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we don't have to dance ▬ ysold & ariel

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we don't have to dance
The sun is down and we're bound to get exhausted and so far from the shore

« T'as tout ce qu'il te faut ? » Le sourire de ta gamine, alors qu'elle hoche la tête, est la plus belle chose de l'univers. Et tu ne t'imagines pas passer une semaine sans elle. C'est comme ça à chaque fin d'hébergement, à chaque fois que sa mère se gare en bas de ton immeuble pour venir te l'arracher. Ça te fout les boules, mais tu essaies de le cacher pour qu'Alix ne s'inquiète pas, pour qu'elle ne culpabilise pas. Elle n'y est pour rien dans cette histoire, ce n'est pas elle que tu blâmes pour la destruction de votre unité familiale. « T'as pensé à Mister Dolphin ? » Elle se fige, ta gamine, rit un peu avant de courir jusqu'à sa chambre pour chopper la peluche de dauphin qu'elle se traine depuis son premier anniversaire. Ton ex-femme sonne à la porte, et le moment que tu redoutes arrive. Tu enlaces ta gamine, tu t'imprègnes de son odeur pour ne pas l'oublier jusqu'à la semaine suivante, et tu vas ouvrir à la femme qui a partagé des années entières de ton existence avant de les piétiner sans scrupule. « Elle a fait tous ses devoirs. » que tu lâches en guise de bonjour. Tu fais attention à ton ton, à ne pas être agressif devant Alix ; ton agressivité déclenche sa mutation. « Bonne semaine chaton. » ajoutes-tu, regardant la petite main te faire au-revoir jusqu'à disparaître à l'angle du couloir.

Ton appartement te paraît trop silencieux maintenant qu'elle est partie, et tu le supportes difficilement. Tu prends une douche pour évacuer, choppe le premier jean's et le premier t-shirt venu pour t'habiller, ton paquet de clopes, ta veste en faux cuir, deux ou trois affaires comme tes clefs et ton portable. T'as pas envie de rester entre les murs froids d'un appartement qui n'a d'intérêt que lorsque les rires d'Alix y résonnent. Ça te fout les boules d'être seul ici, de voir la chambre de ta fille vidée de son essence vitale sans la présence de la petite propriétaire de l'armée de jouets qui s'entassent dans un coffre. Tu claques la porte en sortant de chez toi, laisse Google Map te guider dans le premier bar que tu trouves – en évitant quand même soigneusement le Nature's Will qui te fout les boules comme pas possible. Un bar t'attire, tu y entres pour te diriger directement vers le bar et commander un whisky, tout en observant autour de toi. T'as pas envie de rentrer seul ce soir. T'as pas envie de t'endormir seul dans des draps froids, dépossédés d'une vie maritale que tu aurais tellement voulu conserver. Il y a de belles femmes dans la place. Mais aucune qui ne dégage ce que celle qui attire ton regard arrive à dégager. T'as pas grand chose à perdre, alors tu commandes un mojito, la boisson qui fait mouche 9 fois sur 10, en espérant qu'elle ne fasse partie des 1 qui envoient chier cette règle universelle, et tu t'approches.

« J'peux t'offrir ce verre ? Ca t'engage à rien d'plus qu'une conversation, promis. » lâches-tu en guise de salutations, avant de boire une gorgée dedans, histoire de lui prouver que tu ne cherches pas à la droguer, et de le lui tendre. « J'm'appelle Ariel. Je peux ? » Tu désignes la chaise vide en face d'elle, sans vraiment craindre de te prendre un râteau. Au pire, si c'est le cas, tu t'en remettras bien et elle aura quand même gagné un mojito. Elle est sûrement trop jeune pour toi, peut-être même déjà prise ou lesbienne, t'en sais rien. Tu tentes simplement ta chance parce qu'elle est belle, parce qu'elle dégage un truc magnétique que tu ne peux pas non plus occulter. Mais tu ne t'imposeras pas. Tu ne fais pas partie de ces gros lourds pour qui le concept de consentement est un principe un peu flou. Tu restes dans l'attente d'un accord ou d'un désaccord ; t'es prêt à accepter l'un comme l'autre, et ce à tout moment de la soirée. T'es prêt aussi à te faire refouler pour ta technique de drague à la con et te contenter d'une simple conversation sympa. T'es pas chiant comme type ; tout te va, finalement, tant que tu n'as pas à penser à ta soudaine solitude.  

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rivais pas à me concentrer sur mon trait d’Eyeliner. Le souvenir de la brune agaçante me hantait encore.
Fait chier.
Je prends une grande inspiration pour enlever son sourire insupportable de mon crâne. Il fallait que je me renseigne sur cette pompière. Quitte à faire toutes les casernes de la ville. Pour l’heure, je devais me détendre. Aucun de mes collègues et amis ne pouvait sortir ce soir. Je n’allais pas renoncer pour autant. Je sors de la salle de bain flanquée d’un pull à manche dolman bleu nuit et d’un jean. j’attrape un manteau, mon sac à main et je quitte l’appartement. Dans le couloir, je respire. L’immeuble est souvent animé alors les moments comme ceux-là, j’en profite. Il fallait maintenant que je trouve une occupation pour la soirée.
“Voyons voir…”
Je tape sur mon téléphone l’endroit où je pourrais aller et le premier nom sur ma liste, je le connais alors c’est là que je vais poser mes fesses. Au moins, je sais que je n'y ferais pas de mauvaises rencontres. C’est l’endroit où je vais souvent. Moi, ils me connaissent. Dans mes bons et moins bons moments. Je marche jusqu’à trouver un endroit qui me plaît ou poser mon cul. Je suis les instructions dictées par la voix mécanique. Les écouteurs dans les oreilles pour me couper du monde, pour ne plus entendre les remarques, le nez sur les vitres des magasins pour ne pas voir les mecs super relou qui m’abordent dans la rue. C’est d’un chiant ce truc. Ce soir, ce n'est clairement pas ce que je veux. Je pousse une porte. Le bar est déjà bien rempli. C’est finalement, le même que d’habitude, j’ne sais pas pourquoi j’mets le GPS à chaque fois, j’tombe tout le temps ici. Je souris au barman, à deux trois têtes que je reconnais, des habitués. Je décide de commencer léger, je boirais plus tard. Un verre de coca. Il y a quelques conversations sur les actualités qui surgissent lorsque les gens vont et viennent près du bar. Le barman évite de trop s’attarder sur le sujet, depuis une petite dispute, ce sujet est comme une patate chaude, suffit que tu tombes sur la mauvaise personne pour qu’elle te l’envois non pas dans les mains, mais dans la tronche. La porte s’ouvre à nouveau, mais je n’y prête pas attention. Pourtant, un gars à côté de moi chuchote à son pote sur le type, un tatoué à ce qu’il parait. Moi, je subis un gars bien amoché persuader d’avoir vu un chat rose un soir. Lui, il n’avait clairement pas bu que de l’alcool.

« J'peux t'offrir ce verre ? Ça t'engage à rien d'plus qu'une conversation, promis. »

J’aurais pas dit oui de base, si c’était pas tourné comme ça. Un verre gratos, faut pas passer à côté. Je tourne la tête.
Ho, c’est lui.
Le mec tatoué dont ils parlaient. Et ben il est en effet, bien tatoué. Il boit dans le verre, c’est genre un rituel de tatoué pour prouver que c’est pas un autre barge qui drogue les nanas dans les bars ?

“ Je dis pas non à un verre.” Peut importe ce que c’est, tant que c’est bon et que ce n'est pas du poison.
“ T’étais pas obligé de boire avant moi, je connais bien l’endroit et les gens ici savent qui je suis, s’il y a le moindre truc louche, ils savent qui appeler alors en général, ça dissuade assez bien.”
« J'm'appelle Ariel. Je peux ? »
Il s’appelle Ariel?
Genre…
Comme la petite sirène? Comme la lessive ? Il a vraiment le nom d’une princesse ?

“ Ouai va y. Tu t’appelles vraiment Ariel? Ça va pas vraiment avec….ton look.”

J’veux pas vraiment paraitre trop  alors je ne rit pas. C’est pas très gentil à ce qu’il parait de se moquer de quelqu’un à cause de son prénom. J’essais de ne pas penser à la sirène, mais c’est pas facile à oublier ce genre de rapprochement. Il s’appelle Ariel,
Putain,
il s’appelle
Ariel.


“ Je m’appelle Ysold moi. T’es vachement tatoué. T’es le genre de tatoué qui à une signification à chaque tatouage ou tu fais juste ça pour l’esthétique?”

Il à un regard assez intimidant quand même. Les tatouages en plus, son nom à vraiment du être une plaie pourqu’il veuille dissuader du regard les gens qui pourraient se moquer…Comme moi.

“ C’est pas trop dur à porter Ariel? Genre comme la petite sirène?”

Peut-être que c’était pas le genre de phrase qu’il fallait lui dire alors qu’il m’offre un verre pour faire la conversation. Il regrette peut-être ce verre finalement.


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Tu ne passes pas inaperçu quand tu rentres quelque part. Tu le sais, t'es pas con, tu les vois bien les regards, tu les entends bien les rumeurs, et ça t'amuse. Chacun y va de sa petite hypothèse alors que la réalité est bien simple : t'aimes juste bien ça. Le tatouage, c'est un truc que tu n'arrives pas à arrêter, que tu continueras certainement jusqu'à ce que chaque millimètres carré de ta peau soit recouvert d'encre. C'est une passion, un truc qui te coule dans les veines depuis le jour où tu as commencé à avoir des préférences personnelles. Ça t'a coûté ton poste, mais tu ne regrettes rien. Sans ces tatouages, t'avais l'impression de ne pas trop être toi ; aujourd'hui, tu te sens complet quand tu croises ton reflet dans un miroir. Alors les murmures, t'en as pas grand chose à taper. Tu fais ta vie, ça a toujours été le cas depuis que tu as admis que c'était logique que les gens se retournent sur ton passage. Ça te fait chier, parfois, surtout quand t'es avec Alix, mais dans le fond, tu n'as jamais trop accordé d'importance au regard des autres.

La jeune femme que tu abordes, elle, dégage aussi un truc particulier. Elle n'a pas encore ouvert la bouche que tu le sais. Ça se confirme quand elle l'ouvre, cette bouche. Sûre d'elle, la demoiselle, totalement en confiance dans un truc qui ressemble un peu à son royaume, finalement. « C'est juste une habitude, la plupart des meufs sont paranos et c'est complètement justifié. » que tu rétorques, déjà un peu amusé, avant de te présenter et de t'installer parce qu'elle t'y autorise. T'as toujours été particulièrement à cheval sur le consentement, ça ne va pas changer ce soir. Et le sourire que son piquant t'arrache est impossible à camoufler. Des vannes sur ton prénom, t'en as autant que des murmures sur ton passage. « Je m'appelle vraiment Ariel. » confirmes-tu, clairement amusé par la situation. T'es pas le genre susceptible, pour te vexer réellement il faut sortir l'artillerie lourde, et elle vient à peine de sortir un pistolet à eau. Définitivement, tu aimes ce qu'elle dégage. Définitivement, tu aurais bien envie de terminer la soirée avec elle, parce qu'elle est assez franche pour être intéressante à tes yeux. Comme s'il n'y avait pas de filtre entre son cerveau et sa bouche. Et alors que tu fais tourner paresseusement le liquide dans ton propre verre, te voilà assaili de rapport d'observation et des questions qui vont avec. Sur ta joue, l'araignée que tu as fait tatouer il y a maintenant onze ans, pour ta gamine, danse au rythme du sourire qui s'étend.

« Certains sont purement esthétiques. Les bras, typiquement. Au bout d'un moment, on fini par se foutre du sens. » expliques-tu, avant de prendre une gorgée de ta boisson et de désigner l'araignée sur ta joue. « Ça, ça a une signification, je l'ai fais à la naissance de ma gamine. L'araignée, ça représente la construction et le sacrifice ; c'est deux trucs qu'on vit quand on devient parent. » T'as pas tellement peur de te livrer sur ça, parce que c'est un sujet dont t'es fier. Alix, c'est la meilleure chose qui te soit arrivé. Mais voilà qu'Ysold revient déjà à la charge sur ton prénom. Et toi, t'éclates de rire, laisse passer l'éclat avant de terminer cul sec ton verre et de héler un serveur pour recommander la même. « J'trouve ça drôle de me faire tacler par une meuf qui a un prénom venu tout droit du moyen-âge. » Tu es clairement en train de la vaner. Pas de façon méchante du tout, parce qu'il est évident que tu es amusé, bien loin d'être vexé ou de vouloir la vexer. Bien sûr, tu prends un risque, mais toi aussi tu peux être piquant, et tu ne comptes pas te renier pour préserver qui que ce soit. Et puis t'es bien loin, aussi, de passer un mauvais moment. Bien au contraire, Ysold te stimule déjà alors que votre conversation commence à peine. « C'est merdique à porter, Ariel, j'vais pas te mentir. J'ai été militaire, j'te laisse imaginer les vannes que j'ai mangé en portant le prénom d'une princesse Disney. » Le serveur t'apporte ton second verre, et tu viens trinquer contre celui de la demoiselle. « aux prénoms pourraves. Mais, t'sais, on s'habitue. T'as qu'à m'appeler Polochon, on reste dans le thème mais au moins j'récupère ma virilité. »

T'es capable de débiter pas mal de conneries à la seconde, et en face de quelqu'un qui te met à l'aise, c'est encore pire. Et, clairement, Ysold est loin de te mettre mal à l'aise, bien au contraire.   

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 « Ça, ça a une signification, je l'ai fais à la naissance de ma gamine. L'araignée, ça représente la construction et le sacrifice ; c'est deux trucs qu'on vit quand on devient parent. »

Il est papa. J’arrive pas à imaginer ce gars papa honnêtement, parce qu’il donne plus l’impression d’être un esprit libre. Ouai c’est un peut un préjugé et j’men fou. Parce que j’arrive pas vraiment à visualiser ce que c’est d’être parent dans ma génération. Qui peux vouloir faire des enfants de nos jours? Pas moi. Pas avec ce que je porte potentiellement. Pas avant d’avoir trouver le moyen de changer les choses. Parce que ça divise, ça détruit. Ce gène, il m’a privé de mon père, de ma soeur, ma mère, mon frère. J’aime pas y penser, j’aime pas me poser de questions. Les questions ça embrouille l’esprit, ça n’apporte que du doute. Douter c’est faiblir.

J’ai pas vraiment le temps d’avoir une vie en dehors de mon travail, quand j’y suis pas, je fais du parkour sur les toits de New York, j’reste chez moi à jouer, je vois des collègues en dehors du boulot, on parle travail assez souvent d’ailleurs et je sors au bar de temps en temps. Avoir un petit monstre à élevé, c’est pas moi. Ancrer d’autres dans ma peau, je ne sais pas si je franchirais le pas un jour. Je bois la moitié de mon verre pendant qu’il rit à ma vanne sur son prénom. Mes yeux se posent sur ses tatouages, jusqu’ou il en possède? Jusqu’ou il ira?

“ Jusqu’ou tu en as? De tatouages? Ils ont l’air sans fin.”

Ils me fascinent, autant que son regard.

« J'trouve ça drôle de me faire tacler par une meuf qui a un prénom venu tout droit du moyen-âge. »

Bha ça va il le prends plutôt bien. Eh ! Mon prénom est très bien. Je le fusille du regard. On se moque pas ! Mon prénom, c’est un reste de mon passé, de mon père.

« aux prénoms pourraves. Mais, t'sais, on s'habitue. T'as qu'à m'appeler Polochon, on reste dans le thème mais au moins j'récupère ma virilité. »
“Il a une histoire se prénom figure toi. Et je pense pas que Polochon ça fasse plus viril. Mais j’aime bien Polochon alors je garde”

Une histoire que je connais. Parce que Din me l’a raconté. Parce que je l’ai entendue des dizaines de fois. Parce que mon nom de ressemble pas à celui de mes soeurs, parce que nous ne sommes soeurs que parce que Din m’a adoptée. C’est toujours Oncle Din, c’est toujours L’Oncle et cela le sera toujours.

“ Mon père trouvait amusant de m’appeller Ysold, parce que ça ressemble à Iseult. Ma soeur portait le nom de Guenevere et mon frère Arthur.”

Je souris. J’en parle pas souvent parce que ça me remue encore. Maintenant il y a les Ashford, c’est eux ma famille, c’est eux qui m’ont élevé et J’ai pas été élevée comme une princesse qui sirrote son verre. Ho non. Je le bois cul sec. Ariel Il ne se prends pas pour un chevalier. Il ne se retient pas, ne se soucie pas de me froisser. C’est ce que je veux. J’aime cette attitude. Il a de l’humour, et ça fait mouche avec moi. J’ai besoin de franchise pour être en confiance, la vie est trop courte pour tourner au tour du pot. Je demande un autre verre moi aussi.

“ J’sais plus me battre qu’aimer. Au moins j’suis pas déçue.”

J’sais pas pourquoi j’ressens le besoin de lui dire, parce que discuter une soirée c’est sympa, mais à part me battre avec ou contre les gens, j’sais pas faire grand chose d’autre. J’peux pas donner plus que ça. Plus qu’une soirée. J’glisse sur une pente de terre boueuse. J’aime pas ça, alors j’me reprends. J’sais plus me battre qu’aimer, ce soir, j’sais pas trop ce que c’est.





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Tu la sens bien, cette rencontre. Parce qu'Ysold dégage un truc que tu aimes fondamentalement. Elle semble franche, et c'est un truc que t'apprécies, bien plus que les gens qui essaient de marcher sur des œufs pour ne pas blesser leurs interlocuteurs. T'aimes l'humanité, Ariel, mais il faut bien avouer que la plupart des gens te font chier avec leur hypocrisie sociale. La franchise d'Ysold est rafraîchissante. Elle répond à la tienne avec une fluidité qui t'épate. Pour ce soir, t'as quand même l'impression d'avoir misé sur la bonne personne pour passer une bonne soirée et ne pas voir les heures défiler. Tu t'en fous même de réussir ou non à la ramener dans tes draps, ce qui compte c'est l'instant présent, ses remarques un peu acides, son piquant qui te séduit.

Tu peux facilement admettre que t'as pas la gueule à être père. D'ailleurs, c'était pas tellement dans tes plans, à la base. Personne n'aurait pu parier sur toi pour avoir un gamin un jour, mais c'est arrivé et Alix est la personne la plus importante du monde à tes yeux. Il s'avère que t'as eu un instinct paternel développer dès les premiers mois de grossesse de ton ex-femme, et que tu prends au sérieux ce rôle sur lequel les gens n'iraient pas parier un centime. Elle n'a pas une réaction déplacée à ta petite confidence, et t'apprécies. Tu sais pas ce qu'elle pense des enfants et honnêtement, tu t'en fous. Ce n'est de toute façon pas ce qui semble vraiment l'intéresser. « Jusqu’ou tu en as? De tatouages? Ils ont l’air sans fin. » T'as bien une réponse qui te vient, un peu graveleuse, mais c'est encore trop tôt dans la soirée. Quoi que. « J'suis tatoué à un peu plus de 80%, j'ai plus d'encre que de peau nue, donc ouais, d'une certaine façon, ils sont sans fin. » Tu esquisses l'ombre d'un sourire. « J'peux pas tous te les montrer, ici. Reste juste à voir si tu seras curieuse de tous les découvrir ou non, du coup. » C'est moins graveleux que ce que tu avais en tête comme réponse initiale, mais ça reste assez peu subtil malgré tout. En même temps, t'as pas caché une seule seconde ton intention de la draguer. Tu t'amuses juste à soutenir son regard, pour savourer sa réaction à cette perche clairement tendue. Est-ce qu'elle est du genre à accepter les avances d'un inconnu ou est-ce qu'elle va te jeter son mojito à la gueule ? T'as franchement hâte de le découvrir.

En attendant, tu t'amuses de vos joutes verbales. Vous y allez tous les deux de vos petites moqueries sur vos prénoms. « Il a une histoire se prénom figure toi. Et je pense pas que Polochon ça fasse plus viril. Mais j’aime bien Polochon alors je garde. » Tu ris légèrement, te voilà condamné à un surnom totalement ridicule. Et il y a un truc qui te dit qu'elle s'en servira volontiers. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, c'est toi qui lui a tendu cette perche là, après tout. « J'veux bien l'entendre. L'histoire qui va avec ton prénom. » que tu balances, maintenant que les bases ont été définies et que tu es prêt à te taper le surnom le moins viril et sérieux de l'histoire des surnoms de première rencontre. « Mon père trouvait amusant de m’appeller Ysold, parce que ça ressemble à Iseult. Ma soeur portait le nom de Guenevere et mon frère Arthur. » Tu souris, toi aussi. Vu comme ça, Ysold lui va vraiment bien comme prénom. « J'te taquinais juste. Je l'aime bien, ton prénom. Il est surprenant. » ajoutes-tu, sincèrement. Ysold, c'est aussi joli que singulier. Un peu comme elle, finalement. « Et elle est cool cette anecdote. Tiens, attends. » Tu remontes un peu ton t-shirt, juste assez pour dévoiler une partie de tes côtes et surtout le tatouage que t'as envie de lui montrer. Le Saint Graal, mis en valeur par un super artiste. « J'suis un peu fasciné par les légendes Arthuriennes. C'est sympa comme thème. » que tu expliques, avant de laisser retomber le tissu.

« J’sais plus me battre qu’aimer. Au moins j’suis pas déçue. » qu'elle fini par te confier, alors que tu mets un point au sujet des prénoms d'une gorgée d'alcool. Tu sais pas trop pourquoi ça te touche à ce point, ce qu'elle te raconte en une seule et unique phrase. De nouveau, ton regard soutient le sien. « T'as le droit. » réponds-tu. « C'est ton droit l'plus strict. Je sais pas ce que t'as vécu dans ta vie, mais si c'est ton moyen de défense, c'est respectable. » Tu sais pas pourquoi tu lui dis ces mots là. Ce sont ceux qui te semblent les plus justes. « Ça doit être épuisant, nan ? De toujours s'battre ? » Ton intérêt est plus que sincère. Cette fille, t'as envie de la connaître, il y a cette vibe entre vous, tu la sens. Un feeling plutôt cool que t'as envie d'explorer sincèrement.  

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  « J'te taquinais juste. Je l'aime bien, ton prénom. Il est surprenant. »

Il aime bien mon prénom.

J’me retrouve à sourire comme ces filles un peu niaises parce qu’elles reçoivent un compliment. C’est nouveau. Je ne sais pas vraiment comment l’accepter. C’est comme si aucune de mes barrières, n’arrive à le repousser. Il est là à m’écouter parler. Il accepte le petit surnom. Il remonte un peu son T-shirt, dévoilant le Graal. Ne fais pas ça. Souffle ma tête à chaque centimètre de tissu qu’il soulève. Mes yeux se posent sur ses côtes tatouées. La légende Arthurienne le fascine. Moi aussi, elle me suit depuis ma naissance, dans les livres, les chansons, les films. Je ne lis pas énormément de choses, des comics ou des mangas pour la plupart, sauf quand il est question de ce thème. Parce que les livres sont souvent trop longs et demandent plus de temps et de concentration. Moi, j’ai directement envie de sauter à la dernière page. Je ne sais pas attendre et c’est le reproche que mes supérieurs me font souvent. Il y a cette série française que j’ai découverte, il n’y a pas longtemps sur le sujet, celle pour qui je me suis mise au Français.

Il fait retomber son T-shirt. Encore. Je veux en voir encore. Je ne peux pas céder. Je suis un soldat. Il n’y a pas de place pour les sentiments et à peine pour le désir charnel. Un jour ou l’autre, je peux disparaître et je refuse d’infliger ça à quelqu’un d’autre. Parce que ça bouffe le cœur et le crâne. Je ne peux pas tout lui dire. Je ne veux pas y penser, parce qu’à chaque fois ça me flingue le cerveau. Parce qu’à chaque mot, c’est un coup de poignard en plein cœur. Un coup de genoux dans l’estomac. Ces douleurs-là, c’est plus gérable quand c’est physique.
“Ça doit être épuisant, nan ? De toujours s'battre ? »
"Beaucoup moins que d’aimer quand tu sais comment t'y prendre.C’est pas évident tous les jours, mais j’ai grandi comme ça. C’est plus facile à gérer quand les coups que l’on reçoit son physique. Au moins la douleur, elle s’arrête.”

Je glisse vers le sentimentalisme. Ça craint. Je veux plus lui parler de moi. Plus aussi ouvertement. J’me sens trop mise à nu. Il y en a marre de cette sensation dans mon corps. Cette sensation de s’embraser soudainement. Je plante mon regard dans le sien pour chercher son accord sans un mot. Quand je suis certaine de savoir ce qu’il veut, je me penche vers lui, l’embrasse. Le feu se répand dans tout mon corps. Il réclame plus, mon corps, il réclame beaucoup plus que ses lèvres.

“ Je ne vais pas passer par quatre-chemins, j’ai très envie de finir la soirée avec toi, si tu le veux aussi. Mais uniquement ce soir. Pas de sentiments.”

J’suis honnête, j’veux pas plus que cela. Ni pour lui, ni pour moi. Il sait, libre à lui de suivre ou pas. Je le laisse payer la première tournée et je paie la deuxième. Parce que ouai, les verres gratuits, c’est sympa, mais je n'aime pas ce sentiment de ne pas partager l’addition.

La fraîcheur de la nuit ne parvient même pas à faire baisser la chaleur en moi. Je fais quoi? D’habitude, je ne parle pas si longtemps, c’est souvent des inconnus, croisés sur des sites de rencontres, des mecs qui ne veulent pas savoir comment je m’appelle ou qu’elle est mon histoire. D’habitude, je maîtrise. Le feu n’est pas si prenant. Je ne perds pas longtemps une fois arrivé avant de l’embrasser à nouveau et murmure à son oreille. “ Tu peux me montrer comment toi, tu aimes.”

Nous serons soumis désormais aux caprices du hasard, aux fluctuations de nos désirs, à tous les mouvements contraires, à tous les repentirs de nos propres volontés. De là vient qu'à cette heure, sans cesser de nous aimer nous en sommes à concevoir le projet de nous séparer. Tristan et Yseult


Il s’est endormi et le jour ne va pas tarder à se lever. Je n’ai pas laissé mon numéro. Un soir, une danse, c’est tout ce que je peux lui offrir. C’est tout ce que je peux lui céder. Tout en faisant le moins de bruit possible, je me r’habille, vérifie n’avoir rien oublié. Comme un fantôme, je fuis. Comme un rêve, il oubliera une fois réveiller. Il le faut. J’ne peux pas faire autrement. J’peux pas me laisser distraire. Je traverse l’appartement en faisant attention au moindre pas. Pourvu que le sol ne craque pas. Pourvu que ce ne soit pas un de ces vieux parquets. Pourvu qu’il ne se réveille pas ou qu’il change d’avis. Je me glisse à l’extérieur et prends la direction de chez moi, pourvu que je me souvienne comment retrouver ma route.


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C'est foutu. Ton attention, elle l'a attirée. Pas seulement pour son physique, loin d'être désagréable avec ce petit air farouche, ce petit air distant qu'elle a l'air de cultiver et qui lui va si bien. Elle t'a attiré parce qu'elle est singulière. Parce que sa façon de sourire comme une gamine quand tu la complimentes t'arrache un léger sourire camouflé derrière ton verre, parce qu'elle a l'air tellement forte et en même temps, t'es sûr que sa coquille cache des blessures et des guerres qu'elle n'aurait pas dû connaître. Tu l'écoutes te parler de douleur, et de facilité. Tu t'es brûlé les ailes à aimer, tu l'as encore au travers de la gorge, l'impression de te faire enfoncer un pieu en plein cœur quand tu vois ton ex-femme avec lui, quand tu imagines leurs étreintes, quand tu imagines ta fille rire avec ce connard qui t'a arraché ta famille. Tu te demandes si elle a été battue dans son enfance, à entendre ce qu'elle dit. Tu ne poseras pas la question, c'est trop personnel, c'est trop intrusif.

Elle se penche vers toi, tu poses ton verre. Le message est plutôt clair, vos corps s'attirent comme des aimants, t'as pas tellement envie de résister à une tentation que t'as voulu dès le départ. Tu la rapproches de toi en posant ta main contre sa nuque, tes doigts perdus à la base ses cheveux, pour échanger un baiser qui te laisse un petit goût de reviens-y en bouche. Mais tu la relâches, la laisses repartir, parce que tu es certain qu'elle n'est pas de ce genre à être apprivoisée facilement, parce qu'elle te donne l'impression d'être sans attache. Tu ne détaches pas de ton visage le petit sourire que cette soirée te provoque. T'as pas envie de le détacher. « Je ne vais pas passer par quatre-chemins, j’ai très envie de finir la soirée avec toi, si tu le veux aussi. Mais uniquement ce soir. Pas de sentiments. » Elle est claire sur ce qu'elle veut, et tu sens poindre dans ton crâne le début d'un dilemme. Elle t'intéresse. Vraiment. Pas seulement pour une nuit. Mais tu ne veux pas braver ses interdits, aller trop loin. Tu ne veux pas briser une confiance fragile et tacite qui s'établit entre deux adultes près à passer la nuit ensemble. « Viens. » Tu lui tends la main, tu la laisses régler la moitié de vos conso, tu règles l'autre moitié ; t'es pas du genre à te sentir castré par le fait qu'une femme veuille partager les frais, au contraire.

Le froid de la nuit ne semble même pas t'atteindre. T'as du mal à réaliser que cette rencontre a bien eu lieu, qu'elle n'est pas un fantasme crée dans ta tête pour t'occuper l'esprit. Elle est là, elle marche, elle respire, elle t'enflamme. Arrivés chez toi, la porte claquée, tu frissonnes à ses mots, lui rend un baiser plus profond. T'es prêt à l'aimer ce soir, cette nuit, pour le temps qu'elle te donnera pour le faire. Tu l'attires dans la chambre, un perdu dans ce qu'elle arrive à provoquer chez toi. Depuis ton ex-femme, t'as jamais désiré à ce point une autre femme. Elle est la première à faire renaître un truc au creux de ta poitrine, à te coller ses frissons sur l'épiderme. Et tu lui montres, toi, comment tu aimes, dans une étreinte qui n'appartient qu'à vous, jusqu'à ce que vos souffles soient trop courts pour pouvoir continuer, jusqu'à ce que les draps deviennent un appel au repos. Tu sais qu'elle ne sera pas là à ton réveil. Tu lui laisses pourtant tes bras pour grignoter un peu de repos, tu t'endors en sachant que tu te réveilleras seul. Parce qu'elle ne t'a promis qu'une nuit, et que tu ne lui arrachera pas plus que ce qu'elle est capable de t'offrir. Tu ne l'entends pas partir. Et même si tu l'avais entendu, tu aurais fait semblant de dormir pour ne pas la brusquer.

Mais tu te réveilles avec un goût de regret, dans la recherche vaine d'un numéro, dans l'espoir qu'elle ai pu changer d'avis dans la nuit. Elle n'a rien laissé de plus que son odeur entre tes draps, que le souvenir d'une soirée particulière en compagnie d'une femme qui a su éveiller véritablement ton intérêt. Tu ne chercheras pas à la retrouver. Tu ne chercheras pas à lui imposer ta présence, quand bien même tu voudrais partager encore des nuits entières à l'aimer et à lui parler, à la connaître, à la découvrir un peu plus. Tu n'en as pas vu assez, ce n'était que les prémices d'une possibilité. Et toi, tu dois déjà faire le deuil d'une relation à peine entamée, et tu soupires en allumant une cigarette et allant te faire couler un café.   

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