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Sur l’échiquier de la vie, les alliances sont aussi corrosives que de l’acide à même la peau ; elles finissent tôt ou tard par se consumer rendant chaque espoir plus fragile qu’une feuille de papier. Dans cette lignée de déception et de braise, s'inscrit ta petite entrevue avec Darius qui ne s’est pas passée exactement comme prévue. Tes attentes se sont littéralement heurtées aux pourtours d’une trahison qui te reste en travers de la gorge mais au moins, tu n’es pas repartie les mains vides Amalia. Son gène X copié, tu en as profité pour arpenter les rues de New-York afin de te défouler sur les habitants. Malheureux innocents échoués dans la pénombre, aucun cadavre à dénombrer mais la terreur s’est répandue telle une traînée de poudre. Avant que ton propre monstre n’apparaisse au cœur des ténèbres, tire sur ta laisse pour que tu rappliques en quelques secondes au bercail de ta détresse. Mission imprévue, urgence notoire, top 10 des cibles à capturer avec une fenêtre réduite. Pas de temps à perdre, tu descends dans les laboratoires copier une capacité supplémentaire pour vaciller de l’une à l’autre. Evolution tenue secrète, pour combien de temps tu l’ignores mais tu gardes Trask dans l’ombre aussi longtemps qu’il t’est possible. Ne souhaitant pas offrir une motivation supplémentaire au prédateur pour te faire plus proie que tu ne l’es déjà.

Tu retrouves la fraîcheur de la nuit, te mêles à l’activité citadine afin de récupérer le nouvel accessoire du diable. Mutant difficile à attraper, haut niveau de maîtrise et protection annexe. L’équipe avec toi parvient à maîtriser les humains, te laissant risquer ta vie pour choper l’abomination qui s’amuse à annihiler les sens, vue, ouïe, odorat volent en éclats. Alors tu te fais invisible à l’œil nu, rapide quand tu te glisses dans le périmètre pour asséner l’attaque à la première opportunité. Sang coule de la peau écorchée et tu ne résistes pas à la tentation de le mordre, écopant des souvenirs tapis dans la mémoire, des morceaux de vie qui ne t’appartiennent pas mais que tu voles sans la moindre hésitation. Parce que t’as la rage qui remue les trippes, ça torpille et ça fait mal, ça tourbillonne et te donne envie de le déchiqueter vivant. Victime sauvée in extremis par la fin de la copie. Vampire n’est plus, s’estompe chaque seconde un peu plus alors que déjà, les sens aiguisés te manquent autant que le détenteur originel de la capacité.
Néanmoins, tu chasses de tes pensées la silhouette familière pour te focaliser sur la nouvelle qui danse derrière tes paupières. Beauté aux cheveux d’ébène, reine des enfers, le nom s’imprime sur ta rétine et tu le murmures du bout des lèvres. « Josefina. »

Il te faudra une semaine pour mettre la main sur l’étoile noire, filature discrète, bête observe sans se dévoiler, suit les allées et venues de celle qui se révèle ange déchu. Tu souris face à l’ironie quand tu la vois à plusieurs reprises, franchir les portes du tribunal, effleurer du bout des doigts les lois pour mieux les contourner. Puis vient ce matin ordinaire, où tu décides de mettre un terme aux préliminaires car le tic tac continue de donner la mesure et l’engin explosif demeure bien au chaud sous ta peau. Tu assistes à une audience ouverte au public durant laquelle Dias Almas brille par son aisance à manipuler les faits sans se dévêtir de sa prestance. Elle broie les esprits comme l’acier ploie sous la gravité et tu la regardes faire en silence, admirant son œuvre de toute beauté. La salle finit par se vider et la cible se met en mouvement, s’arrête se rafraîchir un petit instant sous tes iris insistants. « Vous avez tous le même tatouage ? » Question vole dans les airs, se pose au milieu des toilettes déserts. Pas âme qui vive ne vient briser l’atmosphère dessinée par ta langue alors que les potentialités se pointent à l’horizon.
Parce que l’ennemi de mon ennemi est mon ami, non ? Il vous faut simplement une motivation commune et tu penses avoir trouvé cette dernière. « Je crois que celui de Rio va avoir besoin de quelques retouches. »


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Elle souffre de cette douleur. Chaque jour. Rio disparu, perdu dans les méandres de ce foutu New York. Un couteau planté dans le dos, dans le cœur ; elle n'a pas su protéger l'un des siens. Le père au téléphone lui intime de se calmer, mais elle crie davantage, fini par envoyer le téléphone s'écraser contre le mur, se prend la tête et hurle à s'en déchirer les cordes vocales, se laissant aphone. Se laissant tomber sur le sol, des larmes chassées rapidement de ses cils. Ils le lui payeront. Tous. Tous ceux qui sont impliqués. Chacun d'entre eux. La Princesse arrache ses faux cils d'un geste rageux, se relève, se démaquille. Demain est un autre jour. Demain, elle discutera encore avec son père. Elle discutera encore avec ceux du dessus. Personne ne la remet en cause, pas sur ce coup. New York est une ville dangereuse et tous savent l'état dans lequel elle s'est mise. Tous savent à quel point son propre cœur a été arraché par cet enlèvement mesquin.

Mais il faut être fonctionnelle. Toujours. Sourire, rire, ne rien montrer. Ne rien laisser paraître. Ni devant les autres membres de la Familia. Ni devant les autres, tout court. Josefina sait comment faire, sait comment se vêtir de ce visage froid. L’inaccessible Princesse de New York, aussi impressionnante que le Roi de Los Angeles. Elle a son nom à défendre. Et plus que faire ses petits caprices, elle a Rio à retrouver et à ramener chez les siens. Mais La Catrina n'oubliera pas. Tous payeront, d'une façon ou d'une autre. Toutes ces pauvres âmes qui se sont mises sur son chemin seront broyées par sa colère, par sa rancune. Et la rancune de Josefina est tenace, patiente. Elle saura trouver le point sur lequel appuyer. Le point pour leur faire regretter, peu importe qui ils sont.

Des pensées parasites l'accompagnent trop souvent, cette semaine. Une femme. Une voix, trop entendue. Elle sait qu'elle est suivie, mais elle ne sait pas par qui. L'autre est douée, discrète, entraînée. Mais Josefina l'est également. Ne laisse rien paraître, rien qui ne puisse être retourné contre elle. Mais elle imprime la voix, les pensées, de celle qui se croit invisible. Elle croit presque ressentir, pendant un bref instant, le lien télépathique établi avec Rio. Mais il est altéré, différent. Il manque de sa pureté habituelle, et elle ne se risquerait pas à tenter une communication. Car ce n'est pas Rio. Et le lien s'est trop vite évanoui, lâché dans la nature, comme disparu avant de pouvoir s'accrocher.

Aujourd'hui, cependant, elle est dans la salle. L'autre. La suiveuse. Elle est dans la salle, maintenant.

Mais Josefina ne peut pas se laisser distraire, assénant les coups, défendant son client. Une histoire sordide, un dossier presque trop facile. Bien sûr, elle brille, ses mots sont précis, sa prestance manifeste. Mais elle se fout royalement du procès et de son issue. Parce qu'elle reconnaît cette voix, dans sa tête, parmi les autres. L'esprit humain est incapable de s'arrêter de penser. La Catrina, pourtant, fait mine de rien, toujours. Prudente. Elle est explosive, oui, mais son père lui a inculqué la prudence, nécessaire. Vitale. Elle se rend aux toilettes, consciente d'y être suivie. Enfin un visage sur la voix. Une voix qui joue avec le feu. Oh, ça bouillonne à l'intérieur de son crâne. Mais elle gère une partie de la Nuestra Familia. Elle ne peut pas exploser. Alors elle se retourne, offre même un sourire à la vicieuse. « Je vous demande pardon ? » Le ton est froid. Glacial. Et pourtant poli, courtois. Josefina essaie de lire dans les pensées, l'accès au crâne de la blonde rendu plus simple par les murs les entourant, les murs les séparant du reste des vivants. La blonde sait qui elle est, la brune le voit, le sait, l'entend.

« Comment va-t-il ? Rio ? » Le ton est toujours mesuré. Josefina sait qu'il ne sert à rien de prétendre ne pas connaître l'objet de la conversation. « Tu as porté la même... disons, essence. Réminiscence, plutôt. Pas longtemps. Assez pour que tu ne puisses pas être invisible dans une foule. Pas à mes yeux en tout cas. » La brune s'approche, coincée dans son costume d'avocate, lui tend la main. « Catrina. Mais je sais que tu sais que ce n'est pas mon nom. Pourquoi t'approcher de moi alors que tu es assez douée pour ne pas avoir à le faire ? » Qu'elle réponde ou non, Josefina ne se privera pas de piocher dans sa caboche, sans se douter qu'en tendant cette main, elle fait une erreur. Une mince, une petite, une légère erreur. Mais une erreur tout de même.  

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Entre ces murs, loin de l’auditoire pendu à ses lèvres, Josefina semble vulnérable et pourtant même démunie devant toi, sans arme artificielle à sa portée il continue de transpirer de son aura une force qui t’intrigue. A croire qu’en tout temps, l’avocate détient une maîtrise de la situation difficile à expliquer avec de simples mots. C’est cet air, placardé au bord de ses pommettes. Pas de l’arrogance, de la noblesse. Une sensation qui te donne l’impression qu’elle a toujours trois coups d’avance et peut faire face à n’importe quel problème rencontré. « Il est encore en vie. » Pour l’instant. Tu ne doutes pas qu’il tienne quelques semaines, certainement quelques mois mais personne n’est en mesure de prévoir la vitesse à laquelle l’esprit de chacun dérive en captivité. Les repères s’épuisent, les désirs s’amenuisent. L’espoir devient une utopie irréelle et le moindre détail insignifiant une raison de s’accrocher.

« Pas à tes yeux hein ? » Tu l’examines de la tête aux pieds en pinçant tes lèvres entre tes dents. Prédatrice décortique proie mais proie décortique également prédatrice. Les rôles s’inversent et se confondent durant une poignée de secondes, puis tu finis par faire voler en éclats l’instance silencieuse entre vous. « J’ai besoin de toi et tu as besoin de moi... alors on va devenir les meilleures amies du monde. » Sur ces paroles, tu attrapes sa main pour la tirer vers toi. Et pendant que ton regard parcourt les traits de son visage à quelques centimètres du tien, tu en profites pour copier son gène X. Un filet d’énergie court le long de sa peau, vient s’échouer sous les centimètres de ton épiderme, téléchargement opérationnel, ses pensées se mettent à frapper contre ton crâne.

Tu as expérimenté en de rares occasions ce don particulièrement compliqué à maîtriser. Je comprends mieux comment tu parviens à tous les tromper. Aucune slave ne franchit tes lèvres, tu les gardes scellées l’une à l’autre alors que tu échanges par télépathie avec Josefina. Et tu relâches finalement ta poigne, lui rendant sa liberté.  

Un fin sourire se pose sur tes lippes affamées bien que ton appétit soit temporairement rassasié par la mutation usurpée quand subitement tu te détournes d’elle, en proie à une migraine fulgurante. Ta faculté te permet peut-être de détenir toutes les autres dans le creux de ta paume mais tu récupères également les effets indésirables qui vont de pair. Et parfois tu as le sentiment que le karma te punit en rendant ces contrecoups bien plus violents que ne le vivent les détenteurs originels des gènes X. Les pensées parasites aux alentours te submergent et tu secoues la tête dans une vaine tentative de les chasser. « Oh j’avais oublié combien c’était désagréable. » Certains pouvoirs sont plus faciles à dompter que d’autres, celui de Josefina n’en fait définitivement pas partie.

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L'esprit bute sur ce qui est pensé plus que sur ce qui est dit. Pour l'instant. Mâchoire se crispe, imperceptiblement, mais Josefina conserve l'air digne de la princesse qu'elle pense être. Rares sont les personnes qui peuvent la voir s'emporter. Sa colère explosive est cachée, maitrisée, même si elle menace de la laisser exploser, surtout lorsque l'on touche à sa famille, prunelle de ses yeux. Elle a depuis longtemps appris que la violence ne réglait pas les gros soucis, qu'il valait mieux se servir de sa tête que de ses poings pour pouvoir tenir sur la durée. Elle n'était pas crainte pour sa violence, mais pour sa capacité de manipulation ; c'est ce qui la représente le mieux. Elle ne flanchera pas devant la blonde. Blonde présomptueuse, qui les imagine déjà main dans la main. Josefina ne peut retenir un léger rire, à peine plus qu'un petit tintement; réellement amusé. Au moins, sa nouvelle meilleure amie ne manque pas de culot, l'intrigue encore un peu plus, jusqu'à la main attrapée. Josefina sent bien qu'il se passe quelque chose, ses sourcils se froncent. Elle ne comprend pas tout sur le moment.

Voix qui s'immisce dans son esprit, et la voilà à arquer un sourcil avant d'éclater d'un rire clair en suivant des yeux leurs deux mains liées. Et elle ricane un peu plus, s'adossant aux lavabos alors qu'elle est relâchée, d'autant plus amusée lorsqu'elle comprend que la mutante face à elle ne copie pas que les bons côtés des mutations. Elle reconnaitrait cette moue douloureuse sur n'importe quel visage. À cette seconde précise, la petite blondinette doit être assaillie par les pensées de toutes les personnes présentes dans le tribunal. L'afflux doit être si puissant, sur l'instant, qu'elle doit souffrir d'un mal de tête proche de la migraine. Petite brune fait claquer sa langue contre son palais. « Concentre-toi sur ma voix. » lui lance-t-elle, sans bouger les lèvres, se contentant simplement de la regarder. D'une impulsion donnée à son corps, elle se détache des lavabos, fait un pas vers la blondinette qui expérimente les mauvais côtés d'une télépathie relativement forte. « Quelle jolie mutation, je comprends mieux moi aussi. Je suis fascinée par les copy cat. Surtout par celles qui sont douées. » avoue-t-elle, toujours sans bouger les lèvres, avant de venir plaquer ses deux mains non pas sur les oreilles de la blonde, mais sur ses tempes et d'y imprégner une légère pression, assez forte pour imiter une sorte d'étau autour de sa boîte crânienne. Lorsque ses maux de tête étaient trop forts, son père faisait le même geste ; elle n'a jamais su ce qu'il parvenait à toucher exactement, mais la migraine se faisait toujours moins forte, les voix moins percutantes. Elle a bon espoir que cela fonctionne également sur sa nouvelle meilleure amie.

« On ne peut plus se mentir, maintenant. » lui envoie-t-elle en pensée, avant d'ajouter, à voix haute ; « Tu ne m'as pas approchée pour jouer, je suis toute ouïe sur ta proposition. Tu voulais qu'on soit amies ? Mon amitié se mérite, tu as trois minutes pour me convaincre. » Avec ou sans elle, elle retrouvera Rio, qu'importe ce qu'elle doit agiter à New York pour ça. Mais elle a conscience qu'avec elle, ce sera bien plus facile. Ne lui reste qu'à voir si la proposition vaut la réflexion.   

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Le flux de pensées aux alentours vient subitement se greffer sur le tien et tu te retrouves totalement submergée par son emprise. Il te faut déployer un effort considérable pour focaliser ton attention uniquement sur Josefina. En réalité, tu ne parviens à relever le défi, simplement à accorder une place plus importante à sa voix dans ta tête. Prouesse qui semble s’améliorer au contact de la mutante dont les mains viennent délicatement se poser sur tes tempes. Interpellée par la nature de son geste, tu l’observes d’abord en silence avant de saisir la résonnance de son action. Comme si les mouvements effectués par ses doigts effaçaient un peu les ondes parasites. « Merci. » Bien que tu sois toujours éprouvée par une migraine douloureuse, tu peux à nouveau soutenir le regard de l’avocate.

Sa remarque ne manque pas de t’amuser. Droit au but. Cible de choix. Il faut dire que tu ne mises pas sur n'importe qui. « Je n'ai pas besoin de trois minutes, trois mots suffiront. » Tu te montres bien présomptueuse mais tu n'es pas venue les mains vides, dans tes paumes reposent les fondements inaltérables de Trask, le long de tes phalanges courent les failles imperceptibles du bourreau, sous tes ongles demeurent les cadavres inimaginables du vautour. « Puce meurtrière automatique. » Ce n'est pas toi la menace qui plane sur la vie de Rio mais bel et bien ce dispositif de mort. A ce stade de sa capture, il n'en détient pas encore. Présentement prisonnier sous des néons artificiels dans une boite destinée à l'étude et la recherche.

Néanmoins, tu vas devoir te débrouiller afin d'accélérer le processus et le remettre en circulation dans les rues de New-York alors il va se retrouver étiqueté. Réflexion faîte, peut-être bien que c'est toi finalement la menace qui plane sur sa vie. Oups. « Tu ne pourras pas l'atteindre depuis les laboratoires de l'entreprise, ils ont renforcé la sécurité suite au scandale de 2018. » Par chance et contres toutes attentes, à ce problème tu détiens la solution miracle. « Mais je peux t'aider à le faire sortir, seulement ils vont lui implanter un système qui traque et tue les déserteurs. » Léger détail considérant les gains et les pertes de cette initiative. Après tout, tu es la preuve vivante que ce n'est pas une fin en soi.

« Par conséquent si tu veux le sauver, tu dois trouver deux mutants, l'un capable de s'infiltrer dans les réseaux informatiques, l'autre dans les réseaux neurologiques. » A t'écouter parler, on pourrait croire que tu as réfléchi à cette issue de secours jour et nuit depuis les dernières années. Disons que tu as pris ton mal en patience pour trouver une solution viable et que tu as sacrifié quelques cobayes afin de tester tes théories. « La puce est programmée pour s'activer dès qu'on tente de la retirer de force ou de la pirater sans être préparé à la moindre éventualité... et crois-moi ce n'est pas joli à voir. » De toute évidence, tu ne lui dévoiles pas ces informations par bonté de coeur. Tu viens à elle pour te sauver toi-même.


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La rencontre vient provoquer son intérêt, allumer la flamme de sa considération. Non pas qu'elle soit en mesure de considérer la blondinette – bien que sa nature mutante lui donne un avantage aux yeux de la brune – mais elle n'est pas idiote. La demoiselle a des choses à lui confier. Des choses qui, sans nul doute, l'intéresseront tout particulièrement. Faux sourire accordé au remerciement ; si son interlocutrice ne parvenait pas à reprendre ses esprits, se laissant écraser par les voix, Josefina n'en tirerait rien. Son propre profit est en jeu, son geste est calculé. Elle sait d'expérience comme il est insupportable de sentir les voix se faire de plus en plus envahissantes, de les sentir écraser les autres pensées. Ça peut rendre fou ; malédiction venant avec un don précieux, puissant, dont la brune a appris à se servir, principalement à mauvais escient.

Josefina accorde à la belle trois minutes ; celle-ci ne demande que trois mots. Brune qui penche la tête sur le côté, amusée par tant de relents présomptueux. Peut-être ne sait-elle pas vraiment à qui elle a affaire ? Mais Jo sait-elle elle-même qui se tient devant elle ? Josefina peut-elle seulement imaginer à quel point la frêle blondinette peut être une bombe à retardement ? Il ne lui faut effectivement que trois mots pour que la Princesse lui accorde tout son intérêt, lui faisant un petit signe pour l'inviter à développer sa réflexion. S'il devait arriver quoi que ce soit à Rio... Josefina bloque le flux de ses pensées. Elle ne se laisse pas avoir à ce jeu dans lequel elle est passée maître. C'est difficile, pourtant ; Rio a vu ses premiers pas dans le monde mafieux, il est l'un de ses piliers. S'il devait lui arriver quoi que ce soit, Josefina ne se contenterait pas d'une simple petite intimidation. Elle pourrait brûler la ville entière, juste pour toucher les responsables. Les dommages collatéraux ne sont pas son problème.

Le scandale de 2018. Son ennemi n'est autre que la Trask Industries elle-même. Mais fait-elle le poids face à leur Nuestra Familia ? Mais il y autre chose. Les pensées de la blonde qui s'entremêlent à son discours. Josefina pourrait presque sentir son agonie, son désespoir. Dans sa tête virevoltent les pensées de tous ces plans n'ayant mené à rien. La Princesse vient saisir le menton de la blondinette, dans un geste toujours étonnamment doux. La brune scrute la blonde quelques secondes, cherchant les failles sans un mot, avant de la relâcher. « Tu attends de moi que je te sauve en sauvant Rio. C'est adorable. » Le ton aurait pu être chaleureux, mais Josefina préfère la froideur. Elle ne veut pas s'impliquer émotionnellement dans cet échange. Pas tant qu'elle n'est pas sûre de tous les détails. « J'ai une simple question, mi preciosa amiga... Est-ce que tu as quoi que ce soit à voir avec l'enlèvement de Rio ? » De sa réponse découlera la suite, c'est une évidence, bien que ça ne soit que l'honnêteté que Josefina est en train de rechercher. « Nuestra familia no olvida y no perdona, mi preciosa amiga, garde le dans un coin de ta tête. » chantonne-t-elle presque, de cette langue natale qui lui est si chère. Notre famille n'oublie pas et ne pardonne pas ; voilà ce qu'elle vient de lui glisser. « Laisse-moi te faire la traduction ; roule-moi et cette puce meurtrière automatique qu'ils t'ont probablement implanté à toi aussi sera le dernier de tes soucis. Un véritable bonbon, en comparaison avec ce que je te ferai, je te le promets. »

Josefina espère que la blondinette a véritablement peser le pour et le contre avant de venir la trouver. La brune serait prête à tout pour ramener Rio parmi les siens. Et elle se fout toujours autant des dommages collatéraux.    

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Malgré les voix qui tambourinent dans ton crâne, les pensées qui s’infiltrent derrière tes paupières, se diffusent le long de tes veines comme un poison mortel, tu t’armes d’un sourire ravageur. Parce que la remarque de Josefina vient gratter les surplus de ton égo, faire émerger les résidus du sien. C’est le choc des titans et la collision se veut aussi vibrante qu’un amas de météorites brûlant la couche d’ozone. Tu te rues dans ses prunelles sombres qui te dévisagent, te décortiquent, sondent les résonances ton âme alors que vous êtes, l’une face à l’autre, désarmées, nues, livrées au bon vouloir de la destinée.

Tu trouves sa question inutile et pourrais presque t’offusquer qu’elle se sente obligée de la formuler mais la reine des abeilles apprendra à te connaître, à te craindre, à t’aimer. Vous allez devenir des alliées aussi longtemps que vos intérêts communs vous mèneront sur le même chemin. Raison pour laquelle tu n’hésites pas une seule seconde à laisser pleuvoir de tes lèvres la vérité amère. « Comment crois-tu qu’ils soient parvenus à le choper ? » Malgré l’arrogance qui claque entre tes dents, une pointe de tristesse enrobe ta langue. Non que tu ressentes la moindre honte à trahir ta propre espèce mais tu es épuisée de cette vie imposée, de cette torture qui jamais ne cesse, de cette existence désarticulée dans laquelle tu demeures la marionnette agitée, abusée.

Tu veux plus, tu mérites plus et si tu dois faucher tous les mutants de cette ville, si tu dois forcer tous les alliés auxquels ils sont rattachés, tu le feras. Le désespoir pousse à des actes extrêmes, dernier rempart avant la folie ou la mort. En supposant que tu n’aies pas encore atteint l’un deux. « Je n’en attends pas moins de ta part. » A ton tour d’initier un contrat rapproché, de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Tu n’es pas venue prendre la température, tu sais d’ores et déjà que Josefina peut tout brûler aux alentours. Tu es venue chercher le monstre qui sommeille sous cette parure absolument impeccable et parfaite. « Mais si je sens un manque de motivation de ta part, je t’enverrai des morceaux détachés de ton précieux Rio pour y pallier. »

Exit la méthode douce employée pour ne pas froisser des principes désuets, tu as fini de jouer dans les règles de l'art. « Alors, on a un deal ? »  Et tu lui tends cette même main qui est venue s'octroyer son gene X, se hisser au devant de son existence, se faire une place envers et contre tous.


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Cruauté égale, elles jouent des jeux similaires. Pourtant, elles sont si différentes, si opposées. Josefina voit un potentiel, pas encore un reflet. Ça viendra. Un jour, cette blondinette sera façonnée à son image, ses talents seront dévoilés. Un jour, son interlocutrice saura fleurir comme la magnifique fleur qu'elle pourrait être, encore prise au piège de leur prison de glace. Elle a le mérite de la franchise, même si un long frisson désagréable parcourt l'échine de la brune. Mais il y a la tristesse. L'impression d'un animal en cage. "Qu'est-ce qu'ils t'ont fait..." formulé en pensée seulement, sans attendre la moindre réponse. Presque avec tendresse, Josefina passe ses doigts sous le menton de la blonde pour attirer pleinement son regard au sien. Elle la voit, réellement. A-t-on déjà réellement regardé cette mutante ? A-t-on déjà décelé chez elle ce potentiel qui ferait presque battre le cœur de Josefina plus rapidement ? La brune rompt le geste. Elle n'offre sa tendresse que rarement, avec parcimonie, comme un bon chocolat d'artisan que l'on se doit de savourer. La blonde est si frêle, si forte pourtant. Josefina respecte ça. Mais Josefina n'oublie pas qu'elle est pourtant responsable de l'enlèvement de Rio. L'a-t-elle enlevé avec ce plan en tête ? Celui de retrouver celle qui tire les ficelles, avec l'espoir fou de la faire plier, peut-être ? Ou est-elle seulement désespérée ?

Josefina accepte le contact sans sourciller. N'importe qui d'autre en aurait eu le poignet brisé, juste d'avoir essayé de l'effleurer. Mais la folie a quelque chose d'attirant, quelque chose de presque sensuel. La blonde fait une erreur, ensuite. C'est presque dommage, presque du gâchis. Et pourtant, Josefina se contente d'un sourire, se contente de taire ses pensées pour ne pas se trahir. Ont-elles un deal ? Le regard brun de la mexicaine glisse sur la main tendue. Elle y glisse sa propre main. Le mouvement est presque fluide, lorsque les doigts se referment sur le majeur de la blonde. On croirait presque une nouvelle forme de respect, une nouvelle forme de salutations. Josefina plante son regard dans celui de la demoiselle alors que le son se fait brutal, le craquement sinistre résonne presque dans le silence de ces toilettes. Un geste précis. Un geste net. Et le majeur de la blonde se brise comme s'il était de verre. "Ne menace plus ma famille." susurre-t-elle à son oreille en la ramenant contre elle, en appuyant plus fort sur le doigt brisé avant de la relâcher.

Josefina reste parfaitement calme, en apparence. "Je ne brise jamais un accord, sauf si j'ai des raisons de le faire. Tu n'as plus de pion à avancer, sache-le, il est temps d'arrêter de montrer les crocs. Je serai anéantie de savoir Rio mort, mais si cela devait arriver, je brûlerai tout sur mon passage, jusqu'à arriver à toi." Elle ne plaisante pas. Ce n'est plus l'avocate que la blonde a sous les yeux, mais bien une dirigeante de l'une des branches de la plus grosse mafia mexicaine du pays. Même son aura a changé, c'est une évidence. "Ta vie est liée à la sienne, Princesa, c'est le prix à payer pour être venue me trouver. Si tu veux ce deal, j'exige ta parole. Tu protégeras Rio, toujours du mieux que tu le pourras, quitte à faire quelques sacrifices. Remplis ta part du contrat et je vous ferai sortir, tous les deux. Tu auras ma protection, c'est mon prix à payer pour que tu puisses offrir la tienne à Rio." Josefina se tourne vers le miroir, se recoiffe comme si elles étaient en train de parler de la pluie et du beau temps.

"Tu es trop précieuse pour rester avec eux, de toute façon. Et tu souffres trop pour que je leur pardonne." Elle le pense. Elle voit plus loin que cette carapace sadique. "Entourée des bonnes personnes, tu seras un petit miracle." Son petit miracle, un jour peut-être. Toutes les femmes, même les plus puissantes, ont après tout besoin d'une épaule sur laquelle se reposer.     

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Chaque minute te conforte dans ton choix. Persuadée d’avoir trouvé l’introuvable ; la personne capable de te sortir de ton traquenard, déterminée à contourner les lois pour arriver à ses fins, prête à raser la ville entière en cas de besoin. Le dosage idéal, mélange illégal. Juste de quoi corrompre ta destinée, lui susurrer des mots doux à l’oreille pour mieux la tromper. Josefina est assurément ton ticket de sortie et son parfum te ferait presque tourner la tête si cette dernière n’était pas déjà assujettie par sa mutation. Rien que je ne puisse supporter. Jamais tu n’as cherché et ne cherche à te poser en victime car c’est bien la meilleure façon de te retrouver embourbée par son étreinte délétère. Tu craches sur la charité, réfutes la pitié, criminel qui s’assume pleinement, bourreau sans remords, traîtresse à ta propre espèce, tu réfutes la main tendue si tu ne peux la mordre au passage.

Dans le fond, c’est ta façon de (sur)vivre, de combattre le tempo de la fatalité, de relancer indéfiniment les dés. Incapable d’admettre l’ampleur de tes traumatismes même s’ils respirent au rythme de tes poumons, courent le long de tes veines, poison à même ton sang, s’échappent de ton souffle à chaque respiration. Monstre en sommeil qui s’éveil à la moindre tentation. C’est bien pour cette raison que tu es présentement face à la Catrina, en train de proférer des menaces à l’encontre de sa famille. Elle te ferme son esprit avant de craquer ton doigt sous la pression exercée, pose les limites de votre collaboration de la plus belle des façons. Ce geste n’a absolument rien de violent, il est somptueux dans sa forme comme dans son fond, véritable pianiste Josefina joue sa partition à la perfection et c’est certainement ce qui te plait autant. La mutante ne perd pas le contrôle, il se plie à ses exigences, roucoule sous ses contraintes. Rien ne lui résiste et tu ne fais pas exception à la règle.

Malgré la douleur qui se diffuse et te paralyse la main, malgré le tremblement qui borde tes lèvres et accule tes paupières, malgré les battements de ton cœur qui s’accélèrent et se déploient, tu conserves ton sourire. Un sourire diabolique. « J’ai l’habitude de faire des sacrifices. » Un peu trop. Rio en est la preuve vivante mais tu comptes bien le garder en vie, justement. Sans hésitation, tu attrapes ton majeur pour le remettre en place, avalant péniblement la brûlure intense qui te carbonise le bras, remonte jusqu’à ton épaule pendant que le miroir fond sur la silhouette suave de la Catrina en émoi. « Pour l’instant contente-toi de faire ton boulot. » Dans d’autres circonstances, tu aurais certainement apprécié la valeur concédée par la reine des abeilles mais tu n’es pas à même d’y voir un compliment, souffrant de ta si précieuse valeur. A cet instant précis, tout ce que tu veux c’est envoyer valser les attentes qu’elle pose d’ores et déjà contre toi. « On se retrouve ici dans une semaine. »

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Rencontre de deux titans dans l'espace confiné de toilettes ouvertes à tous. Pourtant, pas une âme n'a osé venir perturber la rencontre des deux divinités, comme si leur aura suffisait à condamner cette porte que nul n'a verrouillé. Rien qu'elle ne puisse supporter ; voilà qui plait à la brune, la conforte dans ses idées. Nulle victime devant elle, mais la capacité de la mutante à garder au moins le nez hors de la merde dans laquelle elle a été mise. Un nez, seulement, qui fait toute la différence ; la jolie blonde aurait pu se laisser submerger.

Josefina n'aurait pas aimé une pleurnicheuse, une pauvre victime acculée. Elle n'aime pas les victimes ; elles manquent d'intérêt, de grandeur, de classe. Elle préfère les amazones, guerrières que rien n'arrêtent, pas même un emprisonnement, pas même ce rang d'esclave que la mafieuse devine sous la hargne douce de son interlocutrice. Ça lui plait. C'est précisément ce qui l'empêche de la torturer, de lui faire passer le goût de s'en prendre à sa famille ; il y a bien une petite punition pour les menaces proférées, bien sûr, mais rien de bien méchant comparativement à tout ce qu'elle aurait pu lui faire. La punition rappelle une règle simple ; chacune à sa place, la poupée doit respecter cette règle tacite si elle veut un arrangement avec la Princesse.

L'habitude de faire des sacrifices... La phrase fait sourire la Catrina. Elle aurait presque envie de lui caresser les cheveux, de la féliciter comme on félicite un petit chiot qui a réussi son tour. Mais la brune ne se laisse pas aller à ce genre de choses. Simple hochement de tête pour dire qu'elle a compris, rien de plus. Son regard glisse sur le spectacle de son interlocutrice remettant son doigt dans le bon axe ; impressionnant. Seraient-elles vraiment du même niveau ? Josefina aurait-elle vraiment trouvé une égale ? Un mince sourire, presque invisible, s'invite sur les lèvres de la mafieuse. Entre amusement et agacement, elle se tourne vers la blonde, la détaille, regardant de haut en bas. « Tu apprendras. » avance-t-elle, plus pour elle-même, plus pour garder pleinement son calme, que pour Amalia. Josefina n'obéit qu'aux ordres de son père et de ceux encore au-dessus, certainement pas à ceux d'une mutante en quête d'évasion. Mais elle ne s'en offusque pas pour autant. Pas trop, du moins. La blonde tente d'abattre des cartes – et elle en possède certaines - c'est une attitude tout à fait humaine que Josefina ne peut pas condamner. « J'espère être disponible. Ce serait dommage de ne pas venir à ce rendez-vous si gentiment proposé. » ajoute-t-elle à la proposition aux allures d'ordres, clairement amusée. Elle laisse ses lèvres s'étirer en un sourire plus franc d'ailleurs, s'approche et lui glisse délicatement ; « Assez de plaisanteries. Garde-le en vie. »

Ce n'est pas une demande, c'est une menace. Une menace que Josefina ponctue pourtant d'un baiser léger sur la joue pâle de sa nouvelle meilleure amie. Et puis, elle n'ajoute rien de plus avant de se diriger vers la sortie, avant de quitter cette pièce. Sans se retourner. Tout a été dit, il leur faut maintenant agir ; voilà la cruelle réalité.   

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