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Late Night Conversations (ft. Sam)

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La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Darius se mit en route vers le manoir. Ayant tout juste quitté l’Equilibrium après son rendez-vous gâché, il ruminait encore les événements qui avaient mené à cette fin tragique alors que la soirée avait si bien commencé. Ironiquement, sa poursuite du bien et du juste lui faisait parfois perdre sa décence envers ceux qui lui accordaient leur confiance. Tout comme il avait jadis trahi Darla pour le bien de la cause mutante, il venait de trahir Amalia pour assurer sa sécurité et celle de l’Institut. Mais cette fois, peu importe comment il le justifiait, il n’avait pas seulement été question d’un mal nécessaire.

Dans le feu de l’action, il en avait tout simplement eu envie. Envie de goûter à son sang, envie de savoir s’il pouvait lui faire confiance ici et maintenant. Égoïstement.

Celui qui portait le chapeau d’un homme honorable n’était pas toujours si honorable que ça.

Il savait qu’il avait dépassé la limite de l'acceptable ; il ne pouvait en vouloir à Amalia de s’être sentie trahie et blessée. Toutefois, il lui en voulait d’avoir réagi comme elle l’avait fait, d’avoir choisi la guerre plutôt que la paix alors qu’il agitait le drapeau blanc. S’il avait déclenché la chute de cette relation à peine naissante, il avait l’impression que c’était elle qui l’avait achevée d’un brusque coup d’épée.

La froideur avec laquelle il lui avait ordonné de partir n’était qu’une façon de protéger ce qu’il restait des morceaux ; de les empêcher tous les deux d’en arriver à un point de non-retour sous l’emprise de leurs émotions respectives. Car au fond, il croyait encore qu’en laissant un peu de temps passer, la poussière allait retomber — et peut-être pourraient-ils s’accorder une autre chance.

Le vampire n’était pas dans un état d’esprit propice à aller se coucher lorsqu’il mit les pieds à l’Institut. Entrant par la porte principale, il traversa le manoir à grands pas pour se rendre dans son bureau en quête d’un verre de bourbon. Cela allait sûrement l’aider à se changer les idées. Mais après s’être emparé de la bouteille rangée dans l’armoire, il se souvint qu’il avait prêté ses verres à quelqu’un la journée précédente, ce qui le força à ressortir du bureau pour aller en chercher un à la cuisine.

Le rez-de-chaussée était calme, la plupart des pensionnaires n’ayant rien à faire sur ce plancher alors que l’horloge du couloir indiquait une heure passé. La lumière de la cuisine était néanmoins allumée et le Sinclair se demanda qui d’autre procrastinait sur son sommeil cette nuit. En approchant l’ouverture de la pièce, il reconnut aussitôt la silhouette de Sam qui lui faisait dos.

Je crois que c'est la première fois que je te croise par ici à cette heure,” commenta-t-il en guise de salut.

La bouteille de bourbon à la main, il n’attendit pas qu’elle se retourne pour s’approcher du comptoir et s’emparer d’un verre à remplir.

Tu en veux ?” demanda-t-il à la hackeuse après avoir avalé une généreuse gorgée.

Ce n’était pas le genre de Darius d’offrir son alcool aux jeunes de l’Institut, et ce n’était probablement pas le genre de Sam d’en boire, mais il n’avait pas vraiment la tête à s’en soucier.

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Nuit pale sans l'ombre d'un sommeil à l'horizon, Samara ne parvenait pas à fermer l'œil. L'esprit tournant sans jamais s'arrêter, elle avait cédé ses appartements à Aurora et Lexie de bon cœur afin de s'installer momentanément dans son bureau. Après tout, ne vivait-elle pas déjà la majeure partie de son temps entre ces murs colorés ? Céder ses quartiers n’était alors aucunement une sinécure pour la mutante.

Incapable de trouver également le repos depuis que les évènements s'étaient bousculés, elle préférait garder pour elle l'origine de ses insomnies afin d'accorder un peu de repos à sa cousine. Elle avait saisi toute la portée de son inquiétude, elle l'avait même embrassé en acceptant de l'aider.

Depuis cette nuit où elle avait frappé à la porte de Mikel afin de trouver un réconfort qu'elle n'avait jamais réclamé à personne, plus rien ne semblait tourner rond. Ses bras tatoués de fleurs, feuilles et serpents noirs lui rappelaient sans cesse les longues heures de son calvaire silencieux. A les voir, elle était parfois tiraillée entre une fierté incommensurable et un malaise traumatique. Comme la première fois, sa mutation l'avait marqué au fer rouge et elle s'en voulait d'avoir fait subir cette inquiétude à Mikel. Elle ne parvenait à oublier sa panique, ni même ses réactions, alors qu'elle, elle n'avait fait que la subir. Pourquoi être allée le voir, si ce n'était pour le faire souffrir de son mal, à elle ?

Culpabilité grignotant ses sentiments amoureux, elle ne savait plus.
Elle ne savait quoi penser.

Les mots prononcés tournaient dans son esprit jusqu'à se faire éclipser par un sentiment de culpabilité et d'illégitimité tandis qu'elle songeait au mal être de sa meilleure amie. Comment pouvait-elle se focaliser sur quelque chose d'aussi trivial lorsque Brianna avait tant subi ? Comment avait-elle pu l'oublier pendant ces quelques jours alors, qu'elle, elle s'était retrouvée enfermée ?

L'écho des tortures passées sous silence de Brianna réveillait les souvenirs emmurés d'une Delia oubliée. A défaut de savoir, elle s'était prise à imaginer.. Parce qu'elle savait ce que la folie d'un esprit malade pouvait faire. Elle l'avait vu et subi.

Pourtant, Samara refusait de s'apitoyer sur son propre malaise psychologique. Elle pouvait le gérer par déviation ; Et c'était d'ailleurs ce qu'elle faisait en se plongeant dans la quête maladive d'informations. Les vidéos et les recherches lui dévoraient tout son temps et toute son énergie, allant jusqu'à consumer sa patience et lui faire oublier son malaise intérieur. Et c'était tout ce qu'il lui fallait.
Tout ce qu'elle méritait.

Et lorsqu'enfin, c'était Aurora qui l'avait contacté, Sam était parvenue à s'échapper de sa propre spirale infernale pour aider sa cousine ainsi que sa fille. Se dévouant à l'autre, elle agissait comme elle l'avait toujours fait, en prenant soin de s'effacer. Parce que c'était ainsi qu'elle digérait les évènements. C'était ainsi qu'elle vivait.

Se retrouvant finalement dans les cuisines communes de l'Institut à une heure tardive, son esprit réveillé l'avait invité à se trouver quelque chose à manger. Piètre cuisinière, elle avait d'abord opté pour un sandwich plein de crudités rapidement abandonné à son sort tant il lui faisait trop peu envie. Finalement, c'était le pot de beurre de cacahouète qui avait trouvé sa faveur tandis qu'elle s'était préparée une tartine simple mais efficace.

Casque sur les oreilles diffusant une musique qui l'isolait du monde, Samara dégustait sa tartine debout devant le plan de travail. Cheveux brun lâchés, elle arborait un débardeur blanc et un jeans. Sa peau découverte dévoilait quelques marques à l'orée du tissu blanc qu'elle prenait d'ordinaire soin de dissimuler sous des couches de vêtements.

Mais là, personne ne devait la voir, personne n'était destiné à la trouver.
N'est-ce pas ?

Les tatouages recouvraient l'ensemble de ses avants bras alors qu'elle avait appris à les ignorer malgré la fascination qu'ils avaient rapidement déclenché chez elle.

Le tableau habituel d'une Samara timide semblait à la fois préservé et terriblement bousculé, mais ça ne semblait guère l'inquiéter tant elle était enfermée dans sa bulle de solitude. Une bulle qui finit par éclater lorsque son champ de vision fut envahi par la silhouette imposante de Darius.

Sursautant jusqu'à en perdre sa tartine qui échouait lamentablement sur le plan de travail, Samara poussait un cri de surprise avant d'ôter rapidement son casque et de figer son regard brun sur le Doyen.

« Oh mince ! » Soufflait-elle avant de se précipiter pour ramasser sa tartine et la reposer dans son assiette. « Je.. J'ai juste un peu de mal à dormir. » Soufflait-elle comme pour se justifier de sa présence alors que le rouge piquait ses joues parsemées de taches de rousseur. « Pardon. » Ajouta-t-elle par force d'habitude.

Lorsque Darius vint lui proposer un verre, elle se figea et arrima un regard inquisiteur sur ses traits masculins qu'elle se prit à détailler pendant un long moment. « Euh.. J-je ne bois pas. » Jamais. Elle n'avait jamais bu une seule goutte d'alcool de sa vie, mais ce n'est pas ce qui l'inquiéta en cet instant. Ce fut plutôt que le Vampire vienne lui proposer de boire avec lui.

Animée par son inquiétude, elle oublia son assiette sur le côté pour se rapprocher du mutant et s'arrêter à quelques pas de lui. « Qu'est-ce qui ne va pas ? » Demanda-t-elle avec douceur, certaine que quelque chose rongeait Darius. Effleurant son portable logé dans la poche arrière de son jean, elle éteignit la musique dans un flash violine qui inonda rapidement ses iris avant de s'effacer. Le casque était déposé sur le plan de travail, signe qu'elle octroyait toute son attention au vampire. « Si tu veux m'en parler.. Je peux écouter. » Proposait-elle avant de s'empourprer légèrement. « Je sais que je ne suis peut-être pas ton premier choix et c'est normal, mais si ça peut te faire du bien.. Ça sera peut-être plus efficace qu'une bouteille, non ? » Un sourire timide vint ponctuer ses paroles alors qu'elle jetait un rapide coup d'œil à la bouteille. Il n'y avait aucun jugement dans son timbre, juste un constat, une réalité formulée. Tout comme elle pouvait aisément comprendre qu'elle n'avait rien d'une confidente au regard du Doyen.

Mais qu'est-ce que ça lui coutait d'essayer ?
Au moins de proposer ?
Rien.



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La boisson forte lui brûlait l'œsophage, mais c’était pour cette raison que le doyen l’aimait tant. Elle calmait sa mauvaise humeur tout en lui coupant la soif — celle qu'il était facile d’oublier d’un point de vue extérieur. Plus il était contrarié, plus ses pulsions prenaient de la place, même s’il arrivait généralement à les maîtriser. Mais parfois, il lui arrivait encore de perdre le contrôle. Le vampire avait bien fait de rentrer en voiture cette fois-ci : il ne pouvait se permettre de déraper comme il l’avait fait en février, lorsque la rage et la soif qu’il avait accumulées avaient fini par exploser et tuer les deux bandits qui l’avaient suivi. Cela s’était passé à quelques mètres des illusions qui cachaient l’Institut, assez proche pour attirer l’attention de Reagan qui l’avait découvert à côté des cadavres. Même si elle avait prétendu le contraire, il avait perdu l’estime d’une Protectrice et d’une amie chère cette nuit-là ; elle était partie de l’Institut le lendemain sans même lui laisser un mot.

Au moins, elle avait conservé le silence quant à cet incident qui aurait pu virer au cauchemar pour Darius. Tout comme il semblait mener différentes vies entre son rôle à l’Institut et son identité de James Couture, le mutant avait souvent l’impression de mener un double jeu entre le modèle exemplaire qu’il représentait auprès des jeunes et le monstre qu’il était — qu’il devait être — pour les protéger des dangers, y compris de lui-même. Il n'était pas curieux de savoir ce que quelqu'un comme Sam, qu'il affectionnait particulièrement, penserait de lui si elle découvrait toutes ses facettes.  

Lors de son tête-à-tête avec Amalia, il avait enfin eu le sentiment de ne plus occuper un rôle ; d’être lui-même, tout simplement. Il n’avait pas connu cela depuis longtemps et les espoirs montants avaient rendu la chute d’autant plus brutale. Il n’avait pas ouvert son cœur de cette façon depuis cinquante ans.

Malgré tout, Darius était soulagé d’être tombé sur Sam dans la cuisine, plutôt que d’autres pensionnaires. S’il aurait préféré se noyer seul dans ses émotions, Sam faisait partie de ceux avec qui il avait fini par dépasser le seuil de la simple relation courtoise. Il n’était pas prêt à tout lui avouer, mais il se sentait assez en confiance pour croire en son envie de l’aider. Pour lui permettre de l’écouter, le temps de se décharger du poids qu’il avait ramené.

Tu sais, le code de Trask Industries que je t’ai demandé de rechercher ? Celui qui est la clé pour libérer les mutants en captivité…” Il cala le fond de son verre avant de s’en servir un deuxième. Sam le respectait assez pour ne pas juger son habitude et c’était au moins l’une des choses qu’il n’avait pas à cacher : en cet instant, il n’était pas une bête sanguinaire, seulement un homme en quête de détente. Et si la bouteille n’était pas la méthode la plus efficace, elle restait néanmoins d’une grande aide. “Eh bien, j’ai rencontré l’une de leurs prisonnières en février dernier, lorsque je suis allé jouer du violon à une soirée pro-mutante,” continua-t-il en venant prendre place de l’autre côté du plan de travail.

Je l’ai ensuite revue quelques fois depuis, mais c’est difficile, parce qu’elle est surveillée par Trask et évidemment, Trask ne peut connaître mon existence, ni celle de l’Institut. Alors nous devons passer par des moyens détournés pour nous donner rendez-vous.” Comme le fait d’organiser une soirée James Couture exclusive ou menacer la secrétaire de la compagnie pour faire passer un message… Chacun faisait comme il le pouvait sans utiliser les moyens de communication courants. “C’est elle qui m’a fourni le code à décrypter. Je lui ai promis de l’aider.” Darius tenait fort à ses promesses, ce qui expliquait l’insistance avec laquelle il avait harcelé la hackeuse pour qu’elle entame des recherches deux mois plus tôt. Les enlèvements avaient toutefois effacé la tâche des priorités de la Protectrice, et Dracula avait alors mis quelques morales de côté pour subtiliser des informations directement à la veine d'employés de Trask. Mais ça aussi, il le gardait pour lui ; il savait à quel point les enlèvements avaient bouleversé Ascii plus que n’importe qui d’autre. Et il voulait éviter de l'exposer à cette partie de lui.

J’étais à l’Equilibrium avec elle, ce soir,” finit-il par avouer. “Et disons que… ça ne s’est pas très bien terminé.” C'était tout un euphémisme — un tic nerveux lui déforma le visage alors qu'il s'efforçait de contenir la frustration qui remontait lorsqu'il pensait à la fin de cette soirée. Il en voulait à Amalia d'avoir ignoré ses excuses, mais pouvait-il vraiment la blâmer ? Il eut soudainement envie de jeter son verre à travers la pièce, mais la présence de la brunette en face de lui l'en empêchait. Le doyen refusait de faire subir à Samara ses élans de colère depuis la dernière fois. Il prit plutôt une grande inspiration pour se calmer à nouveau avant de souffler d'une voix brisée, “J’ai consciemment trahi sa confiance, Sam... j'ai été égoïste.” La honte le rongeait, mais étrangement, le fait de l'admettre à voix haute l'apaisa un peu.

Il avala une autre gorgée de bourbon, mais celle-ci se fit plus petite, plus contrôlée. “J’ignore si on se reverra... Si je pourrai la retrouver.” Il l'espérait, ne serait-ce que pour tenir son bout de promesse, mais seul l'avenir le lui dirait.

Samara avait raison, cela lui faisait du bien d’en parler. Elle n’avait ni à connaître les détails ni à lui servir de conseillère pour simplement lui offrir l’oreille attentive dont il avait besoin.

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Rencontre fortuite à la faveur des prémices d'une nuit blanche, Samara accueillait avec son habituelle pudeur la venue du Doyen. Et tandis qu'elle aurait eu envie de fuir avec n'importe qui d'autre, elle préférait plutôt entamer une conversation que le temps avait fini par favoriser. Consciente de ne pas être un premier choix lorsqu'on souhaitait souffler quelques confidences, Samara acceptait pourtant de bon cœur d'être un choix alternatif, celui de secours qui pouvait dépanner lorsque l'occasion s'y prêtait.

Bien plus concernée par l'air morose de Darius, elle en oubliait son allure peu conventionnelle et sa présence dissonante dans la cuisine déserte. Et lorsque même, il concédait à entamer son récit, elle reprenait sa tartine pour la manger lentement en gardant son regard brun sur celui de son ainé. Attentive, Samara percevait le tumulte derrière la façade, tout comme elle comprenait son besoin de digérer ses déboires à sa manière.

Après tout, qui était-elle pour le juger ?
Pour pointer du doigt ses habitudes ?


Il avait vécu ce qu'elle ne vivrait jamais ; il avait l'expérience qu'elle n'aurait certainement jamais. Darius était un modèle pour la jeune femme qu'Ascii concédait peu à peu à devenir. Et même si elle sortait progressivement de son cocon d'enfermement perpétuel, cela ne voulait pas dire qu'elle avait enfin les clés de la sociabilisation.

C'était encore laborieux, parfois même douloureux.
Et Samara ne cessait de se blâmer de ne pas être comme les autres, d'être incapable de cette proximité avec le commun des mortels ; parce que c'était terriblement facile pour eux, alors que pour elle, c'était un sacerdoce.
Pour autant, elle s'était découverte depuis peu capable de combattre ce fléau qui lui semblait dorénavant surmontable. Dans le chaos et le tumulte, il y avait eu un déclic, un appel au courage qui avait été entendu. Et finalement, elle se sentait enfin progresser.

Et sur la ligne de cette progression, il y avait Darius. Pour une raison étrange – sans l'être pour autant – Samara se savait capable de braver ses plus vieux démons pour laisser entrer le Vampire dans sa bulle ultime de protection. Parce qu'il avait endossé un rôle qu'elle n'avait jamais octroyé à personne ; un rôle qu'on avait gommé autant de sa vie que de son état civil. Le mutant portait ce quelque chose d’innommable que le sang ne lui avait pas conféré ; Et si Samara n'était pas encore capable de le verbaliser, elle tentait de lui montrer. A sa façon.

Et ça passait par un dialogue qu'elle permettait, sans s'enfermer intuitivement dans sa coquille imperméable.

Néanmoins incertaine d'être une grande aide pour le Vampire, elle tendit pourtant l’oreille avec assiduité. Après tout, n'était-elle pas capable d'élaborer des algorithmes complexes ? D'élucider des mystères de tous les horizons ? Alors.. Pourquoi ne pas se tenter à un autre genre d'énigme ?

Lorsque le sujet de Trask fut le premier abordé, elle tenta de retenir sa crispation et réalisa soudain que sa lubie pour l'enlèvement des mutants lui avait fait oublier la demande de Darius. Ecarquillant alors les yeux, elle ôta la tranche entamée de beurre de cacahouète de sa bouche et paniqua instantanément.

« Oh mon dieu.. Je suis désolée. Je.. Je suis complètement passée à côté. » A force de vouloir recoller les morceaux du mystère des enlèvements et de vouloir soigner le cœur blessé de sa meilleure amie, elle avait failli à son rôle. Et cela, elle avait du mal à l'accepter. « Je vais m'en occuper, je te promet.. Vraiment, pardon. » Se confondit-elle alors en excuse, véritablement navrée par son oubli.

Lorsque Darius continua sur sa lancée, elle resta un moment interdite à le dévisager. Sur l'instant, elle ne comprit pas où il voulait en venir ainsi que la résultante de son malaise. Alors.. Elle se fit silencieuse et attentive afin de déceler les indices que ses silences et expressions pouvaient lui laisser afin de décrypter le fond de sa pensée.

Acquiesçant concernant le code, elle fit le lien avec ce qu'il lui avait donc fourni et ne l'interrompit pas. Pour autant, Samara fut relativement étonnée de constater que Darius accordait autant d'importance à sa source.. Enfin, c'était normal, et même humain. Mais tout de même. Peut-être était-elle une amie ? Quelqu'un de confiance ? Etonnant.
Au sujet de l'Equilibrium, elle cligna des yeux en reprenant sa tartine dans l'expectative de la terminer. Là-bas, n'était-ce pas un restaurant chic ? Enfin, c'était ce qu'on lui avait dit. Mais au vu des costumes habituels de Darius, ça n'avait rien d'étonnant.

« Mais pourquoi est-ce qu'un rendez-vous avec cette dame te pertu.. » Blanc. Samara écarquillait les yeux et avalait sa dernière bouchée de travers en rougissant. Grand dieu, elle avait enfin compris ! Les miracles pouvaient se produire en ce monde.. Et pour cela, il fallait remercier Mikel. Une foule d'images hypothétiques et de réflexions passèrent dans sa tête, jusqu'à la faire rougir de plus belle tandis qu'elle se raclait la gorge. « Un rendez-vous ! Oh oui, non, j'ai compris, pardon. Comme un rendez-vous.. Rendez-vous. » Oui Samara. Comme un rendez-vous. « Je-.. J'en ai jamais eu, alors c'est pas très facile de.. Enfin, je veux dire. Non mais j'ai rien dit. Pardon. » Bafouillait-elle lamentablement, honteuse de s'engager sur cette pente glissante.

Traçant alors vers un des frigidaires, elle attrapa une bouteille d'eau afin de se servir à boire et bu aussitôt une longue gorgée. Okay.. Ça allait mieux. Pourtant, le chaud aux joues demeurait. Quelle diablerie.

Inspirant profondément, elle retrouva pleinement son calme et posa la bouteille sur le plan de travail pour enfin d’adresser un sourire léger à Darius. « Ça arrive à tout le monde d'être égoïste, ou même de faire des erreurs. Enfin.. A mon avis, c'est ce qui nous rend humain. Mais rien n'est irrémédiable, non ? » Penchant le visage sur le côté lors de son propos, elle tentait sa version à elle du réconfort. Car si elle n'était pas douée pour les contacts physiques rudimentaires, elle demeurait pourtant dotée de réflexion. Et une plutôt bonne.. Enfin, normalement. « Si vous vous êtes déjà trouvés, une fois, deux fois.. Ou même plus, alors, vous serez capable de le refaire, si tu veux mon avis. Pour autant, je comprends. Je comprends que ça puisse te peser parce que c'est très récent. Et que parfois, ça arrive de se décevoir soi-même.. J’en sais quelque chose. Mais même si c’est un sentiment terrible, je suis certaine que tu arriveras, avec un peu de temps, à voir les évènements sous un autre angle lorsque tes sentiments seront un peu moins .. À vif. »

Reprenant sa bouteille en main, elle s'approchait – volontairement, oui – de Darius afin de lui faire face. A quelques pas néanmoins du Vampire, elle jouait avec le plastique pendant un moment avant de reprendre. « J'ai un peu de mal avec tout ce qui est destin ou providence.. Parce que ça manque un peu de rationalité selon moi. Je veux dire.. Si la vie était une grosse machine, alors, quel algo tu ferais pour le destin ? Y'a un truc qui marche pas.. Enfin, bref.. » S'égarant sensiblement, elle secoua le visage négativement avant de reprendre avec un sourire étrangement doux et pensif. « Pour autant, je reste persuadée qu'il y a certaines personnes qui doivent occuper une place dans notre vie. C'est inévitable. Alors, si c'est le cas pour ta dame, alors.. Ce n’est pas la fin. Vous trouverez un moyen de vous revoir. »

Ouvrant la bouteille d'eau, elle revint boire une gorgée avant de la reposer et d'enchainer quasi-aussitôt. « Oh, et pour communiquer, j'ai un moyen infaillible. Donc, si tu la retrouves, je pourrais faire un truc pour vous ! » Proposait-elle, spontanément avec bonne volonté. Car après tout, si elle pouvait aider de cette manière-là avant d'agir plus efficacement concernant Trask Industries, elle le ferait avec plaisir.

« Quoiqu'il en soit.. » Entamait-elle afin de conclure sur son propos. « Tu n'es pas quelqu'un d'égoïste, Darius. Et le simple fait que tu t'inquiètes de l'avoir été confirme le fait que tu ne le sois pas. Ce n'est pas que moi qui le dit, c'est une question de logique.. » A croire qu'elle avait retrouvé ses esprits depuis le retour de Brianna, et c'était le cas. Pourtant, il y avait quelque chose de différent chez elle. Quelque chose causé par sa mutation, par les aléas, par le chaos récent.




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La mention de Trask Industries fit instantanément réagir la hackeuse, mais Darius secoua négativement la tête : considérant la nuit qu’il venait de passer, il ne faisait pas référence à la demande oubliée pour faire des reproches. “Avec tout ce qui est arrivé dernièrement, je sais que tu avais d’autres priorités,” soupira-t-il. Depuis qu’il avait rencontré Amalia, le doyen savait que ses priorités personnelles commençaient à s’entremêler avec celles de l’Institut. Certes, il aurait préféré voir les recherches de Sam avancer à ce niveau-là aussi, mais comme la rencontre pendant laquelle ils avaient trouvé des indices sur les enlèvements l’avait démontré, les affaires de l’Institut se devaient d’avoir préséance sur le reste. La fois où Darius s’était laissé dévier de ce chemin, la Protectrice de l’informatique avait été la première à lui faire réaliser son erreur. Il s’était juré de ne pas recommencer depuis, d’où la quête qu’il avait entamée dans son temps libre. Il acquiesça malgré tout face à la nouvelle promesse que miss Corvin lui faisait, car son aide demeurait précieuse. “Merci.” Même s’il finissait par ne plus revoir Copycat, il continuerait sur ce dossier au nom des autres mutants capturés. Il devait cependant faire attention à ne pas se retrouver sur la corde raide, car la situation dans laquelle les prisonniers se trouvaient pouvait facilement devenir celle des mutants du manoir s’il faisait un faux pas.

Les sentiments qu’il avait pour Amalia étaient sans doute son plus grand conflit d’intérêt, le forçant parfois à choisir un camp. Et malgré ses pulsions, c’était encore l’Institut qui l’avait remporté cette nuit, étouffant à nouveau les braises de leur relation à peine naissante. Cela avait de quoi rendre Darius particulièrement contrarié, mais il s’efforçait de ne pas projeter ses émotions sur Samara, qui n’y était pour rien dans tout ça. Il leva plutôt un sourcil devant la question interrompue de la brunette suivie du rouge qui lui monta aux joues alors qu’elle prenait conscience des sous-entendus. En temps normal, il lui aurait probablement sorti une remarque amusée, mais le sourire ne lui vint pas aux lèvres cette fois. Il se contenta de hocher la tête en silence, laissant ses aveux planer dans l’air tandis que sa nouvelle confidente contournait l'îlot pour se prendre une bouteille d’eau. Le mutant pouvait voir qu’elle était mal à l’aise ; il ne s’attendait pas à une réponse quelconque. Elle lui avait seulement prêté son oreille et il ne l’engageait à rien de plus.

Pourtant, la longue gorgée terminée, Samara se retourna vers son aîné pour le réconforter à sa manière. Pour le rassurer que c’était humain de faire des erreurs et que celles-ci pouvaient souvent être réparées. “Je ne sais pas,” admit-il, laissant ses doigts pianoter sur le comptoir pour faire évacuer l’agitation. “Avec quelqu’un d’autre, peut-être ; mais avec elle… Il faut que j’arrive à la revoir, déjà.” C’était la partie la plus difficile : Darius était persuadé qu’Amalia savait comment l’éviter si elle le voulait. De plus, elle savait comment le retrouver alors que l’inverse était plus compliqué. Il avait espoir qu’elle se calme et revienne vers lui, mais une partie de sa frustration venait justement du fait qu’il avait l’impression de ne pas être en contrôle : leurs retrouvailles (ou non) dépendaient plus d’elle que de lui. La hackeuse, cependant, se basait sur les faits passés pour émettre un autre avis. “Peut-être bien,” lui répondit-il platement en terminant son deuxième verre. Elle avait au moins raison sur le fait que ses émotions étaient à vif – cela ne laissait pas beaucoup de place pour la rationalité.

Malgré tout, Sam continua d’étaler sa pensée cartésienne, se rapprochant du vampire pour le défier de décrire l’algorithme du destin. Cette fois, Darius ne put retenir son sourire en coin. “On dirait que c'est un autre moi qui parle, là.” Mine de rien, cette petite remarque l’aida à se recentrer un peu, lui qui avait aussi un fort penchant pour la démarche scientifique. “Merci pour ton optimisme,” ajouta-t-il lorsqu’elle réitéra sur la conviction qu’une nouvelle rencontre sera possible. Même s’il n’était pas encore 100% convaincu – il avait au moins besoin d’une nuit de sommeil avant de retrouver la clarté dans ses pensées – il appréciait le support honnête d’Ascii.

Cette dernière, dans son enthousiasme, lui révéla sa capacité à fournir un moyen de communication infaillible. Darius se rappela alors du SMS qu’elle lui avait envoyé plus tôt, mais avant qu’il ne puisse le mentionner, Sam insista une autre fois sur le fait qu’il n’était pas égoïste. Ça aussi, il aurait voulu y croire ; après tout, c’était le jeu qu’il jouait avec tous les sacrifices qu’il faisait au nom des mutants. Hélas, il savait pertinemment qu’il avait omis la majorité de l’histoire, et dans ces circonstances, il restait difficile pour le doyen de pleinement accepter le réconfort offert. Si la jeune mutante avait la moindre idée de la violation qu’il avait commise, présenterait-elle le même verdict ? “Si tu veux parler de logique – ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, tu sais. Ton argument est un paralogisme,” se contenta-t-il de répliquer factuellement. Sans méchanceté, il critiquait la forme pour éviter d’aborder le contenu. Le voilà qui retrouvait un peu de son armure, ce qui, dans un certain sens, pouvait être interprété comme un bon signe.

Le moyen de communication dont tu parles, c’est en lien avec ce que tu m’as envoyé comme texto ?” demanda-t-il afin de revenir sur son sujet d’intérêt. Il sortit le téléphone de sa poche pour retrouver la conversation en question. “Ah oui, les tatouages en font aussi partie…” Son regard passa de l’écran aux avant-bras de Sam, que Darius prit délicatement entre ses mains pour observer plus attentivement. “Tu as de la chance qu’ils soient aussi jolis.” Les mutations étant plus ou moins aléatoires, les tatouages auraient pu se manifester d’une multitude d’autres façons, et celles-ci n'auraient pas nécessairement été esthétiques. Pour tout mutant, c’était toujours un soulagement de ne pas se retrouver encombré par un nouvel aspect de son gène X.

Lâchant les bras d’Ascii, Dracula se redressa sur son siège en retirant son veston et desserrant sa cravate. Il commençait à avoir chaud à cause de l’alcool dans ses veines et il n’avait plus à se soucier d’être parfaitement présentable. Il réalisait aussi qu’il resterait dans la cuisine plus longtemps que prévu. “Alors dis-moi, qu’est-ce qui a déclenché tout ça ?” La Protectrice avait mentionné être tombée dans le coma, et même si elle semblait s’en être parfaitement rétablie, ce n’était pas quelque chose que le doyen allait ignorer.

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D'autres priorités ; très certainement, Samara s'était laissée dévorer à petit feu par son incapacité à trouver des réponses qu'elle fut pourtant persuadée de pouvoir découvrir grâce à ses capacités. Mental remis en question, puis mutation maudite dans le silence de l'échec, Ascii avait vécu un enfer de bonnes intentions entre les murs de son bureau. L'écho résiduel des évènements demeuraient d’ailleurs encore présent, et malgré elle, elle ne parvenait à se défaire de cette sensation d'échec tandis que ses recherches continuaient.

Et malgré toute la proximité morale qu'elle pouvait avoir avec Darius, elle ne parvint pas à verbaliser cette idée, ce malaise silencieux qui la rongeait. Alors, elle enferma plutôt le tout dans une boite laissée de côté, soigneusement ignorée le temps de leur entrevue. Parce qu'elle estimait ne pas être celle ayant besoin d'une main tendue ; Parce qu'elle fut certaine de pouvoir aider le Doyen comme il l'avait si souvent aidé.

S'oubliant alors dans le processus d'une habitude qui commençait à se rôder au fil des interactions qu'elle s'autorisait ; Samara demeurait oreille attentive, jusqu'à devenir oreille active. Marquant ainsi dans un coin de son esprit l'enquête qu'elle allait devoir mener sur Trask Industries, elle refoula la foule de sentiments que cela provoquait par cascade en elle afin de se focaliser sur l'essentiel.

L'essentiel fut tout simplement Darius alors qu'elle captait tout son scepticisme, tout son doute, toute sa déception et son amertume suite à l'issu du rendez-vous qu'il avait eu en compagnie de sa Dame qu'elle fut incapable de nommer. L'inconfort passé, Sam zappa son inexpérience afin de se baser sur la logique. Les raisonnements lui semblèrent alors plus clairs, infiniment plus limpide que lorsqu'elle osait transposer le cas à sa propre personne.

Non, non, non. Elle ne pouvait faire une telle chose. D'ailleurs, le nœud de ses réflexions l'amena plutôt à follement se questionner. « Je me demande si je peux hacker les puces de Trask.. Parce que s'ils peuvent tracer les mutants, alors je devrais pouvoir le faire aussi. » Soufflait-elle dans une conjoncture franchement dangereuse. Mais sur l'instant, ce ne fut guère la dangerosité de la chose qui l'inquiéta, mais plutôt sa capacité à réussir.
Plongée dans la multitude de ses conjonctures, elle nota dans un coin de son esprit de vérifier cette idée-là.

Il fallut bien de longues secondes à Ascii pour refaire surface et en revenir à Darius afin de l'observer avec un sourire teinté de douceur. Flattée par la comparaison faite, elle ne retint aucunement son regard brillant. « C'est gentil.. Ça veut dire que j'avance sur la voie de la sagesse.. » Murmurait-elle avec une pointe d'humour timide en haussant les épaules lorsqu'il finissait par la remercier. Pour elle, il n'avait pas à le faire. Il n'avait jamais à le faire.

Cette confiance qu'elle octroyait de manière aveugle au mutant eu pour conséquence d'impacter ses réflexions ; Et il fallut à Ascii quelques secondes de silence pour intégrer le propos de Darius qui remit en cause sa science. Penchant le visage le côté, Samara ne cacha pas sa réflexion tandis que son regard se posait sur le vide avant de revenir se porter sur son vis-à-vis.

« Ma bonne foi se base sur un certain empirisme, mais comme je n'ai pas une connaissance exacte des faits, surement que oui.. Mon argument se rapproche d'un paralogisme. La vraie question est de savoir si ma seule expérience suffit à appuyer ma théorie, ou si je dois l'alimenter de faits dont je n'ai pas eu connaissance jusqu'à là. Tu vois ? C'est un peu complexe. » Un peu ? C'était un doux euphémisme tandis qu'elle en souriait tranquillement. « Ça revient à remettre en cause celui que tu es à mes yeux.. Mais j'ai du mal à concevoir que l'on puisse réduire une personne aux seuls faits de son existence. Les émotions et les interactions sont aussi essentielles. Mais.. » Samara battait des cils avant de finalement avoir un léger rire désolé. « Je crois que je viens de me perdre, pardon.. »

Une moue aux lèvres, elle s'apprêtait à reprendre en main sa bouteille lorsque finalement Darius aborda plutôt le sujet de ses tatouages. Son expression jusqu'à là détendue se mitigea alors qu'elle porta son regard brun sur les dessins imprimés sur sa chair. Inspirant profondément, Samara retrouva aussitôt son sourire en rivant son attention sur celle du Vampire. « Oui, c'est ça. » Comment expliquer la nouvelle facette de sa mutation ? Mh.. A vu d'œil, elle ne voyait qu'une expression relativement viable. « Je suis un réseau maintenant. Enfin.. Si, oui. Je suis un internet tout neuf et privé. » S'amusa-t-elle non sans une certaine nuance qu'elle ravala rapidement tandis que Darius portait son attention sur ses tatouages qu'elle lui laissait voir.

« .. Ils sont jolis, oui. » Confirma-t-elle, plutôt fière de leur esthétique. Pourtant.. « Ils étaient deux fois moins grands, au début. Ils grandissent en fonction de ce que j'ajoute dans le MetaSam. » Sa question implicite fut de se demander si elle allait finir couverte de la tête aux pieds par ces tatouages, si elle osait en abuser. Si leur omniprésence était un facteur esthétique qu'elle se savait apte à aimer de plus en plus, au fil du temps, il n'en demeurait pas moins qu'ils étaient pour le moment la cause et la conséquence d'une nuit douloureuse.

Récupérant ses mains, elle vint les observer longuement lorsque Dracula lui demanda comment tout s'était déclenché. La question la mit immanquablement mal à l'aise tandis qu'elle la plongea naturellement dans ses souvenirs encore trop frais. Retenant un soupir, elle dissimula finalement ses bras en venant nicher ses mains dans les poches arrière de son jean. Son regard se reporta enfin sur Darius tandis qu'elle ne parvenait pas à dissimuler pleinement son malaise.

« Je.. Je pense que je n'allais pas bien. » Reconnut-elle pour la première fois tandis qu'elle détournait le regard pour saisir la bouteille d'eau qu'elle faisait jouer entre ses doigts. « Tu sais, ma mutation, même si elle a été la source de .. Beaucoup de douleurs, elle m'a quand même toujours sauvé. Elle n'a jamais failli. Et là.. » Là, Samara avait eu la sensation d'atteindre sa limite. Le corps et le mental avaient finalement tout autant souffert. « Je me souviens de.. De ce désespoir, de cette peur.. Et surtout d'un sentiment d'urgence. » Finalement prisonnière de ses émotions, Samara s'était laissée dévorée de l'intérieure.

Songeant à son échappatoire, elle sentait le rouge lui monter aux joues. Les souvenirs encore vaporeux de cette nuit lui revenaient peu à peu alors même que sa culpabilité avait tout fait jusqu'à là pour les occulter. « J'étais.. Dehors. Je crois qu'il pleuvait et.. Je suis allée.. » Oui Samara ? « ..Quelque part. » Ce quelque part avait un nom qui lui brulait les lèvres, mais elle ne parvenait pas à le prononcer. « Là-bas, c'était confus. Je sais seulement qu'à un moment j'ai perdu le contrôle de ma mutation et.. Je pense que c'est là que le processus s'est enclenché. »

Elle aurait voulu lui dire que cela avait été terrifiant. Parce qu'elle s'était vue dans l'inconscience, incertaine d'un jour pouvoir regagner son corps. Parce que malgré cette distanciation, elle avait également ressenti chaque douleur, chaque poussée de fièvre, chaque trait creusé dans sa chair. Elle avait tout ressenti, tout vu.. Pendant ces huit heures.

« ..Mais ça va maintenant. » Ne pouvait-elle s'empêcher de préciser, comme dans un besoin de minimiser son propre malaise à penser à tout ça. « Tu sais, la première fois, déjà, ça.. » C'était passé ainsi. Il avait fallu qu'elle souffre, que l'inconscience vienne l'embrasser pour la relâcher avec sa différence. Secouant le visage négativement, elle ne voyait pas l'intérêt de continuer sur sa lancée. « C'est passé. »

Oui, c'était passé.
Et c'était bien l'essentiel.


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Connaissant Sam, il n’était pas surpris de l’entendre se questionner à voix haute comme elle le faisait régulièrement lorsqu'elle se perdait dans ses réflexions. Darius n’attendait rien de moins qu’un esprit à la fois critique et curieux chez les Protecteurs de l’Institut – c’était sur eux que l’on se fiait le plus lorsque la sécurité du manoir était compromise – et il avait constaté que la timidité de la hackeuse n’était pas toujours un obstacle à l’expression de ses pensées. “Hmm. Si j’utilise sa puce pour la retrouver, je ne vaudrai pas mieux que ses tortionnaires,” laissa-t-il échapper alors que Samara articulait une nouvelle idée sur les puces de Trask Industries. Après l’invasion des souvenirs de sa date, c’était sûrement le pire moyen de chercher à se faire pardonner. “Par contre… hacker les puces pour déterminer combien de mutants ils tiennent prisonniers, et possiblement fausser les données transmises… Ça, ce serait merveilleux,” ajouta-t-il en plongeant un regard déterminé dans celui d’Ascii. C’était peut-être dangereux, et elle n’était peut-être pas en mesure de réussir, mais le doyen avait toujours préféré encourager la Protectrice à se dépasser plutôt que de l’inhiber par crainte du danger. Parfois, une certaine prise de risques était nécessaire, autant pour obtenir les résultats escomptés que pour en ressortir grandi.

Cependant, il n'insista pas davantage sur le sujet, conscient que ce n’était qu’une idée jetée en l’air pour le moment ; il se faisait tard et c’était le genre de théorie sur laquelle il valait mieux se pencher à tête reposée. Darius laissa plutôt Sam lui exposer son point de vue sur le destin, fier de se reconnaître un peu dans celle qu’il avait vu maturer, mais tout de même incapable de s’empêcher de corriger un raisonnement aberrant. Il fronça les sourcils en silence tandis que la hackeuse s’étalait dans la défense son argument, se demandant où elle voulait en venir, jusqu’à ce que le vieux mutant réalise le malentendu. “Je voulais dire que le fait de m’inquiéter d’être égoïste ne confirme en aucun cas le fait que je ne le sois pas.” Le paralogisme n’était pas la croyance qu’il n’était pas égoïste, seulement la façon dont elle avait été justifiée. “Tu sais le nombre de personnes qui se demandent s’ils sont des connards et qui sont, en effet, des connards ?” demanda-t-il avec un sourire mesquin au coin des lèvres. S’il y avait plusieurs personnes au sein de l’Institut que Darius respectait, il y en avait encore plus à l’extérieur qu’il méprisait systématiquement. “Mais tu as raison, sans connaître tous les faits, tu ne peux que te faire une opinion basée sur ton expérience. Je ne peux pas te blâmer pour cela,” admit-t-il enfin pour signaler qu’il comprenait malgré tout ce qu’elle tentait d’exprimer. Elle avait foi en lui et c’était tout ce qui comptait pour elle – tout ce qui devait aussi compter pour lui, même s’il avait du mal à l’intégrer.

Avec les verres de bourbon et les émotions de la soirée, le vampire n’avait pas l’énergie d’argumenter plus que cela sur son propre caractère et il s’empressa de détourner la conversation pour aborder les aveux que la Protectrice lui avait faits par SMS. Il lui offrit la même oreille attentive qu’elle lui avait accordée plus tôt, faisant de son mieux pour assembler les morceaux du puzzle qu’elle lui laissait tandis qu’elle racontait son ressenti au moment où sa mutation avait évolué. Darius constatait que malgré la difficulté de la chose, Samara essayait sincèrement de s’ouvrir sur un épisode marquant et probablement intime. Il ne connaissait pas tous les détails de l’histoire, mais il en avait assez pour se faire une idée des grandes lignes.

Certains pensent que les mutants sont une évolution naturelle de l’espèce humaine. Malheureusement, j’ai du mal à croire que le gène X existe pour nous faciliter, voire nous sauver la vie… Je crois que tout est dû au simple hasard, le bon comme le mauvais, et que cette loterie génétique n’est souvent pas très clémente. Le fait que ta mutation ne t’ait jamais failli jusque-là est plutôt impressionnant – la plupart d’entre nous ne pourrait pas en dire autant. La douleur causée par notre gène est un fardeau que nous devons tous porter.”  

L’heure tardive et la quiétude de ce lieu qu’ils n’avaient jamais fréquenté de cette façon leur procurait une intimité différente, propice aux confidences qui auraient du mal à sortir en plein jour. Ainsi Darius se laissait-il aussi transporter par le flot de ses pensées et les nombreuses réflexions qu’il s’était faites au sujet du gène mutant ; de l’abomination qu’il était à cause de son ADN, de la souffrance que tout cela lui avait apportée au cours de sa vie.

Perdre le contrôle de sa mutation est l’une des choses les plus terrifiantes qui puisse nous arriver,” dit-il avec compassion. “C’est comme perdre le contrôle de notre esprit et de notre corps… de qui on est. Sans savoir si on arrivera à reprendre le volant avant que l’irréparable ne se produise.” Non seulement Dracula connaissait bien ce sentiment qui le guettait en permanence, attendant le moindre faux pas pour prendre le dessus, mais il l’avait aussi vécu récemment lors de sa nuit à Central Park en compagnie de Matthiew.  Alors que le vampire croyait bien se maîtriser, la mutation de son ami photographe avait eu raison de lui, détruisant ses efforts conscients tout en le réduisant à un simple animal. Darius n’avait pas vécu une telle perte de contrôle depuis des années et même si ce n’était ni de sa faute ni de celle de Matthiew (qui ne savait pas ce qu’il faisait), cet épisode l’avait profondément dégoûté.

Cela avait aussi laissé des traces indélébiles sur son gène vampirique.

Ma mutation a aussi évolué dernièrement,” avoua-t-il à sa jeune interlocutrice. “Lorsque je me… nourris… j’ai accès aux souvenirs les plus marquants de la personne, comme si je les vivais à travers un rêve. C’est arrivé après avoir rencontré un mutant – un ami – qui a la capacité d’amplifier les autres mutations. Il a amplifié la mienne par accident et… j’ai failli le tuer.

C’était la première fois qu’il verbalisait à quelqu’un d’autre ce qui s’était passé avec Matthiew. En présence de ceux qu’il considérait comme sa famille, Darius avait du mal à s’ouvrir sur sa mutation dû au dédain qui y était souvent associé et à la honte qui le rongeait. La plupart des gens ici savaient ce qu’il était, sans toutefois réaliser pleinement ce que cela impliquait. Et il laissait les choses ainsi pour le bien de tous.

Mais ce soir, en compagnie de Sam, c’était différent.
Parce qu’il voulait l’aider elle à s’ouvrir et se décharger de son fardeau, il se forçait lui à prendre un pas de plus, à franchir ses propres barrières pour montrer que c’était possible.
Et peut-être pas aussi effrayant qu’on le croyait, finalement.

Tu n’es pas la seule à souffrir des caprices de ton gène... et tu n’as pas à les endurer seule non plus,” conclut-il en reposant son attention sur Sam. Il percevait son envie de minimiser son malaise alors que la situation semblait plus sérieuse qu’elle ne le laissait paraître. “C’est pour cela que cet endroit existe.” Entre le Refuge et l’Institut, sans compter la fois où il avait hébergé Sydney chez lui pour la protéger de son frère, cela faisait des années que Darius se donnait corps et âme pour offrir aux autres mutants le safe space qu’il n’avait jamais eu. Il savait très bien à quel point c’était difficile de se sentir en confiance dans le climat de haine qui régnait à l’extérieur, mais il continuait d’espérer améliorer les choses, un pas à la fois.

Je me demande ce qui t’a fait perdre le contrôle de ta mutation et tomber dans le coma. Je doute que ce soit à cause de la pluie, hm ?” Il lui envoya un sourire qui se voulait rassurant. “Même si c’est maintenant passé, ce n’est pas rien, tu sais.”

Il n’allait pas la forcer à tout lui raconter, mais il tenait à lui montrer qu’il était là pour l’aider, pas pour la juger ; de la même façon qu’elle était là pour lui ce soir.

La confiance allait dans les deux sens, toujours.

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Si la timidité de Samara avait le don d'ériger de nombreuses barrières, il n'en demeurait pas moins, qu'elle ne les laissait jamais entraver ses réflexions. Et au-delà de cela, c'était la proximité émotionnelle qu'elle avait développé avec Darius qui lui permettait d'outrepasser ses craintes originelles. Aux côtés du Doyen, Ascii avait parfois la sensation d'être plus.. Normale. Portée hors de ses anxiétés dévorantes, elle se découvrait cet éclat qu'elle n'avait de cesse de doucement envier chez les autres.

Nulle jalousie ne la rongeait ; Non, ce n'était pas ainsi que ça se passait chez Sam. Elle était plutôt de ceux à se blâmer de ne pas parvenir à extérioriser ce qui pouvait l'habiter. Hantée perpétuellement par ses propres démons, elle avait conscience qu'ils lui collaient irrémédiablement à la peau.

Sauf à quelques exceptions près.
C'était presque l'histoire d'un alignement des astres.

Et cette nuit semblait réunir les étoiles nécessaires au petit miracle de son ouverture. Ainsi songeait-elle déjà à la prochaine mission qui allait occuper son temps. « C'est vrai.. A bien y réfléchir, ce genre de puce doit laisser une trace.. Enfin, psychologiquement parlant, bien sûr. » Toujours sensible aux sentiments des autres, Samara n'avait aucun mal à se placer dans leur chaussure et esquissait une moue avant d'entendre l'idée de Darius. Regard brun s'arrimant à celui de son ainé, Ascii l'écoutait avec attention avant d'attraper d'une main son portable. Les iris s'illuminaient alors d'un violine vibrant alors qu'elle esquissait un léger sourire. « C'est une bonne idée, je le note. Je pense que je peux réussir à déterminer quels traceurs ils utilisent et fausser leurs données. Ou peut-être créer un duplicata faussé. Parfois, un chiffre change tout tu sais. » Soufflait-elle tandis que son regard à demi absent témoignait des informations qu'elle s’attelait à entreposer.

Son état de demi-conscience s'acheva rapidement alors qu'elle reposa son portable sur le plan travail en battant des cils. Iris retrouvant leur platitude brune, Samara se laissait porter d'une pensée à une autre avant de finalement en revenir à son erreur de jugement. « Oh oui.. Tu as raison. » Reconnut-elle sans grand mal. « J'ai tendance à ..Enfin.. Être naïve quand ça concerne les gens.. Je crois. Enfin, on me le dit souvent. » Bafouillait-elle en se retrouvant à nouveau face à son innocence.

« .. J'aime bien voir le meilleur.. Plutôt que le pire, c'est pas.. Très malin, je sais bien. » Murmurait-elle finalement, un peu honteuse tandis qu'elle détournait le regard avec une légère moue aux lèvres. Se remettant en mouvement, elle passait devant Darius afin d'ouvrir un des frigidaires et d'y mettre le nez. A la recherche de nourriture, elle semblait avoir besoin de recharger les batteries.. Et c'était d'ailleurs pour cela qu'elle était venue ici en premier lieux.

Attrapant quelques œufs, elle les sortait avant de pivoter sur ses appuis et de croiser le regard du Doyen. « Tu veux.. Des crêpes ? Je sais pas trop cuisiner, ça va surement pas être très bon mais j'ai vu un tuto, alors, j'ai envie d'essayer.. » Les joues rougies par son aveu de faiblesse, elle esquissait un léger sourire désolé. « J'ai souvent faim depuis.. Enfin, tu sais, la mutation. Mais ça doit être parce que ça me prend beaucoup d'énergie. Et.. Et je sais bien que c'est pas une heure mais je me suis dit que j'embêtais personne comme ça. »

Même si Darius n'avait réclamé aucune justification, elle le faisait tout de même, consciente du chaos qui aurait pu régner à l'Institut si le quart des élèves s'étaient autorisés les mêmes habitudes qu'elle. Déposant pourtant les œufs de manière à éviter tout accident, elle se mettait en quête de la farine avant de s'arrêter en entendant les paroles de Darius. Un pivot de fait, elle revenait lui octroyer toute son attention tandis que ses pensées revenaient se fixer sur l'évolution de sa mutation.

« Je pense que.. C'est surtout la loterie génétique. Oui. » Acquiesçait-elle, timidement avant de sourire doucement. « Elle m'a un peu embêté déjà. Enfin, tu sais.. Quand je n’en connaissais pas les limites. J'ai même déjà faillis me perdre, mais.. Je me suis adaptée. Du moins, j'ai essayé. » Samara ne parvenait pas à considérer sa mutation autrement que comme une alliée. Car après tout, cette dernière était une part intégrante d'elle, une part essentielle de ce qu'elle était. Après tout, c'était grâce à son aptitude qu'elle avait réussi et mérité de demeurer à l'Institut. Du moins, c'était ainsi que son esprit avait façonné le souvenir des évènements.

Un frisson la traversa dans la fulgurance du rappel de l'évolution de sa mutation. Assez rapidement, elle se souvint de cette peur qui lui avait noué le corps et l'âme. Elle se souvint de cette crainte de ne plus jamais revenir, de ne plus jamais Le retrouver. L'émotion encore vive noua la gorge de la mutante tandis qu'elle tenta de lui échapper en baissant le regard vers ses mains qu'elle joignait. Expliquer ce qu'elle avait ressentie revenait à le revivre selon elle, et .. Elle ne parvenait pas à s'y résoudre. Alors, elle demeurait prostrée dans son silence.

Il fallut attendre l'aveu de Darius pour voir Samara sortir de ce cocon qu'elle avait reconstruit dans l'urgence de ces sentiments trop grands pour elle. Reportant son regard brun submergé d'émotions sur son ainé, elle l'écoutait avec attention et s'étonnait d'une telle confession. Pourtant, elle en appréciait la valeur.

« Et.. » Reprenait-elle enfin, hésitante. « T-tu as eu peur ? Enfin, je veux dire.. E-est ce que tu as senti aussi que c'était quelque chose de trop grand pour toi qui se réveillait. Tu sais.. Comme si ça menaçait de t'engloutir tout entier. » Le timbre bas, a peine audible, elle demandait. Elle demandait pour se défaire de cette sensation qui ne l'avait pas quitté. Car si la fierté d'être ce qu'elle était demeurait majoritaire chez Samara, il y avait toujours ce souffle dissident qui lui rappelait combien ce qu'elle était pouvait être effrayant tant cela la dépassait.

« Parfois.. Je me dis que peut-être, je ne le mérite pas. » Confessait-elle en coulant une œillade vers son portable. Mais alors, qui d'autre aurait mérité sa mutation ? Quelqu'un de plus fort ? De plus affirmé ? Peut-être.. Peut-être.

« Et ton ami va bien ? » Revint-elle tout à coup à elle en reportant son regard sur Darius.

Lorsqu'il reprit au sujet de son gène, elle acquiesça timidement tandis que le rouge lui montait aux joues. « Je sais.. Mais d'autres souffrent bien plus. Je m'en sors plutôt bien.. Enfin, je pense. » Aider les autres était une chose innée chez Samara, bien plus que de demander de l'aide en retour.

Après tout, il lui avait fallu atteindre un haut niveau de détresse psychologique pour que le corps anime ses mouvements et cri ce besoin d'aide. Et lorsque le Doyen la questionna au sujet de cet évènement, elle hésita. Elle hésita à révéler les tenants et aboutissants de l'épisode qui n'avait de cesse de la hanter.

« Tu.. Enfin, quand je suis partie de chez ma mère.. » Fuit était le terme le plus exacte. Mais Samara jouait volontairement sur les mots. Encore et toujours. « Je me suis retrouvée à vivre toute seule.. Et j'ai réussis à m'en sortir. Par contre, je ne sortais que rarement.. Enfin je veux dire, encore moins que maintenant.. » Tentait-elle avec une pointe d'humour en adressant un regard à Darius. « J'étais très isolée. J'avais peur.. Très peur du monde. Ça me tétanisait. C'était.. Terrible. » Incapable de dissimuler cette tristesse indélébile, elle récupérait son portable afin de jouer avec distraitement. « Pourtant, j'avais.. Un voisin. I-il était différent de moi. Enfin, je veux dire, l'opposé de moi. » Enchainait-elle, soudainement plus souriante tandis que sa candeur revenait illuminer ses traits. Reportant son regard sur le Vampire, elle continuait. « C'est devenu mon ami.. Peut-être le premier, à bien y réfléchir. Même avant Brianna. » C'était vrai, ça. « .. Et, il comptait beaucoup pour moi. Vraiment beaucoup. Mais.. Je suis partie. Enfin, je suis partie pour l'Institut. » Abrégeant le chapitre de ses émotions, Samara se voyait incapable d'exprimer les sentiments que sa version adolescente avait ressentie. Peut-être parce que tout était encore là, présent, derrière sa timidité. « Bref, tout ça pour dire que .. Je lui ai juste demandé de garder contact mais j'ai refusé de le voir ensuite, pendant toutes ces années.. »

Et autant dire que cela faisait donc un moment qu'elle n'avait plus vu le fameux jeune homme. Hésitante, elle se mordait la lèvre inférieure avant de finalement inspirer profondément. « Jusqu'à cette nuit là. » Précipitait-elle alors en revenant porter son regard sur ses mains. « Je pense avoir trop.. Trop forcé sur ma mutation. Je ne sais pas comment t'expliquer. J'avais l'impression d'être enfermée dans une boite limitante.. Et puis, quelque chose s'est ouvert. Et c'est devenu trop grand. Trop.. D'un coup. J'étais.. Terrorisée, dans un état .. Je ne sais pas, à vrai dire. » Relevant son regard enfin sur Darius, elle osait porter son regard sur le sien. « Je suis allée frapper à sa porte et.. J'ai eu de la fièvre, j'ai senti mon.. mon esprit se dissocier de mon corps. J'étais là sans être là, j'ai tenté de rester a..avec lui, mais finalement, j'ai finis par me perdre pendant.. Huit heures. » Reposant son portable avec un soupir, elle détournait le regard. « Il a veillé sur moi, et moi, je n'ai fait que l'inquiéter. » Et ça, elle ne parvenait pas à l'accepter. C'était impensable pour elle. « Je.. Parle de coma parce que c'est comme ça que ça s'est passé, la première fois. » Avouait-elle enfin, alors qu'elle avait toujours refusé de parler de l'éveil de sa mutation. « .. Mais j'ai eu de la chance, cette fois-ci, on ne m'a rien fait que je ne me sois moi-même fait. »

Ses aveux révélaient toute la confiance qu'elle accordait à Darius.
Une confiance inaliénable.



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Un air satisfait se dessina sur son visage lorsque Sam se mit à penser à ce qu’elle pouvait faire, concrètement, pour contribuer à cette mission contre Trask qu’il s’était donné. “C’est toi l’experte,” qu’il lui répondit avec un sourire en coin. Darius était principalement un gestionnaire, son expérience et ses nuits raccourcies lui permettant d’assurer le fonctionnement organisé de l’Institut, tout comme il avait assuré le succès de son entreprise avant que celle-ci devienne presque autosuffisante. Ses connaissances dans de nombreux sujets étaient décentes, assez pour se faire une idée générale et prendre des décisions éclairées sans pour autant creuser dans les détails techniques. C’était particulièrement le cas pour ce qui avait trait à l'informatique, mais c’était pour ça que Sam était là – elle était sa main-d'œuvre lorsqu’il s’agissait de concevoir un plan d’action dans ce domaine.  “Je compte sur toi, mais tu le sais déjà,” ajouta-t-il en venant poser une main sur l’épaule de la hackeuse en chef. Il avait toujours compté sur elle, parfois même un peu trop, ajoutant à la pression que la Protectrice devait déjà se mettre toute seule –  mais les choses étaient en train de s’ajuster et pour cette tâche en particulier, il n’aurait pas voulu compter sur quelqu’un d’autre.

Lorsque la jeune femme détourna la tête suite à un sarcasme qui tenait plus de l’auto-dénigrement que de l’autodérision, comme si elle attendait le jugement négatif de son aîné quant à sa naïveté perçue, Darius s’inclina légèrement vers elle. “Hey.” En toute délicatesse, il revint chercher le regard de Samara à l’aide d’un doigt posé sous son menton et plongea son regard brun droit dans le sien. “Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose,” voulut-il la rassurer, réalisant que sa critique semblait miner le moral de sa jeune confidente. La position d’autorité du Doyen couplée à son assurance quasi intimidante faisaient en sorte que ses commentaires pouvaient facilement être pris pour des reproches, alors que sa remarque n’avait rien de personnel. Elle était surtout une distraction, et ne changeait pas son opinion de Sam ni l’estime qu’il avait à l’égard de son intelligence. “Voir le meilleur chez les autres peut entraîner de la déception, certes, mais tu leur laisses aussi la chance de se racheter.” C’était probablement la raison pour laquelle ils étaient en mesure de se rapprocher, tous les deux. Parce que même dans leurs moments plus houleux, Sam s’accrochait aux qualités du vampire plutôt qu’à ses défauts. Elle n’était pas la seule membre de l’Institut à apprécier Darius pour ce qu’il avait fait pour elle ; elle était par contre l’une des rares personnes à avoir mis son pied à terre dans ses moments d’excès, dans le but de rendre leur relation plus authentique. Et pour cela, elle avait tout son respect.

Il la laissa se détacher de lui et sortir des œufs du frigidaire. Le mutant se leva à son tour pour se positionner à ses côtés. “Je peux te montrer ma recette de crêpes,” proposa-t-il. “C’est celle qu’on utilisait dans ma famille. Je te promets que tu ne seras pas déçue, mais avant ça, finissons de parler de ta mutation,” exigea-t-il en attrapant la boîte d'œufs qu’elle tenait dans la main. Il retourna s’asseoir près de l’îlot en posant la boîte à l’extrémité la plus éloignée de Sam.

En déviant son attention sur le bourbon, les erreurs de logique, la confection de crêpes et la mutation de Sam, le Sinclair arrivait presque à en oublier la frustration qui l’avait suivi jusqu’au manoir.

Menant par l’exemple, il se lançait dans des réflexions et des confidences qu’il n’avait pas encore abordées en la compagnie de la Protectrice, allant jusqu’à se remémorer un épisode un peu trop récent et encore douloureux dans son esprit.  L’expérience de Dracula se rapportait à celle d’Ascii, tissant un peu plus le lien qui les unissait tandis qu’il lui montrait que même après trois quarts de siècle, il n’était toujours pas exempt des accidents causés par le gène X. Il était encore en mesure de comprendre le sentiment d’effroi dont elle parlait, auquel il acquiesça sans la moindre hésitation.

J’étais terrifié,” admit-il. “Je ne croyais pas que la chose allait m’engloutir tout entier… j’avais plutôt l’impression que c’était déjà fait – que je n’étais qu’un spectateur à l’intérieur d’un corps qui n’était plus le mien. Des décennies à renforcer mon self-control pour que finalement, tout s’évapore en un instant.” Il tendit le bras pour attraper la bouteille de bourbon et se servir un troisième verre. Il n’avait pas pensé boire plus pour cette nuit, mais la répugnance qu’entraînait ce souvenir était encore pire que sa fin de soirée avec Amalia. “Ce que tu ne mérites pas, ce sont les effets négatifs de ta mutation,” rebondit-il après quelques gorgées. À vrai dire, Darius ne s’était jamais demandé s’il méritait les bénéfices de sa propre mutation. Sa régénération, sa force, ses réflexes et le reste de ses capacités n’aidaient pas à le rendre plus heureux – il avait simplement appris à les exploiter à son avantage parce qu’il ne pouvait rien y changer. Sa soif constante, quant à elle, impactait beaucoup plus son humeur. Il s’était souvent demandé, why me ?

Sam semblait toutefois se poser la question dans le sens inverse, incertaine d’être à la hauteur des pouvoirs qui lui étaient conférés. “Tu sembles apprécier ta mutation, somme toute ; alors si cela peut te rassurer, je pense que tu la mérites amplement. As-tu conscience de tout ce que tu as fait pour l’Institut ?” Le Doyen s’était souvent montré exigeant sans faire preuve de reconnaissance, mais il avait également poussé la hackeuse à se dépasser et à contribuer à un niveau qu’elle n’aurait peut-être pas imaginé. “Et puis… le fait que tu te demandes si tu la mérites prouve que tu la mérites,” renchérit-il, abandonnant son sérieux le temps de se moquer gentiment.

Le sourire disparut à nouveau à la mention de l’ami qu’il avait blessé. “Si tu veux dire physiquement, alors oui, il s’en est remis. Mentalement… j’espère que ça ira,” qu’il répondit en fronçant les sourcils. Darius n’avait pas revu le photographe après cette rencontre à Central Park. C’était la deuxième fois qu’il le vidait presque de son sang, mais Matthiew semblait plus préoccupé par le fait d’avoir involontairement déclenché la perte de contrôle que le fait d’avoir frôlé la mort. Les tortures qu’il avait subites chez Trask Industries avaient aussi causé des dégâts irréparables dans son esprit.

Enfin, ce fut au tour de Samara de raconter les événements qui l’avaient menée aux tatouages sur ses avant-bras et cette nuit d’insomnie. Darius l’écouta attentivement dans une position qui ne cherchait pas à interrompre le récit. Il plissa les yeux à la mention d’un ami et de la façon dont elle semblait dire qu’il comptait pour elle ; acquiesça en silence lorsqu’elle admit ne pas l’avoir contacté après son arrivée à l’Institut. Puis vinrent les explications sur ce qui l’avait poussée à le retrouver après toutes ces années, et le sentiment de se perdre dans quelque chose de trop grand, comme elle avait essayé de le décrire plus tôt.

Quand elle termina en exprimant sa culpabilité, Darius ne put s’empêcher de secouer la tête négativement. “Ce n’est pas de ta faute,” articula-t-il avec certitude. “Tu n’as pas fait exprès d’inquiéter ton ami, ni de te perdre pendant ces huit heures… Tu ne peux pas te blâmer pour tout ça.” Le vampire prit une autre gorgée de bourbon puis se racla la gorge. “Et j’espère qu’il ne te blâme pas non plus,” laissa-t-il échapper sur un ton un peu trop accusateur. Peu importe qui était il. Le Sinclair ne connaissait rien de cet “ami” ni de la dynamique de leur “amitié”, mais pour une fraction de seconde, une lueur d’inquiétude nouvelle éclairait ses pupilles. Il y avait quelque chose de différent dans sa relation avec la hackeuse, un côté paternel qui ne ressortait pas autant avec les autres.

En tout cas, je suis désolé que tu sois passée à travers tout ça,” qu’il soupira en revenant sur le reste de l’histoire. “Je suis content que tu aies l’air d’aller mieux, mais prends ça tranquille pour encore quelques jours, OK ?” Darius lui-même comptait garder un oeil un peu plus attentif à l’état de la Protectrice dans la semaine à venir, quitte à lui envoyer des “SMS de vieux” plus fréquemment.    

Finalement, il ramena l’emballage d'œufs en direction de Sam. Il était temps de se changer les idées. “Alors, pour les crêpes…” Il se remit sur ses pieds, puis commença à fouiller les armoires et tiroirs à la recherche des outils de cuisine dont il avait besoin, pour finalement se rendre compte que quelqu’un avait laissé la poêle utilisée dans l’évier. “Bon, je vais devoir nettoyer ça,” se résigna-t-il. “En attendant, tu peux sortir la farine, le beurre, le lait, l’extrait de vanille et le sirop d’érable. Le vrai sirop d’érable, en passant, pas cette atrocité d’imitation…” Comme tout bon Canadien qui se respecte, Darius refusait de faire un compromis avec le sirop de table.

Les outils préparés et les ingrédients rassemblés, il dicta à Sam les directives de la recette. La plupart des ingrédients se retrouvèrent rapidement dans le bol à mélanger. “Le sirop d’érable va dans le mélange, au lieu du sucre,” mentionna-t-il à la fin. Il alluma le rond et prépara la poêle pour enfin faire apparaître les crêpes. Il y en avait assez pour quatre personnes, ou deux mutants très affamés.

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Sourire doux en échange de la reconnaissance de son expertise, Samara acquiesçait silencieusement tandis qu'elle n'ajoutait rien. Car elle savait, elle savait que ses pensées allaient rapidement s'orienter vers la technique, dès qu'elle se retrouverait seule. Dans le fond, Ascii avait son lot d'incertitudes, toutes plus puissantes les unes que les autres ; mais derrière tout cela, il y avait également l'assurance d'une maitrise, d'un savoir cumulé grâce à ses efforts constants. Ainsi, ce n'était pas seulement sa mutation qui faisait d'elle ce qu'elle était, c’était plutôt toute l’énergie qu'elle mettait à atteindre une excellence impossible à effleurer. Dès lors, la mutation de Samara était bien plus là pour éclairer sa voie, pour lui montrer le chemin à prendre.

Pour autant, elle se savait affublée de nombreuses faiblesses. L'incertitude chevillée au corps et la crainte comme guide ineffable, Sam vivait avec la certitude acquise de ne pas être la meilleure version d'elle-même. Et ses mots en témoignèrent.

Elle ne s'attendit pas néanmoins à provoquer une quelconque réaction chez son ainé qui captait son attention du mouvement sous son menton. Regard brun se plongeant alors dans le sien, elle l'écoutait et esquissait une légère moue tandis qu'il la contredisait. Sa naïveté n'était pas forcément une mauvaise chose ? Etonnant, elle aurait pourtant parié sur l'inverse dans un monde où la cruauté pouvait se révéler monnaie courante. « .. Peut-être. » Souffla-t-elle à voix basse, plutôt sceptique quant à son travers qui passait pour une qualité au regard de Darius. « Peut-être que toi aussi, tu vois surtout le meilleur en moi, alors que je ne le mérite pas tant. »

Cette pointe d'humour rappelait leur échange précédent. Pourtant, au dedans, il était indéniable que ses mots s'abimaient contre ses pensées tranchantes. Ce manque d'assurance coriace, elle ne parvenait pas à s'en défaire ; et ce, malgré toute sa bonne volonté. Peut-être était-ce parce qu'elle s'était construite dans la douleur et le dénigrement d'une figure qui aurait dû lui apprendre à Samara à s'élever.

Incapable de songer aux racines de son mal, la mutante préférait se focaliser sur l'appel de son estomac tandis qu'elle se détournait pour attraper une boite d'œuf. Lorsque Darius lui proposait de lui montrer sa recette de crêpe, son regard s'illumina d'un éclat tout à la fois gourmand et reconnaissant. « C'est vrai ? » Sa légèreté revenant au galop se prenait pourtant un croche patte lorsque son vis-à-vis insista pour parler de la mutation de Samara avant tout. « Oh.. D'accord. » Accepta-t-elle avec une pointe d'appréhension et de dépit.

Puis finalement, les récits s'enchainaient sur le rythme de vérités qu'elle n'avait partagé avec personne. Pas même avec Brianna.

Parce qu'elle refusait de l'accabler.
Parce qu'elle refusait de l'inquiéter.


Partageant plutôt son expérience avec Darius, la mutante se faisait oreille attentive tandis que son esprit continuait à tourner parallèlement. « Un faux pas ne veut pas dire que tous tes efforts ont été vain, non ? » Demandait-elle avec un léger sourire abimé par ses propres angoisses tandis qu'elle rivait son regard sur celui de son ainé.

Le détournant l'instant suivant, elle ramenait machinalement une mèche de cheveux en arrière. « Tu ne crois pas qu'il y ait une certaine causalité entre notre mutation et ses effets négatifs ? Peut-être même entre notre mutation et qui nous sommes ? Je me pose souvent la question. » Et peut-être que Darius était le plus éclairé pour échanger avec elle à ce sujet. Du moins, c'était la pensée qui traversait l’esprit de Samara tandis qu'elle revenait lui accorder toute son attention. « Nos mutations sont difficiles à vivre.. Pour certains, plus que pour d'autres, d'ailleurs. » Sa lucidité n'avait soudainement plus rien à voir avec sa naïveté candide. « Mais est-ce que nous ne portons pas finalement tout juste le poids que nous sommes en mesure de porter ? » Lancée dans ses pensées philosophiques, elle prenait une impulsion pour venir s'installer sur la table à côté de Darius. Les mains jointes devant elle, elle les observait un moment. « Pour ton cas.. Et j-je peux me tromper, mais ta mutation a l'air difficile à vivre. Mais elle se conjugue avec ta force de caractère. Donc, ta mutation est puissante, n'est-ce pas ? Donc, le revers doit tout autant l'être.. Comme dans un besoin de balance. Je.. Je ne sais pas si je suis très claire. » Son regard remontait sur Darius alors qu'elle reprenait. « Pour mon cas, ma mutation m'a sauvé la vie. Parce que je crois que sinon, je serais morte après ce qu'on m'a fait subir, d'une manière ou d'une autre. » C'était si difficile pour elle d'effleurer le souvenir de ce désespoir qu'elle se sentait obligée de soupirer pour tenter de garder contenance en expirant son malaise. « C’est bien pour ça que je pense que je ne la mérite pas. »

Le regard porté sur le vide, Samara se perdait sur le fil de ses réflexions avant de finalement s'étonner des propos du vampire et de revenir l'observer longuement. Frappée d'un mutisme stupéfait, son visage signait simplement à la négative concernant son mérite et son rôle au sein de l'Institut. « Mais.. C'est normal. » Répondait-elle spontanément. « Enfin.. Je veux dire qu..que l'Institut est ma maison. Vous m'avez accueilli. Alors.. C'est normal de tout faire pour protéger sa maison, non ? » La pudeur de Samara l'avait toujours empêché d'exprimer sa fidélité inaliénable pour l'Institut. Pourtant, tout cela lui semblait terriblement logique, car finalement, les mots n'étaient rien en comparaison des actes.

Un léger sourire vint se dessiner sur ses lèvres suivies d'un éclat de rire amusé tandis qu'elle entendait Darius reprendre ses mots. « Tu m'en vois désolée, Darius, mais ton argument est un paralogisme. » Continuait-elle sur la lancée de l'humour amorcée. Sa mine momentanément défaite de tout sérieux en attestait, d'ailleurs.

Se relevant finalement, elle se lançait ensuite dans le récit de ce qui lui était arrivée. Sur cette fâcheuse nuit où sa mutation s'était élevée dans la douleur. Toutes les pensées de Samara s'orientèrent durant un temps vers Mikel à qui elle avait fait subir cet épisode traumatique. Ainsi se revoyait-elle à se réveiller dans son lit, et lui, prisonnier de sa propre mutation. Elle avait été la cause de son mal, de sa souffrance et de son inquiétude. Et cela avait suffi à la bouleverser.. En plus de tout le reste que sa pudeur avait savamment passé sous silence.

Lorsque Darius tenta d'ailleurs de la rassurer à ce sujet, Samara ne put que détourner le regard honteusement. Revenant observer ses tatouages, elle pinçait les lèvres un instant avant de sursauter à peine face au ton plus accusateur du Vampire. Elle revint porter son regard sur le sien. « O..Oh non. Non, je crois pas.. Enfin.. » En était-elle vraiment certaine ? Il avait de quoi la blâmer. Il avait de quoi lui reprocher son silence puis sa tourmente. « Il devrait, tu sais. » Murmurait-elle, de manière à peine audible. « J-je crois qu'il a été triste de ne plus me voir.. Et quand je reviens, c'est pour.. Pour ça. » Elle désignait ses tatouages pour témoin de l'évolution de sa mutation alors qu'elle demeurait prostrée dans sa position de replie habituelle. « .. Je devrais éviter de le revoir. Je ne veux pas lui faire de mal. »

Et c'était bien plus facile.
Facile de se complaire dans cette distance aveugle.
Elle le savait.


Relevant le menton, elle inspirait profondément et esquissait un sourire mitigé en acquiesçant. « ..Je vais être sage, promis. » Enfin, elle allait essayer.

Il lui fallut bien alors quelques secondes avant que ses traits ne s'éclairent tandis que les crêpes étaient de nouveau mises à l'honneur. Le sourire mitigé se faisait peu à peu plus détendu alors que Samara se mettait en action en quête des différents ingrédients. Lorsque le tout était finalement rassemblés, elle suivait les directives avec beaucoup de minutie. Manquant d'éparpiller de la farine, elle sursauta avec un.. « Ohlala. » Qui n'améliora rien à la situation tandis qu'elle relevait son regard brun désolé sur Darius avant d'en avoir un léger rire. « Pardon, je suis pas douée.. »

On ne pouvait pas être doué dans tous les domaines.
Se défaisant de la farine, elle se redressait en observant le sirop d'érable qu'elle avait choisi. La boite lui inspirait un je-ne-sais quoi d'authentique, pour autant.. Elle fut piquée par la curiosité tandis qu'elle retournait chercher l'autre version et les observer. « .. Atrocité d'imitation ? Ça ? » Désignait-elle en montrant la bouteille. « Je vais gouter les deux. » Statuait-elle, beaucoup plus assurée bizarrement. Prenant une cuillère, elle vint verser de l'un et le gouter, puis réitérer avec le second. « ..C'est pour la science. » Appuyait-elle alors qu'elle prenait le temps de savourer.

« Ah oui, je vois.. C'est vrai que c'est meilleur. » La confirmation était tombée alors qu'elle relevait son regard brun sur Darius avec amusement. « Si j'avais dit le contraire, tu m'aurais renié, pas vrai ? » Se prit-elle à rire avant de finalement laisser le dernier ingrédient s'ajouter à la pâte.

S'installant à côté de la gazinière, elle regardait faire Darius alors qu'elle revenait prendre une cuillère de sirop d'érable tranquillement. « Il va y en avoir beaucoup, non ? » A vu d'œil, c'était même une évidence. Observant la poêle pendant un long moment, elle en revenait aussitôt au Vampire. « Au fait, je pourrais avoir un atelier ? Même dans un sous sol.. Mais j'aurai besoin d'un atelier.. S'il te plait. » Pourquoi ? Comment ? Grande question.



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L’oreille attentive de la jeune mutante continuait d’être tendue alors que le ressenti de Darius se faisait plus transparent à mesure que la nuit avançait. Se retrouvant ensemble dans cette petite parenthèse nocturne, les rapports hiérarchiques s’étaient effondrés et ils n’étaient que deux individus en quête de soutien pour passer au travers de leurs difficultés respectives.

Remarquant la réaction dégoûtée du vampire quant à sa récente mésaventure, Sam essaya de lui apporter un peu de réconfort. Réconfort auquel il accepta de s’accrocher. “Encore heureux,” admit-il avec un faible sourire. En effet, un faux pas n’effaçait pas tout le progrès, et l’accident avec Matthiew n’était que ça – un accident. Pourtant, quand le pouvoir d’Ampli s’était manifesté, la perte de contrôle avait ramené Dracula à la case départ l’espace d’un instant. Un cruel aperçu de ce qui pouvait se passer s’il abandonnait les efforts, même si finalement, tout était revenu à la normale dès que le photographe avait relâché son emprise.

Samara poursuivait la discussion en évoquant la causalité entre leur mutation et leur caractère. Tout comme elle croyait que certaines personnes puissent être faites l’une pour l’autre, elle voyait un lien direct entre le gène X et le caractère qui semblait l'accompagner. Un sujet presque dérivé de l’éternel débat Nature vs Nurture et il s’avérait que Darius n’était pas dans le même camp que son interlocutrice. D’ailleurs, son avis était particulièrement tranché.

Sam.” Sa voix était devenue plus ferme alors qu’il incitait la Protectrice à lui accorder toute son attention pour les minutes à suivre. Il avait lâché son verre pour entièrement se tourner vers elle. “Je comprends ce que tu dis, mais… Si je suivais mes instincts les plus naturels, si j’écoutais mon gène X, ce serait comme mon épisode avec l’ami dont je t’ai parlé. Toi, Brianna, Bellamy et tous les autres— Vous seriez mes repas.” Il n’avait pas mâché ses mots tandis qu’il exposait d’un coup la vérité que l’on préférait ignorer. L’alcool dans son système dégradait son filtre et le calme de sa voix contrastait étrangement avec la morbidité de ses propos.

Ayant toujours fait l’effort de dissimuler cette partie de lui à l’Institut, se cachant dans son bureau ou sa chambre pour se nourrir des poches qu’il conservait dans un réfrigérateur privé, Darius se demandait à l’instant si Samara avait conscience de l’ampleur de cette affliction. Parce que cette soirée était pleine en émotions et en réflexions philosophiques, et parce qu’il portait toujours ce sentiment, au fond, d’être différent même des autres mutants, le vampire voulait enfin mettre les choses au clair.

Une partie de mon caractère vient sûrement de ce fardeau, de la même façon que les autres expériences de vie l'ont forgé. Mais si je n’avais pas choisi de résister à ma soif tout ce temps, ou si j’arrêtais maintenant, ma mutation ne serait pas différente. Elle continuerait de réclamer du sang, que je sois en mesure de la contrôler ou non.”  

Il ne doutait pas de la corrélation entre les variables – celle-ci était plutôt évidente. Néanmoins, que Dracula fût une donnée aberrante ou non, son propre vécu l’empêchait de croire en un rapport de causalité tel que sa confidente le décrivait.

Fondamentalement, ma mutation fait de moi un tueur. Tu comprendras pourquoi j'ai du mal à croire que c’est pour contrebalancer quoi que ce soit, ou qu’il y ait une quelconque raison derrière. Si j’adhérais à ta pensée, cela voudrait dire que la force de ma mutation ou de mon caractère vaut potentiellement la vie de centaines d’humains…

Et qui était le juge derrière la balance ? Ils avaient déjà déterminé qu’ils ne croyaient pas au destin. Il secoua la tête.

Au final, peu importe la façon dont je le vois, il y a quelque chose d’injuste. Mais c’est la vie,” conclut-il en retournant se réfugier dans son bourbon. Comme ils en avaient discuté plus tôt, il continuait de croire que le bon comme le mauvais n’étaient que le résultat hasardeux de la loterie génétique.

Tu dis que tu ne mérites pas ta mutation parce qu’elle t’a sauvé la vie. Et si c'était ta force de caractère à toi qui t’avait sauvé la vie, plutôt, et que ta mutation n’était qu’un outil en plus dont tu as su te servir ? Nous ne sommes pas nés égaux, mais c'est la façon dont tu utilises les cartes qui te sont données qui détermine si tu les mérites ou non…

Les gènes en soi n’étaient pas vraiment une question de mérite, mais les résultats positifs suivant les efforts déployés pour utiliser leur pouvoir de façon altruiste, eux, l’étaient. Par extension, le doyen de l’Institut n’avait pas d’objection à confirmer que Sam méritait amplement le positif de sa mutation, car au final, elle avait travaillé fort pour s’en servir en bien. Malgré tout, les paroles du mutant ne semblaient pas suffisantes pour la convaincre. “Le fait que ce soit normal et le fait de mériter quelque chose ne sont pas mutuellement exclusifs,” ajoutait-il dans un dernier effort avant de se mettre à répéter l’argument qu’elle lui avait sorti sur l’égoïsme.

Une touche d’humour qui fut reçue et retournée en toute légèreté comme un accord dissimulé : il était toujours plus facile de voir le meilleur chez les autres que chez soi-même.

Quelques moments plus tard, ils en étaient à discuter de ce qui s’était passé pour que les tatouages apparaissent et que Sam se retrouve à la cuisine en pleine nuit pour ruminer la rencontre avec son ami. Voir la jeune femme se replier sur elle-même alors qu’elle se blâmait pour les émotions de son ami à l’égard d’un accident ne seyait pas à Darius, qui était incapable de suivre le raisonnement.

Nonsense. Ne crois-tu pas, au minimum, que ton ami est en mesure de déterminer pour lui-même ce qu’il est capable de supporter ? Tu devrais au moins lui en parler.

C'était pour le bien de Sam plus que pour celui dudit ami que l’homme pointait cette faille – parce qu’il pouvait deviner que la hackeuse avait envie de le revoir, mais se bloquait à cause de bêtes présomptions. Elle avait confirmé que l’autre ne l’avait pas blâmée, ce qui atténuait la méfiance du Sinclair pour le moment.

La laissant méditer sur le sujet, Darius se levait enfin pour s’occuper des crêpes qu’il avait promises. Toutes ces discussions avaient de quoi creuser leur estomac et ils pouvaient bien s’accorder un peu de répit. Il se mit à rire lorsque Sam manqua de renverser la farine. “Attention, ce n’est pas l’ingrédient que tu as envie de nettoyer partout sur le plancher.” Puis il attendit avec anticipation le verdict de la hackeuse quant au faux sirop d’érable. Heureusement, elle se rendit rapidement à l’évidence. “Je t’aurais reniée et tu aurais perdu le privilège de goûter à mes crêpes,” confirma-t-il avec le sourire.

Il avait été plutôt généreux sur les quantités ; ç’aurait été dommage de faire toutes ces préparations pour finalement rester sur leur faim. “Ce n’est pas plus mal, tu auras un petit déjeuner au réveil,” qu’il répondit à la remarque pendant qu’il empilait une autre crêpe dans l'assiette. La pile était plus large que haute, chaque crêpe jusqu’à présent étant bien réussie.

Il remit du beurre dans la poêle afin de préparer la prochaine, mais se laissa distraire par la prochaine question de Sam. “Un atelier ? Pour quoi faire ?

C’était une demande inhabituelle de la part d’Ascii. Mais cette nuit entière l’était aussi.

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Réconfort nocturne d'une rencontre inattendue, Samara ne se voyait plus fuir la cuisine afin de retrouver les murs de son bureau. Car en compagnie de Darius, elle était habitée d'un étrange sentiment de sécurité ; un sentiment qui ne l'avait que trop peu enveloppé depuis sa jeunesse. Certes, l'Institut contribuait à l'atténuation de ses craintes, mais là, c'était différent. Essence d'une affection filiale sans filiation, ce n'était pas une question de sang ou de label, tout juste d'un lien qui s'était tissé au fil des années.

Et parce que Samara n'avait plus de famille, elle avait appris à se fabriquer la sienne. Darius avait peu à peu investi sa place de choix, le rendant ainsi inatteignable. Et alors même qu'il tentait d'ouvrir les yeux de la mutante sur la réalité de sa mutation, elle ne semblait guère choquée ou dégoutée. Bien au contraire. Son grand regard brun observait longuement le Vampire tandis que la réflexion se devinait au creux de ses iris.

« .. Je crois qu'il n'y aurait pas grand-chose à manger d'intéressant chez moi. » Articulait-elle partiellement sérieuse et fugacement mutine avant de finalement secouer le visage négativement. « A vrai dire, je ne parle pas de l'écoute de l'instinct. D'ailleurs, je pense que l'instinct lié à notre mutation fait partie du revers de la médaille.. » Et c'était peu dire. « Toi tu veux manger des gens, moi je suis incapable de lâcher mon portable sous peine de faire une crise d’angoisse.. Certes, j'avoue que l'un est plus léthal que l’autre, mais c'est un peu comme dans un jeu vidéo. Généralement, les personnages ont leurs forces et les malus qui sont associés à ces mêmes forces. »

Maintenant, ils étaient tous les personnages d'un jeu vidéo. Peut-être parce que Samara visualisait d'avantage la situation sous cet angle-là.

« Mais si tu étais différent, Darius.. Est-ce que tu ne penses pas que tu aurais peut-être hérité d'une autre mutation ? C'est là que je veux en venir. Ce que l'on est, intrinsèquement, entraine notre mutation.. Et finalement, notre mutation contribue à nous forger. C'est un cercle vicieux.. Ou vertueux, tout dépend des points de vue. »

Ce raisonnement plongeait Samara dans un état de réflexion avancée qui lui faisait oublier sa timidité maladive. Les mots coulaient avec plus d'aisance, ne butant désormais plus devant aucune hésitation imposée par ses craintes cacophoniques. Machinalement, elle attrapait son portable pour le faire jouer entre ses doigts alors qu'elle continuait à songer à l'impact des mutations sur les tempéraments de chacun. Reportant son regard sur Darius, elle penchait le visage sur le côté alors que ses lèvres se pinçaient face à son raisonnement.

Leur désaccord forçait Ascii à approfondir sa propre réflexion. Et il fallait avouer qu'elle aimait cela. Son monde s'étendait silencieusement, sur le fil des pensées qui se tissaient grâce à l'échange avec son ainé.

Ainsi se retrouvait-elle à objecter sans l'ombre d'une hésitation qui eue de quoi surprendre, surtout la connaissant. « On n'est un tueur seulement si on souhaite le devenir. Tu n'es pas un tueur, même si ton discours me fait dire que tu as surement déjà tué et que tu vis avec le poids de ton geste. Sinon, tu ne serais pas si amer et craintif par rapport à ta mutation.. Ce que je comprends. » Analyse passée, elle reprenait toujours aussi tranquillement. « Ta force de caractère vaut surtout la force de ta mutation, parce que c'est ce qui te permet d'avoir un équilibre intérieur. C'est ce qui te permet d'être infiniment plus qu'un tueur.. » Cet ouroboros que visualisait Samara se confirmait au fil de son argumentation. Pour autant, elle ne pouvait qu'acquiescer devant l'injustice de la mutation.

Parce qu'on ne la choisissait pas.
Parce qu'on devenait mutant.
Sans échappatoire.
Sans esquive possible.


Lorsque finalement Darius fit dévier son argumentaire pour montrer combien la mutante méritait ce qui l'habitait, elle cligna des yeux stupéfaites avant d'être prise d’un rire spontané et profondément incrédule. « Darius.. Je n'ai pas de force de caractère. » Ne put-elle s'empêcher de répondre dans un souffle alors qu'elle prenait la mesure du regard qu'il pouvait lui porter. Un regard qui lui semblait profondément faussé. Peut-être aussi faussé que celui qu'elle pouvait lui porter en retour.. Peut-être. « J-je suis terrorisée par le monde extérieur. Ce n'est pas de la force de caractère.. Tout le contraire. » Ouvrant les portes d'une mésestime devenue naturelle, Samara ne semblait guère prendre conscience de son impact sur ses réactions. « S'il devait y avoir un avatar de la faiblesse, je pense qu'il pourrait porter mon nom.. Enfin, s-sans prétention aucune. » Recommençait-elle à buter sur ses mots. « Mes angoisses ne me quittent jamais.. Jamais. Et j'ai beau espérer toujours le meilleur des gens, il n'empêche qu'ils me font tous peur. Et c'est comme ça depuis.. » Sa voix mourait dans un pincement de lèvres. Parce qu'elle savait, mais qu’elle refusait d’imposer son passé à Darius sous couvert de leur discussion. Le visage signant négativement, elle enchainait avec dépit. « Je suis comme un vase qu'on a brisé en plein de morceaux. J'ai recollé les morceaux comme je pouvais, mais maintenant, je passe mon temps à lutter contre les fissures. » Et elle détestait cela. Elle détestait ses craintes, ses angoisses et ses peurs.

Cette triade lui pourrissait la vie.
Cette triade faisait pour autant paradoxalement parti d'elle.

L'humeur temporairement maussade demeurait jusqu'à ce qu'ils en viennent à parler de Mikel. Se refermant alors malgré elle et malgré Darius, Samara préférait s'imaginer le pire pour ne pas souffrir. Et surtout, pour ne pas faire souffrir le mutant en retour. Ainsi, lorsque son ainé protesta face à son raisonnement, elle porta sur lui un regard baigné d'hésitation.

Certes, elle voulait revoir Mik.
Certes, elle espérait que tout puisse se passer pour le mieux.
Mais ça n'arrivait jamais, ce genre de chose.

« Peut-être.. » Concéda-t-elle pourtant, hésitante avant de finalement baisser son regard sur son téléphone qui ne cessait de tourner entre ses doigts dans la mécanique de son humeur. « Mais je l'aime trop pour être un poids pour lui. » Soufflait-elle de façon à peine audible alors que le rouge lui montait aux joues derrière le rideau de ses cheveux.

Evitant soigneusement le regard de Darius, elle préférait se focaliser sur la réalisation des crêpes tandis que le portable était rangé. Ainsi sa tourmente s'allégeait-elle tandis que la farine se dispersait modérément plus sur elle que sur le plancher. Face à la réaction de son ainé, Samara revint enfin lui accorder un regard désolé. « C'est.. Tout sur moi alors, ça devrait aller. » Déviant pour aller frotter son haut devant un évier, elle revenait finalement pour gouter les sirops d'érable.

Préférence affichée, Sam retrouvait enfin sourire et légèreté face au sucré qui envahissait son palais. Une moue faussement triste lui fit plisser le nez alors qu'elle regardait Darius. « Pas les crêpes.. J'ai faim, tu sais. » Souvent, plus que la normale, mais elle avait rapidement compris que cela avait un rapport avec sa consommation d'énergie nécessaire à cause de sa mutation.

Observant les crêpes se faire, Samara était finalement particulièrement attentive. Jaugeant la pile qui continuait d'augmenter, elle hésitait un instant quant à sa durabilité. « Je sais pas.. Peut-être. Elle ne fera surement pas très longtemps, en tout cas. » Au moins, elle était réaliste.

Et lorsqu'elle demanda enfin le fameux atelier, elle pinça les lèvres un moment avant de se décider à répondre au doyen. « .. Pour fabriquer des choses ? » Une petite moue se dessinait sur les lèvres de Samara, car elle était déjà prête à recevoir un refus face à ce qui semblait être un caprice. « Disons que tu vois, normalement, je suis capable de concevoir des programmes assez vite.. » C'était un doux euphémisme. « Mais depuis.. Tout ça.. » Désignait-elle en montrant ses tatouages. « Je crois que je peux aussi améliorer des technologies et peut-être même en fabriquer. J'ai commencé à me pencher sur l'ingénierie pour ne pas faire n'importe quoi. J'ai un premier plan en tête et j'aurai voulu tester sa faisabilité.. Après, si ce n'est pas possible, je comprends. Je peux essayer de m'arranger autrement, je ne voudrais pas abuser. Vraiment, je demandais ça juste comme ça.. » Ce qu'elle pouvait faire, par contre, c'était respirer pendant son argumentaire. D'ailleurs, elle le faisait dans un soupir avant de reprendre plus posément. « J'ai envie de concevoir une sorte de puce pour dissimuler les stigmates physiques des mutations. Si ça marche, ça pourrait aider quelques personnes.. » Peut-être même plus ça.
Définitivement plus que ça.


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Débat initialement lancé en simple curiosité, celui-ci avait soudainement pris un virage complexe lorsque les deux intellectuels s’étaient mis à conjecturer sur les éléments déterminants du gène X. Sans se résoudre à faire une démonstration de mauvais goût, Darius tentait de lever le voile sur le côté sombre de sa mutation, de révéler ce qu’il croyait réellement être.

Un tueur.
Un traître.
Un monstre.

Il voulait changer la perception de Samara à son égard, lui faire comprendre que l’image qu’il projetait à l'Institut était loin d’être l’ensemble du tableau. Parce que son mal-être intérieur avait atteint un autre sommet en cette soirée pleine de regrets, il voulait que sa confidente le voit de la même façon qu’il se voyait. Il fallait remplacer les éloges par des injures, l’admiration par de l’aversion, l'acceptation par le rejet.

C'était tout ce qu’il méritait pour le mal qu’il avait fait.

Pourtant, la Protectrice ne cillait pas face à la réalité du contre-coup vampirique. Comparant les mutants à des personnages de jeux vidéos, elle persistait dans la croyance qu’il y avait un équilibre naturel maintenu au sein de leur ADN. Que les malus devaient exister pour contrebalancer les bonus et que la force de ceux-ci était tout simplement proportionnelle au poids que chacun pouvait porter.

Mais ils n’étaient pas dans un jeu vidéo.
Il n’y avait pas de développeur chargé d’équilibrer les valeurs mal réparties.
Le monde n’était pas juste.

Si je n’avais pas cette mutation, je serais différent,” affirma-t-il avec une certitude qui ne cachait pas le fond de sa pensée. “Il m’est difficile de croire le contraire, lorsque tout mon parcours de vie depuis mes seize ans est issu des problèmes causés par mon gène.” S’il n’avait pas développé cette dangereuse soif de sang, Darius n’aurait pas été livré aux scientifiques comme dernier recours employé par ses parents. Il aurait pu poursuivre ses études musicales et avec elles, son rêve de faire partie d’un orchestre. Ou peut-être aurait-il changé de vocation, qui sait ? Les possibilités devenaient infinies dès que le moindre changement se produisait dans la ligne du temps.

Mais si j’étais différent, aurais-je hérité d’une autre mutation ?” Il plissait les yeux en fixant la table devant lui pendant qu’il tentait mentalement d’analyser l’arbre des possibilités. Son regard se leva à nouveau vers Sam lorsqu’il en arriva à une conclusion. “Je pense que… c’est surtout une question de génétique. Ça dépend à quel moment, précisément, la mutation est déterminée : est-ce lors de la formation embryonnaire ou bien plus tard, juste avant la manifestation du gène ?” Ses connaissances n'étaient pas assez poussées pour approfondir ce nouveau questionnement, mais maintenant que la technologie existait, il n'était pas trop inquiet. “On devrait pouvoir trouver des études intéressantes sur Internet, qu’est-ce que tu en dis ?” Il envoya un sourire complice à la hackeuse, conscient que le “on” signifiait plutôt “tu” dans ce cas-ci.

Toutefois ce bref moment de légèreté s’envola aussi rapidement qu’il était arrivé. Le sujet de leur débat amenait beaucoup de réflexions chez les deux partis, et celles-ci n’étaient pas banales. Lorsque Sam admit avoir compris que le doyen avait déjà pris des vies, sans pour autant montrer de jugement négatif envers lui, une tristesse profonde s’empara de Darius. Parce que celle qu’il considérait presque comme sa propre fille s’imaginait probablement un ou deux malheureux accidents ayant causé la mort de ses victimes ; pas la panoplie de cadavres qui se cachait dans le coin le plus obscur de ses souvenirs.

Il ouvrit la bouche comme pour protester l’assertion qu’il n’était pas un tueur, mais se résigna au dernier moment. “J’espère que tu as raison,” se contenta-t-il de soupirer doucement. Sa résolution de prouver à la hackeuse qu’il n’était pas à la hauteur de l’estime qu’elle lui portait était en train de flancher. Dracula avait l’impression qu’il lui faudrait plus que des mots pour exposer la vérité et paradoxalement, il ne voulait pas être un monstre devant Sam. Elle ne méritait pas ça.

Il préféra finalement dévier le sujet en recentrant l’attention sur la Protectrice et ce qu’elle méritait plutôt. Il leva un sourcil lorsque Sam se mit à rire, aussi incrédule que sa réaction à elle.

C’est faux que tu n’en aies aucune. La force de caractère se manifeste différemment chez chaque individu… Un peu comme nos mutations, en fait. Tu ne peux pas me présenter tous tes arguments sur le lien entre mutation et force de caractère, puis prétendre que cela ne s’applique pas à toi.”

Bien que le reproche fût fondé, il n’était pas très sévère. Darius tendit les bras pour attraper les mains de Samara.

Tu ne vois peut-être pas ta propre force, mais moi, j’ai eu l’occasion de la constater à plusieurs reprises. Certes, tu es anxieuse devant le monde extérieur, et je ne vais pas te mentir, cela agit malheureusement comme inhibiteur. Mais cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas présente au fond de toi. Je t’ai vue rassembler ton courage et ta détermination pour les choses qui t’importaient le plus.”

Comme maintenir sa relation avec Darius en exprimant ce qui la fâchait ou tout donner pour aider à retrouver les mutants disparus. Et ce n’étaient que les exemples récents survenus en sa compagnie — il y en avait certainement d’autres.

Je sais que ce n’est pas quelque chose que les gens aiment entendre, mais tu es encore jeune, Sam. Et tu as vécu beaucoup de choses difficiles, de choses que tu n'aurais pas dû vivre et encore moins à cet âge. Crois-moi, je compatis lorsque tu parles de lutter en permanence contre les fissures.”

Presque chaque mutant entre ces murs avait vécu des expériences traumatisantes d’une façon ou d’une autre, incluant le doyen. C’est ce qui entraînait sa compassion particulière lorsqu’il s’agissait d’en parler. C'était aussi le seul aspect positif qu’il avait trouvé à la torture du passé : le fait d’aisément pouvoir se mettre à la place de ceux qui avaient besoin de soutien. Néanmoins, ce n'était pas aussi facile de transformer son vécu en conseils pratiques.

J’aimerais pouvoir te dire que les fissures vont guérir éventuellement, mais… ce ne sera peut-être pas le cas. Par contre, j'ai foi en ta capacité à tenir les morceaux ensemble et je te promets que ça deviendra plus facile avec le temps, à mesure que ta force intérieure se développera.”

Elle allait devoir le croire sur parole pour le coup, mais il espérait que cela aiderait tout de même à apaiser certaines angoisses. Car entendre Sam se déprécier autant le peinait encore plus que son propre fardeau. Et lorsque la conversation en arriva au sujet de l’ami que Sam ne voulait pas blesser, Darius tenta de l’encourager davantage, mais la jeune femme demeurait peu convaincue.

Je crois tout de même que tu pourrais lui en parler, tu n’es peut-être pas autant un poids que tu le penses. Dans tous les cas, j’espère que tu trouveras une solution qui ne finira pas par vous blesser tous les deux,” dit-il simplement. Il ne se considérait pas comme une référence en ce qui concernait les relations amoureuses ; il préférait ne pas trop s’en mêler.

Une fois positionné devant la cuisinière électrique, Darius écouta Sam lui expliquer la raison pour laquelle elle aimerait avoir un atelier. Il termina de préparer les crêpes sans dire un mot tandis qu’elle lui mentionnait son plan de créer des nouvelles technologies. Puis il divisa la quantité en deux avant de sortir les fraises et d'en mettre quelques-unes dans chaque assiette. Lorsqu’il servit le tout sur le comptoir de l’îlot où ils étaient installés plus tôt, Ascii mentionnait finalement ce qu’elle planifiait comme première expérience.

Et si ça ne marche pas… ?” Darius ne cachait pas son doute par rapport à cette idée très spécifique. Le concept de puce le faisait un peu tiquer. Mais il se rattrapa avant que Sam ne pense qu’il s’opposait à la demande. “Je ne suis pas contre le fait que tu aies un atelier, mais j’ai des réserves par rapport à ton idée. Comment comptes-tu la tester ? Insérer une technologie tout juste développée dans un corps humain me semble plutôt risqué.”

Ce n’était certainement pas ce à quoi il s’attendait comme premiers pas dans le monde de l’ingénierie.

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Oreilles attentives et conseils qui se partageaient, Samara demeurait silencieuse un moment tandis que Darius songeait à sa mutation. Intuitivement, elle ressentie encore plus d'empathie à son égard, car elle ne put s'empêcher - pendant quelques secondes - de s'imaginer endosser son rôle, son fardeau. Et de l'aperçu que lui donna Dracula, Ascii eut la certitude qu'elle n'aurait pas tant survécu à un tel poids écrasant en se trouvant à sa place. Elle, elle concevait sa mutation comme une énorme couverture réconfortante capable de dissimuler au monde les lacérations laissées par son passé et ses antagonistes.

Mais pour Darius, elle comprenait aisément que la chose était toute différente. Ainsi, naturellement, elle ne trouva rien d’autre à répondre à ses réflexions qu'un très.. Ou trop spontané : « Si j'étais douée pour faire des câlins, je crois que je t'en ferais un.. » Soufflé d'un ton plus bas alors que son regard se détournait, les joues rougissantes d'embarras. Car à peine les mots furent sortis de sa bouche, qu'elle se rendait compte de la démesure de son audace. Enfin.. A son échelle.

Le regard papillonnant face aux questionnements scientifiques du Doyen, Samara esquissait une légère moue alors que son visage finissait par dodeliner lentement. « Je verrais ça.. Mais je t'avoue que tout de suite, j'ai faim. » Alors, elle préférait laisser les nœuds intellectuels pour cet après où son estomac serait convenablement rempli.

Pour autant, malgré sa bonne résolution immédiate, elle ne put s'empêcher de partager son opinion sur la question. « .. Mais vu que l'ADN se forme au niveau embryonnaire et que le gène X est un gène dormant, je dirais qu'il se forme pendant le développement et non lors de son éveil. Sinon, comment veux-tu qu'on puisse être testé alors même que notre mutation n'est pas éveillée ou déclarée ? » Samara faisait ainsi référence aux Persécuteurs et à leur test d'entrée. Comment pouvait-elle savoir cela ? Surement avait-elle fait ses recherches. Haussant les épaules pour conclure son hypothèse, elle alla même jusqu’à esquisser un petit sourire.

Un petit sourire qui s'atténua lentement lorsqu'elle sentie Darius se résigner face à son opinion inébranlable. Pour autant, elle fit le choix de ne pas relever avant d'enchainer sur ce rire incrédule et ce flot de vérités cruelles qu'elle ne put s’empêcher d'articuler comme un paquet d'évidences qui pesait sur ses frêles épaules.

Surprise de la réaction de son ainé, elle lui laissa ses mains tandis qu’un rouge plus vibrant vint réhausser ses taches de rousseur. « .. Ma mutation est juste aussi geek que moi. Elle n'est pas spécialement puissante. » Soufflait-elle dans un murmure gêné.

Samara aimait son gène X, c'était une évidence.. Pourtant, lorsqu'elle établissait la comparaison avec d'autres, elle ne pouvait s'empêcher de constater que le sien était plus discret, voire plus.. Simple. Analyse erronée de ce qu'elle était et de ce qui l'habitait, c'était son regard biaisé qui entrait en jeu. Mais pour autant, elle le vivait vraiment bien et savait s'en satisfaire.

Parce qu'Ascii n'avait jamais été en quête de puissance.
Parce qu'elle aimait simplement aider son prochain.
Envers et contre tout.


« .. Si je n'ai pas de détermination ou de courage pour ce qui compte, je ne vois pas quand est-ce que je pourrais en avoir. » Relevait-elle sans chercher à s'opposer ou contester. D'ailleurs, elle enchainait ensuite. « Mais tu sais, c'est pas grave. Je suis bien comme je suis. » Avec ses quelques forces et sa montagne de faiblesses. Elle avait appris à composer avec ce qu'il lui avait été donné de posséder.

Détournant finalement son regard brun à l'évocation de son jeune âge et de ses épreuves, elle ne parvenait plus à river son attention sur celle de Darius pour lui faire face. C'était un peu sa limite toute personnelle. Le menton bas un moment, elle pinça les lèvres avant de se décider à faire un pas exceptionnel vers son ainé.

Dans son élan de courage soudain, Samara envahissait son espace vital pour venir lui faire un câlin. Bras qui se repliait contre sa poitrine et qui attrapait du bout des doigts la chemise de Darius, elle posait sa tête contre son torse maladroitement. Parce que c'était sa définition à elle du geste affectif. « Les fissures ne s'en vont pas, elles laissent juste des cicatrices. » Parvenait-elle enfin à murmurer en restant ainsi, un peu tendue malgré elle, luttant contre ses envies dissonantes. Parce qu'elle avait tout à la fois envie de rester ainsi mais également de reculer et de se cacher dans sa bulle de solitude.

Finalement, c'était l'entre-deux qui l'emportait alors qu'elle se décollait pour nouer ses mains devant elle et les observer. Elle aurait aimé le remercier d'avoir autant foi en elle, elle aurait aimé lui montrer davantage que ça comptait pour elle, mais les mots mouraient immanquablement dans sa gorge nouée alors qu'elle ne faisait qu'acquiescer concernant Mikel et leurs possibles retrouvailles.

Trop d'émotions pour un trop petit cœur, c'était finalement la conclusion la plus viable justifiant son semblant de repli. Sam ne pouvait davantage laisser les émotions la submerger, parce qu'elle ignorait encore totalement comment les gérer. Ainsi se retrouvait-elle finalement à se focaliser sur les crêpes.

La cuisine eut le mérite de la détendre par déviation. Esprit s'évadant jusqu'à rejoindre la faim criée par l'estomac. Elle regardait la pile se créer puis se diviser. Lorsque Darius termina le service, elle navigua un instant pour sortir son saint graal. Le Nutella.

Cuillère attrapée, elle ouvrait le pot pour le sentir un moment et se figeait devant les doutes du Doyen face à son plan. Pour la première fois, Ascii eut un air clairement offusqué en fronçant les sourcils, un éclat violine passant dans ses iris ordinairement brunes. Aussi paradoxale pouvait-être Samara, elle ne semblait pas réellement encline à accepter qu'on doute de ses capacités. C'était étrange mais vrai.

Revenant à sa crêpe qu'elle tartinait généreusement de nutella afin de compenser sa frustration naissante, elle écoutait les doutes de Darius et restait silencieuse. Finalement, elle la pliait convenablement puis la prenait entre ses mains.

« Je doute peut-être de ce que je porte, de ce que je dis ou de quand je mets un pied sur l'autre, mais jamais quand ça concerne la technologie. » Ça, c'était dit, et elle mordait dans sa crêpe, presque boudeuse. Elle se dérida néanmoins instantanément lorsque qu'elle eut pris la mesure du délice qu'était la création de son ainé. Au vu de son expression qui s'illuminait, elle adorait. « .. C'est bon. » D'accord.

Revenant porter son regard brun sur le Vampire, elle enchaina ensuite après un soupir. « D'accord, ma première étape va être de créer une IA basée sur ma vitesse de calcul pour créer des simulations réalistes. Je lui injecterais des tests dont je connais la finalité, dans un premier temps, qui alimentera son algorithme et le rôdera afin de m'assurer de son bon fonctionnement. Ensuite, je l'utiliserais pour faire la première vague de test de mes créations. » Elle revenait manger un bout de crêpe et la savourait au vu de son expression irrémédiablement détendue et enchainait ensuite, une fois le morceau avalé. « Et je ne suis pas Trask, je ne compte pas créer une puce invasive. Mon but est de créer une puce qui s'accroche à son propriétaire. » Elle désignait le derrière de son oreille comme emplacement présumé. « Je ne peux pas réécrire le code génétique des mutants, ça serait d'ailleurs absurde.. Par contre, je peux créer une barrière cutanée faite de nanotechnologie pour reproduire la texture de la peau et dissimuler les stigmates. » Revenant à sa crêpe, elle la dévorait pour de bon.


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Si je n'ai pas de détermination ou de courage pour ce qui compte, je ne vois pas quand est-ce que je pourrais en avoir.” Darius pouvait imaginer que c’était difficile, à vingt-cinq ans, de se visualiser dans un futur où même ce qui semblait être ses pires faiblesses n’était plus autant perçu comme un handicap. Heck— ce l’était encore à soixante-quinze. Pour autant, sans naïvement croire que l’on pouvait se débarrasser de chaque défaut, il était possible de les voir s’atténuer au fil du temps. Surtout lorsqu’il s’agissait de confiance en soi : le vieux mutant avait vu de ses propres yeux les miracles que l’expérience et la vieillesse pouvaient faire de ce côté-là.

À vingt-cinq ans, veux-tu savoir où j’en étais ?” demanda-t-il, prêt à prouver son point avec un exemple concret. Mais un rapide calcul mental le ramena en 1971 — après réflexion, il s’agissait d’une période qu’il valait mieux ne pas expliquer en détail. Il secoua la tête. “Disons juste que… j’étais très différent de celui que tu connais aujourd’hui. Si tu ne vois pas ta détermination ou ton courage tout de suite, cela ne veut pas dire que tu ne les verras jamais. Tous les bourgeons n’éclosent pas en même temps.” Et certains finissaient par ne jamais éclore, mais contrairement à la nature, les traits de personnalité se travaillaient. Il ne fallait surtout pas abandonner espoir sous prétexte que les choses sont comme elles sont et qu’il en est ainsi. Aux yeux du Sinclair aux tendances sur-performantes, l’acceptation était la première étape, mais loin d'être la dernière.

Néanmoins il voyait dans les réactions de Sam qu’il s’agissait d’un sujet sensible ; ce n’était pas tous les jours qu’elle venait exprimer ses plus grandes insécurités. “C’est déjà admirable que tu sois bien comme tu es,” précisa-t-il en toute douceur. Loin de lui l’intention de diminuer cet accomplissement que si peu de gens arrivaient à atteindre. “Je—

Avant même de pouvoir compléter sa phrase, il fut assailli d’un câlin — ou d’un geste qui s’y apparentait. La tête brune contre son torse, il comprit enfin que tout ce dont la Protectrice avait besoin en ce moment était d’une épaule sur laquelle s’appuyer. Pas de leçons de vie ou d’espoirs positifs pour l’avenir ; juste un réconfort pur, un chez-soi dans lequel se lover alors que le monde autour d’elle semblait l’oppresser.

Je suis fier de toi, Sam,” murmura-t-il en la serrant dans ses bras.

◇ ◇ ◇

Il ne pouvait s’empêcher de regarder de travers les crêpes que Sam tartinait de Nutella. Il prit sur lui pour ne pas critiquer le choix — le sirop d’érable mentionné plus tôt était aussi censé accompagner les crêpes en dehors du mélange. Se contentant d’en mettre sur les siennes, Darius écouta la hackeuse lui annoncer avec fermeté qu’elle n’avait aucun doute sur ses idées lorsqu’il s’agissait de technologie. Alors qu’elle entamait sa première crêpe, il leva les yeux vers elle, intrigué. L’espace d’une seconde, il retrouva dans son regard la flamme qui l’animait lorsque quelque chose lui tenait à cœur ; mais celle-ci s’adoucit lorsque Sam prit conscience du goût des crêpes. “Évidemment,” sourit-il en réponse au compliment, comme s’il n’attendait rien de moins. Si Sam ne doutait pas de sa technologie, Darius, lui, ne doutait pas de sa recette.

La discussion reprit ensuite du sérieux dans un flux de termes techniques pour illustrer ce que l’apprentie ingénieure avait en tête lorsqu’elle parlait d’inventer un nouveau type de puce. Il n’en comprit pas toutes les subtilités, mais elle semblait effectivement avoir un plan de départ. Il se vit surtout rassuré d’apprendre qu’elle ne comptait pas créer une puce invasive à l’image de celles de Trask, ce qui diminuait déjà de beaucoup les risques d’effets néfastes sur le corps. Même si Darius comprenait plus que quiconque que la prise de risques était parfois nécessaire pour avancer, la dernière chose qu’il souhaitait était de voir Sam se tuer dans le processus.

Lui ayant accordé toute son attention pendant qu’elle lui étalait ses arguments, Darius n’avait pas du tout touché à son assiette. Ce ne fut qu’au moment où Sam reprit sa dégustation que le Sinclair se permit aussi de revenir à ses crêpes.

Pour quelqu’un qui dit n’avoir ni détermination ni courage, tu m’as l’air bien déterminée à concrétiser ce projet pour le moins ambitieux,” fit-il remarquer. Malgré les inquiétudes qui avaient pu se manifester, ce n'était pas le genre du doyen de vouloir décourager d'aussi grandes ambitions. Après tout, c'était avec ce type d'aspiration que les meilleures personnes pouvaient faire une différence, et il avait foi en Sam. Après quelques autres bouchées pensives, il ajouta, “Soit. Je verrai ce que je peux faire pour que tu aies un espace approprié. En attendant, je pense qu’on pourrait tous les deux bénéficier d’un peu de sommeil, ne crois-tu pas ?

Il était déjà tard lorsqu’ils s’étaient installés ensemble autour de l’îlot et toutes ces discussions les avaient presque transportés à l’heure de l’aube. En dépit de son besoin réduit en sommeil, le vampire se sentait si épuisé qu’il pensait aller dormir pour les huit prochaines heures. Car même s’il avait finit par refouler ses propres émotions pour soutenir Sam du mieux qu’il le pouvait, celles-ci continuaient de le ronger de l’intérieur et il sentait que seule une bonne perte de conscience pourrait y remédier.

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Etreinte affectueuse qui dans son paradoxe inquiétait Samara autant qu'elle pouvait l'apaiser, elle ne put s'empêcher d'avoir un léger sourire flottant aux lèvres lorsque son ainé lui fit part de la fierté qu'elle pouvait représenter à ses yeux. En réponse, elle ne put contenir ses mots, dans leur plus pur apparat. « Et moi je suis fière que quelqu'un d'aussi génial que toi soit fier de moi. »

Bras qu'elle quittait finalement dans la pudeur de son tempérament, il n'y avait bien que l’existence de cette montagne de crêpes pour la ramener vers une certaine légèreté. Le mont de gourmandise prêt, Ascii n'hésitait pas avant de se servir. Bientôt, elle se retrouvait à dévorer une des créations de Darius pour rapidement s'en extasier. Nutella ou non, sirop d'érable ou non ; les crêpes étaient tout simplement délicieuses au regard de la mutante.

« Si je pouvais en avoir tous les jours, je crois que ça serait le paradis. » Murmurait-elle en observant sa part à moitié dévorée, le regard brillant d'admiration. Un plaisir simple pour une joie toute aussi simple. Ça suffisait à Samara qui se berçait dans la gourmandise offerte par Dracula.

Surement, d'ailleurs, que la présence des crêpes nuança la vexation de la mutante alors que son mentor mis en doute sa capacité à organiser son évolution technologique. C'était un pas de géant pour Samara, un pas qu'elle avait murement réfléchit dans la solitude de son antre devenue trop étroite pour lui permettre de travailler efficacement. Hier comme aujourd'hui, Ascii semblait aspirer avant tout à aider son prochain. Et si la forme variait désormais de par son amplitude, ce n'était finalement qu'une question de perspective, parce que l'essence de son objectif demeurait inchangée.

Son plan exposé entraina un moment de silence qui eut vite fait de figer Samara alors qu'elle observait de ses grands yeux bruns l'expression insondable de Darius. Délaissant momentanément ses crêpes, elle manqua de s'étouffer face à sa remarque qui venait faire éclater leur silence.

« .. Ah ? T-tu trouves ? » Balbutiait-elle, soudain bien moins fière et peut-être même un peu moins bavarde. Pinçant les lèvres, elle revenait manger un bout de crêpe l'instant d'après. Une fois la bouchée consommée, elle murmurait un simple et timide.. « ..Si ça peut aider des mutants, alors, il faut que j'essaie. Mais je pense que je peux y arriver.. Vraiment. » C'était une étrange certitude qu'elle portait en elle. Une certitude qui allait de pair avec la confiance en ses habiletés et qui s'opposait à ses angoisses sociales. « J'espère simplement ne pas te décevoir. » Ne put-elle s'empêcher de souffler entre deux bouchées.

Parce qu'elle ne voulait pas que Darius soit autre chose que fier d'elle.

Lorsqu'il accepta d'accéder à sa demande, elle releva le nez et ne put contenir un sourire rayonnant. « Vraiment ? C'est génial ! Merci ! » Trépignait-elle, retrouvant toute son énergie alors que l'effervescence de la nouvelle infusait ses veines fatiguées. « Je vais me débrouiller pour les machines mais déjà, l'espace, ça sera génial ! »

La proposition de repos lancée par Darius la freina ensuite dans son élan alors qu'elle jaugea son propre état de fatigue et haussa légèrement les épaules. « D'accord.. » Il fallait bien qu'elle se repose pour finalement se remettre au travail ou même à ses lectures. « Je vais emporter ça par contre ! » Lançait-elle en désignant les crêpes restantes. L'assiette était récupérée ainsi que le nutella et le sirop d'érable. « J'aurai surement faim après avoir dormi. » Evidement qu'elle allait avoir faim.

C'était même une certitude.
Son bazar assemblé, elle se tourna finalement vers son ainé et lui adressa un sourire doux. « Merci pour tout, Darius. » Prenant la direction de la sortie des cuisines, elle s'arrêta sur son seuil et lui adressa un dernier regard. « Je suis certaine que tout va bien se passer pour toi, et si tu as besoin, je suis là. »

Certaine de ne pas être d'une utilité transcendante, Samara avait néanmoins la certitude de pouvoir être une oreille attentive. Ainsi se promit-elle comme elle put lui promettre à demi-mot, d'être toujours là pour lui.

Il pouvait compter sur elle.
Tout comme elle savait pouvoir compter sur lui.
Car c’était ainsi que leur relation s’était construite.


Quittant finalement les cuisines, Samara rejoignait enfin son bureau qu’elle avait momentanément aménagé comme seconde résidence de fortune. Aurora occupant ses appartements, Ascii avait trouvé le confort de son antre suffisant à son bonheur.. Et il l’était.


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