Therapy - ft. Estrid

THERAPY. @Estrid Ohlsson

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez elle... Dayna se pose la question depuis plusieurs jours. Depuis ce baiser échangé avec Jack et les sentiments que cela a éveillé chez elle. Elle n'a pas commencé à tomber amoureuse de lui du jour au lendemain. Cela a été progressif. Au fil des années, de leurs moments de rires, de confidences. Dayna a une confiance aveugle en Jack. Il est la personne de qui elle est le plus proche. Elle a même été présente lorsqu'il a dit au revoir à sa femme. Elles étaient amies aussi et vivre cette perte avec Jack a été difficile. Elle n'a pas toujours su trouver les bons mots, mais elle a toujours été présente pour lui, parce que c'et ce que font les amis. Au fil du temps, elle a commencé à regarder Jack avec ce regard si particulier. Ce regard qui parle pour elle. Ce baiser a été un moment doux, mais qui a complètement bouleversé son esprit. L'obligeant à se confronter à ce qu'elle ressentait pour lui et qu'elle n'avait jamais vu comme pouvant être des sentiments amoureux à son égard.

Cependant, le plus gros du problème n'est pas Jack. C'est le fait qu'elle soit en couple depuis 15 ans. Mark a bien perçu que quelque chose ne tournait pas rond. Dayna n'est pas comme d'habitude et il la ressentit. A tel point que leur dispute est allé encore plus loin qu'à l'habituel. Mark a levé la main sur elle. Une gifle violente accompagnée de mots tout aussi violents si ce n'est pas plus. Dayna subit ça depuis des années. Et elle a également subi ça avec son père dans l'enfance et le début de son adolescence. Même si son père était un homme bien pire que Mark peut l'être. Ce dernier commence à ressembler à ce fantôme du passé que Dayna aurait préféré oublier.

Mais si elle se tourmente tant, ce n'est pas seulement parce qu'elle réalise que Mark devient comme son géniteur. C'est surtout parce que Dayna, elle a l'impression que c'est elle le problème. On lui a si souvent répété. Elle est persuadée que c'est sa faute à elle si les hommes qui sont proches d'elle deviennent des ordures. C'est elle, qui les énerve, qui les rend fou. Elle est responsable de cette situation qui la peine et qui la détruise. Dayna ne comprend pas comment elle peut tomber amoureuse d'un autre homme, alors qu'elle est déjà en couple depuis quinze ans. Elle a besoin d'aide. Elle a besoin qu'on la soigne. Et c'est pour cette raison qu'elle a pris la décision de voir une psychologue. Une femme, volontairement. Parce qu'elle ne serait pas à l'aise pour parler de ça devant un homme.

Elle a cherché les coordonnées sur internet et elle en a choisi une au hasard, qui avait de bonnes évaluations de ses patientes. Dayna n'en a parlé à personne, parce qu'elle a honte. Elle culpabilise d'avoir besoin d'être soignée pour le mal qu'elle fait autour d'elle. Elle a été une championne pour faire semblant pendant des années, personne ne s'est jamais rendu compte de rien. Aujourd'hui, les choses commencent à changer et ça la terrifie. Le masque montrant une Dayna chez qui tout va bien tombe lentement.

Le jour du rendez-vous est là. Dayna est arrivé avec un quart d'heure d'avance. Elle a directement été s'installer en salle d'attente après avoir annoncé sa présence sur la sonnette. Elle attend, elle stresse. Elle n'a envie que d'une chose, c'est se lever et fuir cet endroit. Dayna, elle a peur du jugement. Elle a besoin de bienveillance et elle est terrifiée à l'idée qu'on lui dise "oui, c'est vous le problème". Elle a besoin qu'on l'écoute et qu'on la conseille pour qu'elle ait la possibilité de reprendre le droit chemin. Dayna jette un coup d'oeil à l'heure, cela fait un peu plus de cinq minutes que la psychologue aurait dû venir la chercher. Elle panique. Trop de questions turbinent dans son esprit, c'est trop pour elle. Dayna se lève et s'apprête à s'enfuir de cette salle d'attente, elle s'apprête à passer le pas de la porte quand elle se retrouve face à face avec la dite psychologue. Mauvais timing... Elle ne pourra pas fuir plus loin.

THERAPY.  @Dayna Miller

Assise sur son fauteuil, Estrid écoute sans broncher sa cliente allongée sur le divan qui parle de ses malheurs du quotidien. Une fille de riche, avec des soucis de riche. Et surtout, un affreux parfum qui prend au nez de la brune. Puis à ses bronches. La crise d'asthme est pas loin, et pourtant, elle tente de faire comme si de rien n'était. Pourtant, ça lui prend de plus en plus aux poumons, et sa respiration devient sifflante... Foutu contre coup de sa mutation... Mais surtout, foutue cliente, qui n'écoute pas ce qu'on lui dit... Car ce n'est pas la première fois qu'elle dit à sa cliente d'arrêter de se verser le flacon de parfum sur elle, cela étant nocif pour elle. Mais, comme toute humaine, gosse de riche, elle n'en fait qu'à sa tête... Elle soupire doucement, tente de calmer la colère qui grandit en elle pour rester concentrer sur sa séance. Autant que possible. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus, et voilà qu'elle décide d'y mettre fin, sourire aux lèvres, annonçant simplement que c'est fini pour aujourd'hui, malgré le bon quart d'heure d'avance. Mais c'est ça ou la crise devant elle, car elle est là, elle guette, elle le sait.
Deux ou trois politesses rapides, un nouveau rendez-vous de donner, l'argent de la séance récupérée, et Estrid fait sortir la jeune femme par la porte prévue pour la sortie de ses clients dans son bureau. Ainsi, ceux en salle d'attente qui attendent et les clients qui terminent leur séance ne se croisent pas. Un système qu'a rapidement mis en place la thérapeute quand elle a ouvert son cabinet. Système qui fait toujours son petit effet. Un rapide sourire à la gosse de riche, et elle referme la porte, pour aller ouvrir les fenêtres comme elle peut, avant d'aller se réfugier dans la salle d'eau privée qu'elle avait à sa disposition. Ventoline entre les mains, elle passe les dix minutes suivantes à retrouver une respiration normale, évitant une violente crise d'asthme qui aurait pu l'amener encore à l'hôpital, comme la dernière. Ce qu'elle peut maudire plus que tout sa dernière cliente.

Laissant sa colère se calmer, Estrid prend les dernières minutes qu'il lui reste pour boire un verre d'eau, et prendre un instant pour elle. Elle s'assoit et savoure le moment détente, avant de reprendre ses consultations. Une nouvelle cliente d'ailleurs, sa prochaine patiente. Dayna Miller selon le nom donner lors de la prise de rendez-vous, à la secrétaire qui s'occupe de l'accueil. Un nom qu'elle inscrit rapidement dans son carnet pour sa future prise de note lors de la séance. Elle jette un dernier coup d'oeil autour d'elle, puis se lève en direction de la porte menant à la salle d'attente.
Prête, une dernière inspiration et Estrid ouvre la porte de son bureau donnant sur la salle d'attente... pour se retrouver face à la cliente, qui semble prendre la direction de la sortie, juste à côté. Surprise un instant, la brune écarquille les yeux une courte seconde, avant de sourire à la jeune cliente pour la mettre à l'aise. Car, de ce qu'elle comprend, celle-ci est en train de partir. Un fait pas si rare à vrai dire, surtout pour les nouveaux patients. Aujourd'hui, elle est arrivée au bon moment.

- Bonjour. Dayna ?

La voix d'Estrid est douce, mesurée, rassurante, tout comme le sourire qu'elle étire sur son visage.

- Tout va bien ?

Demande-t-elle simplement, laissant ainsi la possibilité à la jeune femme de partir, si elle le désire encore. Oh, elle ne l'espère pas la thérapeute, mais elle ne veut forcer personne à venir lui parler si elle ne le désire pas. Tout est donc entre les mains de cette femme qu'elle dévisage, et dont elle voit un certain mal être.

THERAPY. @Estrid Ohlsson

La fuite lui semble la meilleure option. Car Dayna n'a pas envie qu'on lui dise qu'elle est folle, qu'on confirme tout ce que son père et Mark lui ont dit avant cette psychologue. Elle n'a pas envie qu'on la mette face à la réalité : elle provoque ce qui lui arrive. Elle mérite cette violence car elle a été une mauvaise fille et une mauvaise femme. Lorsqu'on vous inculque des mots depuis la toute petite enfance, ça reste inscrit dans la tête. On ne peut rien faire pour venir contrer ça, c'es impossible. D'autant plus quand personne ne sait.

Mais alors qu'elle se retrouve en face à face avec la psychologue qui l'accueille avec un doux sourire, Dayna se sent mal d'avoir essayé de prendre la fuite comme ça. Tout simplement parce que ce n'est pas très poli de poser un lapin à quelqu'un de cette façon. Elle tente de faire apparaître un sourire sur son visage pour lui répondre.

— Bonjour... Oui, c'est bien moi, dit-elle avec une voix peu sûre d'elle.

La psychologue doit l'avoir remarqué puisqu'elle lui demande si elle va bien. Dayna pince les lèvres. Elle ne se sent pas de répondre que non, ça ne va pas du tout et qu'elle a failli partir.

— Ça va... Un peu stressée. Je cherchais justement les toilettes pour me rafraichir un peu.

Mensonge... Un de plus quand il s'agit de parler d'elle-même et de ce qu'elle ressent. Dayna a caché toute sa vie ce qu'elle vivait quotidiennement, d'abord avec son père puis depuis quinze ans avec Mark. En dehors de ça, elle est loin d'être une menteuse. Elle embellit surtout la réalité pour éviter qu'on lui pose trop de questions. Personne n'a besoin de savoir. Et puis, tant qu'elle dit que "ça va", peut-être qu'elle s'en persuade un peu aussi elle-même. Bien que depuis le baiser avec Jack, son monde s'écroule et elle n'arrive plus à faire semblant. Son sourire de façade s'est effacé de son visage.

Dayna reste là, debout. Attendant les instructions de la psychologue pour qu'elle lui montre le chemin jusqu'à son bureau. Elle n'est pas venue là pour rien. Même si elle a horriblement honte d'elle-même. Dayna ne peut pas faire demi-tour. C'est impossible. Elle doit assumer et parler de ce mal qui l'habite.

THERAPY.  @Dayna Miller

Une cliente qui part avant même son rendez-vous, Estrid a l'habitude. Ca lui est arrivé à plusieurs reprises depuis qu'elle a ouvert son cabinet, et jamais elle n'en a tenu rigueur. A aucun de ses patients. Car elle sait la force qu'il faut dans certains cas pour venir jusqu'ici ou même prendre le rendez-vous, alors elle ne dit jamais rien. Par contre, tomber sur face à face avec un patient qui semble sur le point de fuir sa séance, sa première séance qui plus est ici, ça ne lui est jamais arrivé. Et ça la surprend quelques secondes la docteure. Une courte seconde de surprise, avant qu'elle ne se reprenne et n'arbore un sourire qui se veut rassurant pour la brune face à elle, alors qu'elle la salue d'une voix mesurée, rassurante, douce et à l'écoute.
Une patiente qui tente de lui sourire, alors qu'elle semble surprise par l'arrivée de la médecin au même moment qu'elle souhaitait partir. Mais Dayna ne se dérobe pas, et confirme son identité. Elle aurait pu tout aussi bien mentir pour s'échapper. Mais non. En tout cas, Estrid note la voix peu sûre d'elle et peu rassurée.

- Enchantée !

Clame doucement la brune, souriant un peu plus, avant de finalement demander si tout va bien à la patiente. Elle lui laisse ainsi la possibilité de partir si elle le préfère. Mais finalement, elle semble vouloir rester, et clame juste être à la recherche des toilettes, un peu stressée.

- Ne vous en faites pas, tout va bien aller.

Elle tente de la rassurer doucement, avant d'indiquer une porte derrière la patiente, qui donne sur la salle d'attente. Bon, elle sait qu'elle lui ment, les toilettes étant très bien signalée, mais elle fait comme si elle ne se rend compte de rien.

- Vous avez des toilettes juste derrière vous, ou si vous préférez, il y en a aussi dans mon bureau.

Très pratique d'ailleurs, quand une patiente en ressent le besoin pour une séance, ce qui évite à celle-ci de passer par la salle d'attente où elle peut être vue.

- Si vous voulez, on passe par mon bureau directement, comme ça c'est fait ?

Elle ajoute cela très rapidement, sans pour autant forcer. Et tout en parlant, elle indique la porte derrière elle, de laquelle elle s'efface, se mettant sur le côté pour laisser la patiente entrer. Si elle le désire, bien entendu. En tout cas, le cas de la jeune femme l'intrigue, bien plus qu'elle n'osera l'admettre à haute voix.