Grace, elegance and wounds ~ Maere & Deirdre

La rencontre la veille, ou plutôt les retrouvailles, avec son père a plus affecté Maera qu'elle ne l'aurait souhaité. Ou qu'elle ne l'a tout simplement montré. Et puis, le tout avait tourné en boucle dans sa tête, au point que la blonde avait fini par faire la seule chose qu'elle sait faire pour évacuer sa colère et frustration: se battre. Pour ça, elle s'est renseignée pour savoir où aurait lieu les combats illégaux du soir, bien que la veille, elle a déjà fait deux combats, remporté victorieusement. D'ordinaire, elle espace de plusieurs jours, mais là, elle a besoin. Un besoin viscéral auquel elle répond. La voilà alors, Maera, sur un ring de Manatthan, pour un nouveau combat de boxe, alors qu'elle ne devrait pas. Alors qu'elle n'est pas concentrée pour ce match. Ce qui explique sûrement pourquoi, ce soir, son adversaire l'atteint plus facilement, bien qu'elle ne lâche rien. Pourtant les coups sont violents et la terrassent à plusieurs reprises, mais elle se relève. Il en va de son honneur. Elle se relève, et au prix de nombreux efforts, elle met son adversaire à terre. Jusqu'à ce qu'il ne se relève pas. Un sourire de satisfaction se dessine alors sur les lèvres de Maera, quand elle est déclarée vainqueure.

Elle savoure les bravos quelques instants, fière d'avoir vaincu, avant de rejoindre le vestiaire, se traînant plus que d'habitude. Elle souffre la blonde, mais elle tente de rester impassible. Elle est bonne pour quelques bleus dans les jours à venir, et peut-être un poignet légèrement froissé. Mais c'est le jeu.
Une fois changée, ses quelques plaies saignantes rapidement nettoyées, Maera part récupéré les 900 dollars qu'elle a remporté, puis se traîne dans les rues de Manatthan pour rentrer chez elle. Direction la bouche de métro la plus proche, bien qu'elle hésite à appeler un Uber, tant elle avant comme un escargot. La douleur la fait souffrir, alors elle prend son temps, elle s'appuie contre les murs, quand la tête lui tourne légèrement. Elle se maudit de ne pas utiliser sa mutation lors de ses combats, en cet instant. Mais ça serait bien trop dangereux, et injuste vis à vis des adversaires.

Et puis, au détour d'une rue, elle aperçoit la patinoire allumée. Un lieu d'ordinaire trop rempli pour elle, mais là, il ne doit plus y avoir grand monde, alors elle se dit qu'elle pourrait y faire un petit arrêt. La porte est ouverte d'ailleurs, elle peut donc passer la porte tranquillement, pour aller se laisser tomber sur une des estrades, près de la glace, tandis que ses yeux se posent sur la patineuse qui évolue sur la glace, avec grâce et élégance. Une scène qui aspire les yeux de Maera, qui ne fait plus attention à rien d'autre en cet instant.

L'entraînement des petites était terminé depuis une bonne heure. L'irlandaise les avait laissées partir un peu en avance, pour qu'elles puissent se changer à temps pour aller chercher des glaces avant la fermeture de la petite boutique devant la patinoire. Elle avait souvent entendu ses élèves se plaindre que la boutique ferme trop tôt, ou qu'elles finissent trop tard, et les jeunes espoirs du patinage artistique américain avaient bien travaillé, alors Deirdre les avait autorisées à aller chercher des glaces.

Depuis que les petites étaient parties, la jeune coach glissait sur la glace, perdue dans ses pensées. Elle connaissait bien le gardien, elle savait qu'elle pouvait rester le temps qu'elle voulait sur la glace. En plein milieu de la patinoire, elle se sentait bien. Le froid était son élément, après tout. Presque machinalement, elle commença une routine qu'elle avait préparée pour ses élèves. Une routine d'un niveau assez avancé, qu'elles pourraient présenter en compétition.

Menton relevé, bras en couronne et regard fier, Deirdre évoluait sur la glace comme une reine des temps modernes. Une heure passa, pendant laquelle elle perdit la notion du temps. Quand elle revint à elle, elle vit une jeune femme blonde assise sur les gradins, qui la regarde. Alors Deirdre s'approche, avec un joli sourire histoire de paraître moins froide. Elle a l'intention de lui parler, mais elle remarque les différentes plaies qui marquent le corps de la jeune femme.

- Bonsoir ! Je m'appelle Deirdre. Et toi ?

Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle se présente, l'irlandaise, mais elle a comme un curieux feeling, qui lui dit que si elle tente de faire connaissance avec l'inconnue, elle gagnera une précieuse amitié.

La patinoire comme porte de salut le temps de se remettre de ses douleurs et de repartir en direction de son appartement. Franchissement doucement et surtout discrètement la porte d'entrée qui est ouverte, la Bates se faufile jusqu'à la piste glacée. Ses yeux observent un instant la jeune femme qui évolue sur la glace, avant qu'elle ne rejoigne un siège des gradins tout prêt d'elle. La station debout commence à la faire souffrir, s'asseoir est alors un soulagement.
Elle soupire d'aise Maera, tout en reportant son attention sur la patineuse qui continue d'évoluer sur la glace, sans faire attention à elle. Elle n'a d'ailleurs certainement pas encore vu la blonde qui vient de s'installer aussi confortablement que possible dans les gradins. Rien ne semble pouvoir perturber la patineuse. Et les yeux fascinés de la mutante l'observent, sans se décrocher de la silhouette qui se mouvoit avec grâce et élégance. Si seulement elle savait faire ça, se dit-elle silencieusement. Se battre, esquiver les coups, pour ça, elle était une professionnelle. Glisser sur la glace, ça, elle n'avait jamais vraiment fait. Enfin si, deux fois, il y a bien des années maintenant.

Son observation dure de nombreuses minutesavant que la patineuse ne se rende compte de sa présence et ne s'approche d'elle. Un simple sourire se dessine alors sur les lèvres de Maera, qui se sent bête et n'espère pas la déranger dans sa répétition.

- Bonsoir !

Répond-t-elle doucement, en souriant un peu plus, peu importe si c'est légèrement douloureux en raison de ses légères plaies. Entre celles d'hier et d'aujourd'hui, elle est gâtée. Le maquillage allait être son meilleur ami.

- Je m'appelle Maera. Enchantée, Deirdre.

L'accent de la patineuse l'interpelle, mais elle n'arrive pas à déterminer son origine. Et à vrai dire, elle s'en fiche un peu.

- J'espère que je ne vous ai pas dérangé, je faisais juste un petit arrêt, et je n'ai pas pu m'empêcher de vous observer quelques minutes.

Mi-vérité, mi-mensonge. Elle n'était pas venue pour l'observer pour commencer, mais pour se reposer un peu, et puis, elle avait été fascinée par ce qu'elle avait vu. Mais bon, ce n'était pas la question.

Maera. C'est un joli prénom. L'Irlandaise observe, avec un brin de curiosité, celle qui se tient face à elle. Et elle ne peut s'empêcher de remarquer les blessures qui marquent les parties visibles du corps de la blonde. Deirdre sourit quand l'inconnue s'excuse de l'avoir dérangée, avant de faire un geste négligeant de la main et de répondre :
- Ce n'est pas grave, mes entraînements ne sont plus si importants. Je répétais juste une routine que je compte apprendre à mes élèves demain. Tu aimes le patinage artistique ?

La brune se rend soudainement compte qu'elle tutoie une parfaite inconnue, et s'excuse rapidement.

- Oh, je suis désolée, j'ai pris la fâcheuse habitude de tutoyer tout le monde. Dites moi si ça vous dérange !

Puis le regard de l'Irlandaise retombe sur les plaies de la blonde et elle propose, incertaine :

- J'ai une trousse de secours dans le bureau, si vous voulez. On pourrait désinfecter et soigner ça.

Elle tente un petit sourire réconfortant, même si ce n'est pas sa spécialité.

Un sourire se dessine sur les lèvres de Maera, tandis qu'elle se présente à la patineuse, avant de s'excuser. S'excuser de la déranger dans son entraînement, ou sa répétition, elle ne sait pas vraiment comment appeler cela. En tout cas, elle est sûre d'une chose: ce qu'elle a vu est magnifique. Aucun doute à avoir à ce sujet.
En tout cas, la brune face à elle affirme qu'elle ne dérange. Elle répéte juste une routine pour ses élèves. Une information qui fait lever un sourcil, douloureux, à la Bates un instant. Ainsi, elle est professeure. Enfin, entraîneuse. A son âge ? Elle l'aurait plutôt vu comme sportive de haut niveau, qui donne de soi dans de grandes compétitions.

- Oh je vois ! C'était sublime en tout cas, même si je n'y connais pas grand chose en patinage artisitique. J'aime regarder, je trouve ça jolie, mais je n'ai jamais fait. Je ne suis jamais beaucoup monté sur des patins non plus.

Confession faite un petit sourire, qui s'agrandit par la suite. La question du tutoiement l'amuse. Ca ne l'avait pas choqué qu'on la tutoie, pas le moins du monde.

- Oh ce n'est rien pour le tutoiement, pas de soucis. On doit avoir le même âge, se vouvoyer serait étrange.

Elle dit cela sur un ton rassurant, avant de dévisager à nouveau la sportive face à elle. Elle bougea au même moment, ce qui lui arrache une légère grimace de douleur. Une grimace couplée aux plaies qu'elle a qui visiblement inquiètent sa nouvelle connaissance. Quand elle lui propose de nettoyer ses blessures, elle ne peut refuser, peut-être que cela lui fera du bien.

- Comment dire non ? Je veux bien oui... Je suis désolée de vous embêter avec ça.

Un air navré se dessine sur son visage quand elle prononce ses derniers mots.

- Et si vous avez des anti-douleurs, je ne dis pas non également... J'avoue que je souffre un peu. Mais ce n'est rien de grave, rassurez-vous.

La blonde accepte de se faire soigner, et Deirdre l'entraîne vers le bureau des coachs. Elle lui montre le siège le plus confortable de la pièce avant de s'agenouiller pour chercher la trousse de secours dans le placard du bureau. Ceci fait, elle l'ouvre et se penche sur les plaies de la blonde. Elle les nettoie rapidement, avant de coller des pansements avec douceur dessus.

- Voilà, tout est propre et couvert d'un pansement ! Et pour les antidouleurs, j'ai des doliprannes.

Elle lui tendit la boîte en souriant, avant de reprendre :

- Du coup ... Tu n'a jamais fait de patinage ? Ça te tenterait d'essayer ?

Le sourire de Deirdre se fait mutin, et ses yeux se mettent à pétiller.

- Je peux te donner quelques cours, si tu veux. J'adore partager ma passion avec des gens.

Elle a découvert en commençant à enseigner ici qu'elle adorait enseigner, limite plus que de concourir elle-même.

Elle ne la connaît pas cettee jeune patineuse, pourtant, elle lui est fort sympathique. Maera lui sourit donc, avant d'accepter la proposition de la soigner qui lui est proposé. Comment pourrait-elle dire non dans son état ? Surtout s'il y a des anti-douleurs à la clé, pour faire disparaître cette douleur qu'elle ressent. Alors, suivant comme elle le peut patineuse, elle se laisse entraîner la Bates, jusqu'à un bureau. Et là, elle se laisse soigner. En quelques minutes, le tour est jouer. Désinfection des plaies et pansements pour certaines. Puis, une fois tout fini, Deirdre lui tend une boîte de dolipranes.

- Oh merci !

S'exclame-t-elle en se saississant de la boîte, avant de l'ouvrir en quelques gestes et de prendre un cachet qu'elle avale d'une traite, sans eau. L'habitude.

- Vraiment, merci pour tout.

Répète-t-elle doucement en souriant à la patineuse, avant de se laisser aller sur la chaise sur laquelle est inscrite. D'ici quelques minutes, l'anti-douleur ferait son effet, et elle pourrait repartir tranquillement. Mais pour le moment, Mae converse avec Deirdre.

- Je suis déjà montée sur des patins, mais je ne patine pas comme toi. Je sais déjà tenir en équilibre et glisser, c'est pas mal. Je suis plutôt sport de combat personnellement. Mais ça pourrait me tenter d'essayer oui.

Cela pourrait être sympa. Et puis comment dire non quand elle voit le visage de la patineuse. Ses yeux brillent, elle ne se voit pas gâcher cela, la blonde. Elle a une passionnée face à elle, elle le sait rien qu'à son air. D'ailleurs, une proposition de cours se fait déjà entendre.

- Oh... Vraiment ?

Ne peut s'empêcher de dire Maera dans un premier temps.

- Pourquoi pas oui!

Se rattrape-t-elle rapidement, en souriant.

- C'est vraiment gentil de ta part. C'est bien rare de nos jours, de telles propositions sans contrepartie. Ceci dit, je peux te proposer des cours de boxe si ça t'intéresse. Là, je suis douée. Même si je me prends parfois quelques raclées.