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[Violent] Le Bon et le Mauvais chasseur - PV. Ysold

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Le Bon et le Mauvais chasseur
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Je sentais la présence de ma proie dans l’usine désaffectée qui me faisait face. Un piège grotesque, on essayait de m’attirer en me donnant une opportunité que je ne pouvais pas refuser. Le bâtiment était excentré des rues passantes, dans un espace industriel qui s’étendait sur un ou deux kilomètres, l’endroit parfait pour chasser et enterrer sa proie sans alerter les autorités. C’était trop beau pour être vrai, on voulait me la faire à l’envers. Ma future victime savait pertinemment que je lui collais au cul et que j’allais sauter sur l’occasion pour lui broyer le crâne. En général, quand on pensait que j’étais dans les parages, mes petits lapins avaient plutôt l’idée de se cacher au sein d’une foule. Avec mon physique, j’étais un peu coincé pour les suivre et les abattre au milieu de la chaussée. C’était mon plus gros point faible, mon manque de discrétion et malheureusement, je n’avais pas beaucoup de possibilités pour remédier à ce problème majeur : même avec une capuche ajustée, il était pratiquement impossible de dissimuler mes cornes. Soit, on voulait me la foutre dans le fondement parce qu’on me pensait assez con pour débarquer comme un bourrin dans un endroit que je ne connaissais pas. Ils avaient raison, j’étais un complet abruti. Mais à défaut d’avoir des neurones efficaces, j’avais des muscles qui pouvaient faire imploser les os. En général, ça suffisait à compenser mon manque de finesse.

Je soupesais doucement mes deux revolvers, jouant avec les balles avant de le mettre, une à une, dans les barillets. Les armes de nouveau dans leurs holsters, j’avançais lentement vers la porte d’entrée en observant ma proie à travers le mur. Le sentiment d’une présence était complexe à expliquer pour qui n’avait pas les sens aussi affûtés que les miens, je pouvais pratiquement suivre ses déplacements à la seconde. Mon esprit représentait ma proie sous la forme d’un halo diaphane, une aura visible. Ce n’était qu’une manière de permettre à mon cerveau de comprendre l’information, mais l’identification se faisait principalement par mon odorat et mon ouïe, à la manière d’un prédateur surhumain. J’essayais d’entendre des indications de présence annexe, sans pour autant réussir à mettre en exergue des bruits ou des sons en particulier. Pour me souvenir ou percer une aura, il me fallait me concentrer, choisir volontairement de la suivre. Je n’étais pas un radar et la plupart du temps, je devais compter sur ma chance pour m’assurer que ce n’était pas un guet-apens.

J’ouvris la porte dans un grincement, jetant un coup d’œil à l’usine délabré, mes pupilles s’adaptant à la noirceur ambiante. Il était à l’étage, dans une salle qui devait être originellement pour l’équipe de direction. Je posais ma main sur mon pistolet droit, relevant mon long manteau pour pouvoir le sortir rapidement. Mes sabots claquaient sur le sol, faisant résonner les structures métalliques encore debout de la bâtisse. Ma respiration formait des voulûtes de fumée dans le froid hivernal. Mon sang tapait dans mes oreilles, je sentais mon cœur battre la chamade alors qu’un premier coup de feu me força à me mettre à couvert, derrière en monticule d’automates cassés. Bien vite, plusieurs dizaines de balles commencèrent à ricocher vers moi, provenant de plusieurs directions. Deux devants moi, un tireur en hauteur et un autre sur ma gauche. La situation était tendue mais pas critique, les balles qui fusaient sans discontinuer faisaient montre d’un certain amateurisme. Profitant des quelques secondes offertes par les rechargements, je me précipitais vers celui qui était positionné le plus proche de ma position, profitant de la puissance de mes jambes pour avaler les mètres. C’était un jeune adulte boutonneux, qui tenta de bégayer quelque chose d’inaudible alors qu’il essayait vainement de recharger sa mitraillette. J’attrapais ses bras réunis avec ma queue, avant de lui détruire le visage à coups de pieds, transformant sa phrase balbutiante en des gargarismes gutturaux. Des bouts de cervelles maculaient mes deux gros ongles noirâtres alors que je jetais la carcasse en l’air, m’octroyant une diversion salutaire pour cribler les deux péquenauds en face de projectiles. Des fleurs écarlates se déversèrent un peu partout, alors que les membres sectionnés complétaient le tableau de jolis pétales. J’aurais dû être fleuriste, pensais-je en enjambant un tapis roulant, j’ai un sacré don pour accorder les roses rouges.

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LE BON ET LE MAUVAIS CHASSEUR
From the dawn of time to the end of days

Appels en renfort lancés au capitaine. Collègues d’une autre unité débordés par un mutant. J’attends les instructions avec le sang qui bouillonne. Un désagréable goût de déjà vu, déjà vécu ou presque. Une unité qui, minute après minute, se fait décimée par le monstre. Queue-de-cheval qui tire sur mon crâne. Armée jusqu’aux dents. L’ordre de bouger est donné. Pas assez rapide. C’est le sentiment que j’ai sur le trajet bien que le conducteur fasse son maximum. Rien ne serait assez rapide. “Ashford.” La voix de mon capitaine comme un avertissement. Depuis 4 ans, je dois travailler en équipe, réprimer mon impatience et mon impulsivité, ne pas faire cavalier seul.

C’est inscrit dans mon dossier, quelque part, la perte de mon unité à 20 ans, le caractère un peu trop impulsif et individuel avec les équipes suivantes. Les capitaines, l'insubordination. Le seul qui tient, c’est le capitaine Kaynes. Le seul qui mérite que je prenne sur moi et patiente.

Le véhicule s’immobilise à quelques mètres pour ne pas être repéré. Le mutant est assez dangereux pour redoubler de méfiance. D’un signe de la main, je suis les instructions. Trois autres soldats avec moi. L’arme levée devant moi, j’avance et entre dans le bâtiment. Le mutant est connu pour avoir tué plusieurs adeptes d’armes. Lunettes de vision nocturne sur les yeux. Le bruit des coups de feu guide notre avancée dans ce lieu sinistre. Nous arrivons dans la salle de direction. Les dents serrées. Les restes immobiles des camarades me plongent un peu plus dans la colère. Le mutant incarne la parfaite vision horrifique que je me faisais d’eux étant gamine. Un putain de monstre. Trop c’est trop. Je ne peux pas encore regarder un mutant massacrer d’autres persécuteurs. Planquées derrière un mur, les autres me signent d’attendre l’arrivée des autres. Vu la bête, ce serait peut-être plus prudent. Mais patience moi, je la gère très mal. Si je parviens à lui mettre le collier…

D’un discret coup d’oeil, je peux voir le mutant, immense et cornu. Je prends un instant pour réfléchir. Ne pas prendre de les choses à la légère. Récolter le plus d’informations possible sur lui en attendant les ordres…et survivre aussi longtemps que possible. Mes poches sont remplies d'armes et de gadget anti-mutant. Quand on ne sait pas à qui on fait fasse, mieux vaux pouvoir être préparer à toute éventualité. Si possible rester en vie et revoir Ariel. Vu ce qu'il peut faire, je dois garder mes distances. L'odeur âcre du sang agresse mes narines. Je prends une grande inspiration avant de me lancer. Balle tirée atteint le mollet. Je change de place, glissement rapide vers l'autre mur et pistolet à nouveau prêt à faire feu.

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Je tenais ma cible dans mes mains, la soulevant à quelques centimètres du sol pour qu’il puisse totalement me contempler, pour lui donner un avant-gout de l’enfer avant de le rejoindre, en observant le physique d’un de ses futurs tortionnaires. Je n’étais pas venu avec l’idée de le faire souffrir mais, passablement énervé par le combat précédent, j’étais prêt à passer mes nerfs sur ma pauvre victime. Malheureusement, le bonhomme avait beaucoup de chance puisque des renforts arrivèrent, m’empêchant de lui faire la peau. Déconcentré par mon envie de sang, je n’ai pas pris le temps de m’assurer d’être seul dans l’usine. Ma patience était un de mes plus grands défauts.

La balle s’était plantée dans mon mollet, m’obligeant à me courber en grognant de douleur sous l’impact. Je me retournais rapidement en utilisant l’homme comme protection, avant de prendre appui et couverture derrière le bureau de direction, que je renversais pour m’en faire un rempart. L’ombre qui venait d’arriver se faufilait à la faveur des ténèbres, épousant la noirceur ambiante. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, je n’étais pas nyctalope, je voyais mieux qu’un être humain mais pas assez pour discerner le connard qui venait de me blesser la jambe. J’étais résistant mais pas invincible cependant, le projectile s'était logé dans mes muscles, provoquant une immense douleur.

Je répondis aussi à ses tirs, tenant toujours fermement mon seul moyen de pression. J’étais vraiment dans une situation de merde et il me fallait trouver une porte de sortie, avant de finir en morceaux. Je retenais mon otage par la force de ma queue, enserrant son cou, le soulevant dans les airs pour montrer un bout de son visage. Je maintenais suffisamment de pression pour le faire suffoquer et le faire se débattre comme un poisson hors de l’eau.

—  Bon, on est parti du mauvais pied, je crois. J’esquissais un petit sourire en coin, me rappelant le crâne que j’avais explosé avec mes sabots. Mais, mettons nos différences de côté un moment. Je peux broyer votre petit ami en quelques secondes, je vous conseille d’arrêter de tirer, j’ai la fâcheuse habitude de serrer trop fort quand on essaie de m’éventrer.

Il me fallait compter sur l’importance de la personne que je tenais entre mes mains, et sur la possible humanité de mes agresseurs. De quoi m’acheter quelques secondes, le temps de respirer, d’analyser le bureau et les cachettes. J’avais pratiquement vidé toutes mes balles. Changer de chargeur ferait trop de bruit, il fallait que je paraisse réglo au moins le temps de me ménager une sortie. Pour preuve de bonne foi, je fis glisser un de mes flingues – profitant du fait qu’un autre été caché sous mon manteau – pour montrer patte blanche et forcer une erreur de l’autre côté. Je devais compter sur la robustesse de mon mollet, la situation était tendue. L’idée de traverser l’étage en sautant par la fenêtre me tentait beaucoup, mais je risquais d’aggraver ma blessure, d’autant plus que j’avais encore du mal à évaluer les forces en présence. Si c’était pour me retrouver devant toute une escouade m’attendant sagement en bas, je préférais passer mon tour.

— Je ne vais pas passer par quatre-chemins avec vous. Je compte bien sortir d’ici vivant dans tous les cas. Donc, soit on fait ça gentiment et je sors avec votre pote, que je laisserais en vie en partant.
J’avais l’avantage, je pouvais le pister indéfiniment après tout. D’autres occasions finiraient par se présenter. Soit on continue à se canarder, je finis par glisser hors de mon trou et je vous refais à tous un nouveau trou de balles avec mes grosses cornes. Je suis sûr que ça vous plairait. On fait quoi, hein ?

Je tâtais doucement mon arme, m’accrochant à la crosse, prêt à dégainer à tout moment. Mes yeux papillonnaient dans la pièce, à la recherche d’un indice, d’un élément utile pour m’en sortir.

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From the dawn of time to the end of days

Détonation. Grognement bestial. La balle s’est logée dans sa chair. Il n’est pas invulnérable. Pas de pouvoir lui permettant de dévier ou de percevoir l’attaque avant qu’elle n’arrive à première vue. Cachée dans l’ombre. L’effet de surprise me donne l’avantage. Un petit sourire satisfait se glisse sur mes lèvres. Sourire qui se transforme en grimace quand je remarque mon camarade pris en otage. Je serre la mâchoire. Il vit encore. Putain de merde. Mon camarade réduit à un gilet par balle pour mutant. J’ai pas fait assez gaffe putain.

J’entends la voix grave du mutant qui s’élève dans l’obscurité. “ Bon, on est parti du mauvais pied, je crois.” C’est le ponpon de la pomponnette celle là. "Partis d’un mauvais pieds c’est un putain d’euphémisme pour toutes les vies de persécuteurs qu’il a prises. “ Tu crois? T’as fait un putain de carnage là, j’appelle pas ça partir sur un bon pieds, j’appelle ça provoquer son destin.” Ma voix s’élève soudainement. “connard.” Je cris. Pour que ma voix raisonne à travers le bâtiment, dans l’espoir que mes camarades l’entendent. Sur le point de perdre mes moyens. Je prends une grande inspiration.

1. Ne pas laisser la colère me submerger.

Expiration.

2. Ne pas laisser l’émotion me contrôler.

Inspiration

3. Ne pas se laisser influencer par ses sentiments.

Expiration.

4. Gagner du temps.

Sa voix rauque réaparait. Sinistre comme la mort des miens qu’il sème.

” Mais, mettons nos différences de côté un moment. Je peux broyer votre petit ami en quelques secondes, je vous conseille d’arrêter de tirer, j’ai la fâcheuse habitude de serrer trop fort quand on essaie de m’éventrer.”

Il se fou de ma gueule. Au sol un flingue glisse. Il s’attends à quoi? Les types comme lui j’en ai vu plein, des pièges, j’en suis ressortie vivante. Même dans la pire des embuscades. Je suis une survivante. La méfiance est ma meilleure amie en patrouille. Toujours. L’humanité la pire conseillère qui soit.

“ J’ai la fâcheuse tendance à m’en foutre royalement des autres. Mes superieurs en revanche ils aiment pas trop les merdeux d’en ton genre qui buttent des persécuteurs. ”
Je sors de ma cachette. Mon regard à travers les lunettes nocturnes perçoivent un tas de muscle avec à vue de nez, presque trente centimètres de plus que moi.Il est fort, je suis plus petite, je suis rapide. J'espère. J’ai repérée sa position. Et d’un glissement rapide, je franchis quelques mètres à sa droite. Thief vault au dessus d’un bureau qui aurait pu bloquer ma trajectoire.
“Je ne vais pas passer par quatre-chemins avec vous. Je compte bien sortir d’ici vivant dans tous les cas. Donc, soit on fait ça gentiment et je sors avec votre pote, que je laisserais en vie en partant.” Impulsion. Course. Il ne voit pas arrivée. Il ne voit pas dans le noir. Enchainement d’appuis sur les murs. Le but original est de vérifier son ouïe avant de sauter dans son dos, dans l’espoir de le frapper et le faire lâcher sa victime.

“Soit on continue à se canarder, je finis par glisser hors de mon trou et je vous refais à tous un nouveau trou de balles avec mes grosses cornes. Je suis sûr que ça vous plairait. On fait quoi, hein ?” Retombée sur le prolongement de son corps. Une queue. dans l’espoir qu’il lâche l’autre. Quitte à voir quelqu’un pris au piège. Je préfère que ce soit moi.
Jamais je ne laisserais quelqu’un se faire à nouveau tuer sous mes yeux sans pouvoir y faire quelque chose. “ Moi tu vois, j’ai pas l’intention de te laisser faire plus de victimes enculé.

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Une voix féminine m’invectivait violemment, ce qui n’était pas bon signe pour la suite des événements et des négociations. Lorsqu’elle évoqua les Persécuteurs que j’avais tué, un sourire diabolique arma mon visage : oui, j’avais abattu beaucoup des siens, et tant mieux d’ailleurs. Nous, mutants, vivions sous le courroux d’êtres inférieurs. Et non-content de nous humilier quotidiennement, nombre d’entre eux voulaient nous exterminer. Je ne faisais que faire de même finalement, je n’avais pas à m’excuser ou avoir de remords. Dent pour dent, disait-on, et les miennes avaient l’avantage d’être plutôt longues.

Mon adversaire était plus sournois et rapide que prévue. Sans faire de bruit pour annoncer son passage à l’attaque, elle s’approcha de moi en se faufilant dans les ténèbres. Une petite bête virevoltante, une mouche acrobate qui avait fini par faire son chemin dans le dédale des bureaux et des plans de travail. De mon côté, j’étais resté immobile, attendant le moment de passer à l’assaut, sans savoir que celui-ci avait déjà été donné par ma future victime. Trop concentré à maintenir une force suffisante dans ma queue, j’avais fini par négliger mon ouïe et mon odorat. Je ne sus que quelque chose clochait que lorsqu’elle frappa sans prévenir, libérant mon otage en me frappant par surprise. Je tentai de la balayer avec mon appendice en reculant de quelques pas, juste assez pour pointer mon arme et à me mettre à tirer au petit bonheur la chance. De quoi ramener encore plus de monde d’ailleurs, si d’autres de ses rats s’amusaient à se balader dans l’usine désaffectée.

Mes balles ne touchèrent pas. J’avais perdu l’échange et mon seul moyen de pression, il me fallait maintenant recourir à des stratagèmes moins élaborées. Glissant sur le sol pour me mettre à couvert, je ramassais mon revolver avant de déposer un petit baiser sur sa crosse, heureux de le retrouver. Deux flingues à la main, je bombardai sans discontinuer les alentours, cherchant à toucher et à abattre la forme qui m’échappait sans cesse. Je finis par perdre un peu patience. Respirant un grand coup, je rangeais mes joujoux dans leurs poches, avant de montrer de quoi j’étais véritablement capable.

─ Bon, on a assez joué au chat et à la souris, petite. Je suis assez mauvais perdant, je vais être obligé de mettre fin à ce jeu. En même temps que je tentais de la déconcentrer en comblant le silence, je réussis à discerner une silhouette qui ne pouvait être qu’elle. Lentement, je me cabrais en prenant soin d’inspirer un grand coup. Tu as vu mes belles cornes ? Elles sont belles, ça te dirait de t’empaler dessus par hasard ? Ni voit rien de pervers ni de personnel. En fait si, c’est personnel et j’en ai un peu marre qu’on se foute de ma gueule. Tu vas morfler, saloperie. Toi et tous les tiens, bande de crevures. Vous ne méritez pas de vivre et de respirer le même air que nous.

Profitant de la formidable puissance de mes sabots, je me projetais avec une vitesse folle droit vers ma cible, dispersant les meubles et les objets sur mon chemin à renfort de coups de bras et de tête. Les cornes bien en avant, j’étais prêt à lui rentrer dedans avec toute la force qu’il m’était possible de concentrer sur le moment. La douleur à ma cheville me déstabilisa au plus mauvais moment cependant, m’obligeant à fermer les yeux dans un rictus de douleur au moment de l’impact. Dans les ténèbres de mes paupières, je ne sus pas distinguer si j’avais fait mouche bien que je discernais le recul d'un choc contre une autre masse, et le brut infernal de mes cornes pourfendant la chose qui me faisait face.
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Corps du frère d’armes qui tombe au sol. Il reprend son souffle, alterne entre toux et inspiration. Putain, c’était moins une. Avec prudence, non, sans lâcher des lunettes le monstre, j’intime à mon camarade de se replier. “Dégage de là au plus vite, j’m’occupe du démon.” Démon. Il n’y avait pas meilleure description pour cette créature tout droit sortie d’un cauchemar. Elle me dépassait d’au moins trente centimètres. Appendice de l’arrière-train avec terminaison nerveuse. Sabots en guise de pieds, cornes pointues. Guillermo Del Toro en serait gaga. Un monstre humanoïde.

Le mutant tire quelques balles. Il ne vise pas. Il ne doit pas voir. Avantage pour moi. J’esquive les balles et celles qui effleurent mon gilet-parballe sont stoppées. J’encaisse assez bien les tires par balles, de nombreuses années d’expérience. Conneries et indisciplines réglées par des corvées, et par servir de cobaye pour les unités de tireurs d’élite. Je ne suis pas aussi excellente avec une arme de poing qu’avec des armes blanches, maintenir l’ennemi à distance demandais beaucoup d’habileté manuelle et une excellente vue.

J’esquive une balle en me jetant sur le côté. Il a renoncé à la discrétion et bientôt, les autres arriveront.

C’est un monstre comme lui qui m’a privé de ma famille. C’est un monstre comme lui qui m’a privé de ma première équipe. La mutante du lac à raison. Ce combat ne rime pas à grand chose quand on y pense. Une boucle sans fin. Il ne rime pas aux yeux de l’univers, mais il rime au mien. Mon sang réclame vengeance. Parce que ma colère ne s’apaise pas. 10 ans que je chasse des mutants. La colère est toujours là. Chaque mutant tué, c’est le risque d’épargner à une famille, le sort de ma sœur.

Mais ça ne me calme toujours pas putain.

La mâchoire serrée, j’évite les balles jusqu’à ce que la vague cesse. Planque derrière un bureau renversé. Détonation. Violente douleur dans le bras droit dans les secondes qui suivent. Bordel. L’objet m’arrache un grognement douloureux. Les dents serrées pour ne pas hurler, je porte machinalement ma main sur la blessure. Liquide rouge et poisseux qui s’en dégage. Putain de merde. La douleur me fige. La voix rauque de mon adversaire raisonne jusqu’à moi. Voir à travers les lunettes limite quand même le mouvement. Sensation de ne pas voir directement avec les yeux. Voix qui raisonne dans l’obscurité.

─ Bon, on a assez joué au chat et à la souris, petite. Je suis assez mauvais perdant, je vais être obligé de mettre fin à ce jeu.

Je ne bouge pas assez rapidement pour l’esquiver. Les bureaux sur son passage volent sur le côtés dans un fracas assourdissant, je perds sa trace quelques secondes avant de le voir se ruer vers moi. J’essaie de viser, mais la balle tirée par mon flingue se perd dans les ténèbres. Fait chier. J’essaie d’esquiver en vain. Une corne se plante dans mon abdomen. Douleur soudaine. Déchirante. Multiple. Sang craché, souffle coupé sous la puissance du choc. Mon dos a heurté le mur. Putain. Une pensée s’échappe. Le gilet est naze. Je serre les dents. Avec ça, j’vais devoir rester en dehors du terrain pendant plusieurs jours. Je tends le bras gauche jusqu’à ma ceinture pour récupérer une dague, gardée précieusement tout ce temps caché. D’un geste franc, je la plante dans l’épaule du mutant pour qu’il lâche prise. Je n’avais cependant pas pensé qu’avec ce geste, je serais projetée plus loin, me fracassant contre du mobilier. Omoplate droite qui tape contre un pied de bureau. Grognement de douleur avant d’entendre, au loin, les autres arrivés.

“ T’es cuit l’affreux. Même si tu m’butes maintenant, t’es cerné. Ils te feront pas de cadeaux. “
Je lâche. Main posée contre l’abdomen un sourire aux lèvres bien que mon corps entier me faisait souffrir. “ Si j’te retrouve, j’te mets la misère. Connard. Sans les monstres comme toi, le monde se porterait mieux.”

Le sang versé ne tarit pas la rage en moi.

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