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Killing me softly. (Darius)

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killing me softly
strumming my pain with his fingers (one time) ---   @Darius Sinclair   



Ambiance tamisée aux rideaux tirés ; La lumière bleu des trois écrans dressés majestueusement sur leurs bras mécaniques bataillaient avec les lignes de néon qui se dessinaient en arrière-plan. Les ombres horrifiquement rassurante des gadgets divers de Samara projetaient sa passion sur le devant de sa scène silencieuse. Entre ces murs, elle se sentait libre, elle se sentait en sécurité. Ainsi laissait-elle échouer sur le sol de ses habitudes ses réserves afin de se détendre.

Les nerfs déliés de toute tension, la mutante était installée confortablement dans son fauteuil hors de prix, les jambes croisées et les pieds posés sur le bord du bureau. Pendant ce temps-là, les mains jouaient avec une boule élastique tandis que ses dents croquaient les rebords lissés d'une sucette cerise. Le regard attentif, absorbé par les diverses informations qui défilaient sur les écrans, elle gardait une attention particulièrement accrue sur une barre de chargement avant de plisser le nez.

« C'est trop looooong. » Soupirait-elle d'un timbre élimé par l’impatience. Et pour juguler son ras-le-bol, la jeune femme se relevait d'un bond afin de prendre la direction d'une de ses étagères. Royaume grandiloquent d'une de ses passions, elle passait en revue les divers comics avant d'en attraper un laissé sur le côté. Le plastique encore intact pour emballage, elle le traitait avec soin tout en se laissant nonchalamment tomber dans son siège et s’y installer en tailleur.

Le déballage digne d'un rituel magique s'entamait tandis qu'elle scrutait chaque détail de la couverture. « Moon ? Monte la lumière de 30% »

La voix désincarnée de l'IA raisonnait alors dans la pièce, donnant une sensation d'omniprésence. « Bien Sam. »

« Merci Beauté ! T'es la meilleure. » Souriait la petite brune en déposant le plastique sur le côté tandis que la lumière ajoutée aux plafonniers offrait une meilleure vue sur l'objet de sa convoitise. La première page découverte, elle entamait sa lecture en triturant machinalement le bâtonnet de sa sucette.

Et alors qu'elle était prête à tourner la page pour entamer le voyage vers une énième histoire qui la tiendrait en haleine, la porte annonçait la présence d'un visiteur. Coups donnés et réaction épidermique allant de concert, elle se redressait pour reposer les pieds au sol. Les sens en alerte, Samara pivotait son siège en posant le comic sur le bord de son bureau puis ôtait la sucette de sa bouche.

Le manteau de réserve qui l'habillait depuis toujours revenait la couvrir alors même que la silhouette du Doyen se présentait dans l'encadrement.

« Ah.. Bonjour Darius. » Le saluait-elle d'un timbre bien moins téméraire. Le regard brun de la mutante le jaugeait avec une appréhension nouvelle tandis qu'elle tentait de décrypter son humeur, et pire encore, les raisons de sa venue. « Je peux t'aider ? »


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Darius n’avait pas beaucoup dormi la nuit dernière. Ni les trois autres nuits d’avant, en fait. Les événements des derniers jours l’empêchaient de sombrer dans le sommeil réparateur ; il finissait toujours par se lever, agité et frustré, pour continuer de parcourir l’internet à la recherche d’indices. Entre la disparition des membres de l’Institut et sa nouvelle obsession personnelle, c'était comme s’il se faisait tirer aux extrémités par deux forces opposées. Lui qui semblait toujours organisé malgré ses diverses activités, il commençait à ne plus savoir où mettre de la tête. Son cerveau lui disait que l’Institut passait avant tout, comme cela avait toujours été le cas depuis sa fondation, tandis que son cœur ne pensait qu’à la décision qu’il avait prise en laissant Amalia retourner les mains vides dans les griffes de Trask Industries. En voulant aider sur les deux fronts, il divisait son attention et ses efforts, finissant par n'arriver à rien dans tous les cas.

Le vieux mutant n’était pas un prodige de l’informatique. Il savait comment envoyer des textos ou utiliser Google comme la majorité des gens ; il s'était même créé des comptes sur les réseaux sociaux histoire de contacter certaines personnes d’intérêt. Mais ses connaissances s’arrêtaient là — il avait l'habitude de déléguer les recherches plus poussées à ceux dont les ordinateurs et autres technologies étaient le domaine d’expertise. Cela ajoutait à sa frustration courante chaque fois qu’il peinait à trouver de nouvelles informations en parcourant les pages de l’engin de recherche.

Cette nuit, il avait failli fracasser son moniteur de son poing, se retenant de justesse avant de réveiller le reste de l’étage. Cinq minutes plus tard, il reçut un message anonyme prétendant avoir des renseignements sur le code 0APzv93, le seul indice qu’Amalia avait laissé à Darius pour qu'il l’aide à s’échapper de Trask. En échange, le correspondant demandait une récompense allant dans les milliers de dollars. Prêt à s’accrocher à la moindre perche et peu soucieux de son compte bancaire, Darius accepta promptement d’organiser un rendez-vous avec son nouveau contact. Mais il n'était pas dupe non plus : il comptait bien trouver l’identité de celui-ci avant la rencontre. Ou du moins, demander à quelqu’un qui saurait comment faire.

C'est ce qui l’amena à se présenter au bureau de Samara dans la journée. Samara, l’une des protectrices que le doyen jugeait indispensable à l’Institut. Samara, sans qui la plupart des opérations de sauvetage de mutants ne pourraient avoir lieu. Samara, jeune femme introvertie ne faisant pas de grandes vagues entre ces murs, mais dont le potentiel grandissait chaque jour aux yeux du vampire.

Bonjour Samara,” dit-il en ouvrant la porte après avoir annoncé sa présence. La première fois qu’il avait visité son bureau après qu’elle l'ait personnalisé à sa guise, Darius n'avait pu s'empêcher de faire une tête confuse face aux bandes lumineuses multicolores qui décoraient la pièce ainsi que les nombreuses bandes dessinées, figurines et gadgets qui ornaient les étagères. L’essence même de ce bureau était l’exact opposé de celui de Darius qui baignait dans la sobriété et le classique. Mais depuis, le doyen avait si souvent mis les pieds dans cet endroit que c'était à peine s'il remarquait ces bizarreries.

Oui,” répondit-il lorsque la hackeuse en chef du manoir lui demanda si elle pouvait l’aider. Le vampire n’aimait pas tourner autour du pot — encore moins lorsqu’il avait les mains pleines d’urgences à régler.  Il s’invita dans la pièce comme il avait pris l’habitude de le faire et s’installa à son aise en face de Samara. Lorsqu’il devenait familier avec certaines personnes, il se permettait de sauter quelques formalités. “J’ai peut-être une piste sur le code dont je t’avais parlé. Il faudrait traquer la provenance de cette adresse.” Il lui glissa une feuille de papier sur lequel il avait imprimé les détails de son échange nocturne. Pseudonyme, adresse IP, contenu des messages incluant la somme demandée et le point de rencontre. S’il avait à peine dormi quelques heures, il n’en laissait rien paraître, se contentant de fixer la protectrice avec un rictus solliciteur au coin des lèvres.

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Crainte toute à la fois justifiée et diluée par la confiance établie depuis des années ; Samara savait. Dans son for intérieur, elle connaissait les raisons de la venue du Doyen de l'Institut. Depuis quelques temps déjà, il s'était lancé dans une quête dantesque qui n'était pas sans faire frissonner de malaise la mutante. Parce que tout ce qui concernait Trask Industries avait le don d'ouvrir la boite de pandore de ses souvenirs.

Quelques informations et une pensée orientée, et Samara s'était retrouvée à songer à sa mère trépassée. Fantôme persistant et rancunier de son existence, elle était la cellule souche du mal de vivre de l’Hackeuse. C'était à cause de son regard tout à la fois maternel et répugné que Sam méprisait la Delia d'hier. Et c'était pour cette raison qu'elle avait enfermé toutes ses douleurs, toutes ses rancœurs et tout son mal enfantin dans une boite fortement cadenassée.

Et c'était à croire que Darius tentait par son autorité de défaire le verrou installé.
C'était à croire qu'il cherchait à appuyer là où ça faisait mal.

Pourtant, il ne savait pas.
Il n'avait pas conscience de tout ce qu'elle pouvait cacher derrière ses silences.


Avec la rationalité pour maitresse, Samara fut rapidement prompte à réaliser que le Doyen n'était pas le diable habillé en Prada qu'il semblait être. Sa volte-face progressive était certes difficile à digérer pour la Protectrice, mais pour autant, elle tentait au mieux de balayer le reflux de ses colères ponctuelles afin de ne pas se révéler entièrement.

Parce qu'elle ne voulait pas qu'il voit.
Parce qu'elle ne voulait pas être reliée par ce maudit fil rouge à son héritage.

Reposant les pieds à terre, Samara sentait le malaise grimper peu à peu. Gradation menaçante de ses émotions refoulées, elle se dandinait sommairement sur son fauteuil avant de déplier les jambes afin de poser les pieds au sol. Le regard analytique jaugeait sans indiscrétion les traits de Darius dont elle captait l'étirement dû à la fatigue et très certainement au manque de sommeil.

Ça n'annonçait rien de bon.
Pour autant, elle tendait la main vers ce papier qu'elle dépliait tout en écoutant l'explication d'une oreille attentive. Lèvres pincées et malaise continuant de grimper au galop, elle relisait deux fois les informations. A aucun moment elle ne se décidait à revenir porter son regard sur le Doyen. Une de ses mains vint même dégager une longue mèche brune rebelle pour la caler derrière son oreille.

« Je- » Calait-elle en prenant consécutivement une profonde inspiration. « Mh. Je veux dire.. Ce sont des informations sur Trask Industries ? » Le nez toujours baissé et le regard rivé sur les informations tracées à l'encre, elle jugulait son relent de nervosité par un temps de silence.

Puis finalement, elle se décidait à jeter un coup d'œil furtif sur Darius. « Je n'ai rien pu en tirer la dernière fois, tu sais. Ils protègent bien leurs arrières. » Tentait-elle de rétropédaler sans alerter la suspicion du Vampire. Parce que dans le fond, elle ne rêvait que d'une chose : Crier son aversion pour cette demande masquée. Cette demande et toutes les autres qui pouvaient concerner Trask Industries. Surtout s’il lui reprenait de jouer le jeu des devinettes avec elle.

« Pourquoi est-ce tu t'intéresses à.. Eux ? » Demandait-elle en plissant sensiblement les yeux, incertaine quant au soulagement à venir qu'elle pourrait tirer de la réponse. Après tout, elle avait bien eu vent des agissements de cette maudite entreprise, mais pour autant, elle aurait préféré s'en tenir à distance. Ainsi se retrouvait-elle à négocier ce qu'elle aurait accepté en d'autres circonstances.. Enfin, surtout si la cible avait été une autre structure. « Et puis, je ne voudrais pas que tu te fasses de faux espoir sur ce que je pourrais trouver. » Concluait Samara d'un ton plus bas en refermant le papier.



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Darius attendit patiemment qu’elle analyse les informations qu’il lui avait fournies. Samara pouvait bien relire le papier autant de fois qu’elle le voulait et se cacher derrière sa chevelure brune comme pour voiler son visage ; tant qu’elle complétait la tâche qu’il exigeait d'elle dans un délai raisonnable, le reste importait peu. Il leva toutefois un sourcil lorsqu'elle lui demanda si c’était en lien avec Trask Industries : la dernière fois qu’il lui avait fait chercher ce code, elle avait simplement affirmé qu’elle n’avait rien trouvé à ce sujet. Sans vouloir sauter aux accusations hâtives, le doyen demanda : “Tu as relié ce code à Trask Industries…?” Un spasme oculaire s’empara de l’une de ses paupières, signe d’un mécontentement qu’il s’efforçait de contenir.

Même si elle confirmait la rigueur de Trask concernant la protection de leurs données confidentielles et le fait de n’avoir trouvé aucun renseignement digne d'intérêt, il n’en restait pas moins perplexe à l’idée qu’elle lui ait caché cette information. S’il n’était pas déjà au courant de la provenance de ce code, il lui aurait déjà manqué un gros morceau du puzzle. Bien qu'il retint l’envie de lancer des reproches, son regard perçant voulait déjà tout dire. Il vint appuyer ses coudes sur le bureau de Samara pour lui faire face de plus près. “Parce que ce code est la clé pour libérer leurs mutants en captivité.” Il ne savait ni comment, ni pourquoi — mais de cela, il en était certain.

Pourtant, c’était comme si Samara tentait d’ores et déjà de le décourager et cela ne lui plut guère. “Faux ou pas, l’espoir est le pilier du monde. Tu devrais savoir ça,” dit-il en faisant référence à l’arrivée de la hackeuse au manoir. Elle ne se serait pas enfuie de sa mère abusive pour rejoindre l’Institut si elle n’avait pas espoir d’y être mieux. Elle ne serait pas non plus investie dans son rôle de Protectrice si elle ne croyait pas à l’avenir du manoir et de ses résidents malgré le futur sombre qui s’annonçait pour eux si les mesures anti-mutantes nées de la peur ignorante continuaient de l’emporter. C’était la même chose pour Dracula, pour qui la raison de vivre s’était traduite en un besoin viscéral d’aider les mutants qui subissaient discrimination et maltraitance à cause de leur gène. Ironiquement, pour en sauver certains, il se voyait parfois obligé d’en sacrifier d’autres.

Darius s’empara de la boule élastique qui traînait sur le bureau et laissa son dos se réappuyer sur le dossier de la chaise. “Samara, que sais-tu d’autre sur Trask Industries ?” finit-il par demander sur un ton qui laissait peu de place à la négociation. “Tu as la chance — non, le talent — de faire une différence. Ce serait dommage de le gâcher,” ajouta-t-il ensuite, laissant planer une étrange ambiguïté entre la menace et l'encouragement. Mais même la façon dont sa main jouait avec la balle laissait présager qu’il n’accepterait pas un autre mensonge par omission.

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Pas Trask Industries. Pas Trask Industries, s'était-elle répétée machinalement, sur la mesure d'une litanie en observant ses écrans tandis qu'elle avait analysé les informations fournies par le Doyen. Dans sa solitude, Samara se souvenait qu'elle avait laissé parler son inquiétude, elle avait laissé ses traits s'affaisser sous le poids de la déception pour mieux retrouver de leur superbe dans les prémices d'une colère qui ne l'avait pas quitté depuis.

En arrière-plan de son bon fond, la rancune s'était installée pour s'additionner aux réprimandes parfois silencieuses, parfois claires de Darius. Et finalement, Sam avait tenté de se faire une raison, de se rappeler combien le Vampire avait été bienveillant lorsqu'elle avait eu besoin de lui. Elle avait fait son possible pour se rappeler l'homme qu'il avait toujours été avec elle.

Mais l'incompréhension était restée maitresse de l'évolution de leurs rapports. Elle ne saisissait pas - ou ne voulait pas saisir, plutôt - la teneur du revirement de son ainé. Elle ne voulait pas accepter la dureté de ses ambitions.
Parce que Samara était de ceux à évoluer à leur rythme, à grandir à la faveur de sa propre résilience et non seulement sur le tempo des exigences des autres.

Ainsi se retrouvait-elle prise dans le tourbillon d'une nervosité annonciatrice d’une colère gardée sous clé pendant trop longtemps. Le regard brun zieutant à la dérobée son invitée surprise, elle captait son mécontentement et ne pouvait que s'en irriter tandis qu'elle se redressait sensiblement. Posture qui se retrouvait à éclore, à faire face dans la progression de son courage graduel, Samara décidait qu'elle ne pouvait laisser sa confiance se transformer en crédulité.

Et alors que le souffle lui manquait encore un peu, elle tentait pourtant de s'opposer en s'imposant un peu plus. A sa manière.

« Tu le savais. Selon toutes mes probabilités, tu ne m'aurais pas fourni un code dont tu ignorais totalement la provenance, c'était trop risqué. Surtout si ça impliquait de travailler ces lignes sur les machines qui servent également de défense de l'Institut. Tu savais aussi que quel que soit le code que tu me présenterais, je m'exécuterais parce que tu saurais comment faire pression pour que je m'applique. Alors.. » Un soupir filait alors qu'elle se mordait la lèvre inférieure. La montée en puissance de sa théorie s'arrêtait sur un sommet de silence tandis que son visage signait à la négative. Et puis, elle reprenait. « Oui, je l'ai découvert, et tu savais que je viendrais à le découvrir. »

Les jambes préalablement dépliées, Samara se relevait pour faire quelques pas dans son bureau. Arrêtée devant une de ses étagères, elle ne présentait désormais plus que son dos au Doyen. Comme pour échapper à leur face à face. Comme pour prendre une distance qui lui permettait de se draper d'un calme de la réflexion. Et l'idée lui fut particulièrement salvatrice lorsqu'il annonça l'origine du code.

Au dedans, tout s'écroulait tandis qu'au dehors, c’était l'immobilité parfaite.
Un frisson remonta le long de l'échine d'Ascii tandis qu'elle restait silencieuse face à la révélation. Indifférence ou distance froide, chacun interprétait à sa manière ses silences, pourtant, c'était une autre mesure qui se jouait dans l'esprit de Sam alors même qu’elle prenait conscience de tous les non-dits qui s’étaient accumulés de part et d'autre. Des non-dits qui avaient pu coûter des vies.

« Pardon ? » Articulait-elle d'une voix faiblarde, porteuse de son angoisse et des vibrations de sa colère imminente. « Comment peux-tu en être si sur ? »

Tentant de passer outre sa rancœur et sa panique assaisonnée de culpabilité, Samara n'était finalement qu'un sac d'émotions qui demandait à se déverser sur le déclencheur de son déluge intérieur. Pivotant sur ses appuis, elle revenait porter son regard sur de Darius tandis que ses traits fins se crispaient.

« Ce que je sais surtout, c'est que Trask Industries te bouffe tes espoirs. Ils te déshumanisent, tu n'es qu'un objet d'expérience. Une version indésirable qu'ils voudraient reboot, effacer de cette existence. Ce que je sais, c'est que nos espoirs, ils en font notre poison. » Crachait-elle avec étonnement une bonne dose d'assurance. Comme si elle savait ce qu'elle affirmait, comme si finalement, elle avait déjà eu affaire à ces monstres.

Et si cela était le cas d'une certaine manière, il n'en demeurait pas moins qu'elle n'avait jamais été dans les locaux de l'entreprise. Au lieu de cela, c'était sa maison qui était devenue sa prison, c'était sa propre mère qui avait utilisé les instruments qui l'avait fait crier. C'était une déviation de ce qu'était Trask Industries qui avait éteint tous ses espoirs lors de son adolescence.

Alors, elle pensait savoir.
Elle estimait savoir.
A tort ou a raison.

« Je ne sais rien qui t'intéresserais. » Statuait-elle très rapidement, sans l'ombre d'une réflexion supplémentaire. Fermant la porte donnant accès à son passé et ses secrets, elle croisait les bras pour mettre une distance nouvelle entre elle et le monde. Pas seulement Darius, mais tout le reste. Tout.

« Le gâcher ? Je le gâche en veillant à la sécurité de l'Institut ? Dit plutôt que tu veux me dresser pour que je réponde à tes besoins de manière aveugle. Mais ce n'est pas comme ça que ça marche. Je sais que je suis.. » Qu'était-elle ? La lucidité de sa colère lui offrait une vue nouvelle sur son propre tempérament. « Surement fragile à tes yeux, la pauvre fille qui ne sort pas de son trou.. Mais ça ne fait pas de moi pour autant ton instrument, Darius. »

Cette assurance colérique maintenait le cap et Samara s'en trouvait étrangement galvanisée. Pour autant, il était évident que la chute serait rude.



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Il ne fit rien pour nier les dénonciations de Samara quant au fait qu’il connaissait déjà la provenance du code. Il avait beau être mécontent de la situation, l’esquisse d’un sourire vint étirer un coin de ses lèvres tandis que la protectrice, accompagnée d’une ardeur nouvelle, lui étalait ses déductions pour finalement l’accuser de savoir qu’elle découvrirait le tout. “En effet, j’ai confiance en tes capacités,” admit-il avant de laisser son rictus retomber. “L’idée n’était pas de te tester, mais lorsque je fais une requête, je m’attends à ce que tu me rapportes tout ce que tu trouves. Suis-je clair ?” Sauf que ce n’était pas une requête, mais bien une exigence. Si le doyen entretenait cette règle auprès de tous les Protecteurs, il était particulièrement strict envers Sam, car c’était celle qui avait accès à la plus grande masse d’informations. Il devait pouvoir lui faire confiance, la sécurité de l’Institut en dépendait ; des omissions comme celles-ci menaçaient de détruire ce lien et par le fait même, de mettre en danger le manoir.

Darius pouvait remarquer que quelque chose avait changé en elle un peu plus tôt, comme un déclic soudainement provoqué par leur conversation. Comme si Trask Industries était un sujet sensible pour elle, alors qu’elle ne lui en avait jamais parlé lorsqu’il l’avait questionnée lors de son admission. Même si la hackeuse avait fini par se lever pour lui tourner le dos et fuir son regard, le tremblement dans sa voix à la mention des mutants captifs résonna comme un écho aux oreilles sensibles du vampire. Il vit son corps se figer sur place alors qu’il entendait son cœur jouer du tambour à l’intérieur de sa poitrine, confirmant l’anxiété qu’elle ressentait au sujet de Trask. Mais comment lui expliquer ce qui le rendait si sûr de ses propos ? Il considéra éviter la question, mais après les reproches qu’il venait de faire, il lui devait au moins cette vérité. “Parce que j’ai rencontré l’un des prisonniers et elle m’a donné ce code comme signal de détresse. Visiblement, ils font tout pour cacher les informations à ce sujet, ce qui signifie que c’est important.” Il espérait que Sam se calme à ce moment et réalise que la demande n’était que pour sauver des mutants dans le besoin, mais elle se retourna vers lui seulement pour cracher sa rancœur envers la compagnie scientifique.

Cela eut le don de le rendre confus pendant un moment : elle parlait comme si elle connaissait bien Trask Industries. Comme si elle était elle-même passée sous leurs scalpels et leurs fers chauds — et pourtant, elle insistait toujours sur le fait de ne connaître aucun détail sur eux.  

Quand enfin il lui suggéra d’être prudente par rapport à ses prochaines décisions, la boule d’émotions qu’il avait sentie grandir en elle sembla exploser. La Samara timide et complaisante avec qui il avait l’habitude d'interagir avait disparu, laissant place à une jeune femme affirmée qui refusait de se laisser marcher sur les pieds. Cette colère prit Darius au dépourvu l’espace d’un instant ; sans dire un mot, il reposa la balle élastique sur le bureau et amena son poing sous son menton en fixant le sol le temps de réfléchir. Puis, il prit une grande inspiration et se leva tranquillement, ajustant son veston au passage, avant de s’approcher de la Protectrice pour bien lui faire face. L’expression sur son visage était difficile à lire ; il n’y avait ni sourire ni dévisagement, juste une froideur imperturbable qui bloquait le moindre accès à ses pensées. Jusqu’à ce qu’il finisse par les exprimer, calmement mais durement.

Il y a des enjeux en dehors de ce manoir qui sont bien plus gros que ce qu’on imagine. Bien plus gros que mes propres besoins. Des mutants qui se font enlever, Trask qui continue d’expérimenter…” Ne comprenait-elle pas la gravité de la situation ? “Vaughn, Brianna, Velkàn, Tamsyn. Rien ne nous dit qu’ils ne sont pas là-bas eux aussi, en train de compter sur nous pour trouver la réponse à cette énigme. La sécurité de l’Institut est déjà compromise. Si tu veux continuer de fermer les yeux et te concentrer sur ce cocon que nous avons créé, c’est ton choix…” Après tout, la sécurité de l’Institut était tout ce à quoi le doyen pensait aussi, jusqu’à dernièrement. Jusqu’à ce qu’il réalise l’ampleur des problématiques de l’extérieur. “...Mais dans ce cas, ce serait effectivement un gâchis."

Il fit quelques pas pour revenir vers le bureau et reprendre la feuille de papier qu’il tendit à nouveau vers Sam. “Je te demande seulement d’être honnête. Ton anxiété vis-à-vis de Trask Industries — d’où vient-elle ?” Peut-être se montrerait-il plus compéhensif s'il connaissait les raisons de cette soudaine défiance.

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Cette satisfaction, bien que mince et fugace, provoqua un soubresaut de mécontentement chez Samara. Si Darius affirmait ne pas la tester, il n'en demeurait pas moins qu'il mettait à l'épreuve ses compétences. Comme pour les faire grandir, pour les étendre dans l'épreuve. Cette méthode n'était pas sans déplaire à la mutante qui ne cachait pas sa frustration par un regard fixement rivé sur celui du Doyen. De son silence, il put largement extraire tout le mécontentement silencieux de la timide contrariée.

Ainsi, à sa requête plus proche de l'ordre que de la demande amicale, elle n'articula qu'un simple.. « Bien. » Presque trop froid pour son tempérament tout en douceur. La quête éternelle des limites de Samara semblait paradoxalement atteindre les siennes. Le calme et la réserve habituelle d'Ascii ne semblait plus vouloir s'étendre davantage. Bien au contraire, elle se prenait à digérer sa colère.

A ravaler tout ce qu'elle aurait envie de dire, de reprocher.
Mais finalement, ça explosait lamentablement dans un flot continu de reproches et de vérités mélangées. Et tandis que le Vampire se décidait à lui livrer l'origine du code, Samara revenait lui faire face armée d'une expression froissée. Un florilège de reproches s'arrêtait à la frontière menaçante de ses lèvres alors qu’elle prenait plutôt quelques secondes pour inspirer posément.

« Pourquoi est-ce que tu n'as pas commencé par-là ? » Demandait-elle finalement avec une retenue vacillante. Il était évident que la mutante était sur le fil. Pour autant, c'était le respect dû à son ainé et son tempérament qui tentait de juguler sa verve.

C'était néanmoins sans compter la réaction de Darius à son éclat de colère qui les mettait face à face. Au pieds du mur, sans aucune possibilité de s'échapper, de se cacher, Samara souffrait de l'absence de sa bulle habituelle de distance et de rationalité. Cette dernière éclatant à l'énoncé des noms des disparus, elle senti son souffle se bloquer, son rythme cardiaque avoir une ratée et une sueur froide généralisée lui tourner la tête.

Le déclic de l'horreur l'enchainait à une situation qu'elle avait la sensation de découvrir sur le tard. Intérieurement vacillante, elle restait figée pendant quelques secondes à peine à fixer Darius jusqu'à prendre toute la mesure de ses paroles. Des implications. Des disparitions et surtout.. Surtout.. Des noms liés à ces disparitions.

« Depuis combien de temps ? » Demandait-elle d'un timbre étrangement plus bas alors que son expression se fermait progressivement. « Depuis combien de temps est-ce qu'ils ont disparu ? »

La voix de Brianna semblait soudainement hanter l'esprit bouillonnant et furieux de Samara. Et dans une intuition terrible, elle imaginait déjà son amie entre les mains de scientifiques mettant à mal son intégrité physique et mentale. Cette image accentua le malaise de Samara et décupla son anxiété tandis que les dernières barrières de retenue implosaient brutalement alors qu'elle prenait des mains du Doyen la feuille de papier.

« Je suis ta porte d'entrée sur l'information et sur la sécurité du manoir. Alors, tu aurais dû m'en parler clairement d'abord ! La confiance va dans les deux sens, Darius. Dans les deux sens ! » Le sous-entendu était clair, par ses non-dits, le Vampire venait d'émousser le contrat implicite qui les unissait. « Si on ne parvient pas à les retrouver à temps, si on en perds un seul.. Si je perds Brianna à cause de ton silence.. » Quoi donc ? Qu'allait-elle faire ? Les solutions étaient multiples et toutes plus désastreuses les unes que les autres.

« Putain. » Jurait-elle tout à coup, pour la première fois depuis toujours devant sa figure d'autorité. Mais déjà, ses iris s'illuminaient d'une lueur étrange tandis qu'elle poussait Darius pour se placer devant son clavier et y apposer ses doigts. En une fraction de seconde, ses prunelles s'inondaient d'une lueur violine vibrante tandis que son corps se figeait.

La conscience portée hors de son corps, elle la catapultait brutalement sur le réseau, outrepassant les limites de l’Institut pour modeler sa réflexion en un algorithme de recherche. Rapidement, Ascii se mettait en quête des portables des disparus tandis que sur les écrans apparaissaient chacun de leurs numéros. La traçabilité de leurs appareils et la géolocalisation qui y était associée se croisaient afin de créer une toile qui prenait bientôt la forme d'une carte de la ville.

Poussant sa recherche pendant de longues minutes, Samara persistait jusqu'à en arriver à obtenir une carte d'une précision exemplaire qui.. Néanmoins, ne l'éclairait pas sur l'emplacement des mutants disparu.

Les emplacements des disparitions.
Les locaux de Trask Industries.
L'extrapolation des données.
Rien.
Rien ne permettait d'obtenir des données significatives quant à l'implication de Trask Industries.
La vérité s'affichait sur les écrans alors que Samara détachait ses doigts de son clavier pour se redresser.

La conscience retournée dans son corps, elle inspira brusquement tandis que son regard retrouvait une coloration brune, bien qu'encore un peu luisante. La désorientation symptomatique de sa mutation la laissait encore silencieuse pendant quelques secondes tandis que son souffle se stabilisait.

« Il n'y a rien. Rien qui puisse confirmer que Trask Industries les a enlevé. Rien non plus au moment de leurs enlèvements. » Se décidait-elle enfin à traduire, en désignant les trois écrans. « J'ai croisé assez de données pour tenter de les localiser, et je n'ai rien. Ce n'est pas normal. »

La colère se mêlait à la panique, la panique au malaise. Samara se transformait peu à peu en un homonculus d'émotions qui tentait néanmoins de se raccrocher à sa rationalité habituelle afin de faire preuve d’efficacité. Parallèlement, elle avait sciemment éludé la question concernant son lien avec Trask Industries, simplement parce qu'elle était certaine qu'il n'y avait aucun lien entre les disparitions et son expérience passée.



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Pourquoi n’avait-il pas commencé par là ? Parce qu’il n’avait pas à le faire, tout simplement. Parce que lorsqu’il lui demandait de chercher ceci ou cela, c’était le devoir de la Protectrice de s’exécuter. Il savait bien qu’elle aurait les réponses à ses questions si elle effectuait son boulot tel que demandé — elle venait justement de le prouver, alors à quoi bon perdre du précieux temps à tout expliquer ? C’était ce qu’il croyait, du moins, jusqu’à ce qu’elle finisse enfin par mettre son pied à terre. Par prendre son courage à deux mains pour affronter celui qui abusait de son autorité et lui faire comprendre que la confiance devait être mutuelle.

Et il réalisa à ce moment qu’elle avait raison, qu’il aurait dû être clair dès le départ plutôt que de lui lancer des tâches sans jamais donner d’explications. Il était mêlé à cette histoire de puce et d’enlèvements depuis quelques jours déjà, mais il ne lui était pas venu à l’esprit que Samara n’était pas au courant pour ses compères. Le bruit au sujet des disparitions ne s’était pas encore répandu à ce moment-là, car les aînés de l’Institut attendaient de confirmer la situation avant d’alerter tout le monde. Il était si absorbé par ses propres objectifs qu’il avait cessé de considérer la hackeuse comme une alliée. Peu à peu, il avait commencé à la voir comme un simple instrument à sa disposition comme elle le lui avait reproché.

Et juste comme ça, les traits marqués sur son visage s’adoucirent légèrement. La panique grandissante de Samara, transparente à ses sens aigus, lui rappela qu’il n’était pas aussi seul qu’il le pensait souvent. Il s’en mettait tant sur les épaules ; mais il était évident, en cet instant, que la Protectrice était aussi prête à tout pour aider dans les recherches. Il valait mieux ne pas se la mettre à dos, pour le bien de tous, surtout en ces temps obscurs. Pour la toute première fois, il abdiqua. “Trois jours,” annonça-t-il quant au timing des enlèvements. “Les deux derniers datent d’hier. Ce n’est pas encore confirmé…” Il vint poser une main réconfortante sur l’épaule de Samara, sa façon de s’excuser alors que les mots ne traversaient pas ses lèvres. “Je te promets que nous allons les retrouver, et quiconque est responsable de tout ceci paiera très cher.” Il le pensait vraiment, mais ce n’était pas suffisant pour rassurer la hackeuse qui ne se gêna pas pour le repousser brusquement dans un mélange de peur et de fureur.

Il se mordit la lèvre en tentant de convaincre son égo démesuré de réparer le lien qu’il venait de briser. “Sam…,” articula-t-il difficilement avant de s’interrompre aussitôt. La Protectrice était déjà installée devant ses écrans et la lueur violette dans ses prunelles indiquait qu’elle était partie en transe. Inutile de tenter de communiquer lorsqu’elle était dans cet état. Le doyen attendit en silence qu’elle termine ses recherches, son propre cœur battant la chamade derrière son masque impassible. Allaient-ils découvrir une piste prometteuse aujourd’hui ? Il regretta soudainement ne pas être venu la voir plus tôt… et avec un peu plus de tact. Encore une fois, Sam avait raison : s’il arrivait quelque chose aux mutants enlevés, il en serait en partie responsable. Non seulement elle lui en voudrait à mort, mais il ne pourrait pas se pardonner non plus.

Mais lorsque la mutante retrouva ses esprits, aucun brin d’espoir ne vint illuminer son regard. Seulement la colère, la déception et la peur se mélangeaient dans un tourbillon horrifique alors qu’elle expliquait qu’il n’y avait rien. Pas d’indices, pas de traces, rien du tout. Darius se mit à faire les cent pas devant elle pour évacuer la frustration qui remontait également en lui. “Non. Comment est-ce possible…,” murmura-t-il envers lui-même. Tout ça n’annonçait rien de bon. Il connaissait les capacités de Samara — si elle ne pouvait rien accéder, quelque chose devait forcément interférer avec son pouvoir. Mais ils ne pouvaient pas simplement abandonner de la sorte. “Il doit exister une piste. Quelque chose, n’importe quoi." Il vint poser les poings sur le bureau, peinant à son tour à garder le contrôle sur ses émotions. "Essaie encore,” finit-il par ordonner, replongeant automatiquement dans ses vieilles habitudes.

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Les informations s'accumulaient là où les émotions s'amoncelaient dangereusement. Et toutes les excuses du monde n'auraient pu faire effet sur le mental de Samara qui se portait hors de toute sa timidité. L'état de crise qu'elle ressentait malgré elle bousculait toutes ses réserves, mettant en exergue une résilience qui lui servait soudainement de bouclier visible et tangible. Son éternelle force drapée de discrétion avait fini par exploser malgré elle, l'enveloppant entièrement.

Et tandis que son esprit s'oubliait dans un devoir qu'elle s'imposait avec fermeté, elle se retrouvait déjà à creuser sur les traces des disparus, sans pour autant trouver de réponses viables. De réponses qui puissent les rassurer, l'un comme l'autre.

S'arrachant à sa transe mutante, Ascii fut temporairement dans l'obligation d'accepter cet état des faits : Ils n'avaient rien. Rien qui puissent leurs permettre de retrouver les mutants capturés. Ce qui l'étonna davantage par contre, ce fut l'absence d'occurrence lors des croisements de données avec Trask Industries. Certes, ils étaient doués, plus que de mesure, un peu à l'image de leur sécurité particulièrement blindée, mais dans le cas présent, rien ne semblait créer le moindre lien. Et ce constat ne manqua pas de déstabiliser Samara pendant quelques secondes.

La réaction de Darius, quant à elle, sorti la jeune femme de sa réflexion tandis qu'elle coulait un regard en biais vers lui. Elle l'observa un instant avec une réserve plus ou moins retrouvée mais sacrément bancale. Et lorsqu'il s'emporta pour frapper contre son bureau, elle eut le réflexe de reculer d'un pas en accusant le coup d'un sursaut. Ainsi plaçait-elle une réserve naturelle entre eux.

Et puis, lorsque le Doyen retrouva ses anciens travers, Samara le fixa pendant de longues secondes après son ordre. Son irritabilité alimentée par la panique installée en tâche de fond ressurgissait brutalement alors qu'elle crispait la mâchoire pour ne pas simplement repartir à pester contre l'attitude de son ainé.

C'était à peine croyable, se prit-elle à penser, à croire que le naturel avait le don de revenir au galop en situation de crise. En situation.. De crise. Oui, c'était l'état des lieux le plus sensé à faire de leur instant T.

« Inutile de me pousser, j'ai besoin de réfléchir. » Statuât-elle avec autant de calme que possible. Diable qu'elle en faisait des efforts ! Et ce n'était que le début. Le début d'un calvaire qui ne s'achèverait que par le retour de leurs disparus. Du moins, Samara l'espérait.. Pour ne simplement pas envisager le pire.

« Je n'ai pas eu trois jours pour y réfléchir.. Moi. » Marmonnait-elle en faisant quelques pas dans son bureau. Tournant en rond, elle tentait de canaliser son esprit sur leur problématique commune sans se laisser submerger par les présomptions, les hypothèses cataclysmiques. Et même si ces dernières tentaient de se faire la part belle dans son esprit, Samara s'accrochait plutôt fermement à son esprit rationnel.

Râlant encore de manière incompréhensible, elle finissait par désigner un siège à Darius pour lui faire signe de s'assoir et lui rendait le gadget élastique anti-stress qu'elle avait délaissé plutôt et qu'il avait trouvé bon de s'accaparer à son tour. « C'est bon pour la gestion du stress. » Arrivait-elle à articuler dans l'océan de ses réflexions incompréhensibles.

Et puis, tout à coup, sans prévenir, elle revenait devant son clavier pour commencer à pianoter à une vitesse fulgurante. Avec une aisance née de l'expérience, elle choppait du bout de son pied son fauteuil qu'elle amenait sous ses fesses pour s'y installer tout en continuant ses opérations.

Les fenêtres se fermaient successivement pour s'enchainer tandis que des accès lui semblaient d'abord refusés. Un couinement de frustration passa ses lèvres alors qu'elle inspira profondément. « Soit, soit.. »

Abdiquant pendant une seconde, elle revenait user de son gène en se projetant plutôt sur internet. Le regard violine en témoigna dans une apparition brutale alors qu'un soubresaut secoua fugacement son corps. Et puis, l'immobilité l'emporta tandis que la cadence des fenêtres affichées augmentait exponentiellement. Bientôt, un nombre équivalent de vidéos au nombre de disparus apparu sur les différents écrans alors que les images défilaient à une vitesse inhumaine.

Le souffle un peu plus précipité de Samara se bloquait finalement tandis qu'elle arrêtait chaque vidéo à un point précis et émergeait tout à coup avec un profond soupir. Une brève crispation passa sur ses traits alors qu'elle chercha à tâtons une boite laissée de côté qu'elle ouvrit. De là, elle en sortie une paire de lunette qu'elle enfila.

« Regardes.. » Désignait-elle en pointant une première vidéo, celle de Vaughn. Sur cette dernière, il avançait de sa démarche habituelle dans la rue. Puis bientôt, il marqua un arrêt comme prit dans une réflexion alors que ses mains se portaient à son cou. Le temps de latente sembla étrangement long tandis qu'il reprit son avancée de manière particulièrement rigide. Passant d'un angle à l'autre pour suivre l'avancée du disparu, Samara assura le suivi sur trois caméras de surveillance différentes avant de se retrouver face au vide. Plus de Vaughn. « J'ignore où il est passé. Plus aucune caméra ne le trouve. »

Passant au disparu suivant, elle les enchainait ainsi pour constater une véritable occurrence dans les schémas d'enlèvement qui.. Etrangement, ne semblaient pas en être, si on s'en tenait aux images. « Ils avancent bizarrement et finalement.. Plus rien. » Et lorsque vint le tour de Brianna, Samara se fit violence pour regarder l'enregistrement tandis qu'une boule de tristesse se coinça dans sa gorge, tentant par la même de faire obstruction à ses réflexions. Se détournant à la fin de l'enregistrement, la jeune femme fit le choix de tourner totalement le dos aux écrans tandis qu'elle ôtait ses lunettes pour se frotter le visage.
Finalement, le malaise et l’inquiétude étaient revenu l’étreindre.


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Darius fit l’effort de se calmer suite à l’excès de colère qui avait fait trembler la table, réalisant qu’il venait déjà d’aller à l’encontre de la résolution silencieuse qu’il s’était donnée quelques minutes plus tôt. S’imposer était plus fort que lui lorsque ses convictions profondes étaient affectées, mais cela n’excusait pas son attitude envers la Protectrice — ils étaient tous les deux stressés et irritables. Il devait faire plus attention à la manière dont il traitait Sam ; la façon dont elle lui avait tenu tête l’avait ébranlé plus qu’il ne voulait le laisser paraître. Pour la première fois, il s’était imaginé qu’il pouvait la perdre s’il la poussait trop loin ; qu’elle pouvait décider de quitter l’Institut si elle se trouvait à bout, les laissant tous vulnérables et ignorants des opérations qui se tramaient à travers la ville entière. Il l’avait prise pour acquise jusqu’à présent, mais elle lui avait bien fait comprendre qu’elle était plus qu’un simple pion sur son échiquier.

Il prit ses distances pour la laisser réfléchir comme elle le demanda, allant jusqu’à retenir une remarque désobligeante face à ses commentaires teintés de rancune. Il n’avait pas le choix de prendre son mal en patience s’il voulait des résultats. En réalité, il se sentait complètement impuissant face à cette technologie informatique dont il ne comprenait pas le fonctionnement en profondeur, et c’est ce qui le dérangeait le plus. Même s’il voulait aider Sam plutôt que lui imposer ses demandes, il n’avait pas moyen de contribuer autant qu’il le voudrait. Ce n’était pas comme s’il pouvait se projeter dans le réseau avec elle pour analyser de ses propres yeux l’information à laquelle elle accédait.

Quoique…

Son regard se tourna vers Sam qui était toujours en transe. Plus précisément vers la jugulaire qui pulsait à travers les muscles tendus de son cou. Pour une fraction de seconde, une pensée intrusive lui passa par la tête. Il lui suffisait d’absorber quelques gouttes de ses veines pour pouvoir envahir l’esprit de la mutante et accéder à ses pensées. Accéder à la myriade d'informations qu’elle parcourait et interprétait à sa façon…

Il chassa toutefois cette image aussi rapidement qu’elle était arrivée. Bien que le vampire ne fusse pas toujours un modèle exemplaire, il avait pour principe de ne jamais utiliser ce pouvoir sur les membres de l’Institut. Jusqu’à présent, il n’avait jamais enfreint cette règle. Pour ne pas se laisser tenter, il se répéta que même s’il entrait dans le réseau avec elle, il ne saurait pas nécessairement se former sa propre interprétation.

Alors il continua d’attendre en silence, jouant à nouveau avec le gadget anti-stress de la hackeuse jusqu'à ce que cette dernière reprenne conscience. Cette fois, elle semblait avoir fait une trouvaille et Darius se rapprocha des moniteurs sans perdre une seconde.

Ensemble, ils observèrent leurs confrères et consoeurs dans leurs derniers moments avant leur disparition. Les vidéos avaient clairement été prises à différentes périodes de la journée, mais le pattern était similaire dans chacune d'entre elles. Chaque mutant se déplaçait avec une démarche lente, peu naturelle. “On dirait des zombies, ou des pantins…” C’en était particulièrement perturbant. Sans compter le fait qu’aucune des caméras n'avait réussi à capter l’enlèvement en soi.

Après avoir fait le tour des enregistrements, Samara se détourna des écrans, visiblement chamboulée par ce qu’elle venait de regarder. Darius en profita alors pour s'emparer de la souris d’ordinateur et analyser les vidéos une seconde fois. Puis, une troisième pour celle de Vaughn, qu’il pausa au moment où on le voyait mettre la main à son cou. “Quelque chose s'est déclenché ici, c'est certain,” affirma-t-il même s’il se doutait que la Protectrice l’avait aussi remarqué. Mais il n'y avait rien ni personne autour de Vaughn pour indiquer qu’il venait de se faire piéger. “Il a peut-être été drogué bien avant ça.” Il réfléchissait à voix haute. Contrairement à Sam, ces images avaient permis à Darius de retrouver un peu de son sang froid, car n’importe quelle piste était mieux que rien. “À moins qu’un autre mutant soit impliqué… Un être invisible à l'écran ou ayant une portée plus grande que le champ de vision des caméras .”

On pouvait bien se demander quel malade s'en prendrait aux siens de cette façon, mais en vérité, cette hypothèse était la plus probable aux yeux du doyen. Il y avait des psychopathes autant chez les mutants que chez les humains et peu importe les pouvoirs impliqués, cela pouvait expliquer toutes les difficultés à retracer ces agressions.

As-tu moyen de localiser ces endroits ? ” demanda-t-il enfin avec douceur.

Il réalisait qu’il était venu ici pour obtenir des informations sur un correspondant anonyme et qu’il se trouvait finalement avec un tout autre type de révélation. Sa première quête allait devoir attendre ; ce que Samara venait de trouver était beaucoup trop important pour être ignoré.

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Face à sa trouvailles, Samara resta un instant perplexe en analysant l'attitude des disparus. Il lui semblait que quelque chose contre-nature les animait, à l'image de ficelles retenant un ensemble de pantin. Pour autant, tout cela ne relevait que d'un avis premier tandis qu'elle observait les assemblages, les uns après les autres. Le point culminant du malaise d'Ascii fut pourtant atteint lorsqu'elle tomba sur les images de sa meilleure amie.

La peur de ne jamais la revoir l'emporta sur la colère et la rationalisation. Tout n'était plus qu'émotion, sous forme d'une boule savamment bloquée dans sa gorge. Ainsi se détournait-elle pour retrouver un semblant de solitude artificielle tandis qu'elle faisait fi de la présence de Darius. La respiration saccadée, la tristesse au bord des lèvres, Samara se jura néanmoins de faire l'impossible pour la retrouver. Pour tous les retrouver.

Elle refusait d'exister dans un monde qui la priverait de son amie. Sursautant sur le fil de ses réflexions, Samara entendit le timbre du Doyen déchirer son brouillard de tristesse et fit en conséquence l'effort d'une vie pour se retourner vers lui. Les larmes ravalées, empilées avec le reste de son inquiétude, elle revint près de son ainé pour observer à nouveau les images et fixer ce moment déterminant. Ce moment qui semblait marquer d’une croix rouge le changement dans leur attitude. Elle l'avait certes déjà remarqué, mais dans l'effervescence de son inquiétude, elle s'était simplement contentée de montrer sa trouvaille, au lieu de l'analyser.

« Quelle drogue pourrait mettre dans cet état ? On dirait une sorte de transe, ou peut-être une hypnose ? Comme s'il était mis en pilote automatique. Ça impliquerait un conditionnement, non ? » Les idées sortaient en vrac, d'un timbre un peu morne. Certes, la colère l'avait quitté et la réserve était revenue. Pour autant, elle ne pouvait se résoudre à se montrer joyeuse face au mystère qu'elle avait déterré.

« Un ou plusieurs mutants ? Est-ce que plusieurs mutants ne pourraient pas avoir organisé ça ? Mais quel est l'intérêt de s'en prendre aux siens ? » Samara ne comprenait pas et son incompréhension transparaissait dans son timbre alors qu'elle revenait s'assoir en réajustant ses lunettes.

Les idées toutes plus farfelues les unes que les autres se développaient dans son esprit, pensant différents plans, différentes possibilités. A son tour, elle récupérait la boule plastique en observant les différents écrans. « Si ce n'est pas Trask Industries, ils font pourtant un coupable idéal.. » Soufflait-elle distraitement avant de finalement reposer l'objet de plastique afin de se rapprocher et commencer à pianoter après la question de Darius.

« Je peux. » Trouver les endroits d'où avaient été extrait les images était surement la partie la plus aisée de son processus de recherche. Puisqu'elle avait déjà localisé les caméras, il ne lui suffisait plus que de les indiquer sur une carte interactive de New-York, ce qu'elle ne tarda pas à faire en affichant par des points de couleurs pour chaque mutant enlevés, les caméras employées. Les chemins se dessinaient ainsi avec plus de clarté.

« Est-ce qu'il ne faudrait pas trouver des témoins ? Ou alors, quelqu'un capable de suivre leur trace ? Un mutant avec une capacité de médium peut-être ? » Drapée d'un calme accablant, Samara était pourtant plongée dans une réflexion intense.

Malgré son désarroi, elle ne s'arrêtait pas.
Malgré son inquiétude digne d'un crève-cœur, elle refusait de s'arrêter de réfléchir.




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Tant d’hypothèses, si peu de réponses. Plus Darius et Samara échangeaient leurs idées, plus de nouvelles théories venaient écraser les précédentes, si bien qu’ils s’en retrouvaient presque autant confus qu’au départ. Le businessman et la hackeuse s’improvisaient détectives, mais contrairement aux films, le chemin vers la solution n’était pas garanti d’apparaître d’ici les deux prochaines heures. Au moins ils essayaient, et c’était peut-être l'interaction la plus proche d’une véritable coopération qui se produisait entre ces deux-là.

Effectivement, on ne peut écarter la possibilité de plusieurs mutants impliqués…” Après tout, les mutants enlevés n’étaient pas des cibles faciles. Vaughn entre autres ne baisserait jamais sa garde sans bonne raison, Darius le savait ; le maître des illusions était celui qui trompait les autres et non l’inverse. “Ils n’ont peut-être pas le choix. Tu serais surprise de voir jusqu’où les gens peuvent aller lorsqu’ils se retrouvent au pied du mur,” dit-il face à l’incompréhension de Sam face à cette hypothèse. Il pensait tout de suite à Amalia, qui était forcée de se tourner contre les siens pour survivre sous l’emprise de Trask. “Sans compter le fait qu’être mutant ne signifie pas qu’on s’entend tous entre nous…” Il avait beau y avoir cette distinction entre “humain” et “mutant”, au final, ce n’était qu’un gène de différence parmi les milliers de gènes communs. Les deux “espèces” étaient autant sujettes aux délires de grandeur et différences d’idéaux. Il n’y avait qu’à comparer les convictions de l’Institut par rapport à celles du GLM, par exemple.

Mais comme le disait Samara, c’était difficile de croire que tout cela n’était pas lié à Trask Industries. Ils avaient déjà des mutants en captivité et en plus, un moyen de les contrôler via les puces. Ils faisaient vraiment le coupable idéal… “À moins que ce soit le but... Qu’ils veuillent nous mener sur une fausse piste,” réalisa finalement le doyen. Si c’était le cas, c’était bien réussi, car il ne pouvait penser à une autre organisation connue avec ce type de moyens. Mais si c’était le cas, ils étaient aussi de retour à la case départ.

Heureusement, retrouver les lieux où se trouvaient les mutants enlevés s’avéra être un jeu d’enfant pour la Protectrice qui put rapidement afficher les points d’intérêt sur la carte de New York. “Bien joué,” dit Darius pour l’encourager, et parce qu’il était sincèrement impressionné maintenant qu’il prêtait attention à ce que la hackeuse faisait. Elle était précieuse, cette petite Sam, et pourtant il avait fait l’erreur de la négliger tant de fois.

Il se mit ensuite à réfléchir sur sa suggestion de trouver des témoins ou un médium. “La ville organise des groupes de recherche dans les prochains jours. J’y serai,” annonça-t-il. Il n’était pas sûr de s’y présenter au départ, croyant cette initiative peu pertinente,  mais il venait de changer d’avis avec ces nouvelles informations. Il pourrait peut-être trouver des témoins à ce moment-là. “Quant au médium… Je n’en connais pas, mais peut-être y en a-t-il un recensé dans la base de données ?” Fini les ordres, il lui laissait véritablement le choix cette fois. Il ne pouvait pas s’occuper de tout, c’était bien pour ça qu’elle était nommée cheffe du réseau informatique de l’Institut.

Il se leva soudainement, comme s'il venait d'avoir une révélation. “Je dois communiquer cette information aux autres,” dit-il. Lesley devait savoir, ainsi que les autres aînés de l'Institut. Peut-être réussiraient-ils à convaincre plus de mutants de participer aux recherches. C’était bien Darius ; toujours à la course, incapable de rester immobile lorsque sa liste de tâches à accomplir ne cessait de grandir. Maintenant qu’il comptait sur Sam pour continuer l’investigation en ligne, il n’avait plus vraiment besoin d’être à ses côtés. “Excellent travail, Sam,” complimenta-t-il une dernière fois avec un petit sourire. “Je compte sur toi pour m’envoyer un rapport si tu trouves autre chose.” Évidemment, ce n’était pas parce que sa perspective avait changé que ses attentes étaient moindre.

Sur ce, il redressa les figurines qu’il avait faites tomber en cognant le bureau plus tôt, puis sortit de la pièce prêt à entamer son prochain objectif.

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