Rumors

Le temps était long pour la demoiselle assise à fixer son écran d’ordinateur. Encore une fois, elle s’était retrouvée à devoir attendre des résultats d’analyses bien plus longtemps que prévu seulement parce qu’elle passait toujours après ses collègues. Un sourire légèrement hypocrite sur les lèvres, elle avait assuré à son supérieur que ce n’était pas grave si elle devait rester une heure de plus pour avoir des résultats qu’elle aurait elle-même pu produire en cinq minutes si les appareils ne devait pas d’abord être utilisé par son stupide collègue bien trop agaçant pour qu’Anita ait véritablement envie de se battre. Lentement, la laborantine avait fini par taper ses dernières conclusions avant d’éteindre sa session. L’heure supplémentaire qu’elle venait de faire ne serait certainement pas payée, mais qu’importe, la scientifique voulait sincèrement avancer sur son projet.  Un soupir échappa à la brune alors qu’elle traversait les couloirs de Trask pour sortir du bâtiment.

Les journées étaient longues et se ressemblaient de plus en plus pour la demoiselle qui aurait aimé vouloir plus de liberté dans son travail. Malheureusement, si Trask restait la solution la plus facile pour financer ses projets, elle était obligée de rendre des comptes et de supporter une bande de crétin. Quand enfin Anita arrive à la porte, heureuse de pouvoir rentrer chez elle, un homme entre, sans badge. Un visage que la demoiselle ne reconnaît pas, la sécurité se presse de le recevoir, et de le raccompagner à la porte alors qu’il semble frustré de ne pas avoir de réponse. Victor, un prénom qui résonne dans l’esprit de la jeune femme. Victor, elle le connaît. Il fait partie des employés qui baissent toujours la tête et rasent les couloirs pour ne pas se faire reconnaître.

Bien que légèrement méfiante, la jeune femme sort enfin, cherchant du regard l’homme qui venait de s’introduire chez Trask. La plupart de ses collègues ne prennent même pas le temps de jeter un regard en arrière, et se contentent de se presser jusqu’à chez eux. Faisant semblant de fouiller dans son sac à main, elle attend que plus personne ne soit là, et s’approche finalement de l’homme, intrigué par ce qui venait de se passer. Victor, il ne parle presque à personne, il n'a pas de famille, pas de proches, et peu d’amis.  « C’est vous qui cherchez Victor, n’est-ce pas ? » Lança-t-elle doucement. Bien que méfiante, elle essaye de se montrer confiante. Peut-être que tout ça à un rapport avec ce qui se passe dans le côté où elle n’a pas accès, celui où les employés gardent tous les secrets. Son badge d’accès au laboratoire encore accroché à son pull, Anita est persuadée qu’elle pourrait gagner à se risquer dans cette direction.  « Je peux peut-être vous aider. » Finit-elle par dire.

Elle ne sait pas trop dans quoi elle met les pieds, la petite Anita. La demoiselle ne connaît rien de l’homme à qui elle a pourtant décidé d’adresser la parole. S’il ne lui semble pas être hostile pour l’instant, la mutante n’est pas certaine qu’il n’est pas un danger pour autant. Piquée par la curiosité, elle n’a pas pu s’empêcher de lui parler. L’homme lui demande si elle travaille avec Victor, et Anita hoche doucement la tête. Il poursuit en gratifiant le laborantin d’un surnom véritablement adorable qui ne manqua pas de faire sourire la laborantine. Si elle n’était pas aussi vulgaire par habitude, mais la brune ne pouvait démentir l’affirmation. Direct et sans détour, l’homme évoque des informations classées confidentielles. A son niveau, il lui fallait des autorisations pour accéder à ce genre de choses.  

« Victor est donc une taupe. Ça explique beaucoup de choses. » Réfléchit-elle à voix haute. L’attitude fuyarde de son collègue lui paraît maintenant si naturelle, si logique d’un coup. Pourtant, la demoiselle ne s’est jamais vraiment beaucoup entendu avec lui. Chaque fois qu’elle le croisait, il avait cet air hautain et supérieur. Visiblement, peu importe ce que l’homme face à Anita avait à offrir, ce n’était pas assez pour Victor. « Qu’est-ce que j’y gagne ? » Finit-elle par dire. Loin d’être stupide, la scientifique a compris que ce n’était pas juste pour dire bonjour que l’homme avait besoin d’une taupe au sein de Trask. C’était quelque chose qui nécessitait le silence et la discrétion. Si elle devait prendre le risque de se compromettre, il fallait que ça ait un minimum de sens, elle ne pouvait pas juste donner des informations confidentielles par pur amour du risque.

« Vous êtes quoi au juste ? Une sorte d’activiste étrange qui veut la fermeture de l’entreprise ? Si c’est le cas, je passe mon tour. » Elle n’est pas loyale à l’entreprise, Anita, elle n’est juste pas complètement stupide. Si elle va à l’encontre de ceux qui lui versent un salaire, elle se retrouverait très vite à la rue. De plus, personne n’a envie de voir son nom traîné dans la boue par Trask. Ils sont beaucoup trop influents. Non, si elle risquait sa place, il fallait au moins qu’elle puisse en être fière.  « Pour être honnête, j’ai l’information que vous cherchez, mais je ne suis pas certaine de vouloir prendre le risque de vous la transmettre si facilement. » L’argent ne l’intéressait guère, ce qui pouvait intéresser Anita, c’était la possibilité d’avoir accès à des informations elle aussi. Si l’homme savait des choses qui pouvait avoir un intérêt à ses yeux, ils auraient un accord.

Pour Anita, Trask n’est qu’un moyen de parvenir à ses fins. Elle ne fait pas partie des fanatiques de la marque près à donner jusqu’à leurs vies pour elle. Loin de là, la scientifique ne cherchait qu’à trouver le moyen le plus efficace pour réussir. Elle grince souvent des dents, ici. Maudissant une majorité de ses collègues, elle aurait pu changer de poste pour partir à la moindre proposition plus intéressante. Aussi, elle ne fut que très peu soulagée d’apprendre que l’homme ne cherchait pas à faire couler Trask. Si la brune avait exprimé des craintes, c’était surtout pour ne pas être associée à un mouvement qui viserait l’entreprise et torpirait sa carrière encore bien trop incertaine. Personne n’a envie d’être l’ennemie de Trask après tout.

L’homme poursuit, lui révélant que la mutation qu’il recherche pourrait l’aider à retrouver des personnes dangereuses. Là encore, Anita n’y trouve aucune motivation. Si elle ne peut tolérer la violence et les injustices, elle ne prendra jamais parti dans les conflits qui opposent deux groupes différents. Elle n’est pas assez stupide pour se mettre en danger si facile, et elle fait bien de garder le silence à ce sujet, la petite brune. L’homme insiste sur la volonté de ne pas se faire arnaquer avant de décliner sa propre identité. Un persécuteur, évidemment. La scientifique s’en doutait un peu. Il n’y a qu’eux pour connaître des détails aussi importants sur quelque chose de classé confidentiel. Ils arrivent toujours à trouver un moyen de savoir.

Peut-être qu’elle peut tourner ça à son avantage, Anita. « Des informations. » Répondit-elle spontanément. Si elle ne comptait pas s’en prendre à Trask frontalement, la demoiselle doutait des agissements de la firme depuis maintenant un moment. Elle avait réussi à se faire ami avec l’un des hommes qui travaillent dans le coin caché de l’entreprise, celui qu’on ne nomme pas et dont on ne parle pas. Son intégrité scientifique était en jeu tant qu’elle resterait là bas. « La mutante que vous cherchez, elle fait partie des employés ici. Elle bosse dans un service différent du mien. J’ai entendu des choses sur elle pendant la pause. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, mais si vous me laissez un peu de temps, j’aurai peut-être son nom dans la soirée demain. » Lance-t-elle comme début de piste. C’est un petit quelque chose d’offert pour prouver sa bonne volonté.

« On raconte que vous avez des taupes partout chez les vôtres et je sais qu’il se trame des choses pas nettes chez Trask. J’ai mon intégrité en jeu ici. Je veux savoir ce qu’on me cache. Vous avez des informations à ce sujet ? » Franche et directe, elle va droit au but parce qu’elle a parfaitement conscience qu’Ángel n’a pas de temps à perdre. S’il doit accepter, il le fera toute suite ou passera à la personne suivante qui lui demandera probablement une somme astronomique mais ne chipotera pas avant de donner les informations voulues.

@Ángel Vidal

L’hésitation frappe la jeune femme le temps de quelques secondes. Elle avait proposé de révéler le nom de l’une des ses collègues à un persécuteur sans la moindre hésitation alors que c’était potentiellement condamné à mort la pauvre femme. Pourtant, la scientifique finit par se convaincre que c’était le bon choix. Àngel ne traquait pas la mutante, elle n’était qu’un moyen de parvenir à ses fins, et il fallait qu’elle ait plus d’informations. Elle ne pourrait pas continuer à travailler indéfiniment chez Trask si les rumeurs étaient vraies et si on continuait à torturer des mutants dans les recoins cachés de l’entreprise. Il lui fallait une garantie qu’elle n’était pas en train de commettre la plus grande erreur de sa vie en essayant de mener à bien ses recherches. Qui voudrait d’avancer scientifique de la part d’une mutante même pas capable de protéger les siens, qui collabore avec ceux qui torturent sans hésiter les gens comme elle. C’est assez ironique, en soit, d’avoir à passer par un persécuteur pour ça.

Un partenriat tacite semble se dessiner entre la jeune femme et le percecuteur. Si aucun des deux n'accordait sa confiance pleine et totale à l’autre, ils peuvent tous deux trouver un certain confort dans cet échange d’information.  Loin d’aimer l’idée de devenir elle-même une taupe, Anita est pourtant prête à donner autant de renseignements qu’il le faudra si ça peut lui permettre d’acquérir la certitude qu’elle ne risque pas son intégrité dans cette entreprise. Néanmoins, la laborantine n’est pas stupide et elle a parfaitement conscience qu’elle n’apprendra jamais toute la vérité. Personne ne se risquerait à avouer les horaires qu’on peut commettre à l'abri des regards dans les souterrains de Trask.  « Je me doute un peu qu’on aura jamais la vérité. La confirmation de cette unité suffit à remettre en question beaucoup de choses, cela dit. Je prends les informations que vous pourriez avoir, même si elles ne sont pas très utiles à vos yeux. » Répondit-elle à l’évocation de la possibilité que les renseignements se fassent rares et incomplets.

La jeune femme prit quelques instants pour réfléchir à un endroit où ils pourraient discuter en sécurité. Elle ne pouvait clairement pas lui proposer de venir chez elle. En cas de problème, ça reviendrait à risquer la vie d’Eleanor et d’Aramis. Plutôt mourir que de les mettre en danger. Pour autant, elle ne peut pas juste lui proposer de la retrouver dans une ruelle sombre où elle serait en danger. Il fallait un endroit neutre, un lieu public dans lequel on pourrait juste croire qu’ils ne sont que deux amis échangeant des banalités. « Je connais un endroit pas très loin. C’est calme, il y a peu de passage, et c’est surtout neutre. Personne n’écoute aux portes, personne ne se soucie des histoires des autres. Ça devrait le faire.  » Dit-elle avant d’indiquer l’adresse de l’endroit en question. Elle espérait que cela conviendrait à Àngel parce qu’elle n’avait pas d’autres propositions à lui faire.

Au-dessus du bar, la petite ampoule clignote. Les clients avachis sur le bord du comptoir ne semblent pourtant pas prêter attention à la luminosité faiblissante à chaque fois que l’ampoule clignote à nouveau. La plupart ne sont probablement là que pour profiter d’une bière avant de rentrer à la maison après une longue journée de travail. Pas très causant, le barman a l’air de se satisfaire du manque de conversation des ses habitués. Essuyant une choppe derrière son comptoir, il surveille négligemment un petit trou dans le mur dans lequel la jeune femme est certaine d’avoir vu le museau et les pistaches d’une souris. Si elle ne dit rien pour faire bonne figure, elle n’est pas rassurée de la présence de rongeur quand on sait qu’elle était censée rencontrer un persécuteur.

Il n’aimerait d’ailleurs probablement pas les lieux, mais ce n’est pas très importants. Si Anita a choisi cette taverne, ce n’était pas dans le but de plaire à Àngel mais parce qu’elle savait que personne ne viendrait écouter leurs conversations ici. Personne ne se souciait des informations qu’ils pouvaient échanger. Un repaire parfait pour ne pas attirer l’attention, c’est ce qu’Aramis lui avait dit une fois. Parlant rarement des affaires sur lesquelles il enquêtait, la scientifique aimait écouter son amant lui raconter le peu de détail qu’il avait à lui offrir et un soir, il lui a raconté que cet endroit était idéal pour rencontrer un indicateur. Un frisson parcourut le corps d’Anita. S’il savait ce qu’elle était en train de faire, Aramis lui en voudrait probablement. Fervent défenseur de la cause mutante, il n’aurait jamais accepté de savoir sa douce et tendre dénoncer l’une de leurs à un persécuteur.

Une grimace se pose sur son visage quand elle s’assoit enfin à la table qu’elle a choisi un peu plutôt pour son éloignement des autres. Certaine d’être tranquille, la jeune femme fixa son regard sur la porte d’entrée, attendant l’arrivé du brun qu’elle avait rencontré la veille. Sa petite enquête du jour lui avait permis d’apprendre beaucoup de choses sur la cible que cherchait l’homme. Certains détails seraient probablement inutiles, elle en passera d’autres sous silence, mais il y aurait probablement des choses qui pourraient servir à Àngel dans sa traque. Elle était même certaine. C’est fou ce que les gens peuvent se confier quand on est un peu gentil et qu’on fait un grand sourire séduisant, ne pouvait-elle pas s’empêcher de penser.

L’ambiance laisse véritablement à désirer et la jeune femme en vient presque à regretter le choix de cette taverne. Si elle savait qu’elle y était en sécurité pour échanger des informations discrètement, Anita avait peur de finir par tomber malade à cause de l’endroit douteux et des clients louches. Heureusement, elle n’a pas eu besoin d’attendre très longtemps avec que la chevelure brune qu’elle avait rencontrée la veille ne finisse par rentrer dans le bar et venir s’asseoir en face d’elle.  « Bonsoir. » Répond-elle simplement à la salutation du persécuteur. Ils savent tous les deux pourquoi ils sont là, et aucun ne semble avoir envie de rester bien longtemps dans cet endroit, ce qui ne manque pas de rassurer la scientifique qui rêve déjà d’aller prendre une douche pour éliminer tout ça.

« Je pense avoir assez d’information pour que vous puissiez approcher la mutante que vous cherchez sans avoir besoin de remettre les pieds chez Trask. »   Il faut dire qu’éviter la grande entreprise ne pouvait être qu’un avantage. Loin des caméras et des agents de surveillance, Ángel pourrait agir tranquillement sans que personne ne vienne l’embêter et c’est sans doute ce qui effrayait un peu Anita. Mutante elle aussi, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle trahissait quand même un peu l’une des siennes. Elle n’aurait jamais cru avoir à faire ce choix avant.  Un frisson parcourt la jeune femme qui ne laisse rien transparaitre. A la place, elle se penche légèrement en avant pour venir appuyer ses avant-bras sur la table devant elle.   « Puisqu’il faut qu’un de nous deux commence, la mutante que vous cherchez s’appelle Emily Brown. C’est une femme sans problème, qui essaye juste de joindre les deux bouts, selon ce qu’elle raconte à qui veut l’entendre. »

La vérité est toujours autre. Il faut savoir gagner la confiance des gens pour réussir à obtenir des informations, et Anita avait un véritable don pour ça. Si elle souhaitait se reconvertir, elle ferait certainement un espion très efficace. Enfin, ce n’était pas vraiment en accord avec son sens moral, mais il n’était jamais trop tard pour aller contre ses convictions.  « En vérité, elle a ses propres secrets. Elle vit dans le Bronx, dans un petit appartement qu’elle loue à une vieille dame qui n’a plus toute sa tête. J’ai eu vent qu’elle utilise sa mutation pour profiter de ceux qui désespèrent de retrouver un proche, et qu’elle n’hésite pas à se faire de l’argent comme ça. Je suppose que vous pouvez l’approcher en prétendant chercher une femme ou un enfant perdu, et elle vous ouvrira sa porte sans problème. A vous de faire le reste après. » Néanmoins, Anita garderait le silence sur les enfants que la femme ne peut voir qu’une fois par mois, pendant les week-end et qui vivent avec leur père. Si c’était un moyen de pression, elle ne voulait pas les mêler à tout ça.

Les yeux de la jeune femme se pose sur l’homme en face d’elle. Elle venait d’en dire largement assez pour qu’il puisse atteindre son objectif, mais gardait encore quelques informations sous le coude, juste au cas où il aurait d’autres questions à poser. Anita avait fait preuve d’une telle implication dans son enquête qu’elle attendait des informations en échange, et son regard ne laissait pas de doute sur le fait qu’elle en demanderait si Ángel ne lui donne pas de lui-même. Néanmoins, elle préfère garder le silence, attendant qu’il prenne la parole plutôt que de laisser penser qu’elle essayait de prendre les devants dans la conversation.

@Ángel Vidal

Peu fière d’elle, Anita fixe la petite ampoule au comptoir. Les informations qu’elle venait de donner à Àngel lui suffirait certainement à obtenir ce qu’il veut de la mutante sans avoir besoin de mettre en danger la vie de ses enfants mais pour autant, la scientifique n’était pas rassurée quant à l’avenir de sa collègue. Il faut dire que malgré les nombreuses fois où Anita subit les moqueries et les mesquineries de la part du personnel de l’entreprise où elle travaille, elle ne voulait pour autant causer de tort à personne. Au fond d’elle, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’espérer que l’homme assis en face d’elle soit honnête et ne désire rien de plus que de retrouver des gens. Elle savait qu’Emily serait punie pour avoir utilisé sa mutation pour gagner de l’argent mais elle espérait que tout ça se finirait dans un tribunal plutôt que dans une ruelle crasseuse où on ne retrouverait que son cadavre comme cela peut trop bien souvent se passer.

Pour autant, elle n’avait aucun regret. Il était nécessaire pour elle de savoir dans quoi elle avait mis les pieds. Scientifique accomplie, la jeune femme refusait de voir sa réputation entachée par un nouveau scandale. Si Trask manigançait encore des choses il fallait qu’elle le sache. Du regard, elle encourage l’homme à faire de même et à partager avec elle ce qu’il a pu découvrir. Si Anita n’avait pas grande confiance en ce que peuvent représenter les persécuteurs, elle espérait quand même qu’Àngel serait un homme de parole. Bien qu’elle ne le connaissait absolument pas, il dégageait quelque chose qui la poussait à croire qu’il tiendrait ses engagements, et c’est bien pour ça qu’elle avait tenu les siens malgré ce que cela pouvait impliqué.

Bien sûr, la scientifique n’était pas stupide et s’attendait à découvrir des horreurs au sujet de l’entreprise qui l’emploie. Pour autant, elle était loin d’imaginer l'existence d’une chose aussi tordue que la division M. Plus l’homme parle et plus le dégoût et l’envie de vomir monte chez la jeune femme. On dit qu’il faut toujours laisser une deuxième chance et que tout le monde apprend de ses erreurs, visiblement, chez Trask on aime être stupide. La jeune femme hoche la tête en entendant la théorie du persécuteur. Au fond d’elle, Anita sait qu’il a parfaitement raison. Trask n’aurait aucun autre intérêt à passer des accords si ce n’était pas pour faire des tests. « Merci pour vos informations et votre conseil. Je pense que vous avez raison, et que j’en sais déjà sans doute trop. » Elle soupire, en reculant sur son dossier. Il lui faudrait maintenant réfléchir à ce qu’elle voudrait faire de sa vie. « Je suppose qu’on a fini avec notre accord. Si vous n’avez pas d’autres questions, il est inutile qu’on s’attarde ici. » Après tout, ça reste un endroit véritablement à la limite de l’acceptable et la mutante n’avait guère envie d’y rester plus que nécessaire.  

@Ángel Vidal