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I know it hurts but it's for the best [Abigail]

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I know it hurts, but it's for the best
- Abby & Salem



« J’en peux plus. »

Je me lève de mon fauteuil et fait les cents pas dans ma chambre. Même avec le casque, j’arrive quand même à entendre les cris du bébé des voisins. Mais quelle idée de faire un truc qui braille à ce point sérieusement ? S’il a un problème, faut l’envoyer à l’hosto bon sang !

Mes pas me mènent jusqu’à la porte d’entrée de mon appartement. Je vais devoir aller leur parler. Ma main sur la poignée hésite. C’est que je  n’aime vraiment pas le contact social. Et encore moins pour aller me plaindre. Raaah. Mais si je n’y vais pas, il ne se passera rien. Mais s’il y a un grand baraqué, je vais peut-être me faire casser la gueule, on me dira qu’il fallait pas que je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Mais en même temps, si je ne fais rien, je suis peut-être entrain de faire une non assistance à personne en danger !

« Aaaah bordel ! »

Tant pis. Je veux que ça cesse, là c’est non stop, j’en peux plus ! Je me décide à ouvrir ma porte et à  me diriger dans le couloir pour sonner chez les voisins. J’étais persuadé qu’il n’y avait personne, en plus on m’avait promis un immeuble calme à mon arrivée. Le visage aussi neutre que possible, je sonne à la porte.

Mon visage affiche une grande surprise lorsqu’une petite dame à l’air un peu lointain m’ouvre. Peut-être que c’est la grand-mère du bébé ?

« Oh..euuuh, bonjour. Je hum, je suis le voisin d’à côté, Salem, et j’entends beaucoup de bruit venant de votre appartement, tout va bien ?
- Du bruit mon p’tit ? Quel bruit ?
- Et bien les pleurs du bébé...vous avez besoin que j’appelle une ambulance ?
- Des pleurs de bébés ? Mais il n’y a aucun bébé ici... »

On se regarde, perplexes. J’ai un sourire gêné. Je vais probablement passer pour un fou. Ou alors elle ne me dit pas tout. Mais soudain, un éclair de compréhension s’allume dans son regard. Mon sang se fige. Va-t-elle me dénoncer ? Elle me fait signe de la suivre à l’intérieur. J’hésite, longtemps, mais les pleurs incessants du bébé sont plus forts, j’ai vraiment envie que ça s’arrête. J’entre dans l’appartement, en espérant que ça ne soit pas un guet-apens.

La petite dame me mène jusqu’à une pièce, les pleurs sont de plus en plus forts. Elle me dit qu’elle s’en sert seulement de pièce de stockage, impossible de rester trop longtemps dans la pièce. Et puis elle me raconte, qu’il y a un peu plus de vingt ans, un couple a perdu son enfant et s’est séparé. Ils ont déménagé depuis, et elle s’y est installée. Je blêmis, m’avance dans la pièce. Pour une fois, le bébé s’arrête de pleurer, enfin, il m’a vu, il sait que je le vois aussi, que je l’entends. Mais je ne peux pas le toucher. Mon cœur se serre malgré moi. Je ne suis pas spécialement adepte des tous petits, mais le savoir là, abandonné pour toujours a quelque chose d’atroce. Et je sais maintenant que si je ne déménage pas, je l’entendrais toujours.

Je remercie ma voisine pour ses explications, je lui demande si elle sait où vivent les anciens locataires. Je crois qu’elle n’a pas besoin que je lui explique. Mon regard se porte sur le bébé dans son berceau ; invisibles aux yeux des autres, mais trop tangible aux miens. Je reviendrais. Voilà ce que mon regard lui dit à cet enfant. J’ai le nom de ta mère, je la retrouverais.

Mes pas m’ont reconduit chez moi, les pleurs n’ont pas repris tout de suite. J’ai tapé le nom qu’on m’a donné dans mon navigateur de recherches et j’ai fini par tomber sur The Equilibrium. Un restaurant ouvertement pro-mutants et tenu par celle que je cherche. Abigail Newman.

***

Je me tiens là, assis à une table un peu en retrait et j’observe. J’observe les personnes qui travaillent ici. Impossible de savoir qui c’est. Je cherche une femme d’âge mûr. Est-ce elle ? Elle a l’air épanouie. A-t-elle réussi à faire le deuil de son enfant ? C’est vrai que ça fait de nombreuses années. 1996, ça commence à faire. Mais est-ce qu’on se remet réellement d’une telle perte ? Sinon, pourquoi le bébé se serait-il remis à pleurer ? Elle a dû penser à lui récemment. D’ordinaire, j’aurais soupiré, encore et encore. Mais cette fois, je n’ai même pas hésité. Ce bébé est innocent, il ne mérite pas de rester bloqué dans cette vie. Il doit pouvoir avancer et se réincarner. Alors, tout ça ne me regarde peut-être pas, mais...je vais vraiment devoir bousculer la vie de cette femme.

Je me tords les doigts sur le menu. Je ne sais absolument pas quoi commander. Mon esprit se tourne dans tous les sens pour essayer de trouver une bonne façon d’aborder la discussion. Est-ce que je vais devoir venir plusieurs fois pour me rapprocher d’elle ? Est-ce que je ne devrais pas plutôt être direct et lui avouer ce que j’ai vu et ce que je sais ? Après tout, elle est ouvertement pour les mutants, je ne risque pas grand-chose non ? Mon pied s’agite sur le sol. J’aviserais...et bien, j’aviserais quand elle m’abordera pour prendre ma commande. J’espère sincèrement qu’elle a son nom écrit sur sa tenue. Si j’aborde la mauvaise personne avec un sujet pareil...je n’ose pas imaginer. Une femme qui correspond à la description s’approche de moi. J’ai l’impression de perdre mes moyens soudain. Malgré ça, je tente un pauvre sourire.

« B...bonjour. »

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I know it hurts, but it's for the best
step one : accepter de faire le deuil du passé

Un soupire lasse s'échappe de tes lèvres au moment où tu écrases ta cigarette pour retourner à l'intérieur. Tu n'as pas tellement l'habitude de gérer le service, tu as plus souvent le nez dans la compta, à t'énerver sur des tableaux excel et à marmonner contre vos fournisseurs. Mais, aujourd'hui, c'est un peu particulier. Ta femme est malade, il manque une serveuse, et tu t'es collée toute seule un tablier et un petit carnet pour noter les demandes des clients. Fin de ta pause réglementaire, tu retournes à l'intérieur pour retourner au service. Un rôle qui ne te va pas très bien, mais que tu dois bien assumer pour soutenir ta femme. Clouée au lit, ta partenaire ne peut pas vraiment faire autrement que de se reposer sur toi pour assurer le boulot qui est le sien.

Tu passes entre les tables, tu prends les commandes, tu les dictes à la cuisine. Et quand tu as terminé, tu recommences avec une autre table. Au fond, tu ne te plains pas tant que ça d'être occupée. Travailler, ça a toujours eu le mérite de vider ton esprit, de t'aider à ne plus penser. Et ne plus penser, c'est difficile en ce moment. Difficile, mais tellement vital. Tu ne sais pas pourquoi exactement, peut-être parce que le temps n'en fait qu'à sa tête, peut-être parce que tu es plus fatiguée en ce moment... mais tu as beaucoup pensé à Elliot, ces derniers jours.. Tu as trop pensé à lui, au risque de te noyer de nouveau dans la tristesse. Tu as regardé ses photos de naissance, tu as pleuré des heures en tenant son bracelet de maternité. Tu as appelé Mourad, vous avez remué les souvenirs. Comme pour ne jamais laisser partir votre fils. C'est tout le problème, Abby ; tu ne veux pas laisser partir ton fils. Vingt-six ans que tu portes ça, que tu te noies parfois dans les souvenirs, regrettant de ne pas avoir le pouvoir de changer le passé. Alors, oui, travailler, ça t'aide à oublier, au moins sur le moment.

Tes pas continuent de virevolter entre les tables, tu souris à quelques brides de conversation, tu contemples parfois votre œuvre, réalisé avec la femme de ta vie ; t'es fière de ce que tu as accompli dans ta vie. Fière de ce lieu safe où personne n'a besoin de justifier de son humanité. Tout le monde est humain à tes yeux, et tu te fous du quota de mutants assis sur les chaises de ton restaurant. « Abby, j'peux pas faire la table 15, tu peux ? » Tu acquiesces, déjà partie vers la dite table à laquelle un jeune homme aux cheveux platine s'est attablé. Jeune homme qui a l'air un peu nerveux, tu le remarques. « Bonjour, bienvenue à l'Equilibrium. Tout va bien ? » Tu lui souris par mimétisme, presque pour lui dire que tout va bien aussi, tout en sortant ton carnet pour pouvoir noter sa commande. T'as pas le talent de ta femme pour retenir plusieurs commandes sans te tromper si tu ne les écris pas. « Vous avez choisi, ou vous préférez que je repasse dans quelques minutes ? » Ton stylo est là, en attente au-dessus du papier.

T'es loin de te douter de la véritable raison de la présence de ce jeune homme ici. T'es loin d'imaginer que tu empêches ton fils de trouver le repos éternel. Comment pourrais-tu seulement savoir ou imaginer une chose pareille ? Pour le moment, ce jeune homme est simplement un client comme les autres, à tes yeux, et lorsqu'il parlera vraiment, tu te mettras à espérer qu'il le redevienne, finalement.

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- Abby & Salem



J’essaie de ne pas perdre mes moyens lorsque la femme que je pense être celle que je cherche s’approche de moi. Je le sens. C’est elle. Je le sais rien qu’à voir son regard. Rien qu’à l’aura qu’elle dégage. Elle a l’air assez fatigué. Je me sens tellement mal d’un coup. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle a l’air de s’inquiéter pour moi. Je dois avoir une sale tête à me torturer intérieurement sur la manière dont je vais lui présenter les choses…. Et qui suis-je pour me permettre de lui parler de quelque chose d’aussi intime ? Qui suis-je, moi qui s’apprête à lui dire quelque chose de douloureux à entendre. De quel droit ? Le regard du bébé me hante. Elliot, il s’appelle Elliot. Je déglutis difficilement.

« Oui...je, tout va bien pour moi mais euh... »

Enfin, façon de parler, j’ai aussi des soucis personnels, mais globalement, là tout de suite, ce n’est pas important. Elle me propose de repasser plus tard, et me laisser quelques minutes de plus pour commander. Je panique intérieurement, parce que si je la laisse faire je vais me dégonfler, c’est sûr. D’un autre côté,ça me laisserait davantage de temps pour formuler ma demande. Après, pas dit que je trouve une meilleure façon de faire si j’attends. Mon visage se tort dans une expression entre la gêne et la culpabilité.

« Est-ce que vous êtes Abigail Newman ? »

J’espérerais presque qu’elle me dise que non, que ce n’est pas elle, ça m’autoriserait à remettre à plus tard, mais, malheureusement pour moi, ou heureusement, je n’en sais rien au final, c’est bien elle. Je me tortille encore un peu les mains, puis lâche en essayant de la regarder dans les yeux, très sérieusement, scrutant avec attention ses réactions.

« J’ai besoin de vous parler de quelque chose de très personnel vous concernant. Je hum…. Je ne sais vraiment pas comment aborder le sujet, c’est délicat, je préfère vous montrer. Regardez. »

Je sors alors rapidement mon carnet à croquis de mon sac en bandoulière et l’ouvre à la page où j’ai dessiné le portrait de son bébé, avec la gourmette très visible affichant son prénom.

« Je sais pas si vous voulez en parler ici ou plutôt à l’extérieur ? Ou plus tard mais.. je suis désolé, ça fait très impoli mais je ne savais pas comment aborder le sujet. »

Je referme la bouche, l’observe. J’espère qu’elle ne me prendra pas pour un fouineur, un journaliste en manque de sensationnel qui va chercher à fouiller un passé douloureux juste pour le plaisir d’avoir un article à écrire. Je ne doute pas du tout de tout ce qu’elle a dû encaisser pour en être là où elle est aujourd’hui. Elle a visiblement reconstruit sa vie. Et moi, je viens ébranler tout ça. Je suis tellement désolé. D’un autre côté, le regard de cet enfant que seul moi peut voir et entendre m’a littéralement pris aux tripes, difficile de faire autrement que d’y penser. Alors me voilà, n’est-ce pas ? Je redoute tant la réaction de cette femme, de cette mère. La dernière chose que je veux c’est la faire déprimer. Je regrette presque de ne pas pouvoir demander à Matty de m’aider à rendre son bébé tangible. Pour une dernière étreinte.

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step one : accepter de faire le deuil du passé

Tu savais que ça allait être une journée de merde en te levant ce matin. Il y a des jours, comme ça, qu'on sent moins bien que d'autres, et ce jour en fait clairement partie. « Est-ce que vous êtes Abigail Newman ? » Tu sens déjà qu'un truc ne va pas. « Oui, c'est moi. » confirmes-tu cependant, te faisant violence pour ne pas froncer les sourcils et pour ne pas laisser paraître ta perplexité. Qu'est-ce qu'il te veut ? Est-il encore l'un de ces anti-mutants venus te cracher à la gueule toute la haine qu'il peut bien avoir pour toi et ton Refuge ? Ça, t'y es habituée. Ce n'est pas si rare que ça que des anti-mutants essaient de te déstabiliser, mais que l'un d'eux viennent directement dans ton restaurant pour ça serait une première. Un peu malgré toi, tes sourcils se froncent tout de même un peu. Tu ranges ton carnet et ton stylo, fais un petit signe à ton employée pour lui faire comprendre que tu risques d'être assez peu disponible.

Tu t'attends à tout, sauf à ce qu'il a à te dire. Tu t'attends à essuyer des remarques acerbes, à le foutre dehors toi-même. Mais tu ne t'attends pas à ce qu'il sorte un dessin trop familier. Le croquis de traits que tu ne pourras jamais oublié, de la gourmette que tu as toi-même acheté des années plus tôt. Ton rythme cardiaque s'accélère un peu. Tu reconnais ton fils, bien sûr. Tu le reconnaitrais même les yeux fermés. Tu ne t'en rends pas vraiment compte, mais le regard que tu poses sur le plus jeune se fait plus dur, lui intime de ne pas venir jouer sur ce terrain là. Parce que ce terrain est trop glissant. Parce que cet événement a détruit une partie de toi, que la souffrance est toujours aussi vive même vingt-six ans plus tard. « Je sais pas si vous voulez en parler ici ou plutôt à l’extérieur ? Ou plus tard mais.. je suis désolé, ça fait très impoli mais je ne savais pas comment aborder le sujet. » Tu fermes les yeux une demi-seconde, avant de te laisser tomber sur la chaise, face à lui. « Qui êtes-vous ? » Première question que tu te poses. Une question légitime.

« Qu'est-ce que vous me voulez ? » Deuxième question, probablement tout aussi légitime que la première, mais à laquelle tu ne lui laisses pas le temps de répondre, enchainant directement. « Je ne sais pas où vous avez trouvé une photo de mon fils pour pouvoir la reproduire. Mais ce que vous faites... Vous pouvez vous en prendre à moi, je m'en tape, je suppose que vous êtes un de ces anti-mutants qui se pense légitime à venir me faire chier. Mais pas sur ce sujet. » Ton ton sonne un peu comme une menace. Tu n'es pas méchante, tu ne l'as jamais été, mais il y a des sujets qu'il ne faut pas aborder. Des sujets difficiles, délicats. Destructeurs. Depuis ta chaise, tu avances un peu ton buste vers ton interlocuteur, toute prête à sortir les griffes. « Croyez-moi, je ne vous laisserais pas jouer cette carte avec moi. » Tu es tendue et ça se sent ; la situation est certainement un peu périlleuse pour le jeune homme, désormais.

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La voir se braquer par le regard, dans l’attitude, me met mal à l’aise. En même temps, je m’attendais à quoi ? A ce qu’elle me sourit et me raconte comment c’est arrivé ? Non évidemment. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qui lui passe par la tête actuellement. J’essaie d’avoir le visage le plus neutre possible mais je suis terriblement embarrassé. Le dessin de son bébé la touche plus que ce à quoi je m’attendais, j'ai été sacrément maladroit je crois. Je le sens. Elle me regarde durement à présent. Je pourrais me ratatiner, mais la seule pensée de laisser tomber maintenant me fait me sentir encore plus mal que la colère de cette mère en face de moi. Elle finit par s’asseoir en face de moi, plus à ma hauteur mais pas moins impressionnante. Je fais une moue inquiète.

« Salem, Salem Blackwood. »

Je ne tiens pas à lui cacher mon identité, je ne veux pas lui mentir, mais je ne suis pas capable de dire comme ça, de but en blanc, que je suis un mutant. Elle enchaîne de toute façon. Elle enchaîne avec une véhémence aussi intense que sourde lorsqu’elle s’adresse à moi. Elle gronde comme une lionne à laquelle on essaie d’arracher son petit. La cruauté de l’histoire, c’est que malheureusement, c’est déjà le cas et, je suis là pour aider son enfant. J’essaie de trouver tout le calme dont je suis calme pour tenter de l’apaiser, mais la réalité c’est qu’elle m’impressionne et que je me recroqueville sous ses propos, tout à fait légitimes vu la situation.

« Pardon, je.. mon but n’est pas de vous blesser ou de me moquer de vous. Je n’ai pas trouvé de photo de votre enfant. Et surtout, je ne suis pas anti-mutant. Je suis là parce que je l’ai vu, dans votre ancien appartement et j’ai besoin de vous… pour l’aider à trouver le repos. »

Les joues rosies par la gêne, je continue de parler à voix basse pour être certain que personne ne puisse nous entendre. Est-ce qu’elle va bien vouloir me croire au moins ? Je poursuis presque en chuchotant.

« La dernière chose que je veux, c’est vous mettre dans l’embarras. Je...les vois, comme vous et moi, je les entends, les morts, je veux dire. »

Parfois, je ne suis même pas capable de faire la différence et je me retrouve à contourner des personnes invisibles pour les autres. Je passe souvent pour un fou. Je me tais. Je viens de tout avouer, je n’ai plus qu’à espérer que sa réputation pro-mutants soit bel et bien vraie. Sinon je suis sacrément dans la merde. En même temps, vu ce qu’elle vient de me dire, le contraire serait vraiment inattendu. J’essaie de la laisser encaisser les informations que je viens de lui donner.

« Je suis désolé de vous parler de ça. Surtout comme ça. Mais est-ce que vous voulez bien y réfléchir ? »

Mes iris cherchent les siennes. On dit que le regard est le miroir de l’âme et je veux qu’elle puisse voir que je n’ai aucune mauvaise intention.

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step one : accepter de faire le deuil du passé

Il lui dit. Qui il est. Un prénom, un nom, parmis tant d'autres. Elle n'a aucun moyen de vérifier, elle ne va pas lui demander sa carte d'identité, elle n'y songe même pas, sourde et aveugle désormais. Abigail est prise dans le tumulte de ses pensées. Des mises en garde - des menaces presque - lui sortent de la bouche, se fracassent contre le blond qui semble se ratatiner face à sa réaction. Mais à quoi s'attendait-il ? À quoi pensait-il en venant ici chercher une mère brisée, une mère s'étant fait arracher le fruit de ses entrailles, ressentant chaque jour le manque, la douleur et la peine, une mère dont le cœur n'est encore qu'une plaie béante malgré les années ? Son fils aurait dû être adulte, aujourd'hui. Probablement du même âge que le gamin qui se trouve devant elle, environ. Elle voit bien qu'il est impressionné, ce qui n'a pas beaucoup de sens du point de vue du scénario qu'elle s'est fait. Il devrait jubiler. Il a réussi à piquer là où ça fait mal, à secouer ce qui perturbe. Il a réussi à ébranler ce que bien d'autres ne parviennent qu'à effleurer sans la faire vaciller.

Il a du courage, finalement, de réussir à reprendre la parole après tout ça. Après les mots lâchés, menaces percutantes et réelles. Abigail est une femme gentille, mais il ne faut pas aller trop loin. Il ne faut pas toucher aux sujets délicats, il ne faut pas venir fouiner dans un passé qu'elle peine à enterrer. Pile ce que Salem a fait. Pile ce qui la pousse à braquer son regard, étrangement perçant dans ces circonstances, sur le plus jeune. Parce qu'elle ne veut pas s'ébranler. Elle tient trop à tout ce qu'elle a construit pour perdre l'équilibre maintenant, face à des détracteurs qui tentent le tout pour le tout. Des anti-mutants, elle en a rencontré ; aucun assez doué pour fouiller suffisamment bien son passé. Aucun assez doué pour la faire reculer. Elle en a reçu, des menaces de mort, des mots familiers lancés à pleine vitesse, des tentatives pour vandaliser le Refuge ou l'Equilibrium. Mais jamais aucun anti-mutants ne s'étaient encore attaqué à ça. À son fils, perdu bien trop vite, bien trop jeune. Les mères ne devraient jamais avoir à enterrer leurs enfants, ce n'est pas dans l'ordre naturel des choses. Les sourcils d'Abby se froncent, alors qu'il parle. Elle s'humidifie les lèvres, sans le lâcher du regard.

Elle ne comprend pas ce qu'il raconte. Ou elle ne veut pas comprendre. Il a beau lui assurer qu'il n'est pas anti-mutant, qu'il ne vient pas pour remuer dans sa plaie encore ouverte le couteau responsable de sa plus grosse blessure. Elle ne comprend pas. « La dernière chose que je veux, c’est vous mettre dans l’embarras. Je...les vois, comme vous et moi, je les entends, les morts, je veux dire. » Abigail secoue la tête, lâche un rire nerveux. Les bras croisés, elle met de la distance physique entre elle et ce type, certainement fou à lier, en se reculant un peu. Mais est-il vraiment fou ? « Vous êtes un mutant ? » demande-t-elle, de but en blanc. « Un mutant capable de communiquer avec les défunts ? » Elle a toujours les sourcils froncés, comme si elle était incapable de se départir de cette expression. De nouveau, elle s'humidifie les lèvres, tic trahissant sa nervosité. Il n'a pas besoin de chercher bien longtemps le regard de la gérante, cette dernière flanque ses iris en ligne de mire des siennes, essayant d'y déceler quelque chose. Elle ne sait même pas vraiment quoi. « Qu'est-ce que vous attendez de moi exactement ? Je ne vois pas ce que je peux faire de plus. J'ai organisé ses obsèques, j'ai dû lui dire au-revoir alors que je venais de le rencontrer... Qu'est-ce que je suis censée faire de plus ? » Elle le met face à la réalité. Face à ce qu'elle a dû endurer, face à ce qu'il lui a fallu encaisser.

Mais ce fils, elle ne veut pas le laisser partir. Au fond d'elle, elle le sait. Elle sait instinctivement ce que Salem est en train de lui demander, mais elle ne veut pas voir la réalité. Elle ne veut pas avoir à lui dire au-revoir de nouveau. Elle ne veut pas avoir à lui dire au-revoir définitivement.  

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- Abby & Salem



Lorsqu’elle met des mots sur ce que je suis, je bloque. Je me fige. Je suis toujours passé au travers de cette considération. Je ne me suis jamais appelé mutant. Je n’avais personne à qui en parler de toute façon. Je suis une sorte de voyant qui communique avec les morts, avec un sixième sens particulièrement désagréable. Mais même si j’ai du mal à me définir mutant moi-même, je sens que ce n’est pas le moment de tergiverser.

« Oui, c’est bien ça. »

Son expression est fermée. La femme qui se dresse devant moi est si tendue que cela me rend nerveux aussi. Je suis sensible aux ressentis des morts, mais aussi ceux des vivants. Je prends sur moi pour ne pas laisser l’anxiété prendre le dessus. La vision de ce bébé, son regard a laissé une marque indélébile dans mon esprit. Je ne peux pas laisser tomber. Abigail m’assène ses douloureux souvenirs comme autant d’arguments qui prouve que je n’ai rien à faire là. J’ai mal pour elle, je ressens tout son chagrin de plein fouet. Je sais sans savoir, à quel point c’est dur. Mais, même si je déglutis avec difficulté, je campe sur mes positions.

« Son esprit est toujours dans votre ancien appartement, j’ai besoin de vous pour m’aider à le faire passer dans l’après. »

Mon visage se meut en une expression sincèrement désolée. Je ne doute à aucun instant que si l’enfant est toujours là, c’est que sa mère, en face de moi, n’est pas capable de le laisser partir. Comment la blâmer ? Elle l’a dit elle-même, elle lui a dit au revoir à l’aube de sa vie. Je n’ai jamais été parent, et ne le serais probablement jamais, mais la douleur de perdre un être cher, je la connais. Mon cœur est très serré. Mon souffle lourd et difficile. J’essaie de me défaire de cette crise d’angoisse qui s’amorce, qui s’insinue sournoisement, m’empêchant d’y voir clair.

« J’habite l’appartement d’à côté….et je l’entends pleurer depuis quelques jours. Ma voisine m’a raconté votre histoire, c’est comme ça que j’ai pu vous retrouver. J’ai trouvé cet endroit sur internet. Je…. »

Je reprends mon inspiration, j’essaie d’être aussi calme que possible, mais mon cœur bat très fort.

« Encore une fois, je suis vraiment désolé. En plus c’est probablement très égoïste de ma part, parce que… parce que le bruit des pleurs me réveille. Mais d’un autre côté, j’ai... »

J’hésite, car je sais que les paroles que je vais prononcer vont lui faire plus mal encore.

« ….vu son regard, et je suis incapable de l’oublier. C’est pour ça que j’ai pu le dessiner. Je sais que ce que je vous demande est difficile. Mais…. J’aimerais vous aider à le laisser partir. »

Je pense que ça lui ferait du bien, à elle aussi. Mais si elle refuse, je suis bon pour gérer un bébé fantôme ou déménager et culpabiliser pour le restant de mes jours ! Aucune des options ne me semble viable. Ni pour le bébé, ni pour moi.
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