Uppercut, crochet du droit, kick et KO ~ Zelda & Aurora

Toujours plus, toujours plus fort, toujours plus loin. Bercée par ces principes, tu n’es jamais véritablement satisfaite de tes résultats. Il te faut toujours plus. Tu n’as pas le droit à l’erreur, la seule chose que tu connaisses, c’est l’excellence et tu es incapable d’accepter autre chose venant de toi-même. Seulement depuis que tu as intégré les persécuteurs, tu as l’impression de ne plus avancer, de stagner. Tu voudrais pouvoir gravir les échelons mais le manque d’expérience te fait défaut et même si tu es bien plus que qualifiée pour la tâche, il te faut encore faire tes preuves pour le prouver. L’attente est frustrante, tu voudrais brûler les étapes, aller plus vite, et progresser. Pleine convaincue de tes capacités, de tes valeurs et de ton potentiel, tu souffres de ton impatience.

Malheureusement, tant qu’on ne te donne pas encore ta chance, tu ne peux te contenter que des taches de subalternes qui te repoussaient tellement quand tu étais encore dans la police. Tu n’as clairement pas rejoint le rang des persécuteurs pour accomplir des tâches sans importance et que n’importe qui pourrait réussir avec un peu de jugeote. En y pensant, tu ne peux t’empêcher de soupirer. Si tu voulais évoluer, il était nécessaire que tu entretiennes tes capacités toute seule alors même si officiellement tu es en congé, tu ne peux t’empêcher de penser qu’un peu de sport ne pourrait te faire aucun mal. L’envie de taper dans un sac de sable pour te détendre était aussi vraiment tentante alors même si tu sais que tu seras probablement entourée par des mutants, tu prends le risque de te rendre à la salle de boxe.

Tes affaires déposées dans un casier des vestiaires, tu pousses la porte de la salle sans grande conviction. Tu n’es là que pour te défouler un peu et évacuer cette frustration grandissante. Doucement, tu avances entre les combattantes, t’approchant du ring et ton regard se pose sur les deux femmes qui se battent à l’intérieur. Si la première t’es totalement inconnue, tu ne peux retenir une légère expression de surprise quand tu vois le visage de la seconde, qui était en train de se relever. Un visage qui remonte à quelques années en arrière dans tes souvenirs. Aurora Ashford. Tu sais que ce n’est plus son nom, qu’elle est partie avec un nom qu’elle a épousé, mais tu ignores son nom à lui.

Tu fronces un peu les sourcils. Ta famille et la sienne ont toujours été proches, alors tu n’es pas sans ignorer qu’elle a été rejetée par les siens. Loin de vouloir troubler l'affrontement qui a lieu devant tes yeux, tu préfères t’éloigner un peu, et attendre que les deux femmes aient fini leur combat pour saluer ton ancienne connaissance. Si tu n’es pas de ceux qui la condamne, tu ne cautionnes pas pour autant ses choix. À tes yeux, il était impensable d’abandonner toute sa famille juste pour l’amour d’une personne portant cette saloperie de gène X. Quand enfin Aurora semble avoir fini, tu t’approches doucement « Et bien, si on m’avait dit que je te reverrai un jour. » Lances-tu pour lui faire remarquer ta présence. Si ce n’est pas une entrée en matière très douce, au moins, tu ne te perds pas à faire semblant. « Ça faisait longtemps, Aurora. »

Attentive et silencieuse, tu observes l’échange de coups qui se déroulait devant toi. Le regard d’Aurora et le tient se croise le temps d’une seconde, et cela suffit à la déstabiliser assez pour se laisser atteindre par un coup qu’elle aurait pu esquiver et qui vient la faire tomber. Un sourire poli se pose sur tes lèvres en réponse au sien. Tu n’aurais jamais envisagé la possibilité de revoir la jeune femme. Hera t’a si souvent fait comprendre que sa sœur n’était plus rien d’important, une véritable déception, une immondice que tu n’as pas pensé un seul moment à reprendre contact. En même temps, qu’aurais-tu pu lui dire ? Coucou Aurora, c’est Zelda, tu sais, la meuf un peu chelou qui est copine avec Ysold ! Non, c’était totalement exclu avant que tu ne la reconnaisse dans cette salle de boxe.

Elle n’a pas vraiment l’air heureuse de te voir, et tu le comprends complètement. Tu n’es qu’un vestige de son passé, un souvenir qui ne fait probablement que raviver la flamme des blessures qu’on pût lui infliger les membres de sa famille. Tu aurais aimé pouvoir dire que tu veux à désolée de troubler sa soirée, mais c’est pas vraiment ton genre alors tu réponds d’incrément à sa question à la place. « Je suppose que je suis ici pour les mêmes raisons que toi. La frustration et l’envie de taper sur un sac de sable pour évacuer tout ce que cette journée a fait s’accumuler dans les nœuds qui se cachent dans mes épaules. » Les mots sortent naturellement, sans que tu n’es véritablement d’y réfléchir. Après tout, c’est la vérité. Si tu es là ce soir, c’est seulement pour te défouler un peu. Tu ne veux ni plus ni moins que laisser s’échapper un peu les émotions négatives qui pourraient te hanter cette nuit.

Du bout des doigts, tu pointes le centre du ring où Aurora était encore il y a quelques instants. « Ton combat était impressionnant. Tu te défends bien. » Reconnaître les forces des autres, c’est la moindre des choses. Si tu ne vas pas pour autant tarir plus d’éloges la femme qui se trouve devant toi, tu ne peux t’empêcher de saluer l’exploit. « Je t’aurai bien proposé de taper quelques sacs de sable avec moi, mais je crois que tu étais sur le point de partir et j’aurai peur de te retenir. » Ajoutas-tu doucement avant de t’écarter légèrement du chemin Tu ne comptes pas la forcer à rester ici. En aucun cas tu ne veux paraître hostile ou belliqueuse. « Enfin, si tu as envie de parler un peu, je pense rester une petite heure avant de rentrer chez moi. » Dans le fond, avant que le scandale n’éclate, tu l’aimais bien Aurora. Elle n’était pas comme les autres, c’est certain, mais avoir quelqu’un de positif dans ta vie, c’était agréable. Elle au moins, elle ne nourrissait pas cette haine dévastatrice qui t’as suivi pendant toutes ces années.

Les mots se bousculent dans ton esprit. New-York, tu y vis depuis des années. C’est ici que tu as fait ton école de police, ici que tu as commencé ta carrière et surtout, ici que tu as rencontré la douce et tendre Neferti. Jamais tu ne t'imaginerais quitter New-York maintenant. Cette ville, tu l’aimes sincèrement, pour ses bons côtés comme les pires, et rien ne pourrait jamais te faire changer d’avis sauf peut-être ta précieuse Neferti. Pour elle, tu serais capable de déménager à l’autre bout du pays. « J’aime bien. » Réponse courte, directe, sincère. Il n’y a pas besoin de t’étendre sur le reste. Plus jeune, tu aurais sans doute été assez naïve pour te confier à Aurora sur ce que tu aimes le plus ici mais tu ne peux t’empêcher de craindre que ton grand secret ne soit révélé. Même les personnes qui t’étaient les plus proches ignoraient l’existence de ta tendre et chère, et tu n’étais pas prête à ce que ça change.

Pendant un instant, tu hésites à lui retourner la conversation, mais la réponse te paraît évidente. New-York, c’était une façon de fuir sa famille et de vivre en paix loin d’eux. Loin d’avoir envie de rouvrir d'anciennes blessures, tu te contentes donc de complimenter sa performance dans le ring. Toujours avec beaucoup de sincérité dans tes propos, tu ne peux cependant pas t’empêcher de penser que le hasard est parfois étrange pour t’avoir permis d’assister à pareil spectacle. Ne cherchant pas à glorifier ton ancienne connaissance, tu n’ajoutes rien à ce sujet, te contentant d’hocher la tête quand elle affirme avoir appris avec les meilleures. Tu sais toi-même à quel point faire l’honneur de ses parents est important, et tu as toi-même expérimenté la formation maison dans le but de devenir un jour persécuteur. Aussi, tu n’as aucun doute quant à la véracité des propos. Là encore, tu ne veux pas replonger Aurora dans les drames du passé, alors tu ne diras rien de plus à ce sujet.

Un soupir t’échappe en réponse aux questions de la jeune femme. « Je ne fais pas ça par plaisir, tu sais. » Tu sais qu’elle ne comprendra sûrement pas tes motivations, il t’arrive parfois à toi-même d’en douter, d’autant plus maintenant que Neferti et ses idées progressistes font partie de ta vie.  « Je ne prends aucun plaisir à faire du mal à qui que ce soit, et quand je le peux, je préfère éviter les situations de conflit. J’aurai cru que toi, plus que n’importe qui, tu pourrais comprendre la peur de décevoir ses parents et les conséquences que ça pourrait entraîner. » Si tu continues de croire que la mutation est un problème et qu’il faut trouver une solution pour aider les pauvres personnes qui ont le malheur d’être atteint de cette terrible maladie, tu n’es plus la petite Zelda qui déversait de la haine sans chercher à comprendre pourquoi tu détestais les autres. Au contraire, tu en deviendrais presque un peu trop humaine pour continuer à prétendre être une bonne persécutrice.  

Posant la main sur ton sac jeté sur ton épaule, tu n’es plus vraiment certaine d’avoir envie de poursuivre cette conversation. C’est dommage, il t’est vraiment désagréable de devoir ainsi tirer un trait sur une personne que tu as autrefois apprécier. Pourtant, tu as vraiment changé et ton discours est déjà bien différent de ce que tu aurais pu dire à l’époque. Une partie de toi espère presque que la femme en face de toi l’aura compris. « Je te l’ai dit, je ne vais pas te forcer. Je sens bien que tu n’as pas vraiment apprécié de me revoir, et j’en suis navrée. » Faisant quelques pas en avant, tu t’approches d’un banc où tu peux déposer ton sac contenant seulement une bouteille d’eau et une serviette. Après tout, avant de croiser la jeune femme, tu étais venue pour te défouler un peu, et l’envie de frapper sur un sac de sable était toujours présente.