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too late to escape

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too late to escape
YOU FELL INTO THE TRAP LIKE A SWEET RAT

Chaque fois c'est la même rengaine. Le choc, la peur, la colère, le chagrin et au bout d'un moment, l'exténuation. Parce que tôt ou tard, les captures atteignent leur point de non retour. Priant pour que la torture prenne fin. Tu demeures l'exception qui confirme la règle. Depuis combien de temps es-tu prisonnière de cette cage Amalia ? Neuf longues années. Et tu tiens bon uniquement grâce à tes privilèges.

En effet, ces derniers te permettent d'aller et venir aux laboratoires, de te nourrir auprès du buffet à volonté, de te mêler à la foule qui gravite à l'extérieur de ces murs. Celle qui ignore ce que tu endures au quotidien. Evidemment, tu as tenté de trouver de l'aide mais chaque tentative s'est soldée par un violent échec dont tu gardes une marque à même la peau. Jusqu'à te retrouver avec cette puce qui menace ton existence. Un clic et ta cervelle explose - sans prévenir - en mille morceaux. Alors tu as fini par apprendre à aimer les barreaux derrière lesquels ils te retiennent en otage. De toute façon, ce n'est pas comme si tu avais le choix.

Et lui non plus. « Oh Matthiew. » Tu fais glisser tes doigts le long des fils barbelés qui te séparent du nouvel arrivant. Récupéré la veille, drogué et examiné, il décuve maintenant dans l'espace de transition. D'ici quelques heures, une équipe viendra le chercher pour le balancer au fond d'une cage. Et il finira disséqué à la loupe par les scientifiques de l'entreprise. « Pourquoi es-tu venu ici ? » Et dire qu'il était libre, libre de faire ce qu'il voulait. Quel gâchis vraiment. C'est le prix de l'imprudence. Jamais il n'aurait dû mettre un pied dans le bâtiment, même par erreur. Les erreurs vous amènent à vous faire enlever et découper en petits morceaux.


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Je ne me sens pas bien. Vraiment pas. J'ai du mal à me souvenir de la veuille, j'ai du mal à faire le point.

J'ai l'impression d'être dans un nuage... Mais pas un nuage agréable, loin de là. Je suis pas au clair. Je me sens lourd et maladroit. Je n'aime pas ca du tout. C'est flou. Tout est flou. Mes souvenirs ou mon regard. Je n'arrive pas à me focaliser sur quelque chose de concret. Je regarde à gauche, à droite et à nouveau à gauche. J'ai un gémissement aussi. Ma voix me semble lointaine et pâteuse.

Les souvenirs reviennent doucement. Je suis revenu à la Trask industrie parce que j'avais perdu un carnet , mon carnet de note pour l'article. J'avais mon appareil. Je n'étais pas parti longtemps finalement. Il a dut se passer une petite demi-heure avant qu'ils me rappellent. Mais il faisait nuit et ma journée était fini. Je n'avais plus qu'à traiter mes images pour le lendemain, pour l'article. Mais j'ai fait demi tour, je suis retourné dans les locaux et j'ai sourit, comme toujours. Un sourire doux et avenant.

Je ne suis pas mauvais, mais je le regrette un petit peu ce sourire. Je ne pensais pas... Je ne savais pas qu'on pourrait faire ca. Ca me reviens doucement. On m'a proposé un verre d'eau. Je me souviens mettre dit qu'il avait un goût sucé.

Et ensuite, je ne me rappelle pas. Juste des bribe. On m'a touché, on a parlé sur moi. Il y a eu des touches froides sur ma peau. J'ai eu l'impression de frissonner parfois. Et là, j'ai froid.

Je fini par me relever... M'asseoir pour être plus exacte. Ca tourne légèrement. J'avise enfin ce que j'ai autour de moi, soit : rien.

C'est blanc, il y a un lit dur sur lequel j'étais et trois murs. Le dernier, ce n'était pas un mur. Je déglutis. Un grillage de barbelés. Des barbelés ?

Pourquoi est ce qu'il y a des barbelés.

Je passe mes mains sur mon visage et entend finalement mon prénom. Mon prénom ? Je relève la tête et une jolie jeune femme blonde me regarde. Je ne l'ai même pas entendu arriver.

-Tu... Connais mon nom ?

Ma voix a vraiment un sonorité étrange, fatiguée je dirais. Je sais pas.

Je me lève et m'approche d'elle. Je suis pas curieux, j'ai besoin de savoir. Cette situation m'angoisse. Pourquoi je suis ici ?

Je sens ma mutation autour de moi, mon « aura » d'accentuation qui ondule tout autour.

-Je ne sais pas...

Non, je ne sais pas. Pourquoi je suis là ?

-Qui es tu ?

J'ai envie d'aller plus loin. Ou besoin …

-Est ce que tu peux me faire sortir ?

Je sais que j'ai une voix douce. Je sais aussi qu'on entend l'angoisse dans mes mots. Etrange mélange.

Tes doigts se posent aussi sur les barbelés, les pointes qui s'enfoncent dans ma peau finissent de me convaincre.

Je ne rêve pas, j'en suis bien loin.

Je commence à avoir vraiment peur.
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YOU FELL INTO THE TRAP LIKE A SWEET RAT

La réaction de Matthiew t'arrache un long soupir, ça fait bien longtemps que tu ne ressens plus de pitié pour les autres. Être enfermée, détenue comme une vulgaire marchandise - au milieu d'un entrepôt plein à craquer - a fini par rafler des morceaux de ton humanité. Ils se sont détachés petit à petit. Jusqu'à fissurer les fondements même de ton empathie. Quand tu regardes cet innocent, captif, certainement terrifié au fond de lui, ce n'est pas un pauvre mutant que tu vois mais bel et bien une source d'énergie. Un repas que tu te languis de consommer.

« Pour aller où Matthiew ? Le couloir mène à une porte blindée et une équipe d'humains qui attendent impatiemment de te maltraiter. » Autant dire qu'il est bien mieux ici, avec toi. Tu aurais pu lui annoncer la couleur avec plus de douceur mais la réalité est rude, il doit l'appréhender rapidement pour être préparé à ce qui l'attend. Les expériences, les tests, les souffrances. L'attente, l'ennui, la torture, le manque. Tous ces délicieux moments qui vont faire de sa vie un enfer. Et tu sais de quoi tu parles, même si tu bénéfices d'un traitement particulier, il ne t'exempte pas de la routine déplaisante en laboratoire. Celle que tu oublies chaque fois que tu te nourris sur les victimes, comme lui.

« Ne t'inquiète pas, tu vas t'habituer à vivre ici. » De toute façon, il n'a pas vraiment le choix. La coopération n'est pas une option, avoir un comportement inadapté entraîne de lourdes conséquences que les mutants apprennent à craindre. « Tu auras une cellule rien que pour toi. » Forcément là tout de suite ça ne le fait pas rêver mais avec le temps, il appréciera les instants de répit où son corps n'est pas exposé à l'équipe de recherche, déterminée à en charcuter chaque partie. « Et ma compagnie en prime. Je te rendrai visite régulièrement et on pourra papoter. » Pendant que tu lui prendras un peu d'énergie, téléchargeant son gène pour l'utiliser dans les missions à venir.


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Elle soupire quand je lui parle. Ca ne me plaît pas. Vraiment pas. Je fronce les sourcils et secoue la tête avec force pour essayer de chasser ce brouillard qui continu de me contaminer l'esprit. Mes doigts, tout du moins, ceux qui le peuvent, se referme sur le grillage, la douleur du barbelé dans ma peau m'annonce que c'est toujours cette terrifiante réalité. Et cette jeune femme de l'autre côté de la clôture, qu'est ce qu'elle veut ? Pourquoi est ce qu'elle est libre ?

Est ce qu'elle est libre ?

J'ai du mal à comprendre.

Je fronce les sourcils quand elle me dit qu'il n'y a rien derrière la paroi. Pourtant, il doit bien y avoir l'extérieur quelque part, non ? Ses mots me frappent. « Maltraité » ? Où est ce que je suis.

-C'est quoi cet endroit ?

Comment je pourrais m'habituer à vivre ici ? Je ne veux pas rester là, ce n'est pas chez moi ! Il faut que je sorte. Fébrilement, je commence à chercher un verrou, un trou, un endroit qui me permettrait de sortir. Ca commence vraiment à m’inquiéter et cette femme en face de moi n'est pas là pour me rassurer. Elle me met mal à l'aise.

-Une cellule... ? Comment ca une cellule ?

La suite me glace le sang. Elle me paraît démente. J'arrive à rien en plus.

-Qui es tu ? Pourquoi on me garde là ? Et il y avait quoi dans l'eau ?

Pourquoi je n'ai pas de mutation plus impressionnante ? Un truc qui me permettrait de me sortir de là.

-Explique moi.

Je n'exige pas souvent, je n'exige jamais mais là, c'est plus fort que moi, c'est impérial. Il faut que je comprenne.

Je ne sais pas pourquoi je fais ca, peut-être que c'est une humaine et que ca va m'aider, peut-être que l'affaiblir lui fera peur et qu'elle m'aidera ? Je ne sais pas.

Mais dans tout les cas, malgré le brouillard, malgré ce côté pataud que je me trimballe depuis que je me suis réveille, je dard mon regard sur elle et enclenche ma mutation. Advienne que pourra, je n'ai plus d'alternative...

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Tu le regardes quelques secondes sans rien dire avant de finir par briser ton silence. « Je ne suis pas venue pour répondre à tes questions Matthiew. » Clair, net et précis. Bien que les interrogations du mutant soient légitimes, tu n'es pas celle qui lui fournira les réponses attendues. Puis, dans le fond, ne les connait-il pas ? Sans aucun doute veut-il entendre une version différente, qui comprend une issue de secours mais les cages de Trask sont redoutables.  

Et la proie commence à le comprendre, tente une manoeuvre guidée par la peur. Réflexe quand tu nous tiens. « Vous êtes tous si prévisibles... » Tu gardes peut-être la face mais en quelques secondes, tu te sens subitement vidée d'une bonne partie de ton énergie. Une sensation plutôt désagréable pour un prédateur comme toi, à l'appétit particulièrement vorace. Cependant, c'est un mal pour un bien. Tu dois connaitre l'étendu des capacités de Matthiew. « Je t'en prie continue, montre-moi à quel point tu veux sortir d'ici. » Tu t'approches un peu plus, le fil barbelé frôlant les contours de ton visage tiraillé par la fatigue.

Il est rare que tu aies recours à cette méthode. D'habitude, le système de sécurité de la pièce empêche les mutants de t'atteindre de la sorte mais ton superviseur souhaite utiliser le nouveau gène rapidement alors tu brûles les étapes et te brûles les ailes par la même occasion. « Je ne te sens pas très motivé, tu as besoin d'un peu d'aide ? » Tu fais glisser tes doigts le long du grillage, d'un côte et de l'autre, dans une valse mécanique plutôt dérangeante. « J'appelle du renfort Matt' ? » Encore capable de tenir debout, tu le trouves trop timide à ton goût, certainement le contre-coup du choc mais ce dernier finira par s'estomper... à tes risques et périls.


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Je me sens comme une souris dans un piège. Un gros piège pour une si petite souris. Je ne comprend pas ce qui me mets le plus mal à l'aise. Le fait de me sentir souris ou le chat de Cheschire qui me fait face ?

Cette demoiselle me rend nerveux. Elle me paraît imprévisible. Violente je sais pas mais pas forcément équilibrée. C'est horrible de ma part de juger comme ça, ça ne se fait pas. Mais je la vois me regarder pendant qu'elle installe ce silence qui me fait frissonner. Je ne la quitte pas des yeux jusqu'à ce que sa réponse n'arrive comme une brise froide.

Elle n'est pas là pour ça. Mais alors, qu'est ce qu'elle veut, qu'est ce qu'elle vient faire ici ? Je ne comprend pas. Ou alors j'ai peur de comprendre.

Je sens ma mutation gonfler en moi, mes yeux s'ancre à elle, ne la quitte pas. Si seulement elle pouvait disparaître. Je suis horrible à penser ça. Qu'elle me laisse sortir. Il faut que je sorte.

L'angoisse et la peur m'assaillent rapidement. Je suis posé en général, je me maîtrise plutôt bien. Vraiment bien même, en incluant mon vrai point faible : la colère. Mais là, je me sens acculé, coincé. Et si je ne sortais jamais d'ici ?

J'y mets tellement d'intensité dans ma mutation. Je la vois qui faiblit, je faiblis aussi, la fatigue commence à me prendre. Est c que j'y vais pas trop fort ? Qu'importe, c'était ce que je voulais. Mais elle s'approche toujours plus, j'ai l'impression qu'elle peut passer au travers de ce grillage qui nous sépare. Je m'éloigne de la barrière alors que le barbelé marque son visage. Elle ne va pas bien.

Mais ses mots, à nouveau, me glacent, c'est de la provocation ? Ca ne me plaît pas. Et elle continu.

Je sens quelque chose tomber en moi. Je ne sais pas quoi, loin de là, mais il y a un choc. Je la quitte du regard, ma mutation reflux pour se désactiver.

Du renfort.

La, je suis terrifié et pour la première fois depuis des années, je perd le contrôle. Pas longtemps, pas beaucoup mais l'amplification prend de la place, l'aura se réveille et grossie, débordant de ma cage, englobant Cherschire. Je creuse ma propre fatigue pour que sa capacité augmente et je crois que je n'en ai pas conscience, pas dans l'instant en tout cas. Elle est ravageuse, comme une vague violente qui s'écrase sur tout ce qu'elle trouve.

J'ai peur.

-Ne t'approche pas.

Je ne me reconnais pas. Je ne pensais pas que la terreur pouvait me faire autant d'effet.
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Intéressant. Voilà le mot qui te vient immédiatement en tête quand tu constates qu'il peut non seulement diminuer les capacités d'autrui mais également les augmenter. En effet, tu sens une vague d'énergie s'abattre sur toi comme un véritable ouragan. C'est assez épatant. « Une batterie mutante, tiens donc. » Terme plus ou moins approprié pour décrire le pouvoir qu'il détient entre les mains et que tu te languis d'avoir dans les tiennes. Ton dernier contact avec Matthiew remonte à plusieurs heures maintenant et tu as dû le rompre pour un autre essai. Ce qui n'est pas pour déplaire ton appétit insatiable.

Sauf que maintenant, tu veux tester les alternatives découvertes du gène X du captif. Alors tu te tournes vers la caméra cachée dans un coin du couloir et le verrou du grillage se désactive pour que tu puisses rentrer dans le périmètre avant de se réactiver dans les secondes suivantes. « Je ne vais pas te faire de mal. » Par chance pour les proies des laboratoires, ton toucher est plutôt indolore et ressemble davantage à un léger drainage. En tout cas au début car la fréquence le rend parfois vraiment fatiguant. C'est que tu leur prends de l'énergie à chaque fois afin de faire le plein. « On peut même devenir de grands amis... tout dépend de ta coopération. » Comme s'il avait vraiment le choix.

Cependant, tu ne lui mens pas pour autant. Il pourrait très bien gagner des privilèges comme toi, un accès réglementé à l'extérieur par exemple. Après quelques mois dans ce laboratoire, bon peut-être quelques années mais avec des missions à la clef. Toujours mieux que de moisir dans cette cage pour le restant de ses jours non ? Tu finis par t'avancer vers lui alors que l'atmosphère semble s'alourdir autour de vous. « Tu veux que je te montre ce que moi, je sais faire ? » Un léger sourire vient fleurir au bord de tes lèvres. Un sourire carnassier à l'image de ton régime carnivore voire cannibale. Le monstre est réveillé et il souhaite se rassasier auprès de la capture mais rien ne dit qu'elle se laissera faire...


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Je sens mon souffle s'emballer légèrement quand je l'entends m'appeler ''batterie''. Je n'aime définitivement pas du tout... Pourquoi ''Batterie'' ? C'est de l'augmentation, pas de la recharge... Ca ne me plaît vraiment pas. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe. Faut qu'on me laisse partir ! 

Mais finalement, c'est elle qui part sans un mot, me laissant seul dans cette salle étrange. Je crois que ca me rassure qu'elle ne soit plus là mais je n'ai pas plus d'informations sur ma situation. 

Il faudrait que je puisse appeler quelqu'un... Je fouille mes poches à la recherche de mon portable sans beaucoup d'espoir. Je fais bien. On ne me l'a évidement pas laissé, ca serait trop beau. Et je n'ai aucun pouvoir télépathique... J'ai une mutation inutile pour moi-même. Ca fait un peu mal de s'en rendre compte ... mais c'est un fait. J'ai un soupir et m'assoie sur la banquette sur laquelle je me suis réveillé avant d'enfoncer mon visage dans mes bras, réfléchissant à toute vitesse aux solutions qui s'offrent à moi. 

Elles sont de l'ordre du zéro. 

J'ai un accès de colère, ca fait longtemps que ca ne m'était pas arrivé, mon poing se serre et je me lève pour fouiller ce grillage. Je n'ai aucune idée de combien de temps ca me prend mais ma colère n'a pas baissé quand la jeune femme revient. Mon brouillard s'est évaporé, j'ai les idées claires et je veux des réponses.

Elle se présente devant moi et le grillage s'ouvre, elle me bloque la sortie et tout se referme à une vitesse folle. Encore coincé mais avec elle à l'intérieur maintenant. Je sais pas jusqu'où je peux encore tomber... 

Je recule contre le mur quand elle s'approche. Dire que je me sens pris au piège serait un sacré euphémisme. 

Elle s'approche avec son sourire Cheshire et ses mots me font froid dans le dos. Pourtant j'essaye. 

-Si je coopère, on me laissera sortir ?

Qui ne tente rien n'a rien. En attendant, non, je ne veux pas connaître sa mutation, pas vu la manière dont elle en parle et ce sourire... Il me donne des frissons. 

-Qu'est ce que vous allez faire ? J'ai le droit de savoir ça ! 

Ah, je sens venir en moi une vague de marchandage... La lâcheté écrase la colère. Bah tiens.

-J'amplifierai ou j'amoindrirai ce que tu veux si on me laisse sortir.

Je sens mes sourcils se froncer, le sérieux de la situation a chassé mon sourire. 
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Certains mutants tentent de s'accrocher coûte que coûte. Ils puisent dans leurs ressources pour affronter chaque nouvelle essai de l'équipe de recherche mais au bout du compte, tous se retrouvent confrontés à leurs propres démons, leurs propres peurs, leurs propres pertes. Et ils doivent finalement choisir entre survivre ou subir. Quelques uns ont la chance de pouvoir quitter les cages des laboratoires, retrouver un faux sentiment de liberté, nourrir l'espoir de parvenir à s'échapper mais parfois c'est encore pire. « Si tu coopères, tu pourras avoir des privilèges comme moi. » Mais à quel prix ?

La vérité c'est que tu te rappelles à peine de l'époque avant ta capture. Ça fait si longtemps que tu demeures prisonnière entre ces murs, difficile de se souvenir de ta vie avant leur existence. « Donne-moi ta main. » Tu t'arrêtes d'avancer quand il se retrouve bloqué par le grillage afin de laisser une distance entre vous. Pour ne pas qu'il se sente complètement piégé même si c'est bien et bien le cas. Tu n'es pas d'humeur à te battre alors tu espères qu'il se montrera effectivement coopératif et que ce n'est pas une mise en oeuvre pour te tromper. Bien que tu ne pourras lui en vouloir, comportement totalement normal et presque prévisible ?

« Ne fais pas ton timide Matthiew. » Un petit mot d'encouragement histoire de le convaincre même si tu sens une certaine appréhension de sa part, à juste titre. Il croit encore avoir une chance de se sortir de ce pétrin, de retourner profiter avec légèreté de son quotidien et de pouvoir tout oublier de cette immersion en enfer. S'il savait. S'il savait que c'est le début d'un long calvaire. Heureusement qu'il ne lit pas dans les pensées, les tiennes lui fileraient la chair de poule car tu sais, ce qui l'attend. Les longues heures à broyer du noir, les insupportables expériences, les douloureux examens. Et le sentiment de ne pouvoir compter sur personne, pas même sa propre raison.


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J'ai plein de droit dans ma tête, dans mon monde. J'ai plein de choses faisables. Mais j'en ai aucune applicable maintenant. Je suis à court d'option. Il n'y a même pas un trou de souris dans ces murs. J'ai vraiment l'impression de n'être que le jouet qui couine du chat de la maison.

-Des privilèges … ?

J'ai vraiment du mal. Je n'ai rencontré qu'elle depuis que je suis là et je n'ai aucune idée du temps qui a passé. Sûrement pas grand chose vu que je passe mon temps à angoisser sans raison... Enfin si, des raisons j'en ai plein, une infinité même. Mais le temps, je ne sais pas où il en est. Ca ne me plaît pas non plus. Moi qui n'ai jamais de montre, ça me stress aujourd'hui de ne pas savoir qu'elle heure il est.

Et Cheshire ne veut m'offrir aucune réponse, aucune récompense.

A la place, elle me tend la main. Et me demande de la prendre. Je ne sais pas ce qu’il peut se passer, je ne sais pas ce qu’elle veut. Le grillage dans mon dos marque la fin de ma retraite. Toujours aussi coincé. Je n’ai plus d’option mais j’hésite encore.

J’ai l’impression de voir sa main comme une grande borne électrique et que la décharge que je vais recevoir va me griller les neurones.

Sa seconde injonction ne me plaît pas. « Ne fais pas ton timide ». Ce n’est pas de la timidité, c’est de la peur. Et je n’ai pas peur de l’avouer. Pourtant, ses mots me font quand même de l’effet et finissent de me convaincre.

Ma main vient effleurer la sienne, elle est douce au touché. Mes doigts mobiles s’enroulent autour des siens, l’annulaire et l’auriculaire restent fixes. La poigne ressemble à quelque chose d’étrange. Ca fait longtemps que je n’avais pas serrer une main, j’évite au maximum pour ne pas me faire mal. Les gens ne le voit pas toujours et serrent comme si leur vie en dépendant… Et donc moi, et bien j’ai mal avec mes deux pauvres doigts tout cassés.

Malgré moi, je sens ma mutation se mettre en branle, elle amplifie autour de moi. La peur et le stress me font perdre le contrôle.

J’espère que ça ne va pas me desservir…
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Délicatement, tes doigts viennent frôler les siens avant de s'enrouler dans un geste aussi doux qu'intime. Les gens ont perdu l'habitude de ce genre de contact, négligeant bien souvent l'impact du toucher au profit des autres sens à leur portée. La vue, l'ouïe, l'odorat. Pourtant, la peau garde en mémoire tellement d’événements, chaque centimètre contient un chapitre. Une vie entière fragmentée en milliers de parties.

En silence, tu actives ton gène X pour copier celui de Matthiew et récupérer par la même opportunité un bon litre d'énergie. La sensation n'est pas forcément désagréable mais elle peut paraître déroutante. Tu sens qu'il tente de se détacher, certainement mal à l'aise mais tu n'es pas encore rassasiée et sans prévenir tu resserres ta poigne, écrasant littéralement sa main dans la tienne. Il semble avoir mal vu la grimace de douleur qui défigure les traits fins de son visage et tu ne comprends guère pourquoi quand tu remarques les deux doigts qui demeurent droits, prises aux pièges par ta prise. « Ouch. » Ton manque profond d'empathie t'incite à continuer, encore un peu. Avant de finir par le lâcher.

Tu as l'impression de regarder en lion en cage, il bouillonne de l'intérieur. A croire que le mutant va de nouveau utiliser sa capacité sur toi. Il ne te reste plus qu'à en faire de même. « Préviens-moi quand ça fait mal. » Le plus dur n'est pas d'utiliser les nouveaux dons à ta disposition mais bel et bien de les maîtriser, les canaliser, les dompter afin de ne pas achever les captures en perdant le contrôle. Tu ne sais pas exactement comment fonctionne celle du détenu mais il t'apparaît qu'un simple regard suffit à la mettre en route alors tu te focalises sur lui. Et tu t'imagines aspirer ce qui lui reste encore d'énergie pour t'en délecter, morceau après morceau comme une assiette à déguster jusqu'à la dernière miette.

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Je retiens mon souffle quand ses doigts s'enroulent autour des miens, je me tend, j'ai peur et je regrette de lui avoir présenté cette main là. J'imagine déjà la douleur. Ce n'est pas pour rien que je ne les bouge plus. Oui, c'est parce qu'ils sont vraiment raides mais aussi tellement douloureux. Au quotidien, je ne les sollicite pas donc je me suis habitué à leur douleur, mais un coup dans un meuble pourrait m'arracher des larmes.

La suite n'est pas réjouissante, une étrange vague de fatigue me tombe dessus. Je ne comprend pas ce qu'il se passe. Je veux bien que je ne sois pas au top de ma forme, il y a quand même des limites... Une fatigue comme ça me fait peur. Est ce qu'il y a un truc dans l'air ?

Je sens ma vieille colère prendre de la place aussi. Comme si j'avais encore l'énergie pour. Je sais pas quoi faire.

Mais ça se débloque quand elle écrase mes doigts entre les siens. La douleur est vive et je grimace, un gémissement m'échappe et j'ai peur de tirer sur ma main pour lui échapper.

Je suis me sens coincé et je crois qu'elle savoure. Elle voit bien qu'elle me fait mal, je l'entend son « ouch » moqueur. Et elle ne me lâche pas pour autant. Qu'est ce qu'elle fait ? Pourquoi elle me fait ça ? Ca dure, c'est insupportable. Et cette fatigue. Je comprend pas. Mon aura grossi autour de moi et plu elle prend de la place, nous englobant tout les deux, plus je me sens me vider. Ce n'est pas la même fatigue que d'habitude, je la connais la fatigue d'utilisation. Faut que je me contrôle, ca va me jouer des tours. Ca me joue déjà des tours, je vais finir avec une migraine.

Elle fini par me lâcher et je recule, ma main vient se caler dans sa jumelle contre mon ventre, protégée par mon pull. Je la quitte pas Cheshire des yeux et elle non plus. Qu'est ce qu'il se passe ?

Je me sens gourd et m'adosse au mur jusqu'à ce qu'elle me demande de lui dire quand ca sera douloureux.

-Mal ...?

Je n'en peux plus et glisse pour m'asseoir par terre. Je sais plus quoi faire. J'active ma mutation, mon regard se vis au sien et là, je me sens perdu.

J'ai l'impression de subir un revers de médaille. Mon amoindrissement... Il n'a jamais été aussi faible. Je le sens plus en général alors pourquoi là ? Pourquoi elle me fixe comme ça ?

-Qu'est ce que tu me fais ?

J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de comprendre ! Qu'est ce qu'elle me fait bon sang ! Je m'énerve totalement finalement.

-Ferme les yeux ! Arrête ce que tu fais ! Arrête ça !

Et j'exige. J'ordonne. Il faut qu'elle arrête ce qu'elle fait !
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La réaction du mutant est quasi-immédiate. Il ne comprend peut-être pas ce que tu es en train de lui faire mais en tout cas, ça semble fonctionner à merveille. Constat qui t'arrache un léger rictus. De toute évidence tu devras tester l'autre versant de sa mutation, cependant il te semble moins risqué de t'exercer sur tes collègues humains. Matthiew est à deux doigts de faire quelque chose qu'il regrettera, tu peux le sentir. Entre la peur, la confusion et l'envie de s'échapper, c'est une bombe à retardement. Le moindre geste supplémentaire à l'encontre de son libre arbitre pourrait se retourner contre toi.

Alors tu finis par t'arrêter, arrêter de manipuler son gène, arrêter de consumer son oxygène et ce, afin de lui donner un peu de répit. « C'est moins drôle quand on échange les rôles hein ? » Personne n'aime voir son reflet se déformer dans la glace, c'est assez déroutant, déstabilisant en général, surtout pour des êtres qui sont habitués à demeurer unique dans leur genre. Certains se montrent fascinés par cet écho mais la plupart souhaitent simplement le voir disparaître, te voir déguerpir. Tu as le sentiment que ta batterie mutante fait partie de la deuxième catégorie. Ce qui est fort dommage car sa capacité lui octroie une grande valeur pour les agents de terrain, par conséquent vous allez vous fréquenter assez régulièrement.

« Je vais te laisser souffler » avant qu'il ne soit en totale apnée, « et te familiariser à ton nouvel environnement. » Une idée qu'il doit trouver complètement aberrante mais tu es la preuve vivante qu'elle ne l'est pas. Cependant s'adapter à une condition pareille requière bien des sacrifices. Il ne sera plus jamais le même Matthiew que celui qui est venu dans les locaux de l'entreprise pour chercher des réponses. Cette version de lui appartient d'ores et déjà à une époque révolue, à un passé lointain. Tôt ou tard, il en fera le deuil pour parvenir à survivre entre les murs de cette prison, sa nouvelle maison. Et même s'il ne peut pas le concevoir à cet instant précis, tu es en mesure de l'aider. A condition qu'il le veuille, évidemment.   

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Je m'énerve rarement. Ce n'est plus dans mes habitudes, j'ai laissé ça à mon enfance mais la peur fait ressortir des choses enfouit et volontairement oublié.

Mais non, les vannes ont été ouvertes et me voilà en train d'exiger, d'ordonner. Ce n'est pas moi. Ma voix, ce ton que j'emploie me fait saigner les oreilles. J'ai travaillé longtemps pour être posé et réfléchie, pour ne plus me laisser emporter. Mais je ne comprend pas ce qu'il se passe, je ne comprend pas ce que je ressens. Je crois que je pourrais y aller au physique, je pourrais frapper Cheshire.

Je ne veux pas de cette fatigue, je ne veux pas rester assis par terre, je ne veux pas être là. Qu'on me fasse sortir.

Et d'un coup, je comprend. Une phrase d'elle, une seule et le voile se lève.

Elle est mutante et sa mutation, c'est une copie. Cheshire. Je ne suis pas tombé loin en la nommant comme ça. C'est une Alice twistée. Le miroir est brisé et mon reflet à sa propre conscience. C'est ça que j'inflige à ceux qui subissent ma mutation ? On ne s'est jamais plaint d'une telle fatigue. Est ce que c'est vraiment ça ?

Et d'un coup, tout s'arrête. D'un coup, j'ai l'impression de sortir la tête de l'eau. D'un coup, Cheshire dit se retirer. J'ai l'impression de revivre, de pouvoir à nouveau respirer, qu'une pression s'est envolée. Je me relève doucement, ma main toujours appuyée au mur derrière moi dans le doute, au cas où la fatigue précédente se réveil dans mes jambes et me renvoie au sol.

Twisted Alice m'échappe. Une phrase de parfaite hote de maison aux lèvres et elle se dirige vers une sortie ? Non.

Non, j'ai le droit à plus.

-Répond-moi !

Je m'élance en avant, mes doigts se referment autour de son poignet pour la retenir.

-Qu'est ce que tu vas faire de cette copie ? Pourquoi tu es là ? Où est ce qu'on est ? Répond moi !

Je sens que ma voix craque, il y a trop de chose dans mon ton. De la colère, du désespoir, de la peur aussi et tout au fond, tout au fond, caché, l'espoir d'obtenir des réponses.

-Répond-moi... Je t'en prie....

Je suis à court d'idée, à court de mots.
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C'est ironique de voir à quel point il ne voulait pas de ta présence et combien il s'efforce maintenant de la prolonger pour quelques confidences. Forcément, ça te fait sourire et si rien ne t'oblige à lui répondre, à lui donner ce qu'il attend désespérément, tu décides néanmoins de le faire. Parce que tu te rappelles très bien l'état de confusion et de crainte que tu avais ressenti quand tu te trouvais à sa place. Tu aurais aimé qu'un de tes geôliers t'annonce clairement la couleur, t'informe sur la teinte qu'allait prendre ta vie afin de te préparer au pire à venir.

D'une main, tu effleures délicatement la joue de Matthiew, lui offrant le contact le plus doux qu'il va avoir l'opportunité de se saisir durant les prochains mois de torture. « Tu es détenu dans les laboratoires de Trask Industries et ils vont se servir de toi comme d'un cobaye pour leurs recherches. » Voilà à quoi va désormais ressembler l'existence du mutant prisonnier du géant de la technologie. Le tout puissant monstre qui sévit dans l'ombre pendant que le reste du monde s'aime à s'en déchirer. « Tu peux supplier, tu peux crier, tu peux même pleurer mais personne ne va venir te chercher. » Loin de toi l'idée de lui miner complètement le moral mais à quoi bon s'accrocher à de faux espoirs ?

S'il veut sortir de cette cage, il devra le faire par ses propres moyens, ne surtout pas attendre à ce qu'une âme salvatrice lui fournisse la clef de sa liberté. « Je sais Matthiew, c'est d'un triste mais tu verras, on s'habitude à tout par ici. » Le rire que tu laisses échapper donne un aperçu de l'envers du décor, de l'emprise que le bourreau détient sur ta carcasse vide. Vide d'empathie, vide d'humanité, vide de ces petits plaisirs qui font le quotidien des insouciants, des innocents. Ça fait longtemps que tu n'es plus bercée par ton insouciance, ça fait encore plus longtemps que tu as dilapidé ton innocence. Pour survivre dans cet enfer, c'est un maigre prix comparé à ta vie.


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Je ne la lâcherai pas, pas avant d'avoir eu des réponses. Je ne veux pas lui faire mal pour autant mais j'arrive pas à desserrer les doigts. Pas même alors que les siens viennent doucement se poser sur ma joue. J'ai presque envie de ferme les yeux, de me laisser aller à cette caresse. C'est quelque chose que faisait maman quand j'avais un cauchemar. Elle a fini par le faire de moins en moins quand j'ai grandi, quand mon frère a quitté la maison et que, petit à petit, elle se rendait compte que j'étais un mutant. C'était de plus en plus difficile d'avoir une marque d'affection. J'espère que je suis parti avant qu'elle ne s'en rende complètement compte, avant qu'il ne soit plus possible de faire machine arrière. Je n'ai plus vraiment de contact avec eux maintenant, mais au moins, on est pas brouillé je suppose. Pareil pour mon père. Peut-être que je devrais les recontacter … Mais mon frère avant. Ca fait un mois que je l'ai pas appeler.

Oui, je vais faire ça. Sortir de là et les appeler. Et Salem aussi. Je lui proposerai un repas. Et Je demanderai à Hélio de venir au cinémas avec moi. J'ai envie de ça. Donc je vais sortir, j'en suis sûr.

Mais les mots de Cheshire me glace. Mes yeux s'écarquillent. J'ai l'impression qu'elle me parle une autre langue, que j'ai mal comprit ce qu'elle m'a dit. Il n'y a pas d'autre explication, elle m'a parlé avec des mots que je ne comprend pas.

« Détenu », « Cobaye », « recherche » ? Non. J'irai bien et je vais me réveiller. La Trask Industrie, c'est juste une société de recherche normale... Non ?

Mes doigts lâchent le poignet fin de Twisted Alice et elle continu. J'ai l'impression de recevoir des coups, des coups violents. Je perd mon souffle et recule. Je la lâche définitivement. Les choses prennent une tournure bien plus réelle d'un coup. Et j'aime pas ça du tout.

-Personne ne viendra... Ca fait combien de temps que tu es là … ?

Son rire me fait peur, la réponse que je pourrai avoir finira sûrement de m'achever mais il faut que je sache quand même.

Sa dernière phrase m'écrase finalement. Elle me broie le cœur. J'ai l'impression d'enfin réaliser. Il n'y a pas d’échappatoire. Il n'y a pas de porte de sortie.

-Je vais mourir ici … ?

Tant pis ? Juste comme ça ? C'est terrifiant mais qu'est ce que je peux faire ? Je ne veux pas me tourner contre les gens comme moi, contre personne. Je n'ai pas les épaules pour savoir que je servirai à une cause contre nature. J'ai envie de vomir.

Je m'assoie par terre, totalement terrassé. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais pas quoi faire.

-C'est douloureux ? Est ce qu'on va se voir souvent ?

J'ai envie d'être seul, mais j'ai peur aussi. Peur de laisser mes pensées dériver, peur de fondre en larme et de craquer. Peur de ce que je vais vivre.

Je ne veux pas abandonner. Je veux partir. Je veux vivre à l'extérieur mais Alice, elle est ce qu'elle est encore sauvable ?

Je viens cacher mon visage dans mes mains.
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Quand tu vois le visage du mutant se décomposer, tu te rappelles de tes premiers mois de captivité, de tes premières années. A une époque, tu avais même perdu le compte, ne sachant plus si tu étais là depuis une semaine ou déjà 365 jours. Certains tiennent plus longtemps, d'autre moins, c'est assez aléatoire en réalité. « Tu tiens vraiment à ce que je te déprime ? » T'es pas franchement certaine qu'il soit prêt à encaisser une autre vérité sur sa condition actuelle et ce qu'elle signifie sur le long terme.

« Pas forcément, tu peux te rendre utile, coopérer et avoir le privilège de mourir en mission. » C'est une perspective toujours plus réjouissante que de crever dans ce sous-sol lugubre non ? Pour toi totalement, bien que tu refuses de laisser la mort t'emporter tant que tu seras prisonnière de Trask. Tu n'as pas abandonné l'idée de t'échapper, seulement toutes tes tentatives laissent des cadavres indésirables sur ton passage et tu crains d'en faire partie. Sauf que ta prudence va se retourner contre toi. Tu l'ignores encore à ce moment-là mais bientôt une nouvelle technologie verra le jour - système de puce, engin explosif - rendant tes désirs d'évasion bien plus compliqués à mettre en application à l'avenir.

Tu regardes le mutant se recroqueviller sur lui, accusant le contre coup de ses nouvelles plutôt pessimistes. Temps d'adaptation nécessaire. « Je te rendrai visite au besoin mais après tout dépend de toi Matthiew. » Fait établi, point de vue objectif. Tu n'es pas tenue d'aller voir les captures plus que de raison, ne doit en théorie te rendre ici que pour te nourrir ou copier les gènes nécessaires aux missions. Cependant, il t'arrive de développer des petites préférences au gré des personnalités des uns et des autres, des mutations et surtout de leurs effets indésirables. « Tu as envie de me revoir ? » Tu t'approches sans pour autant initier le moindre contact, te mettant simplement à sa hauteur.


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Je n'ai plus aucune honte. J'ai l'impression que ma dignité a fuit et j'en ai plus rien à faire. Mes larmes coulent sur mes paumes collées à mon visage. Elles sont silencieuse. J'ai l'impression d'être écrasé par une pression invisible. Comment on survit à ça ? C'est pas possible.

Je vais finir fou ? Est ce que Cheshire était totalement saine d'esprit à son arrivée ? Combien de temps elle a tenue ? Est ce que je vais finir comme elle ? Je n'ai pas les nerfs, je pense qu'elle est bien plus solide que moi. Ca fait à peine quelques heures et je pleure déjà. Alors des jours ? Des mois ?! Je vais pas tenir. C'est sûr. Je me connais. Autant qu'on en finisse tout d...

Non. Non non non. Ces pensées me font peur. Je ne veux pas que ça se reproduise. Je ne veux pas m'enfoncer dans la noirceur qui a l'air de noyer Cheshire.

Il me faudrait ma colère salvatrice, celle qui me fait me sentir vivant, celle qui me permettrait d'affronter mais je me sens vide, vidé. Je n'arriverai à aucun éclat.

Pourtant, elle est encore là, sa voix envahie tout l'espace et à nouveau, on est sur la même rengaine, la même phrase. Je n'ai pas les rennes de ma vie mais j'ai moyen de l'influencer. Voila les nouvelles règles avec lesquelles je vais devoir jouer. Il faut que je survive, que je sorte et que je dénonce.

Mais là, maintenant, qu'importe l'heure, je n'ai pas le courage ou la force. On verra plus tard. C'est peut-être un immense cauchemar dont je vais me réveiller demain... Tout à l'heure ?

Elle s'approche à nouveau, se met à ma hauteur. J'ai l'impression d'être un enfant. Qu'elle est là pour me rassurer ou me menacer, ça dépend du point de vue, du sien ou du mien. Je la trouve menaçante, peut-être qu'elle veut juste m'aider.

Elle me pose une question et ma réponse fuse avant même que j'y réfléchisse.

-Je ne sais pas.

Je crois que je risque aussi d'être méchant.

-Là, je ne veux plus te voir, je voudrais être seul. Mais …

Mais quoi Matty ?

-Reviens de temps en temps. S'il te plaît Mais plus là... Je ne peux plus t'entendre, t'écouter. Pas pour l'instant.

Non, c'est fini. Plus maintenant...

Si j'avais su....

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