empty gold

Une fois n'est pas coutume, tu décides de t'aventurer dans les profondeurs de la cité sous l'aura de la lune argentée. Parce que tu commences à en avoir sérieusement marre d'échouer dès l'aube levé. L'idée t'ait venue après une nuit d'insomnie à réfléchir le pourquoi du comment tu te vautres lamentablement à trouver l'institut. Et parmi toutes les théories qui fusent en permanence dans ton cerveau, la dernière t'incite à supposer que les mutants ont un système qui t'empêche de localiser leur repaire. Certainement qu'ils sont leur propre système vu leurs capacités.

Cependant, comme n'importe quel être humain ils ont besoin d'énergie et de sommeil - sauf preuve du contraire - alors le meilleur moment pour effleurer la victoire du bout des doigts est de t'en remettre aux étoiles. Le regard rivé sur le ciel, tu observes les astres à des milliers de kilomètres de toi, certainement éteins quand leur lueur effleure tes prunelles et pourtant ils ont l'air si vivants. Perdue dans tes pensées poétiques, tu t'égares sans vraiment t'en rendre compte quand une altercation capture ton attention. Tournant naturellement la tête en direction du bruit, tu reviens t'ancrer à la réalité et plus particulièrement à l'atmosphère de la ville. Les rues sont bien moins animées à trois heures du matin mais cela n'empêche pas les ivrognes de se percuter.

Tu ne t'attardes pas plus longtemps et reprends ta route pour retourner au dernier point noté sur ta carte, en rouge. Tu as fait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avec un code pour chacune d'entre elles histoire de t'aider petit à petit à réduire la zone de recherche. Une de tes nombreuses méthodes d'investigation. « Je suis arrivée mais... » Tu tournes le plan dans tes mains plusieurs fois, un peu perplexe. Tu ne te rappelles pas du tout de cette boutique qui fait le coin de la rue sur ta gauche. Les souvenirs altérés par les illusions façonnées, ta mémoire s'en retrouve chamboulée alors que tu t'éloignes autant que tu te rapproches de ton but depuis des mois. Interpellée par ce détail anodin, tu décides de t'aventurer dans ce coin, certaine que ce n'est pas rien. Que c'est même le début de quelque chose.

Des tentatives d'humains comme de mutants cherchant à pénétrer dans le manoir - du moins, à tenter de trouver sa localisation - furent nombreuses au cours des années précédentes. À mesure que le lieu prenait de l'ampleur, accueillant davantage de professeurs et d'élèves, il n'était en effet pas improbable qu'il fasse de plus en plus parler de lui. Certains devaient en parler sans s'en rendre compte au cours d'une discussion, d'autres devaient très certainement gaffer et certains, plus naïfs, devaient sûrement en parler plus ouvertement, sans l'once d'un soupçon, malgré les directives des Protecteurs.
Quoi qu'il en soit, ils avaient, depuis longtemps, décrété une ronde jour et nuit, empêchant quiconque de pénétrer là où ils s'y attendaient le moins. Et, persuadé que le travail n'était jamais mieux effectué que par soi-même, Vaughn avait pris la ronde de cette nuit, quitte à dormir toute la journée suivante.

Il observait l'extérieur d'un œil un peu distrait. Il savait que lorsqu'il n'était pas concentré, l'illusion du manoir était moins pertinente, moins précise. Mais pour autant, cela ne l'empêchait pas de protéger les lieux d'une quelconque personne.
Au fil des années, Vaughn avait dû apprendre à utiliser presque constamment son pouvoir, afin de repousser chacun des individus qui s'approchait du manoir. Il utilisait ses dons pour faire des parages un lieu hanté, terrifiant, même pour lui, créateur des illusions et conscient que tout ceci n'avait rien à voir avec la réalité.
Cependant, cela ne l'empêchait pas de se fatiguer, de faire des erreurs, de se tromper dans ses illusions.

Un mouvement quelques mètres plus tard, approchant vers le manoir, lui fit reprendre ses esprits. Après tant de rêvasserie, c'était le moment pour lui de se concentrer à nouveau. Il balaya de ses songes les pensées qui l'accablaient et se concentra sur la nouvelle venue pour la repousser. Il avait l'impression de l'avoir déjà vu rôder par ici et estima qu'un nouveau coup de frayeur lui ferait du bien. Ainsi, contre toute attente, il fit apparaître un chat noir presque de la boutique, passant sous une échelle avant de feuler sur la jeune femme. Généralement, les superstitions étaient les premières frayeurs.

A l'affut du moindre indice, tu scrutes attentivement les environs. « Stp l'univers, un peu d'aide quoi. » Ouais c'est étrange mais ça t'arrive de plus en plus de demander un coup de main providentiel. Ça fait marrer ton chef, te rappelant que la chance ne vient pas d'un claquement de doigts. Et tu t'apprêtes à faire demi-tour quand un chat bondit vers toi, te crachant presque dessus. Quelque peu déroutée par ce comportement, ton regard finit par longer les barreaux d'une échelle. Elle était là avant ? Tu te frottes les yeux, certaine d'avoir un gros coup de pompe quand une idée germe dans ton esprit.

« Bien tenté ! » Tu te mets à parler seule au milieu de la rue peu fréquentée par d'autres piétons, certaine que tu n'es pas aussi seule que les apparences semblent le montrer. A vrai dire, ce n'est pas la première fois que tu as cette étrange impression difficile à relater avec des mots. Un comble pour une rédactrice payée au nombre de caractères de son article. « Vous allez vous montrer ? » Y'a véritablement une chance sur deux que tu perdes un peu les pédales mais d'un autre côté, tu es peut-être en train d'expérimenter les capacités d'un mutant, déterminé à t'orienter sur une mauvaise piste. Puis franchement, tu tournes en rond depuis tellement de temps à la recherche de cet institut, au pire ça fera une anecdote humiliante à raconter au bureau demain matin.  

« Bon, aux grands maux les grands moyens. » En réalité, tu espères sincèrement que t'es en compagnie d'un porteur du gène X responsable du trouble que tu ressens sinon ton patron va finir par te virer. A moins qu'il ne décide de te verser une prime de risques, rien n'est moins sûr. Et pour la mériter vraiment, tu t'avances au milieu de la route, regardant si des véhicules arrivent dans ta direction. Pour l'instant rien à signaler. Tu t'éclaircis tout de même la voix avant de parler fort et distinctement. « Je vous préviens, je vais rester là jusqu'à me faire percuter sauf si vous daignez me rejoindre. » Tu vois déjà les gros titres à la une : JJ victime de son propre complot. RIP. Ouais bon tu n'iras pas forcément jusque là pour prouver ta théorie hasardeuse mais quelques minutes à te geler les miches sur le goudron ne vont pas te tuer.