Two strangers in the night - Feat LIBRE

Bellamy sortait de la salle utilisée par les Protecteur.ices, où elle avait eu une réunion avec son collègue. La Mutation d'Ordinateur intégré était très utilise pour la terreur, elle lui avait permit de découvrir plusieurs opérations des Persécuteurs. Et, aujourd'hui, de découvrir que sa propre sœur avait rejoint leurs rangs.

Bellamy était indécise. Méliana avait toujours été sa préférée, elles avaient été proches, à une époque. Avant que Bellamy ne découvre sa Mutation. Mais même si elle s'était rangée aux côtés de leurs parents, Méliana l'avait défendue quand ils ont voulu la vendre. Bellamy voulait continuer de croire que sa sœur n'était pas mauvaise. Qu'elle ne voulait pas tuer ceux qui étaient comme elle.

Perdue dans ses pensées, la terreur se cogna contre une forme qui était soudainement apparue devant elle. La collision lui fit reprendre ses esprits, et elle s'excusa platement :

Darius venait de libérer les élèves de son cours préféré : Histoire des mutants au 20e siècle et les répercussions de la Grande Révélation. Pas étonnant qu'il fasse un excellent professeur sur ce sujet, considérant qu'il avait obtenu un siège au premier rang de cette affaire. Excellent professeur, oui, mais aussi extrêmement exigeant. Parfois, il oubliait que la plupart de ses jeunes élèves ne partageaient ni sa passion, ni sa compréhension profonde des événements passés. Ses récits étaient des plus intéressants, mais les étudiants redoutaient toujours la fin du cours, le moment où ils se ramassaient avec une tonne de devoirs à compléter pour la semaine suivante. Intransigeant, Darius balayait toute plainte d'un revers de la main. Aaah, les jeunes. Un jour, ils comprendront.

En chemin vers son bureau, tenant dans ses mains la pile des devoirs de la semaine passée, il fut pris de cette sensation soudaine et trop familière. C'était comme si l'atmosphère venait de s'alourdir autour de lui tandis que son coeur manqua un battement. Il se ressaisit rapidement en prenant une grande inspiration. Clairement, Bellamy était dans les environs et cette annonce inconvéniente laissait croire qu'elle n'était pas à son meilleur. Darius pressa le pas afin de retrouver sa protégée.

Il tourna le coin qui menait vers la salle des Protecteurs, et c'est là qu'il aperçut la rouquine, à l'autre bout du couloir. L'air morose, elle allait de l'avant en fixant le plancher, sans même réaliser qu'elle était observée. Certes, Darius avait cette tendance à être très discret dans ses déplacements, mais il suffisait à Bellamy de lever les yeux pour détecter sa présence. Darius s'arrêta à mi-chemin, sans rien dire, attendant simplement que la jeune femme le remarque. Il l'observa attentivement tandis qu'elle avançait, avançait, avançait... et vienne se frapper contre son torse, telle une zombie.

Il leva un sourcil face à son excuse vide d'émotions. Cela confirmait que Bellamy n'était pas dans son assiette aujourd'hui, et Darius était bien curieux d'en connaître la cause.

"Miss Sparks, bonjour", dit-il avec sa politesse habituelle. Bell' et lui étaient particulièrement proches, mais dans les lieux communs de l'Institut, Darius ne faisait pas souvent preuve de familiarité. Un bon oeil pouvait toutefois remarquer l'esquisse d'un sourire amusé sur le coin de ses lèvres.  "Prendrais-tu la peine d'expliquer qu'est-ce que ceci signifie ?" Pour désigner ce qu'il voulait dire par ceci, il pointa la tête distraite de la protectrice en formant un petit cercle avec son doigt.

Darius. Bell était contrariée d'avoir buté contre lui. Elle ne voulait pas qu'il s'inquiète. Le professeur l'avait tant aidée, déjà, elle ne voulait plus être un poids pour lui.

Celui qu'elle considérait comme son père lui demanda ce que ça signifiait, et Bellamy sourit légèrement, tentant de sauver la situation.



La terreur baissa les yeux, n'osant pas croiser ceux de Darius. Elle était sûre qu'il devinerait instantanément les pensées troublant son âme, même si au fond, elle savait qu'il n'en était pas capable. Mais Darius avait toujours eu cette espère d'aura pour elle, cette aura mystérieuse qui faisait de lui un être exceptionnel. Puis elle remarqua les cahiers tenus par le professeur et proposa :



La jeune rousse tendit les bras, prête à réceptionner le fardeau du professeur.

Ce n'est rien, dit-elle ? Alors là, il ne fallait quand même pas qu'elle le prenne pour un con. Darius tenta de déchiffrer son expression, mais elle n'osait pas le regarder dans les yeux, ce qui le laissait croire qu'elle cachait quelque chose. Bell était intelligente et mentalement forte, il le savait, mais il la connaissait trop bien pour savoir qu’elle préférait éviter de parler de ses problèmes. Il n’allait pas se laisser berner facilement, ni faire semblant de l’être. C’est une réaction qu’il pouvait comprendre, étant un peu comme ça lui aussi, mais c’était difficile d’ignorer le sentiment de frayeur qui planait au-dessus de leurs têtes. Si ça se trouvait, tous les pensionnaires de l’Institut ressentaient également cet effet. À son avis, ce n’était pas un petit virus qui allait causer cela.

“Uh-huh… et c’est pour ça que ton rythme cardiaque est particulièrement élevé depuis une minute ?”, répliqua-t-il, mine de rien.

Ok, c’était un coup bas, son ouïe surdéveloppée étant l’arme la plus proche qu’il avait de la lecture de pensée. Mais lorsqu’il voyait Bellamy dans un état comme celui-ci, il ne pouvait s’empêcher de s’en préoccuper.  L’ayant recueillie lorsqu’elle n’était qu’une ado, Darius avait du mal à se défaire du rôle paternel qu’il avait occupé auprès d’elle durant toutes ces années. Et son côté méfiant, presque paranoïaque, voulait s’assurer que Bell n’était pas en train de lui cacher d’informations cruciales qui pourraient mettre l’Institut, ou elle-même, en danger.

Lorsqu’elle lui offrit de le décharger de ses papiers, il accepta volontiers. Cela leur donnait une excuse pour se rendre tous les deux à son bureau, où ils pourraient discuter en privé. Une fois arrivés, il verrouilla la porte derrière eux et se tourna vers la protectrice.

“Bellamy…” laissa-t-il échapper tout en réfléchissant bien aux mots qui allaient suivre. “Tu sais que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ? S’il y a quelque chose qui te tracasse, ce n’est pas un fardeau pour moi, je préfère savoir.”

Les documents du professeur pesaient plus lourd au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de son bureau. Bellamy voulait lui parler, elle voulait pouvoir se confier à quelqu'un, mais elle avait aussi peur qu'il change d'avis sur elle en entendant ses espoirs. Parce que oui, elle voulait espérer que Méliana n'était pas une de ces horribles Persécutrices qui les traquaient, ceux de son espèce.

Une fois arrivés dans le bureau, Darius ferma la porte à clé, et Bellamy se tourna vers lui. Il voulait savoir. Alors soit. Elle lui faisait suffisamment confiance pour lui confier ses tracas.



La rouquine regarda brièvement son père adoptif et baissa à nouveau les yeux, en murmurant :



Avant qu'elle ne découvre sa Mutation, qu'elle ne soit traitée comme un enfant de Satan et, finalement, vendue. Avant que sa vie ne devienne aussi terrifiante que ses capacités.



Elle était triste, la rouquine, elle avait peur que Méliana soit devenue une machine à tuer.

Dans la sécurité de son bureau, Bellamy finit par avouer à Darius ce qui lui pesait lourd sur le cœur. Le professeur écouta attentivement son récit sur sa sœur Mélina et son choix d’avoir rejoint les Persécuteurs. Effectivement, ce n’était pas rien comme nouvelle. Il acquiesça face aux craintes de sa protégée.

“Je suis désolé,” dit-il simplement.

Il s’approcha d’elle pour la serrer dans ses bras. Il voulait la rassurer, mais il était à court de mots. À quoi bon prétendre savoir que la situation n’était pas ce qu’elle paraissait être ? Que la sœur de la Protectrice ne les avait pas rejoints de son plein gré ? Darius n'en savait rien, il ne connaissait pas Mélina. Mais il connaissait Bell, et il savait que celle-ci était dévastée par cette information. Tout ce qu’il pouvait faire sur le moment était d’être présent.

Après un silence pensif, il demanda :

“Puis-je faire quelque chose pour t’aider ?”

En réalité, il se doutait bien que rien ne pourrait vraiment aider la rouquine à se sentir mieux, autre que de retrouver sa sœur pour connaître la vérité. Ce n’était surtout pas l’opinion de Darius sur les Persécuteurs qui allait améliorer son état d'âme. Si Bell avait une requête pour lui, c'était le bon moment pour demander.

Parler à celui qu'elle considérait comme son père adoptif faisait un bien fou à Bellamy. Elle baissa les yeux, et laissa échapper quelques larmes quand il la pris dans ses bras. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas comment Méliana avait pu tomber aussi bas.

Darius lui demanda si il pouvait faire quelque chose pour l'aider, et elle se dégagea de ses bras en essuyant ses larmes. Une idée lui était venue.



Elle leva ses yeux pleins d'espoir vers son père adoptif, attendant avec angoisse sa réponse.

Voir Bellamy aussi effondrée devant les nouvelles qu’elle avait eues de sa sœur lui fendait le cœur. Darius aurait aimé pouvoir dire qu’il ferait tout et n’importe quoi pour l’aider à se sentir mieux, mais ce serait un mensonge, et l’homme ne mentait que s’il n’avait pas d’autre choix. Malheureusement, la demande de Bell ne faisait pas partie du lot de services qu’il était prêt à accepter pour lui faire plaisir. Il soupira devant ses yeux plein d’espoir à l’idée d’aller voir sa sœur.

“Non. Hors de question que je te laisse prendre ce risque,” répondit-il gentiment, mais fermement. Un ton qui étalait la conviction de ses pensées.

Il savait que ce n’était pas la réponse qu’elle attendait, mais il était évident pour Darius que l’idée était trop dangereuse. Et si cette rencontre tournait mal ? Même si ce n’était pas le cas, Bellamy en contact avec une persécutrice pouvait mettre l’Institut en danger, involontairement.

“Je sais que c’est important pour toi, Bell,” lui fit-il comprendre. Il ne refusait pas systématiquement sa demande juste pour lui faire plus de peine. “Comment peux-tu être sûre que ce n’est pas un piège pour te mener droit dans les filets des persécuteurs ?”

Il se doutait que la rouquine avait parlé à l'un des hackeurs de l'Institut pour être au courant du statut de Méliana. Et si cette information avait été rendue accessible intentionnellement par le gouvernement, pour susciter ce genre de réaction et attirer des mutants recherchés ? Il ne pouvait rejeter cette possibilité.

Un piège ... Bellamy n'y avait absolument pas pensé. Mais elle aurait tellement voulu revoir Méliana ... Elle était prête à prendre le risque. Prête à tout pour pouvoir s'expliquer avec sa sœur, pour comprendre comment elle en était arrivée là. Mais savoir que Darius ne la soutiendrait pas lui faisait mal.



Ajoute-t-elle avec un léger sourire. En effet, la seule vague qu'elle a faite avait mené à son admission à l'Institut tout juste créé.



Elle réfléchit à voix haute, espérant que Darius verra à quel point c'est important pour elle, de savoir.



Bellamy lève des yeux pleins d'espoir vers son père adoptif.

Darius soupira devant la cascade d’arguments que Bell lui balança suite à son rejet. Malgré sa dureté, il pouvait comprendre l’importance de la situation pour celle qui avait vécu sans sa famille depuis toutes ces années. Si le vampire avait encore un mince espoir de retrouver la sienne, rien ne garantissait qu’il n’aurait pas les mêmes idées irréfléchies. Malheureusement pour lui, il était le seul des enfants Sinclair encore en vie, Jonathan et Annabelle étant tous les deux décédés dans la dernière décennie. Méliana, elle, était toujours vivante — quel monstre ferait-il s’il ordonnait à la rouquine de couper tous les ponts sans la moindre explication ?

“Ok,” finit-il par concéder en roulant des yeux, parce que l’idée d’un contact téléphonique l’inquiétait quand même un peu, mais il devait aussi apprendre à faire plus confiance aux protecteurs qu’il avait lui-même élus.

“À une condition,” ajouta–t-il, parce qu’il n’était tout de même pas prêt à lui accorder toute sa confiance, pas lorsqu’il s’agissait d’une situation de la sorte. “Demande à Sam qu’elle te fournisse une ligne sécurisée, d’accord ?” Parce qu’un téléphone prépayé n’était pas assez ; il voulait être certain que l’Institut ne serait pas retracé. “Elle pourra sûrement t’aider à retrouver le numéro, en plus.” Samara était la mieux placée à l’Institut pour gérer tout ce qui concernait l’électronique et ça, Darius n’en doutait pas une seconde.

Il se dirigea alors vers la porte de son bureau pour la déverrouiller, mais avant de laisser Bellamy rejoindre les aires communes, il préféra l’avertir : “J’espère que tu te seras préparée à toute éventualité. Après tout ce temps, elle a peut-être changé, tout comme tu as changé depuis que tu es ici.” La protectrice semblait si convaincue que sa soeur avait rejoint les persécuteurs par erreur, que Darius craignait qu’elle n’en ressorte que le cœur davantage brisé.

Finalement, il ouvrit la porte avant d’ajouter: “Je dois m’occuper de certains dossiers, mais promets-moi de me tenir au courant ?” Comme s’il n’allait pas lui-même suivre le déroulement de cette affaire si elle oubliait de lui en reparler.

Voir Darius céder à sa requête désespérée la soulagea, Bellamy. Elle l'aurait fait de toute manière, mais elle se sentait mieux si celui qu'elle considérait comme son père la soutenait. Quant aux conditions qu'il imposa, elles lui allaient. Sam était la protectrice chargée de la protection informatique, et grâce à sa mutation, c'était la plus performante que Bell avait jamais vue. La jeune femme se jetta dans les bras de Darius pour le remercier, et lui sourit quand il s'écarta pour déverrouiller la porte.



Et la jeune femme sortit de son bureau, pour se diriger vers le bureau de Sam. Elle comptait bien faire les choses le plus vite possible, histoire d'enfin pouvoir parler à Méliana.