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darius ▬ I feel like a missed call on a phone

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I feel like a missed
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You know I'm like a ghost, I see it in your face

Ta télépathie est stable, limpide. Assise en tailleur dans l'herbe, les yeux clos, tu envoies aux prisonniers de la Familia tes ordres, tes consignes. Tu prends de leurs nouvelles, isolant leurs voix parmi celles des autres détenus. Tu t'assures de leur sécurité. Tu assures la continuité de vos petits commerces. Tu leur dis où, quand et comment. Assise en tailleur, tu tires toutes les ficelles, ignorant la migraine qui envahit déjà ta boîte crânienne. Tu auras tout le temps du monde pour te reposer, plus tard. Pour le moment, tu fais ton travail. Tu remplis le contrat passé avec ton père et avec les Grands de la Familia. Tu dois veiller sur New York, tu dois faire tout ce qui doit être fait pour assurer la continuité des affaires de la Nuestra Familia. C'est comme ça que tu t'es retrouvée à devoir faire affaire avec la Triade et ses représentants. Comme ça, aussi, que ta position a retourné la situation à ton désavantage.

L'éclair d'un éclat blond te revient en mémoire. Elle ne t'a pas laissé le choix. Petit souris qui a su déjouer les pièges mortels. Petit grain de folie dans un monde qui en manque cruellement. La symphonie de son doigt brisé vient parfois te bercer dans ton sommeil ; tu te demandes, avec amusement, si son doigt la fait encore souffrir. Vous avez passé un marché, et tu aurais pu la haïr pour cette raison. Tu aurais pu détacher sa jolie petite tête de son joli petit corps, non sans d'innombrables violences. Tu aurais pu glisser entre ses dents une bombe et leur renvoyer le paquet avec un petit nœud et un joli petit mot presque touchant. Tu aurais pu te satisfaire de voir le bâtiment de la Trask Industries s'effondrer sur lui-même, détruit par leur propre arme. Tu aurais pu. Mais la blonde a su titiller ton intérêt. Elle a su trouver les bons mots, les bons arguments, le bon deal. Amalia se rend-t-elle compte qu'elle a échapper de peu à la mort ? Que sa mutation ne l'aurait jamais protégée de ta colère ? L'éclair d'un sourire te perturbe dans ta communication télépathique et tu bouges légèrement pour te concentrer de nouveau.

Juste quelques minutes avant que des interférences ne te fassent rouvrir les yeux. Il t'observe. Il sait qui tu es – en partie. Il sait, pour Amalia et toi, toujours en partie seulement. Mais qui est-il ? « Vous savez ce que vous avez à faire. » lances-tu, dernier ordre télépathique avant de couper toute communication. Tu te relèves, regardes autour de toi. Il ne doit pas être bien loin. Tu perçois ses pensées, les isole. Mais ta migraine gagne en intensité et tu plaques tes mains contre tes tempes en serrant les dents. Pas maintenant. Tes yeux s'injectent de sang, tu as l'impression que ton joli petit crâne va se déchirer en millier de petits morceaux de toi. Les voix des âmes vivantes, autour de toi, t'assaillent. Tu tombes à genoux, te recroquevilles, lâches un gémissement de douleur. Tu as abusé sur l'utilisation de ta mutation. Tes doigts crispés arrachent l'herbe, tu n'arrives plus à distinguer les voix les unes des autres. Jusqu'à ce qu'une pensée te heurte brutalement. Il te faut toute la force du monde pour te relever, haletante. Tu titubes plus que tu ne marches. Oh non, aujourd'hui, tu ne seras pas subtile. Tu t'approches, la voix se fait plus forte.

Il est tout prêt.
Il est là.

Tu fouilles dans ton sac pour ingurgiter plusieurs médicaments à la fois. Tu les croques, leur goût amer giclant contre tes papilles. Tu le vois. Il est dos à toi. Et tu t'approches pour attraper ses cheveux, faire basculer sa tête en arrière et plaquer le canon d'une arme contre sa tempe. « Je hais les stalkeurs. » siffles-tu à son oreille, colérique, en continuant de lutter contre la douleur qui bat contre tes tempes.  

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Debout dans le grand champ qui isolait le pénitencier, Darius se tenait immobile, la tête haute, les yeux rivés sur la principale zone d’entrée du bâtiment. Dans un angle avantageux qui lui permettait d’être assez éloigné pour ne pas se faire remarquer, mais assez rapproché pour distinguer le va-et-vient des travailleurs ou des visiteurs, il patientait. Guettait. Écoutait.

Les voitures entrant ou sortant du périmètre n’avaient pas le choix de s’arrêter devant le gardien de sécurité qui, dans un soupir nonchalant qui témoignait de son ennui prolongé, se voyait obligé de contrôler les allées et venues de chaque individu. “Nom et prénom ? Quelle est la raison de votre visite ?” demandait-il à longueur de journée tandis que ses doigts s’activaient pour enregistrer les réponses dans le logiciel informatique dédié.

C’était pour ces données particulières que Dracula tendait l’oreille à la recherche d’un nom bien précis. Josefina Dias Almas. Il ne savait pas grand-chose d’elle hormis qu’elle faisait partie de la Nuestra Familia, qu’elle était une télépathe, et qu’elle “s’entendait bien” avec Amalia — ou du moins, elles avaient “une entente”.

Darius n’avait rien promis à Copycat lorsque cette dernière lui avait suggéré de rencontrer cette fameuse Josefina. Il n’avait même rien dit quant à cette petite visite autour de la prison dans le but d’y trouver l’autre mutante. Il ne voulait pas donner de faux espoirs à sa compagne alors qu’il n’était déjà pas convaincu de l’idée proposée. Faire confiance à des criminels était toujours risqué, surtout pour un mutant aisé comme le Sinclair. Amalia semblait convaincue d’avoir trouvé un moyen de pression pour faciliter la coopération, mais était-ce suffisant pour empêcher un revirement de situation ?

Et puis, à quel point la Nuestra Familia pouvait-elle vraiment mettre son nez dans les affaires de Trask Industries ? Tant de questions qui étaient restées en suspens lorsqu’ils avaient eu ce début de conversation. Mais Amalia n’avait pas tort sur un point : s’ils étaient plusieurs à travailler sur le même objectif, unifier leurs efforts pouvait être un atout considérable compte tenu de la difficulté de leur ennemi commun. Plus que tout, le vampire désirait libérer la prisonnière des griffes de Trask une bonne fois pour toutes.

Alors il s’était dit qu’il rendrait visite à Ms. Dias Almas en toute discrétion. Juste pour observer, de loin, les activités de la télépathe. S’il pouvait la trouver via les interactions avec le gardien de sécurité, il pourrait ensuite la suivre en dehors de la prison en gardant assez de distance pour ne pas se faire trahir par ses pensées. Son expérience avec les télépathes qu’il connaissait ou avait connus par le passé lui avait appris qu’il était difficile d’isoler les pensées d’un individu dans un rayon peuplé d’inconnus.

Ses sens surnaturels complètement concentrés sur ce qui se passait devant lui, il ne réalisait pas que quelqu’un s’approchait furtivement dans son dos. Ce ne fut qu’au dernier moment qu’il sentit la présence de la femme, juste avant que celle-ci ne l’agrippe par les cheveux pour pointer un revolver sur sa tempe.

Surpris mais peu intimidé par la menace, Darius gardait son sang-froid face à l’accusation qu’on venait de lui jeter avec une colère non dissimulée. Sans que l’homme ne cherche à se défaire de la poigne, son regard se tourna dans la mesure du possible vers son agresseure. “Et je hais les mauvaises manières,” qu'il répondit sèchement.

Dans sa tête, les trois mots formant le nom de celle qu’il cherchait se firent limpides, tel un appel intentionnel pour confirmer l’identité de la femme.

Josefina Dias Almas.

Je vous conseille de ranger votre jouet avant qu’un malheureux accident ne se produise,” articula-t-il ensuite.

Si elle pouvait accéder à ses pensées, elle comprendrait également qu’il ne parlait pas d’un accident où il serait la victime ; il allait de soi qu’il n’appréciait pas l’arme tenue contre le côté de son visage.

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Tu n'aimes pas qu'on vienne jouer avec tes nerfs, qu'on s'amuse à titiller tes humeurs. Tu fais de gros efforts pour ne pas exploser en public, pour sauver les apparences, garder la face, effacer tout de ton impulsivité. Tu n'exploses qu'en privé, qu'entre les murs intimes de ton appartement, loin des yeux trop indiscrets que tu as envie d'arracher. Ses yeux, à lui, par exemple. Ses yeux qui viennent se poser sur tes activités sans que tu saches pour quelle raison.

Tu fais de ton mieux pour rester calme, mais la migraine qui berce ton crâne de douleurs fulgurantes tend à effacer ton self-control. Tu aurais dû lui faire exploser la cervelle avant même qu'il comprenne qu'une arme était braquée sur lui. Tu aurais dû laisser parler ton impulsivité, cette fois, ne pas attendre que la surprise laisse place à la dangerosité. Tu n'es pas stupide ; il est dangereux. Ceux qui t'approchent en ayant conscience de qui tu es sont dangereux. « Excuse-moi ? JE manque de manière ? » Tu lâches un rire froid, resserres ton emprise sur son cuir chevelu alors qu'il t'envoie une pensée.

« Bravo, tu sais prononcer mon nom. Tu veux une médaille ? » lances-tu avec ironie en le laissant s'amuser à détacher chaque syllabe de ton identité directement dans ton esprit. Tes traits se crispent, la douleur te lacère. Mais tu as l'habitude, tu es plus forte que ça : au moins essaies-tu de t'en convaincre. Après tout tu dois faire avec ce contre-coup infernal depuis que tu es gamine. Le prix à payer pour ta mutation adorée. Et lui continue de parler, de déblatérer quelques menaces tournées vers toi. « Oh pitié... » lâches-tu, clairement au bout du rouleau, clairement exaspérée par ce monde qui a l'air bien décidé à te faire perdre le peu de patience dont tu disposes. D'abord la petite blonde, maintenant lui ; est-ce que le monde compte te foutre enfin la paix un jour et te laisser briller à la tête de la Nuestra Familia, ou compte-il continuer à te chercher ? Est-ce que ton père a eu, lui aussi, à supporter ce genre d'agaçants contre-temps ?

Mais, malgré ton agacement, tu es tout de même assez intelligente pour baisser ton arme et le lâcher. Assez intelligente pour prendre au sérieux la menace qui plane sur toi. Assez intelligente pour ne pas jouer sans connaître les règles du jeu. Parce qu'il est clair qu'il sait ce qu'il dit. Il est clair que, dans cette situation, il a un avantage sur toi ; il n'a pas de contre-coup qui lui broie la cervelle, qui pourrait le plier en deux aussi facilement que s'il était fait de papier.

« Et qui est l'homme qui me menace avant même de s'être présenté ? Je tiens à souligner que de nous deux, je ne suis pas la plus impolie, Monsieur-Bonnes-Manières. » demandes-tu, en te plantant finalement face à lui. La douleur te rend acerbe, Josefina. Plus que d'habitude, à vrai dire. Tu pourrais tout simplement aller piocher ce que tu veux directement dans son esprit, poser la question qui le forcera à penser exactement à ce qui le motive, mais la vérité est que tu n'as plus la force nécessaire à l'isolement d'une pensée en particulier. « Essayons de ne pas perdre notre temps ; soit tu as une proposition à me faire, soit tu es contre moi, soit tu es indécis et dans ce cas nos chemins se séparent ici. Décides-toi vite, je rêve d'un bain et je tuerais - littéralement - pour pouvoir m'en faire couler un le plus rapidement possible. » Petits éclats de la petite fille pourrie gâtée que tu es ressortant dans ta voix au ton légèrement supérieur ; te voilà à précipiter des négociations dont tu ignores les tenants et les aboutissants.

Si ton père était là, il t'aurait probablement réprimandée pour ton manque évident d'intelligence sur ce coup là.

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Le rire froid résonna tout près de son oreille tandis que la demoiselle se laissait aller au sarcasme. Ce n’était pas pour déplaire à Darius, qui voyait cela comme un signe que Josefina était peut-être plus déterminée à verbaliser sa colère qu’à appuyer sur la gâchette. “Une médaille est certainement mieux qu’une balle dans la tête,” qu’il répondit sur le même ton. Il pouvait attester que recevoir une balle de pistolet n’était jamais agréable, même pour un mutant avec le pouvoir de régénération. Il n’en avait jamais reçu une au cerveau, cependant ; il ne pouvait dire s’il survivrait aussi ce type de blessure. Mais devant Josefina, il se devait de conserver son indifférence marquée et de montrer que l’arme n’était qu’un embarras de mauvais goût. Un jouet, comme il l’appelait. Il devait faire comprendre à son interlocutrice que ses menaces à elle n’étaient rien contre les siennes à lui, qu’il ne se laisserait pas intimider par une mesure aussi peu originale.

En réalité, la main de Josefina dans ses cheveux propres le dérangeait autant que le canon contre sa tempe. Lorsqu’elle le libéra enfin, Darius se passa une main derrière la tête pendant que Dias Almas venait se positionner devant lui. “Darius Sinclair,” se présenta-t-il ensuite sans faire de détour. Plutôt que de pointer lequel des deux était véritablement le plus impoli – car il avait de toute évidence de quoi contrargumenter –, il se contenta de scruter les traits agacés de la femme tandis que celle-ci exprimait son impatience. Merveilleux. Lui non plus n'aimait pas les pertes de temps. Il pardonnerait facilement l’agression si la suite des choses allait dans le bon sens.

Il paraît que nous avons une amie en commun.” L’emphase sur le mot amie laissait transparaître son doute quant à la nature de cette relation. Le terme BFF était ressorti l’autre soir, mais Darius n’était pas convaincu qu’il devait prendre le mot à la lettre. “Son nom est Amalia. Blonde, yeux verts, environ votre âge, affiliée à Trask Industries… A tendance à prendre ce qui ne lui appartient pas,” ajouta-t-il avec une pointe d’ironie.

Qu’il s’agissait de copier les mutations ou d’enlever des mutants sous les ordres de ses bourreaux, Darius avait eu son lot d’expériences désagréables par rapport à cette affirmation. Mais Amalia lui avait aussi volé son cœur et rien que pour cela, il était partiellement à sa merci.

Je suis ici pour vous proposer un deal.”

Ç’aurait été de mentir que de dire qu’il était ici pour aider la Catrina. Le mutant avait toujours évité de se mêler au monde du crime organisé, conscient du danger que ces organisations représentaient. Il ne leur faisait pas confiance et selon lui, il fallait être prêt à se rabaisser à leurs méthodes pour être sûr de se faire entendre. S’il préférait ne pas avoir recours à la violence, il demeurait tout de même sur ses gardes, prêt à mettre à exécution sa menace si le besoin se présentait.

Mais pour le moment, Dias Almas lui laissait la chance d’aller droit au but et il saisit l’opportunité pour élaborer sur sa proposition.

Je veux avoir accès à toutes les informations que la Nuestra Familia obtient sur Trask Industries. Sans exception. En échange, je vous ferai part de mes propres trouvailles— il se trouve que j’ai aussi accès à de bonnes ressources.” Il n’avait pas un réseau criminel disséminé à travers la ville, mais il possédait de nombreux contacts. Malheureusement, ceci n’était pas suffisant pour élucider le problème, il manquait encore des informations. “Nous pourrions gagner à combiner nos forces. Le plus rapidement nous pouvons régler ce problème de puce… le plus rapidement vous pourrez retrouver ce qui vous est cher.”

Il n’avait pas les détails sur le lien entre Amalia et Josefina. Amalia lui avait simplement parlé d’une monnaie d’échange ; il ne pouvait que déduire qu’elle détenait quelque chose de précieux aux yeux de Josefina pour la convaincre de coopérer. Mais de quoi s’agissait-il ?

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