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Rendez-vous au cimetière

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Rendez-vous au cimetière
tw : mention de coups et blessures, d'agression discriminatoire

Les doigts de Hugh s'étaient refermés sur un stylo, en quittant son travail (plus tôt que d'habitude), et il n'avait plus quitté l'objet depuis, le triturant et l'agitant dans un mouvement dont il semblait avoir à peine conscience. Le geste stimulant traduisait la nervosité actuelle de l'homme, plongé dans une situation qui le dépassait.

Personne à qui demander conseil. Hugh ne pouvait que compter sur lui-même pour prendre des décisions qui lui étaient inhabituelles, sortant de son univers bien rangé et des règles qui lui étaient propres. Tout, pourtant, partait de ses principes inflexibles, de ce besoin d'être "juste" en toute chose. Quitte à trahir d'autres idéaux au passage.

Hugh aurait dû dénoncer l'homme qui lui avait sauvé la mise, ce jour où il avait eu le malheur de travailler un peu trop tard sur un projet et de devoir rentrer chez lui après le couvre-feu.

Gregory, c'était son nom, l'avait protégé des inconnus qui avaient cherché à s'en prendre à lui, parce qu'il était un mutant, parce qu'il était différent d'une manière qui se voyait immédiatement. Une action qui n'avait pas été sans conséquences, et que la conscience de Hugh ne pouvait pas simplement balayer d'un revers de la main...

Trop perturbé au moment des faits pour avoir la moindre discussion significative avec l'homme (il avait à peine été en mesure de s'inquiéter de ses blessures), Hugh avait accepté de le revoir, quelques jours plus tard, pour s'enquérir de son état et entendre ce que le mutant pouvait bien avoir à lui dire.

Rendez-vous au cimetière de Greenwood. Un endroit calme, discret, où Hugh appréciait parfois flâner après le travail, avant de devoir retourner chez sa soeur.  L'homme pouvait trouver place sur un banc et observer les alentours, libérant son esprit du stress de la vie quotidienne et de son anxiété, compagne d'existence. Personne pour le déranger ici.

Assis sur son banc de prédilection, Hugh observait les alentours, tout en continuant à triturer son stylo. Ses lèvres remuaient silencieusement, récitant les épitaphes et les noms que sa mémoire avancée l'avait quelque peu forcé à mémoriser, la litanie muette l'aidant à calmer sa nervosité.

Enfin, il arriva. En retard d'une poignée de minutes, Hugh nota ce détail dans un coin de son esprit. Il garda toutefois le silence à ce sujet, ayant appris à ses dépens que la plupart des neurotypiques avaient la fâcheuse habitude du "quart d'heure de politesse", un retard considéré comme acceptable, voire attendu. Hugh ne comprenait vraiment pas ses semblables, parfois...

"Bonjour à vous."

La voix de Hugh était bien plus calme que l'agitation que son corps exprimait malgré lui, une tonalité placide qui peinait régulièrement à retranscrire son émotivité.

Gregory l'avait rencontré en situation de crise, face à une agression qui l'avait poussé dans ses derniers retranchements. Hugh ne cherchait donc pas même à "masquer" ses traits divergents, comme on le poussait généralement à le faire en présence d'autrui. A quoi bon ?

Continuant à jouer avec son stylo, Hugh jeta un oeil à l'homme qui l'avait sauvé et qu'il retrouvait désormais, s'enquiérant de son état avec une sincère inquiétude :

"Est-ce que vous vous portez bien ? Je suis navré de ce que vous avez subi en raison de mon étourderie."

S'il était parti plus tôt du travail, comme il l'avait fait aujourd'hui, rien de tout cela ne se serait passé. Et Hugh n'aurait pas rencontré un mutant qui, il le savait, était bien moins respectueux du cadre qu'on leur avait fixé qu'il l'était lui-même...

Se mordillant brièvement la lèvre, Hugh reprit d'une voix douce :

"J'ai gardé le silence sur ce qui est arrivé, comme promis. Je ne voulais pas vous attirer des ennuis, après ce que vous avez fait pour moi. J'ai dit à ma soeur que j'étais tombé."

Hugh avait lui-même gardé quelques ecchymoses de cet assaut, et une plaie sous le menton que sa soeur avait pansé avec précaution et inquiétude. Effleurant le pansement du bout des doigts, il ajouta d'un ton songeur à l'adresse de son sauveur :

"Je ne pense pas qu'elle m'ait cru."

Elle n'avait pourtant pas insisté plus que ce qu'elle faisait habituellement. Hugh ne doutait pas qu'elle chercherait à se renseigner sur la situation par ses propres moyens. Mais elle n'avait pas à connaître l'implication de Gregory dans cette affaire...

En parlant de l'homme, Hugh songea qu'ils n'avaient encore jamais eu le temps de se présenter l'un à l'autre de la manière appropriée. N'était-ce pas l'essentiel, avant d'entamer la discussion, peu importe sa nature, que Gregory semblait vouloir entretenir avec lui ?

Maintenant qu'il était calmé, Hugh était en mesure de s'exprimer paisiblement, sans la frénésie qui l'avait caractérisé quelques jours auparavant, hâchant ses mots et troublant ses pensées. Tendant la main vers Gregory, Hugh força un sourire sur ses lèvres, comme un masque qu'il devait consciemment glisser sur son visage, avant de déclarer d'un ton quelque peu ampoulé :

"Hugh Reid. C'est ainsi que je m'appelle. Mais mes amis me surnomment Hughie. Bien que je n'ai pas beaucoup d'amis pour m'appeler de la sorte."

Sa soeur, surtout. Quelques autres noms qui lui venaient à l'esprit. Mais la vie de Hugh était globalement solitaire, car peu de gens avaient la patience et le désir d'entrouvrir leur existence à l'homme et à ses étrangetés...


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Rendez vous au cimetière
tw : mention de coups et blessures, d'agression discriminatoire

La sacoche en cuir et son cliquetis caractéristique. La serrure en a connu, des tours de clés approximatifs. Elle le suit depuis tellement d’années, que ses vieux côtés élimés ont commencé à lui donner du cachet. Gregory aimerait qu’il en soit de même pour lui, l’idée lui traverse l’esprit comme un élan de plaisanterie.
Mais la sacoche aussi, a connu plusieurs vies. Elle renferme aujourd’hui les proses de beaucoup d’étudiants, soulagés du partiel rendu à leur professeur, pouvant enfin décompresser et penser à autre choses que les colles posées ou autre schéma à détailler. Dans le temps, elle a supporté les dossiers de patients, les affaires à aller chercher chez lui, chez l’Autre, puis chez eux. Vieille de vingt ans, la fidèle allié, qui le suivra peut-être jusqu’au bout.
D’autant que depuis une poignée de jours, elle est affublée d’une sacrée cicatrice.
Un stigmate d’une rencontre fortuite, à la tombée du couvre-feu.

Un coup d’oeil à la montre dépassant de sa chemise. Le professeur retient un soupir : le rab de temps donné à ses petits protégés l’a mis en retard.
Veste brossée et pas rapides, lanière fendant son ventre, toujours portée à droite, il file, au plus vite. Quelqu’un l’attend.

Il ne le connaît pas depuis très longtemps. À vrai dire, ils auraient même ne jamais pu se connaître. Mais le hasard est aussi capricieux que les aléas du trafic, qui ralentissent encore Gregory davantage. Peste contre les piétons, trop nombreux. Contre son allure, qui le pousse à transpirer. Contre les regards des curieux, affairés jusqu’à son passage, laissant tomber leur occupations pour le suivre. Du regard, du chemin, qu’importe, Gregory a appris à les ignorer, au mieux, les semer, au pire.
Encore quelques minutes de perdues, jusqu’à atteindre les grilles du cimetière de Greenwood, en plein Brooklyn. Pas si loin de chez lui, c’est bien ça l’ironie.
L’humeur un brin policée : s’il y a bien quelque chose que le mutant déteste, c’est d’être en retard. Mais il doit taire son tempérament râleur, au moins pour l’heure.

Parce que, qu’importe après tout, les choses sont faites, et l’autre homme est déjà là.
Souffle exhalé, le métabolisme se calme. Sois cool, se répète-t-il. Au moins, il est venu.

Gregory s’approche de l’autre homme, qu’il distingue un peu mieux en plein jour. Les contours de la nuit n’ont rien facilité, pas plus que les ecchymoses respectives. Il a l’air plus réservé, pourvu d’une certaine fragilité. Mais ça, il l’avait en quelque sorte déjà deviné.

« Bonjour. Désolé, j’espère que je ne vous ai pas fait trop attendre ! »

Le mouvement du stylo attire son œil distrait. Puis son inquiétude, qu’il se permet de rectifier un poil.

« Ne vous en faites pas pour ça, ce n’est absolument pas votre faute. Je me suis jeté dans la mêlée tout seul comme un grand. »

Presque fier, en plus de ça. Son ton bienveillant se transcrit dans son sourire aimable. Il le pense, sincèrement, ne regrette rien.
Et certainement pas d’avoir défendu une victime de l’injustice conscientisée.

« Puis, de toutes manières, je n’allais pas laisser ces types vous malmener sans rien faire... »

Les souvenirs remontent, forcément. Il se souvient de la raison qui l’a poussé à croiser le chemin de l’autre homme : une réunion finie trop tard dans les souterrains, de ceux qui ne craignent pas de rentrer chez eux, de braver la nuit. Tant pis si c’est interdit, la lumière des réverbères suffit aux traqués de se faire repérer par la milice. À eux de faire en sorte de la contourner.
Ce soir-là, Gregory passait d’ombres en ombres, sacoche pleine de flacons à distiller chez lui. Jusqu’à apercevoir la tourmente de Hugh, pris dans la lumière et les coups de trois jeunes, loin de faire parti des forces de l’ordre.
Alors, peu à importer à Gregory l’idée de braquer les faisceaux vers lui. Peu lui a importé la notion de traque, quand il pouvait, à son tour, être chasseur.
Un cran d’arrêt a lacéré sa pauvre sacoche. Des coups, tombés comme des gouttes de pluie, accablant son visage et son corps. Dés que l’acide de son sang s’est exprimé, la partie était gagnée.
Visages innocents, pensant s’en prendre à deux quinquagénaires pour leur portefeuille.
La mutation n’était pas forcément une option, juste un malus pour les trois gus.
Plusieurs brûlures sur les poings d’humains, des pattes et des jambes prises à leur cou.
Et deux mutants, tuméfiés, laissés pour compte. À eux de ramasser leurs abattis et de se dire merci.

Un rendez-vous donné, pour en parler, pour relever le sceau du secret. Car si la mutation de Gregory s’est activée avec une certaine clarté, celle de l’autre homme demeurait encore discrète. Et devait être préservée, d’une certaine manière.

« Merci. J’imagine que même si vous n’aviez pas mentionné ma mutation, la vérité aurait forcément éveillé quelques soupçons. Autant éviter ça, c’est déjà suffisamment difficile à gérer avec ceux qui ne… comprennent pas. »

Pour ne pas les nommer. Les anti-mutants occupent déjà une trop grande portion de la population. La main tendue lui arrache un nouveau sourire, en coin de barbe. La poignée est franche, rendue.

« Enchanté, Hugh. Vous pouvez m’appeler Greg. »

Pas besoin d’amis, quand la simplicité suffit. Greg sonne aussi bien que Gregory. Toujours plus qu’Archibald, à ses oreilles.

Il l’observe quelques instants, la main relâchée. Son œil ne peut l’empêcher de l’ausculter, déformation professionnelle, sans doute.

« Je suis soulagé de voir que vous semblez aller bien. On dirait que vos blessures sont de l’histoire ancienne. Mentalement, vous arrivez à vous remettre ? »

Car c’est aussi important. Il l’a bien vu, l’état de crise. Difficile de ne pas le noter, même dans la panique de l’instant et la tombée d’adrénaline foudroyante.
Maintenant que l’événement était passé, que l’orage était loin et que le soleil commence déjà à décroître en cette fin de journée, Gregory a besoin d’en savoir plus.
La raison est là, de ce rendez-vous donné.
Cet homme n’était sans doute pas là par hasard, et il avait besoin de le savoir.

« Je ne vous l’ai pas demandé sur le coup mais… vous saviez que vous courriez un risque en sortant si tard, pas vrai ? Qu’est-ce que vous faisiez dehors, si ce n’est pas indiscret ? »

Peut-être qu’en creusant davantage, certaines vérités pourraient lui être utiles. Et si non, serviront-elles peut-être à apaiser les retombées d’un tel acte…
C’est ce que Gregory espère, pour le dénommé Hugh.

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Rendez-vous au cimetière
tw : mention de coups et blessures, d'agression discriminatoire

Hugh s'était promis de ne pas aborder le retard de l'homme en l'accueillant, mais puisqu'il avait lui-même initié la conversation à ce sujet, l'homme ne se retint pas pour déclarer d'une voix douce, presque indifférente :

"Vous m'avez fait attendre six minutes, ce qui rentre dans ce que l'on appelle le quart d'heure de politesse. Vous n'avez donc pas à vous excuser pour ce retard."

Hugh n'avait pas mentionné les secondes, même si elles lui étaient venues en tête. S'il appréciait la précision et la spécificité, ce n'était pas le cas de la majorité des Neurotypiques, qui étaient incroyablement vagues au quotidien. Certains prenaient même offense de cette précision dont il faisait preuve, comme s'il s'agissait d'une insulte ou d'un reproche. Ce qui n'était pas le cas. Juste une constatation. Une simple constatation, sans arrière-pensées.

L'homme avait tenu à le rassurer, et à écarter sa culpabilité, en arguant qu'il s'était jeté dans la mêlée tout seul. Hugh n'était pas d'accord avec ses propos. Malgré tout, il restait coupable de cette interaction, qui n'aurait pas eu lieu s'il était simplement rentré dans les temps, comme il le faisait habituellement. Il était resté fixé sur son travail, obsédé à l'idée de finir sa tâche, et n'avait pas réalisé que les minutes s'égrénaient inexorablement. Sa soeur l'avait appelé à plusieurs reprises, mais son téléphone était déchargé. Tout pour causer cette situation qui avait valu à cet inconnu d'être blessé...

"Non, c'est de ma faute. Je sais assumer mes erreurs lorsque j'en suis responsable, et c'est le cas pour cette situation que j'ai causé. Je sais que je suis supposé rentrer plus tôt, et j'ai oublié. Si je n'avais pas oublié, vous n'auriez pas eu à me défendre. Vous n'étiez pas obligé de le faire, d'ailleurs. D'autres ont prétendu ne rien voir."

Hugh disait cela sans regrets ni poison dans le ton de sa voix. Une constatation, une fois encore. Beaucoup avaient détourné les yeux face à ses problèmes, au cours de sa vie. Ce n'aurait été qu'une énième fois encore, à ne voir personne prendre sa défense. Pourtant, l'homme en avait décidé autrement. Et Hugh lui en était reconnaissant, ce qu'il exprima une nouvelle fois par un faible "Merci.".

Il avait hoché la tête lorsque l'homme avait abordé le sujet de sa mutation et de la vérité qu'il avait dû cacher. Pour dire vrai, Hugh était incapable de prédire la manière dont sa soeur aurait réagi, s'il lui avait révélé ce qui s'était réellement passé. Aurait-elle cherché à remercier le sauveur de son frère ? Aurait-elle craint pour sa sûreté, de le savoir en train de s'acoquiner avec un mutant qui n'avait pas hésité à faire usage de son pouvoir pour se défendre ?

Hugh peinait parfois à comprendre sa soeur... Et il n'avait pas voulu faire courir le moindre risque à son sauveur, même s'il était loin d'être doué pour mentir et couvrir ses traces. Avec un peu de chance, dans le pire des cas, sa soeur comprendrait qu'il avait été agressé, mais ne serait pas en mesure de remonter jusqu'au mutant. Hugh ne voulait pas lui causer le moindre problème, pas après ce qu'il avait fait pour lui.

Continuant à jouer avec son stylo, Hugh répondit à la remarque de l'homme, le regard fixé sur l'horizon :

"Ma soeur s'inquiète beaucoup trop pour moi. Même si je suis moi-même un mutant, elle aurait pu se faire du souci vis-à-vis de notre interaction. Potentiellement vous causer des ennuis. Elle a du mal à accepter que je fasse mes propres choix s'ils sont différents des siens."

Hugh ne savait pas comment aborder le sujet avec elle. Comment améliorer leurs relations. Se défaire de cet ascendant qu'il savait qu'elle avait sur lui, qu'il acceptait malgré tout, parce qu'il n'avait jamais connu autre chose. Ce dont il était certain, c'était que rien ne changerait s'il laissait les choses persister sans tenter de s'exprimer. Même s'il était affreusement dur pour lui de parler de ces choses, et de risquer la désapprobation et la colère de sa petite soeur...

L'homme lui avait serré la main, lui révélant son prénom. Ou un diminutif, tout du moins. Greg. Hugh nota que l'homme ne lui avait pas confié son nom de famille, ce qu'il avait lui-même fait. Peut-être n'était-il pas encore assez à l'aise avec Hugh pour se laisser à cela... Ou peut-être avait-il simplement des choses à cacher. Malgré sa tendance à l'indiscrétion, Hugh parvint à se retenir à poser la moindre question à ce sujet, entrouvrant les lèvres pour les refermer immédiatement.

Hugh se crispa légèrement lorsque Greg lui demanda s'il allait mieux mentalement. L'événement l'avait quelque peu secoué, en toute franchise. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il avait été agressé de la sorte, et continuait à être convaincu qu'il était en tort, étant donné qu'il n'avait pas respecté son couvre-feu. Retrouver pleinement ses capacités d'élocution, sans bégaiement, sans forcer les mots hors de sa gorge, avait nécessité une longue journée de repos, et c'était avec une certaine nervosité que Hugh se déplaçait dans la rue, veillant scrupuleusement à respecter les heures qui lui étaient assignées.

Progressivement, il le savait, Hugh irait mieux. Pour l'instant, néanmoins, il gardait une pointe de crainte, ne sachant pas si d'autres trouveraient un autre prétexte pour l'agresser. Hugh n'avait jamais été particulièrement doué pour se défendre, et cela n'était pas en voie de s'améliorer.

"Je n'ai été blessé que très superficiellement, comparé à vous. Rien qui ne nécessite d'aller à l'hôpital. Je me remets de l'agression petit à petit, mais c'est difficile de ne pas se retourner sur chaque passage, à se demander si cela se reproduira. La prochaine fois, vous ne serez pas là pour m'aider. Et je ne sais pas me défendre. Je n'aime pas être violent."

Hugh ferma brièvement les yeux, prenant une profonde inspiration. Ses doigts avaient commencé à trembler légèrement. Il se focalisa sur le stylo qu'il continuait à triturer pour se calmer, ajoutant d'une petite voix :

"Et vous ? Cela ne vous a pas perturbé ? Vous aviez l'air bien plus à l'aise avec la situation que je ne l'étais. Enfin, je crois. Je n'étais pas vraiment en état de lire la situation, après ce qui s'est passé."

C'était un miracle qu'il soit arrivé à avoir la moindre conversation avec Greg, une fois leurs assaillants partis. Hugh était particulièrement sensible, et gérer ce type de situation ne faisait pas partie de ses compétences. C'était probablement une des raisons pour lesquelles il était sous la tutelle de sa soeur, malgré son âge... Cette pensée contraria Hugh, qui commença à mâchonner distraitement le bouchon de son stylo, tapotant sa jambe du bout de ses doigts libres.

Alors qu'il s'était laissé distraire par ses pensées, Greg le ramena à la réalité, s'interrogeant sur la raison pour laquelle Hugh était dehors plus tard que prévu. Cessant de malmener son stylo, Hugh grimaça. Ses doigts quittèrent sa jambe pour tirer brièvement sur ses cheveux, comme s'il cherchait à se punir pour sa négligence, avant qu'il n'admette à voix haute :

"Je travaillais. Je travaillais, et je n'ai pas vu le temps passer, et il était déjà trop tard lorsque j'ai fini ma tâche. Je respecte toujours le couvre-feu. Toujours. Je ne l'ai pas fait ce jour-là, et j'ai été agressé."

Ces dernières paroles le soutenaient dans l'idée qu'il était fautif. Il aurait simplement dû respecter la loi, au lieu de... au lieu de se laisser distraire par son travail de cette manière. Stupide ! Stupide, vraiment ! Alors qu'il était occupé à se faire toutes sortes de reproches, ses lèvres remuant pour former les mots silencieusement, une pensée lui traversa l'esprit. Il s'interrompit dans sa litanie muette, reportant son attention sur Greg :

"Et vous ?"

Greg était mutant, lui aussi. Pourtant, il était dehors, après le couvre-feu. Et il l'avait sauvé. Ce qui n'empêchait pas qu'il contrevenait à la loi.

"Vous n'étiez pas censé être dehors non plus. Mais vous l'étiez. Pourquoi ?"

Comme s'il anticipait la réponse évasive de Greg, Hugh ajouta, d'une voix rapide, les mots se bousculant légèrement sur ses lèvres :

"Je vous ai dit mon nom, et vous ne m'avez pas donné le vôtre. Je vous ai dit ce que je faisais dehors, après votre question indiscrète. Je suis donc en droit d'être indiscret à mon tour et de vous poser cette question."

Réalisant un peu tard l'animosité dans ses propos et dans sa voix, Hugh se recroquevilla légèrement sur lui-même, craignant malgré lui un reproche, voire un coup, peu habitué à ce que ses colères et objections soient accueillies avec compréhension :

"P... Pas vrai ?"


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