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Lost in the dark. (Mikel)

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lost in the dark
i serve my head up on a plate, it's only comfort, calling late.. 'cause there's nothing else to do. every me and every you ---    @Mikel Oisín   



Incapable de retourner sur ses pas, de retrouver les portes de l'Institut, Samara avait fini par se perdre. Par s'égarer sur le fil de ses inquiétudes devenues trop oppressantes. Les jours continuaient de s’écouler inlassablement et le doute enflait, jusqu'à prendre toute la place dans la poitrine d'Ascii. Son cœur s'écrasait contre sa prison de chair et menaçait d'imploser tandis que l'esprit de Sam refusait de trouver une nouvelle lumière à laquelle s'accrocher.

Le portable en main, elle était là, assise à une table de café, une boisson chaude depuis longtemps oubliée trônant devant elle. Les traits élimés par la fatigue, elle regardait sa porte d'entrée sur le monde et fut envahie pour la première fois par un profond sentiment de vide.
Un vide vertigineux qui l'englouti toute entière jusqu'à ne plus rien laisser sur son passage. Pianotant alors rapidement, elle s'arrêta sur un lot d'informations qui précipita son souffle. Esprit au bord du gouffre de sa détresse, Samara finit par s'animer subitement.

Le raclement de la chaise qu'occupait jusqu'à là l’Hackeuse suscita un mouvement commun des anonymes qui lui octroyèrent enfin un semblant d'attention. Elle les ignora en se bornant à son objectif fou. Ancre dans un océan d'inconnus, elle traça dans son esprit le trajet qu'il lui manquait à parcourir et finalement commanda une voiture via son téléphone.

Merveille technologique qui lui évitait la moindre interaction, son téléphone lui trouva un chauffeur qui se présenta sur le trottoir au bout de longues minutes. Entrant dans le véhicule, elle ne fit que confirmer son identité et l'adresse d'arrivée avant de porter un regard absent sur le paysage défilant.

Une fois arrivée, elle paya sans un mot et ouvrit la portière. Quand s'était-il mit à pleuvoir ? Elle n'en savait rien. Sortant du véhicule, Samara avança jusqu'au trottoir pour s'y arrêter et fixer son regard sur le bâtiment qui se dressait devant elle. Le doute envahit finalement Ascii qui pensa à retourner dans le confort du pseudo-taxi qu'elle avait emprunté, mais celui-ci ne lui laissa guère le temps ou l'occasion de revenir sur ses pas tandis qu'il traçait à vive allure pour rejoindre de nouveaux horizons.

Samara resta alors ainsi quelques minutes, pantelante et incertaine, tandis que la pluie vint imbiber chaque fibre de ses vêtements. Sa chevelure brune ruisselante ne tarda d’ailleurs pas à obstruer sa vue, si bien qu'elle la dégagea d'une main rapide avant de se décider à.. Reculer. Repartir en direction.. D'où ? D’ailleurs.

Un ailleurs qui la figea et lui rappela au bon souvenir de son inquiétude, de tout ce qui l'avait amené là. Alors, sous une nouvelle impulsion née de l'irraison et de l'épuisement, elle se mit à courir en direction de la porte d'entrée. Arrivée devant, elle s'infiltra dans le système basiquement électronique afin de déverrouiller tous les accès et ne pas freiner son ascension vers la folie.

Continuant à courir, en empruntant les escaliers, elle grimpait en se vidant la tête. Elle grimpait au rythme de sa respiration saccadée par l'effort et la panique. Puis, sans s'arrêter, elle frappa dans la foulée à la porte de Mik.

Et là, elle aurait pu douter.
Elle aurait pu fuir à nouveau dans l'autre sens.
Se réfugier à l'Institut.

Mais Mikel ne lui en laissa pas le temps tandis qu'il ouvrit la porte. Samara redressa alors le menton pour porter son regard brun sur le sien. Était-il déjà aussi grand dans ses souvenirs ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Car s'ils n'avaient jamais cessé d'échanger au fil des années, elle s'était pourtant jusqu'à la refuser de le revoir.

A le revoir depuis ses dix-sept ans.
Depuis, elle n'était plus une adolescente.
Et lui, il ne s'attendait surement pas à la voir sur le pas de sa porte.

Trempée, Samara fut secouée malgré elle d'un tremblement induit par un frisson glacé. Muette, elle observa ainsi pendant un long moment son vis-à-vis, figée face à sa propre réflexion qui se mourait à petit feu.

Et puis, au bout d'un moment, elle souffla un simple et très éloquent.. « Je n'ai plus d'idées. » Le timbre brisé par sa déception toute personnelle, elle n'expliqua pas encore le pourquoi du comment, tout simplement parce qu'elle en était incapable. Croisant finalement les bras sous sa poitrine, elle ressentie enfin le froid induit par le tissu trempé contre sa peau frissonnante et s'inquiéta soudain d'une chose essentielle : Et s'il ne la reconnaissait pas ?

« Je.. C'est Sam. Samara. Tu sais.. Enfin, tu sais ? Non ? » Balbutia-t-elle maladroitement. Après tout, peut-être qu'il ne savait pas ? Qu'il ne savait plus ? Tout était possible. Tout.


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broken servant i kneel, find my humanity so i can breath again, save me from my sea of loathing so down with my sickness ---    @Samara Corvin    



Tu regardes le ciel s’assombri, devenir gris avant de se transformer complètement sous l’arrivé de massifs nuages. Assis sur le rebord de la fenêtre, celle qui menait directement aux escaliers de secours, la jambe droite à l’extérieur, le dos contre l’embrasure, tu laisses ta tête tomber contre celle-ci, perdu momentanément dans tes pensés. Tu laisses ta cervelle courir, pendant un instant, sautant d’idée en idée, sans vraiment te fixer sur une en particulier. Alors, dans cette optique des moins productives, tu décides d’allumer une cigarette, celle que tu crois être la dernière de la soirée. Parce que ce n’était jamais vraiment la dernière, mais tu aimais bien te mentir. Ça ajoutait du piment dans ton existence.

Clope entre tes lèvres et tes yeux bruns regardant maintenant les voitures passer rapidement dans la rue, tu te demandes combien de temps il te restait avant que la pluie n’éclate, avant que celle-ci ne recouvre l’horizon au complet. Tu aimais la pluie; tu aimais la noirceur qu’elle apportait avec elle,

Sentant la première goute tomber sur ta  tête, tu lâches un soupir avant de finir rapidement ta cigarette et de la jeter dans le cendrier extérieur. Parce qu’Ales n’aimait pas quand tu fumais dans l’appartement, te brisant les tympans avec “ça colle partout” ou une autre merde du genre. C’était pas comme s’il n’avait pas fumé à un certain point, ou qu’il ne piquait pas tes clopes quand il croyait que tu ne le voyais pas. Asshole.

Fermant légèrement la fenêtre derrière toi, parce que ton appartement merdique n’avait pas une vraie porte menant à la cage de secours, tu te déplaces aisément dans l’espace que tu habitais avec ton jumeau depuis les quatre dernières années. C’était réellement un trou: les murs de briques commençaient à se désintégrer avec l’âge, ta cuisine pouvait à peine contenir deux personnes de taille raisonnable (donc pas toi et Ales en même temps, ce qui rendrait le p’tit dej un complexe parfois) et votre salle de bain n’était pas en meilleur état. Elle était minuscule, un chef-d'œuvre des années 20, recouvert d’une belle tuile de couleur menthe qui semblait avoir connu de meilleurs jours. Tu étais chanceux d’être capable de rentrer dans la douche sans devoir te pencher pour te laver. Mais, malgré toute cette merde qui rendait ton appartement loin d’être idyllique, tu l’avais choisi. Vous l’aviez choisi. Et juste pour ça, tu refusais de t’en départir.

Tu ne t’attendais pas à ce que quelqu’un toque à ta porte, le son résonnant dans l’appartement. Toquer, en fait, ne semblait pas couvrir l’attaque que ta porte subie; quelqu’un frappait avec une force surprenante sur ta porte d’entré. Tu habitais dans un appartement miteux dans le Bronx, un appartement qui, même dans son état délabré, avait encore un système électronique qui fonctionnait. Donc, par cette logique, cela ne pouvait être qu’un de tes voisins de palier… Urg. Est-ce quelqu’un était en train de mourir? Est-ce que ça devait te faire quelque chose si c’était le cas? Tu ne connaissais pas tes voisins et c’était comme ça que tu voulais que ça reste. T’aimais rarement les gens… Fronçant des sourcils, tu avances vers la porte jaunie avec le temps, la confusion se mélangeant avec une petite dose de frustration. C’est avec cette mentalité et cette attitude loin d’être accueillant que tu ouvres la porte sans même vérifier qui pouvait être de l’autre côté.

Tu tombes presque sur ton cul quand tu la vois devant ta porte. D’un coup, cette attitude de merde que tu avais plaquée sur ton visage en réponse envers tes potentiels voisins s’efface comme si elle n’avait jamais été imprégné dans tes traits. Tenant le cadre de porte de la main, il fallait bien se tenir sur quelque chose quand ton passé essayait de briser ta porte d’entré, tu la regardes de la tête au pied. La dernière fois que tu l’avais vu, tu n'avais que dix-neuf ans et elle ne ressemblait pas à… ça. Okay, pas complètement à ça, mais fuck. Elle était là, trempé de la tête au pied, si petite que tu devais pencher la tête pour la regarder. Si longtemps sans la voir, tu commençais à recoller les morceaux de la femme devant toi à celle de tes souvenirs quand elle ouvre la bouche. Et qu’elle dise quelque chose, sans contexte ou explication, une phrase qui sort de nulle part. Tu te retiens de laisser échapper le sourire charmeur qui veut se glisser sur tes lèvres. Finalement, avec toutes ses années à ne pas se voir, à n’échanger que des textos, elle n’avait absolument pas changée d’une miette.

Elle croise finalement les bras, tirant ses vêtements mouillés contre sa peau, un frison se glissant momentanément sur sa peau. Elle est inconfortable, c’est clair à tes yeux par ses mouvements, par son regard qui te scrute l’instant suivant. Mais tu étais un salop; tu voulais seulement la regarder. Comme si tu avais besoin d’un instant pour que ton cerveau enregistre réellement qu’elle était bel et bien là, devant toi, qu’elle avait grimpé plus de six étages pour arriver à ta porte. Et quand, finalement, tu ouvrais la bouche pour lui répondre, elle te lance cette petite phrase, douce et maladroite, questionnant ta mémoire. Est-ce que tu sais je suis qui? Là, que pouvais-tu faire d’autre?

Tu laisses le sourire charmeur et doux (ouais tu en étais capable parfois) se glisser sur tes lèvres. Lâchant ton emprise sur le cadre de porte, tu te détaches de celle-ci, glissant ton bras gauche dans l’espace qui vous séparait. Doucement, oh si doucement, pour ne pas lui faire peur, tu poses doucement tes doigts sur sa tempe, glissant une mèche de cheveux mouillés derrière son oreille. Ta voix, ton accent Australien se faufilant aisément autour de chacun de tes mots, remplit l’espace entre vous deux. « Comme si c’tait possible. » Mèche placer derrière son oreille, tu ne peux t’empêcher de glisser le bout de tes doigts le long de sa mâchoire. « J’t’ai manqué, love? »


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Dans un silence timide mêlé d'une certaine incrédulité, le face à face des retrouvailles improvisées par l'urgence se jouait. L'esprit déraillant, Samara n'avait rien trouvé de mieux que de frapper à cette porte-là. Des années après avoir décidé de ne plus le voir, des années après avoir décidé d'intégrer l'Institut. Des années après avoir décrété que leur seule relation à distance serait suffisante.

Et pour la première fois, elle faisait mentir ses convictions en transgressant ses propres règles, parce qu'une étrange petite voix lui soufflait que Mikel était le seul à pouvoir la réconforter, à la sortir de cette asphyxie mentale qui l’emprisonnait. Il était le seul capable de chasser les ombres paradoxales qui l'étranglait bien assez pour l'empêcher d'être.. Elle.

Le rationalisme mit sur pause et la pluie battante avait dressé un tableau inédit de Samara qui se prenait à douter face à un Mikel devenu adulte. Si sa beauté avait grandi avec les années, un seul regard échangé lui suffit à retrouver le jeune homme d'hier. Celui qui avait brisé tous les tabous de sa réserve, celui qui avait bousculé ses habitudes. Celui pour qui elle avait ressentie ses premiers émois. Le souffle court, Sam ignorait si elle devait s'inquiéter du silence instauré entre eux ou s'en rassurer. Pour autant, la panique ne dura guère plus longtemps tandis que Mikel se rapprochait pour venir replacer une de ses mèches de cheveux.

Frisson remontant l'échine jusqu'à l'irradier tout entière d'une chaleur poignante, Samara sentait le rouge monter à ses joues tandis qu'elle baissait un instant le regard. A sa question, elle ne trouva rien à répondre ; Rien que sa réserve naturelle lui autorisa. Alors, au lieu de cela, elle se laissa guider par une impulsion qu'elle prenait trop souvent à cœur d'ignorer.

Elle se rapprocha pour délier le peu de distance qui les séparait et ainsi venir se blottir contre lui. Bras plaqués contre sa propre poitrine et mains jointent en conséquence, elle se réfugiait contre la chaleur de Mikel en fermant fortement les yeux. Et tandis que son incapacité habituelle à étreindre quiconque ressortait clairement, elle ne put retenir un tremblement qu'elle apaisa en venant humer le parfum du mutant.

« Tu sens comme dans mes souvenirs.. » Murmurait-elle sans bouger tandis que la peur d'être laissée sur le pas de la porte et de ses émotions gonflait peu à peu en elle. « Je.. Désolée. Désolée. » Les excuses pleuvaient, accompagnant les nuages d'incertitude qui voilaient sa témérité. Ainsi relevait-elle le menton pour tenter de l'observer. Mais l'écart de taille rendit son effort colossal. « Je sais que j'ai dit que ça me convenait qu'on se voit pas, mais là.. Là, c'est différent. »

Son front revenait se caler contre le torse de Mikel alors qu'elle bataillait contre la multitude de ses inquiétudes brouillonnes. « Juste pour cette fois, s'il te plait, ne m'en veut pas. Ne me laisse pas sur le pas de ta porte. » Elle parlait. Elle parlait plus qu'elle ne l'avait jamais fait avec quiconque. Elle parlait en étant plus proche qu'elle ne l'avait jamais été avec quiconque. « J'ai besoin.. De toi. » Confessait-elle finalement dans un murmure à peine audible avec un nouveau frisson porté par le froid.

Glacée intérieurement par ses peurs, elle se laissait finalement guider par son instinct, tant et si bien que son seul refuge avait été de trouver l’appartement de Mikel.
Dans un besoin de retrouver sa chaleur oubliée depuis longtemps, Samara faisait momentanément abstraction de toute sa réserve alors même que sa timidité l’amenait tout à la fois à rougir et à dérailler sporadiquement dans ses paroles. Et si dans son esprit, elle était persuadée de ne pas mériter tant d’attention de la part de Mikel, elle forçait néanmoins les évènements afin de contrer le précipice de désespoir qui ne demandait qu’à l’engloutir toute entière. Désarroi pour désarroi, elle misait tout sur son premier fol amour inavoué.



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Quand tu avais marché vers ta porte d’entrée, quand tu avais ouvert cette porte ayant une densité similaire à du carton mouillé, tu n’avais jamais pu imaginer ce qui se trouvait de l’autre côté. Non, tu ne l’avais jamais vu venir, n’aurais jamais pu le deviner. Tes yeux tombes, ta tête se penchant presque au max pour que ton regard se pose sur la personne qui avait toqué à ta porte avec autant de férocité. Il n’y avait qu’une seule qui n’aurait aucune peur de faire une telle chose. Elle.

Samara.

Ça te prend un moment avant que ton cerveau et tes yeux commencent à fonctionner en même temps, à accepter l’information que l’un envoyait à l’autre. Qu’elle était vraiment là, devant toi, dans se putain de taudis que tu appelais ton chez-toi. Bon, le corridor devant ton chez-toi. Tu avais été surpris, voir même choqué, de la voir. Fuck, tu ne l’avais pas vu depuis des années, pas depuis le moment où elle a déménagé loin du Bronx, loin de toi. Le jour où votre relation c’était transformer à la voir à tous les jours à une photo sur ton portable.

Tu avais suivi ces règles, te disant que ce n'était pas un problème de ne plus la voir, de ne pas vraiment être en contact avec elle. Elle n’était que ta voisine, après tout; il n’y avait pas grand-chose qui tramait entre elle et toi, rien de sérieux ni de défini. Elle était simplement Samara… C’était ça que tu t’avais dit pendant les premières semaines, le premier mois. Mais, plus le temps passait et plus la distance commençait à te peser. Ça t‘énervait, te démangeait comme tu n’aurais jamais pu le prédire ou même de le comprendre. Tu trouvais le tout si chiant; de ne pas savoir réellement où elle était, ce qu’elle faisait, avec qui elle était. Mais comme le con que tu étais, tu refusais d’admettre quoi que ce soit.
Tu n’avais toujours rien à dire là-dessus.
Probablement.

Alors dire que voir Sam, en chair et en os, te foutait un peu sur ton cul était un putain d’euphémisme, vraiment, quand, à chaque fois que tu voyais son nom apparaître sur ton portable, quelque chose serrait dans ton estomac. Mais ça, on n'en parlait pas non plus.

À tout jamais l’homme galant que tu étais, tu avais pris ton temps et tu l’avais admiré. De la tête au pied, ton regard s’y était glissé, avait admiré la femme qui avait remplacé l’adolescente que tu avais jadis connu. Parce qu’elle était loin d’être encore cette petite chose qui sursautait à chaque bruit qui résonnait dans votre immeuble merdique. Qui, la première fois qu’elle t’avait vu en arrière d’elle dans l’escalier, avait échappé le son le plus aigu que tu avais jamais entendu de ta vie. Un son qui te fait toujours sourire en y repensant. Non, elle avait grandi, ta petite douceur. Et tu étais assez satisfait de ce que tu voyais à la surface. Fuck, elle avait toujours été une beauté quand vous étiez tous deux ados, mais maintenant? Il n’y avait pas un centimètre de cette femme qui n’attirait pas ton attention, qui ne te donnait pas envie de la toucher, de prendre, de posséder.

Est-ce que c’était pour ça que tu avais tendu ton bras dans sa direction, que tu avais glissé tes doigts contre sa peau et replacer une mèche trempée derrière son oreille? Est-ce que c’était simplement ton désire de jouer, de manipuler, de charmer qui t’avait poussé vers le mouvement? Tu te dis que ce n’est qu’une vieille habitude, que tu avais toujours agi de cette manière, que tu avais toujours été trop tactile pour ton propre bien. Mais tes gestes n’avais jamais été aussi… doux ou retenu, n’avais jamais été utilisé pour susciter une réaction de leur part; ils avaient toujours été pour ton plaisir, pour ce que le toucher pouvait t’apporter. Jamais pour eux, toujours égoïste dans sa nature. Mais quand tu vois le rouge monter doucement sur les joues de Sam, quand tu sens le frisson parcours son corps par ton toucher, tu ne peux pas refuser d’admettre que c’était pour ça, que tu l’avais fait. Parce que c’était toujours si satisfaisant de la voir réagir aussi ouvertement à toi.

Tu ne bouges pas d’un centimètre quand elle s’avance dans ta direction, quand, tout doucement, elle se blottit contre ton torse. Bras contre sa poitrine, mains jointes, ce n’est que son front qui tombe contre toi. Honnêtement, le tout était loin d’être la définition d’un câlin. Mais pour elle? C’était une réaction massive; ce n’était jamais elle qui touchait en premier, jamais elle qui demandait le contact physique que toi tu désirais ardemment de tous. Et le fait qu’elle avait pris ce pas, qu’elle avait elle-même initié le contact, aussi petit soit-il, te faisait fondre de l’intérieur.

Monologue intérieur pour te forcer à te calmer, parce qu’elle était volontairement contre toi et ton cerveau essayait de contrôler les pensées qui se bousculaient dans ta tête, ça prend toute ta détermination pour finalement relaxer contre elle. Incapable de dissimuler le frisson qui parcourt momentanément ta peau par la proximité de vos corps, tu ne fais que l'observer, ta petite douceur. Glissant doucement le bout de tes doigts le long de son omoplate gauche, tu penches ta tête vers l’avant, essayant de te rapprocher autant que possible. Elle ne t’arrivait même pas au milieu du torse… Tu es impuissant quand le déclic se fait dans ta tête qui te dit qu’elle était exactement où elle devait être. Contre toi. Mine.

« Hey… chut… » Tu glisses ta main en arrière de sa nuque, le bout de tes doigts s’enfonçant dans ses cheveux à la base de son cou. Tu pouvais entendre ses émotions montées, se serrer dans sa gorge. Pourquoi avait-elle peur que tu la refuses, que tu te fâches contre elle? « Pas d’excuses. » Tu serres doucement ta main, petite pression pour qu’elle comprenne que tu étais complètement sérieux. « Pas avec moi… » Mais putain elle venait d’où cette voix? Cette personne que tu étais quand elle était là? Tu te reconnaissais à peine…

Pourquoi est-ce que chaque mot, chaque phrase qui sortait de sa bouche te frappait de plein fouet? Tu voulais savoir ce qui s'était passé avant qu’elle te trouve, avant qu’elle n’arrive ici. Mais même toi, tu savais que ce n'était pas le moment de la questionner. Et le fait qu’elle était venu ici, instinctivement ou non, t’inquiétait autant que ça te faisait fondre. Putain, tes émotions étaient partout… Tes doigts se glissent de sa nuque vers son oreille. Pourquoi est-ce que tu étais incapable de garder tes mains pour toi…? « Bé… Pourquoi est-ce que j’t’en voudrais pour quelque chose que j’veux ? » Parce que tu n’avais jamais désiré cette putain de relation à distance. Ce n'était pas parce que tu ne lui avais pas dit que tu avais été d’accord avec son plan. Tu n’avais simplement pas voulu être un enculé en la forçant de te voir.

J’ai besoin…de toi. Fuck, fuck, fuck. Elle essayait de te tuer. Lâchant un grognement, tu grognais maintenant?, tu ne peux t’empêcher de te pencher, de plier des genoux. Tes yeux directement dans les siens, tu glisses tes mains sous ses cuisses et la soulève dans tes bras, forçant ta petite douceur à s'agripper à toi. Tu savais que c’était probablement trop de contact pour elle, mais tu n’avais pas été capable de faire autrement. Et, parce que ce n’était clairement pas assez pour toi, tu déposes tout doucement ton front contre le sien avant de murmure « Tu m’as... » Parce que c’était vrai; elle t’avait toujours eu, même quand elle était tu-ne-sais-pas-trop-où. Refoulant cette admission dans un recoin de ta tête, tu te tournes et rentre dans ton appartement maintenant assombrit par la pluie torrentielle, ou par ta mutation, tu n’étais pas certain. Fermant la porte du pied, tu t’enforces dans l’espace que tu partages avec ton frère, marchant d’un pas déterminer vers ta salle de bain. Elle était complètement trempée… Shit.  

La déposant doucement sur le comptoir, ton corps toujours entre ses cuisses, tu agrippes la première serviette propre à ta portée. Ignorant que tu étais toi-même maintenant trempé, ton chandail collant contre ta peau, tu déposes doucement la serviette sur la tête de Sam. Occupant tes mains en essayant de sécher un peu la tête de ta petite douceur, tu examines l'état de ses vêtements. «…Shit. » C’était pas le moment de l’admirer et … « Tu es…. » Con. T’étais con. Prenant une respiration, parce que lui sauté dessus n’était pas une option en ce moment, tu déposes ton front contre le sien comme si le tout pouvais te calmer. Il fallait que tu te calmes... « Bé, tu vas devoir te changer… »


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Esprit écartelé par une multitude de craintes et corps fragilisé par le froid absorbé ; Samara se retrouvait sur la corde raide de son épuisement autant mental que physique. Les frissons dégringolaient sans cesse le long de son échine faisant frémir son épiderme dissimulé sous les couches successives de vêtements.

Sam cachait.
Comme elle avait toujours dissimulé.

Pour autant, Sam se dévoilait.
Comme elle ne l'avait jamais fait jusqu'à là.

Sur le pas de cette porte, elle ignorait ce qu'elle attendait, ce qu'elle pouvait ressentir face à Mikel. Des années étaient passées ; des années qui les avaient séparés parce qu'elle l'avait souhaité. Et aujourd'hui, Samara faisait marche arrière. Elle revenait sur sa parole silencieuse, celle de se contenter d'une amitié distanciée par ses angoisses et ses habitudes de solitude.

Persuadée d'être la seule à ressentir, la seule à aimer, la seule à vibrer ; elle s'était contentée de peu pour lui offrir le plus par son absence. Elle s'était contentée d'exister au travers d'un nom et de mots échangés qui avaient tissés une toile dense de relation au fil des jours et des nuits de partage.

Aujourd'hui comme hier, elle ne voyait que lui, et c'était pour cela qu'elle se retrouvait sur le pas de cette porte qu'elle n'aurait pas dû trouver. Habitée d'un sentiment d'urgence, c'était le visage de l'adolescent devenu adulte qu'elle avait vu s'imprimer dans son esprit pour la rassurer. Alors.. Samara avait fait ce qu'elle savait faire de mieux ; chercher et trouver.

Mais après l'urgence était finalement venu le torrent d'inquiétude. Une inquiétude de ne pas être reconnue, de ne pas être assez bien pour être acceptée. La peur du rejet s'était imprimée dans chacun de ses mots tremblant jusqu'à lui faire briser son ultime règle. Ne jamais s'approcher. Ne jamais toucher.

Contre Mikel, elle avait supplié comme elle ne l'avait jamais fait.
Contre Mikel, elle avait eu envie d'être assez pour mériter une étreinte.
La sienne.

Et lorsque finalement il vint glisser ses doigts à sa nuque, elle en frissonna. Un peu pour le froid et l'humidité, beaucoup par le contact de sa peau contre la sienne. Les mots qui suivirent lui firent retrouver un souffle qu'elle avait perdu malgré elle. Les paupières closes pendant quelques secondes afin de savourer cet entre-deux de relâchement, elle penchait le visage sur le côté, accueillant sa main à l'orée de son oreille.

« Parce que.. Je suis partie. » Confessait-elle, le regard dorénavant mi-clos, laissant filtrer l'ombre de ses pupilles assombries par ses pensées. « Je suis partie et je pensais que ça irait si je ne revenais pas. » Mais ça n'allait pas finalement. Ça n'allait pas du tout.

Et ça, elle n'avait pas besoin de le verbaliser tant son silence parut éloquent, tant son regard à nouveau ouvert et posé sur le sien parlait de lui-même. Livre ouvert sur ses émotions, le regard brun de la mutante scrutait longuement les traits de son ami.

Quelques années avaient suffi à le changer, à faire de l'adolescent un homme qu'elle n'aurait jamais pu espérer atteindre. Les traits taillés dans l'assurance, elle avait cette sensation qu'il était tout ce qu'elle ne serait jamais. Qu'il serait à jamais le charisme dont elle serait pour toujours dépourvu.
Et tout cela, parce qu'elle ne se voyait pas dans ses yeux.
Elle ne voyait que lui.

Rien que lui. Juste assez pour finalement lui faire articuler son ultime confession ; celle du besoin impérieux de sa présence. En réponse, le grondement percutant de Mikel la prit de court alors qu'elle se figea. Le voyant arriver à sa hauteur, elle riva son regard dans le sien et s'y perdit pendant de longues secondes avant de se sentir soulevée. Un cri aigue de surprise lui échappa tandis qu'elle se raccrochait tout à coup à la nuque masculine. Cuisses crispées autour de sa taille, elle se tenait pour éviter de tomber tandis qu'un tremblement se faisait sentir dans l'ensemble de son corps.

A quel moment avait-elle perdue autant de force ?
Le coton se rependant de ses orteils à ses genoux continuait son ascension en aspirant peu à peu l'énergie vitale de la mutante. Elle se sentait si fatiguée. Epuisée.

Pourtant, elle tenait bon.
Juste assez pour entendre son murmure.

« Merci.. » Soufflait-elle en réponse tout en fermant les yeux un moment. Front contre front, elle le remerciait pour tant de choses à la fois qu'elle renonça à faire une liste.
Elle se délesta également de sa crainte de la distance, parce qu'elle avait besoin de sa chaleur, de sa présence. Et qu'il fût le seul réconfort en ce monde pouvant l'apaiser.

Depuis quand ? Elle ne savait plus.
Pourquoi y avait-elle alors renoncé ? Parce qu'elle ne méritait pas une telle attention.

Encore et toujours le mérite. Ce poison courant dans les veines de ses peurs les plus ancrées. Et pourtant, c'était ici qu'elle était, parce qu'elle repoussait les limites de son improbable et provoquait sa chance dans le malheur des évènements. Ainsi, grâce à Mikel, elle sentait la peine refluer tandis que son esprit s'essorait peu à peu de sa nervosité.

Le corps las se laissait poser sur le plan de la salle de bain tandis que Samara était prise d'un sursaut immédiat malgré la douceur du geste. Ses mains quittaient la nuque masculine pour glisser lentement jusqu'au pull humide. Il était trempé, à cause d'elle ; à cette idée, une moue se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle relevait son regard sur le sien pour le voir l'observer comme aucun autre ne l'avait fait jusqu’alors.. Du moins, à sa connaissance.

Instinctivement, elle baissa le regard vers le torse de Mikel et senti le rouge lui monter aux joues. La serviette sur la tête, elle se laissait faire pendant de longues secondes avant d'attraper du bout des doigts le pull humide et tirer sensiblement dessus.

« Je t'ai mouillé.. Pardon. » S'excusait-elle, encore une fois malgré elle, sans pour autant lâcher le pull qu'elle conservait entre ses doigts. Au contact de son front contre le sien, elle eut un soupir en fermant les yeux. Peau contre peau, celle de Samara se révéla d’ailleurs sensiblement plus chaude que la normale alors même qu'elle fermait les yeux en demeurant immobile. Sage comme une image.

Un nouveau frisson remontait le long de son échine jusqu'à se rependre dans chacun de ses membres tandis que ses cuisses se détendaient enfin de la crispation de s'être accrochée subitement lors de son déplacement.
Le souffle lent, elle relâchait le pull de Mikel afin de poser sa main contre son torse dans un contact caressant tandis que la seconde remontait à sa propre tempe. Le regard toujours clôt, elle ne répondait que d'un.. « Mh.. » Evasif proche d’un gémissement à son injonction à se changer.
Elle ne savait pas si elle avait envie de le faire.

Un moment de flottement plus tard, elle se décida enfin et récupéra ses mains pour défaire la fermeture de sa veste en cuir et l'ôter. Vêtement échoué derrière elle, elle agrippait son sweat pour l'ôter avec un effort qui lui parut excessif sur l'instant. Il se ponctua d'ailleurs d'un soupir jusqu'à ce qu'elle repose son regard sur son débardeur trempé qui lui fit croiser les bras sur son propre corps et rougir de plus belle.

A l'orée de sa poitrine, à ses bras et en dessous du tissu se devinait des cicatrices. Mais ce n'était surement pas le plus inquiétant tandis qu'elle relevait son regard passé d’un brun ordinaire à un violine vibrant sur Mikel. « Je n'ai pas.. De vêtements pour me changer. »

Conscience à cheval entre la réalité et la projection qui se façonnait dans ses prémices, Samara se retrouvait à penser de manière simple, dépourvue de ses angoisses habituelles.. Hormis pour sa pudeur récalcitrante. Inconsciente de son état dont les esquisses furent fugaces, elle revenait plutôt ancrer son regard dans celui de Mikel.

« Je sais que tu as surement.. Mille fois mieux que moi autour de toi mais.. » Un léger sourire timide se dessinait sur ses lèvres alors qu'elle murmurait finalement ses dernières paroles. « Tu m'as beaucoup manqué. »

Confession inhabituelle, Samara avouait à demi-mot que leur distance n'avait pas été suffisante. Elle n'avait pas été assez pour étouffer ce qui était né entre eux des années auparavant. Maladroite dans ses paroles, elle n'expliquait pas davantage son ressenti, laissant autant ses pensées que ses gestes en suspens alors qu’en temps normal, elle aurait fui cette promiscuité.



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Ton univers semblait tomber de son axis.  

Ta tête, tes émotions, tes putains de pensés semblaient glisser, changer et se transformer en quelque chose que tu ne savais même pas comment définir. Tu étais déstabilisé par ta nouvelle réalité, par cette présence qui n’avait jamais réellement choqué, seulement distrait, qui avait toujours attiré ton regard sans toute fois être complètement absorbante. Jusqu’au moment où elle est parti, enfui loin de toi, de ton toucher, de ton essence. Avant qu’elle ne te demande d’accepter une relation virtuelle insatisfaisante dans ce monde ou le toucher était synonyme de vivre.

Un moment qui avait fissuré quelque chose en toi, briser ce déni qui entourait ta relation avec elle, qui te poussait à dissimuler ton affection dans un des recoins les plus sombres de ton être. Parce que tu avais trop vécu, trop vu, pour croire qu’elle n’était autre chose qu’une attraction passagère.

Il fallait tout perdre pour comprendre qu’elle n’allait jamais l’être.
Qu’elle était tout, qu’elle bouffait chaque partie viable de ce qui restait de toi. Qu’elle donnait une lumière dans la noirceur qui recouvrait ce qui restait de ton âme. Parce que s’il restait quelque chose, elle n’appartenait qu’à une seule personne.
Elle. Always.

Elle se blottit contre ton toucher, fermant les yeux quand elle penche sa tête pour mieux accepter la chaleur de ta main. Ton estomac se serre par cette douceur, par cette sécurité et ce désir que tu vois momentanément dans ses yeux d’être toucher par toi. Qu’avais-tu fait dans cette putain de vie pour mériter autant de confiance? D’être digne d’elle? Tu étais recouvert de la tête au pied de sang, de violence. Tu n’étais rien comparé à elle, qu’une carcasse utilisée et souillée. Et malgré ce dégoût que tu portais à toi-même, cette entité que tu cachais sous une dose parfois nauséabonde de charme, tu savais que tu ne méritais même pas une seconde de son temps. Mais tu étais égoïste, incapable de te départir d’elle, incapable de ne pas être avec elle quand elle était devant toi, quand elle te regardait avec autant de douceur.

Elle était… trop et pas assez en même temps… Ton début et ta fin… et si tu devais crever demain, au moins elle t’avait fait ressentir quelque chose d’autre que haine et violence et dégout.
Elle t’avait montré à vivre.

Je suis partie et je pensais que ça irait si je ne revenais pas. Les mots se bloquent dans ta gorge, tes yeux bruns cherchant ses traits. Tu avais envie de lui dire qu’elle n’avait pas eu besoin de partir du tout, que tu n’avais voulu cette distance. « Bébé… » Depuis quand tu l’appelais ainsi? Depuis quand est-ce que tu avais l’impulsion de lui donner ce petit nom comme si elle était à toi? Mine, mine, mine. Doucement, si doucement que tu ne savais pas si c’était pour elle ou pour toi que tes mots sortaient en un murmure. « T’as pas besoin d’partir c’te fois-ci… » T’as qu’à rester, parce que c’est ici de tu dois être. Part pas, part pas… Ton regard dans le sien, tu ne verbalises pas plus que ça, pas plus que tu étais capable. Tu avais toujours été honnête, toujours ouvert avec tes idées, avec ce que tu voulais, mais ça…? Tu ne pouvais pas le lui demander, tu refusais; parce que quand elle allait décider de partir à nouveau, tu savais que tu allais la laisser faire. Parce que ce qu’elle voulait était plus important que ton désir d’être avec elle.

Et jusqu’à ce que ce jour inévitable n’arrive, qu’elle décide de se sauver de l’homme que tu étais, tu refusais de t’abstenir, de te retenir. Tu allais profiter de chaque moment, de chaque instant qu’elle allait te donner. Alors tu fais la chose que tu avais voulue faire il y a si longtemps, que tu n’avais pas osé, de peur que ton contact ne la terrifie. Que tu la perdes parce que tu avais trop voulu, trop vite. Tu te penches donc, glissant légèrement tes mains autour des cuisses de ta petite douceur, la soulevant aisément du sol comme si elle ne pesait absolument rien.

Ses mains autour de ton cou, ses cuisses se resserrant autour de tes hanches… Le tout était euphorique, mieux que tu ne l’avais imaginé dans tes rêves. Sans oublier du petit son aigue qui s’échappe de ses lèvres quand elle réalise qu’elle ne touchait plus le sol… Mais, la meilleure dans toute ça, c’est qu’elle ne te demandait pas de la déposer; non, elle s’agrippait à toi, son corps contre le tien et c’était juste… Si t’avais un coeur, tu savais qu’il craquerait. Elle semblait encore plus petite, maintenant qu’elle était dans tes bras, maintenant qu’elle était à ta hauteur et que tu pouvais aisément déposer ton regard dans le sien. Samara… Elle semblait fatiguée, épuisée par les événements. Et quand elle te remercie, un merci qui semblait plus prenant que les deux mots que tu lui avais murmurés, tu ne peux pas t’empêcher de resserrer tes mains sur ses cuisses. Elle n’avait jamais besoin de te remercier; tu aurais rampé à même le sol si elle te l’avait demandé.

Quand tu arrives finalement dans ta salle de bain et que tu la déposes doucement sur le comptoir, tu regrettais déjà de la distance que tu venais de créer. Tel un automatisme, ta main gauche serre légèrement la hanche de la brunette, essayant de l’ancré par ton geste. Tes yeux dans les siens, tu te penches vers elle essayant d’ignorer cette sensation de vide qu’elle avait créée en retirant ses mains de ton cou.  « Chut… hey… j’t’ai… » Toujours.

Tu ne savais pas que ça ne prenait pas grand-chose pour être distrait. Pas quand ça venait d’elle, clairement. Tu es déconcentré par sa main qui s'était glissé sur ton torse, sur ton pull maintenant mouillé. Tu savais que tu devais te concentrer sur le fait qu’elle était mouillée, qu’elle frissonnait dans ses vêtements, sur la serviette que tu avais mise sur sa tête pour justement l’aider à ne pas mourir d’hypothermie. Mais ton attention n’arrêtait pas de se diriger vers la chaleur de sa main, vers ses doigts qui venaient de se glisser sur le matériel trempé avant de l’agripper. Ton contrôle tenait déjà à un fil et le fait qu’elle t’agrippait, qu’elle mentionne que tu étais bel et bien mouillé toi aussi? C’était un rêve et un cauchemar mélangé ensemble. Ta voix sort plus rauque que dans son habitude: « T’inquiète pas pour moi… » C’était ça ou un commentaire sur le fait qu’elle pouvait te mouiller quand elle voulait… Alors...

Le soupir qu’elle lâche au contact de vos fronts, peau contre peau, te fait bouillir de l’intérieur. C’était ce genre de son que tu adorais d’elle… Mais, malgré ce moment que tu allais probablement te rappeler toute ta vie, tu étais entre ses cuisses et elle fessait des sons… tousse, tu ne pouvais pas empêcher de trouver que son front était trop… chaud? Elle semblait être une fournaise, maintenant qu’elle était en sécurité dans ton appartement. Tu te dis que tu exagérais certainement, que ce n’était qu’un effet de la pluie. Fuck. Tu allais vraiment devoir t’assurer qu’elle se change.

Quelque chose n’allait pas; tu n’étais pas certain de quoi, en vrai, mais tu avais cette sensation qui te bouffait de l’intérieur, qui te gueulait de la regarder, de vraiment regarder. Il fallait que tu oublies la main qui caressait ton torse. Oh putain elle te touchait ouvertement maintenant et… Okay, elle enlevait ces vêtements. Shit, shit… Tu es incapable de bouger quand le premier morceau, une veste de cuir, glisse de ses épaules et atterrit plus loin. Incapable de bouger quand elle a de la difficulté à retirer un pull qui collait contre sa peau. Tes mains serrent le comptoir près des cuisses de Samara. Tu n’avais jamais gardé tes mains aussi loin de ta putain de vie et tu étais proches de faire un anévrisme. Elle n’était que dans un débardeur et même ça ne cachait pas grand-chose. T’avais peut-être le contrôle, pour l’instant, de tes mains, mais tes yeux, eux? Fuck, ils ne pouvaient pas s’empêcher de glisser où ils ne devraient pas être. Et c’était encore pire quand elle décide de croiser les bras… Tu avales à peine le grondement qui se forme dans ta gorge; tu n'avais jamais cru voir une vue aussi parfaite.

Ce n’est que quand son regard remonte vers le tien que tu réalises que ton pressentiment avait bel et bien était vrai. Les yeux que tu adorais, qui se glissait si aisément dans les craques de ton armure, ne sont plus au rendez-vous. Non, ils sont désormais un violet que tu n’avais jamais vu auparavant. Ils sont… mauve? Elle parle de vêtements, chose tu avais déjà l’intention de lui en donner. « Tu porteras les miens. » Dit comme si c’était une évidence, comme si un alternatif n'existait pas. Elle allait porter tes vêtements. Seulement les tiens et personne d’autres. Mais malgré cette monté possessive, tu n’étais pas capable de te séparer du violet qui avait pris possession de son regard. Tu étais fasciné par ses yeux; bouffant toute ton attention comme jamais auparavant.

Je sais que tu as surement.. Mille fois mieux que moi autour de toi. Elle te distrait de ton inspection de ses yeux. Mais de quoi… est-ce qu’elle parlait? De qui, elle parlait? Il n’y avait personne, personne d’importance, personne qui résonnait dans ton être autant qu’elle. « Sam. » Tu ne disais jamais son nom; c'étaient toujours des surnoms, des petits mots doux. Jamais son prénom. Prenant doucement le menton de la belle entre tes doigts, tu plonges tes yeux dans les siens. Fuck, ils étaient si mauves. « Il n'y a personne d’autre… » Jamais personnes d’autre. « Pourquoi est-ce qu'il y aurait quelqu'un d'autre quand tu existes? »

Prenant une grosse respiration et n’essayant de ne pas la relooker ou de penser à l’anormalité de ses yeux mauve, tu déposes tes lèvres contre son front, tes mains encadrant doucement son visage dans tes paumes. Putain, elle brûlait déjà. « Bé, tu chauffes. Tu dois t’changer… et j’dois aller t’chercher des vêtements chauds avant que tu tombes malade… » Retirant tes mains, c’est ton front que tu laisses tomber contre le sien au lieu de te déplacer. « Fuck, j’ai pas envie de bouger… tu m’as trop manqué… » Chaque seconde, chaque minute de chaque jour. Ouais, c’est là que tu en étais.
Complètement anéanti.

Serrant le comptoir pour te donner le courage, tu te détaches d’elle, le mouvement dure à exécuter quand la seule chose que tu voulais faire était d’être collé contre elle. « Je… » Un pas en arrière, une main qui se glisse dans ta nuque, l’incertitude dans ta voix. « Tu vas devoir retirer tes vêtements, love. » Glissant ta main doucement sur sa joue, tu ne réalises même pas les mots qui sortent de ta bouche. « Est-ce que tu as besoin d’aide? » Fuck.


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Conscience voguant au gré d'une évolution inconsciente, Samara ne pouvait se défaire de cette sensation chimérique d'un instant fantasmé. Ce n'était pas la réalité, ça ne pouvait pas être vrai. Parce que ses peurs auraient eu vite fait de la rattraper si elle s'était laissée approcher autant qu'en cet instant. Elle avait plutôt la sensation que ses instants fantasmés dans le silence de la solitude prenaient vie et s'arrachaient à son inconscience.

Comme si elle n'était pas réellement là.
Comme si tout ce qui se passait n'était pas réalité
.

Et peut-être qu'elle avait fini par s'effondrer de fatigue.
Peut-être qu'elle se réveillerait seule, une fois encore, avec ses regrets pour habitude.

Et puisque tout cela n'était pas vrai, elle pouvait oser en laissant filer les mots qu'elle gardait précieusement prisonnier de sa timidité. Sans attendre de réponse, sans craindre de retour qui lui briserait le cœur. Parce qu'elle le savait, elle en avait même l'intime conviction ; si Mikel se trouvait réellement face à elle, alors, il lui briserait le cœur. Sans s'en rendre compte.. Sans comprendre l'étendue des sentiments de cette adolescente d'hier.

Sentiments cultivés dans l'introspection, Samara avait renoncé avant même d'essayer.
Elle avait renoncé parce qu'elle ne pouvait pas mériter l'attention de Mikel. Comment aurait-il pu en être autrement finalement ?

Comment ?
Comme ça, peut-être, lui susurrait l'évidence tandis qu'elle portait son regard sur les traits de son ami. Elle l'entendait lui donner un énième surnom. Celui-ci plus doux que les autres, plus possessif et infiniment moins malicieux. Dans son regard, elle pouvait voir ce que son reflet lui renvoyait lorsqu'elle pensait à lui ; l'envie de le voir, d'être à ses côtés mais aussi cette résignation à lui laisser sa liberté.

Parce que ça ne pouvait pas être elle.
Pourtant, dans un murmure qui lui crispait les entrailles, Mikel lui intimait de ne plus partir. Elle n'avait pas besoin de partir.. Pas cette fois-ci. Le regard agrippé au sien, elle sentait son cœur cogner plus fortement dans sa poitrine alors que les mots tournaient en boucle dans son esprit fatigué.

Elle avait peur, Samara.
Peur de ses propres conclusions qui la menaient vers un unique chemin. Celui de son erreur, de ses regrets, et de sa résignation. Remontant une main à son propre visage, elle inclinait le menton pour frotter sa paume droite contre son œil tandis qu'elle fermait les yeux. Non, c'était impossible. Ça ne pouvait pas être vrai.

« N-ne me dit pas des choses comme ça, Mik.. » Murmurait-elle, la gorge nouée par son incrédule lucidité. « Ne me fait pas espérer que tu pourrais m'aimer. Même un peu. » Le souffle court, elle continuait de frotter ses paupières, comme pour se dissimuler sous le joug d'une excuse parfaite. L'excuse de ses yeux fatigués. « L'espoir, ça fait mal.. Tellement mal. »

Ses pensées viraient brutalement vers ces espoirs bafoués ; de ceux qu'elle avait cultivé pour Mikel, aux autres qu'elle avait nourrit en recherchant les disparus. Les uns comme les autres avaient fini de la blesser par leur saveur volatile et incertaine. Il n'y avait rien de réel dans l'espoir. Rien qui ne puisse faire autre chose que blesser un cœur déjà contusionné.

Pour la première fois, Samara rencontrait l'envie du toujours plus. Enfermée dans une coquille depuis sa plus tendre enfance, elle avait appris à distancer, à s'éloigner, à ne pas laisser s'approcher. Parce que quiconque s'approchait portait en lui la potentialité de la faire souffrir, de la blesser. Pourtant, en cet instant, elle ressentait cette impérieuse envie de sentir la main de Mikel s'agripper à sa peau pour ne plus la lâcher. Son instinct refusait qu'il s'éloigne, qu'il se dérobe comme il aurait pu le faire au nom de tout le bon sens de l'univers.

Front contre front, elle savourait ce simple contact anodin, elle en appréciait la saveur unique. Parce que demain, parce qu'au réveil, tout cela n'aura finalement été qu'une illusion, un faux souvenir sur lequel sa réserve n'aura eu aucune emprise.

Le regard violine dévoilé, Samara révélait le premier stigmate de cette transformation qu'elle subissait sans même s'en rendre compte. Aussitôt, la fièvre continuait de grimper pour propager l'évolution de sa mutation tandis qu'elle sentait son esprit se détacher peu à peu de son enveloppe.

Inconscience et conscience agissant de concert, elle était là. Simplement là, sans le moindre artifice, sans la moindre barrière. Sans que la limite de ses anxiétés ne vienne la réduire au silence. Ainsi se permettait-elle pour la première fois un contact anodin, d'une main contre le torse de Mikel, d'un regard partagé sans songer à briser leur proximité. Bien au contraire, elle avait besoin qu'il se rapproche. Elle avait envie qu'il soit contre elle. Autant de corps que d'esprit.

A l'entente de son prénom, ou du moins, son diminutif, elle se figeait. Sam.
Le regard d'abord porté sur le sien, elle lui laissait son menton. Pourtant, au fil des paroles de Mikel, elle en venait à descendre son attention pour fixer ses lèvres. L'incrédulité revenait se faire la part belle dans les pensées vaporeuses de Samara alors qu'elle levait sa main droite pour glisser le bout de ses doigts contre la lèvre inférieure masculine. « Moi ? Tu es sûr ? » Doutait-elle dans un souffle tandis que sa main retombait lentement, quittant son contact. « Pourquoi ? Je ne suis.. Je ne suis pas.. » Pas quoi ?
Pas assez bien pour lui.
Assurément.

Les mots mourraient entre ses lèvres, s'échappant dans un soupir alors que les celles de Mikel rencontraient son front. Le regard à nouveau clôt, elle restait ainsi pendant quelques secondes avant de le rouvrir pour le porter dans le vide en ressentant son front contre le sien. « C'est vrai.. Je devrais. » Se changer. Oui. Elle le savait.

Le froid était là, elle le sentait.
Pourtant, par un phénomène qu'elle ne parvenait pas à comprendre, Samara le distançait avec une simplicité aberrante.

Et alors même que Mik semblait peu enclin à bouger, elle ne put s'empêcher de remonter sa main pour venir la glisser fébrilement contre la joue masculine. Effleurement hésitant qu'elle faisait perdurer envers et contre tout, elle osait. A sa façon. « Je vais rester, un peu. D'accord ? » Lui demandait-elle, comme pour compenser le poids de son absence, le manque inconscient qu'elle avait créé.

« J'aimerais.. » Commençait-elle même dans un murmure a peine audible avant de le sentir se détacher. Ses cils battant dans la lenteur, elle se décidait ensuite à bouger. Lentement mais surement, elle descendait du plan de la salle de bain tandis que ses pieds engourdis touchaient le sol. Par ce mouvement, elle comblait sensiblement la distance fraichement creusée par Mikel. Les jambes fébriles, elle s'accrochait aux bords du meuble pour retrouver son aplomb en tournant le dos à son reflet tandis que toute son attention demeurait rivée sur Mikel pendant qu'il glissait sa main contre sa joue.

Son contact lui fit clore à demi les yeux alors qu'elle se perdait un moment avant de réaliser ce qui allait suivre. Alors, tout à coup, elle revenait croiser les bras sur sa poitrine tandis que le rouge déjà présent gagnait en intensité. « Je.. Je ne veux pas que tu les voies. » Le regard s'abaissant, elle fixait dorénavant le sol tandis qu'un frisson la parcourait. De quoi parlait-elle ? « Les cicatrices. »

Personne ne devait les voir. Elle ne voulait pas, ne pouvait pas. Parce qu'à l'horreur de ses marques se succéderait celle des explications d'un passé soigneusement enfermé dans les méandres de ses souvenirs. Elle ne voulait pas que Mikel puisse voir celle qu'elle s'évertuait à ne plus être. Samara n'était pas prête à en assumer les conséquences. Quel qu’elles aient pu être.

Crispée a l'expectative de se dévoilée, elle demeurait un moment immobile à éviter son regard avant de finalement soupirer et revenir porter ses iris violines sur les siennes. Un sourire léger aux lèvres, elle ne put qu'oublier sa tourmente en le contemplant silencieusement. Et ça lui suffit pour reprendre. « Je peux.. T'emprunter ta douche ? » Une douche chaude contre cette sensation de malaise, l'idée lui sembla idéale.

D'un pas hésitant, elle se rapprochait encore en conservant les bras croisés. Son corps épousant le sien le temps d'une étreinte fugace, elle mêlait sa chaleur à la sienne. « J'irais mieux ensuite, j'en suis sûre.. »

Le timbre bas et la certitude dans la voix, elle lui promettait l'impensable. Parce qu’après cette douche, elle n'irait pas mieux. Mais cela, elle ne pouvait le savoir. Elle ne pouvait s'en douter. Se détachant finalement, elle laissait Mikel quitter la pièce pour se départir enfin du reste de ses vêtements et entrer dans la douche.

Eau chaude enclenchée, elle s'y glissait non sans un certain soulagement. Pour autant, l'instant ne dura guère qu'une dizaine de minutes tout au plus tandis qu'elle attrapait sa serviette laissée de côté pour se sécher puis s'en habillée. Et sortant finalement de la cabine, elle glissait une main dans ses cheveux humides pour s'arrêter enfin devant le miroir de la salle de bain. Buée chassée d'un geste à peine tremblant de la main, elle fixait un moment son poignet avant de se retrouver confrontée à son reflet.

Son regard transfiguré, d'un violine encore plus intense la figea brutalement. Une vague de panique grimpa en elle tandis qu'elle chercha à sonder sa mutation sans comprendre.
Quelque chose n'allait pas, c'était une certitude absolue. Agrippée à sa serviette lui servant de seul vêtement, elle sortait pieds nus de la salle de bain pour presser difficilement le pas en direction de Mikel. Ou était-il ?

« Mik ? Mik ?! » Panique perçant son timbre, elle réalisait. Elle réalisait que quelque chose se passait. Et comme dans une prise de conscience, elle sentait que quelque chose se tramait. L'écho d'une douleur raisonnait au travers de ses membres courbaturés alors que la fièvre ne l'avait pas quitté. Et tandis qu'elle trouvait Mikel, elle tenait d'une main sa serviette et de l'autre, elle agrippait le tissu recouvrant le torse masculin. « Je ne veux pas me perdre.. Je vais.. »

Qu'allait-elle ? Elle ne savait pas.
Plongée dans la prise de conscience de la dérive de sa mutation, elle paniquait. Le regard dans le vide, le souffle court et l'épuisement aux trousses. « Quelque chose ne va pas. Ma mutation, si ça reste comme ça.. Mon esprit va se perdre. Je ne veux pas me perdre. » Qu'est-ce qui se passe ? Avait-elle également envie de demander. Mais elle n'y parvenait pas. Elle n'y arrivait pas. Tout ce qui sortit de ses lèvres fut plutôt un simple.. « Je veux rester avec toi. »

Une ultime confession que les circonstances apportaient sur un plateau d’argent, que les sentiments ne parvenaient plus à contenir.
Une évidence qui devait être dite.
Juste avant qu’elle ne se perde.




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Il n’y avait rien de bon qui résidait dans ton être.

Rien de doux ou d’aimable ou de noble; non, c’était que du poison qui y vivait désormais, qui pourrissait dans tes entrailles. Tu étais violence et démence dans un bel emballage, une carcasse qui était loin de mériter d’être sauvé, d’être vu, d’être admiré. Tu n'étais rien, rien qu’une médiocre carapace vide de toute douceur ou d’humanité. Tu ne valais absolument rien et pourtant, pourtant… tu osais, braverais tout les putains de dieux connus et inconnus, pour une minute, un moment, un toucher. Et peu importe les conséquences, les douleurs ou les rejets, tu préférais souffrir des centaines de fois que de ne pas succomber à ce besoin vital d’être avec elle.

Parce qu’avec elle, avec Sam, seulement avec elle, tu pouvais oublier, faire semblant d’être n’importe qui d’autre; tu pouvais prétendre d’être toutes ses choses que tu savais qu’elle méritait. Tout ce que tu n’étais pas, que tu ne pourrais jamais être. Elle était l’intouchable, l’inaccessible et putain si tu ne voulais pas qu'elle te change, qu’elle te transforme en quelque chose de mieux, quelque chose de doux. Fuck, tu voulais qu’elle te déconstruise et qu’elle remet les morceaux de ton être dans le bon ordre.

Et même avec tout ça, tu savais que tu n’allais jamais être capable de cacher l’odeur nauséabonde de ta démence. Qui allait pouvoir te sauver, te transformer, quand ils allaient réaliser à quel point tu étais perdu? Il n'y avait plus rien à faire, désormais; tu n’étais qu’une cause perdue, maudit à vivre quand tu aurais préféré crever.

Il y avait une naïveté intoxicante dans l’espoir.

C’était dans cette simplicité que les confessions sortent, inconscient de l’impact de quelques syllabes bien placé. Elles tombent dans les émotions, dans ce territoire qui te pétrifie. Ne me fait pas espérer que tu pourrais m'aimer. Même un peu. Tu n’avais pas réalisé la signification de tes mots, de ce qui avait glissé hors de tes lèvres quand tu lui avais murmuré qu’elle pouvait rester. Tu n’avais pas pensé…fuck, tu n’avais jamais pensé quand tu étais avec elle. Est-ce que tu lui avais confessé quelque chose que tu n’avais même pas réalisé toi-même? Non. Non, tu voulais seulement qu’elle reste proche… ça ne voulait rien dire de plus. Ça ne voulait rien dire. Vrai? Même toi, tu ne savais plus vraiment ce qui se passait, ce que ta cervelle te gueulait pendant ce qui restait de ton coeur reprenait le dessus.

« Tu… tu veux oublier ce que j’ai dis..? J’veux pas t’faire mal… » Tu sonnais comme un gamin, incapable de faire des phrases complètes. Putain, tu ne voulais pas aller en arrière; même si la signification de tes mots te frappaient aussi fort que la confession de ta petite douceur. Ils étaient déjà là, ces mots qui t'ont surpris, flottant entre vous deux. Et honnêtement, tu refusais de les reprendre, rebellant contre l’idée même de faire semblant que tu n’avais rien dit. Peu importe les conséquences. C’est dans un murmure à peine perceptible que les prochains mots sortent, se glissent d’entre tes lèvres, oubliant quelconque filtre. « Reste… Même si j’en vaux pas la peine, j’veux qu’tu restes… » Même si tu allais tout brûler, même si tu avais le potentiel de la ruiner. Reste, reste, reste.

Tes mains se glissent contre ses cuisses, les agrippant aussi doucement que possible avant de les entourer autour de tes hanches. Le trajet ne prend que quelques secondes et c’est dans ta salle de bain en mauvais états que vous vous retrouvez, ou tu dois contrôler chaque onze de ton corps pour la déposer sur le comptoir aux couleurs pastel.

Petits surnoms se transformant en son diminutif, tu vois ta petite douceur se figer momentanément à tes mots. Tes doigts soulevant doucement son menton pour mieux y plongé tes yeux bruns dans ceux violines de la belle devant toi, tu brises aisément cette idée d’une autre. D’une autre comparable à cette beauté qui te regardait comme si tu étais son univers. Comment pouvais-tu être complètement à quelqu’un d’autre quand Sam existait? Quand ce qui restait de ton coeur se serrait dans ta poitrine à la vue de son nom sur l’écran de ton portable? Il n’y avait qu’elle dans ta tête, dans cette mauvaise excuse d’un organe dans ta cage thoracique. Hochant doucement de la tête, tu ne peux pas ignorer le regard qu’elle porte momentanément sur tes lèvres. « Toujours… » Tu n’avais jamais été aussi certain de ta putain de vie; il n’y aurait jamais personne qui pouvait comparer…

Tu ne vois pas ses doigts montés et se déposé sur tes lèvres; non, tu es surpris par la soudainement sensation, par la légèreté de son toucher contre ta lèvre inférieure. Un frisson parcours ta peau, se glissant le long de ta colonne vertébrale. Comment est-ce qu’un simple toucher d’elle pouvait t’affecter autant? Pouvait te déstabiliser aussi entièrement? Mais, aussi rapidement qu’il était arrivé, il disparait, ses doigts se détachant de ta peau. Pourquoi ? Je ne suis.. Je ne suis pas...  Non. Non, tu refusais qu’elle pense ainsi. Elle était bien, bien plus qu’elle n’allais jamais le savoir. « Tu es. Tellement plus… » Fuck, pourquoi tu ne faisais plus de sens maintenant?

Lèvres touchant son front, tu ne peux plus ignorer la chaleur qu’elle dégageait, désormais. Elle semblait brûler et tu commençais à te douter qu’elle avait attrapé quelque chose par le biais de la pluie torrentielle. Sans oublier que ses yeux brillaient d’un mauve presque aveuglant… Tu n’avais jamais été inquiet pour quelqu’un qui n’avait pas été ton sang auparavant, jamais pris le temps de t'occuper de quelqu’un qui n’était pas tes frères… ton frère. Alors le fait que tu te sentais porté vers quelque chose qui semblait aller contre ta nature… le tout était déstabilisant. Repoussant cette idée, roi du déni, tu te détaches légèrement d’elle. Distance minuscule entre vos deux corps, elle est assez pour reprendre le contrôle de ton être, pour forcer ton cerveau en marche. Tâche difficile quand tu ne voulais que te plaquer contre elle et te cacher dans sa chaleur…  Et elle te touche. Fuck. Sa main remonte, se déposant sur ta joue. Comme si c’était normal qu’elle te touche… Tu hoches doucement de la tête, tes muscles se resserrant dans ton corps. Elle voulait rester; et même si tu savais que ce n'était que temporaire, qu’elle ne pouvait pas vraiment considérer rester plus que quelques instants avec toi avant qu’elle comprenne que tu n'étais rien… tu allais prendre chaque miette qu’elle oserait te donner. « Autant que tu veux, bébé. » Forever.

Quelques syllabes s’entremêlant ensemble sortent de sa bouche, effleure tes oreilles, mais tes pas reculaient déjà et sa main, aussi rapidement qu’elle était atterrie contre ta joue, tombait sur le plan de travail sous ses cuisses. Sa phrase tombe, incomplète, avant qu’elle bouge finalement, descendant du comptoir pour s’avancer vers toi. La distance que tu avais créée maintenant anéantie par quelque pas fébrile. Comment allais-tu pouvoir penser quand vous étiez incapable d’être physiquement loin de l’autre?

Soulager qu’elle décide finalement de retirer ses vêtements mouillés, c’est d’un tour de langue maladroit que la suggestion sort d’entre tes lèvres.  Putain que tu étais con. Le rouge se glissant rapidement sur le visage de Sam, tu la vois déjà se refermer sur elle-même, ses bras se croissant sur sa poitrine. Non, non, non…. Tu ne pouvais pas... Non.

Je.. Je ne veux pas que tu les voies…Les cicatrices.
C’est à ton tour de te figer. Est-ce qu’elle avait dit… ce que tu avais entendu? Qu’elle était marquée? Que quelqu’un… Pendant un instant, tu vois noir, tes yeux s’assombrissant en ce que tu savais était une vague de noirceur autour de tes iris. Tu entendais tes noirceurs murmurer dans ton oreille de trouver, d’anéantir, de brûler au bucher la personne qui avait osé mettre leurs mains sur sa peau… de l’entailler…

Ce n’est que quand les mots de Sam remonte à tes oreilles, que quand son corps épouse légèrement le tien et que tu sens tes ongles percés ta peau que tu réussis à sortir de tes propres pensées meurtrières. Tu n’avais pas réalisé à quel point tu t’étais perdu dans tes propres ombres, à quel point l’image du corps entaillé de Sam t’avait poussé dans les recoins les plus sombres de ton être. Le désir de protégé et de détruire s’étaient entremêlé dans ta tête et… Fuck. Qu’avait-elle demandé ? Une douche et une promesse qu’elle allait être mieux après...

Sachant qu’une vague d’ombre dansait toujours autour de tes iris, tu ne fais que hocher de la tête avant de te faufiler à l’extérieur de la salle de bain, laissant la porte de celle-ci entrouverte. Tu avais besoin d’un moment pour te calmer, pour reprendre le dessus de tes ombres; elle gueulait toujours pour de la violence que tu ne pouvais pas combler. Shit. Marchant d’un pas rapide, tu décides d’aller trouver des vêtements chaud pour Sam, te disant que, si tu ne pensais qu’à elle et son bien-être, peut-être que tes ombres te foutrait la paix. Juste pour un moment, juste pour soirée et tu pourras me bouffer après. Tu pouvais presque entendre ta noirceur rire dans un des recoins de ta cervelle...

C’est de ta chambre que tu entends le cri paniqué, que tu entends ton nom sortir de ses lèvres.  Un nouveau chandail à peine passé par-dessus ta tête que tu t’arrêtes dans ton mouvement, ton sang se figeant sous les éclats de sa voix… « Bé!? » Descendant ton chandail le plus rapidement possible, oubliant ton pull mouiller sur la seule chaise qui rentrait dans l’espace, tu sors rapidement de la pièce à la recherche de ta petite douceur. Que c’était-il passé dans les dernières minutes pour que ce son sorte de ses lèvres? Pour qu’elle soit si affoler ? Tu n’avais à peine eu le temps de rentrer dans ta chambre et de te trouver quelque chose à te mettre sur le dos…

Maintenant dans le corridor connectant ta chambre et la salle de bain, ton regard tombe sur une Sam complètement trempé, une serviette maladroitement enroulés autour de son corps.  « Hey, qu’est ce que… » Quand tes yeux tombent finalement dans ceux de ta belle, tu ne peux pas retenir le choque qui se glisse dans tes traits, dans ta voix. « Woah..! » Mauve, un mauve si intense avait prise la place des yeux bruns que tu adorais.

La main de la mutante serrant ton chandail, tu l’entendais dire des mots qui ne faisait aucun sens à tes oreilles. Partir… où? Se perdre dans quoi..? Tu ne comprenais rien; tu ne savais rien de sa mutation comme elle ne savait pas grand-chose sur la tienne, mais ces mots... Ses mots te glaçaient le sang. Est-ce que sa mutation pouvait la prendre comme la tienne voulait te bouffer vivant? Est-ce que c’était possible? Secouant la tête, refusant de croire que sa mutation pouvait être aussi destructive que la tienne, tu déposes tes mains sur les joues de Sam. Ton toucher moins doux dans la panique montante, tu forçais son regard dans le tien. Tu n’allais pas la perdre. « Sam, love, tu t’en vas nulle part. Tu m’comprends? » C’était comme si elle ne te voyait plus… Shit, shit. « J’t’ai dis que tu restais. » Sans aucune hésitation et oubliant sa modestie dans ton agitation, tu la soulèves dans tes bras, la tenant solidement dans tes bras. Un bras sous ses jambes et l’autre dans son dos, tu marches d’un pas précipité vers ta chambre. « Dit moi quoi faire, love… » Dit moi quoi faire pour que tu restes.


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Chemins croisés passant d'un avant à un après immuable, les routes se mêlaient enfin après des années d'évitement. Jadis, Samara avait fait un choix que son insécurité perpétuelle avait motivé avec ferveur ; fixée jusqu'alors sur sa parole donnée, elle n'avait alors jamais osé revenir face à Mikel. Il avait fallu une peine incommensurable et une résistance émoussée pour l'amener à écouter ses instincts. Sensibilité portée en étendard, elle lui prouvait sans contrefaçon toute la confiance qu'elle pouvait lui porter. Une confiance certainement aveugle et évidemment aveuglée par ses sentiments silencieux.

Dans la solitude d'un sens unique erroné, la mutante avait enclenché l'avant de leur après avec une témérité qui lui était jusqu'à-là inconnue. Feu alimentant ses veines et faisant grimper à l'exponentiel sa fièvre, elle en venait même à se croire dans un songe que le lendemain effacerait au profit d'une existence morne. Elle en était venue à croire que tout cela n'était pas vrai.

Ainsi sa langue s'était-elle déliée dans la simplicité oubliant toutes les limites préétablies par son anxiété. Envers et contre tout, elle avait bousculé le destin véhément jusqu'à entendre Mikel lui proposer d'oublier tout ce qu'il avait pu lui dire. Ou ne pas lui dire. Interprétation biaisée et doute alimenté par une mésestime de soi, Samara glissait son regard des traits de Mik au vide en acquiesçant lentement. Tristesse poignardant son cœur, elle s'accordait dans sa fausse réalisation.

« Pardon.. J-je ne voulais pas.. Enfin, je veux dire que je me doute que tu ne m'aimes pas. » Pourquoi est-ce que tu le ferais ? Se retenait-elle d'ajouter, à nouveau bridée dans ses sentiments.

Elle l'avait toujours su.
Elle en avait été certaine.

Pour Mikel, elle n'avait toujours été que cette voisine devenue amie, une simple distraction amusante à qui on n’accordait pas ce genre de regard. A qui on n’accordait pas ce genre d'attention. Qui ne méritait surtout pas ce genre de sentiment.

Le regard absent noyé dans une peine intériorisée, Sam mit quelques secondes avant d'entendre les mots murmurés qui finalement grimpaient laborieusement le chemin de son esprit enfiévré. Portes ouvertes sur sa spontanéité volée aux circonstances, elle revenait arrimer son regard dans celui de Mikel.

« Tu ne te rends pas compte.. Pas vrai ? » Réalisait-elle tout à coup, presque brutalement, avant de détourner le regard. De fuir l'évidence qui pouvait se partager dans le silence de leur proximité. « ..Tu ne vois pas combien tu es unique, pour moi. » Soufflait-elle timidement avant de finalement secouer le visage négativement.

Elle ne devait pas se perdre dans ce raisonnement-là.
Elle ne devait pas se laisser emporter par ce qu'elle avait mis tant de temps à canaliser.

Et Mikel avait beau lui murmurer qu'elle était la seule et qu'elle était tellement plus, qu'elle ne parvenait pas à se convaincre de l'évidence. Pour autant, elle osait s'imposer dans son appartement, afin de combler fugacement le vide qu'elle comprenait avoir créé par son départ. Ce ne serait pas suffisant, ça ne serait surement pas assez.. Mais elle crevait d'envie de rester là, d'oublier tout le reste. De se perdre dans ce regard qu'ils se partageaient malgré toutes les négations et les non-sens de leurs convictions.

Contre lui, Samara n'eut pas l'occasion de voir, ni même de ressentir les prémices de sa colère. Révélation déjà oubliée des cicatrices d'un passé familial difficile, elle préférait se focaliser sur cette chaleur que dégageait le mutant. Et aussi simplement, cette proximité qu'elle avait si longuement fuit lui devenait finalement essentiel, presque salvatrice.

Depuis quand était-elle aussi bien dans les bras de quelqu'un ?
Depuis jamais.

Parce qu'elle n'était pas dans les bras de quelqu'un, mais dans les bras de son premier amour.

Promesse faite puis douche prise, l'avant se transformait graduellement en pendant. Et aussitôt, Samara réalisait que quelque chose n'allait pas. Elle n'allait pas.. Bien.

Mutation semblant soudain déficiente, elle devenait alors une source d'angoisse immédiate. Et tandis qu'hier encore, elle était l'instrument de sa liberté, Samara avait soudain la sensation qu'elle se transformait en prison. L'angoisse d'ordinaire intériorisée se transformait aussitôt en panique tandis qu'elle se raccrochait instinctivement à Mikel. Oubliant même son extrême pudeur, Ascii se focalisait sur l'après qu'elle était incapable de mesurer alors même qu'elle se persuadait qu'un sinistre tic-tac l'attendait au détour de son imprudence.

L'étonnement de Mikel ajouta à sa panique alors qu'elle sentait sa respiration se rarifier peu à peu, à mesure que son corps s'étiolait dans la fatigue. Elle le sentait alors, ses jambes menaçaient déjà de ne plus la porter, et pourtant, elle s'accrochait avec résilience à son état de conscience. Ses mains, à lui, suffirent à l'ancrer momentanément dans l'instant tandis qu'elle arrimait son regard atrocement lumineux au sien.

Mais ça ne durait pas.
Ça ne durait pas tandis que sa conscience se scindait pour la première fois entre réalité et virtuel. « Je suis.. » , qu'elle aurait aimé lui murmurer pour le rassurer, mais son timbre lui semblait étrangement absent, distant, lointain. A croire que sa conscience distançait son enveloppe. Pourtant, elle la sentait encore. Tout comme elle pouvait sentir les mains de Mikel.

Lorsqu'il relâcha ses joues, elle voulut le supplier de ne pas s'éloigner, de ne pas la laisser mais elle n'en eut pas le temps. Soulevée du sol, elle s'appuya doucement contre son torse tandis que son visage vint se dissimuler au creux de son cou. Odeur masculine inimitable qui la ramenait une dernière fois vers le mutant, Samara relevait les mains pour les accrocher à sa nuque fébrilement. Son visage s'extirpa de son refuge tandis qu'elle portait sur lui un regard tout à la fois inquiet et absent.

« .. S'il te plait. » Commençait-elle en se rapprochant alors qu'une de ses mains quittait maladroitement la nuque masculine pour glisser le long de la ligne de sa mâchoire. D’une pression légère, elle l'orientait pour forcer la rencontre de leurs regards. « ..Même si ce n'est pas important pour toi, ça l'est pour moi. » Continuait-elle de manière cryptique, le timbre érodé par l'effort que cela lui demandait.

Que voulait-elle avec tant de ferveur ?
Dans un tel instant.
Envers et contre toute raison.

« Embrasse-moi. » Juste pour cette fois-ci. Parce que si ça devait être une dernière fois, ça devrait être la bonne. Une dernière fois qui serait une première pour Samara. Elle refusait de se perdre sans avoir ressenti la chaleur de ses lèvres contre les siennes.

Cette petite folie à la saveur grandiose marqua finalement le point de départ de l'évolution de gène X d’Ascii alors que son esprit se déliait totalement quelques instants plus tard. Conscience égarée dans un autre espace, son corps se relâchait progressivement, la faisant échouer entre les bras de Mikel telle une poupée de chair délaissée. Paupières closes et respiration lente, elle n'était plus là.

La première heure.
Son corps ne souffrait pas alors même que la fièvre demeurait. A croire que quelque chose bataillait au dedans pour se faire sa place. Ce fut le calme plat, le silence de mort. Ce qui fut néanmoins certain, c'était que Samara était en vie. En vie alors même que son esprit raisonnait par son absence grandiloquente. Dans son ailleurs, il commençait à tisser dans l'inconscience une toile qui lui appartiendrait par la suite. Il traçait les contours d'un univers aux limites insondables.

La seconde heure.
La fièvre grimpait d'un cran et bientôt, sur sa peau se dessinait des veines aussi violines que ses iris que ses paupières closes voilaient. Ça pulsait lentement dans une cartographie progressive et structurée, surpassant les lois d'une physique organique connues. Au dedans comme au dehors, un réseau se construisait en liant Samara à lui. C'était la création d'une vie. La création d'un monde. Par instant, la respiration se précipitait, comme outrageusement sollicitée par un effort inconscient. Elle n'était pas au bout de sa peine.

La troisième heure.
Le calme plat en avait finalement appelé à la tempête. Démesure intérieure d'une évolution qui se faisait dans la douleur, le corps de Samara se tendait enfin dans une série de soubresauts réguliers tandis que quelques complaintes passaient ses lèvres. La sueur perlait sur l'ensemble de sa peau à découvert tandis que les chemins veineux gagnaient en coloration. C'était lumineux, aussi beau que terrifiant. Et lorsqu'à l'issu de la troisième heure, elle ouvrit les yeux pour les river sur le plafond, c'était pour fixer le vide et finalement revenir à un calme plat. Silence de mort et respiration à nouveau tranquille, elle ne souffrait plus. Elle était sereine.

La quatrième heure.
A l'orée de cette nouvelle heure de transformation, le portable de Mikel sonna frénétiquement alors que les doigts de la main droite de Samara pianotait dans le vide faiblement. La sonnerie, même si elle fut désactivée, sonna fort. Si fort qu'il ne put l'ignorer tant l'insistance en fut tapageuse. Sur l'écran était écrit une série de messages récurrents : " Je vais bien, ne t'en fait pas. ", signé par Samara. La répétition de ces mots trahit une manœuvre malhabile et pourtant essentielle. Et alors même qu'il en consultait un, tous les autres cessaient d'arriver dans la foulée. Il avait reçu le message.

La cinquième heure.
Toujours fiévreuse et tracée de ses veines violines, Samara ne bougeait pas. Pourtant, au bout d'un moment, ses traits se crispèrent tandis qu'elle semblait à nouveau souffrir. Sur ses avants bras, bientôt, se dessinait un motif violine qui s'ancrait à même sa peau. Tatouages qui s’imprimaient arbitrairement à la symbolique de deux serpents entourés de fleurs, ils gagnaient en ampleur durant les soixante minutes du processus. Et pendant ce temps-là, Samara soupirait de douleur, ses mains s'accrochant aux draps. Elle vivait un calvaire dans le silence de son inconscience.

La sixième heure.
Le tracé complet de ses tatouages marqua le glas de ses manifestations douloureuses. Ainsi Samara retomba dans le silence et le calme. Quelques soupirs lui échappèrent alors qu'elle semblait enfin sortir de cette mauvaise passe. La fièvre retombait lentement mais surement tandis que son corps demeurait immobile. Le calme plat de cette heure laissa présager des heures plus heureuses à venir.. Enfin, normalement ?

La septième heure.
Samara n'avait désormais plus de fièvre. Les veines colorées d'ordinaire, elle semblait se reposer, comme dans un besoin de récupérer d'une terrible nuit. Mais n'était-ce pas le cas, finalement ? S'animant enfin de quelques mouvements légers, elle ne se réveillait pourtant pas.

La huitième heure, le petit matin ou l'après.
Le corps défait de l'épuisement de son labeur et l'esprit retrouvant son enveloppe, Samara s'animait enfin dans un soupir plaintif tandis qu'elle se tournait sur le côté. Le corps encore lourd, elle ouvrait les yeux lentement pour apprivoiser ce qui l'entourait. L'esprit embrumé, elle glissait une main dans sa chevelure brune et s'étirait sensiblement pour ressentir les courbatures qui froissaient ses muscles. Une moue passant sur ses traits, elle se figea lorsque sa main passa devant ses yeux. De sa main, elle passa à son poignet, puis son avant-bras pour apercevoir les tatouages devenus noirs.

« Oh mais.. que.. Oh. » Soufflait-elle, la respiration bousculée. Bientôt, à cette surprise-là succédait l'incompréhension de se trouver dans un lit qui n'était pas le sien. Elle observait la pièce qui lui était étrangère et tentait de se placer assise. « C.. Ah.. Oh.. » Onomatopées de panique qui se précipitait hors de ses lèvres, elle hyperventilait jusqu'à réaliser qu'un courant d'air frais passait sur sa peau. Parce qu'elle ne portait aucun vêtement hormis les draps du lit. « Oh non ! » Attrapant ces derniers, elle les plaquait contre elle avant d'apercevoir enfin Mikel et de l'observer fixement, les joues rougies par son excès de pudeur. « Ohlala.. » Était-elle cassée ? Aucune phrase sensée n'avait passé sa bouche depuis son réveil. Mais c'était parce qu'elle accusait le coup de la surprise.

Une surprise qui ne cessait d'enfler.
Parce que progressivement, elle se rappelait la veille.
Cette sensation de rêve.
Et tout le reste.


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broken servant i kneel, find my humanity so i can breath again, save me from my sea of loathing so down with my sickness ---    @Samara Corvin    


Tu étais perdu.

Perdu dans cet univers qui avait l’instinct ultime de te bouffer, de te détruire, d’enlever tout ce qui était momentanément tien avant d’y foutre le feu. Toi, Mikel, n’avait jamais rien eu qui était à toi qui ne t’avais pas été arraché. Tu avais appris que tout était temporaire; que, peu importe à quel point tu resserrais ton emprise sur ce que tu désirais, cette chose allait ultimement te glisser entre les doigts.

Parce que tu ne méritais rien de bien.
Jamais rien de bon.
Only pain.

Quand tes yeux tombent dans ceux de ta petite douceur, tu ne peux empêcher cette petite voix de se glisser dans ta tête, celle qui n’arrêtait pas de te dire que tu n’étais pas assez, que tu n'étais rien. Gâché par les vices des autres, corrompu par l'addition de tes propres immoralités, tu savais que tu n’avais rien à lui offrir. Et malgré toutes ses choses, tu n’avais pas osé la repousser, n’avais pas osé la sauvée de ton propre poison. Parce que c’était ça qu’un poison faisait, après tout: il se répandait partout, se glissait entre les craques pour se propager le plus possible avant de finalement mordre.

Un jour, elle allait comprendre qu’elle avait mal choisi, qu’elle avait mis ses affections et sa confiance entre les mains d’un monstre. Et quand le moment arrivera finalement, tu ne pourras rien faire d’autre que regarder. Et t’haïr.

Les mots semblaient sortir de tes lèvres sans que tu en réalises les conséquences ou les implications. Confessions coulant sans filtre ni retenue, tu es aussi confus qu’elle, l’incompréhension se mélangeant avec ce que tu savais déjà, mais refusais d’avouer. Tu savais que tu aurais simplement dû rien dire, que tu aurais dû garder tes désirs débiles pour toi. Que de la tirer avec toi dans ta démence et ton obscurité était égoïste et malsain. C’était probablement dans cette folie que tu avais osé dire ses mots qui t’avaient lacérés la gorge en sortant, ses paroles qui allaient ruiner cette ligne grisâtre que tu tâtonnais depuis des années. Tu lui avais demandé de rester, avait avoué qu’elle était tellement plus qu’elle ne pouvait jamais l’admettre que, pour elle, tu irais contre ta nature. To be good when you are pure evil.

Pardon.. J-je ne voulais pas.. Enfin, je veux dire que je me doute que tu ne m'aimes pas. Pendant un moment, tu figes, ses mots se glissant le long de ta peau telle une douche froide. Ses paroles semblaient résonné dans ce qui restait de ta cervelle, se bousculant dans ta matière grise; elles prenaient toute la place, se faufilant pour régner dans chaque facette de ta conscience. Elle croyait que tu ne tenais pas à elle. Elle… elle avait utilisé les mots que tu n’avais jamais osé penser, encore moins prononcés.  Comment est-ce qu’elle pouvait croire qu’elle n’avait aucune valeur à tes yeux? Est-ce qu’elle croyait que tu étais si… si doux en tout temps? Si chaleureux et ouvert avec… tout le monde? À peine un instant passe entre les dernières confessions de ta douceur qu’une autre volé t’accroche, te frappe en pleine poitrine. Aussi rapidement que celle qui l’avait précédés, ton incompréhension se transformant rapidement vers ce dégout intérieur qui vivait en permanence sous ta peau.

Tu n’avais jamais été unique, n’avais jamais été seul ou exceptionnel; tu étais la mauvaise copie d’une meilleure doublure, toujours attaché à un passé qui te bouffait vivant. Tu n’avais jamais été spécial; seulement rentable. Mais, entendant ses mots se glisser de ses lèvres, tu n’avais jamais autant voulu croire à quelque chose de toute ta vie. Tu voulais être unique, pour elle, pour Ales, pour vous sortir de cette merde qui était vos vies. Dommage qu’il n’y avait rien là où elle voyait quelque chose de rare, là où tu ne voyais seulement un vide éternel. Secouant la tête, le regard baissé pour la première fois depuis si longtemps, c’est sous un murmure à peine perceptible que les mots sortent de ta bouche. « J’suis pas… ça. » Loin de ça.

Les conversations s’enchainent, se glissent de confessions aux paroles douces, à toutes ses choses dont tu avais refoulé pendant si longtemps que tu en avais presque oublié l’existence. Coincé entre l’envie de t’occuper d’elle dans un moment de vulnérabilité et cette envie de flipper complètement par tes propres actions, tu avais finalement réussi à accomplir quelque chose de semi-productif. Sa fièvre semblant monté sans cesse, sans compter les yeux mauves qui avaient soudainement fait leur apparition, le tout avait créé une nouvelle anxiété nauséabonde dans le fond de ton estomac. Et même après l’avoir laissé seul dans la salle de bain pour qu’elle se douche, à peine un instant pour qu’elle se réchauffe, tu avais de la difficulté à te dégager du passage. Tu avais cette sensation, ce pressentiment qui te grugeait de l’intérieur… Shit.

À peine changer, c’est ton nom se faisant crier dans ton appartement qui te fait bouger comme un fou. Tu n’avais jamais entendu ton nom dit de cette manière, les quelques syllabes complètement anéanti par une peur et une panique soudaine. Ça te prend à peine quelques secondes pour que ton corps sorte de ta chambre à une vitesse impressionnante, avant que tes pieds glisses sur les vieilles planches de bois verni.  Ce n’est que quand tes yeux tombent dans ceux de Sam, quand celle-ci mentionne un problème avec sa mutation que tu comprends un peu mieux la situation. Une situation que tu n’étais certainement pas équipé a géré.

C’est dans ton inexpérience que tu agis entièrement sur l’instinct: voyant sa fébrilité, sa peur et son anxiété, tu fais la seule chose qui semble faire une onze de sens dans ta cervelle: glissant tes bras sous elle, tu la soulèves du sol avant de la tenir solidement contre ton torse. Tu ne savais pas si c’était la meilleure des idées, si c’était plus sage de ne pas la toucher pendant qu’elle se battait avec sa propre mutation, mais tu ne pouvais pas empêcher le réflexe. Tu avais ce besoin inexplicable d’être contre elle, de la serrer contre ton être. Sentant sa tête se dissimuler dans le creux de ton cou, tu ne peux pas empêcher le frisson de parcourir ta peau. Fuck, elle bouillait, son front une putain de fournaise contre ta peau. Emboîtant le pas rapidement, tu rentres dans ta chambre, une petite douceur se tenant à peine à toi. Shit.

Frénésie, coincé entre ce besoin d’agir et cette envie de protégé, tu ne réalises qu'en t’assoyant sur le bord de ton lit à quel point elle était mal en point. Tu sentais une panique monter, se creuser de ta noirceur pour s’éveiller dans ton estomac.  Elle ne semblait plus te voir, elle ne semblait plus là. Tes bras se resserrent autour d’elle, comme si la pression de tes mains allaient faire quoi que ce soit contre la tempête que tu voyais dans ses yeux. Comme si tu pouvais faire quelque chose pour l’aider... Tout doucement, comme si le mouvement lui était lourd, tu sens la tête de ta petite douceur se dégager de ton cou, suivi d’une main se glissant de ta nuque. Tu n’avais même pas réalisé qu’elle y avait glissé ses mains… C’est d’un doux toucher qu’une de ses mains se déplace contre ta mâchoire, qui, d’un mouvement plus ferme que tu l’aurais cru capable à cet instant, force vos regards à se rencontrer. Tes yeux bruns dans ceux violets de Sam, tu es dépourvu quand, aussi cryptique que dans son habitude, elle te demande quelque chose qu’elle croit que tu lui refuserais. Comme si tu étais capable de lui dire non pour quoi que ce soit dans cette putain de vie….

Embrasse-moi. À peine les mots sortis que tes lèvres étaient contre les siennes, ta main libre se glissant contre sa joue, contre sa mâchoire. Un baiser presque désespéré, presque frénétique par l’anxiété qui l’alimente. Tu savais que rien de bien ne pouvais venir de ce baisé rapide, de cette caresse impromptu; tu étais loin d’être magique, loin d’être un prince charmant dont le baiser allait ramener la princesse. Non, tu étais le vilain et, malgré cette demande qui était hors de caractère, tu savais qu’elle allait réaliser son erreur.

Le problème, c'était que tu t’en foutais.
Ton égoïsme prenait le dessus.
Et tu étais avare dans tes désirs.

Aussi soudainement que l’apparition de sa mutation, tu sens son corps se lasser petit à petit dans tes bras, celui-ci devenant lourd et immobile dans tes bras. « Bé…? » La serrant entre tes mains, tu la secoues, essayant tant bien que mal de la réveiller. Non, non, non… « Sam..? …  FUCK... NO! SAM! »
Don’t leave me, don’t fucking leave me.
Not again… not again…


La première heure.

La panique et le choc toujours présent dans ton système, tu ne faisais que marcher sans cesse, tes pieds incapable d’arrêter pendant un seul moment. Tu avais tout fait durant la dernière heure, tout fait de ce qui était raisonnable dans cette situation qui te dépassait. Autre que vérifier son pouls tous les dix minutes, il n’y avait rien de sain à faire autre que de marcher, abimant ton plancher de tes pas constant, te répétant qu’elle respirait, qu’elle était correcte… Au moins elle était en sécurité ici, avec toi…
Pour le moment.

La deuxième heure.

Avant, tu n’aimais pas le mauve. Maintenant, elle créait un trou dans ton estomac que tu associais officiellement avec la panique. Une fièvre grandissante accompagnée d’une fluorescence violine dans ses veines, tu ne pouvais rien faire d’autre qu’observer, de t’occuper de sa fièvre autant qu'humainement possible.

La troisième heure.

Tu aurais préféré le silence abasourdissant au lieu des sons qui sortaient maintenant des lèvres de Sam. Tu aurais préféré te noyer dans le silence complet que d’entendre les couinements de douleurs sortir de sa gorge pendant que sa mutation et sa fièvre semblaient la brûler de l’intérieur. Son corps maintenant recouvert de sueurs, tu ne pouvais que réagir aux conséquences, seulement éponger sa tête et murmurer des mots rassurants qu’elle n’entendra jamais. Et quand elle ouvre soudainement les yeux, tu ne peux retenir le sursaut qui t’attaque violemment. Après trois heures, ses yeux complètement violines n’auraient pas dû te surprendre. Ils choquent toujours, quand ceux-ci ce braques sur le plafond, quand les sons de douleurs se dissipent finalement. Le silence reprend finalement le dessus, plus sonore que les gémissements l’étaient avant lui.

La quatrième heure.

Ton portable commence soudainement à sonner de nulle part, de vibrer sans cesse. Impatient et sur les nerfs, c’est d’une main violente que tu attrapes ton portable pour le fermer, pour arrêter le son de cette stupide machine qui arrachait ton attention de ce qui était important. Ce n’est que lorsque ton regard tombe finalement sur l’écran de ton cellulaire, quand tes yeux voit le nom de Sam l’illuminer de plus belle que tu restes figé dans ton mouvement. Elle était là, allongée et inconsciente depuis des heures et elle t’envoyait des messages sur ton portable. Si tu n’avais aucune idée de sa mutation avant ce moment, tu étais maintenant bien plus conscient de ce qui se tramait. Sam touchait, d’une manière ou d’une autre, à la technologie…. Elle allait bien, le sms disait. Puis le prochain disait la même chose… À répétition, tu recevais le même message, les mots s’imprégnant presque dans l’écran de ton portable.

Et malgré les réassurances, les mots qui s'affichaient, malgré l’impossibilité d’être envoyé par son hôte, rien ne semblait te calmer.
Rien n’allait te calmer.
Tu étais foutu.

La cinquième heure.

Quand les tatouages apparaissent soudainement contre sa peau, tu vivais dans une panique si constante que tu ne réagis à peine. Tu regardes les rayons lumineux parcourir ses avant-bras, créant d’eux-mêmes des motifs dont la signification te dépassait. C’est une progression lente et douloureuse que tu observes, incapable de faire quoi que ce soit pour alléger sa souffrance.

La sixième & septième heure.

Plus les heures passaient, plus sa tourmente perdurait, plus tu te sentais complètement impuissant. Tu ne pouvais rien faire pour elle, ne pouvais assouvir cette douleur constante qui régnait sous sa peau. Plus tu te perdais dans ta tête, plus ton existence dans sa vie semblait éphémère, inutile. Tu n’étais rien.

Tu ne pouvais pas la sauvée.
Like you ever could…

La huitième heure et tout le reste.

Tu ne voyais plus rien; plus les contours des meubles qui encombrait la piètre excuse d’une chambre, plus le lit double bouffant l’un des recoins, ni même la jeune femme qui y était toujours allongée. Non, tu ne voyais que du noir, qu’une obscurité complète qui t’avait inévitablement frapper en pleine gueule durant la sixième ou septième heure de cette nuit perpétuelle. Assis dans la seule chaise de la chambre, l’angle de celle-ci donnant une vue parfaite du lit, tes yeux, incluant tes iris, étaient complètement submergés par tes ombres, par des vagues de noirceur qui bouffaient absolument tout. Elles s'étaient glissé autour de ton être, c’était blottit autour de tes jambes, c’était faufilé si aisément dans ta cervelle. Tu vivais dans le noir, prisonnier de tes propres impuissances, esclaves à toutes ces choses que tu ne pouvais accomplir.

Tu entends à peine les premiers sons venir du lit. Le grincement du vieux meuble de lit semblait atterrir dans tes oreilles sans que la signification s’enregistre dans ta conscience. Tu entends, comme si tu étais loin, quelques mots sortir de la bouche de quelqu’un, quelqu’un qui était dans ton espace… mais qui? C’est personne, personne ne te veux autre que nous… Serrant les bras du fauteuil, tu essayais de replacer la voix, la tonalité si douce qui te semblait si familière.

Réveille-toi.
Wake the FUCK UP.





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Réveil difficile dans la douleur des muscles engourdis, Samara émergeait enfin après ses heures d'agonie. L'esprit dispersé, la conscience remodelée ; elle pouvait ressentir tous les changements, toute cette évolution qui s'était faite au dedans. C'était subitement devenu trop grand ; mais plus assez pour l'engloutir. Elle, si petite, si discrète et craintive, se sentait pour la première fois souveraine d'un espace où sa dominance s'exerçait sans compromission.

Le MetaSam était né.
Et à l'image d'une naissance, tout s'était déroulé dans la douleur et l'agonie d'une mère loin d'être prête à accepter le nouveau venu. Pour autant, c'était là ; grondant au dedans et s'imprimant sur sa chair tandis que son regard brun venait observer le tracé des tatouages sur ses avants bras. Et même si quelques onomatopées témoignaient de sa surprise et de son éveil, il était encore pourtant évident que Samara était désorientée.

Que s'était-il vraiment passé cette nuit ?
Et surtout, où était-elle ?


Peu à peu, les souvenirs aux allures de songes lui revenaient alors qu'elle portait son regard sur la pièce inconnue. Une chambre. Pas la sienne. Celle d'une autre personne. L'angoisse creusait le tombeau de l’hackeuse au creux de son estomac alors qu'elle constatait ensuite ne porter aucun vêtement sous la serviette et le drap qui l’enveloppaient. Ses cheveux humides – quant à eux – avaient séché dans la difficulté avec la fièvre qu'elle avait supporté ; et d'ailleurs, Samara ressentait encore cet inconfort lui coller à la peau. Celui d’une chaleur moite dont on rêvait de se débarasser.. Mais ça, ce n'était rien en comparaison de tout le reste.

Tout le reste.
Parce que bientôt, elle analysait la chambre avant de figer son regard sur la silhouette masculine de Mikel. Dévoré par des ombres parasites, il ne réagissait pas à sa présence ; Et elle, elle avait grand mal à le reconnaitre. « .. Mikel ? » Tentait-elle d’une voix élimée par l'incertitude et la fatigue.

Le timbre abimé par son long silence passé, Samara se raclait discrètement la gorge tandis qu'elle tentait d'analyser et de comprendre ce qui arrivait au mutant. Les ombres.. C'était sans nul conteste une manifestation de sa mutation. Sa .. Mutation. Reportant son regard sur ses avants bras puis sur le portable de Mikel, elle bougea enfin pour le récupérer d'une main fébrile. Tremblement de ses membres vidés de leur force, elle déverrouillait l'appareil facilement pour tomber sur ces messages signés de son nom.

Son souffle se coupait alors qu'elle se rappelait peu à peu son état de conscience égarée. Une bouffée d'angoisse la prit à la gorge mais elle la relégua à l'arrière-plan de ses priorités tandis qu'elle se décidait à sortir du lit. Pieds nus posés au sol, elle s'y reprit à deux fois avant de tenir debout, le drap l'entourant en guise de robe de fortune. S'avançant alors vers Mikel, elle hésita un instant avant de le toucher.

Assurément par peur.
Mais pas pour elle.
Bien plus pour lui.


Pour autant, elle se décida à venir glisser sa main sur la sienne agrippée à l'accoudoir. Elle l'effleurait avec douceur alors qu'elle se penchait lentement vers lui. L'autre main, elle, tenait son drap. « Mikel ? T-tu m'entends ? »

Bientôt, l'inquiétude grandissante venait chasser l'angoisse du réveil et Samara ôtait sa main de la sienne pour venir intuitivement la glisser contre la joue du mutant. Elle espérait le ramener à elle ; elle espérait le faire émerger. Mais ce simple contact eu l'effet prodigieux de la propulser dans ses souvenirs et de la ramener à l'instant passé de sa folle audace.

Ainsi se revoyait-elle lui quémander un baiser qu'il lui avait donné. Un baiser qui, du simple fait de son souvenir, lui fit monter le rouge aux joues, parce que ça avait été le premier. Et sans surprise.. Il s'était partagé à l'orée d'une catastrophe. « Ohlala.. »

Les réalisations s'enchainaient alors et au cœur de l'inquiétude naissait bientôt la culpabilité. Parce que c'était peut-être son état – à elle – qui avait plongé Mikel dans le sien. « Oh mon dieu.. Je suis désolée. » Soufflait-elle, le cœur froissé par les évènements et le regard baigné de tristesse. « Je suis vraiment désolée.. » Se sentait-elle obligée de répéter alors qu'elle venait glisser sa main entre les omoplates de Mikel afin de se serrer maladroitement contre elle.

L'urgence et la culpabilité.
L'affection et la crainte.

Ça l'emportait finalement sur tout le reste.
Tout le reste.


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broken servant i kneel, find my humanity so i can breath again, save me from my sea of loathing so down with my sickness ---    @Samara Corvin    


Tu n’avais pas réalisé, ou même réagis, vraiment, quand la noirceur a commencé à engloutir ton être. Quand celles-ci se sont glissés autour de tes jambes, autour de tes bras, autour de ton cou.  Quand celles-ci finissent par finalement bouffer ta vision. Tu les avais laissés faire, en fait: tu n’avais plus eu envie de voir, de ressentir ce qui se passait dans cette pièce. Tu ne voulais plus être confronté à cette impuissance qui avait grugé un passage de ton vendre à ta conscience, cette inaptitude qui, pendant les dernières heures, avaient été alimentées par les voix qui résident en semi-permanence dans le fond de ta cervelle. Des voix que tu n’avais pas entendu au moment où elle avait toqué à ta porte.

Tu n’étais pas prêt à faire la connexion.
Pas encore. Surtout pas quand tes ombres avaient trouvé la parfaite faille pour t’envahir.

Le temps passe rapidement, quand tes sens sont neutralisés, quand la seule chose qui résonne dans ta tête est le noir. Cette envie, ce besoin, de te dissocier de ton présent, tu t’étais perdu pour le regretter instantanément. Dans son moment le plus vulnérable, toi, tu avais flanché; comme tu avais flanché pour Ion, pour Ales, quand tu n’as jamais été capable de les sortir de votre enfer partagé. Tu les avais laissés tombé, comme tu l’avais laissé tombé. Quel genre de mutant étais-tu, si tu n’étais même pas capable de protégé les gens qui avait le malheur d’être dans ta vie?  Malgré cette réalisation, cette petite idée qui s’était formée dans ta tête, tu n’avais pas était capable de te dégager de ta noirceur intérieure. Pourquoi est-ce qu’elle te lâcherait? Tu étais exactement où elle voulait que tu sois: avec elle.

Les premiers sons prennent un temps avant qu’ils glissent à la surface de ta perception. Ils semblaient si lointains et pourtant, c’est ton nom que tu entends bientôt, cacher sous une couche vaporeuse de noir. Mikel? La voix était féminine, douce dans sa tonalité. La voix était autre, ne venait pas des ombres qui s’étaient infiltré dans ta tête. Est-ce qu’elle était nouvelle dans ta caboche brisée? Non, tu sais qui c’est, à qui elle appartient. Qui, qui, qui?  

Enfoui dans tes ombres, barricadé contre l’univers tout entier, c’est un simple touché, puis un deuxième, qui te fait réagir. Instinct naturel, ton corps bouge, se contorsionne pour absorber la chaleur d’une main contre ta joue.  Tu ne savais pas pourquoi, mais tu voulais te perdre dans cette chaleur, dans se toucher qui était une nouveauté malgré ce sentiment de confort qui semblait habiter le geste. Tu en voulais plus, toujours plus. Pourquoi?

Tes doigts se crispent sur les bras du fauteuil, serrent le vieux bois sous tes ongles. Ton corps recommence lentement à prendre vie, à reconnecter avec cette petite lueur qui était ta conscience.

Je suis désolée. Je suis vraiment désolée…  Une main entre tes omoplates fait fuir les ombres qui résidaient autour de ta tête, de tes épaules. Tu sens des frissons se glisser sur la surface de ta peau, remonter le long de ton épiderme, contre la peau de ton cou. Les mots frappent sans que le contexte se fasse apparent dans ta tête. Tu n’aimais pas ce qu’elle disait. Tu ne comprenais pas pourquoi, mais tu avais le sentiment qu’elle avait tord; tu le sentais dans le fond de ton être. Rien n’était sa faute, rien à lui blâmer.  Mais pourquoi est-ce que tu ressentais quelque chose? Tu te foutais de tout le monde, sauf de deux personnes… Ales et …

Sam.
Samara.
Love.

Ça prend toute ton énergie pour arracher ta main gauche du fauteuil, d’étirer ton bras avant de l’envelopper autour d’une taille fine et féminine. C’était d’un effort incroyable, de forcer tes muscles à s’éveiller, à rompre la connexion entre toi et Nox, entre toi et les ombres de ta mutation. Et malgré les efforts, malgré le mouvement que tu as miraculeusement réussi à accomplir, tu savais que tu n’étais pas entièrement sauvé. Une partie de ton être gueulait d’y retourner, de replonger tête première dans cette noirceur qui t’avait accueilli quand personne te voulait. Quand tu ne valais pas la peine d’être sauvé, encore moins d’être touché. Tu laisses ta tête tomber lourdement vers l’avant, ton front terminant sa trajectoire sur l’épaule de la mutante. Tes doigts se crispent lentement, serrant doucement les replis du drap. « Sam… »Tu dois prendre une respiration, puis une deuxième : tu sens tes muscles se contracter et se délasser, essayant tant bien que mal d’éliminer les ombres qui restaient collées à ta peau.  « C'est… j'suis là...j'suis là... » Je t'ai pas abandonné, bébé, j'suis là...

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i serve my head up on a plate, it's only comfort, calling late.. 'cause there's nothing else to do. every me and every you ---    @Mikel Oisín   



Inquiétude épidermique malgré le réveil bousculé. Le corps se remettait à peine du désastre d'une nuit éprouvée, et pourtant, Samara trainait le pas jusqu'à arriver devant Mikel. La peur refoulée au même niveau que son angoisse engourdie, elle songeait d'abord à lui, avant de penser à elle. L'esprit pétri d'inquiétudes, Samara tentait de le ramener maladroitement à elle.

Parce qu'elle ne craignait pas les ombres.
Elle ne les avait jamais craintes.

Pour les avoir subis dans le silence.
Pour en avoir fait ses meilleures ennemies pendant son enfance douloureuse.

Ainsi pouvait-elle surmonter ce que les autres auraient difficilement tolérés. Elle ignorait l'effet graphique de la mutation et osait une étreinte maladroite accompagnée d’excuses. Sincérité dans la voix, Samara refusait de lui faire endurer ses propres souffrances, que ce soit par écho ou par effet immédiat. Elle ne voulait pas lui faire endurer son fardeau.

Jambes tremblantes et incertaines, Ascii tenait pourtant bon tandis qu'une de ses mains tenait le drap contre sa poitrine. L'autre tremblait à peine autour du cou du mutant alors que son souffle se saccadait sous la crainte. Lorsque finalement, un des bras de Mikel l'entoura tout à coup, elle échoua maladroitement sur ses genoux avec un cri aigue de surprise. « Oh mon dieu.. Pardon, pardon.. » Soufflait-elle dans la précipitation, inquiète d'être un poids sur les genoux masculins. La main encore maladroitement accrochée à l'orée de la nuque du mutant, elle le fixait de son regard brun en entendant son nom.

« .. O-oui ? Je suis là. » La précipitation des mots appelait à un retour parmi les vivants tandis qu'elle ressentait, comme si elle avait été sienne, toute la crispation de Mikel. Souffle retenu au fond de sa gorge pendant un instant, elle réalisait soudain la proximité qui les liait et rougissait derrière ses tâches de rousseur. Les mots auraient voulu sortir de ses lèvres, mais c'était la panique qui prenait le pas jusqu'à entendre Mikel annoncer son retour.

Observant les reliquats d'ombre, Samara tenta de souffler sur l'une d'elle, comme pour la faire fuir puis finalement remonta son regard sur le profil du mutant. Prise dans le fil de ses réflexions, elle semait sa panique l'espace d'un instant afin de laisser la dominante à sa culpabilité.

« Je suis .. Désolée. » Soufflait-elle dans un murmure contrit. « Je ne voulais pas te faire de mal.. Ou de la peine. Ou.. Ou t'inquiéter. Ou.. Quoique ce soit. » Le menton bas par ce sentiment de honte qui la dévorait toute entière, elle soufflait. « Pardon.. » Les images continuant d'affluer dans un puzzle désorganisé, Samara ne savait plus. Elle ne savait plus par où commencer. Ses bras lui faisaient mal, les courbatures étiraient ses muscles avec difficulté, son esprit lui semblait essoré. Pourtant, tout ce qu'elle savait, en regardant Mikel, c'était qu'elle n'avait jamais souhaité le faire souffrir d'une quelconque manière. « J'espère.. Que tu pourras me pardonner. »

Souvenir de son audace de la veille, Samara se revoyait agir, peu à peu, comme portée hors de sa conscience et de toute sa raison.

« J-je.. Je me suis mal comportée, je crois, enfin.. Je ne suis pas sûre. Je.. Pour ça aussi, je suis désolée. » Prête à dresser une liste par ordre alphabétique des excuses qu'elle devait formuler, elle observait l'état de Mikel pour s'assurer qu'il allait bien. En cet instant, c'était son essentiel.
Tout juste son essentiel.

Animée d'un besoin dévorant de déposer un baiser chaste sur la joue du mutant, elle se penchait vers lui, hésitait puis.. Résistait. Elle résistait terriblement, tandis que son envie bataillait férocement avec sa peur de mal agir. D’ailleurs, pour la première fois, Samara dû faire appel à une étrange résilience pour retenir ses gestes, tant et si bien qu'elle se tendit sensiblement et réveilla les quelques courbatures nouant son corps. Lèvres inférieures mordues et soupir douloureux étouffé, elle détournait son regard.

« Je vais.. Je devrais.. Tu vois ? » Articulait-elle difficilement pour tenter de se détacher. La main glissait hors de la nuque de Mik avec lenteur alors qu'elle bloquait un instant à observer ses nouveaux tatouages. L’admiration et l’inquiétude brillèrent momentanément dans son regard brun avant qu’elle ne se ressaisisse. Ainsi allait-elle pour se relever. Pour quitter le confort de ces genoux qu'elle avait envahi malgré elle.
Enfin, plus ou moins malgré elle.



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