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I never meant to make it such a mess. - Cameron & Finley (terminé)

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knock knock, who's there ?
I never thought that it would go this far.

La pluie transperce sa veste, imbibe son pull, il se sent trempé jusqu’à l’os. C’est une de ces journées où il aurait aimé avoir sept ans, et n’en avoir rien à faire, porter des bottes en caoutchouc jaune, sauter dans les flaques, compter les escargots, et rentrer juste à temps pour que le regard de maman ne soit pas encore trop réprobateur. Mais à vingt-quatre ans, en plein New-York, sauter dans les flaques est un peu moins bien accepté, et avec son ordinateur dans son sac, c’est carrément proscrit. Après deux bonnes heures de travail dans une bibliothèque bondée, Finley a décidé de rentrer enfin chez lui. La bibliothèque universitaire a fermé ses portes pour le Spring Break, et Finley s’est retrouvé dans sa petite bibliothèque de quartier pour réviser pour ses examens à la rentrée. Ce n’est pas qu’il a du mal à travailler de chez lui, mais il a l’impression d’avoir toujours mieux à faire que de se pencher sur le droit institutionnel, ou le code du commerce.
Il aurait aimé courir sous cette pluie torrentielle, mais le précieux outil informatique de son sac l’en dissuade. Il accélère le pas, cependant, et bien vite il peut enfin passer la porte de son immeuble.
Il dégouline. Rejetant la tête en arrière pour faire tomber sa capuche, l’étudiant est surpris par un cri, et se retourne, faisant trembler les rabats des boîtes aux lettres. Face à lui, la gardienne de l’immeuble, les sourcils froncés, de l’eau dégoulinant de son visage.
“Monsieur Hepburn, c’est une blague ? Vous le faites exprès ?”
Finley se confond en excuses. Il sort un petit paquet de mouchoirs de sa poche pour éponger l’eau de pluie sur la petite dame, mais lui aussi semble trempé. Il ne sait pas si c’est son air paniqué, ou sa volonté de se faire pardonner, mais la gardienne semble se radoucir. Elle soupire et marmonne qu’elle savait qu’il leur fallait un plus grand paillasson, avant de le chasser dans les escaliers pour qu’elle puisse travailler en paix. Sans demander son reste, Finley s’exécute, et grimpe les cinq étages qui le séparent encore de son logement le plus rapidement possible. Le vieux carrelage poli par les années glisse sous ses pieds, et l’étudiant doit s’accrocher à la rambarde pour ne pas glisser, quand enfin il atteint son palier. Il traverse le couloir, et un tour de clé plus tard, le voilà dans son entrée.
“Alex ? Tu es là ?”
Pas de réponse. Sans colocataire pour râler qu’il a salit tout l’appartement, ce serait plus simple, ça tombe bien. Finley enlève précautionneusement ses chaussures, pose sa veste sur le petit radiateur à côté de la porte, et file à la salle de bain pour se débarrasser de ses vêtements glacés.
Une fois propre et changé, il s’occupe de la petite flaque de l’entrée, et de ranger son sac dans sa chambre.
Son téléphone vibre, sur son bureau, et Finley ne peut retenir un sourire. Cela fait quelques semaines, maintenant, qu’ils ont échangé leurs numéros, avec Shakespeare. C’était timide, au début, mais ils ont vite retrouvé le confort de leurs conversations à la bibliothèque, avec une facilité non négligeable offerte par leurs téléphones de ne plus être limités dans le temps.
Un sentiment de doute coupe le jeune homme dans son élan pour attraper son portable, et il regarde l’écran s’éteindre sans oser le toucher. En fait, il n’avait pas la certitude d’avoir envie de lire tout de suite ce message. Il ne savait pas s’il était prêt à une nouvelle bombe comme celle qu’avait pu lâcher son correspondant quelques jours plus tôt.
Après tout, c’est normal ! Il préfère se préparer à toute éventualité. Après tout, il se pensait prêt à parler d’environ tous les sujets possibles avec Shakespeare, et la dernière chose à laquelle il s’attendait, c’était bien une semi-déclaration d’amour.
Bien que formulé comme une mise en garde, son message était un chamboulement pour Finley. Il en aurait oublié qu’il était quelqu’un d’autre aux yeux de son cher Shakespeare, qu’il lui mentait par omission depuis plusieurs semaines.
Après quelques minutes de choc, Finley avait fini par répondre, sur le ton de la plaisanterie, que son charme fou était incontrôlable, puis lui avait proposé un rendez-vous. Un nouveau jeu de piste pour celui dont il connaissait la véritable identité, dont Finley lui-même serait la découverte finale. Le premier défi, sous forme d’énigme, ne commencerait que demain, Finley a encore un peu de temps pour se préparer à l’idée de se présenter officiellement à cet ami, qui lui plaît définitivement plus que de raison.
Il attrape enfin son téléphone, et ne cache pas sa déception, à la lecture d’un message de son oncle, sur les affaires de sa grand-mère. L’étudiant soupire et repose son portable quand il entend frapper à la porte. Il est dix-sept heures pile, Finley est seul chez lui, et Alex - qui n’oublie jamais ses clés - ne l’a prévenu d’aucun rendez-vous d’entretien pour leur logement.
Le jeune homme se lève, et traverse le petit salon pour atteindre la porte d’entrée du petit appartement. Il colle sa joue au panneau de bois, et jette un œil à travers le judas.
C’est un cauchemar.


@Cameron D. Evans
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Just behind the door...
Et enfin te découvrir.

Pianotant sur le clavier de son téléphone, Cameron remercia son ange gardien de lui avoir insufflé l’idée de prendre un parapluie en sortant. Le mois de Mars était déjà bien installé et les intempéries aussi. Caché derrière son écharpe, il échangeait avec l’un des élèves qu’il suit en tutorat. Alex, une personne avec un énorme potentiel qui se contente de faire le minimum sans doute pour avoir un prétexte pour continuer ses cours particuliers. Le jeune homme lui avait donné rendez-vous à la bibliothèque municipale en fin de matinée mais ne voyant pas son élève arrivé, il a fini par lui envoyer un message. Légèrement dépité, l’étudiant en droit céda, non sans un soupir d’agacement, à la requête d’Alex. Loin d’ignorer les intentions de son élève, Cameron ne put cependant s’empêcher de se détester pour ça.

Le reste de la journée avait filé beaucoup trop vite aux yeux du brun. Avant même qu’il ne le réalise, il était déjà assis dans le métro, se dirigeant vers le Queens. Un peu plus tôt, Cameron s’était perdu dans les rayons d’une petite librairie de son quartier, et il avait fini par tomber sur un exemplaire d’un livre ancien, racontant les aventures d’un détective et de son meilleur ami. Dévorant chacune des pages, il a fini par en oublier le temps qui passe, ne prenant ni la peine de boire, ni de manger pour lire juste une page de plus à chaque fois qu’il arrivait à la fin de celle qu’il lisait.

C’est la petite notification sur son téléphone qui le sortit enfin de sa lecture, juste à temps pour enfiler des vêtements un peu plus chaud que le pyjama qu’il avait retrouvé aussitôt qu’il était retourné chez lui. Son livre dormant maintenant au fond de son sac, il avait attrapé son manteau et son parapluie juste avant de partir.

S’il n’était que très peu enthousiaste à l’idée de retrouver Alex chez lui pour son cours particulier, c’était parce qu’il n’avait que très peu envie de croiser son colocataire. La personne dans le couloir, comme il le surnommait. Celui qui avait fini par lui plaire bien qu’il ne s’était jamais vraiment attardé pour parler avec Cameron. Le croiser après lui avoir donné son numéro de téléphone et ne pas avoir eu de nouvelle, ça serait juste tellement bizarre, que le jeune homme se surprit à prier pour qu’il ne soit pas là, alors qu’il descendait enfin du wagon.

Il remonta doucement l’écharpe sur son nez, comme à chaque fois qu’il était un peu nerveux. C’était une façon d’occuper ses mains, et s’il n’avait pas eu son écharpe, il aurait sans doute passé sa main dans ses cheveux ou encore joué avec le fil de ses écouteurs en l’enroulant autour de ses doigts. La pluie se heurta doucement à son parapluie alors qu’il montait les quelques marches de la station de métro, pas très loin de sa destination. Face à lui, une petite boutique dont l’un des vendeurs était en train de faire rentrer un présentoir avec des cartes postales pour ne pas que la pluie ne les abîme.

Il ne lui fallut que très peu de temps pour arriver devant le bâtiment qu’il cherchait. En entrant, il salua d’un geste de la main la dame de l’accueil, lui souriant gentiment. Aussitôt, elle répondit par un sourire. Son parapluie à la main, il arriva devant la porte d’Alex. Doucement, il sortit son téléphone de sa poche, et regarda l’heure. Dix-sept heure moins cinq. Il était en avance. Cameron attrapa son sac qu’il portait en bandoulière. Il vérifia rapidement qu’il avait bien pensé à prendre ses affaires pour la huitième fois, et finit mentalement l’inventaire de ce dont il aurait besoin.

Son téléphone à la main, il attendit dix-sept heures pile pour taper à la porte. Ponctuel, le jeune homme aimait pouvoir prétendre toujours arriver à l’heure. Néanmoins, personne ne répondit. Le calme régnait dans le petit couloir. Attendant quelques instants, Cameron finit par s'asseoir en face de la porte, légèrement agacé par le comportement de son élève. Attrapant son téléphone, le jeune homme envoya un message à Alex avant de voir qu’il n’avait toujours pas répondu à Hemingway.

Son Hemingway. Les choses étaient un peu étrange depuis qu’il lui avait envoyé ce petit message, en avouant certainement trop. Il le regrettait déjà amèrement, mais pour autant, il continuait d’être complètement addicte à chacun des mots qu’Hemingway pouvait écrire ou prononcer. Bientôt, il le rencontrerait; et aurait enfin des réponses aux questions qu’il se pose.

Shakespeare
Hey ! Salut Hemingway, je suis vraiment désolé, ça a été un peu difficile aujourd’hui et je t’ai un peu oublié.


Envoya-t-il sans vraiment réfléchir à ce qu’il pensait. Ce n’était pas vraiment le moment de se poser de question. Près de lui, il entendit un téléphone sonner à la réception de son message. Curieuse coïncidence.

Shakespeare
J’ai un élève à voir ce soir, je ne suis pas certain d’avoir le temps de discuter après mais ta douce voix me manque.


De nouveau, la sonnerie d’un téléphone résonna à travers la porte. Son message était parti si rapidement après le premier, c’était si étrange. Sans réfléchir, il enchaîna toute suite avec un troisième message.

Shakespeare
Hemingway ?


Sans surprise, une troisième sonnerie. Lentement, Cameron se relève et se place devant la porte. Il appuie sur la touche d’appel, et porte le téléphone à son oreille. Plus aucun doute possible, la personne qu’il est entrain d’appeler se trouve juste là, devant lui. Confus, il tapa à nouveau à la porte, bien trop curieux pour ne pas le faire, bien trop inquiet de découvrir le visage qui lui ouvrira.


@Finley G. Hepburn
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I want to break free
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Parfait est un bien grand mot. Son plan n’était pas parfait, c’est vrai, mais c’était un plan malgré tout. Un jeu de piste réfléchi depuis quelques temps, déjà, comme ceux dont ils avaient l’habitude. C’était un peu leur truc, après tout. C’est pour cela qu’il a semblé à l’étudiant qu’il serait une bonne idée de faire naviguer son ami à travers plusieurs énigmes pour le guider jusqu’à lui. Une façon d’amener Shakespeare à découvrir le visage de Finley, à l’associer à sa voix, une piste de photos d’enfances à collecter dans leur bibliothèque préférée, de livre en livre, par ordre alphabétique pour épeler chacun de leur pseudonymes, des post-its disposés discrètement pour guider le jeune tuteur à l’extérieur pour qu’il finisse par se croiser, dans une rue adjacente où Finley avait déjà repéré un café. Ils pourraient s’y asseoir, discuter, et Finley lui expliquerait pourquoi, comment - mais surtout pourquoi - la confusion a eu lieu, et pourquoi son visage ne lui est pas entièrement inconnu. Il pourrait aussi lui présenter ses excuses. Il pourrait le faire à l’écrit, ou il lui suffirait d’un appel vidéo, mais ce n’était pas assez personnel, pas assez… Eux. Évidemment, il y aura des couacs, et tout ne se déroulera pas comme prévu, mais c’est toujours le cas avec Shakespeare, et ça fait partie des choses qu’il aime chez lui, cette capacité à être où on ne l’attend pas. C’était le plan, du moins. Parce que depuis, Finley s’est aperçu que la bibliothèque était fermée pour le Spring Break, qu’il n’avait pas tant de photos d’enfance que ça, que des pluies torrentielles se sont abattues sur New York, qu’il y a peu de chances qu’on le laisse déposer des post-its dans la bibliothèque, et oh mon dieu, il est devant sa porte.
Le jeune homme fait un pas en arrière, et passe ses mains sur son visage avant de jeter un nouveau coup d'œil à travers le judas. Il a besoin d’être sûr, que ce n’est pas une coïncidence étrange qu’un sosie de Shakespeare soit posté juste là, sur son palier. Son parapluie dans une main, il se tient bien droit, un sac dont la bandoulière repose sur son épaule. Et finalement, Shakespeare bouge. Il se tourne, s’assoit au sol, sort son portable, et Finley recule à nouveau, presque paralysé par la situation. C’est tout bonnement impossible.
Est-ce qu’il savait ? L’aurait-il déjà démasqué ? Il tourne et retourne la situation pour trouver une explication à cette configuration d'événements, pour trouver une raison à son correspondant anonyme de se trouver là, assis devant sa porte, à dix-sept heures en plein Spring Break, mais la seule qui lui vient en tête, c’est qu’il sait tout. Shakespeare - Cameron, lui a appris Alex - avait compris que le garçon du couloir et celui de la bibliothèque ne faisaient qu’un, qu’il lui avait menti, s’était fait passer pour un autre pendant plusieurs semaines, et il venait pour demander des comptes.
Il chasse ces pensées d’un mouvement de tête.
Impossible. Tout bonnement impossible.
Non pas qu’il ne soit pas assez intelligent pour cela, évidemment que non, c’était quelqu’un de brillant, et Finley en avait parfaitement conscience, mais il lui aurait envoyé un message, ou il l’aurait appelé, ou…
La sonnerie résonne dans la chambre encore ouverte sur le salon. Une seule note, toujours la même, annonciatrice de la réception d’un texto. Finley retrouve l’usage de ses jambes et court récupérer son téléphone, qui sonne une seconde fois, et au moment où il le saisit, une troisième sonnerie se fait entendre dans l’appartement.
Les trois notifications se suivent sur le petit écran, Finley déverrouille son portable pour répondre à Shakespeare, mais c’est trop tard. Son téléphone vibre, et la mélodie de I Want To Break Free se fait entendre. Dans un mouvement de panique, Finley laisse son portable lui échapper des mains, l’envoie, dans un accident télékinésique, glisser près du salon, et la voix de Freddie Mercury prend le pas sur l’instrumentale. Il n’a pas le temps de décrocher, c’est foutu, il le sait. Cameron vient de frapper à la porte. Quelques coups brefs, mais s’il n’avait pas encore découvert que Finley et Hemingway ne faisaient qu’un, il ne tarderait plus à le faire.
Quelques secondes, le temps de peser le pour et le contre, et le voilà devant la porte, la main sur la poignée. Queen chante toujours, le portable est toujours au sol, et Finley prend une dernière grande inspiration.
“Je peux tout t’expliquer. Je te jure que je peux tout t’expliquer.”
Sa voix tremble, mais il est certain que Shakespeare l’a entendu. Finley abaisse la poignée, et ouvre la porte.
Il se sent se décomposer sur place. Il aurait voulu s’enfoncer dans le sol, ne plus exister, ne jamais avoir existé. Tout lui semblerait plus simple que maintenant. Que cet instant précis, que de supporter ce regard, qu’il n’ose pas croiser, de peur d’y voir la déception, la trahison, la douleur qu’il lui cause.
“Je t’en prie, je peux tout t’expliquer, laisse-moi juste te servir un truc à boire, je…”
Finley fait l’inventaire mental de ce qu’ils ont dans le frigo et les placards. Du jus de pomme, du lait, un fond de limonade, peut-être, du thé et du café à préparer, et c’était à peu près tout.
Il aurait tout donné pour avoir été un peu moins stupide ou anxieux quelques semaines plus tôt, pour lui avoir dit la vérité sur la personne du couloir, pour faire taire enfin cette sonnerie insupportable qu’il avait depuis l’adolescence.
“Je suis désolé, Shakespeare. Je suis juste tellement con, et tellement désolé.”


@Cameron D. Evans
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The sound of his voice
Et enfin te découvrir.

Le cœur du jeune homme battait de plus en plus fort dans sa poitrine. Nerveux à l’idée de voir le visage de son correspondant, il regretta presque toute suite d’avoir toqué. Les notes de musique s'enchaînent derrière la porte, et la mélodie de la célèbre chanson de Queen finit par se rapprocher. Il ne s’écoula que quelques secondes, le temps d’une tonalité seulement, avant que la voix d’Hemingway ne finisse par se faire entendre. Il paraissait si hésitant et si inquiet que Cameron ne put s’empêcher de s’inquiéter à son tour, ajoutant au stresse qu’il endurait déjà.

Je peux tout t’expliquer. Ces mots résonnent dans l’esprit de Cameron alors que la porte s’ouvre doucement, et qu’il aperçoit enfin un visage qu’il ne connaissait que trop bien. Le garçon du couloir. Soudainement, les battements de son cœur accélèrent à lui en faire presque mal, et ses joues se teignirent de rouge.  Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais l’étudiant fut incapable de prononcer le moindre mot. Sérieusement, Cameron, tu crois vraiment que c’est le moment d’être timide ? T’es vraiment en train de rougir là ? Pense-t-il alors qu’il posa sa main sur sa joue, comme pour vérifier qu’elle était encore là.

Les choses commencèrent doucement à reprendre leurs places dans son esprit. Toutes leurs conversations, toutes ces fois où Cameron s’était confié à Hemingway sur le garçon du couloir, toutes les fois où il lui a dit combien il lui plaisait… Et puis ce message qu’il avait fini par envoyer à Hemingway. Tu me fais craquer, un peu. J’ai peur de tomber amoureux si tu continues. Ce fut bref, et soudain. Sans qu’il n’ait vraiment le temps de comprendre, son cœur venait de se briser. Amoureux, il l’était déjà, et face à lui, il avait les deux hommes qui avaient réussi à faire battre son cœur. Les deux hommes qui n’en étaient qu’un seul.

Il n’est plus vraiment là, Cameron. Il entend la voix d’Hemingway lui parler, il sent bien qu’il s’en veut et qu’il est pris de remords, mais le tuteur ne l’écoute plus vraiment. Hemingway s’écarte dans un geste l’encourageant à entrer, et toujours aussi absent, il entre. Son regard se pose immédiatement sur le téléphone qui vient enfin de cesser de sonner.  « Je crois que ton portable est par terre. » Dit-il alors que son regard se pose à nouveau sur son correspondant.

Cameron était un garçon toujours souriant et débordant de joie de vivre. Du moins, c’est l’image qu’il aimait renvoyer aux autres et à cet instant, son masque commençait à se briser petit à petit. Son visage toujours si lumineux laissait transparaître, à travers cette petite fissure, une tristesse et un mal être profond. « Tu sais, je n’ai jamais essayé de savoir qui tu étais. Je n’ai pas mené l’enquête, je n’ai pas attendu que tu te trahisses. J’ai toujours essayé de respecter ton choix, mais j’ai entendu ton téléphone et… J’avais tellement peur. »

Il marqua une pause, juste une ou deux secondes avant de continuer. « J’avais peur que tout ça ne soit qu’un jeu pour toi. Je me suis attaché tellement vite… Au final, t’as juste joué avec moi, et le pire, c’est que je t’ai laissé faire. Je suppose que t’as gagné. Félicitations. » Nerveusement, il passa la main dans ses cheveux. Il ferme doucement les yeux, inspirant un grand coup, plus pour lui-même que pour son interlocuteur, il reprend. « Je me sens tellement stupide d’y avoir cru. Si stupide d’avoir pu penser que je pouvais être heureux. »

Triste et déçu, il l’était mais dans le fond, qu’importe le sentiment de trahison, c’est contre lui-même que Cameron était en colère. Il s’était ouvert si facilement, il s’était laissé prendre si bêtement au jeu… Il se détestait pour avoir pu croire un seul instant que tout ça était réel, qu’il pouvait exister quelque chose entre eux. Finalement, il n’avait eu besoin de personne pour briser son propre cœur, et c’était sans doute ce qu’il y avait de pire dans tout ça. Qu’importe sa tristesse, il ne pouvait blâmer Hemingway pour ça.


@Finley G. Hepburn
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Freddie Mercury braille en fond sonore. Sur le moment, tout ce qui vient en tête à Finley, c’est à quel point le haut-parleur de son téléphone est de mauvaise qualité. Cette sonnerie, il se rappelle précisément du jour où elle a résonné dans la bibliothèque universitaire, où le calme est roi. C’était un jour de neige, au début du mois de janvier, et Finley est allé à la bibliothèque, comme à son habitude. Ils avaient déjà fait connaissance, Shakespeare et Hemingway. Son dramaturge était déjà, aux yeux du jeune homme, un ami précieux, quelqu’un qu’il avait hâte d’entendre, et à qui il avait hâte de parler. Alors quand il a vu l’ombre de sa silhouette appuyée contre le mur du fond, Finley se souvient avoir souri derrière son écharpe. Il avait retiré son manteau, essuyé ses chaussures, et s’était dirigé droit vers l’avant-dernière rangée d’étagères, pour s’asseoir au sol. Ils s’étaient salués, avaient échangé des banalités, et le téléphone de Finley avait soudain chanté le succès de Queen, attirant des regards courroucés. Il se rappelle du premier instant de panique à l’entente de sa sonnerie, puis du second, quand c’est le prénom de son cousin qui est apparu sur le petit écran. Ils s'apprécient beaucoup, et ont grandi ensemble, mais Tom n'appelle pas pour rien. Il avait dû se passer quelque chose, et bonne comme mauvaise nouvelle, Finley avait un nœud à l’estomac, à la simple idée que la personne qui s’approchait le plus d’un frère pour lui puisse avoir des ennuis. Le manque de réflexes du mutant avait attiré à sa gauche une petite bibliothécaire aux sourcils froncés. Les portables ne sont tolérés que s’ils sont en silencieux, ici. Elle lui demande de quitter les lieux, et tout ce qui était venu en tête à l’étudiant, c’était “Vous m’arracheriez aux bras de Shakespeare, madame ?” Elle avait grogné, et l’avait attrapé par le bras pour le remettre sur pied et le tirer dehors, ce jour-là. C’était bien la première fois que Finley avait l’audace de répondre à un représentant de l’autorité, mais l’idée d’avoir peut-être fait sourire Shakespeare lui avait donné l’aplomb de le faire.

Et Freddie Mercury qui braille, le téléphone toujours au sol, et Finley qui regarde le bout de ses chaussettes.  Cameron passe la porte, et Finley trouve le courage de lever le regard. Il semble brisé.
Il pouvait tout lui expliquer. Il pouvait lui dire à quel point il s’était torturé à cette question, lui dire qu’il avait hésité à écrire à ce numéro qu’on lui avait donné, dans un couloir, sans oser le faire parce que ça l’avait complètement déstabilisé, et à quel point il avait eu peur en réalisant que ce numéro, celui que Shakespeare lui avait donné à la bibliothèque, avant le Spring Break, était le même que celui qu’il avait eu dans le couloir.
Et Shakespeare - Cameron - semble se fissurer petit à petit, plus les mots lui échappent, plus il laisse entrevoir la douleur que Finley pouvait lui causer. Et Finley, lui, il aurait voulu remonter le temps, couper cette foutue sonnerie. Mieux encore, il aurait voulu lui dire la vérité tout de suite. L’épargner. Le laisser l’oublier, s’il en avait décidé ainsi.
“Je sais que tu n’aurais pas fait ça, j’ai été pris de panique quand j’ai vu que j’avais déjà enregistré ton numéro, et que j’avais juste eu trop peur d’envoyer un message à un inconnu, c’était une coïncidence trop grande, j’avais peur que tu aies compris qui j’étais et que tu décides de…”
De quoi, au juste ? De le dénoncer ? Il avait beau être parfois déraisonnable, Finley savait que Shakespeare n’aurait jamais fait ça. Il avait trop bon fond. Il était trop bienveillant, trop doux.
Finley fait un pas vers Cameron, un pas désespéré, avec l’espoir inconscient qu’en se rapprochant, peut-être qu’il pourrait mieux rattraper cette situation désastreuse, qui lui échappait des mains.
“Tu n’es pas stupide, je voulais me protéger et j’ai été idiot, et maladroit. Je suis désolé, je pensais juste à la déception d’apprendre que j’étais Hemingway et le garçon du couloir, puis c’était trop tard, et le risque de te décevoir était encore plus grand, mais j’avais tout prévu, je voulais que tu le comprennes en douceur, et qu’on puisse se voir en dehors de la bibliothèque, et qu’on puisse apprendre d’autres trucs sur l’autre, et puis avec ton message, et le fait que tu me plaises aussi j’étais perdu, ça a précipité un peu les choses, et… Je suis désolé. Je ne voulais juste pas te décevoir,  je crois, c’était”
Il ne s’arrête plus de parler. Un flot continu d’informations confuses, pour exorciser sa peur de lui parler, un peu, de supporter son regard pour la première fois, mais la voix résonnant dans le couloir coupe court à sa tirade.
“Je suis désolé, Cameron, je sais que je suis en retard, j’ai eu un souci de métro, et avec cette pluie, c’est encore pire.”
Alex déboule dans l’appartement - dont la porte est restée ouverte - et jette son sac aux pieds de son colocataire.
“Merci de lui avoir ouvert Finley, on va se mettre aux travail, tu nous laisses s’il te plaît ?”
Son regard insistant ne laissait aucun doute, Finley devait mettre les voiles, et tout de suite. Il empiétait déjà sur le territoire d’Alex rien qu’en adressant la parole à Cameron.
Alors l’étudiant ramasse son portable, et son colocataire le pousse gentiment mais fermement dehors.
Merde. Merde merde, merde. Rien ne s’était prévu comme il l’aurait voulu, et tout semble maintenant fichu en l’air. Finley se laisse glisser contre la porte, et prend sa tête dans ses mains. Il ne peut rien faire d’autre qu’attendre, pour espérer pouvoir arranger un tout petit peu les choses avec Shakespeare.



@Cameron D. Evans
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The sound of his voice
Et enfin te découvrir.

Le cœur battant à tout rompre, Cameron ouvre doucement les yeux après quelques précieuses secondes où il a essayé retrouver son calme, de remettre les choses en place dans son esprit. Son regard se pose sur Hemingway qui lui paraît sincèrement si triste et rempli de remords qu’il en a presque envie de le prendre dans ses bras et de le réconforter. Presque, seulement la voix du mutant se fait entendre, et l’étudiant commence à comprendre. Il réalise que depuis le début, il s’est investi dans une relation qui n’a eu de sens que par la peur qu’il puisse trahir son secret. Hemingway ne lui a jamais véritablement fait confiance, et c’est dévastateur. Pourtant, même s’il n’avait pas eu des sentiments aussi fort, il n’aurait jamais fait ça Cameron, et Hemingway le savait.

Il continue et il lui dit qu’il aurait voulu faire les choses autrement, lui dire la vérité en douceur. Seulement Cameron, il repense à cette fois où ils ont longuement parlé de la personne du couloir, cette fois où il lui a dit combien il lui plaisait et combien il était déçu de ne pas avoir eu de réponses. Il repense à cette fois où Hemingway lui a dit que ce n’était peut-être qu’un concours de circonstances si il ne lui avait pas répondu. Cette fois où il aurait juste pu lui dire la vérité. Cette fois, qui n’était pas la seule, où Cameron lui avait donné l’occasion parfaite. Hemingway se justifie, et Shakespeare ne peut qu’admirer la solidité de son argumentaire, mais il ne le croit déjà plus vraiment. Pourtant, il rougit quand même, stupide réaction.

Il ne semble plus s’arrêter, Hemingway. Il a même fait un pas en avant, un peu vers lui. Cameron ne le remarque qu’après qu’il ait prononcé les mots qui ont provoqué son rougissement. Soudainement, il a besoin d’espace, il a besoin de s’éloigner, de partir, de fuir, et Hemingway lui paraissait si proche qu’il remarqua ce pas en avant. L’étudiant n’eut pas le temps de bouger que la voix du colocataire raisonna. Il l’avait presque oublié, presque oublié pourquoi il était ici. Avant que Cameron n’ait eu le temps de parler ou même de bouger, Alex est déjà dans la pièce, et la porte se referme déjà sur Hemingway. Enfin, sur Finley.

Cameron, il a l’habitude d’Alex maintenant. Il sait très bien que l’heure qui va suivre ne sera pas une partie de plaisir, et il n’est clairement pas d’humeur à subir encore une fois les avances de son élève. Dans le fond, le jeune homme apprécie beaucoup Alex mais il n’a juste pas de sentiment romantique ou d’attirance particulière pour l’élève et c’est parfois difficile de lui faire comprendre. Cameron lui avait même déjà parlé de Melinda, sa fiancée en étude de médecine qui s’était absentée pendant le Spring Break pour participer à une mission humanitaire mais même comme ça, Alex n’a jamais renoncé. On ne peut pas lui enlever ça à Alex, c’est un exemple de persévérance.

Et Cameron n’est pas patient, ce soir. Il a juste envie de rentrer chez lui, et de s’enfouir sous sa couverture. Il a le cœur brisé, il est en colère, et il aimerait juste pouvoir être seul. Un quart d’heure s’écoule pendant lequel il s’est installé pour aider Alex avec ses cours, mais il est déjà à cours de patience. Il ne veut pas parler de sa vie privée, mais Alex lui pose des questions sur Finley, et même s’il comprend, Cameron est de plus en plus agacé. Une demi-heure, et ça en est trop. La remarque de trop, le geste de trop, ou peut-être un peu des deux. Cameron se lève, attrape ses affaires et les range dans son sac. « Écoute, ça suffit. Je ne veux plus travailler avec toi. » Dit-il alors qu’il pose sa main sur la poignée de porte. « C’était la dernière fois. »

Sans rien ajouter et sans écouter les protestations d’Alex, Cameron ouvre la porte. Seulement, il est encore là, Hemingway. Sans vraiment réfléchir, le jeune homme claque la porte et attrape le poignet du mutant. Il sait que la conversation qui a été interrompue ne peut pas juste se finir, et qu’il faut régler ça, mais Alex est juste derrière la porte, certainement en train de les observer à travers le judas, et cette simple idée révolte complètement Cameron. Il ne relâche le bras d’Hemingway qu’une fois sorti de l’immeuble. La pluie continue de tomber, alors il ouvre son parapluie, leur offrant une petite bulle d’intimité à l’abri.

Il n’a vraiment pas réfléchi, Cameron, et maintenant, il était face à Hemingway, si proche de lui qu’il n’osait à peine le regarder. Seulement, elle est là, la vague de colère, et elle monte peu à peu. « Comment est-ce que tu as pu croire une seule seconde que… ? » finit-il par laisser échapper. Il n’a pas fini sa phrase, mais il sait très bien qu’Hemingway a compris. « Putain, mais tu réalises au moins ce que je ressens pour toi ? Comment j'aurais pu te faire ça ? » ajoute-t-il. Et puis ça y est. Il se perd dans sa tristesse, dans sa colère, dans les regrets et les remords.

Il enchaîne, sans laisser une seule occasion à Hemingway de répondre, parce qu’il a besoin de le dire, de vider son sac. « Dis moi que c’est qu’un prétexte. Dis moi que je ne te plais pas, dis moi que je ne t’intéresse pas, dis moi que c’était qu’un pari. Dis moi que tu voulais juste te prouver que tu pouvais sortir avec un dernier année, dis moi que c’est Alex qui t’a mis  au défi. Dis moi que tu préfères les filles. Je sais pas, trouve quelque chose, mais s’il te plaît, ne me dis pas que tu ne me connais si peu que ça… » Son regard se plonge dans celui de son ancien correspond, et son cœur recommence à battre plus fort. De sa main libre, il passe la main dans ses cheveux, réflexe nerveux qu’il ne contrôle pas vraiment.

Cameron prend une grande inspiration avant de finir son petit discours. « J’avais l’impression que tu me comprenais, que toi et moi… Je sais pas, qu’on était plus que juste deux étrangers dans une bibliothèque. Si tu as vraiment peur que je te trahisse, ça ne sert plus à rien, Hemingway. Si c’est vraiment ça, je ne peux même plus être ami avec toi. Ça veut dire que tout, depuis le début, n’est que mensonge, et… J’ai pas la force de continuer. »  Et pourtant, il continuait d’espérer. Derrière la colère, derrière la déception, il y avait toujours un garçon amoureux et rougissant. Si Finley choisissait les bons mots, s’il lui montrait un peu d’affection, s’il lui donnait une raison de se perdre dans cette relation, Cameron y plongerait les yeux fermés..  


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Il y a des taches, sur le plafond du palier. Il y a des dizaines de taches sur ce plafond, des constellations, sans doute résultat d’éclaboussures d’une substance non-identifiée, qui passent d’une porte à l’autre, qui semblent suivre un chemin distinct. Il y en a une en forme de locomotive, de celles qui circulaient au début du siècle dernier, et une autre, plus grande, en forme de diplodocus, également. Finley distingue nettement le long cou, les quatre pattes du dinosaure, et sa queue, qui s'amincit, petit à petit, jusqu’à s’évanouir dans le crépit jaunâtre. On dirait des taches d’humidité, mais l’étudiant n’en est pas certain. Après tout, cet immeuble était étrange, et si vieux ! Cela pourrait être de l’huile, ou un objet quelconque qui a heurté le plafond, des décennies plus tôt. Son regard descend le long du mur, il scrute la porte brune du voisin d’en face, et le bouton de sa sonnette, d’un blanc brillant dans la lumière artificielle du lieu. Il scrute pour ne pas penser. Pour ne pas se mordre l’intérieur des joues au sang, ne pas se laisser ronger par la culpabilité d’avoir autant merdé, d’avoir fait foirer la seule belle chose durable qu’il avait, qu’importe ce que cela pouvait être. Finley ne voulait pas - ne pouvait pas - envisager que tout était terminé, que c’était sa dernière conversation avec Shakespeare. C’était hors de question. Et puis, où pourrait-il bien aller, comme ça, avec seulement son téléphone dans la poche ? Il n’a même pas eu le temps de mettre des chaussures, et il pleut si fort, il entend les gouttes s’écraser à un rythme effréné contre les petites fenêtres de la cage d’escalier. Il ne peut pas mettre le nez dehors, même s’il le voulait. Mais il ne le veut pas, de toute façon. Il voudrait rentrer, claquer cette fichue porte au nez d’Alex, et reprendre ses excuses, ses explications. Non, mieux ! Il voudrait remonter le temps. Rembobiner son histoire, jusqu’à ce moment étrange, où quelqu’un lui a remis un petit papier soigneusement plié, sur lequel était inscrit un petit mot, un numéro de téléphone, et une simple initiale en signature. Il voudrait écrire à ce numéro, il voudrait en parler à Shakespeare, il voudrait que tout soit simple, et doux, que tout se fasse tout seul.
Mais rien n’est simple, ni doux. Rien ne se fait tout seul. Finley compte les carreaux de carrelage du sol, assis sur son paillasson humide, pendant que Shakespeare donne un cours de soutien à Alex, de l’autre côté de sa porte. Rien n’est simple, ni doux. Rien ne se fait tout seul.
Et soudain, du mouvement. Il entend la voix de Shakespeare, cette voix qu’il connaît si bien, qu’il aime tant écouter, chaque soir, au téléphone. Il se rapproche de la porte, c’est certain. Son ton est sec, ce n’est pas celui que Finley lui connaît. Parce que cela fait partie des nombreuses choses que Finley aime chez Shakespeare - le ton de sa voix. Son timbre, les sourires qu’il peut entendre sans les voir, les flexions et le léger accent d’il ne sait trop où.
Finley saute sur ses deux pieds, prêt à attraper Shakespeare au vol, il veut lui parler. Il ne sait plus ce qu’il pourrait lui dire, il ne sait pas ce qu’il pourrait faire, mais il ne veut pas laisser les choses comme ça. Il ne peut pas laisser les choses comme ça. C’est inconcevable.
Et la porte s’ouvre. Finley ouvre la bouche, Cameron sort de l’appartement, et il se passe moins d’une seconde, pendant laquelle le tuteur semble réfléchir, mais tout va trop vite. La porte claque, et avant qu’il ne le réalise, Shakespeare l’a attrapé par le poignet, et le tire dans les escaliers. Ils dévalent les cinq étages en silence, Finley est perdu. C’était bien la dernière chose à laquelle il s’attendait. Il tente de ne pas glisser sur les marches usées du vieil immeuble du Queens, alors qu’il ne porte que des chaussettes aux pieds, et leur descente continue dans le silence. Cameron semble se mouvoir à la seule force de sa colère, et comme Finley le comprend ! Il serait probablement dans le même état, à sa place. Trahi, blessé. Comment Finley pouvait-il espérer rattraper les choses ?
Alors qu’ils arrivent dans le petit hall, l’étudiant a les larmes qui lui montent aux yeux. Il tente de regarder le plafond pour les empêcher de couler,  ce n'est pas le moment. Les clapets des boîtes aux lettres frémissent sur le passage des deux jeunes hommes. Il faut qu'il se calme. Il faut qu'il relativise. Tout n'est pas fichu. Ils peuvent encore améliorer la situation, il peut essayer de se faire pardonner, Shakespeare peut comprendre.
Avant qu'il ne le réalise, ils sont sous la pluie, et ses chaussettes s'imbibent de la flaque dans laquelle il se tient.
Quand il était petit, sa grand-mère lui répétait toujours que c’est par les pieds que l’on tombe malade. C’était une phrase qu’elle clamait dès que Finley se promenait pieds nus, et c’était le cas la plupart du temps. En général, si elle récitait son précepte dans la petit maison où il vivait avec ses parents, son père répondait en écho qu’il n’avait jamais eu d’orteil qui éternue. Ce souvenir bref lui tirerait presque un sourire. En fait, c’est le genre de choses qu’il aime partager avec Hemingway. Ces détails d’une enfance heureuse qui reviennent parfois comme des flashs, qu’il a peur d’oublier définitivement un jour, ces détails de vie qui n’intéressent pas vraiment qui que ce soit, mais qu’il avait toujours plaisir à raconter, caché derrière une bibliothèque ou un téléphone.
Et soudain, on peut croire que les mots de Shakespeare lui échappent. C’est vrai, comment il a pu penser ça ? Pourquoi a-t-il eu si peur, de façon si irrationnelle ? Jusqu’à s’enfoncer dans un tel mensonge, une toile dans laquelle ils se sont pris tous les deux ?
Finley ne cherche pas à interrompre Cameron. Tous les deux sous ce petit parapluie, dans cette bulle à l'abri des trombes d’eaux qui s’abattent sur New York, il savait que son correspondant avait besoin d’extérioriser, de mettre des mots sur tout ça, lui aussi.  
Il a l’impression de l’avoir brisé. C’est ce qu’il craignait de pire, Finley. La dernière chose qu’il voulait, c’était faire du mal à Cameron. C’est… S’il était plus impulsif, il l’aurait pris dans ses bras, ou il l’aurait embrassé, là, avec ses chaussettes pleines d’eau et sans doute Alex le nez collé à la fenêtre, cinq étages plus haut.
Le regard plongé dans celui de son correspondant, Finley pose sa main sur la sienne, autour de la poignée du parapluie.
“J’ai toute confiance en toi, je te confierais ma vie, mais j’ai agit sous le coup de la surprise et de la panique, j’ai été le pire des cons, et ensuite j’ai eu trop peur de te décevoir pour dire quoi que ce soit. C’est la seule chose sur laquelle j’ai menti. J’avais trop peur qu’Hemingway soit décevant à côté du garçon du couloir, au début, puis plus les jours et les semaines passaient, plus c’était difficile de revenir en arrière et de te dire la vérité. Je comprends si tu ne veux plus jamais entendre parler de moi, Shakespeare. Je n’aurais pas envie d’entendre parler de moi, à ta place. J’ai juste… Je suis désolé. Tu ne méritais pas ça, tu ne mérites pas ça. Mais je n’ai pas envie de disparaître, je t’apprécie énormément, j’ai confiance en toi, beaucoup d’admiration, et tu… Tu me plais. Genre, vraiment beaucoup. Mais si tu veux que je te laisse tranquille, encore une fois, je comprendrais. Pardon, Shakespeare.”
Il a les joues rosies, impossible de savoir si c’est le froid, les sentiments, la culpabilité. Le ton de l’étudiant est doux, pourtant. Plus de panique. Finley resserre légèrement sa main autour de celle de Cameron, et scrute son visage, bercé malgré lui par l’espoir que les choses s’arrangeront, si ce n’est pas tout de suite, dans un futur proche. Il ne peut pas envisager son quotidien sans lui, Shakespeare y est bien trop ancré. Il ne sait pas comment il se sortirait de cette école de droit, comment il supporterait sa vie de manière générale. En quelques mois, cet inconnu est devenu un ami précieux, un pilier dont Finley a du mal à envisager l’absence. Mais la balle est dans son camp.



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The sound of his voice
Et enfin te découvrir.

La main de Finley posée sur la sienne, Cameron se sent perdre pied peu à peu entre la colère et l’envie de se jeter dans les bras d’Hemingway. Les mots qu’il venait de prononcer, le contact avec sa peau, c’était trop. Beaucoup trop pour l’étudiant dont les joues étaient maintenant si rouges que rien ne pouvait plus cacher ses émotions. Le jeune homme aurait aimé pouvoir arrêter le temps. Stopper les secondes qui s’écoulent pour faire le tri dans ses pensées et savoir ce qu’il voulait véritablement. Il aurait voulu prendre le temps de respirer calmement sans que les choses ne bougent, pour reprendre ses esprits.  S’il avait pu gagner même juste quelques secondes, Cameron aurait immédiatement signé.

Seulement, il n’en était pas capable et les secondes défilaient de plus en plus, pour devenir des minutes. Il s’était écoulé déjà deux longues minutes de silence, où le jeune homme s’était contenté de plonger son regard dans celui du mutant. Que se passait-il dans son esprit ? A quoi pouvait-il bien penser à ce moment-là ? Et puis enfin, sans réfléchir ni même prendre le temps avant d’agir, Cameron fait un pas en avant, réduisant un peu plus l’écart déjà presque inexistant entre eux. Cachés sous son parapluie, il avait la sensation qu’ils étaient dans un endroit à eux, seuls, comme si le monde extérieur avait cessé d’exister.

Cameron posa doucement sa main encore libre sur la joue de Finley, dans une caresse remplie de tendresse et d’affection. Son cœur battait de plus en plus fort dans sa poitrine. « Je ne veux pas que tu disparaisses. » Articula-t-il difficilement à cause du stress, de la timidité et de la peur d’être rejeté. « Je veux que tu fasses partie de ma vie. J’en ai vraiment envie. Tu as été vraiment un ami si précieux, et… Juste, j’aime te parler. » Dit-il d’une voix douce, comme si la colère avait entièrement disparu. « Je ne suis pas certain de réussir à vivre sans toi. » Les mots sortent tout seuls sans qu’il ne réfléchisse vraiment à ce qu’il disait, ou les conséquences que ça pourrait avoir.

Oublier tout le reste, repartir à zéro et se jeter à corps perdu dans ce qu’ils auraient pu être, c’est ce que Cameron voulait du plus profond de son être. Avoir enfin quelqu’un pour lui, ne plus être aussi seul, et s’épanouir dans une relation sincère avec celui qu’il aimait, et être aimé en retour, il en rêvait. Seulement, les choses ne sont jamais aussi simples et aussi faciles. Le jeune homme s’imaginait à peine être heureux avec Hemingway que les souvenirs remontaient à la surface, et la colère laissa place à la tristesse. Une trop grande tristesse. Il craignait de ne plus être capable de poser les yeux sur l’être aimé sans sentir son cœur se briser à nouveau.

« Je tiens à toi. Vraiment. Beaucoup trop même. Je… Là maintenant, je voudrai te dire à quel point je suis tombé amoureux de toi, et toutes ses choses que j’aime chez toi, mais là seule chose qui me vient, c’est que je suis incapable de te croire. » Un sourire peiné se posa sur ses lèvres, et son regard se remplit de tristesse. « Je ne peux pas m’empêcher de penser que tu as eu mon numéro il y’a si peu de temps, et ça faisait des mois qu’on se parlait quotidiennement presque. Si tu n’as pas voulu me dire la vérité pour ça, j’ai du mal à croire que tu n’as pas menti pour autre chose, juste pour te protéger et… J’ai la sensation que tu ne sais pas qui je suis vraiment. »

Les mots lui venaient sans qu’il n’ait vraiment besoin de réfléchir. C’était simplement ce qu’il ressentait, ce qui se cachait dans les tréfonds de son âme. « Je t’aime. » Finit-il par dire, en détournant le regard. La voix tremblante, c’est seulement parce qu’il avait besoin de tourner la page qu’il se risquait à se dévoiler autant. « Je t’aime, et c’est pour ça que j’ai envie de croire que si mon destin, c’était vraiment que tu fasses partie de ma vie, on se retrouvera un jour, toi et moi, au détour d’une salle d’audience dans un petit tribunal bien en dessous de ce qu’on vaut vraiment. » Ce scénario, Hemingway le connaissait déjà. Cameron lui avait décrit quand il avait décidé de tirer un trait sur le garçon du couloir.

Et il s’en voulait déjà d’avoir prononcé ces mots qui mettaient fin à tout ce qu’ils auraient pu créer. Au fond de lui, Cameron savait que c’était la meilleure chose à faire pour guérir et pardonner à Hemingway. Le jeune savait qu’une relation ne peut pas durer avec des mensonges. Il savait que tout ça ne tiendrait pas très longtemps s’ils ne partaient pas sur de bonnes bases. « Je vais rentrer ». Dit-il après quelques secondes de silence, sans vraiment en avoir envie. Ce qu’il aurait voulu, c’est être retenu. Il aurait voulu être assez important pour qu’on se batte pour lui, mais c’était déjà trop tard. Il ne se serait pas battu non plus.
 


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La chaleur de la main de Shakespeare sous la sienne contrastait avec le froid qui semblait monter par capillarité le long de ses chevilles. Et face à lui, sous ce petit parapluie qu’ils partagent, Shakespeare rougit, et si la situation n’était pas si compliquée, si tendue sous ce petit parapluie, Finley aurait rit. Il aurait rit de ces chaussettes qui trempent dans cette flaque, de l’air perdu de Cameron, de la pluie qui semble ne jamais vouloir s’arrêter de s’abattre sur eux. Il aurait envie de le prendre dans ses bras, d’oublier tout ça, qu’ils oublient tout, qu’ils reprennent à zéro. « Bonjour, moi c’est Finley, et je t’aime vraiment beaucoup, je peux t’offrir un verre ? Ou un livre ? Ou une conversation de dix heures sans qu’on ne voit le temps passer, avant de réaliser qu’on est en réalité fait l’un pour l’autre ? »

Ce serait tellement plus facile que tout ça, que tous les mensonges dans lesquels il s’est empêtré tout seul, que toute cette frustration, cette culpabilité, ces doutes et cette pression.

Puis tout à coup, Shakespeare fait un pas en avant, colle le bout de ses chaussures contre le bout des chaussettes d’Hemingway. Et la pluie qui tambourine sur le parapluie aussi fort que le coeur de l’étudiant dans sa poitrine, c’est presque impossible que Cameron ne l’entende pas. Il est si proche, les doigts de Finley, toujours sur la main de son correspondant, frôlent le manteau de ce dernier. Cette intimité physique qu’il a tant craint, il aurait envie qu’elle dure toujours. Qu’ils restent ainsi, sous cette pluie battante jusqu’à ce qu’elle cesse, mais qu’ils ne s’échappent jamais de sous ce parapluie. Il pourrait envisager d’y faire sa vie, de faire une croix sur ses plans de carrière, si c’était pour Cameron.

Ce qui semble être seulement quelques secondes à scruter le regard de ce garçon de la bibliothèque en silence est interrompu, Shakespeare lève lentement sa main libre pour la poser sur la joue de Finley. C’est un petit choc électrique qui lui parcourt la colonne vertébrale à ce contact. La tendresse de ce geste, de ce regard, de son ton, Finley fond pour ce garçon face à lui. Il ouvre la bouche pour lui répondre, mais le futur avocat reprend.
« Et je suis certain de ne pas vouloir vivre sans toi, Shakespeare. » réussit-il à répondre.

Pendant un instant, Hemingway a la sensation de toucher des doigts le pardon de Shakespeare. Il a l’impression que ce serait possible entre eux. Il approche légèrement son visage de celui de son interlocuteur, réduisant encore la distance entre eux. Il se dit qu’il pourrait l’embrasser, là tout de suite, mais l’expression de Cameron change. Son regard semble moins tendre, moins encourageant.
Amoureux ? Amoureux, pour de vrai ? Finley hésite entre défaillir et se réjouir. Il ne sait pas s’il est à la hauteur d’une relation, ni même s’il est à la hauteur du garçon qui est presque collé à lui.

Mais trop tard pour l’arrêter, Finley comprend où Cameron veut en venir. Et il a envie de répondre à chacun de ses mots. De lui dire qu’il n’a pas menti sur quoi que ce soit d’autre, de lui demander comment il peut lui prouver sa bonne foi, de lui dire qu’il le connaît, il sait qu’il a perdu son frère, qu’il a inventé une petite amie au prénom changeant pour faire fuir les étudiants à qui il donne des cours qui peuvent trop insistants, qu’il aime le café, mais seulement dilué dans une tonne de lait, avec de la mousse et du sucre, qu’il laisse son numéro sur de mystérieux petits papiers à des inconnus dans les couloirs, en passant par des intermédiaires, et mille autre petits détails, comme le son de son rire, celui qu’il a quand il est gêné, celui qu’il a quand il est surpris, ou heureux. Et les mots restent coincés dans sa gorge, ne parviennent jamais à ses lèvres.

Cameron lâche alors une bombe. Trois mots et il détourne le regard, alors planté dans le sien. C’était un je t’aime déchiré. Et la suite de son discours était aussi déchirante que le début. Les larmes montent à nouveau aux yeux du mutant. Il supplie Cameron du regard de ne pas aller plus loin, de ne pas finir sa phrase, mais le tuteur ne semble pas s’en rendre compte.

Ce scénario, c’était celui d’un coup de cœur de Cameron pour le garçon du couloir. Celui qu’il ne reverrait jamais après l’obtention de son diplôme, parce qu’il n’avait pas voulu lui envoyer de message après avoir eu son numéro. Ce scénario, c’était celui d’un cœur brisé et d’un garçon timide. Celui d’un destin confié au hasard, de l’espoir de retrouver les gens qui comptent, un jour.

« Ne dit pas ça, je t’aime aussi, on peut en parler, on peut remonter, mettre Alex dehors et trouver une solution, je t’en prie. » Sa voix est faible, presque inaudible sous cette pluie torrentielle.

Finley ne peut s’en prendre qu’à lui-même, et il le sait. Il a conscience d’avoir gâché sa seule belle relation, qu’importe ce qu’elle pouvait être, et d’avoir perdu Cameron en lui ayant brisé le cœur. Et Cameron évoque son départ. Une larme roule le long de la joue du mutant. Il ne sait pas quoi dire, pas quoi faire, sous ce petit parapluie. Il voudrait le prendre dans ses bras, l’empêcher de s’en aller, mais il est paralysé par la douleur, et regarde la main de Cameron s’échapper de la sienne. Sans croiser son regard, le mutant regarde le jeune homme soupirer, et s’éloigner. Un pas. Un autre pas. Il lui tourne le dos, et la scène semble avoir lieu au ralenti sous ses yeux.

Peu à peu, hors de leur bulle, l’étudiant reprend conscience de ce qui l’entoure. Il réalise qu’il tremble de froid, Finley. Ses chaussettes sont trempées, et il sait que la gardienne le maudira pour les traces qu’il laissera en rentrant chez lui, mais il n’a aucune envie de rentrer. Il regarde Shakespeare s’éloigner sans oser bouger. Quelqu’un le bouscule, et l’étudiant tombe presque en avant. Tout est fichu. Tout est fichu, c’est certain.


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