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better days (louis)

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@Louis De LaCroix

Est-ce qu’à un moment, elle s’est demandé s’il n’était pas trop tard pour se rendre à la conférence ? Oui. Plusieurs fois. La première, quand elle a renversé sa tasse de thé sur son bureau. Noyade générale pour ses post-its et son jean. Peu ont survécu à sa maladresse. Une maladresse accrue par la fatigue et la charge de travail. La deuxième, lorsqu’elle a reçu un email d’une source avec des informations concernant des combats illégaux de mutants. Ce qui a retardé son départ de la rédaction. La troisième, lorsque les portes du métro se sont fermées juste devant elle. À peine le temps de retirer ses doigts de l’ouverture. La quatrième fois, quand le tournage d’une série a décidé de la dévier de sa trajectoire. Détour de plusieurs rues non prévu. Et pendant tout ce temps, les minutes s'égrènent. L’heure approche. Rectification : l’heure de la conférence est dépassée. Une conférence à laquelle elle ne devrait pas assister. S'il faut en croire tous les signes que l’univers semble lui envoyer. Sauf qu’elle ne croit pas aux signes de l’univers, Vicky. Alors, elle ne lâche rien. Elle persiste à foncer tout droit vers Trask Industries. Ils ont une nouvelle technologie à présenter, à dévoiler. Une nouvelle technologie qui ne manquera pas de changer la vie des mutants. Voilà ce qui est dit dans le communiqué de presse. Une promesse qui a fait doucement sourire Victoria. Elle n’y croit pas. Mais elle attend de voir. Qui sait ? Ils ont peut-être enfin décidé de faire quelque chose qui réponde à un vrai besoin.

Rien que pour cela, ça vaut le coup de courir. Myocarde pas habitué en détresse. Il est plutôt routinier des séances de sport, bien au chaud, dans l’appartement. Pas à traverser New-York au pas de course. Mais elle le fait, Victoria. Elle arrive à Trask Industries. Prend quelques secondes à l’extérieur pour reprendre son souffle, retrouver sa carte de presse, se recoiffer et remettre en place sa veste. Avoir l’air professionnel reste une priorité. Il en va de l’image du journal. Et de son professionnalisme à elle aussi. Le professionnalisme ? Jeté à la poubelle à la seconde où Victoria pousse la porte de la salle. Porte qui elle-même percute une table, chargée de verres et de bouteilles. Qui eux-mêmes s’effondrent dans une symphonie de bruits sourds. Le tout sous le regard effaré de quelques employés présents. Cerise sur le gâteau : la porte se referme dans un claquement violent. Histoire de rajouter une couche à l’horreur (toute relative) de la scène. L’intervenant devant son pupitre s’arrête de parler. Le regard braqué sur elle. Quelques têtes se tournent dans sa direction. Rouge qui monte aux joues. Toujours pas à l’aise quand elle attire toute l’attention sur elle. Préférerait être assez agile et attentive pour éviter ce genre de situation. Elle fait un geste d’excuse. Qu’ils oublient sa présence. Vite. Victoria fait tout pour, en tout cas. Elle repère Louis et échoue sur une chaise juste à côté de lui. “Salut…” Ne prend pas le temps de préciser que c'est elle, Victoria Marsch. La personne qu'il attendait avec un patience (très certainement) (très certainement aussi qu'il a changé d'avis après son entrée fracassante). Elle lui fait confiance pour la reconnaître à sa voix. Affaire posée par terre d’un geste rapide. “Ça a commencé depuis longtemps ?” qu’elle chuchote. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle n’ait pas vingt minutes de retard, en plus d’avoir interrompu le discours du porte-parole. Professionnalisme, on avait dit ?

Heureusement, le reste de la conférence se poursuit sans encombre. Laissant au myocarde de Vicky le temps de s’apaiser. Et à Vicky le temps de se remettre psychologiquement. Mais déjà, le cerveau se concentre sur ce qui se dit. Sur les informations balancées à l’oral et sur les écrans. La promesse d’une technologie qui arriverait dans les prochaines années, au mieux dans les prochains mois. Une annonce en grande pompe pour pas grand chose, au final. “Si vous n’avez pas d’autres questions, je vous remercie d’être venus aussi nombreux et vous souhaite une excellente fin de journée.” Fin annoncée. Conférence terminée. Vicky se redresse, étire ses bras en hauteur. Elle commençait à s’encroûter. C’est ce qu’elle déteste le plus avec les conférences. Leur longueur. Les obligeant à l’immobilité et à la concentration ultime durant trop longtemps. Parfois, elles sont intéressantes. Parfois, non. Celle-ci était… un mélange des deux. Victoria lâche un soupir. Déjà en train de remballer le stylo et le bloc-notes sortis pour l’occasion.

Elle se tourne sur le côté, vers Louis. “T’en as pensé quoi ?” Ce sera un trois sur dix pour elle. Une démonstration incroyable de déballage de non-informations, le tout sans sourciller. Aucun remord de gâcher le temps de dizaines de journalistes. Un temps qu'ils auraient pu mettre à profit d'articles bien plus intéressants. Du coin de l'œil, Victoria capte le porte-parole. Qui longe la salle. Pas rapides. Espoir de fuir avant que les journalistes ne lui sautent dessus pour des questions sur d'autres sujets. “Tu veux parler en off au porte-parole ?” Et le temps que Louis lui réponde, elle garde l’homme en visuel. Prête à bondir de sa chaise afin de prendre de l’avance et d’offrir une chance à Louis de discuter avec le représentant. Elle, elle n'a rien à dire. Elle en a déjà assez fait. Elle aspire seulement à sortir d'ici le plus vite possible. Ça lui fait au moins un point commun avec le porte-parole.

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Les conférences de presse n’ont jamais vraiment été quelque chose que Louis aimait particulièrement. Seulement rédacteur d’une colonne de conseils amoureux, il avait dû insister très fort auprès de son supérieur pour avoir l’autorisation de recevoir un pass de presse pour avoir le droit d'assister à ce genre d'événement. Le trentenaire avait promis à son supérieur qu’il se ferait discret et qu’il ne causerait aucun souci et après une première expérience, il avait finalement cédé lui laissant accompagner l’un de ses collègues journalistes. Aussi, même si ça n’était pas sa tasse de thé, Louis ne pouvait laisser passer une présentation de Trask Industries concernant un nouveau produit révolutionnaire censé aider la vie des mutants. Il pourrait certainement en dire beaucoup de choses. Il faisait confiance à l’entreprise pour créer un produit anti-mutant au possible en prétextant révolutionner la vie des ménages. C’était un article en or servi sur un plateau d’argent.

La soirée venait de commencer quand l’homme arriva devant Trask Industries. Marquant une petite pause avant d’entrer dans le bâtiment, il sonda inconsciemment les lieux, espérant entendre la voix de Victoria. Il savait que son amie serait probablement aussi conviée à la conférence, et espérait qu’ils pourraient en profiter pour se soutenir pendant la prise de parole. D’un pas incertain, l’homme avança avec Basker, son chien guide. Peu rassuré par le penchant anti-mutant pleinement assumé de l’entreprise, Louis misait sur la présence de son canidé pour l’aider en cas de problème. De plus, avec la présence d’un grand nombre de personnes dans la même place, son radar serait probablement parasité par les mouvements involontaires et réflexes qu’ils pourraient avoir, et Basker lui permettrait de pouvoir s’orienter s’il se retrouvait seul parmi ses pairs.

Après quelques minutes d'attente, un homme finit par prendre place derrière un pupitre et salua la foule. Il venait de commencer son discours quand la porte s’ouvrit avec un bruit fracassant de verres et de bouteilles qui tombent au sol. Quelques secondes s’écoulent, la porte se referme en claquant, produisant à nouveau un bruit énorme. L’homme derrière son pupitre garde le silence et des bruits de pas s’approchent. Quelqu’un s’assoit près de Louis, et il reconnaît toute suite sa voix.  « Bonsoir.  » Répondit-t-il en chuchotant. Au fond de lui, le trentenaire est sincèrement soulagé d’entendre la voix de son amie bien que son entrée ait très largement perturber le déroulement de la présentation. Assis au bout d’une rangée, son dictaphone dans une main, Basker assis de l’autre côté, il se sentait un peu seul sans elle. « Quelques minutes seulement, tu as juste raté l’introduction de son discours, rien de bien intéressant. » De nouveau, il chuchote pour éviter d’attirer plus le courroux du porte-parole de la firme.

A plusieurs reprises, le mutant touche du bout des doigts la montre connectée à son poignet qui lui indique l’heure en braille. Le conférencier se répète, et même s’il y a toujours des bons côtés à une conférence, Louis s’ennuie. Il est certain que son article sera intéressé ses lecteurs quand il l’aurait publié, le journaliste n’était vraiment pas convaincu par l’utilité du produit présenté. Il s’écoulerait certainement plusieurs années avant que le projet n’arrive sur le marché, d’ici là, peut-être que Trask finira par comprendre que ce n’est pas comme ça qu’on résout les problèmes des mutants. Du moins, Louis, il espérait vraiment. Il voudrait qu’enfin les choses bougent, que la situation s’améliore pour de vrai. Un soupir lui échappe alors qu’enfin le conférencier finit sa présentation. Autour de lui, il perçoit les journalistes se mouvoir, récupérer leurs affaires et commencer à sortir alors à son tour, il récupère les siennes.

Prenant le temps d’éteindre son dictaphone et de le ranger dans son sac, il se tourne vers Victoria. « Et bien, on a déjà eu pire. » Il faut dire que depuis la première conférence à laquelle il avait assisté, Louis avait eu le temps d’entendre quelques pépites. « Il a réussi à te convaincre, toi, qu’on a vraiment besoin de ce nouveau gadget dans nos vies ? ». La question est sincère, l’avis de Victoria est important pour le journaliste. Il sait à quel point la jeune femme est brillante. « Honnêtement, je n'en ai pas très envie. » Repondit-il a la question de la jeune femme. « La conférence a été longue et assez lourde, j’ai envie de sortir là surtout, mais si tu veux qu’on aille le voir, il y a pas de problème. » Un peu soulagé que la fin soit arrivée, il ne voulait pas s’infliger plus de souffrance. Au contraire, il était plutôt impatient de sortir respirer un peu d’air frais.
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Une fois assise, elle est sauve. Les autres aussi. Elle ne peut plus causer de catastrophe. Seulement écouter et prendre des notes. Et Louis de la rassurer. Elle n’a rien loupé. Si ce n’est une introduction. Souvent la même. Des remerciements. Une présentation rapide de l’entreprise. Récapitulatif rapide de la raison de leur présence. À se demander si ce n’est pas toujours la même introduction. Recyclée d'une conférence à l'autre. Avec seulement deux-trois mots changés, histoire de donner l’illusion qu’ils assistent à une conférence unique, exceptionnelle. Une conférence exceptionnelle qui reprend son cours. Forçant le silence et l’attention de tout le monde. Y compris de Victoria. Plongée dans cette sensation familière, inconfortable. Celle de revenir des années en arrière, quand elle étudiait à l’université. Des heures et des heures à écouter des cours. À devoir forcer son cerveau à se concentrer pendant toute une journée, alors qu’il ne pensait qu’à dévier. À cause d’un orateur pas convaincant, d’un sujet peu passionnant. Mais pas de fuite possible, aujourd'hui. Enfin, si, elle est possible. Elle n’est juste pas concevable. On ne sait jamais ce que Trask Industries pourrait annoncer entre deux phrases. Alors, il faut rester attentive à d’éventuelles bombes balancer innocemment.

Des bombes qui ne se présenteront jamais, au final. Aucune annonce glaçante. Aucune information à soulever, à remonter de toute urgence. Vicky a donc couru un marathon pour… rien. D’un autre côté, Louis a raison. Ils ont déjà assisté à bien pire. Au moins, là, ils rentrent chez eux sans inquiétude. Seulement des questions plein la tête sur l’utilité d’un produit pareil. “Nous, en avoir besoin ? Non. Les autres qui ont peur de nous, oui.” Aveu de défaite. Les humains sont terrifiés. Et tant que la peur les animera, ils feront n’importe quoi, mettront en danger les autres pour se protéger eux-mêmes. Chacun pour soi. C’est la règle qui prédomine et qui prend de l’ampleur. Sauf que les mutants aussi ont peur. Peut-être même plus que les humains. “De toute manière, quoiqu’ils inventent, il y aura toujours des gens pour se jeter dessus.” Même les pires inventions. Celles qui remettent en question le principe même d’humanité. Celles qui causent des tortures. Celles qui engendrent la mort. Prêts à tout pour survivre face au changement. Jusqu’à tout renier. Les liens du sang, les amitiés, les souvenirs communs. Plus rien n’existe quand il s’agit de survie.

À quel point est-ce que le porte-parole a peur, lui ? À quel point est-ce qu’il est convaincu de ce qu’il raconte ? Difficile à dire. Son niveau de conviction est sûrement très haut pour accepter d’être le visage de ces annonces. Conclusion qui arrive en même temps que la réponse de Louis. Pas envie de lui parler. Alors, plus besoin de suivre le porte-parole du regard. Une nouvelle que Victoria accueille avec soulagement. “Pour qu’il essaye de nous endormir avec des phrases qui durent dix ans ? Nan. Partons d’ici.” Bien trop contente que Louis nourrisse la même envie. Ils sont deux intrus dans l’antre qui les chasse. C’est un miracle que Trask Industries continue de les accepter à ces conférences. Mais elle ne serait pas étonnée que certains des employés soient cachés ici et là, munis d’appareils pour détecter les porteurs du gène X. Histoire de savoir qui surveiller pendant la prise de parole. Ils en ont les moyens. “Même Basker a l’air d’en avoir marre.” qu’elle ajoute avec un sourire. En compensation, elle lui offre une petite grattouille entre les oreilles. Pauvre chien. Il doit encore plus en avoir marre qu’eux. Mais il reste là. Loyal et fidèle à Louis. Le tout sans se plaindre. Probablement l’être le plus courageux de toute l’assemblée.

C’est ainsi qu'ils prennent la direction de la sortie. Vicky prend bien garde de ne surtout pas s’intéresser à la table percutée et à son avalanche de bouteilles et de verres. Normalement, si elle ignore les problèmes, ils n’existent pas. Normalement. Méthode qui prouve son efficacité puisqu’une fois en dehors de la salle, elle a déjà oublié l’incident. Méthode qui ne fonctionne pas à tous les coups. Par exemple, elle ne fonctionne pas quand on a un cadavre dans une baignoire ou qu’on écrase une mamie qui traverse la route. En général, la justice s'assure qu'on n'oublie pas. “J’espère que vous n’avez rien de prévu ce soir, tous les deux, parce qu’il y a un restau qui a ouvert à trois rues d’ici et il mérite que les deux meilleurs journalistes de New-York le testent.” Accompagnés par leur acolyte à quatre pattes. Sûrement le gourmet le plus difficile. Il faudra le séduire avec des plats délicats. Victoria ne laisse pas le choix. Elle est déjà en train de reprendre la parole. “Et ne pense même pas à te défiler. Tu es pris en otage à partir de maintenant.” Il travaille trop, Louis. Enchaîne les heures de travail sans les compter. Se perd dans une quête pour, lui aussi, ne pas regarder en face les problèmes. Un acharnement professionnel inquiétant. Nécessité de le sortir de cette routine avant qu’il ne craque.


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Un soupir échappa au journaliste. Victoria n’avait pas tort. Eux, ils n’auraient jamais besoin d’aucun des produits proposés par Trask. Jamais ne lui viendrait à l’idée d’utiliser la moindre petite technologie soi-disant faite pour le protéger et l’aider. Déjà que les lunettes détectrices de mutations étaient pas une bonne idée, Louis avait définitivement cessé de croire en Trask quand le collier inhibiteur de capacités  était sorti. En quoi porter un collier qui envoie des décharges pouvait-il aider ? Ce n’était qu’une façon de plus de priver les mutants de toute humanité. Pour ça, ils sont doués chez Trask. Si le PDG de l’entreprise se présentait pour être président, il serait sans doute élu haut la main, et les expérimentations contre les mutants deviendraient vite monnaie courante. Un nouveau soupir échappa à Louis, encore une fois Vicky touchait un point effroyablement vrai. Peu importe ce que Trask pouvait sortir, il y aurait toujours quelqu’un pour applaudir et penser que c’est une idée révolutionnaire.

Le bruit des pas des journalistes qui se pressent pour sortir parasitent quelque peu le radar de Louis qui repère à peine le maître de cérémonie dont le bruit des pas semble rasé les murs vers une petite porte au fond de la salle. Sans surprise, lui aussi devait avoir hâte de s’en fuir plutôt que de subir une longue série de questions de la part de journalistes assoiffés de scoop. S’il y a toujours un temps pour poser des questions à la fin d’une conférence, il y a toujours quelques journalistes qui préfèrent poser leurs questions après, loin des oreilles de leurs confrères, dans l’espoir de dénicher l’information exclusive qui ferait la différence auprès des autres.  « Je te suis. » Comme pour confirmer les propos de la jeune femme, Basker remue doucement la queue. Il est sans doute impatient de retrouver un peu d’air frais et de pouvoir se dégourdir les pattes après avoir entendu le discours assommant d’un homme d'affaires. Victoria s’avance vers la sortie, et Louis la suit sans faire le moindre bruit. Ils avaient sans doute déjà été assez repérés par la surveillance de Trask.

Une fois qu’ils sont enfin sortis dehors, Louis a l’impression d’être libéré de tous les bruits parasites et retrouve enfin un peu plus ses repères. S’il a l’habitude des bruits constants autour de lui, les situations de stresse ne l'aident pas à faire le tri dans les différentes ondes qu’il perçoit autour de lui.  Dans ce genre de moment, le trentenaire a tendance à perdre un peu ses repères, se noyant sous le flot constant d'informations que son cerveau réussit à percevoir. L’air frais lui fait du bien, et Basker ne s’en plaindra certainement pas non plus. « Je pensais finir d’écrire la prochaine réponse pour les courriers du coeur, mais je t’avoue que je préfère de loin aller prendre un repas avec toi si tu penses que c’est vraiment un bon restaurant. » Légèrement amusé, Louis ne peut s’empêcher de souligner la bienveillance de la journaliste dans son esprit. Il sait qu’elle ne le laissera pas repartir sans obtenir un avis favorable.

Depuis la mort de son frère, le brun avait tendance à se laisser submerger dans son travail, et il a conscience de tous les efforts qu’elle fait pour l’aider à marquer une pause et prendre le temps de se rappeler qu’il faut aussi prendre soin de lui. Ce n’était pas une mauvaise après tout. S’il était rentré chez lui avec Basker, le journaliste aurait sans doute juste fait chauffer un peu d’eau pour se préparer du thé, et il aurait sauté le repas, comme trop souvent. Malheureusement, il a tendance à tellement se perdre dans ce qu’il a à faire pour ses deux postes différents qu’il en oublie jusqu’à son besoin de se nourrir.  « Est-ce que tu penses que ça ira avec Basker ? » Si la loi oblige la tolérance pour les animaux de soin comme les chiens guide, Louis a toujours peur qu’on lui refuse l’accès à certains lieux publics ou qu’il ne soit pas adapté pour sa compagnie. Après tout, s’il devait passer une soirée agréable, il fallait que son chien le puisse aussi.
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Fuite en avant pour échapper aux tentacules de Trask Industries. Pour mettre derrière eux tous les dangers de l’entreprise. Pour recouvrer leur liberté. Dehors. La fuite a parfois du bon. Elle n’est pas toujours synonyme de peur ou d’irresponsabilité. Elle peut être une question de survie. Aujourd'hui, ils n’ont aucune raison de rester. À part peut-être discuter avec quelques confrères et consoeurs. Échanger des informations, prendre des nouvelles. Mais non. Pas aujourd’hui. Ils ne sont pas dans de bonnes dispositions. Pas envie de faire semblant quand des personnes viennent tout juste de leur présenter un objet qui stigmatise toujours plus les mutations, qui anéantit un peu plus la confiance en soi des mutants. Tout pour ne surtout pas que les porteurs du gène X se sentent normaux et aimés. Chose terrible que de leur laisser croire qu’ils sont humains. Depuis quand est-elle devenue aussi amère ? Difficile à dire. Le changement est arrivé récemment. À force de voir l’inaction du gouvernement. De compter les disparitions des mutants, les unes après les autres. Sans qu’aucun indice ne soit trouvé. Impossible de savoir s’ils sont vivants, s’ils sont torturés, s’ils servent de cobayes. Un mystère total. Mystère qui ne manquera pas d’être éclairci. Des journalistes font tout pour comprendre ce qu’il se passe. Ils trouveront.

À l'extérieur, l’air frais les accueille. Douce caresse sur les joues. Épiderme rafraîchi par le contact. Dans le top cinq des meilleures sensations. Surtout après avoir passé une heure assis au milieu de gens, dans une salle surchauffée par les corps de chacun. Et c’est là que Victoria respire de nouveau. Comme si elle ne parvenait plus à s’oxygéner correctement jusque là. Apprécier, savourer le moment. Jusqu’à la déconcentration. L’esprit est attiré par une impression perçue. Derrière eux. Le visage se tourne sur la droite. Là où elle décèle une douleur. Des courbatures, elle dirait. Mais elle ne peut jamais être sûre. Les mains sont enfoncées dans les poches pour ne pas être tendues vers la victime. La tentation est souvent forte de voler les douleurs des autres. Sauf que c’est intrusif. Personne ne le lui demande. Archie serait fier qu’elle résiste ainsi. Au final, elle l'écoute. Un peu. Parfois. La personne souffreteuse passe. Journaliste qui a dû pousser à la salle ou courir quelques kilomètres ce matin. Une douleur dans les jambes qui va lae suivre durant quelques jours encore. La tentation de l'aider se volatilise. Victoria déjà happée par une autre priorité. Celle de prolonger la discussion à peine entamée avec Louis. Un restaurant. Meilleur endroit pour se poser, manger, se détendre. Et prendre le temps. Louis ne prend pas le temps. Plus depuis des mois. Pourtant vital afin de ne pas exploser en plein vol. Invitation acceptée par le journaliste. Le combat était perdu d’avance. Il le sait. Face à cette victoire écrasante, un sourire étire les lèvres de Vicky.

C’est évidemment un bon restaurant, Louis ! Tu vas voir, il paraît qu’ils font les meilleurs desserts de tout New-York.” Reste à vérifier par eux-mêmes. Ils sauront se montrer critiques. Impartiales. Et évidemment affamés. “Tiens, d’ailleurs, si jamais dans tes courriers du cœur, on te demande un jour des recos de restaurants, n’hésite pas à glisser cette adresse. Et à me créditer, hein.” Impensable qu’il récolte tous les mérites. Manquerait plus que cela. Il peut s’estimer heureux. Elle pourrait demander sa propre chronique dans celle de Louis. Ou une photo d’elle qui prendrait les trois quart de son espace. Au lieu de cela, elle demande seulement un crédit. Plutôt généreux et sympathique de sa part. Elle pose une main sur son bras pour lui indiquer la direction à prendre. Sur la gauche. “Viens, c’est par-là.” Chaque seconde compte. Elle craint qu’à trop attendre, Louis change d’avis. C’est que l’heure tourne. Les vingt-deux heures seront bientôt là. Menace dont ils doivent avoir conscience. Réglementation qui les empêche de vivre une vie normale. Mais ils seront rentrés avant. Victoria s’en assurera. Ce n’est, de toute façon, pas la préoccupation de son ami pour le moment. Plutôt inquiet pour Basker. “Ça devrait aller. Mais s’ils ne sont pas d’accord, on ira ailleurs.” Aussi simple que cela. Au final, le plus important n’est pas le restaurant. C’est plutôt de sortir Louis de ses quatre murs qui importe. Le lieu, la compagnie, çe ne sont que des détails.

Bon alors, quelles sont les questions sentimentales du moment, dis-moi ?” Retour aux sujets professionnels. Mais surtout, aux interrogations que Louis reçoit en masse. Vicky a toujours trouvé ce job fascinant. Aux missions importantes, sachant que des couples vont se faire et se défaire grâce à ses mots. Écrits un jour ou une nuit dans son appartement ou à la rédaction. Qui aurait cru que ce même conseiller en relations amoureuses serait celui qui mettrait un terme à sa relation avec Caleb ? Certainement pas Victoria. Et pourtant. Et pourtant… Elle ravale la pensée. La range dans un coin. Loin. Où elle ne pourra pas entacher sa bonne humeur.


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Un sourire se pose sur les lèvres du trentenaire. Il était évident que ça serait un bon restaurant. Victoria était l’une de ces personnes qui sait toujours ce qu’elle fait et où elle va. Elle n’aurait jamais proposé à Louis d’aller dans l’arrière boutique d’un magasin étrange où ils seraient certains qu’ils ne repartiraient qu’avec une intoxication alimentaire et des brûlures d’estomacs pendant trois semaines. La jeune femme reprend et arrache un petit rire à Louis.  « Si je dois donner cette adresse, je te promets de te créditer. » Cela étant dit, le trentenaire doutait que ça soit une belle référence à mettre dans le CV de la brune. Ce n’est pas très glorieux, comme métier, d’écrire les courriers du cœur. Généralement, c’est même plutôt quelque chose qui attire les railleries de ses collègues. Il était rare qu’on le prenne au sérieux dans le milieu du journalisme quand il annonçait le nom de sa colonne. Pourtant, il faut bien que quelqu’un le fasse, et il s'avère que les conseils de Louis était toujours assez bon pour satisfaire ses lectrices. Néanmoins, on ne lui avait encore jamais adressé de lettres pour trouver une bonne adresse jusqu’à présent. Il ne put s’empêcher de se dire qu’il emmenerait peut-être Ted, un jour, si les desserts étaient vraiment aussi bons qu’il n’y paraissait.

Ils accélèrent le pas, et Basker n’en est que plus heureux. Le canidé apprécie de marcher à un rythme plus rapide, moins lent. Ça lui permet de se dégourdir un peu ses pattes largement engourdies après une si longue et si ennuyeuse présentation. La journaliste ne dit pas un mot à ce sujet, mais Louis comprend qu’elle redoute qu’ils n’aient pas le temps de finir leur repas s’ils s’attardent trop. Le couvre-feu reste une menace réelle qui plane sans arrêt au-dessus de leurs têtes, même quand on pourrait se croire en sécurité.  « Je te suis. »  Répète-t-il un peu bêtement. C’est qu’il n’a pas plus d’information, il ne peut faire autrement que de suivre Victoria et de lui faire confiance. Légèrement inquiet quant à la soirée que Basker était en train de passer, il mentionna rapidement la possibilité que le restaurant lui refuse sa présence, et comme pour le rassurer, son amie lui propose une alternative.  « Tu as raison, on peut toujours aller ailleurs. »  

« Et bien j’ai un peu de mal avec une lettre qu’on m’a envoyée. Une femme qui veut des conseils parce qu’elle est tombée amoureuse d’un homme déjà marié avec un enfant. Elle est persuadée que l’homme qu’elle aime est aussi amoureux d’elle mais elle ne sait pas si elle doit tenter quelque chose ou pas. » Si la question le perturbait tant, c’était en grande partie parce que lui-même était en train de tomber amoureux d’un homme marié avec un enfant à sa charge. Quelle ironie !  « J’ai tendance à dire qu’on ne devrait pas toucher à un homme marié, mais en vérité, j’en sais rien. » Non pas qu’il pourrait se le permettre, lui, mais si un couple est déjà sur le point de voler en éclat parce que l’un des deux est amoureux d’une autre personne, est-ce qu’il faut repousser la personne qu’on aime ou est-ce qu’il faut l’encourager à divorcer ? Un soupir échappa à Louis. Ce n’était pas vraiment le moment d’aborder sa propre vie amoureuse. Victoria n’a certainement pas de temps à perdre avec ça. « En dehors de ça, c’est les tracas habituels de la petite ménagère de quarante ans qui se demande si son mari la trompe seulement parce qu’il ne veut plus manger sa tarte aux pommes qu’il adorait tant et qu’elle lui fait à chaque repas. Comme si on ne peut pas juste se lasser d’un plat sans forcément aller voir ailleurs… »

Reportant son attention sur sa collègue journaliste, il ajoute.  « Et toi, est-ce que tu as réussi à dénicher des scoops croustillants, et des affaires mystérieuses qui ne demandent qu’à être dévoilées ? » L’homme a beaucoup d’admiration pour la journaliste. Elle s’est fait toute seule dans un monde cruel où la rivalité mène souvent à la faute professionnelle. Pourtant, Victoria continuait d’avoir une carrière impressionnante sans jamais commettre le moindre faux pas, trouvant même le temps d’aider Louis quand elle le pouvait en le réorientant vers un contact ou partageant ses informations avec lui. Parfois, ils leur arrivaient même de se rejoindre pour mener l’enquête ensemble. Pour tout ça, et pour toute sa bienveillance, Louis lui serait aussi reconnaissant jusqu’à la fin de ses jours.  « Si jamais tu as besoin, tu sais où me trouver. » Glissa-t-il. S’il ne doutait pas du fait que Victoria pouvait se débrouiller parfaitement bien sans lui, Louis ne pouvait qu’espérer réussir à lui rendre un peu de tout ce qu’elle pouvait faire pour lui.
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Elle aura prochainement son crédit dans le courrier des cœurs de Louis. Une petite fierté. Elle pourra envoyer une photo à son père et à sa sœur. Ils ne manqueront pas de se moquer de cette future carrière d’influenceuse restaurant. Mais hey, il faut bien commencer quelque part. Ce n’est pas comme si eux allaient l’aider dans cette carrière jamais envisagée. Par contre, Louis, lui, il peut. Et c’est ainsi que l’on construit un empire de milliards de dollars. Un jour. Peut-être. On ne sait pas trop. Avant cela, il faut déjà convaincre Louis. Cela passe par l’emmener audit restaurant. Ensuite, de faire accepter Basker auprès du personnel. Cependant, qui refuserait Basker ? Ce chien est calme, adorable. Même les serveurs vont vouloir le câliner et le ramener chez eux. En plus, s’ils acceptent Basker, cela fait un point pour eux. Ils auront déjà conquis une partie du cœur de Louis. Sinon, tant pis. Ils auront bousillé leur seule chance. Et ruiné la carrière de Victoria avant même qu’elle ne commence. Merci, super. S’ils acceptent, restera donc à cuisiner et servir de la bonne nourriture. Pour cela, Victoria leur fait confiance. C’est leur métier, après tout. Si eux ne sont pas capables de bien cuisiner, elle ne peut plus rien pour eux.

Problème épineux qu’est celui de Louis. Une histoire tristement commune. Dans laquelle il faut réussir à savoir si l’homme ment ou est sincère sur ses sentiments. Dans laquelle il faut jauger l’engagement des uns et des autres. Dans laquelle il faut comprendre le rôle de chacun. En fait, c’est une véritable enquête logique et psychologique que doit mener Louis. Son but : offrir la solution la moins douloureuse et la plus réaliste à sa lectrice en détresse. Vraiment, Victoria ne serait pas capable de faire son travail. Elle serait probablement en boule sous son bureau, inquiète à l’idée de donner le mauvais conseil. “Hmmm… je vois.” Elle lui dirait bien de fuir, Vicky. Trop de risques d’avoir le cœur brisé à cause de l’homme aimé. Et en même temps, qu’en sait-elle ? Sans contexte. Sans précision. Sans information. Elle ne peut donner un avis tranché. Et c’est pour cela que Louis est celui qui rédige les réponses. Lui, il sait. Grâce à ses propres talents. Sauf que Vicky, elle tente de se hisser à son niveau. Peut-être pour décrocher un poste de stagiaire. Oubliez la carrière d'influenceuse. Elle est déjà sur un autre dossier. “Peut-être que si lui ne se pose pas de questions, c’est qu’il y a un problème et qu'elle ne devrait pas poursuivre ?” Elle hausse les épaules. De toute manière, ce n’est pas comme si elle avait toute confiance en l’être humain. Ils peuvent se montrer cruels et jouer avec les émotions des autres pour les manipuler. Le meilleur conseil qu’elle pourrait donner est de ne faire confiance à personne. Est-ce que c’est ce que la lectrice veut entendre ? Pas sûr.

En fait, Louis pourrait lui confier des cas faciles, comme la ménagère qui soupçonne l’infidélité de son mari. Ça, Victoria saurait gérer. Normalement. “Tout le monde en aurait marre de sa tarte aux pommes. Faut plutôt qu’elle se demande pourquoi elle en fait tous les jours. Qu'est-ce qu'elle recherche dans la répétition de ses gestes, hein ? Le réconfort ? Ça lui rappelle son enfance ?” Elle se tourne d’un coup vers son ami. Le visage illuminé par une idée sortie de nulle part. Un lien qui s’est formé entre les deux cas du journaliste. “Han ! Tu imagines si ta ménagère est la femme du mec de ton autre lectrice ?! Celui est marié et a un enfant ?” Alors là, c’est l’hécatombe. La trompée qui cherche des conseils au milieu des mêmes lignes que l'amante du trompeur. En voilà un beau scénario de film. Le cerveau de Victoria travaille trop. Peut-être qu’elle devrait surtout se remettre à travailler. Histoire de ne plus laisser ses pensées imaginer des liens pareils. C’est qu’en ce moment, c’est le calme plat. Pas de nouveaux éléments à se mettre sous la dent. Tout stagne. “Nope, rien de rien. C’est à croire qu’ils agissent dans l’ombre et que tout va nous éclater à la tronche d’une minute à l’autre.Ils. Les Persécuteurs. Le GLM. Le gouvernement. Tous et personne à la fois. Faut espérer qu’elle se trompe. Elle n’a pas envie d'encore couvrir des événements atroces. Sauf que les faits atroces, il n’y a que ça.

Par contre, j’ai fait une interview chez les Persécuteurs. Très sympa leur bracelet inhibiteur.” L’ironie palpable dans la voix. Victoria se souvient encore du contact froid du bracelet. Et l’horrible sensation du calme autour d’elle. Plus de douleurs à capter. Plus de souffrance à absorber. Juste le silence. “La prochaine fois que je dois y aller, je te laisse ma place avec plaisir. Tu vas voir, ils sont super chaleureux.” Du tout. Un accueil glacial. Des regards de travers. Une méfiance palpable, même une fois le bracelet installé. Un lieutenant qui ne se présente pas. Qui préfère envoyer un capitaine. Un capitaine qui sort des banalités. Un déplacement inutile, en somme. Elle ne recommande pas l’expérience.

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Attentif à ce que venait de dire Victoria, Louis ne put s’empêcher de noter dans un coin de son esprit son avis. Après tout, peut-être qu’un jour, il aurait à réutiliser les mots qu’elle venait de prononcer, et ce jour-là, il n’oublierait certainement pas de la créditer. « Ce n’est pas aussi simple que ça. » Répondit-il instinctivement.  « Je suppose que quand on est marié à une personne depuis des années, c’est effrayant de vouloir partir. Il y a un sentiment de confiance et de sécurité qui s’installe, et ça peut être difficile d’y renoncer. Surtout s’il y a un enfant. Peu importe son âge. C’est toujours une épreuve difficile de voir sa famille se briser. Il pourrait vouloir de cette relation, être vraiment amoureux mais ne pas être prêt à tout sacrifier d’une vie déjà si parfaite pour un peut-être. » En sommes, on ne touche pas aux hommes mariés. C’était là la meilleure conclusion qu’il pouvait écrire à cette lettre. Il ne voyait aucun moyen pour cette femme d’être heureuse en sachant qu’elle avait potentiellement privé un enfant de son père, et son amant d’une vie heureuse qu’elle ne serait pas capable de lui offrir. Ou peut-être qu’il se projetait un peu trop dans cette situation et que c’était lui qui ne serait capable d’offrir du bonheur et un véritable foyer à son homme déjà marié.

Le cas de la ménagère à la tarte aux pommes est bien plus facile mais aussi bien moins personnel et beaucoup moins intéressant. Ce genre de lettres, en vérité, le trentenaire en recevait assez souvent. Les infidélités faisaient partie de ce qui permettait à sa rubrique de continuer d’exister. Sans la suspicion des femmes et l’incapacité des hommes à tenir une promesse, il serait certainement au chômage depuis longtemps.  « Je pense qu’il lui a dit que c’était son dessert préféré il y a déjà dix ans, et que depuis, chaque fois qu’il est fâché ou qu’elle le sent s’éloigner, elle lui en prépare. Il n’aime peut-être même pas la tarte aux pommes, c’était peut-être juste pour la séduire qu’il a dit ça, mais elle s’y accroche parce qu’elle est persuadée qu’elle le retiendra en lui faisant des plats qu’il aime. Ils ont certainement déjà des enfants, et elle se sent incapable de rivaliser avec la petite secrétaire ou juste la nouvelle au boulot. Je vais lui conseiller de varier les plaisirs, et son mari recommencera à adorer ses petits plats. » Bien moins palpitant que le genre d’article que Victoria peut écrire, Louis ne peut s’empêcher de laisser échapper un petit rire quand il entend sa théorie.  « C’est encore jamais arrivé, mais ça serait amusant, c’est vrai. » Il aurait peut-être même droit à un véritable article, si ça se passe dans sa colonne.

Les temps sont compliqués pour tout le monde, et ce n’est pas vraiment étonnant d’être dans un creux. Il n’y a pas encore assez de drame pour que ça devienne la nouvelle obsession des médias, mais il y en a déjà assez pour qu’on s’attende au pire. Un petit frisson parcourut silencieusement le corps du trentenaire. Louis avait véritablement peur pour l’avenir et ce qui les attendait. Victoria enchaîna avec sa visite chez les persécuteurs. Elle ne le formule pas vraiment mais il comprend tout seul que ça n’a pas été d’une grande utilité. Il faut dire que ce n’est pas vraiment étonnant de la part des méchants de ne pas livrer leurs grands secrets. Enfin, dire qu’ils sont méchants n’est pas totalement exact, ils sont parfois - dans très rare cas - utiles à la société.  « Et bien non, justement. Je ne pense pas être capable de voir quoi que ce soit. »  Il plaisante un peu, Louis. S’il n’en est pas blessé, il trouve le choix des mots de sa compère assez surprenant. Pour une journaliste, il faut dire qu’elle a peut-être était un peu maladroite dans sa formulation.  « Mais pour être honnête, je n’ai pas vraiment envie de me risquer à rencontrer les persécuteurs. Si je devais m’infliger un de ces stupides colliers, je serai incapable de percevoir le moindre de leurs mouvements et je ne leur fais clairement pas assez confiance. Je ne sais pas comment tu as trouvé le courage de mener cette interview à bien avec ce truc. » C’est d’une injustice telle qu’il pourrait presque écrire à ce sujet.

Ils continuent d’avancer dans les petites rues new-yorkaises, marchant entre les passants qui se pressaient à rejoindre leurs domiciles après une longue journée de travail. Basker s’impatientait un peu de pouvoir enfin manger son repas, et il faut dire que le trentenaire le comprenait. N’ayant rien avalé de la journée, il commençait aussi à sentir la faim se rappeler à son bon souvenir. Triste conséquence de sa grande négligence envers lui-même et ses propres besoins.  « Est-ce qu’on est encore loin ? » Demanda-t-il à son amie. Loin de trouver la conversation déplaisante, il espérait simplement avoir le temps de profiter d’un bon repas avant de sauter dans le premier métro pour retrouver son petit appartement juste avant le début du couvre feu.  
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Les histoires que lit Louis sont loin des clichés des séries télévisées. Elles sont réelles. Elles ont toutes leurs lots de différences, de spécificités. Impossible de tout savoir en quelques mots. Impossible d’imaginer ce que ressent chaque protagoniste. Et ce n’est certainement pas en balançant des réponses sur un coin de table (ou en marchant) qu’on les aide. Personnes désespérées, démunies, au point de se tourner vers un journal. Alors qu’elles pourraient se diriger vers des conseillers conjugaux. Alors qu’elles pourraient communiquer avec leurs proches. Peut-être demander de l’aide à Louis est la première étape. Le premier jalon d’une recherche de solutions. Et c’est en ça que son rôle est primordial. D’autant qu’il a un avis divergent, plus contrasté. Il pense à tout, Louis. À tout ce que la situation de l’amante implique. “Hmm, c’est vrai… Il y a beaucoup en jeu, je ne sais pas comment tu fais pour y voir clair.” L’expérience, sans nul doute. Une expérience qu’il met au profit de toutes les peines d’amour. Même au service des tracas du quotidien. Avec un sérieux sans faille, là où Vicky ne cherche qu’à plaisanter. Jusqu’à imaginer des liens entre chaque situation décrite. Imagination un peu trop fertile pour coller à la réalité. Et pourtant, elle est convaincue qu’un jour, dans l’histoire des courriers du cœur, cela arrivera ou cela est peut-être déjà arrivé. Qui sait ? Personne. C’est la magie de l’anonymat.

Alors, elle l’écoute, Victoria. Attention toute particulière pour le cas de la ménagère. Cela aurait pu être le cas de sa mère ou de son père. Si elle n’était pas décédée. Elle se rappelle les repas préparés, le dimanche midi. Parce que c’était le préféré de l’un ou de l’autre. Parfois, la gêne de se rendre compte que l’autre a fait une erreur. Pourtant, la politesse et l’envie de ne pas froisser qui poussaient l’un et l’autre à manger, malgré le dégoût. Et puis, il y a comme un pincement au cœur. Son père ne connaît plus ces désagréments. Perdu dans sa solitude. Un jour, elle demandera des conseils à Louis pour aider son père à trouver une nouvelle personne. Il le mérite. Mais pas maintenant. L’heure n’est pas à parler des histoires de cœur de son paternel. Plutôt l'heure d'évoquer le travail de Victoria. Le calme plat. Aussi incroyable que cela puisse paraître avec les récentes disparitions. Il n’y a tellement aucun indice, aucune nouvelle que personne ne sait où creuser, quoi chercher. Pas faute d’avoir essayé. Elle a fait le tour des hôpitaux, des quartiers, des postes de police. Elle a même tenté le porte-à-porte durant un temps. Des recherches qui l’ont tout de même menée chez les Persécuteurs. C’est là que l’on reconnaît le désespoir d’une journaliste mutante. Ça prend des décisions insouciantes. Ça se met en danger pour une information. Même la plus inutile.

Mots indélicats. Expression balancée sans réfléchir. Alors même qu’elle passe son temps à manier les mots à l’écrit. Exercice beaucoup plus posé, beaucoup plus réfléchi, qu’une conversation menée en marchant. Conversation à la volée. Entre les bruits des voitures. Les passants pressés. Elle en oublie à qui elle parle. “Oh ! Je suis navrée, Louis. Je suis vraiment bête !” Il plaisante. Quand bien même. Elle a le rouge qui monte aux joues. Le regard paniqué. Elle ferait mieux de manier davantage les mots. Aussi bien en interview que dans les conversations informelles. Car tout compte. “Je me pose moi-même la question.” Victoria lâche un soupir. Elle repense à cette entrevue surréaliste. De bout en bout. “En plus, ils m’ont fait le coup classique : le haut gradé qui n’a pas le temps et m’envoie un capitaine pour répondre à mes questions.” Elle ne dira pas que le capitaine était Caleb. Elle ne dira pas non plus qu’elle a failli fuir en le voyant. Elle taira la discussion qu’ils ont eu sur les mutants, sur le rôle des Persécuteurs. Des détails dont Louis n’a pas besoin de connaître. Personne n’a besoin de savoir, pas vrai ? Ce n’était qu’une rencontre hasardeuse, imprévue. Qui n’a eu aucun impact sur la mémoire de Caleb. Qui n’a mis personne en danger, cette fois. Elle s’en est assurée.

Après les cerveaux, ce sont les ventres qui parlent. L’impatience de la faim. La promesse d’un bon repas. En théorie. Cela reste encore à prouver. Si leur métier leur a appris une chose, c’est qu’il faut toujours vérifier les sources. Pour cela, rien de mieux que de goûter afin d’avoir l’avis le plus fiable. “C’est à l’angle de la prochaine rue. On n’a plus qu’à traverser.” Le restaurant est juste là, en face d’eux. Situé à l’angle de la rue, il les attend. Néon lumineux sur la porte. Spécialités du jour affichées sur un tableau à craie. Douces odeurs de cuisine italienne. Pas de table en terrasse. Par contre, des tables joliment dressées à l’intérieur. Victoria a déjà réservé. Certaine que Louis accepterait de se laisser traîner jusqu’ici. Une table un peu à l’écart, loin du brouhaha et des mouvements. Un endroit calme. Exigences données plutôt dans la journée par téléphone, dans l’espoir qu’elles soient respectées. Et elles le sont. Ils le découvrent en arrivant. “Quand est-ce que tu es allé au restau pour la dernière fois ?” qu’elle demande. Déjà en train de poser ses affaires et de s’installer. Le ventre affamé, rien qu’à l’idée de bien manger. Autrement dit : elle va être extrêmement déçue si le restaurant dément sa réputation. Bien consciente que ce genre de sortie n'est pas le plus simple pour Louis. Trouver des établissements accessibles à tous n'est pas monnaie courante. Même à New-York. Couplé à une routine qui le garde loin des restaurants, Louis n'a finalement peut-être jamais l'occasion de manger à l'extérieur.
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Il arrive souvent que Louis se perde à penser que son travail n’est rien d’autre qu’une triste comédie. Loin d’avoir un véritable don dans ses propres relations amoureuses, c’est assez ironique de voir que le trentenaire soit celui qui conseille les couples en difficulté. Pourtant, le journaliste a un vrai talent pour conseiller les autres, et s’il ne se sent pas légitime pour ça, il n’en est pas moins très investi. Chaque personne étant différente et chaque situation étant unique, il fait toujours en sorte de trouver la réponse la mieux adaptée à chacun. Seulement, cette lettre avec cette femme amoureuse d’un homme marié, c’est au dessus de ses forces. Peut-être qu’au fond de lui, Louis aurait aimé qu’on lui souffle ce qu’il doit répondre et surtout ce qu’il doit faire. Parfait échos à sa situation, il continuera certainement de se torturer pendant des jours avant de réussir à écrire quelque chose et de pouvoir envoyer une réponse cohérente à cette pauvre femme. S’il n’y aucun doute sur le dévouement de l’homme, il ne se sentait véritablement pas capable de répondre à cette lettre, et c’est sans doute pour ça qu’il l’a évoqué avec son amie. Victoria étant une femme si intelligente, il avait espéré que son avis pourrait l’aider.

S’il voulait plaisanter un peu, Louis ne voulait pas mettre mal à l’aise son amie en soulignant sa légère erreur de vocabulaire. Après tout, ce n’était qu’une expression, rien de plus. Ce n’était pas véritablement comme si elle avait essayé d’être blessante volontairement. « Je suis désolé, Victoria, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. Ce n’est rien de bien grave, tu sais. Ça m'arrive aussi, parfois, d’utiliser des expressions pas totalement adaptées à ma situation. » S’il n’était pas capable de voir, le trentenaire n’en restait pas moins un être humain, et il était difficile de ne pas utiliser la façon de parler de ses semblables. Cette fois, c’est la patience de la jeune femme et son courage que Louis souligne. Il n’aurait pas pu rester sagement assis avec un collier anti-mutant autour du cou. S’il n’a pas toujours eu la chance d’avoir son radar avec lui, ça faisait maintenant un peu plus de quinze ans qu’il était capable de percevoir ce qu’il entoure et il ne serait plus capable de se sentir parfaitement en sécurité si on le privait volontairement de lui. Réflexe inconscient, s’il est pourtant nécessaire d’y renoncer pour utiliser sa capacité void, il ne le faisait jamais réellement de bon cœur s’il n’était pas certain d’être en parfaite sécurité. « Un capitaine ? » Répète le journaliste pour lui-même. Les persécuteurs ne changeront jamais, à quoi bon essayer de les comprendre et vouloir leur ouvrir les yeux ?

La soirée s'annonçait déjà bien lourde pour les deux journalistes après cette conférence si peu intéressante que Louis espérait sincèrement qu’ils passeraient un moment agréable et que le repas serait bon. Le brouhaha commençait à se faire entendre alors que le trentenaire se laissait guider par Basker et Vicky sans aucune hésitation. Parfaitement confiant, il n’hésite pas une seule seconde, laissant la demoiselle l’entraîner sur une terrasse légèrement trop bruyante au goût du mutant, mais très vite, ils sont installés à une table plus calme, un peu plus loin de la foule. Du bout des doigts, il tire sa chaise et s’installe en face de la journaliste. « La dernière fois que j’ai mangé au restaurant ? » Répète-t-il un peu bêtement en réfléchissant à la question. Ce n’est pas quelque chose que Louis faisait bien souvent. Il faut dire que manger seul dans un restaurant était vraiment pénible pour lui. Bien souvent, les établissements ne proposaient même pas une carte adaptée à sa condition. Aussi, il lui fallait se munir de gadgets pour lire à sa place, et ce n’était jamais agréable ni pour lui, ni pour les personnes qui l'entourent. « Je crois que c’était avec Maxence, ça doit faire longtemps. Je t’avoue que ça reste assez rare que je me laisse traîner dehors pour manger. »

Le serveur dépose des menus devant eux, et comme il fallait s’y attendre en compagnie de Victoria, le trentenaire à la joie de découvrir qu’il y a une ligne de braille pour la description de chaque plat. C’est toujours quelque chose d’agréable de pouvoir savoir ce qu’on commande, et ce qui est disponible. Doucement, il passa sa main sur la liste des plats, se concentrant sur ce qu’il pourrait manger avant de refermer le menu et de le déposer sur le côté de la table une fois son choix fait. « Est-ce que tu sais déjà ce que tu vas prendre ? » Demande-t-il à Victoria. Si la question n’est pas forcément très intéressante, au moins, il a le mérite de s’intéresser à son amie. Ce n’est pas toujours simple d’être perturbé par les bruits alentours pour le journaliste, mais grâce à l’emplacement de leur table, il devrait être capable de l’entendre sans avoir besoin de se concentrer sur ce qu’elle dit pour comprendre.
 
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C’est l’heure de dénoncer le dédain des Persécuteurs. L’heure de pointer du doigt leur irrespect. Ils sont tout-puissants. En tout cas, ils se sentent tout-puissants. Ils se permettent des bavures. Ils s’octroient des privilèges. Ils s’offrent quelques moments de flemmardise, quand des mutants sont enlevés. Probablement maltraités. S’insurger, c’est tout ce qu’elle a, Vicky. Ça et les mots couchés à l’écrit. Des mots balancés sur le papier et sur internet, dans l’espoir de trouver un public à l’écoute. Dans l’espoir de bousculer les choses. Le tout en restant objective au maximum. Un exercice d’équilibriste difficile. Voire impossible, selon certains. C’est ce qui fait que les journalistes ne sont pas les bienvenus. Encore plus au siège des Persécuteurs. Encore plus en cette période. Pas étonnant d’avoir eu un accueil glacial. Pas étonnant non plus qu’on ait délégué l’entrevue à un sous-fifre. Et pourtant, la naïveté de Victoria lui a fait croire que, pour une fois, ils feraient les choses bien. Raté. “Oui, un capitaine ! Cela dit, ça aurait pu être pire. Ils auraient pu m’envoyer un simple soldat.” Elle a au moins ce petit réconfort. Non pas qu’elle se fiche des soldats. Ils sont souvent les plus intéressants. Ceux qui parlent le plus. Surtout, ceux qui sont sur le terrain et font les basses besognes, commandées par les plus hauts. Il ne faut jamais les négliger. Cependant, dans le cadre de son article, ils n’auraient rien pu lui apporter. Elle devrait s’estimer heureuse, Victoria. Étrangement, ce n’est pas le sentiment qu’elle a. La seule chose qui la ravit à cet instant précis, c’est l’idée de passer du temps avec Louis. Là, au moins, elle ne perdra pas son temps.

La dernière fois au restaurant, c’était avec Maxence. Une éternité. Des mois entiers. C’est que la vie s’est arrêtée pour Louis. Très justement. Elle a un faible sourire, Vicky. Son décès est récent. Pourtant, c’est comme si des décennies entières étaient passées. Tant de choses ont changé en si peu de temps. “On devrait faire ça plus régulièrement. Au moins à chaque fois qu’on termine un article important.” Comme une récompense. Une façon de se féliciter et d’être fier du travail accompli. De s’encourager à persévérer. Et de toujours mettre un bâton dans les roues des anti-mutants. Le combat ne s’arrêtera jamais. Alors, autant s’offrir des instants de répit autour d'un bon plat. Ou deux. Ou trois. “Hmm… j’hésite. En bas du menu, il y a les tagliolino aux épinards qui me font de l'œil.” Approximativement toutes les recettes sont appétissantes. Terrible difficulté de faire un choix parmi ces propositions. Jusque là, le restaurant marque plusieurs points. Aucune déception. Reste à savoir ce qu’ils auront dans l’assiette. Là est la partie la plus compliquée. “Tu as déjà trouvé quelque chose, toi ?” C’est décidé, ce seront les pâtes aux épinards. Le premier choix est toujours le meilleur. Toujours faire confiance à son instinct. Même en terme de cuisine. La décision prise, elle pose son menu sur la table. Confortablement adossée contre le siège. Déjà prête à avaler son plat, sans laisser aucune miette.

Comment va ton site ? Tu as de plus en plus de lecteurs ?” Avec les heures passées sur son média, elle espère que les résultats sont à la hauteur. Et en même temps, est-ce qu’il s’investit autant pour cela ? Est-ce qu’il ne le fait pas pour se changer les idées ? D'ailleurs, elle ne devrait pas lui parler de travail. Pas pendant ce laps de temps de pause. Toutefois, ce serait mettre de côté l’une des bases de leur relation. “Oooh, d’ailleurs, un de nos confrères m’a parlé d’un de tes articles. Tu commences à te faire une petite réputation dans le milieu, c'est trop cool !” Bientôt, Louis n’aura bientôt plus à postuler dans des journaux pro-mutants pour écrire sur des sujets qui l’intéressent. Il pourra le faire exclusivement pour son journal et en vivre confortablement. Et ce sera amplement mérité.
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Le trentenaire écoute avec beaucoup d’attention le court récit du voyage de son amie chez les persécuteurs. S’il n’est pas étonné de savoir qu’elle n’a pas eu la chance de trouver des informations intéressantes chez eux, Louis est néanmoins scandalisé du manque d’intérêt que les persécuteurs ont envers les journalistes. Pourtant, c’est bien eux qui peuvent faire et défaire l’opinion publique. Il suffisait d’un article bien ficelé pour que les lecteurs d’un journal puissent changer radicalement d’opinion. A l’heure où les hommes ne sont plus capables de penser par eux-même sans qu’on leur dise ce qui est bien ou mal, les journaux sont essentiels pour maintenir l’obéissance et le respect. Soupirant légèrement, Louis chasse ce raisonnement de ses pensées et se contente de suivre silencieusement la jeune femme jusqu’à l’adresse du fameux restaurant dont les desserts seraient particulièrement délicieux selon la journalsite.

Le souvenir de son frère assis face à lui et plaisantant des dernières actualités revient tristement à la mémoire du trentenaire qui affiche un sourire mélancolique sur son visage. S’il était encore vivant, Maxence traînerait probablement Louis au restaurant toutes les deux semaines pour le forcer à maintenir un semblant de vie sociale. Il lui présenterait sûrement un tas de connaissances avec lesquelles le journaliste pourrait probablement se lier d’amitié. Malheureusement, Maxence n’était plus là, et rien ne servait de se terrer dans les souvenirs d’un passé révolu.  « Je pense que c’est une bonne idée, c’est toujours agréable de passer du temps avec toi. » Et puis se faire de nouveaux souvenirs, c’est aussi la meilleure façon de réussir à aller de l’avant et d’oublier les événements tristes. Pouvoir partager des moments avec une personne qu’il estime et apprécie autant que Victoria l’aiderait certainement à se remettre un peu plus de la mort de son frère. Souriant, le trentenaire referme doucement son menu qu’il dépose dans le coin de la table.  « Je pense partir sur la suggestion du chef, je suis curieux de découvrir ce que c’est. »

Essayant de faire abstraction du bruit ambiant pour se concentrer uniquement sur la conversation qu’il menait avec son ami, Louis caresse doucement la tête de Basker qui est sagement assis près d’eux. « Scatter se porte à merveille. On envisage de recruter un photographe avec mon associé, Ted. ». L’espace d’un instant, il a hésité à nommer son ami Theodore mais celui-ci n’aurait probablement pas apprécié.  « On espère bien qu’il continuera à perdurer un peu. » La journaliste ajoute qu’elle a entendu parler de l’un des articles du rédacteur du courrier du cœur, ce qui lui arrache un nouveau sourire. « Vraiment ? Je n’étais pas certain de nos derniers articles. Si ça continue comme ça, je vais pouvoir commencer à envisager de fonder ma propre entreprise. » Dit-il en plaisantant qu’à moitié. Au fond de lui, l’idée lui plait. Elle permettrait à Ted d’avoir un salaire assuré et lui pourrait enfin quitter son travail qui l'ennuie tant.  « Si jamais tu envisages de quitter ton journal, tu seras la bienvenue comme ça. »
 
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Au moins, le repas n’aura pas été vain. Il y a maintenant cette promesse d’autres rendez-vous autour d’une table. De discussions où ils referont le monde. De partages d’expérience. À chaque fois que l’occasion se présentera. Louis ne pourra pas se défiler. Il a accepté la proposition. Victoria se fera un plaisir de le lui rappeler. En citant un à un les mots employés. De toute manière, elle sait où il habite. Elle pourrait tout aussi bien s’incruster chez lui, les bras chargés de victuailles et un doigt sur le disjoncteur pour couper toute électricité qui lui permettrait de travailler. S’il faut en arriver là, elle le fera. Pas le choix. Faut avouer que la ténacité de la journaliste ne la lâche pas, même en dehors du travail. Une déformation professionnelle qui est bien arrangeante parfois. Sauf pour ses amis, en l'occurrence. Mais dans le cas de Louis, il ne se fait pas prier. Presque une évidence d’accepter. Peut-être est-ce l’envie de revivre après tant de mois entre parenthèses. À moins que ce soit le pouvoir de la carte du restaurant. C’est que le menu semble lui plaire. Au point de faire confiance au talent du chef et de ses recettes. “Ouuuuh. C’est audacieux, ça !” Beaucoup plus que le choix de Vicky. C’est qu’elle préfère savoir ce qu’il y aura dans son assiette. Au moins, elle peut saliver pendant les minutes de préparation de son assiette. Mais le lâcher-prise, ça se travaille et elle peut faire un effort. Parfois. “La prochaine fois, on ira dans un restaurant avec un menu surprise.” Un menu complet avec plusieurs plats, sans savoir ce qu’il y aura dedans. Seulement la possibilité d’indiquer des allergies et des ingrédients absolument à proscrire. Il y en a quelques-uns à New-York. Ils n’attendent qu’eux. Et leur porte-monnaie.

Puis comme souvent quand on a le travail ancré dans le corps, la conversation dévie sur le professionnel. Façon aussi de s’intéresser à son ami, de découvrir ses ambitions et de suivre ce qu’il fait. C’est qu’elle lit chacun de ses articles, Vicky. Lectrice assidue qui ne manque pas une publication. Toujours agréable d’avoir un autre point de vue, un autre traitement d’un sujet. Et d’après ce que dit Louis, le projet va encore grandir un peu plus avec la potentielle arrivée d’un photographe. “C’est une excellente idée ! Tu as aussi déjà pensé à la vidéo ?” Sûrement. Le problème étant que Louis fait tout en indépendant. À ce stade, on peut appeler cela du bénévolat. Alors, pour trouver des personnes qui acceptent de travailler, ce n’est pas toujours évident. Mais un jour, il arrivera à avoir une grande équipe autour de lui. En tout cas, leurs confrères et consoeurs commencent à donner du crédit à ses écrits. Un bon indicateur du sérieux de son travail et de l’avenir de Scatter. “Faut pas me le dire deux fois. À la minute où l’entreprise est créée je débarque avec mon carton, prête à m’installer.” qu’elle dit, un large sourire sur le visage. Un journal pro-mutants par des mutants. C’est quand même une belle promesse. Mais serait-elle prête à quitter son travail pour suivre Louis dans cette aventure ? Question à se poser. Ce serait sortir d’une zone de confort dans laquelle elle est depuis quelques années. Et pourtant, en sortir lui ferait le plus grand bien.

Loin de la plaisanterie, il y a la réalité. Le projet qui se dessine et se rapproche. Scatter qui devient une vraie entreprise. Avec des revenus réguliers. Avec des employés. Avec un siège social. C’est ambitieux. C’est un sacré changement. “Ce serait franchement incroyable que tu y arrives, en tout cas.” Pas incroyable dans le sens impossible. Plutôt dans le sens formidable. Il en est parfaitement capable, Louis. Il s’en donne les moyens. Il est motivé, passionné, compétent. Dans quelques mois, Victoria est certaine qu’il atteindra son objectif. Ça n’en fait aucun doute. “Tu vas te faire des ennemis chez les anti-mutants, mais clairement, le monde a besoin d’un média comme le tien. Ils sont trop rares ceux qui traitent ces sujets.” Ils se comptent sur les doigts d’une main. Ou des mains et des pieds. Trop rares pour que les plus jeunes se sentent normaux, entendus et soutenus. Trop rares pour que les mutants trouvent une place dans la société. Pour certains, ces médias sont déjà trop nombreux. Ils prennent déjà trop de place. Parce qu’ils dérangent. Parce qu’ils pointent du doigt ce qui ne va pas. Parce qu’ils ne laissent pas les mensonges s’installer. Ils sont là pour dire la vérité.

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