dossier du canapé. Home sweet home, comme on dit, y’a bien que ça de vrai.

« Et toi, ta journée ? À part ta prime loupée ? »

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You can close your eyes to reality but not to memories. —   @Seth Avery    



Petit sourire satisfait et grimace pour accompagner la réponse silencieuse au fait qu'elle soit une teigne. Non, Mara n'était pas une teigne.. Elle était juste chiante. Une chieuse avec ses humeurs volcaniques ; des humeurs qui créaient l'alchimie fraternelle. Un mélange parfait auquel la chasseuse de prime s'était acclimatée, certaine dorénavant de ne pouvoir s'en passer.

Le temps et les déboires lui avait appris à considérer la famille sous un autre prisme. Le sang n'avait pas tant d'importance, pas quand finalement c'était les gestes et le quotidien qui comptaient. Seth avait été là pour Mara alors même que personne d'autre n'aurait pu l'être. Echo de sa mère qui lui avait tendu ma main pour sortir la gamine qu'elle fut de son mutisme, le Persécuteur était l'avatar d'une famille qu'elle avait toujours rêvé à défaut de posséder.

D'autres avaient d’ailleurs profité de sa faiblesse de cœur, instrumentalisant son besoin de liens. Et c'est ce qui rendait Mara si méfiante, si distante lorsqu'il était question de faire entrer quiconque dans le cercle de ses relations. Pour autant, elle savait que Seth était hors de tous les radars. Il était désormais une part de son cœur, une part de ce qu'elle était.

Et malgré tout ça, Clare ne parvenait pas à se défaire de sa mécanique de défense. Elle ne parvenait pas à parler, à se livrer sur ce qui l'avait précédé. Sur ce qui l'avait amené au sein de cette famille providentielle. Pourtant, elle le savait.. Elle allait devoir faire l'effort. Elle allait devoir lever le scellé silencieux sur tout ce qu'elle avait pu leur cacher. Lui cacher.

Ainsi lorsque Seth demanda des précisions supplémentaires sur cette prime ratée, Mara conserva son regard sur les plaies à soigner tandis que son esprit s'évadait vers le souvenir encore frais des retrouvailles. La malice habituelle vrillait pendant quelques secondes et elle haussait les épaules en guise de première réponse ; les mots, quant à eux, restaient coincés pendant de longues secondes encore dans sa gorge.

Puis, elle tentait.
« Ouais, je sais bien. » Répondait-elle enfin, dans un premier temps au compliment si rare qu'elle l'aurait relevé en d'autres circonstances. « C'était une affaire bidon de petite frappe bien entourée.. »

Et ça n'aurait pas dû lui poser le moindre problème.
Elle le savait bien.


Expulsant un soupir, elle rangeait le matériel de soin et finalement le déposait sur la table basse pour se relever et aller se laver les mains rapidement lorsque Seth lui racontait ses déboires. L'instant d'après, elle revient vers lui pour s'installer sur le canapé et eu un sourire amusé à l'imaginer galérer et se ramasser. « T'aimes bien te prendre des panneaux publicitaires, toi ? On n’a pas la même notion du fun quand même ! » Riait-elle, l'humeur momentanément plus légère. Et comme une évidence, elle taisait le soulagement qu'elle ressentait à voir son frère entier. Parce qu'elle connaissait les risques du métier, tout comme il pouvait connaitre les risques du sien.

D'ailleurs, lorsqu'il en vint à s'intéresser à sa journée, elle bougea assez pour poser les pieds sur l'assise et plaquer ses genoux contre sa poitrine. Main se posant sur leur sommet, elle y ajoutait son menton en fixant longuement son frère. « Compliquée, je sais pas quoi en penser. » Avouait-elle enfin, en penchant le visage sur le côté.

Dire que sa journée avait été compliquée était un doux euphémisme. Pinçant les lèvres, Mara luttait contre son habitude du silence et finalement se résignait dans un soupir. « Tu te souviens quand ta mère m'a ramassé ? » Amorçait-elle difficilement, parce que ce sujet-là était un de ses tabous.

Seth le savait.
On ne parlait pas de ce qui précédait l'hôpital.


« C'était pas la grande forme.. » Minimisait-elle dans une tentative veine d'humour qui s'étouffait avant même de se concrétiser. Parce que rapidement, son regard trahissait les échos difficiles de ses émotions passées. Sa culpabilité renaissait de ses cendres et elle la haïssait instinctivement. « Tout craignait dans ma vie à l'époque, ou presque tout. Sauf qu'à un moment donné.. J'ai merdé, et j'ai même perdu le presque tout. »

Evasive, elle ne pouvait se résoudre à dévoiler tout le sordide de ce qu'elle avait jadis vécue. Parce qu'elle avait été la pire version d'elle-même, une version qu'elle avait grand mal à assumer. La crainte de voir Seth reconsidérer son opinion à son sujet la taraudait, si bien qu'elle préférait lui éviter les détails indélébiles. Les détails qu'elle avait encore grand mal à verbaliser, d’ailleurs. « ..Il se peut que j'ai recroisé, ce presque tout, aujourd'hui. » Concluait-elle finalement en revenant porter son regard émeraude sur celui de son frère.

Plus sérieuse qu'elle ne l'aurait voulue.
Elle délaissait la malice et l'humour.


Et pendant ce temps-là, la faim la quittait, tout autant que l'envie subite de s'étendre sur ce sujet. Parce qu'elle ne savait quoi en penser ou même quoi en dire.  



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